Le blog du Temps de l'Immaculée.
01/01/2025
Au début d’une nouvelle année accordée par le Seigneur, il est bon de lever le regard de notre cœur vers Marie. En tant que Mère, elle nous renvoie à notre relation avec son Fils, elle nous ramène à Jésus, elle nous parle de Jésus, elle nous conduit à Jésus. C’est pourquoi, la Solennité de la Très Sainte Vierge Marie Mère de Dieu nous plonge à nouveau dans le Mystère de Noël : Dieu s’est fait l’un de nous dans le sein de Marie. Et il nous est rappelé aujourd’hui, à nous qui avons ouvert la Porte Sainte pour commencer le Jubilé, que
« Marie est la porte par laquelle le Christ est entré dans ce monde » (Saint Ambroise, Épître 42, 4 : PL, VII).
L’apôtre Paul résume ce mystère en affirmant que « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). Ces mots – “né d’une femme” – résonnent dans nos cœurs aujourd’hui et nous rappellent que Jésus, notre Sauveur, s’est fait chair et s’est révélé dans la fragilité de la chair.
Né d’une femme. Cette expression nous renvoie tout d’abord à Noël : le Verbe s’est fait chair. L’apôtre Paul en précisant qu’Il est né d’une femme, éprouve presque le besoin de nous rappeler que Dieu s’est vraiment fait homme dans des entrailles humaines. Une tentation fascine un grand nombre aujourd’hui, qui pourrait séduire également nombre de chrétiens : imaginer ou se fabriquer un Dieu “abstrait” lié à une vague idée religieuse, à un bon sentiment passager. Au contraire, Il est concret, Il est humain. Il est né d’une femme. Il a un visage et un nom, et Il nous invite à entretenir une relation avec Lui. Le Christ Jésus, notre Sauveur, est né d’une femme ; Il est fait de chair et de sang ; Il vient du sein du Père, mais Il s’incarne dans le sein de la Vierge Marie ; Il vient du haut des cieux mais Il habite dans les profondeurs de la terre ; Il est le Fils de Dieu, mais Il se fait Fils de l’homme. Image du Dieu Tout-Puissant, Il vient dans la faiblesse et, bien qu’Il soit sans tache, « Dieu, pour nous, l’identifiera au péché » (2 Co 5, 21). Il est né d’une femme et Il est l’un de nous. C’est pour cette raison qu’Il peut nous sauver.
Né d’une femme. Cette expression nous parle aussi de l’humanité du Christ qui se révèle dans la fragilité de la chair. S’Il est descendu dans le sein d’une femme, pour naître comme toutes les créatures, Il se montre dans la fragilité d’un Enfant. C’est pourquoi les bergers, voyant de leurs propres yeux ce que l’Ange leur avait annoncé, ne trouvent pas de signes extraordinaires ni de manifestations grandioses, mais « ils découvrent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire » (Lc 2, 16). Ils trouvent un nouveau-né sans défense, fragile, qui a besoin des soins de sa mère, besoin de langes et de lait, de caresses et d’amour. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort dit que la Sagesse divine
« n’a pas voulu, quoi qu’elle put le faire, se donner directement aux hommes mais par la Très Sainte Vierge Marie. Elle n’a pas voulu venir au monde à l’âge d’un homme parfait, indépendant d’autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dépendant des soins et de l’entretien de sa sainte Mère» (Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n. 139).
Et ainsi, nous pouvons voir dans toute la vie de Jésus ce choix de Dieu, le choix de la petitesse et de la discrétion. Il ne cédera jamais à l’attrait du pouvoir divin pour accomplir de grands signes et s’imposer aux autres comme le diable le Lui avait suggéré, mais Il révélera l’amour de Dieu dans la beauté de son humanité, en demeurant parmi nous, en partageant notre vie ordinaire faite de peines et de rêves, en montrant de la compassion pour les souffrances du corps et de l’esprit, en ouvrant les yeux des aveugles et en réconfortant les cœurs égarés. La compassion. Les trois attitudes de Dieu sont la miséricorde, la proximité et la compassion. Dieu se fait proche, miséricordieux et compatissant. Ne l’oublions pas. Jésus nous montre Dieu à travers son humanité fragile, en prenant soin des plus fragiles.
Frères et sœurs, il est bon de penser que Marie, la jeune fille de Nazareth, nous ramène toujours au Mystère de son Fils, Jésus. Elle nous rappelle que Jésus vient dans la chair et que le lieu privilégié où nous pouvons le rencontrer c’est d’abord notre vie, notre humanité fragile, celle de ceux qui nous côtoient chaque jour. Et en l’invoquant comme Mère de Dieu nous affirmons que le Christ a été engendré par le Père, mais qu’Il est vraiment né du sein d’une femme. Nous affirmons qu’Il est le Seigneur du temps, mais qu’Il habite notre temps, notamment cette nouvelle année, de sa présence aimante. Nous affirmons qu’Il est le Sauveur du monde, mais nous pouvons le rencontrer et devons le chercher dans le visage de tout être humain. Et si Lui, qui est le Fils, s’est fait petit pour être pris dans les bras d’une maman, pour être soigné et allaité, cela signifie qu’aujourd’hui encore, Il vient en tous ceux qui ont besoin des mêmes soins : en chaque sœur et frère que nous rencontrons ayant besoin d’attention, d’écoute, de tendresse.
Cette nouvelle année qui s’ouvre, confions-la à Marie, Mère de Dieu, pour que nous apprenions, comme Elle, à découvrir la grandeur de Dieu dans la petitesse de la vie ; pour que nous apprenions à prendre soin de toute créature née d’une femme, avant tout en gardant, comme le fit Marie, le don précieux de la vie : la vie dans le sein maternel, la vie des enfants, la vie de ceux qui souffrent, la vie des pauvres, la vie des personnes âgées, des personnes seules, des mourants. Et aujourd’hui, Journée Mondiale de la Paix, nous sommes tous invités à accueillir cette invitation qui jaillit du cœur maternel de Marie : préserver la vie, prendre soin de la vie blessée – il y a tant de vies blessée –, rendre sa dignité à la vie de toute personne “née d’une femme”. Voici la base fondamentale pour construire une civilisation de la paix. C’est pourquoi
« je demande un engagement ferme à promouvoir le respect de la dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espérance » (Message pour la 58ème Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2025).
Marie, Mère de Dieu et notre Mère, nous attend là, dans la crèche. Elle nous montre, comme aux bergers, le Dieu qui nous surprend toujours, qui ne vient pas dans la splendeur des cieux, mais dans la petitesse d’une mangeoire. Confions-lui cette nouvelle année jubilaire, confions-lui nos demandes, nos préoccupations, nos souffrances, nos joies et tout ce que nous portons dans nos cœurs. Elle est maman, elle est mère ! Confions-lui le monde entier, pour que l’espérance renaisse, pour que la paix germe enfin pour tous les peuples de la terre.
