Le blog du Temps de l'Immaculée.
09/12/2024
Un trÚs ancien document indigÚne écrit en Nahuatl en caractÚres latins en 1556 donne des indications sur sa vie et sur les apparitions. (El Nican Mopohua, de Antonio Valeriano)
Le 9 dĂ©cembre 1531, alors qu'il se rendait Ă la messe, la Vierge Marie lui apparut sur la colline Tepeyac, Ă l'extĂ©rieur de ce qui est maintenant la ville de Mexico. Elle lui demanda d'aller voir l'Ă©vĂȘque et de demander la construction d'un sanctuaire en ce lieu, promettant de donner des grĂąces Ă ceux qui l'y invoqueraient. L'Ă©vĂȘque ne crut pas Juan Diego et demanda une preuve. Le 12 dĂ©cembre, Juan Diego retourna Ă Tepeyac et, lĂ , la Vierge lui dit de monter la colline et de rĂ©colter toutes les fleurs qu'il pouvait trouver. Bien que ce soit l'hiver, il trouva des roses que la Vierge plaça dans son manteau et elle lui dit d'aller les porter Ă l'Ă©vĂȘque. Quand il ouvrit son manteau, les fleurs se rĂ©pandirent sur le sol et Ă la place resta une image de Notre-Dame, l'apparition de Tepeyac.
Avec l'autorisation de l'Ă©vĂȘque Juan Diego vecut en ermite dans une hutte prĂšs de la chapelle oĂč l'image miraculeuse a Ă©tĂ© placĂ©e pour la vĂ©nĂ©ration.
Plus profondément que la grùce 'extérieure' reçue lors de l'apparition, Juan Diego reçut la grùce 'intérieure' de la révélation et à partir de ce moment dédia sa vie à la priÚre et à la pratique de l'amour et de la charité pour Dieu et pour les hommes.
Béatifié le 6 mai 1990 par Jean-Paul II en la basilique Sainte Marie de Guadalupe, Mexico.
Canonisé le 31 juillet 2002 par Jean-Paul II, homelie de la célébration.
Source : Nominis
Martyrologe romain
"Je vous bénis, PÚre, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, PÚre car tel a été votre bon plaisir" (Mt 11, 25-26).
08/12/2024
07/12/2024
Le pĂ©chĂ© est entrĂ© dans le monde et a atteint dans son universalitĂ© la descendance dâAdam. Dieu sera-t-il donc vaincu par le pĂ©chĂ© ? Son Ćuvre sera-t-elle absolument perdue ?
Dieu ne lâa point permis ainsi et il a voulu que la victoire de Satan eĂ»t des bornes. Il dressa contre lui une barriĂšre infranchissable, et sauva de la contagion la TrĂšs Sainte Vierge.
Ăve Ă©tait encore vierge quand elle Ă©couta le serpent. A cette vierge folle, Dieu voulut opposer une vierge sage, ce fut Marie.
Dieu fit en Marie de grandes choses : il la sauva du mal, et la combla de grùces. En la sauvant du mal, il fit comprendre à Satan que sa victoire ne serait pas complÚte ; en la comblant de grùces, il préparait une digne mÚre à Notre-Seigneur.
GrĂąces et gloire Ă Dieu qui a fait cela !
RĂ©jouissez-vous, Seigneur J Ă© s u s, dâavoir une telle MĂšre.
Et nous, enfants de Dieu par notre baptĂȘme, enfants de Marie par la mĂȘme grĂące, comprenons quâavec une telle MĂšre et un tel PĂšre, il nous faut sortir du pĂ©chĂ©.
Notre PĂšre qui ĂȘtes aux cieux, dĂ©livrez-nous du mal. Et vous, notre MĂšre, ĂŽ Marie conçue sans pĂ©chĂ©, priez pour nous qui avons recours Ă vous.
Câest ainsi que le PĂšre Emmanuel AndrĂ© du Mesnil Saint Loup sâexprime magnifiquement pour Ă©voquer le dogme de lâImmaculĂ©e Conception, (le dogme Ă©tant une vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par Dieu, que le magistĂšre de l'Ăglise a dĂ©clarĂ©e obligatoire Ă croire).
Un dogme est une vĂ©ritĂ© de foi solennellement proclamĂ©e par le Pape pour ĂȘtre accueillie par lâĂglise. Ainsi, le 8 dĂ©cembre 1854, dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape Pie IX dĂ©clarait :
« Nous dĂ©clarons, prononçons et dĂ©finissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a Ă©tĂ©, au premier instant de sa conception, par une grĂące et une faveur singuliĂšre du Dieu tout puissant, en vue des mĂ©rites de JĂ©sus Christ, Sauveur du genre humain, prĂ©servĂ©e intacte de toute souillure du pĂ©chĂ© originel, est une doctrine rĂ©vĂ©lĂ©e de Dieu, et quâainsi elle doit ĂȘtre crue fermement et constamment par tous les fidĂšles ».
En dâautres termes, pour accueillir le Fils de Dieu, Marie ne pouvait avoir en son cĆur aucune trace dâhĂ©sitation ou de refus. Dieu avait besoin que le don de son amour rencontre une foi parfaitement pure, une Ăąme sans pĂ©chĂ©. Seule la grĂące (le don gratuit de Dieu) pouvait ainsi la prĂ©parer, et elle en est comblĂ©e (Ăvangile selon saint Luc, chapitre 1). Comme un fruit anticipĂ© du pardon offert par JĂ©sus sur la Croix, Marie (qui a Ă©tĂ© conçue normalement, par lâunion de son pĂšre et de sa mĂšre) est immaculĂ©e, pure de tout pĂ©chĂ©, et prĂ©servĂ©e de cette sĂ©paration dâavec Dieu qui marque lâhomme dĂšs le dĂ©but de son existence, le pĂ©chĂ© originel.
Pour la plupart des gens, « lâImmaculĂ©e Conception » voudrait dire que Marie est devenue mĂšre, a conçu JĂ©sus, par lâaction de lâEsprit Saint, sans relation conjugale. Comme si la relation conjugale Ă©tait, par elle-mĂȘme, un pĂ©chĂ©. Ce nâest pas du tout ce que dit la foi chrĂ©tienne. Si le mariage Ă©tait un pĂ©chĂ©, il ne pourrait ĂȘtre un sacrement.
