Le blog du Temps de l'Immaculée.
25/10/2025
Dans une interview exclusive avec Per Mariam, l'Ă©vĂȘque Athanasius Schneider a averti que l'Ăglise catholique connaĂźt « une confusion de foi sans prĂ©cĂ©dent » et a demandĂ© au pape LĂ©on XIV un acte magistĂ©riel qui rĂ©affirmerait la doctrine et restaurerait la clartĂ© perdue au cours des derniĂšres dĂ©cennies.
« Le pape doit affermir toute lâĂglise dans la foi ; câest sa premiĂšre tĂąche », a rappelĂ© Schneider, « une mission que Dieu lui-mĂȘme a confiĂ©e Ă Pierre et Ă ses successeurs. »
Le prĂ©lat, auxiliaire d'Astana (Kazakhstan), a soulignĂ© que l'Ăglise est « plongĂ©e dans un brouillard doctrinal » qui affecte la foi, la morale et la liturgie, affaiblissant ainsi l'identitĂ© catholique. « Nous ne pouvons pas continuer Ă avancer dans la confusion. Cela va Ă l'encontre du Christ lui-mĂȘme et de l'Ăvangile. Le Christ est venu nous apporter la vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© signifie la clartĂ© », a-t-il affirmĂ© avec fermetĂ©.Pour Schneider, la solution rĂ©side dans un geste public du pape rĂ©affirmant l'intĂ©gritĂ© de la foi catholique. Ă cet Ă©gard, il a proposĂ© un document similaire au Credo du Peuple de Dieu promulguĂ© par saint Paul VI en 1968, en pleine crise postconciliaire.
AprĂšs plus de cinquante ans, la confusion s'est accrue, au lieu de diminuer, surtout durant le dernier pontificat. Un tel acte constituerait l'un des plus grands gestes de charitĂ© du pape envers ses enfants spirituels et ses frĂšres Ă©vĂȘques.
« Fiducia Supplicans » et la confusion autour des bĂ©nĂ©dictions pour les couples de mĂȘme sexe
InterrogĂ© sur le document Fiducia Supplicans et les rĂ©centes dĂ©clarations du pape LĂ©on XIV sur l'« accueil des personnes », Schneider s'est montrĂ© catĂ©gorique. Selon lui, le texte du DicastĂšre pour la doctrine de la foi « doit ĂȘtre aboli » car il introduit une ambiguĂŻtĂ© sur une question morale essentielle Ă la vie de l'Ăglise.
Le document fait expressĂ©ment rĂ©fĂ©rence aux âcouples de mĂȘme sexeâ. Bien quâil affirme que ce ne sont pas leurs relations qui sont bĂ©nies, mais les personnes elles-mĂȘmes, elles sont indissociables. Câest un jeu de mots qui prĂȘte Ă confusion et suggĂšre que lâĂglise approuve de telles unions.
L'Ă©vĂȘque a rappelĂ© que l'Ăglise a toujours bĂ©ni les pĂ©cheurs qui cherchent sincĂšrement la conversion, mais n'a jamais bĂ©ni une situation contraire Ă la loi de Dieu. « Nous ne pouvons pas bĂ©nir ce qui contredit la crĂ©ation et la volontĂ© divine », a-t-il soulignĂ©.
Dieu accepte tout le monde, mais appelle Ă la repentance. Accepter les pĂ©cheurs sans les inviter Ă changer n'est ni la voie de Dieu ni celle de l'Ăvangile.
Le prĂ©lat a expliquĂ© que le vĂ©ritable accueil chrĂ©tien consiste Ă accompagner avec charitĂ© ceux qui souhaitent abandonner le pĂ©chĂ©, et non Ă les confirmer dans leur erreur. « Nous devons leur dire : "Vous ĂȘtes les bienvenus, mais ce que vous vivez ne correspond pas Ă la volontĂ© de Dieu. Nous vous aiderons Ă Ă©chapper au mal, mĂȘme si cela prend du temps." VoilĂ le vĂ©ritable amour », a-t-il soulignĂ©. Enfin, il a mis en garde contre la participation de clercs ou de fidĂšles Ă des mouvements qui cherchent Ă modifier la morale rĂ©vĂ©lĂ©e :
Nous ne pouvons pas participer Ă des organisations qui visent Ă modifier les commandements de Dieu. Soutenir leurs objectifs serait une trahison de l'Ăvangile et de la mission de l'Ăglise de sauver les Ăąmes.
« Marcher ensemble » signifie pĂšlerinage vers le Christ, et non sâadapter au monde
Concernant le concept de « marcher ensemble », si souvent répété dans le processus synodal, Schneider a averti que sa véritable signification a été déformée et doit revenir à ses racines christologiques.
La synodalitĂ© signifie cheminer vers le Christ, qui est la Voie, la VĂ©ritĂ© et la Vie. L'Ăglise ne peut pas parler pour elle-mĂȘme, mais transmet fidĂšlement ce que le Christ a rĂ©vĂ©lĂ©.
L'Ă©vĂȘque a expliquĂ© que l'Ăglise est militante, appelĂ©e Ă combattre l'erreur, le pĂ©chĂ© et la confusion spirituelle. « L'Ăglise sur terre est une Ăglise combattante. Nous luttons contre nos mauvais penchants, contre le diable et contre l'esprit du monde », a-t-il rappelĂ©, citant saint Paul et saint Jean.Pour Schneider, le sens de « marcher ensemble » ne consiste pas dans lâĂ©coute sociologique ou lâadaptation au monde, mais dans la communion des fidĂšles qui cheminent vers la JĂ©rusalem cĂ©leste.