L’histoire nous raconte qu’à Éphèse, lorsque les évêques sont entrés dans l’église, le peuple fidèle, avec des bâtons à la main, a crié :
« Mère de Dieu ! Les bâtons étaient certainement une promesse de ce qui arriverait s’ils ne déclaraient pas le dogme de la « Mère de Dieu ». Aujourd’hui, nous n’avons pas de bâtons, mais nous avons des cœurs et des voix d’enfants. C’est pourquoi, tous ensemble, acclamons la Sainte Mère de Dieu. Tous ensemble, à haute voix : « Sainte Mère de Dieu ! », trois fois. Ensemble : « Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu ! »
31/12/2024
Nous avons choisi les mots prononcés par le Pape François dans la cathédrale de Tirana lors de son voyage apostolique en Albanie en 2014 pour introduire le rapport annuel habituel de l'Agence Fides sur les missionnaires et les agents pastoraux tués dans le monde en 2024.
Comme c'est le cas depuis longtemps, la liste annuelle proposée par Fides ne concerne pas seulement les missionnaires ad gentes au sens strict, mais considère les définitions de « missionnaire » hommes et femmes dans un contexte plus large et vise à enregistrer tous les catholiques impliqués d'une manière ou d'une autre dans des œuvres pastorales et des activités ecclésiales et qui meurent de manière violente, même si ce n'est pas spécifiquement « en haine de la foi ».
C'est pourquoi nous préférons ne pas utiliser le terme « martyrs », sauf dans son sens étymologique de « témoins », afin de ne pas entrer dans le jugement que l'Église pourrait éventuellement porter sur certains d'entre eux à travers les processus de canonisation.
Les Effectifs
En 2024, selon des données vérifiées par l'Agence Fides, 13 « missionnaires » catholiques ont été tués dans le monde, dont 8 prêtres et 5 laïcs. Cette année encore, l'Afrique et l'Amérique ont enregistré le plus grand nombre d'agents pastoraux tués : 5 sur les deux continents. Ces dernières années, ce sont l'Afrique et l'Amérique qui alternent en tête de ce classement tragique.
Plus précisément, 6 hommes ont été tués en Afrique (2 au Burkina Faso, 1 au Cameroun, 1 en République démocratique du Congo et 2 en Afrique du Sud), 5 en Amérique (1 en Colombie, 1 en Équateur, 1 au Mexique et 1 au Brésil) et 2 en Europe (1 en Pologne et 1 en Espagne).
Comme le montrent les informations fiables et vérifiées sur leurs biographies et les circonstances de leur mort, les missionnaires et les agents pastoraux tués n'étaient pas sous les feux de la rampe pour des œuvres ou des engagements ostentatoires, mais travaillaient pour témoigner de leur foi dans la banalité de la vie quotidienne, et pas seulement dans des contextes marqués par la violence et les conflits.
Les nouvelles de la vie et des circonstances de la mort violente de ces personnes nous offrent des images de la vie quotidienne, dans des contextes souvent marqués par la violence, la misère et l'absence de justice. Il s'agit souvent de témoins et de missionnaires qui ont offert leur vie au Christ jusqu'au bout, en toute liberté.
Parmi les agents pastoraux tués en 2024 figurent également Edmond Bahati Monja, coordinateur de Radio Maria/Goma, et Juan Antonio López, coordinateur de la pastorale sociale du diocèse de Truijllo et membre fondateur de la pastorale de l'écologie intégrale au Honduras.
Edmond, qui vivait dans une région du Nord-Kivu secouée par l'avancée du groupe armé M23, a été abattu par un groupe d'hommes armés près de sa maison dans le quartier de Ndosho, à la périphérie de Goma. L'armée régulière congolaise, afin de renforcer les défenses de la ville, a formé des alliances circonstancielles avec d'autres groupes armés et a également fourni des armes à certaines milices appelées Wazalendo (« Patriotes » en swahili). La présence de groupes armés irréguliers a toutefois entraîné une augmentation de la criminalité violente à Goma, les vols et les meurtres étant à l'ordre du jour. L'assassinat d'Edmond Bahati, qui participait à des enquêtes sur les problèmes locaux et ces groupes armés, est également lié à la passion avec laquelle il menait son travail. En deux ans, au moins une douzaine de professionnels des médias ont été assassinés à Goma et dans ses environs. Bahati avait mené des enquêtes sur la violence des groupes armés dans la région.
Juan Antonio López était pourtant connu pour son engagement en faveur de la justice sociale et tirait sa force et son courage de sa foi chrétienne. Le crime s'est produit quelques heures seulement après une conférence de presse au cours de laquelle il avait dénoncé, avec d'autres dirigeants communautaires, les liens présumés entre des membres de l'administration municipale de Tocoa et le crime organisé. Le meurtre de López s'inscrit dans un contexte de répression croissante à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme au Honduras. Lors de l'Angélus du 22 septembre, le Pape François a souligné l'importance de protéger ceux qui défendent la justice. « Je m'associe au deuil de cette Église et à la condamnation de toute forme de violence », a-t-il déclaré. « Je suis proche de ceux qui voient leurs droits élémentaires bafoués et de ceux qui travaillent pour le bien commun en réponse au cri des pauvres et de la terre », a ajouté le Souverain Pontife, rappelant l'héritage de López en tant qu'homme de foi qui a donné sa vie pour les autres.
De 2000 à 2024, le nombre total de missionnaires et d'agents pastoraux tués est de 608. « Ces frères et sœurs peuvent sembler être des ratés, mais aujourd'hui nous voyons que ce n'est pas le cas. Maintenant comme alors, en effet, la semence de leurs sacrifices, qui semble mourir, germe, porte du fruit, parce que Dieu continue à travers eux à accomplir des prodiges, à changer les cœurs et à sauver les hommes.» (Pape François, 26 décembre 2023, fête liturgique de saint Étienne le Premier Martyr). (Agence Fides 30/12/2024)
Pièces jointes à la dépêche
Dossier Missionnaires et agents pastoraux tués en 2024
Des vies brisées, des vies données. Pour le salut de tous
Agence Fides, 30 décembre 2024
par Gianni Valente
Une autre année s'achève. Et cette année encore, les histoires des missionnaires et agents pastoraux catholiques tués au cours des 12 derniers mois, recueillies et republiées par l'Agence Fides, laissent entrevoir le mystère et le trésor cachés dans les vies arrachées de manière sanglante, alors qu'ils servaient leurs frères et sœurs dans le monde, à la suite de Jésus.
Il y a des signes distinctifs qui marquent la vie des témoins de Jésus, jusqu'à l'effusion de sang. Des signes distinctifs comme celui rappelé il y a quelques jours par le Pape François, le jour où la liturgie de l'Église catholique commémore saint Étienne, le premier martyr.
Les Actes des Apôtres racontent qu'Étienne a prié pour le salut de ses bourreaux alors qu'ils le lapidaient. Aujourd'hui encore, a ajouté le Pape, ceux qui témoignent de Jésus ne se laissent pas tuer par faiblesse, ni pour défendre une idéologie, mais pour faire partager à tous le don du salut. Et ils le font d'abord pour leurs assassins ... et ils prient pour eux ».