Que voulait donc dire Pie IX ? Que fĂȘte lâĂglise catholique le 8 dĂ©cembre ? Ceci : Marie, dĂšs lâorigine, a Ă©tĂ© totalement Ă©trangĂšre au pĂ©chĂ©. Câest pourquoi, dans toutes les apparitions, elle se montre toujours merveilleusement belle, rayonnante de lumiĂšre et de bontĂ©.
Les apparitions de Lourdes ont eu lieu quatre ans aprĂšs la proclamation solennelle du dogme de lâImmaculĂ©e Conception par le pape Pie IX. Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse familiĂšrement avec Bernadette qui lâinterroge ; elle lui dit son nom : « Je suis lâImmaculĂ©e Conception ».
Ainsi, Notre Dame agréa la proclamation du dogme par le pape en 1854.
En divers endroits au fil des temps.
Les premiĂšres traces de cette fĂȘte remontent au moins au VIIIe siĂšcle. Au IXe siĂšcle, cette fĂȘte Ă©tait dĂ©jĂ connue en Irlande, au Danemark et en Angleterre. Elle se dĂ©veloppe en Normandie dĂšs le XIIe siĂšcle oĂč elle reste toujours rĂ©guliĂšrement appelĂ©e « fĂȘte aux Normands ». De lĂ , le culte commence Ă se rĂ©pandre par la suite en Occident. Elle est rendue obligatoire dans toute l'Ăglise lors du concile de BĂąle en 1439. Elle devient une fĂȘte de prĂ©cepte de l'Ăglise par la bulle Commissi nobis du pape ClĂ©ment XI en 1708.
Il s'agit de la fĂȘte patronale de l'Argentine, du BrĂ©sil, de la CorĂ©e, du Nicaragua, du Paraguay, des Philippines, de l'Espagne, des Ătats-Unis, de l'Uruguay, du Portugal et de l'Italie, et en Corse. Il s'agit d'un jour fĂ©riĂ© Ă diffĂ©rents endroits.
Ă Lyon.
La FĂȘte des LumiĂšres, qui a lieu chaque annĂ©e le 8 dĂ©cembre Ă Lyon, trouve ses origines dans un mĂ©lange de dĂ©votion religieuse et d'Ă©vĂ©nements historiques.
⹠Lyon, ville mariale : Lyon a une forte tradition de dévotion à la Vierge Marie, comme en témoigne la présence de la basilique Notre-Dame de FourviÚre qui surplombe la ville.
âą Le VĆu des Ăchevins : En 1643, face Ă une Ă©pidĂ©mie de peste, les Ă©diles de Lyon, les Ă©chevins, font un vĆu Ă la Vierge Marie. Ils promettent de se rendre chaque annĂ©e sur la colline de FourviĂšre pour la prier si la peste cesse. La maladie disparaĂźt et le vĆu est respectĂ©, donnant naissance Ă un pĂšlerinage annuel.
âą L'inauguration reportĂ©e : En 1850, une statue de la Vierge Marie, rĂ©alisĂ©e par le sculpteur lyonnais Joseph-Hugues Fabisch, est destinĂ©e Ă orner la colline de FourviĂšre. L'inauguration, initialement prĂ©vue le 8 septembre, est reportĂ©e au 8 dĂ©cembre en raison d'une crue de la SaĂŽne. Cette date correspond Ă la fĂȘte catholique de l'ImmaculĂ©e Conception.
âą La naissance spontanĂ©e de la FĂȘte des LumiĂšres : Le 8 dĂ©cembre 1852, le mauvais temps menace une nouvelle fois la cĂ©rĂ©monie. Finalement, le ciel se dĂ©gage et les Lyonnais, spontanĂ©ment, placent des bougies Ă leurs fenĂȘtres pour cĂ©lĂ©brer l'Ă©vĂ©nement. La statue de la Vierge, illuminĂ©e, veille sur la ville et la FĂȘte des LumiĂšres est nĂ©e.
âą Ăvolution de la FĂȘte : Ă partir du XIXe siĂšcle, le 8 dĂ©cembre devient la fĂȘte officielle de Lyon. En 1989, le reste du patrimoine lyonnais s'associe aux cĂ©lĂ©brations. Les illuminations, initialement simples bougies, deviennent de plus en plus sophistiquĂ©es et la FĂȘte des LumiĂšres s'Ă©tend sur quatre jours Ă partir de 1999.
âą RĂ©cupĂ©ration : « Lorsque jâai relancĂ© Ă Lyon la FĂȘte des LumiĂšres, mĂȘme si la manifestation est catholique, jây ai vu un clin dâoeil maçonnique », confesse mĂȘme GĂ©rard Collomb, franc-maçon revendiquĂ©. Et effectivement, nombre d'illuminations dont les photos sont consultables sur le net sont clairement d'inspiration maçonnique.
La FĂȘte des LumiĂšres est donc le fruit de la longue histoire de la constante et forte dĂ©votion Ă la Vierge Marie de la France fille ainĂ©e de lâEglise. Câest le temps du dĂ©chainement de Satan, nĂ©anmoins des myriades de petites flammes vacillent encore, entre autres celles que nous mettrons Ă nos fenĂȘtres le 8 dĂ©cembre, images de nos cĆurs brĂ»lants dâamour et dâespĂ©rance envers la protection que nous offre Notre-Dame, Reine de cette France qui redeviendra fidĂšle aux promesses de son baptĂȘme.
07/12/2024
06/12/2024
05/12/2024
05/12/2024
Selon des informations récoltées par La Croix, le Vatican envisage d'interdire la messe tridentine au pÚlerinage de Chartres en 2025, en raison de non-conformités aux rÚgles sur le rite ancien établies par le motu proprio Traditionis custodes.
Cette dĂ©cision potentielle provoque l'inquiĂ©tude des organisateurs, Notre-Dame de ChrĂ©tientĂ©, et une rĂ©action mitigĂ©e de l'Ă©vĂȘque de Chartres.
Le cardinal britannique Arthur Roche, auteur des textes restreignant la célébration de la messe traditionnelle, estime que les organisateurs de Notre-Dame de Chrétienté ne respecteraient pas les normes.
LâĂ©vĂȘque de Chartres, Mgr Philippe Christory s'en remet Ă Rome : « Si quelquâun doit dĂ©cider de quelque chose, câest le pape ».