« Marcher ensemble signifie avancer comme un cortĂšge de croyants qui savent en qui ils ont cru, qui professent clairement la vĂ©ritĂ© et lâexpriment dans la beautĂ© de la liturgie. »
Le prélat a également mis en garde contre la présence de « faux prophÚtes au sein de la communauté ecclésiale » qui égarent les fidÚles du droit chemin. Il a donc appelé à la vigilance et à la fermeté doctrinale.
« La synodalitĂ© doit servir Ă proclamer plus clairement la beautĂ© de la vĂ©ritĂ© du Christ et Ă Ă©viter toute ambiguĂŻtĂ©. L'Ăglise doit adorer Dieu par une liturgie digne et sacrĂ©e, tĂ©moignage visible de sa foi », a-t-il insistĂ©.
Le Seigneur n'a pas dit : âĂcoutez les gens et demandez-leur leur avis.â Il a dit : âAllez proclamer la vĂ©ritĂ©.â Le pape et les Ă©vĂȘques ont la lourde tĂąche de proclamer la vĂ©ritĂ© avec amour et fermetĂ©, pour libĂ©rer l'humanitĂ© du mal.
Source et ITW complĂšte sur INFOVATICANA
24/10/2025
Le cardinal Burke rétablit la vérité
Par lâIA, lâĂšre de la post-vĂ©ritĂ© et le rĂšgne du mensonge a fait un saut qualitatif brusque : il a suffi de quelques mois pour que les pouvoirs quâelle donnent aient Ă©tĂ© mis au service de la division, de la tromperie et de lâagit-prop. Les falsifications sont aujourdâhui lĂ©gion.
Aussi le cardinal Burke, dans le message quâil lit intĂ©gralement et solennellement, dĂ©nonce-t-il le « pĂ©chĂ© grave » que constitue une telle manipulation mensongĂšre, y voyant la main du « pĂšre du mensonge ». « Ces productions falsifiĂ©es portent la marque indiscutable du Malin, qui cherche toujours Ă semer la confusion parmi les fidĂšles et Ă dresser les frĂšres les uns contre les autres au sein du Corps mystique du Christ », affirme-t-il.
Les falsifications IA et la « marque du Malin »
Certes ce sont ici des hommes qui utilisent lâIA pour le mal. Mais quel outil de rĂȘve pour Satan et ses anges mauvais, permettant des inspirations au mal dâun pouvoir inĂ©dit !
Voici le texte intĂ©gral du message du cardinal Burke, visible ici sur X. â J.S.
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FrĂšres et sĆurs dans le Christ,
Concernant les fausses vidĂ©os et images qui circulent en ligne, jâai appris que certaines productions trompeuses sont diffusĂ©es, qui mâattribuent des propos dâopposition Ă Sa SaintetĂ©, le pape LĂ©on XIV. Ces publications prĂ©tendent que jâaurais adressĂ© une prĂ©tendue « rĂ©primande » au Saint-PĂšre, concernant son enseignement et sa gouvernance de lâEglise. Je dĂ©clare trĂšs clairement que ces affirmations sont totalement fausses. Je nâai fait aucune dĂ©claration de ce genre, ni donnĂ© aucune allocution ou interview qui ressemble de prĂšs ou de loin Ă ce qui est dĂ©crit.
Ces vidĂ©os sont des fabrications, des Ćuvres trompeuses produites par la manipulation technologique de mon image afin de transmettre des messages que je nâai jamais prononcĂ©s. Lâutilisation dĂ©libĂ©rĂ©e du mensonge pour semer la division au sein de lâEglise est un pĂ©chĂ© grave. Notre Seigneur lui-mĂȘme enseigne que le diable « a Ă©tĂ© meurtrier dĂšs le commencement, et quâil nâa rien Ă voir avec la vĂ©ritĂ©, car il nây a pas de vĂ©ritĂ© en lui. Quand il ment, il parle selon sa propre nature, car il est menteur et pĂšre du mensonge » (Jn 8, 44). Ces productions falsifiĂ©es portent la marque indiscutable du Malin, qui cherche toujours Ă semer la confusion parmi les fidĂšles et Ă dresser les frĂšres les uns contre les autres au sein du Corps mystique du Christ.
Je dĂ©clare donc publiquement et sans Ă©quivoque mon obĂ©issance, mon amour filial et mon respect inĂ©branlable pour le Souverain Pontife, le pape LĂ©on XIV, Vicaire du Christ sur terre. LâunitĂ© de lâEglise autour du Successeur de Saint Pierre est voulue par Notre Seigneur lui-mĂȘme et elle est essentielle Ă lâintĂ©gritĂ© de notre foi catholique. Jâexhorte tous les fidĂšles Ă prĂȘter une attention particuliĂšre Ă lâenseignement authentique du Saint-PĂšre, et non aux voix de la division qui dĂ©forment la vĂ©ritĂ© Ă des fins mondaines et sĂšment les graines du scandale parmi les Ăąmes.
RĂ©pondons Ă cette situation non pas par la colĂšre ou la dĂ©fiance, mais par la foi et la priĂšre. Le premier recours du chrĂ©tien dans chaque Ă©preuve est toujours le CĆur de JĂ©sus, qui vainc le mensonge par la puissance de sa vĂ©ritĂ© et de son amour. Je vous demande donc de prier avec ferveur pour ceux qui crĂ©ent et rĂ©pandent de telles tromperies, afin que, touchĂ©s par la grĂące divine, ils passent des tĂ©nĂšbres Ă la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©, de lâesclavage du mensonge Ă la libertĂ© de la conversion, et se rĂ©concilient avec Dieu, riche en misĂ©ricorde et abondant en amour constant.