Le saint moine russe Silvanus du Mont Athos décrivait « l'amour de vos ennemis comme le seul vrai critère de l'orthodoxie ». Et le bienheureux Christian de Chergé, prieur des moines trappistes martyrs de Tibhirine (également cité par le Pape François en la fête de saint Étienne), dans le texte écrit comme son testament spirituel, a préfiguré son possible martyre et s'est adressé à son futur assassin inconnu en l'appelant « ami de la dernière heure » et en demandant « qu'il nous soit donné de nous retrouver, bienheureux larrons, au Paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père, de nous retrouver tous les deux ».
Les témoins de Jésus qui sont tués peuvent embrasser leurs propres bourreaux avec leur vie offerte par pur don de la grâce, une réverbération de leur propre configuration gratuite à la passion du Christ. Certainement pas par un effort volontaire de « maîtrise de soi ».
Cette année encore, comme c'est souvent le cas, un grand nombre de missionnaires et d'agents pastoraux tués ont été confrontés à une mort violente alors qu'ils étaient plongés dans le cours normal de leur travail et de leurs journées. Parmi eux, pour ne citer que quelques exemples, le volontaire François Kabore a été tué au Burkina Faso alors qu'il dirigeait une réunion de prière, lors d'un assaut mené par un groupe armé au cours duquel 14 autres compagnons priant avec lui ont été massacrés. Marcelo Pérez Pérez, un prêtre indigène de la paroisse de San Cristóbal de Las Casas, au Chiapas (Mexique), a été tué le dimanche matin alors qu'il rentrait chez lui après avoir célébré la messe. Ces événements se sont produits dans un contexte de vie quotidienne loin de l'exhibitionnisme et des poses héroïques, dans un tissu de relations dont ils ont été arrachés par une brutalité immotivée.
Par leur sacrifice - une autre connotation qui les distingue - les témoins de la foi, à commencer par ceux qui perdent leur vie aux mains des autres, ne témoignent pas d'eux-mêmes. Ils sont étrangers à ce que le professeur grec Athanasios Papathanasiou, lors d'une conférence œcuménique à la Communauté monastique de Bose, avait décrit comme la contrefaçon « narcissique » du martyre et du témoignage, qui, au lieu de confesser le Christ par attirance, dans l'oubli de soi, devient autoréférentiel, concevant et présentant le témoignage comme une « entreprise d'autojustification ».
Toute confession de foi offerte au don de sa propre vie ne se produit pas comme une performance humaine héroïque, mais seulement dans la puissance de l'Esprit Saint. Dans toute dynamique chrétienne authentique, personne ne peut confesser le don de la foi et témoigner du Christ si ce n'est dans l'Esprit Saint. Le Christ lui-même en témoigne dans l'Évangile, lorsqu'il exhorte les disciples à ne pas s'inquiéter de ce qu'ils devront dire lorsqu'ils seront traduits devant les tribunaux « à cause de moi », parce que « cela vous sera suggéré à ce moment-là, car ce n'est pas vous qui parlez, mais c'est l'Esprit de votre Père qui parle en vous ».
Faire mémoire des missionnaires et des agents pastoraux tués chaque année, c'est reconnaître et célébrer cet incomparable mystère de gratuité. C'est aussi aider à se libérer de toutes les contrefaçons qui placent les souffrances des baptisés sous le stigmate de la peur, ou de la vengeance contre un ennemi quelconque. Et lorsque les slogans et les campagnes sur les chrétiens persécutés ne laissent pas entrevoir ce trésor, cette dynamique vertigineuse, ils risquent de semer la confusion et d'accroître l'oubli.
L'Église de Rome, au cours de l'année jubilaire qui vient de commencer, se souviendra aussi avec gratitude de ces témoins de la foi qui ont donné leur vie à la suite de Jésus. Et la gratitude deviendra prière, supplication pour demander le salut pour tous; à commencer par les multitudes aujourd'hui anéanties dans les nouvelles exterminations et les nouveaux massacres d'innocents de la « guerre mondiale en morceaux ».
(Agence Fides 30/12/2024)
31/12/2024
A solis ortus cárdine
ad usque terræ límitem
Christum canámus príncipem,
natum María Vírgine.
Du point où le soleil se lève
jusqu’aux limites de la terre,
chantons le Christ notre prince,
né de la Vierge Marie.
Beátus auctor sǽculi
servíle corpus índuit,
ut carne carnem líberans,
ne pérderet quod cóndidit.
Le bienheureux créateur du monde
revêt un corps d’esclave ;
par sa chair il libère toute chair
afin de ne pas perdre sa créature.
Clausæ paréntis víscera
cæléstis intrat grátia ;
venter puéllæ bájulat
secréta quæ non nóverat.
La grâce du ciel pénètre
le sein maternel scellé ;
le ventre d’une vierge porte des mystères
qu’elle ne connaissait pas.
Domus pudíci péctoris
templum repénte fit Dei :
Intácta nésciens virum
verbo concépit Fílium.
La demeure de son cœur très pur
devient soudain le temple de Dieu ;
sans le contact d’aucun homme,
d’une parole elle conçoit son Fils.
Eníxa est puérpera
quem Gábriel prædíxerat,
quem matris alvo géstiens
clausus Joánnes sénserat.
La Mère met au monde
celui que Gabriel avait annoncé,
et que, par ses bonds dans le sein maternel,
Jean reconnaissait de son enclos.
Fæno jacére pértulit,
præsépe non abhórruit,
parvóque lacte pastus est
per quem nec ales ésurit.
Il a supporté de coucher sur la paille,
il n’a pas refusé la crèche ;
il s’est nourri d’un humble lait,
lui qui rassasie même les oiseaux.
Gaudet chorus cæléstium
et ángeli canunt Deum,
palámque fit pastóribus
pastor, creátor ómnium.
Les chœurs d’en-haut se réjouissent
et les anges chantent Dieu ;
le pasteur, créateur de tout,
se montre à des pasteurs.
Jesu, tibi sit glória,
qui natus es de Vírgine,
cum Patre et almo Spíritu,
in sempitérna sǽcula. Amen.
Toute gloire à toi, ô Jésus,
à toi qui es né de la Vierge ;
au Père, à l’Esprit, même gloire,
à travers les siècles sans fin ! Amen.
Source : le blog d'Yves Daoudal
29/12/2024
29/12/2024
207> 32.1 - Je vois partir d'une petite maison très modeste un couple de personnes. D'un petit escalier extérieur descend une très jeune mère avec, entre ses bras, un bébé dans un lange blanc[1].