Un retour aux origines du pĂšlerinage oĂč les messes furent cĂ©lĂ©brĂ©es en plein air pendant de trĂšs nombreuses annĂ©es.
Jean de Tauriers dit ne pas sâinquiĂ©ter : « Ce pĂšlerinage a commencĂ© en dehors des cathĂ©drales. Peut-ĂȘtre que ce sera le cas en 2025, ce serait triste mais ça ne nous empĂȘchera pas et ça ne limitera ni notre ardeur, ni notre nombre. »
04/12/2024
Depuis 2000 ans, Celle qui a mis au monde le RĂ©dempteur, Marie de Nazareth, est connue, aimĂ©e, chantĂ©e, cĂ©lĂ©brĂ©e sur tous les continents plus quâaucune autre crĂ©ature ; Elle est la perle du CrĂ©ateur ;la beautĂ©, la bontĂ©, la puretĂ©, lâhumilitĂ© et lâamour qui rayonne de Marie peuvent facilement rejoindre toutes les Ăąmes qui cherchent Dieu et veulent donner un sens Ă leur vie. Notre monde souffre de lâabsence de Beau.
Mais la beautĂ© dĂ©passe le cadre artistique, elle est liĂ©e au Bien et au Vrai. Lâart participe Ă quelque chose de surnaturel puisquâil a pour objet de crĂ©er de la beautĂ© ; ce nâest ni une agression, ni un jeu ni une provocation. Câest la reproduction libre du beau, non de la seule beautĂ© naturelle, mais de la beautĂ© idĂ©ale, un lien secret entre des solitudes qui sâignorent, un vieux langage qui nous parle des choses Ă©ternelles. Marie est lĂ , toute proche, pour guider les hommes de lâart dans leurs recherches ; les plus grands gĂ©nies de lâunivers ont mis leurs pinceaux et leurs plumes au service de la TrĂšs Sainte Vierge.
« les arts confessent Dieu, et tout en cherchant la Beauté, ils trouvent le plus souvent des motifs pour rencontrer la Vérité. » Jean Paul II
Mais comment tirer lâinfini du fini ? comment fonder lâobjectivitĂ© sur la subjectivitĂ©, la transcendance sur lâimmanence ?
LĂ est la difficultĂ© de lâart, mais aussi sa gloire : arriver Ă lâĂąme par le corps. Ce que lâartiste rĂ©ussit Ă exprimer dans ce quâil crĂ©e nâest quâune lueur de la splendeur qui lui a traversĂ© lâesprit pendant quelques instants. Il contemple lâĆuvre de son inspiration, y percevant comme lâĂ©cho du mystĂšre de la crĂ©ation, auquel Dieu, seul CrĂ©ateur de toutes choses, veut en quelque sorte lâassocier. Et sâil y a quelque chose de divin dans tout art, câest parce que justement lâart est une crĂ©ation : câest le fruit dâun souffle, une Ă©tincelle de divinitĂ© qui affecte le cĆur et les sens.
Une Ćuvre dâart qui amĂšne les larmes aux bords des yeux ne provoque pas de jouissance, mais dans notre nature exilĂ©e dans lâimparfait, elle Ă©voque dĂ©jĂ sur notre terre un paradis rĂ©vĂ©lĂ©. Lâart est avec la religion ce qui nous communique le sentiment de lâĂ©ternitĂ©, et tout Ćuvre dâoĂč ressort quelque reflet de beautĂ© chante, sans le savoir bien souvent, la gloire du PĂšre.
Marie est lĂ pour purifier et recentrer notre imaginaire ; il nây a que sous sa protection que lâinspiration est juste. Confions donc notre travail Ă celle qui est la porte du ciel et nous conduit Ă son fils.
Nos Ćuvres ne seront belles que si elles dĂ©bordent dâun cĆur possĂ©dĂ© par la grĂące :« pour peindre les choses du Christ, il faut vivre avec le Christ. » sâexclamait le bienheureux Fra Angelico.
Le langage de lâart est un langage dâamour : « Je cherche deux notes qui sâaiment⊠» disait Mozart. La beautĂ© comme la vĂ©ritĂ© met la joie dans le cĆur de lâhomme, câest le fruit prĂ©cieux qui rĂ©siste Ă lâusure du temps, suscite lâenthousiasme et unit les gĂ©nĂ©rations.
Le beau est ce qui nous réunit le plus facilement et le plus mystérieusement.
Aussi pour quâune Ćuvre soit belle et dĂ©lecte lâintelligence, Saint Thomas dâAquin Ă©numĂšre trois conditions :
-LâintĂ©gritĂ©, car lâintelligence ne goĂ»te pas lâĂȘtre incomplet.
-La proportion, « ce rien qui est tout et donne le sourire aux choses. »
-Le resplendissement, qui laisse transparaĂźtre la splendeur de lâĂąme, la pensĂ©e de lâhomme, la pensĂ©e divine qui sây reflĂštent.
Le bon goĂ»t, comme la vĂ©ritĂ© ne sâimpose pas, il persuade ; il possĂšde ce privilĂšge de sâinscrire dans la durĂ©e. Eduquer Ă la beautĂ©, Ă lâadmiration, câest dĂ©velopper la facultĂ© de contempler mais aussi Ă©veiller le sens critique, crĂ©er une passerelle entre reprĂ©sentation et signification, apprendre Ă communier Ă lâesprit des choses, sâen nourrir, mĂ©diter, comparer pour choisir.
Câest aussi apprendre Ă maĂźtriser nos sens : car tout ce qui diminue lâhomme, ne peut servir lâart, fruit propre de lâhomme. En morale, une trĂšs haute vertu rayonne toujours de beautĂ© : ne parlons-nous pas dâune belle Ăąme ?
LâĆuvre dâart est donc un pont jetĂ© entre Dieu et les hommes, entre le surnaturel et le matĂ©riel ; elle doit manifester les choses invisibles par les visibles, nous conduire Ă lâadoration, Ă la mĂ©ditation et nous permettre dâapprofondir notre Foi notre EspĂ©rance, notre CharitĂ©. En art il faut tout aimer : la nature, la science, son prochain.