Cardinal Raymond Burke
Traduction par Jeanne Smits sur RITV
24/10/2025
J'ai choisi, chers amis lecteurs, de ne pas publier ici l'article de Rod Dreher, du fait qu'il utilise avec agressivité des exemples - par ailleurs bien vus - pour illustrer ses propos. Ce n'est pas trÚs charitable, j'en fais donc une recension mais je vous laisse en juger si vous le voulez, c'est ici.
Il faut savoir que Rod Dreher est un déçu du catholicisme, car venant du méthodisme, il s'est converti à notre religion qu'il a finalement trouvée trop "féminine", pour enfin, à la suite de ses recherches sur son dernier livre (1), se rapprocher de l'orthodoxie, plus radicale, plus combative.
Par ailleurs, il faut garder à l'esprit que Rod Dreher est à l'origine de la conversion au catholicisme de son ami JD Vance, vice-président US (Wikipédia) et que de ce fait sa pensée révélée par son premier best-seller traduit en France (2) prend une importance non négligeable qui devrait rejaillir chez nous dans quelques années. Sa rencontre avec Thibault de Montbrial nous concerne tout particuliÚrement.
Voici donc dans les grandes lignes ce que nous dit Rod Dreher sur son blog :
Une anxiĂ©tĂ© diffuse mais profonde plane sur l'avenir de l'Europe. Au-delĂ des gros titres et des crises politiques quotidiennes, beaucoup pressentent que le continent est Ă la croisĂ©e des chemins, confrontĂ© Ă des changements fondamentaux qui remettent en question son identitĂ© et sa survie mĂȘme. Cette inquiĂ©tude, souvent inexprimĂ©e, tĂ©moigne d'une rupture silencieuse avec les certitudes d'hier.
Plus que de simples turbulences passagĂšres, ces secousses rĂ©vĂšlent des failles structurelles profondes. Dreher et Montbrial explorent quatre constats qui, mis bout Ă bout, dessinent les contours d'un effondrement : une menace sĂ©curitaire imminente, un vide spirituel bĂ©ant, une Ăglise paralysĂ©e de l'intĂ©rieur et des Ă©lites accusĂ©es de trahison.
Thibault de Montbrial, expert en sécurité prévient : l'Europe doit se préparer à la violence de masse
L'un des avertissements les plus frappants a été formulé par Thibault de Montbrial, un avocat français de premier plan, profondément impliqué dans l'appareil de sécurité nationale. Selon lui, l'Europe occidentale doit se préparer à des violences de masse d'une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, pouvant s'apparenter à des guerres civiles.
Il est crucial de souligner que cette prĂ©diction ne provient pas d'un extrĂ©miste isolĂ©, mais d'une figure crĂ©dible et respectĂ©e de l'establishment de la sĂ©curitĂ© nationale. EngagĂ© professionnellement dans la lutte contre l'islamisme, Thibault de Montbrial vit lui-mĂȘme sous protection policiĂšre armĂ©e depuis neuf ans. Son analyse est si sensible que les services de renseignement français ont exigĂ© qu'il soit accompagnĂ© d'un agent armĂ© en civil pour ce dĂ©placement en Croatie, un fait qui ancre son analyse dans une rĂ©alitĂ© tangible et pĂ©rilleuse.
Mais cette menace sécuritaire n'est, selon les participants, que le symptÎme d'un mal plus profond.
Le vrai problĂšme n'est pas politique, mais culturel et spirituel
Pour Montbrial, les solutions purement politiques ou sĂ©curitaires sont insuffisantes car elles ne traitent pas le mal Ă la racine. Le cĆur du problĂšme serait un effondrement culturel profond â ce que l'Ă©crivain Renaud Camus nomme « La Grande DĂ©culturation ». L'Europe, en perdant la connexion avec son passĂ© et son identitĂ©, a créé un vide existentiel.
Ce vide rend sa jeunesse particuliÚrement vulnérable au recrutement par des groupes, comme les islamistes, qui proposent un récit, une identité et une culture forte. Cette idée a été cristallisée par une formule percutante entendue durant le sommet, soulignant la racine religieuse de toute culture :
« au cĆur de la culture se trouve le culte, ou la religion. »
Cette perspective pose un choix binaire et radical pour l'avenir du continent : l'Europe se rechristianisera ou elle s'islamisera. Selon cette analyse, il n'existe pas de troisiĂšme voie stable.
Si la crise est spirituelle, l'institution historiquement chargĂ©e de l'Ăąme de l'Europe est elle-mĂȘme jugĂ©e incapable de rĂ©pondre au dĂ©fi.
Une chrétienté « féminisée » est incapable de se défendre
Un autre argument, soulevé par un catholique croate et partagé par plusieurs participants, est que le christianisme occidental souffre d'un « grave déséquilibre en faveur du féminin ». ConcrÚtement, cela se traduirait par une survalorisation de vertus comme la « compassion » et l'« accueil », au détriment des « vertus masculines » jugées nécessaires à la défense, à la résilience et à l'affirmation de soi.
Ce dĂ©sĂ©quilibre aurait transformĂ© l'Ăglise en une institution qui peine Ă attirer et Ă retenir les hommes, qui sentent que leurs vertus naturelles y sont plus souvent rĂ©primĂ©es que dĂ©veloppĂ©es et mises au service du sacrĂ©. L'argument central a Ă©tĂ© rĂ©sumĂ© de maniĂšre lapidaire :
"The feminization of Western Christianity is leading to its suicide in Europe."
(La féminisation du christianisme occidental conduit à son suicide en Europe.)
Un contraste a Ă©tĂ© Ă©tabli avec le christianisme orthodoxe, dĂ©crit comme ayant rĂ©ussi Ă rester « masculin sans ĂȘtre macho » et continuant de rĂ©vĂ©rer ses saints guerriers, maintenant ainsi un Ă©quilibre jugĂ© plus robuste.