Je reconnais, c'est notre Maman. C'est toujours elle, pâle et blonde, agile et si gentille en toutes ses démarches. Elle est vêtue de blanc, avec un manteau d'azur pâle qui l'enveloppe. Sur la tête un voile blanc. Elle porte son Bébé avec tant de précautions. Au pied du petit escalier, Joseph l'attend auprès d'un âne gris. Joseph est habillé de marron clair, aussi bien pour l'habit que pour le manteau. Il regarde Marie et lui sourit. Quand Marie arrive près de l'âne, Joseph se passe la bride sur le bras gauche, et prend pour un moment le Bébé qui dort tranquille pour permettre à Marie de mieux s'installer sur la selle. Puis, il lui rend Jésus et ils se mettent en marche.
Joseph marche à côté de Marie en tenant toujours la monture par la bride et en veillant qu'elle marche droit et sans trébucher. Marie tient Jésus sur son sein et, par crainte que le froid ne puisse Lui nuire, elle étend sur Lui un pli de son manteau. Ils parlent très peu, les deux époux, mais ils se sourient souvent.
La route qui n'est pas un modèle du genre se déroule à travers une campagne que la saison a dépouillée. Quelque autre voyageur se rencontre avec les deux ou les croise, mais c'est rare.
32.2 - Plus tard, on voit apparaître des maisons et des murs qui enserrent une ville. Les deux époux entrent par une porte, puis commence le parcours sur le pavé très disjoint de la ville. La marche devient beaucoup plus difficile, soit à cause du trafic qui fait arrêter l'âne à tout moment, soit parce que sur les pierres et les crevasses qui les interrompent il a de continuelles secousses qui dérangent Marie et l'Enfant.
La route n'est pas plane : elle monte bien que légèrement. Elle est étroite entre les hautes maisons aux entrées aussi étroites et basses et aux rares fenêtres sur la rue. En haut, le ciel se montre avec tant de morceaux d'azur de maison à maison ou de terrasse à terrasse. En bas sur la rue, il y a des gens qui crient et croisent, d'autres personnes à pied ou à âne, ou conduisant des ânes chargés et d'autres, en arrière d'une encombrante caravane de chameaux.
208> À un certain endroit passe avec beaucoup de bruits de sabots et d'armes une patrouille de légionnaires romains qui disparaissent derrière une arcade qui enjambe une rue très étroite et pierreuse.
Joseph tourne à gauche et prend une rue plus large et plus belle. J'aperçois l'enceinte crénelée que je connais déjà tout au fond de la rue.
Marie descend de l'âne près de la porte où se trouve une sorte d'abri pour les ânes. Je dis "abri" parce que c'est une espèce de hangar ou mieux d'abri couvert jonché de paille avec des piquets munis d'anneaux pour attacher les quadrupèdes. Joseph donne quelque argent à un garçon qui est accouru, pour acheter un peu de foin et il tire un seau d'eau à un puits rudimentaire situé dans un coin, pour la donner à l'âne. Il rejoint ensuite Marie et ils entrent tous deux dans l'enceinte du Temple.
32.3 - Ils se dirigent d'abord vers un portique où se trouvent ces gens que Jésus fustigea plus tard vigoureusement : les marchands de tourterelles et d'agneaux et les changeurs. Joseph achète deux blanches colombes. Il ne change pas d'argent. On se rend compte qu'il a déjà ce qu'il faut.
Joseph et Marie se dirigent vers une porte latérale où on accède par huit marches, comme on dirait qu'ont toutes les portes, en sorte que le cube du Temple est surélevé au-dessus du sol environnant. Cette porte a un grand hall comme les portes cochères de nos maisons en ville, pour en donner une idée, mais plus vaste et plus décoré. La il y a à droite et à gauche deux sortes d'autels c'est-à-dire deux constructions rectangulaires dont au début je ne vois pas bien a quoi elles servent. On dirait des bassins peu profonds car l'intérieur est plus bas que le bord extérieur surélevé de quelques centimètres.
Un prêtre accourt ; je ne sais si c'est Joseph qui a appelé ou s’il vient de lui-même. Marie offre les deux pauvres colombes et moi qui comprends leur sort, je détourne les yeux. J'observe les ornements du très lourd portail, du plafond, du hall. Il me semble pourtant voir, du coin de l’œil, que le prêtre asperge Marie avec de l'eau, Ce doit être de l'eau, car je ne vois pas de tache sur son habit. Puis, Marie, qui, en même temps que les colombes, avait donné au prêtre une petite poignée de monnaie (j'avais oublié de le dire), entre avec Joseph dans le Temple proprement dit, accompagnée par le prêtre.
209> Je regarde de tous côtés. C'est un endroit très orné. Sculptures à têtes d'anges avec rameaux et ornements courent le long des colonnes, sur les murs et le plafond. Le jour pénètre par de longues et drôles fenêtres, étroites, sans vitres naturellement et disposées obliquement sur le mur. Je suppose que c'est pour empêcher d'entrer les averses.
32.4 - Marie avance jusqu'à un certain point, puis s'arrête. À quelques mètres d'elle il y a d'autres marches et au-dessus une autre espèce d'autel au-delà duquel il y a une autre construction.
Je m'aperçois que je croyais être dans le Temple et au contraire j'étais au dedans des bâtiments qui entourent le Temple proprement dit, c'est-à-dire le Saint, et au-delà duquel il semble que personne, en dehors des prêtres, ne puisse entrer. Ce que je croyais être le Temple n'est donc qu'un vestibule fermé qui, de trois côtés, entoure le Temple où est renfermé le Tabernacle. Je ne sais si je me suis très bien expliquée, mais je ne suis pas architecte ou ingénieur.
Marie offre le Bébé, qui s'est éveillé et tourne ses petits yeux innocents tout autour, vers le prêtre, avec le regard étonné des enfants de quelques jours. Ce dernier le prend sur ses bras et le soulève à bras tendus, le visage vers le Temple en se tenant contre une sorte d'autel qui est au-dessus des marches. La cérémonie est achevée. Le Bébé est rendu à sa Mère et le prêtre s'en va.
32.5 - Il y a des gens, des curieux qui regardent. Parmi eux se dégage un petit vieux, courbé qui marche péniblement en s'appuyant sur une canne, Il doit être très vieux, je dirais plus qu'octogénaire. Il s'approche de Marie et lui demande de lui donner pour un instant le Bébé. Marie le satisfait en souriant.
C'est Syméon, j'avais toujours cru qu'il appartenait à la caste sacerdotale et au contraire, c'est un simple fidèle, à en juger du moins par son vêtement. Il prend l'Enfant, l'embrasse. Jésus lui sourit avec la physionomie incertaine des nourrissons. Il semble qu'il l'observe curieusement, parce que le petit vieux pleure et rit à la fois et les larmes font sur sa figure des dessins emperlés en s'insinuant entre les rides et retombant sur la barbe longue et blanche vers laquelle Jésus tend les mains : C'est Jésus, mais c'est toujours un petit bébé et, ce qui remue devant lui, attire son attention et lui donne des velléités de se saisir de la chose pour mieux voir ce que c'est. Marie et Joseph sourient, et aussi les personnes présentes qui louent la beauté du Bébé.