Prions Marie pour prendre le chemin par lequel on atteint son amour qui fait pleuvoir sur nous ses grĂąces et dilater les puissances crĂ©atrices. Dans un monde de dĂ©composition du sens esthĂ©tique et de tĂątonnements des expressions artistiques, oĂč lâindividualisme semble rejeter lâobjectivitĂ© du beau, interrogeons nous sur la finalitĂ© de lâart. Celui- ci est dâabord le tĂ©moignage dâune quĂȘte spirituelle car lâart est le beau surnaturel, et les choses ne sont belles quâen vue du bien, le beau Ă©tant lui-mĂȘme un bien.
Marc ALIBERT
Architecte du Patrimoine
Prix Renaissance des Arts
Source : Le Salon Beige
04/12/2024
03/12/2024
Vatican News
«Soyez certains que la foi et l'espĂ©rance font des miracles». Câest une lettre dâencouragement que le Pape François adresse au peuple du Nicaragua, lundi 2 dĂ©cembre. Sans faire clairement rĂ©fĂ©rence aux souffrances endurĂ©es par les catholiques du pays, le Souverain pontife tient à «redire lâaffection» quâil porte au peuple nicaraguayen, «Je suis avec vous, surtout en ces jours oĂč vous cĂ©lĂ©brez la neuvaine de l'ImmaculĂ©e Conception.»
«C'est prĂ©cisĂ©ment dans les moments les plus difficiles, lorsqu'il devient humainement impossible de comprendre ce que Dieu attend de nous, que nous sommes appelĂ©s Ă ne pas douter de sa sollicitude et de sa misĂ©ricorde.», Ă©crit François, invitant Ă renouveler la «confiance filiale» en Dieu et «la fidĂ©litĂ© Ă lâEglise».
Ă de nombreuses reprises ces derniers mois, François sâest tenu aux cĂŽtĂ©s du peuple du Nicaragua. En aoĂ»t dernier, il sâadressait Ă lui lors de lâAngĂ©lus, ««Au peuple bien aimĂ© du Nicaragua: je vous encourage Ă renouveler votre espĂ©rance en JĂ©sus. Souvenez-vous que lâEsprit Saint guide toujours lâhistoire vers des projets plus hauts. Que la Vierge ImmaculĂ©e vous protĂšge dans les moments dâĂ©preuve et vous fasse sentir sa tendresse maternelle. Que la Sainte Vierge accompagne le peuple bien aimĂ© du Nicaragua!»
Regardons la Vierge Immaculée
En ce dĂ©but de lâAvent, le Souverain pontife invite Ă se tourner vers la Vierge ImmaculĂ©e, «elle est le tĂ©moignage Ă©clatant de cette confiance», Ă©crit-il.
Le Pape qui encourage une Ăglise et un peuple de majoritĂ© catholique en souffrance, qui sâapprĂȘte Ă cĂ©lĂ©brer la neuvaine de lâImmaculĂ© Conception, «L'une des formes de dĂ©vouement et de consĂ©cration qui manifeste la joie d'ĂȘtre ses enfants prĂ©fĂ©rĂ©s" est la douce expression: « Qui cause tant de joie ? La Conception de Marie !».
LâannĂ©e derniĂšre, au moins deux processions honorant lâImmaculĂ©e Conception avaient Ă©tĂ© interdites. Cette annĂ©e, François espĂšre que la cĂ©lĂ©bration de lâImmaculĂ©e Conception «apportera l'encouragement dont vous avez besoin dans vos difficultĂ©s, vos incertitudes et vos Ă©preuves.»
En aoĂ»t de cette annĂ©e, le gouvernement de Daniel Ortega avait imposĂ© une nouvelle loi pour les Ăglises du pays, elles doivent dĂ©sormais payer des impĂŽts sur les offrandes et les dons. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme avait alors exprimĂ© sa «profonde inquiĂ©tude», dĂ©clarant que l'initiative du gouvernement nicaraguayen Ă©tait en fait une «attaque contre la libertĂ© de religion et la libertĂ© d'association» et appelant Ă la «garantie et la protection des libertĂ©s humaines fondamentales».
03/12/2024
Pour nombre de ces catholiques dâoutre-Atlantique, on peut penser que cette position est le rĂ©sultat dâun double choc : dĂ©couverte de la liturgie traditionnelle et des problĂšmes posĂ©s par Vatican II, et constat des dĂ©clarations et actes contestables, au vu de la doctrine constante de lâEglise, du pape François. Le sĂ©dĂ©vacantisme semble ĂȘtre dĂšs lors la solution Ă©vidente (pour ne pas dire la solution de facilitĂ©)⊠Mais câest une « impasse » et elle constitue un danger pour les Ăąmes, assure Mgr Athanasius Schneider, Ă©vĂȘque auxiliaire dâAstana.
Cela nâempĂȘche pas le devoir de rappeler lâintĂ©gralitĂ© de la doctrine de lâEglise.
Il vient de livrer une longue rĂ©flexion Ă ce sujet Ă LifeSiteNews, dont je vous propose ci-dessous ma traduction intĂ©grale. Certains intertitres ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s par nos soins. â Jeanne Smits.
*
Pour trancher la question cruciale de la validitĂ© du pontificat du pape François, le principe directeur le plus sĂ»r reste la pratique qui a prĂ©valu dans lâhistoire de lâEglise et qui a permis de rĂ©soudre les cas de renonciations ou dâĂ©lections pontificales prĂ©sumĂ©es invalides. Le sensus perennis ecclesiae sâest manifestĂ© Ă travers cette pratique prĂ©valente.
Lâapplication ad litteram (Ă la lettre) du principe de lĂ©galitĂ© ou celle du positivisme juridique ne furent pas considĂ©rĂ©es comme un principe absolu dans la grande pratique de lâEglise, puisque la rĂ©glementation de lâĂ©lection papale est seulement une loi humaine (positive), et non pas une loi divine (rĂ©vĂ©lĂ©e).
La loi humaine qui rĂ©git lâaccession Ă la charge pontificale ou la rĂ©vocation de la charge pontificale doit ĂȘtre subordonnĂ©e au plus grand bien de lâEglise tout entiĂšre : en lâoccurrence, il sâagit de lâexistence rĂ©elle du chef visible de lâEglise et de la certitude quant Ă cette existence pour lâensemble du corps de lâEglise, clergĂ© et fidĂšles.