Cette paralysie interne de l'Ăglise est vue comme une partie d'un problĂšme plus large : celui de la faillite des institutions dirigeantes.
Les élites, y compris religieuses, sont accusées de trahir leur propre peuple
La critique la plus virulente a Ă©tĂ© dirigĂ©e contre les Ă©lites europĂ©ennes, y compris les plus hauts dirigeants de l'Ăglise, incarnĂ©s ici par le pape lui-mĂȘme. Leur insistance sur l'accueil inconditionnel des migrants est perçue comme un abandon de leur propre troupeau, les EuropĂ©ens de souche, dont les inquiĂ©tudes et les souffrances (liĂ©es notamment Ă la criminalitĂ© migratoire) seraient systĂ©matiquement ignorĂ©es.
Le roman Le Camp des Saints de Jean Raspail, souvent qualifiĂ© de pamphlet raciste, a Ă©tĂ© citĂ© par les participants comme une Ćuvre « totalement prophĂ©tique ». L'analyse la plus choquante tirĂ©e du livre n'est pas la description de l'arrivĂ©e massive de migrants, mais l'identification des vĂ©ritables responsables : non pas les nouveaux arrivants, mais les Ă©lites occidentales â Ă©vĂȘques et prĂȘtres inclus. Ils capitulent non par faiblesse, mais par une forme de « haine de soi civilisationnelle », cherchant rĂ©demption dans la soumission Ă l'Autre.
Le roman se conclut sur une scĂšne oĂč le gouvernement français ordonne Ă sa propre armĂ©e de l'air de bombarder une poignĂ©e de patriotes français qui tentent de rĂ©sister, une allĂ©gorie puissante du thĂšme de la trahison des Ă©lites contre leur propre peuple.
Le tableau brossĂ© par ces quatre constats est sombre : un continent au bord de possibles conflits internes, vidĂ© de sa substance spirituelle, dotĂ© d'une Ăglise affaiblie et dirigĂ© par des Ă©lites perçues comme dĂ©connectĂ©es, voire hostiles, aux peuples qu'elles sont censĂ©es guider.
Face Ă ce diagnostic, la question demeure : l'Europe trouvera-t-elle la volontĂ© de redĂ©couvrir son Ăąme avant qu'il ne soit trop tard, ou le dĂ©clin est-il dĂ©sormais inĂ©luctable ? En observant les pĂšlerinages qui s'organisent partout et le nombre de baptĂȘmes d'adultes en grande augmentation, comment ne pas penser Ă la prophĂ©tie de St Pie X sur la France :
Un jour viendra, et nous espĂ©rons quâil nâest pas trĂšs Ă©loignĂ©, oĂč la France, comme SaĂŒl sur le chemin de Damas, sera enveloppĂ©e dâune LumiĂšre CĂ©leste et entendra une voix qui lui rĂ©pĂ©tera : « Ma Fille, pourquoi Me persĂ©cutes-tu ? ». Et, sur sa rĂ©ponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix rĂ©pliquera : « Je suis JĂ©sus, que tu persĂ©cutes. Il tâest dur de regimber contre lâaiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-mĂȘme » . Et elle, tremblante, Ă©tonnĂ©e, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ». Et Lui : « LĂšve-toi, lave-toi des souillures qui tâont dĂ©figurĂ©e, rĂ©veille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille AĂźnĂ©e de lâEglise, nation prĂ©destinĂ©e, vase dâĂ©lection, va porter, comme par le passĂ©, Mon Nom devant tous les peuples et devant les rois de la Terre ».
Allocution du 29 novembre 1911
La pĂ©riode que nous vivons ressemble Ă plus d'un titre Ă l'effondrement de l'empire romain et des invasions barbares. L'historienne Anne Bernet nous dit Ă ce sujet : "Ă vues humaines, l'Eglise, le catholicisme Ă©tait condamnĂ©. Or, ce fut le contraire qui arriva [...] les barbares se convertirent. Ce retournement improbable fut l'oeuvre d'une poignĂ©e d'Ă©vĂȘques gallo-romains [...] les prĂ©lats de Gaules, face au danger, comprenant que l'envahisseur ne partirait plus, dĂ©cidĂšrerent de l'amener Ă la foi chrĂ©tienne et Ă l'idĂ©e civilisatrice qui l'accompagnait"(3)
C'est clair, non ?
Nos chers Ă©vĂȘques ont la clĂ©. Eux seuls, quand ils en prendront conscience.
Kyrie Eleison !
(1) Résister au mensonge : Vivre en chrétiens dissidents Ed. ArtÚge
(2) Comment ĂȘtre chrĂ©tien dans un monde qui ne l'est plus : Le pari bĂ©nĂ©dictin Ed ArtĂšge
(3) Marie Reine de France p.11 & 12 - Anne Bernet - Via Romana
Illustration : « Sverd i fjell » monument commĂ©morant la bataille de Hafrsfjord qui se dĂ©roula dans le fjord du mĂȘme nom en juillet 812 et opposa plusieurs chefs vikings. La victoire de Harald Ier conduisit Ă lâunification de la NorvĂšge. Le monument symbolise la mĂ©moire des conflits passĂ©s, lâunion et son importance pour prĂ©server la paix. Source : Pixabay, Konstantins Jaunzems.
23/10/2025
Lâanglicanisme se divise : huit anglicans sur dix rompent leurs relations avec Canterbury aprĂšs lâĂ©lection de la premiĂšre femme Ă la tĂȘte de lâĂglise.
Dans la pratique, cela signifie que le GAFCON agira dĂ©sormais comme le centre mondial de facto de lâorthodoxie anglicane. Il prĂ©voit de former un nouveau Conseil des primats et dâĂ©lire un leader qui prĂ©sidera le groupe, lequel servira de primus inter pares (premier parmi ses pairs) au sein de cette communion reconstituĂ©e.