210> J'entends les paroles du saint vieillard[2] et je vois le regard étonné de Joseph, l'émotion de Marie, les réactions du petit groupe des personnes présentes, les unes étonnées et émues aux paroles du vieillard[3], les autres prises d'un fou rire. Parmi ces derniers se trouvent des hommes barbus et de hautains membres du Sanhédrin qui hochent la tête. Ils regardent Syméon avec une ironique pitié.
Ils doivent penser que son grand âge lui a fait perdre la tête.
32.6 - Le sourire de Marie s'éteint en une plus vive pâleur, lorsque Syméon lui annonce la douleur. Bien qu'elle sache, cette parole lui transperce l’âme[4]. Marie s'approche davantage de Joseph pour trouver du réconfort; elle serre passionnément son Enfant sur son sein et, comme une âme altérée, elle boit les paroles d'Anne[5] qui, étant femme, a pitié de la souffrance de Marie et lui promet que l'Éternel adoucira l'heure de sa douleur en lui communiquant une force surnaturelle : "Femme, Celui qui a donné le Sauveur à son peuple ne manquera pas de te donner son ange pour soulager tes pleurs. L'aide du Seigneur n'a pas manqué aux grandes femmes d'Israël et tu es bien plus que Judith et que Yaël. Notre Dieu te donnera un cœur d'or très pur pour résister à la mer de douleur par quoi tu seras la plus grande Femme de la création, la Mère. Et toi, Petit, souviens-toi de moi à l'heure de ta mission."
C’est ainsi que s’achève ma vision.
[1] La purification de la mère et le rachat du premier-né qui appartenait au Seigneur, avait lieu 40 jours après la naissance.
[2] Luc 2,29 (Nunc Dimitis) "Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël." Son père et sa mère étaient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : "Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, et toi-même, une épée te transpercera l’âme afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs."
[3] Dans l'attroupement se trouvent Jean de Nobé et sa femme Lia
[4] L'étonnement de Marie et de Joseph, rapporté par Luc, est considéré par certains comme un passage "antimarial". Ce que réfute le P. G. M. Roschini en se fondant sur les commentaires que fait la Vierge Marie à Maria Valtorta dans une catéchèse du 5 décembre 1943 ("Cahiers de 1943" – pages 526/527)
[5] Anne de Phanuel, sa maîtresse des novices quand elle était au Temple. Luc 2,36 "Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve; parvenue à l’âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem."
28/12/2024
De Thibaud Collin dans L’Appel de Chartres :
S’il est un sujet qui divise les catholiques aujourd’hui, c’est paradoxalement celui du titre de roi donné à Jésus-Christ. On peut en voir un signe dans un article publié le 24 novembre 2024 par l’hebdomadaire Famille chrétienne intitulé « Solennité du Christ Roi : le royaume de Dieu est-il d’actualité ? » La journaliste s’appuyant sur deux ouvrages publiés cette année, celui du prêtre assomptionniste et journaliste Dominique Lang Alors, tu es roi ? (L’Escargot) et celui du prêtre diocésain du Havre enseignant à la faculté (jésuite) Loyola (Paris) Maintenant, le Royaume (DDB).
Il convient de revenir sur les assertions de cet article tant il reflète l’air ecclésial ambiant sur un tel sujet. Il permet de repérer les présupposés et les raccourcis du traitement de cette doctrine. Tout d’abord la doctrine enseignée par Pie XI dans son encyclique Quas primas (1925) est réduite à son contexte historique et reste marquée, selon le Père Lang, par l’ambiguïté de croire que « tous nos problèmes politiques seront résolus le jour où le Christ prendra le pouvoir ou lorsque tous les rois ou tous les gouvernements politiques actuels accepteront la royauté du Christ ». Cette croyance entretiendrait le malentendu que Jésus serait venu « rétablir la royauté en Israël ». On reste pantois devant de telles erreurs de lecture (si tant est que l’encyclique ait été réellement lue) ! Pie XI manifeste au contraire très bien que Jésus n’est pas roi à la manière du monde et ne tire pas sa royauté de celui-ci mais qu’en tant que Créateur et Sauveur, il est le Législateur suprême du monde humain. Récriminer devant une telle vérité dogmatique à l’heure où nos sociétés postchrétiennes s’enfoncent dans le nihilisme sociétal en confirmant, hélas, la pertinence de cette doctrine relève de la cécité. Notre hypothèse est que celle-ci repose sur l’acceptation d’un présupposé : une conception moderne du politique. Si, en effet, tant de théologiens ont peur d’affirmer la royauté sociale du Christ, c’est qu’ils voient le pouvoir comme le conçoivent Machiavel, Hobbes ou Rousseau. Or il est bien évident que le Christ n’a pas à « prendre le pouvoir » identifié à une force de coercition permettant de faire vivre ensemble des individus égoïstes mus par leurs seuls intérêts et désirs. La politique au sens noble et vrai du terme est le service du bien commun, dont la clef de voûte est la justice. Celle-ci a pour mesure les droits et les devoirs que le Créateur a inscrits dans la nature humaine.
Voyant que le Christ ne peut être politique au sens moderne du terme, ils en concluent que le royaume du Christ ne peut s’identifier qu’à sa faiblesse et qu’il consiste exclusivement dans l’engagement envers les pauvres. Ils restent ainsi enfermés dans une dialectique stérile glorification/ misérabilisme, au lieu de prendre de la hauteur et comprendre que le moyen principal de combattre l’injustice dont les pauvres sont effectivement les premières victimes est au contraire une conversion des cœurs et des structures sociales et politiques ; les deux dimensions, personnelle et collective, étant distinctes mais inséparables. Loin donc que cette doctrine soit datée, elle est d’une parfaite actualité et d’ailleurs… continue à être enseignée par le Magistère récent ! Nous lisons en effet dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992) :
« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là ” la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ ” (DH 1). En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent ” pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent ” (AA 10). Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaître le culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique (cf. DH 1). Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde (cf. AA 13). L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines (cf. Léon XIII, enc. ” Immortale Dei ” ; Pie XI, enc. ” Quas primas “).
28/12/2024
Mgr David Macaire, dominicain et archevêque de Fort-de-France depuis 2015, et l’abbé Christian Venard, aumônier militaire durant 22 ans et aujourd’hui responsable de la communication du diocèse de Monaco et aumônier de la Force Publique de Monaco, échangent face à face de Libres propos sur l’Église d’aujourd’hui, ses crises, ses abus, ses remèdes, le nombre croissant de prêtres ou d’évêques en burn-out, la diminution des vocations, des prêtres médiatisés parfois à outrance… A propos de la laïcité, l’abbé Vénard n’hésite pas à affirmer qu’il est temps de dire à la République dite française que le divorce est acté, afin que l’Eglise reprenne toute sa liberté. Liberté de marier des couples sans qu’ils passent d’abord en mairie, liberté d’instruction dans les écoles au risque de perdre le contrat d’association, etc :
"Je sais que de tels mots peuvent paraître rudes? Bien entendu, il faut acter cette séparation dans le respect, car la grande tradition du catholicisme, c’est le respect des autorités légitimes ; mais en prenant en compte l’enseignement de Jean-Paul II sur les sphères d’autonomie, nous, catholiques, devons demander un peu plus de respect pour notre sphère. Si la République, qui semble plus soucieuse de comprendre le monde de l’islam que celui du catholicisme qui a pourtant forgé ce pays, a oublié comment fonctionnait l’Eglise, nous, catholiques, sommes en droit de dire avec respect : “Apprenez comment nous fonctionnons, et ensuite nous discuterons.” Il est temps aussi que nos évêques sortent de la torpeur dans laquelle les ont plongés un irénisme politique et une volonté servile d’adhésion aux “valeurs” de la République…"
28/12/2024
Lorsque le livre de Rod Dreher, The Benedict Option, a été publié, il a suscité deux réactions.