Cette existence visible du chef et la certitude de cette existence sont exigĂ©es par la nature mĂȘme de lâEglise. LâEglise universelle ne peut exister trĂšs longtemps sans un Pasteur suprĂȘme visible, sans le successeur de Pierre, puisque lâactivitĂ© vitale de lâEglise universelle dĂ©pend de son chef visible, comme par exemple la nomination des Ă©vĂȘques diocĂ©sains et des cardinaux, nominations qui requiĂšrent lâexistence dâun pape valide. A son tour, le bien spirituel des fidĂšles dĂ©pend de la nomination valide dâun Ă©vĂȘque, puisque dans le cas dâune nomination Ă©piscopale invalide (en raison dâun pape invalide), les prĂȘtres nâauraient pas de juridiction pastorale (par exemple pour entendre les confessions ou pour assister aux mariages).
Les dispenses et indulgences que seul le Pontife romain accorde, toutes destinĂ©es au bien spirituel et au salut Ă©ternel des Ăąmes, dĂ©pendent Ă©galement de cette existence et de cette certitude. Lâapplication en lâespĂšce du principe de la supplĂ©ance de juridiction en lâespĂšce porterait atteinte Ă la caractĂ©ristique de la visibilitĂ© de lâEglise ; elle correspondrait fondamentalement Ă la position de la thĂ©orie sĂ©dĂ©vacantiste.
Lâacceptation de la possibilitĂ© dâune vacance prolongĂ©e du Saint-SiĂšge (sedisvacantia papalis) conduit facilement Ă lâesprit de sĂ©dĂ©vacantisme, qui constitue en derniĂšre analyse une sorte de phĂ©nomĂšne sectaire et quasi-hĂ©rĂ©tique apparu au cours des soixante derniĂšres annĂ©es en raison des problĂšmes liĂ©s Ă Vatican II et aux papes conciliaires et postconciliaires.
Le bien spirituel et le salut Ă©ternel des fidĂšles est la loi suprĂȘme du systĂšme normatif de lâEglise. Câest pour cette raison quâexiste le principe du supplet ecclesia (« lâEglise supplĂ©e ») ou de la sanatio in radice (« convalidation radicale »), câest-Ă -dire que lâEglise complĂ©mente ce qui Ă©tait contraire au droit positif humain, dans le cas des sacrements, qui exigent des facultĂ©s juridictionnelles, par exemple la confession, le mariage, la confirmation, les charges des intentions des messes.
GuidĂ© par ce principe authentiquement pastoral, lâinstinct de lâEglise a Ă©galement appliquĂ© le principe du supplet ecclesia ou de la sanatio in radice aux cas de doute sur une renonciation ou une Ă©lection pontificale. ConcrĂštement, la sanatio in radice dâune Ă©lection pontificale invalide sâest exprimĂ©e Ă travers lâacceptation pacifique et moralement universelle du nouveau Pontife par lâĂ©piscopat et par le peuple catholique, et par le fait que ce Pontife Ă©lu, supposĂ©ment invalide, a Ă©tĂ© nommĂ© dans le Canon de la Messe par la quasi-totalitĂ© du clergĂ© catholique.
Lâhistoire de lâEglise constitue en la matiĂšre une source dâenseignement trĂšs sĂ»re. La plus longue vacance du SiĂšge apostolique a durĂ© deux ans et neuf mois (du 29 novembre 1268 au 1er septembre 1271). Câest aussi lâĂ©poque oĂč vĂ©cut saint Thomas dâAquin. Le pape GrĂ©goire VI est devenu pape en achetant la papautĂ© Ă son prĂ©dĂ©cesseur BenoĂźt IX en 1045 moyennant une forte somme dâargent. Cependant, lâEglise romaine a toujours considĂ©rĂ© GrĂ©goire VI comme un pape valide, et mĂȘme Hildebrand, qui devint plus tard le pape saint GrĂ©goire VII, considĂ©rait GrĂ©goire VI comme un pape lĂ©gitime, en dĂ©pit de la maniĂšre illĂ©gitime par laquelle celui-ci Ă©tait devenu pape.
Le pape Urbain VI fut Ă©lu sous la trĂšs forte pression et les menaces du peuple de Rome. Certains cardinaux Ă©lecteurs avaient mĂȘme craint pour leur vie. Telle Ă©tait lâatmosphĂšre de lâĂ©lection dâUrbain VI en 1378. Lors du couronnement du nouveau pape, tous les cardinaux Ă©lecteurs lui rendirent hommage et le reconnurent comme pape au cours des premiers mois de son pontificat. Cependant, aprĂšs quelques mois, certains cardinaux, en particulier les cardinaux français, ont commencĂ© Ă douter de la validitĂ© de lâĂ©lection en raison de la situation menaçante qui lâavait entourĂ©e et de la pression morale quâils avaient subie au cours de lâĂ©lection. Câest pourquoi ces cardinaux ont Ă©lu un nouveau pape, ClĂ©ment VII, un Français qui a choisi Avignon comme rĂ©sidence. Lui et ses successeurs ont toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s par lâEglise romaine comme des antipapes (voir les Ă©ditions de lâAnnuario Pontificio). Câest ainsi que commença lâune des crises les plus dĂ©sastreuses de lâhistoire de lâEglise, le Grand Schisme dâOccident, qui dura prĂšs de quarante ans, dĂ©chirant lâunitĂ© de lâEglise et portant un si grand prĂ©judice au bien spirituel des Ăąmes.
LâEglise romaine a toujours reconnu Urbain VI comme un pape valide, malgrĂ© les facteurs probablement invalidants de son Ă©lection. Le fait que mĂȘme des saints comme saint Vincent Ferrier aient reconnu pendant un temps lâantipape ClĂ©ment VII comme seul pape valide nâest pas un argument convaincant, car les saints ne sont pas infaillibles dans toutes leurs opinions. Le mĂȘme saint Vincent Ferrier a ensuite rejetĂ© lâantipape dâAvignon ClĂ©ment VII et a reconnu le pape de Rome.
Le pape saint CĂ©lestin V a renoncĂ© Ă sa charge sous la pression et les insinuations du puissant cardinal Benedetto Gaetani, qui lui succĂ©da sous le nom de Boniface VIII en 1294. En raison de ces circonstances, une partie des fidĂšles et du clergĂ© de lâĂ©poque nâa jamais reconnu Boniface VIII comme pape valide. Cependant, lâEglise romaine a considĂ©rĂ© que Boniface VIII Ă©tait un pape lĂ©gitime, car lâacceptation de Boniface VIII par lâĂ©crasante majoritĂ© de lâĂ©piscopat et des fidĂšles a guĂ©ri « Ă la racine » les Ă©ventuelles circonstances invalidantes de la renonciation de CĂ©lestin V et de lâĂ©lection de Boniface VIII.