Le monde anglican a pris conscience dâune rupture historique lorsque la ConfĂ©rence mondiale sur lâavenir anglican (GAFCON) a officiellement rompu ses liens avec Canterbury et lâĂglise dâAngleterre, dĂ©clarant quâelle ne pouvait plus « rester en communion avec ceux qui ont abandonnĂ© la Parole infaillible de Dieu comme leur autoritĂ© ultime ».
La dĂ©claration, publiĂ©e le 16 octobre et signĂ©e par lâarchevĂȘque Laurent Mbanda du Rwanda, prĂ©sident du GAFCON et primat de lâĂglise anglicane du Rwanda, marque la fracture la plus dĂ©cisive de lâanglicanisme depuis sa naissance au XVIá” siĂšcle. Avec cette dĂ©claration, les Ăglises membres du GAFCON, qui reprĂ©sentent environ 80 % des anglicans dans le monde, ont redessinĂ© la carte de lâanglicanisme mondial.
Au cĆur du conflit se trouve la rĂ©cente Ă©lection de Sarah Mullally par lâĂglise dâAngleterre comme premiĂšre archevĂȘque de Canterbury. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© saluĂ©e Ă Londres comme une avancĂ©e historique vers lâinclusion, mais condamnĂ©e par de nombreux anglicans en Afrique, en Asie et en AmĂ©rique latine comme une capitulation face aux pressions culturelles sĂ©culiĂšres. «Ce choix abandonne les anglicans du monde entier, a dĂ©clarĂ© Mbanda au dĂ©but du mois, en nommant une dirigeante qui divisera encore davantage une communion dĂ©jĂ divisĂ©e. »
Aujourdâhui, le GAFCON a mis sa menace Ă exĂ©cution. Son communiquĂ© rejette non seulement lâarchevĂȘque de Canterbury en tant quâ« instrument de communion », mais renonce Ă©galement Ă participer Ă toutes les structures anglicanes mondiales traditionnellement liĂ©es Ă cette fonction: la ConfĂ©rence de Lambeth, le Conseil consultatif anglican et la RĂ©union des primats. «Ces organismes, affirme la dĂ©claration, ont cessĂ© de dĂ©fendre la doctrine et la discipline de notre foi. »
Ă la place, le GAFCON annonce une rĂ©organisation audacieuse de lâidentitĂ© anglicane : « Nous sommes dĂ©sormais la Communion anglicane mondiale. »
FondĂ© en 2008 Ă JĂ©rusalem comme mouvement dâ« anglicans confessants », le GAFCON est nĂ© en rĂ©ponse Ă ce que ses membres percevaient comme une dĂ©rive morale et thĂ©ologique de lâĂglise dâAngleterre et de lâĂglise Ă©piscopale des Ătats-Unis, en particulier sur les questions de sexualitĂ©, de genre et dâautoritĂ© biblique. Depuis ses dĂ©buts, le slogan du mouvement Ă©tait le repentir : un appel aux dirigeants anglicans ayant embrassĂ© la thĂ©ologie rĂ©visionniste Ă revenir Ă lâautoritĂ© des Ăcritures. Cet appel, selon le GAFCON, est restĂ© ignorĂ© pendant prĂšs de deux dĂ©cennies.
Le manifeste du groupe, intitulĂ© Lâavenir est arrivĂ©, rĂ©affirme que le seul fondement authentique de la communion est « lâĂcriture sainte : traduite, lue, prĂȘchĂ©e, enseignĂ©e et Ă qui lâon obĂ©it dans son sens simple et canonique, fidĂšle Ă la lecture historique et consensuelle de lâĂglise ».
Division au sein de lâanglicanisme
ConcrĂštement, cela signifie que le GAFCON agira dĂ©sormais comme le centre mondial de facto de lâorthodoxie anglicane. Il prĂ©voit de former un nouveau Conseil des primats et dâĂ©lire un leader qui prĂ©sidera le groupe, lequel servira de primus inter pares au sein de cette communion reconstituĂ©e. La premiĂšre rĂ©union organisationnelle est prĂ©vue pour mars 2026 Ă Abuja, au Nigeria.
La portĂ©e mondiale du GAFCON est impressionnante. Ses provinces membres sâĂ©tendent Ă travers toute lâAfrique, du Nigeria au Kenya et Ă lâOuganda, en passant par le Soudan, le Rwanda et la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, et comprennent des Ăglises en pleine expansion en Asie, en AmĂ©rique latine et dans le Pacifique. Ensemble, elles reprĂ©sentent prĂšs de 49 millions dâanglicans. En Occident, il a Ă©galement inspirĂ© une constellation de congrĂ©gations et de rĂ©seaux dissidents, notamment aux Ătats-Unis, en Europe et en Australie, formĂ©s par des anglicans qui rejettent les politiques progressistes sur le mariage, la sexualitĂ© et lâordination.
La division nâest pas seulement thĂ©ologique, mais aussi ecclĂ©siologique. Le GAFCON insiste sur le fait quâil nâabandonne pas lâanglicanisme, mais quâil le rĂ©cupĂšre, en restaurant ce quâil appelle la « structure originale » de la communion : une communautĂ© de provinces autonomes soumises non pas Ă la bureaucratie institutionnelle, mais aux formulaires de la RĂ©forme â les Trente-neuf Articles, le Livre de priĂšre commune et lâOrdinal. Dans cette vision, Canterbury nâest plus le centre spirituel de lâunitĂ© anglicane, mais simplement une province parmi dâautres.