La première était celle des gens qui, d’emblée convaincus par son analyse, ne pouvaient plus tenir pour acquise la place de l’Église sur la place publique, qui avait été longtemps occupée. En fait, c’était pire que cela : le système de valeurs chrétien était en train d’être répudié et avait perdu toute force parce que la vision chrétienne de la société avait été perdue par la population. Elle regardait le monde d’une manière totalement différente.
La deuxième réponse provenait de gens qui ne pouvaient ou ne voulaient pas comprendre ce qu’il demandait. Ils l’interprétaient à tort comme un encouragement à fuir vers les collines, comme si nous devions tous devenir des pères et des mères du désert.
En fait, il avait prévu à juste titre un degré d’exclusion publique frisant la persécution et il avait suggéré aux chrétiens de se rassembler de manière informelle dans des communautés proches pour se soutenir et se renouveler. À mesure que les guerres culturelles s’intensifient, son diagnostic devient de plus en plus juste.
Beaucoup considèrent L’Option bénédictine comme l’un des livres les plus importants écrits au cours de ce siècle.
Depuis lors, Dreher a écrit le livre Live Not By Lies (Ne vivez pas par des mensonges) afin de sensibiliser les gens à la réalité et aux ambitions du totalitarisme doux de la gauche. Dans ce livre, des personnes qui ont fait l’expérience du véritable totalitarisme du communisme élèvent leurs voix anxieuses pour essayer d’avertir l’Occident que le même objectif est poursuivi mais par une voie différente, et pour tirer la sonnette d’alarme afin que nous puissions résister à la décentralisation du pouvoir sur ce que nous disons et pensons.
Dreher a maintenant écrit un nouveau livre, essentiellement une suite de The Benedict Option, intitulé Living in Wonder .
Il possède deux qualités. La première est de maîtriser intellectuellement les questions philosophiques et spirituelles qui ont conduit la culture occidentale à son état actuel.
Mais la deuxième qualité réside dans son talent journalistique, qui lui permet de trouver exactement les anecdotes qui conviennent pour servir de preuves corroborantes à ce qu'il essaie de présenter à ses lecteurs.
Dans Living by Wonder , Dreher aborde les causes de ce que le poète Matthew Arnold a décrit de manière si célèbre (ou tristement célèbre) dans son poème Dover Beach :
« La mer de la foi / Était autrefois, elle aussi, pleine et tout autour du rivage de la terre / Était comme les plis d'une ceinture brillante ; / Mais maintenant je n'entends que / Son rugissement mélancolique, long et lointain. »
Dans son nouveau livre, Dreher emmène le lecteur dans un voyage saisissant. Il commence par expliquer le déclin de la chrétienté, mais surtout comment l'Église peut parvenir à un renouveau de la foi.
Beaucoup de gens ont proposé un diagnostic de la crise théologique et spirituelle actuelle, mais peu ont été en mesure d’offrir une solution.
Le diagnostic de Dreher est l'un des plus convaincants et sa solution l'une des plus convaincantes. Il utilise la métaphore de l'enchantement, écrivant sur sa perte et sur ce qui pourrait constituer sa reconquête.
Peu d’auteurs ont la capacité d’expliquer comment la pourriture s’est installée dès le début de l’assaut nominaliste contre la scolastique, qui a vu l’idée selon laquelle les universaux et les objets abstraits n’existent pas réellement autrement que comme de simples noms et étiquettes, affronter les systèmes philosophiques basés sur la pensée chrétienne médiévale.
Mais Dreher y parvient avec finesse et audace. Il retrace la dissolution de notre capacité à voir, à chérir et à faire confiance au surnaturel à travers et au-delà du dualisme cartésien – qui considère le corps et l’esprit comme étant ontologiquement séparés – qui a amorcé le processus de séparation de l’esprit du corps et de l’esprit de la matière.
Son don pour rendre accessibles des idées complexes est tel que je me suis retrouvée avec un nouveau regard sur le piège cartésien dans la disjonction entre le cerveau et le corps, la pensée et l’incarnation. Cela m’a également permis d’entrevoir ce qui allait devenir la perversité du transgendérisme.
Nous ne pouvons pas blâmer Descartes pour la dysphorie de genre, mais nous pouvons voir comment, sans être restreinte par le sacramentalisme holistique de l'Église catholique, la société laïque s'est retrouvée bifurquée par des antipathies artificielles qui ont faussé l'équilibre de notre humanité.
Le livre regorge d’éclairages sur nos blessures culturelles, spirituelles et intellectuelles.
Il cite l'excellent historien catholique cubano-américain Carlos Eire à propos de la redéfinition de la magie par la Réforme qui a privé la société de sa compréhension de la réalité du surnaturel :
« La Réforme a donné naissance à une mentalité désespérée qui voyait la réalité en termes binaires mais traçait différemment la frontière entre religion et magie. Elle rejetait l’intense mélange du naturel et du surnaturel ainsi que le matériel et le spirituel, plaçant le rituel catholique dans le domaine de la magie. Les protestants ont dépouillé l’action de Dieu de tous les miracles catholiques et ont donné le crédit au diable à la place. »
Au cas où certains lecteurs auraient des difficultés avec cette analyse, nous pouvons rappeler les travaux d’Iain McGilchrist et sa thèse du cerveau divisé.
Dreher passe de la théologie et de la philosophie aux neurosciences pour apporter une certaine corroboration au fait que le désenchantement est également une fonction de la division de la culture qui se reflète dans la biologie du cerveau.
McGilchrist a suggéré que les faits et le sens, le mythe et la mesure, la science et la religion ont été disloqués de manière problématique les uns des autres en tant que facettes biologiques, neurologiques et philosophiques de notre culture. Son explication de la façon dont le cerveau reconnaît ou ne parvient pas à reconnaître le sens et la résonance dans le monde ratifie le chemin de la « beauté d’abord » vers le réenchantement et, en fin de compte, vers la théose, l’Union avec Dieu.