Lâexplication ci-aprĂšs du professeur Roberto de Mattei dĂ©montre de maniĂšre convaincante lâincohĂ©rence des thĂ©ories de lâinvaliditĂ© du pontificat du pape François :
Peu a importĂ© le fait que Monseigneur Georg GĂ€nswein, dans une dĂ©claration Ă LifeSiteNews le 14 fĂ©vrier 2019, ait rĂ©affirmĂ© la validitĂ© de la renonciation de BenoĂźt XVI Ă lâoffice pĂ©trinien, en dĂ©clarant quâ« il nây a quâun seul pape lĂ©gitimement Ă©lu â et câest François ». LâidĂ©e dâune Ă©ventuelle redĂ©finition du ministĂšre papal avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© lancĂ©e.
Certains affirment que lâintention du pape BenoĂźt Ă©tait de conserver le pontificat, en supposant que la fonction puisse se scinder en deux, mais il sâagit lĂ dâune erreur substantielle, car la nature monarchique et unitaire du pontificat est de droit divin.
Dieu seul juge les intentions alors que le droit canonique se limite à évaluer le comportement extérieur des baptisés. « Une phrase bien connue du droit canonique⊠affirme que De internis non iudicat praetor : un juge ne juge pas les choses intérieures », écrit De Mattei.
Si le pape BenoĂźt Ă©tait le seul pape valide et lĂ©gitime, que se serait-il passĂ© aprĂšs sa mort ? De Mattei Ă©crit : « Le paradoxe est que les sophismes juridiques sont utilisĂ©s pour prouver lâinvaliditĂ© de la renonciation de BenoĂźt, mais ensuite pour rĂ©soudre le problĂšme de la succession de BenoĂźt ou de François, des solutions extra-canoniques devraient ĂȘtre utilisĂ©es » (cf. Les inconnues de la fin dâun pontificat ; initialement dans Corrispondenza Romana, juillet 2020).
Pourquoi la thĂ©orie de lâinvaliditĂ© du pontificat de François est une impasse
LâhypothĂšse de lâinvaliditĂ© de la renonciation de BenoĂźt XVI, et donc de lâinvaliditĂ© du pontificat de François, est en fait une impasse, un cul-de-sac. Pendant onze ans, le SiĂšge apostolique aurait Ă©tĂ© vacant de facto, puisque BenoĂźt XVI nâa fait aucun acte de gouvernement, aucune nomination Ă©piscopale ou cardinalice, aucun acte de dispense, dâindulgences, etc. De ce fait, lâEglise universelle serait paralysĂ©e dans sa dimension visible. Une telle hypothĂšse Ă©quivaudrait en pratique Ă la position du sĂ©dĂ©vacantisme.
Depuis onze ans, toutes les nominations de nonces apostoliques, dâĂ©vĂȘques diocĂ©sains et de cardinaux, toutes les dispenses pontificales et toutes les indulgences accordĂ©es et utilisĂ©es par les fidĂšles auraient Ă©tĂ© nulles et non avenues et auraient entraĂźnĂ© des consĂ©quences nĂ©fastes pour le bien spirituel des Ăąmes (Ă©vĂȘques illĂ©gitimes, juridictions Ă©piscopales invalides, etc.). Tous les cardinaux nommĂ©s par le pape François seraient invalides, câest-Ă -dire quâils ne seraient pas cardinaux, et cela sâappliquerait Ă la majeure partie du collĂšge cardinalice actuel.
Envisageons cette situation purement hypothĂ©tique : si BenoĂźt XVI avait Ă©tĂ© un pape extrĂȘmement libĂ©ral et quasiment hĂ©rĂ©tique et quâil avait renoncĂ© [au pontificat] en 2013 dans des circonstances semblables Ă celles qui se sont produites en 2013 (prĂ©sentant donc des Ă©lĂ©ments possibles dâinvaliditĂ©), et si un nouveau pape Ă lâesprit absolument traditionnel avait ensuite Ă©tĂ© Ă©lu, et si ce nouveau pape â dont on pourrait prĂ©sumer lâĂ©lection invalide en raison de la renonciation invalide de son prĂ©dĂ©cesseur libĂ©ral et de la violation de certaines normes du conclave â avait commencĂ© Ă rĂ©former lâEglise au sens catholique vĂ©ritable du terme : en nommant de bons Ă©vĂȘques et de bons cardinaux, en prononçant des professions de foi ou des dĂ©clarations ex cathedra pour dĂ©fendre la foi catholique contre les erreurs actuelles au sein de lâEglise, aucun bon cardinal, Ă©vĂȘque ou catholique [laĂŻque] ne considĂ©rerait dĂšs lors ce nouveau pape, Ă 100 % catholique, comme un pape illĂ©gitime, ni ne demanderait sa renonciation et le retour de lâancien pontife libĂ©ral Ă la tĂȘte de lâEglise.
Autre situation hypothĂ©tique : si tous les cardinaux nommĂ©s par Jean-Paul II et BenoĂźt XVI venaient Ă mourir, le CollĂšge des cardinaux serait composĂ© uniquement de cardinaux nommĂ©s par le pape François. Mais selon la thĂ©orie du pontificat invalide de François, ils seraient tous des non-cardinaux, et il nây aurait donc plus de CollĂšge des cardinaux. Il sâensuivrait quâil nây aurait pas dâĂ©lecteurs valides pouvant procĂ©der Ă une nouvelle Ă©lection pontificale. La loi qui dispose que les cardinaux sont les seuls Ă©lecteurs valables du pape est en vigueur depuis le XIe siĂšcle et a Ă©tĂ© entĂ©rinĂ©e par les pontifes romains. Par consĂ©quent, seul un pontife romain est compĂ©tent pour modifier la loi relative Ă lâĂ©lection pontificale et pour entĂ©riner une rĂšgle qui autoriserait des Ă©lecteurs qui ne sont pas des cardinaux. HypothĂ©tiquement, si lâon suit la thĂ©orie du pontificat invalide de François, lorsque tous les cardinaux nommĂ©s avant lâĂ©lection du pape François seraient dĂ©cĂ©dĂ©s, il ne serait pas possible dâĂ©lire valablement un nouveau pontife. LâEglise serait dans une impasse, un cul-de-sac.