Pour lâĂglise dâAngleterre, cette rupture est un coup dur tant sur le plan symbolique que pratique. LâarchevĂȘque de Canterbury, historiquement reconnu comme primus inter pares parmi les primats anglicans, a toujours Ă©tĂ© une rĂ©fĂ©rence morale et spirituelle. Avec le retrait du GAFCON, ce centre moral se dĂ©place vers le Sud â Ă Lagos, Kampala, Kigali et Nairobi â oĂč lâanglicanisme reste dynamique et en pleine croissance.
Les implications dĂ©passent les frontiĂšres anglicanes. Cette dĂ©cision souligne un rĂ©alignement plus large au sein du christianisme mondial, oĂč la croissance dĂ©mographique et lâautoritĂ© thĂ©ologique migrent vers le Sud. Pour de nombreux observateurs, elle reflĂšte des tensions visibles depuis longtemps dans dâautres traditions chrĂ©tiennes : la lutte pour trouver un Ă©quilibre entre lâadaptation culturelle et la fidĂ©litĂ© doctrinale.
Pendant ce temps, le Vatican observera attentivement la situation. En 2009, le pape BenoĂźt XVI a créé les ordinariats personnels, des juridictions spĂ©ciales pour les anglicans souhaitant entrer en pleine communion avec lâĂglise catholique tout en conservant leur hĂ©ritage liturgique. Cependant, ces ordinariats sont restĂ©s modestes â Ă peine 5 000 membres dans trois rĂ©gions. La dĂ©claration du GAFCON confirme que la majoritĂ© des anglicans conservateurs prĂ©fĂšrent rĂ©former lâanglicanisme de lâintĂ©rieur plutĂŽt que de traverser le Tibre.
Il nâest pas certain que lâaffirmation du GAFCON selon laquelle il reprĂ©sente « la vĂ©ritable Communion anglicane » soit reconnue par dâautres. Mais ses dirigeants sont convaincus que lâhistoire â et les Ăcritures â sont de leur cĂŽtĂ©.
« La restauration de notre communion bien-aimĂ©e est dĂ©sormais entre nos mains », a dĂ©clarĂ© Mgr Mbanda. « Nous existons, nous rĂ©sistons et nous sommes prĂȘts Ă diriger. »
22/10/2025
Comme pour chaque vidĂ©o, vous pouvez trouver sur notre site un article plus dĂ©taillĂ©, pour vous permettre dâapprofondir les diffĂ©rents thĂšmes de notre Ă©pisode : https://claves.org/lencensement-de-la...
Dans cette vidĂ©o, aprĂšs les priĂšres au bas de lâautel, nous poursuivons le dĂ©roulĂ© de la messe en approfondissant lâorigine et le sens des encensement de lâautel et de lâIntroĂŻt, lâantienne qui accompagne la montĂ©e Ă lâautel du prĂȘtre. Nous parlerons de la doxologie (le Gloria Patri) qui termine ce chant en exprimant la gloire du Dieu un et trine, dâune importance dogmatique et historique majeure, notamment face aux hĂ©rĂ©sies concernant la Sainte TrinitĂ©.
Nous remercions :
Alexandre Manzaroli et AurĂ©lien Fillola pour le conseil, le tournage et la rĂ©alisation de lâensemble des vidĂ©os de la sĂ©rie.
Le monastĂšre Notre-Dame de lâAnnonciation (Le Barroux) pour la possibilitĂ© dâutiliser ses magnifiques mĂ©lodies grĂ©goriennes.
La chorale de la Basilique Notre-Dame de Fribourg pour ses enregistrements de grande qualité.
Bon visionnage et Ă trĂšs vite, pour une nouvelle vidĂ©o de âLa Messe, trĂ©sor de la foiâ.
21/10/2025
Loin de rassurer ou de confirmer les craintes habituelles, son analyse, froide et mĂ©thodique, propose un diagnostic encore plus complexe, et peut-ĂȘtre plus inquiĂ©tant. Cet article distille les cinq points les plus surprenants et percutants de son intervention, qui bousculent les idĂ©es reçues sur l'avenir du pays.
1. Oubliez la "guerre civile", ce qui nous attend est une "confrontation interne"
Pour Pierre Brochand, le terme "guerre civile" est inadéquat pour décrire la situation. Il explique qu'une guerre civile, historiquement, oppose des factions "autochtones" pour le contrÎle du pouvoir. Or, selon lui, le conflit qui se dessine en France est fondamentalement "importé".
Il soutient que la violence politique et sociale entre les citoyens "de souche" n'est plus une rĂ©alitĂ©. Pour ces derniers, les grands conflits idĂ©ologiques sont terminĂ©s, au sens oĂč l'entendait le philosophe Francis Fukuyama : leurs diffĂ©rends se rĂšglent dĂ©sormais dans les urnes, sans basculer dans l'affrontement. Il prĂ©fĂšre ainsi parler de "confrontation interne", une situation hybride oĂč la gĂ©opolitique pĂšse autant que la politique, brouillant les lignes entre un conflit civil et une guerre Ă©trangĂšre, alimentĂ©e par la persistance des cultures d'origine Ă travers les gĂ©nĂ©rations.
Nos immigrĂ©s sont entrĂ©s avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, quâils nâont pas abandonnĂ©s Ă la frontiĂšre.
2. Le vrai clivage : une France fracturée en quatre groupes distincts
L'analyse de Brochand met en lumiĂšre une sociĂ©tĂ© qui n'est plus unifiĂ©e, mais fragmentĂ©e en quatre blocs aux intĂ©rĂȘts et aux perceptions radicalement diffĂ©rents. Cette division explique en grande partie l'incapacitĂ© du pays Ă formuler une rĂ©ponse cohĂ©rente Ă la crise.