Dreher commente que notre incapacité à résoudre la fracture a contribué à créer une atmosphère hostile à la révélation chrétienne, masquant notre capacité à nous engager dans l’enchantement, qu’il décrit comme « la restauration du flux entre Dieu, le monde naturel et nous, [et qui] commence par le désir de Dieu et de toutes ses manifestations, ou théophanies, dans nos vies ».
Ou, pour le dire autrement, un refus ou une incapacité à reconnaître le surnaturel.
Dreher voit également cela dans les dualités antithétiques du contrôle et de l’amour sacrificiel entre une dépendance à notre autonomie et notre besoin de confiance. Le contrôle et l’autonomie sont devenus les caractéristiques de notre monde de la modernité tardive et ont inhibé le sentiment d’enchantement personnel et social.
Son chapitre sur le démon a suscité plus d'intérêt journalistique que tout autre chapitre. Et sa documentation sur la réalité est présentée avec soin et compétence.
Mais c'est son chapitre sur la beauté qui constitue le point culminant du livre. Il affirme, à la suite de saint Augustin, que nous sommes faits pour la beauté, de la même manière que nous sommes faits pour Dieu lui-même, et que nous sommes toujours en attente de Lui et de l'accompagnement de la beauté.
Il fait référence au théologien orthodoxe Timothy Patitsas, qui suggère que tomber amoureux de la beauté est la plus courte porte d'entrée vers Dieu. Cela se produit en éveillant notre Eros , le mot grec pour le désir sensuel. Mais cet Eros ne se limite pas au désir sexuel, mais il représente la première partie du chemin vers la transformation.
Le pape Benoît XVI décrit l' éros chrétien comme un désir corporel sanctifié par l'esprit. Dans l'enseignement chrétien traditionnel, l'homme est à la fois chair et esprit, intimement et inextricablement mêlés, contrairement au dualisme cartésien moderne du corps et de l'esprit, qui considère que le corps et l'esprit sont ontologiquement séparés.
Le pape Benoît XVI a enseigné que le véritable Eros tend à s'élever en extase vers le divin pour nous conduire au-delà de nous-mêmes ; c'est pour cette raison même qu'on l'appelle le chemin de l'ascension, du renoncement, de la purification et de la guérison.
Le chemin chrétien commence par l’Éros, mais se perfectionne en le transformant en Agapè , la forme suprême de l’amour. Il ne s’agit pas d’un déni strict de l’Éros – le désir non filtré d’être uni à l’autre, de le posséder ou d’être possédé par lui – mais d’une distillation du désir érotique en quelque chose de plus pur que le simple désir corporel.
En bref : votre maison peut être purifiée et sanctifiée, ou elle peut nous conduire à la destruction. Alors comment peut-on retrouver le réenchantement ?
« Tous ceux qui ont abandonné la foi ont commencé leur défection en cessant de prier », explique Dreher.
Il suggère qu'une vision sacramentelle accompagnée de la pratique de la prière hésychastique - dans laquelle une personne bloque tous ses sens et élimine toutes ses pensées dans le but d'atteindre une vision béatifique - offre le début de la possibilité de réenchantement ; comme jouer d'un instrument de musique où les gammes sont pratiquées afin de réentraîner l'esprit et le corps du musicien.
Par-dessus tout, nous avons besoin d’une volonté de sacrifier l’ego, l’autonomie, le contrôle, la volonté perverse, et de nous abandonner à une métanoïa , une transformation de perspective dans laquelle l’esprit est relocalisé pour être enfermé dans le cœur.
C'est un livre qui remet en question tous les présupposés d'une culture et d'une mentalité qui se sont vidées du divin, et qui redessine la carte de la théologie et de la spiritualité pour nous permettre, accompagnés par l'Esprit Saint, de retrouver le chemin de notre retour.
27/12/2024
Par Clémence Diet
18 000 personnes, 18 000 âmes, 18 000 chemins de vie convergèrent vers les chemins qui lient Paris à Chartres en 2024. Des jeunes, des moins jeunes, des nouveaux convertis, de cathos de berceau, des agnostiques et des curieux, tous réunis derrière croix et bannières pour marcher, quoi qu’il en coûte, pendant trois jours, leurs pas rythmés de prières et de louanges. Qu’y a-t-il de « normal » dans cette image ? N’est-ce pas justement pour échapper un instant à la folie de ce monde que tant sacrifient le confort quotidien pendant trois précieux jours ?
À l’aube de l’édition 2025, selon le journal La Croix, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, semble estimer que la situation du pèlerinage est « anormale ». À les entendre, cela justifierait la modification d’un des éléments majeurs de l’événement : la célébration de la messe en rite tridentin, plus simplement « la messe en latin ». En jeune convertie, ce discours attriste mon coeur et ma raison.
La raison d’abord, choquée par cet éloignement de la définition originale du sacré. Étymologiquement, le mot trouve sa source dans le latin sacer — « ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller », et le verbe sancire — « délimiter, prescrire ». Plus loin encore, le terme original des textes hébraïques, ensuite traduit par « sacré », est celui de קָדוֹשׁ (Kadosh), qui signifie « séparé ». Selon cette lecture, la volonté de normaliser rejoint la volonté d’homogénéiser, de faire sauter les limites… donc de désacraliser. L’heure est à la prudence, car cette voie de nivellement pourrait glisser vers la compromission. Les Écritures nous l’enseignent, nous sommes dans ce monde, pas de ce monde. La tendance à vouloir lui ressembler est contraire au véritable objectif : celui de ressembler au Christ.
Le cœur ensuite, inquiet que d’autres ne puissent goûter à ce qui a largement contribué à mon propre chemin de Foi, à mon retour à l’Église catholique. En 2022, mon premier pèlerinage de Chartres, protestante évangélique convaincue, j’enfile mes baskets motivée par la volonté de comprendre mieux mes frères dans la Foi. Même si nos cœurs se rejoignent, en pratique rien ne s’apparente au culte duquel je viens : ici les jeunes récitent le chapelet, les prêtres sont reconnaissables par leur accoutrement, et ils ne parlent même pas français pendant les offices. Ils savent se tenir en silence, et rester à genoux malgré la fatigue, la chaleur ou la pluie. Ils ne ressemblent à rien de tout ce qui m’est familier. C’est pour cela que j’y suis allée, pour rencontrer « l’anormal » : la révérence profonde induite par cette langue qui a traversé les âges, la joie paisible qui reprend la place qui lui est due — une fois dépouillés des habitudes citadines qui nous ankylosent, et, enfin et surtout : ces rites et ces symboles qui concrétisent l’invisible. Non, le fait que le sacré ne soit pas « normal » ne le rend pas inaccessible, cela le rend reconnaissable.
Comme l’écrivait le théologien C.S. Lewis dans son traité sur l’éducation L’Abolition de l’Homme : « Si l’on parvient à voir à travers tout, alors tout est transparent. Mais un monde totalement transparent est un monde invisible. “Percer tout à jour”, c’est ne plus rien voir du tout. ». Alors, j’en implore les autorités, pour la conversion des âmes : laissez-nous voir le sacré.