LâhypothĂšse selon laquelle BenoĂźt XVI Ă©tait le seul pape valide et que, par consĂ©quent, le pape François est un pape invalide, contredit non seulement la pratique Ă©prouvĂ©e et raisonnable de la grande tradition de lâEglise, mais aussi le simple bon sens. De plus, dans ce cas, on absolutise lâaspect lĂ©gal, câest-Ă -dire, dans notre cas, les normes humaines de la renonciation et de lâĂ©lection pontificale, au dĂ©triment du bien des Ăąmes, puisquâon introduit une incertitude sur la validitĂ© des actes de gouvernement de lâEglise, ce qui porte atteinte Ă la nature visible de lâEglise. En outre, on sâapproche de la mentalitĂ© du sĂ©dĂ©vacantisme. La voie plus sĂ»re (via tutior) et lâexemple de la pratique constante de la grande tradition de lâEglise doivent ĂȘtre suivis Ă©galement dans le cas prĂ©sent.
De la réfutation du sédévacantisme au devoir de prier pour le pape
La bonne façon de rĂ©agir au comportement dĂ©routant du pape François est de lui adresser publiquement des remontrances sur ses erreurs. Cela dit, il faut le faire avec tout le respect qui lui est dĂ». Ensuite, il faut faire une profession de foi en prĂ©cisant les vĂ©ritĂ©s que le pape François a contredites ou sapĂ©es par ses ambiguĂŻtĂ©s. Ensuite, il faut faire des actes de rĂ©paration. Il faut aussi demander Ă Dieu la grĂące de la conversion du pape François et lâintervention divine pour rĂ©soudre cette crise sans prĂ©cĂ©dent. Il nâen reste pas moins que le pape François est certainement le pape valide.
Notre Seigneur JĂ©sus-Christ tient le gouvernail de la barque de lâEglise dans ses mains, mĂȘme au plus fort des pires tempĂȘtes, au nombre desquelles pourrait figurer le pontificat dâun pape doctrinalement ambigu. Ces tempĂȘtes sont toutefois relativement courtes, comparĂ©es Ă dâautres grandes crises survenues au cours des deux mille ans dâexistence de lâEglise militante.
Au milieu de la confusion et de la tempĂȘte dans la vie de lâEglise de notre temps, Notre Seigneur se lĂšvera et menacera les vents et la mer (voir Mt. 8:24), et un temps de calme, de sĂ©curitĂ© doctrinale, de sacralitĂ© liturgique et de saintetĂ© des prĂȘtres, des Ă©vĂȘques et des papes sera accordĂ©. Dans une situation qui, Ă vue humaine, semble sans issue, nous devons renouveler notre foi inĂ©branlable en la vĂ©ritĂ© divine affirmant que les portes de lâenfer ne prĂ©vaudront jamais contre lâEglise catholique.
+ Athanasius Schneider, Ă©vĂȘque auxiliaire de lâarchidiocĂšse de Sainte-Marie in Astana
Traduction par Jeanne Smits
01/12/2024
â Pourquoi avoir fait ce recueil sur le PĂšlerinage de ChrĂ©tientĂ©, dont vous ĂȘtes lâun des fondateurs ?
â AprĂšs bientĂŽt un demi-siĂšcle dâexistence, il sâagit de considĂ©rer ce pĂšlerinage Ă lâaune des intuitions qui lâont inspirĂ© et des Ă©crits qui lâont accompagnĂ© au fil des ans. DâoĂč ce sous-titre : « Propos de route et jalons pour lâhistoire ». Ce recueil de textes divers, Ă©chelonnĂ©s sur plus de quarante ans, constitue en quelque sorte un livre blanc pour juger sur piĂšces de ses intentions. Il ne prĂ©tend pas dire toute la vĂ©ritĂ© du pĂšlerinage, lequel nâest Ă©videmment pas exempt (comme ces textes) de critiques ni de faiblesses, mais rĂ©vĂ©ler substantiellement son esprit depuis les origines. Esprit inscrit dans une « contextualisation » prĂ©cise (comme on dit aujourdâhui), qui est celle de la crise religieuse post-conciliaire. En nous retrempant ainsi dans « lâesprit des origines » â qui se voulait aussi comme un esprit de croisade derriĂšre lâappel de Jean-Paul II Ă la France â et au vu de la croissance du pĂšlerinage, nous sommes cependant dâautant plus fiers dây avoir participĂ© â comme pauvre cause instrumentale avec nos amis du Centre Charlier â que nous nous en sentons bien indignesâŠ
Cette rĂ©trospective induit en mĂȘme temps une prospective ou une rĂ©flexion autour des notions de ChrĂ©tientĂ©, de Tradition et de Mission (cf. nos annexes). Celle-ci vise surtout Ă montrer que nous ne cherchons pas Ă revenir en arriĂšre, Ă ĂȘtre des pĂšlerins dâhier pas plus dâailleurs que des pĂšlerins de demain, mais surtout des pĂšlerins dâaujourdâhui, autrement dit des pĂšlerins de toujours, perigini : Ă©trangers au monde dans lâexacte mesure oĂč lâesprit du monde est Ă©tranger Ă Dieu. Câest en cherchant Dieu, au-delĂ du monde et du temps, que les moines ont bĂąti la ChrĂ©tientĂ© sans le préétablir⊠Ce livre sâinscrit dâailleurs dans la prĂ©paration de lâannĂ©e sainte 2025 dont le thĂšme est « PĂšlerins de lâespĂ©rance » !
â Quâest-ce qui, selon vous, caractĂ©rise le PĂšlerinage de ChrĂ©tientĂ© dans la durĂ©e?