âą "Ceux venus dâailleurs" : Constituant 25 Ă 30% des rĂ©sidents, ce groupe se dĂ©compose en trois strates. Une petite minoritĂ© (5-10%) est "assimilĂ©e". Une part plus importante (30-40%) est "intĂ©grĂ©e", ce que Brochand qualifie de "CDD" : un respect de la loi en Ă©change de l'emploi, mais chacun conserve sa culture. Le reste, soit la moitiĂ©, "flotte de la non-adhĂ©sion Ă la haine".
⹠"Ceux d'en haut" : Il s'agit d'une minorité vivant dans les métropoles, largement protégée des chocs culturels. C'est elle qui promeut et diffuse l'idéologie du "laissez passer, laissez tomber", considérant l'ouverture sans limites comme l'aboutissement de la civilisation.
⹠"Ceux d'en bas" : Formant la majorité silencieuse du pays (65-70%), ce groupe est directement et quotidiennement confronté aux conséquences de l'immigration de masse. Il exprime poliment son désaccord dans les urnes, mais son message n'est pas entendu par les élites.
âą Les forces de lâordre : QuatriĂšme acteur, ce groupe dĂ©tient le monopole de la violence lĂ©gitime mais se trouve de plus en plus contraint. D'une part par des restrictions budgĂ©taires qui le menacent de saturation, d'autre part et surtout par le cadre juridique de l'"Ătat de droit", qui a supplantĂ© l'ancien "Ătat rĂ©galien" et limite sa capacitĂ© d'action.
Cette fragmentation profonde rend tout diagnostic commun et toute action concertée quasiment impossibles.
3. La démographie est l'accélérateur décisif hors de contrÎle
Au cĆur du raisonnement de Pierre Brochand se trouve un facteur qu'il juge implacable : la dĂ©mographie. Il la qualifie d'"indicateur le plus fiable des temps futurs", car elle dessine une trajectoire lourde que les discours politiques ne peuvent masquer.
Le concept clé est celui du "chassé-croisé" démographique. Selon ses projections, ce mouvement, alimenté par une immigration de masse et des taux de natalité trÚs différents, mÚnera inéluctablement à une "inversion de majorité, ethnique et religieuse" en France bien avant la fin du siÚcle. Ce changement n'est pas qu'une question de chiffres ; il entraßne une transformation qualitative de la société.
Brochand introduit ici la notion de "masse critique". Il explique qu'au-delĂ d'un certain seuil quantitatif, les mĂ©canismes d'intĂ©gration, qui fonctionnaient pour des flux plus faibles et culturellement plus proches, cessent d'opĂ©rer. Dans les quartiers oĂč ce seuil est dĂ©passĂ©, les caractĂ©ristiques des pays de dĂ©part (incivisme, intolĂ©rance, organisation clanique) se gĂ©nĂ©ralisent et remplacent la norme française. Pour lui, il est certain que ce "chamboulement annoncĂ© par l'arithmĂ©tique ne peut se dĂ©rouler sans convulsions".
4. Notre calme apparent n'est qu'une illusion entretenue par des "sédatifs"
Si la confrontation n'a pas encore éclaté de maniÚre généralisée, c'est parce que plusieurs "freins" maintiennent une paix sociale précaire. Brochand prévient cependant qu'il ne s'agit que d'"expédients temporaires visant à reculer pour mieux sauter".
⹠L'évitement : Le premier mécanisme est la ségrégation géographique. Chacun "vote avec ses pieds" pour éviter le contact : les "ceux d'en haut" se réfugient dans les centres-villes gentrifiés, les "ceux d'en bas" dans la France périphérique, et les "ceux d'ailleurs" se concentrent dans les banlieues.
âą Les arrangements : Ă tous les niveaux, de l'Ătat aux mairies, des "concessions unilatĂ©rales" sont faites pour acheter la paix sociale. Ces compromissions visent Ă calmer les tensions immĂ©diates sans jamais traiter la racine du problĂšme.
⹠La passivité des "natifs d'en bas" : Bien que majoritaires et mécontents, leur opposition s'exprime dans l'isoloir mais jamais dans la rue. Brochand identifie plusieurs "sédatifs" qui endorment leur capacité de réaction : la société de consommation, la manipulation par la peur (climat, épidémies) et la culpabilité (passé colonial), le divertissement de masse, et surtout le prix démesuré que l'individu accorde à sa propre vie biologique, le rendant incapable d'envisager le moindre risque physique.
5. L'Ătat est volontairement impuissant face au chaos
Le point le plus contre-intuitif et peut-ĂȘtre le plus glaçant de l'analyse de Brochand concerne le rĂŽle de l'Ătat. Il soutient que l'Ătat français n'est pas simplement dĂ©passĂ©, mais qu'il s'est volontairement rendu impuissant.
Le paradoxe central rĂ©side dans le passage d'un "Ătat rĂ©galien", dont la mission Ă©tait de dĂ©fendre la nation et son peuple, Ă un "Ătat de droit" moderne. Ce dernier, en se concentrant sur la protection absolue des droits fondamentaux de chaque individu â y compris, prĂ©cise-t-il, les "Ă©trangers et malfaisants" â a complĂštement dĂ©sarmĂ© la puissance publique. L'Ătat ne peut plus dĂ©fendre les droits collectifs du peuple français (sĂ©curitĂ©, pĂ©rennitĂ© culturelle) car ils entreraient en conflit avec les droits individuels de ceux qui les menacent.
Sous la forme de lâĂtat de droit, lâĂtat rĂ©galien nâest plus que lâombre de lui-mĂȘme.
Cette situation mĂšne Ă ce que Brochand nomme une "quadrature du cercle" : "une sociĂ©tĂ© qui se veut ouverte mais ne peut se perpĂ©tuer que fermĂ©e Ă ceux qui ne partagent pas sa xĂ©nophilie". Autrement dit, pour survivre, notre modĂšle devrait se protĂ©ger de ceux qui, profitant de son ouverture, refusent ses rĂšgles fondamentales. Mais le systĂšme juridique qu'il a lui-mĂȘme mis en place le lui interdit.