Clémence Diet
26/12/2024
26/12/2024
« Un Noël à Alger, je peux pas t’expliquer ! » Ces mots ont valeur de gémissement dans la bouche de Jean-Pax Méfret. Avec sa voix chaude et rocailleuse, le chanteur d’Occident laissait en effet passer, dans ces paroles, toute sa mélancolie de pied-noir. Ces 25 décembre dans la ville de son enfance, le pays de ses racines, ces Noëls fêtés dans la Casbah d’« Alger la Blanche », comment les décrire depuis son exil contraint en métropole ?
Mais, qu’il se déroule à Alger, s’arrose à Paris, se célèbre à Rome ou s’illumine en Alsace, peut-on véritablement expliquer Noël ? La messe de minuit reste un mystère. Celui de l’Incarnation. Réalité inouïe de la divinité se faisant chair. D’un Fils de Dieu nous montrant son visage. Le voilà l’inexplicable cadeau de Noël : Dieu vient habiter parmi nous.
Comment cela se fait-il ? Des livres entiers ne suffiraient pas (Jean 21, 25) pour expliquer cet intime secret. Il y a, du reste, toujours quelque chose de vain et de piètre à tenter de percer un mystère. Il serait plus raisonnable de se laisser adouber par lui. Se mettre à genoux et joindre ses mains. Se recueillir auprès de la mangeoire de Bethléem. S’étourdir devant un miracle, à la fois si simple et si vertigineux. « Quand le mystère se fait trop impressionnant, il n’y a qu’une chose à faire, c’est de lui obéir », confie Antoine de Saint-Exupéry au chapitre II du Petit Prince.
Noël s’impose à nous
Oui, Noël ne s’explique pas, il s’impose à nous. Non à la façon d’un énième remaniement ministériel ou d’une hausse d’impôt. Non comme le passage obligé d’un calendrier qui perd ses feuilles comme d’autres perdent leurs cheveux, les mois avançant. Non, Noël a d’autres manières.
Sa magie se répand dans nos esprits sans que nous ayons besoin, forcément, de partir en retraite dans un monastère ou de flâner place de Broglie à l’heure du Christkindelsmärik. Noël s’impose à chacun comme la croissance à l’heure de l’adolescence. Un changement d’atmosphère, irrésistible. La crèche infuse les âmes qui savent conserver les étincelles de l’enfance.
Que l’on soit premier en catéchisme ou badaud des grands boulevards, Noël s’invite chez tous, diffusant dans son sillage lumineux son cortège de bienfaisances. Telle une liturgie du cœur, la Nativité déploie ses couleurs, ses fastes, ses scintillements. Elle possède ses mélodies et ses rites, s’accompagne de ses coutumes, fait valoir son climat et ses odeurs. Elle se décline, malgré nous, avec ses feux de cheminée, ses brioches blondes ou ses chocolats bouillants parfumés à la cannelle.
Surtout, elle fait jaillir, plus que des souvenirs enfantins, la paix d’un enfant. La naissance de Jésus, dans le silence d’une nuit obscure tachetée d’une étoile, ravit, saisit, transporte. Une seule condition se pose à qui désire être du voyage : redécouvrir son âme d’enfant et avoir chevillé à ses tripes le sens de la famille.
Car c’est là aussi que se joue le drame de Noël. La tradition veut que le 25 décembre s’articule autour de retrouvailles familiales… plus ou moins heureuses, et donc, c’est selon, plus ou moins souhaitées. Les grandes tablées ne peuvent empêcher l’immixtion des fractures qui traversent notre société postmoderne.
Différences et divergences, incohérences et insolences se fraient parfois des chemins au milieu des verres à pied et nappes décorées. Actualité politique, sensibilité liturgique, relations entre belle-mère et pièces rapportées, éducation des enfants : que de sujets de tension lors de ce qui ne devrait être que réjouissances et amabilités.
La paix des retrouvailles
Sortir par le haut des moments partagés à Noël réclame de faire l’examen de conscience de nos éventuelles contrariétés familiales. Sont-elles toutes légitimes ? Doit-on faire le dos rond ou ne pas transiger ? Garantir à Noël la paix des retrouvailles se monnaie souvent selon des devises peu appétissantes : pragmatisme, silence, prise sur soi, avalement de couleuvres…
Mais puisqu’à Bethléem correspond l’union d’une Sainte Famille dénuée de tout mais centrée sur l’essentiel – la manifestation de Dieu en chair et en os ici-bas –, la charité à vivre au sein de nos familles à Noël ne saurait souffrir d’aucun substitut ni d’ersatz.
La nature a horreur du vide, dit-on. Plus juste encore de constater combien on ne saurait combler le vide par du vague, du vent ou du vacarme. Les liens de famille, étroitement attachés à la célébration de Noël, doivent ainsi s’appuyer sur des repères solides, des sentiments nobles, des attitudes vraies où toujours l’emporte, dans les paroles et les actes, l’incarnation vivante d’un amour intact pour son prochain le plus proche.
L’avenir des familles passe par la spiritualité de Bethléem. Se souvenir que le bien social le plus précieux est l’unité des siens. Autour du plus petit. Jésus.
25/12/2024
00:21 = Nearer My God To Thee - Mason - Arr. STEVENS
04:02 = Northern Lights - Ola GJEILO
08:44 = The Shepherd - Karl JENKINS
11:57 = Ave Maria (Guarini) Ennio MORRICONE (From "The Mission")
14:23 = Cantate Domino - Karl JENKINS
17:13 = La Nuit - Jean-Philippe RAMEAU
21:00 = Steal away to Jesus - America Spiritual Arr. Ewart HOPKINS
23:37 = Exsultate Jubilate - Karl JENKINS
--
28:13 = Présentation de la famille LEFEVRE
--
31:15 = Ave Maria - Evangile selon St LUC, I - 28-38
33:59 = Gaudete in Domino Semper - Intr. Grégorien du 3ème Dimanche de l'Avent
37:52 = Gaudete Christus Natus Est - Brian KAY
39:52 = Douce Nuit - Franz GRUBER
43:15 = Away in a Manger - Ola GJEILO
47:19 = Pâtres vaguant dans les montagnes - François-Auguste GEVAERT
49:58 = Dors ma colombe - Noël Alsacien
53:04 = La nuit de Noël - André DEBOUSSET
55:35 = The first Nowell - Ola GJEILO
01:00:09 = Dormi Jesu - Kim André ARNESEN
01:04:38 = L'enfant au tambour - Trad. Arr. PENTATONIX
01:09:21 = Remerciements
01:10:13 = BIS/ Nearer My God To Thee - Mason - Arr. STEVENS
01:13:59 = BIS2/ Jingle Bells - Bob CHILCOTT
01:16:32 = Crédits
Anne et Gabriel Lefèvre,
Gaël, Blanche, Clément, Emmanuel, Colombe et Raphael Lefèvre.
Gagnants de l'émission "La France a un incroyable talent" en 2020.
MERCI A EUX !