â Aux trois piliers dĂ©sormais bien connus (Tradition-ChrĂ©tientĂ©-Mission), jâajouterais trois particularitĂ©s connexes :
Lâimportance des laĂŻcs selon la juste orientation de Vatican II pour la promotion du laĂŻcat chrĂ©tien. Conçu, organisĂ© et dirigĂ© par des laĂŻcs, le pĂšlerinage Ă©chappe ainsi depuis sa crĂ©ation Ă ce que le pape François appelle le (mauvais) clĂ©ricalisme (tant en interne quâen externe), ce qui explique peut-ĂȘtre son ressort, sa concorde et sa longĂ©vitĂ©. Il y a en effet une grĂące dâĂ©tat liĂ©e au laĂŻcat, non seulement Ă la jeunesse (comme disait AndrĂ© Charlier) mais aux familles et particuliĂšrement aux parents qui ont la charge Ă©ducative et temporelle de transmettre la foi quâils ont eux-mĂȘmes reçue de leurs parents. Sans ĂȘtre de lâĂglise enseignante, ils ont leur juste mot Ă dire en la matiĂšre et ils nâont pas besoin de mandat pour ce faire. Dans les annĂ©es 80, avec lâappui de prĂȘtres amis, les organisateurs du pĂšlerinage ne se sont pas privĂ©s dâuser de ce droit Ă©lĂ©mentaire, comme dâautres lâavaient fait avant eux (Lemaire et Madiran face Ă la rĂ©volution catĂ©chĂ©tique et liturgique, les Scouts dâEurope devant la rĂ©forme SDF, le MJCF, les Ă©coles indĂ©pendantesâŠ).
Lâimportance de la piĂ©tĂ© filiale : le pĂšlerinage sâinscrit dans une continuitĂ© (cf. le prĂ©ambule historique dâYves Chiron) avec des sources dâinspiration revendiquĂ©es, de saint Louis Ă PĂ©guy et aux Charlier (laĂŻcs prĂ©cisĂ©ment !), sans oublier Czestochowa et Le Mesnil-Saint-Loup, etc⊠Nous ne prĂ©tendons rien inventer sous lâinspiration de je ne sais quelle nouvelle PentecĂŽte charismatique. PĂšlerins dâespĂ©rance parce que pĂšlerins de toujours, ni de demain ni dâhier ! En quĂȘte du Royaume et donc du salut des Ăąmes. Notre volontĂ© missionnaire est fondĂ©e sur lâĂvangile et la Tradition. Une PentecĂŽte de ChrĂ©tientĂ© !
Lâimportance de la forme donnĂ©e Ă la sociĂ©tĂ© (dont dĂ©pend le bien ou le mal des Ăąmes, selon Pie XII) ou de la royautĂ© sociale du Christ. Car si son Royaume est au dedans de nous et nâest pas de ce monde (dâoĂč la distinction des pouvoirs spirituel et temporel et le concept de saine et lĂ©gitime laĂŻcitĂ© de lâĂtat), il a forcĂ©ment un rayonnement sur notre vie sociale et politique au sens large. Câest lâobjet de lâencyclique Quas Primas de Pie XI dont nous fĂȘterons aussi lâan prochain le centenaire : « Les hommes ne sont pas moins soumis Ă lâautoritĂ© du Christ dans leur vie collective que dans leur vie privĂ©e. » Pas moins mais dâune maniĂšre autre Ă©videmment comme on feint de ne pas le comprendre. Bien sĂ»r la communautĂ© surnaturelle de personnes quâest lâĂglise fondĂ©e par le Christ ne se confond pas avec la sociĂ©tĂ© temporelle de familles quâest la nation (voulue par le CrĂ©ateur) et que lâĂglise doit informer (au sens philosophique) quelque soit lâunitĂ© ou la division de croyances en place. Mais si lâĂglise ne peut plus y trouver une certaine correspondance culturelle, ses fidĂšles devront forcĂ©ment agir en contre-culture, comme pour les premiers chrĂ©tiens (ou au sein des dictatures modernes), avec ce que BenoĂźt XVI appelait des « minoritĂ©s crĂ©atives » ou des « oasis de chrĂ©tientĂ© ». Câest notre conviction militante qui sâincarne dans un combat contre-rĂ©volutionnaire, pour un « lit de camp » Ă offrir au surnaturel, selon le mot de PĂ©guy, qui nâest pas sans rappeler la parabole Ă©vangĂ©lique du terrain et de la semence, qui rĂ©sume notre « thĂ©ologie politique »âŠ
â Quel bilan portez-vous sur cette aventure spirituelle contemporaine, cet « appel » de Chartres ?
â Ă vues humaine et historique, câest une incontestable rĂ©ussite qui Ă©tonne Ă©tant donnĂ© les entraves humaines, religieuses et mĂ©diatico-politiques que le pĂšlerinage a dĂ» souvent surmonter. Si rĂ©duite soit cette rĂ©ussite, elle correspond visiblement Ă une aspiration de notre jeunesse et de notre Ă©poque pour la vraie religion, transcendante et exigeante. Ă un besoin dâidentitĂ© chrĂ©tienne Ă©galement dans un monde qui fait tout pour la renier. Elle constitue, nous semble t-il, une preuve vivante de la rĂ©silience et de la rĂ©surgence de lâesprit de chrĂ©tientĂ© malgrĂ© lâapostasie et la sĂ©cularisation. Un reproche vivant aussi Ă ceux qui, parmi les catholiques (dits progressistes), ont voulu tĂ©mĂ©rairement refouler cette grĂące de lâhĂ©ritage spirituel et des (re)commencements dont parle Chesterton : â Laissez-nous faire lâexpĂ©rience de la ChrĂ©tientĂ© !
En termes surnaturels, cette aventure providentielle ne dĂ©pend pas de nous et il faut rester humble devant ce succĂšs. Car la vertu thĂ©ologale dâespĂ©rance justement nous fait dĂ©passer la seule logique de lâordre temporel pour nous faire entrer dans lâordre surnaturel qui peut nous apprendre Ă©galement les leçons de lâinsuccĂšs, dâune certaine stĂ©rilitĂ©, le mystĂšre de lâobscuritĂ© et de lâensevelissement, finalement le mystĂšre de la Croix et la fĂ©conditĂ© du Sacrifice : « Si le grain de blĂ© ne meurt⊠» On pense par exemple Ă lâĂ©popĂ©e de Jeanne dâArc ou aux chrĂ©tiens dâOrient. Il y a des rĂ©ussites spirituelles visibles en ce monde mais aussi des Ă©checs productifs, des clartĂ©s et des nuits de la foi, qui se suivent et sâenchaĂźnent dans le mystĂšre de lâespĂ©rance et des fins derniĂšres. Sachons gouter et mĂ©diter pour lâheure les mystĂšres joyeux plutĂŽt que douloureux de cette route de Chartres en pĂšlerins de lâespĂ©rance !
Source : l'Appel de Chartres via le Salon Beige