Conclusion
Le tableau dressé par Pierre Brochand n'est pas celui d'une explosion soudaine, mais d'un processus quasi volcanique. Il décrit une dégradation lente et continue du tissu social, un magma de tensions souterraines qui s'accumulent et donnent lieu à des éruptions de violence de plus en plus fréquentes et intenses. Si rien ne change, la trajectoire semble inéluctable.
Sa mise en garde finale est sans appel. Si la France, par confort ou par aveuglement, persiste Ă cĂ©der au "biais de normalitĂ©" en croyant que les choses finiront par s'arranger d'elles-mĂȘmes, alors "nous ne prĂ©parons pas Ă nos descendants des lendemains qui chantent".
Face Ă un diagnostic d'une telle sĂ©vĂ©ritĂ©, posĂ© par un homme qui fut au cĆur du pouvoir, une question demeure : comment continuer Ă ignorer les secousses qui annoncent le sĂ©isme ?
21/10/2025
Reprenant le fil rouge de ses « Litanies de lâhumilitĂ© », bien connues, LĂ©on XIV a dressĂ© un portrait vĂ©ritablement Ă©logieux de ce grand homme dâEglise qui a vĂ©cu « dans la fidĂ©litĂ© Ă lâEvangile et la libertĂ© dâesprit » (comprendre : la libertĂ© par rapport au monde).
Son prĂ©dĂ©cesseur, François, avait lui aussi beaucoup parlĂ© de lâhumilitĂ©, cette vertu « qui sauve lâhomme », en route vers le Ciel⊠Mais, exactement comme ce quâa dit Roberto de Mattei de la pauvretĂ© dans Dilexi te, citĂ© ici par Jeanne Smits, « lâapproche nâest pas la mĂȘme ». Dans ce discours, LĂ©on XIV semble faire sienne la conviction du cardinal Merry del Val : lâhomme nâest vraiment humble quâen tant quâil sert dâoutil Ă la VĂ©ritĂ©. Câest en ce sens quâil fut fonciĂšrement anti-libĂ©ral. Si lâhommage du pape est, en soi, justifiĂ©, il dĂ©tonne en des temps si troublĂ©s.
Lâhommage Ă celui qui ne souffrit aucune « compromission »
A un cardinal qui lâinterrogeait sur les raisons pour lesquelles il avait choisi un SecrĂ©taire dâEtat aussi jeune (Rafael Merry del Val avait 38 ans), Pie X qui venait dâĂȘtre Ă©lu rĂ©pondit : « Je lâai choisi parce quâil est polyglotte : nĂ© en Angleterre, Ă©duquĂ© en Belgique, espagnol de nationalitĂ©, il a vĂ©cu en Italie ; fils de diplomate et diplomate lui-mĂȘme, il connaĂźt les problĂšmes de tous les pays. Il est trĂšs modeste, il est un saint. Il vient ici tous les matins et mâinforme de toutes les questions du monde. Je ne dois jamais lui faire une observation. Et puis, il nâa pas de compromissions. »
Ces mots rĂ©sument parfaitement la personne de Rafael Merry del Val, cet aristocrate nĂ© de pĂšre espagnol et de mĂšre irlandaise, qui nâavait jamais aspirĂ© Ă mener la vie qui fut la sienne au cĆur mĂȘme du Vatican, mais trouva « dans lâobĂ©issance la perfection de sa vocation », comme lâa si bien dit Roberto de Mattei. LâĆuvre dâapostolat dont il rĂȘvait (il fut nĂ©anmoins trĂšs prĂ©sent pour les jeunes du Trastevere) fut consacrĂ©e Ă lâEglise et Ă la prĂ©servation de sa doctrine â sans « compromission » aucune.
Une autre maniĂšre de sâoccuper de ces Ăąmes pour lesquelles il voulait tout donner. LĂ©on XIV rappela que le cardinal ne voulut voir quâune seule inscription sur sa tombe, aujourdâhui dans la crypte de Saint-Pierre, Ă savoir sa devise Ă©piscopale : Da mihi animas, cetera tolle, donne-moi les Ăąmes, prends tout le reste. Les voies de Dieu ne sont pas toujours, et mĂȘme pas souvent les nĂŽtres.
« Lâune des figures les plus marquantes de la diplomatie papale du XXe siĂšcle » (LĂ©on XIV)
Le parcours curial du cardinal Rafael Merry del Val fut des plus rapides. OrdonnĂ© prĂȘtre Ă 23 ans, il est nommĂ© camĂ©rier secret participant Ă 26 ans, puis dĂ©lĂ©guĂ© apostolique au Canada Ă 31 ans, archevĂȘque Ă 34 ans, cardinal Ă 38 ans, enfin archiprĂȘtre de la basilique Saint-Pierre Ă 48 ans et secrĂ©taire du Saint-Office Ă 49 ans. « Sa jeunesse, cependant, ne constitua pas un obstacle, car lâhistoire de lâEglise enseigne que la vĂ©ritable maturitĂ© ne dĂ©pend pas de lâĂąge, mais de lâidentification Ă la mesure de la plĂ©nitude du Christ » rappela LĂ©on XIV.
Câest lui qui fut chargĂ© par le pape LĂ©on XIII dâexaminer la validitĂ© des ordres anglicans : la bulle papale Apostolicae curae de 1896 dĂ©clara, in fine, les ordinations anglicanes « absolument nulles et non avenues ». Lors de la crise de 1905, en France, il orienta et soutint la position de Giuseppe Sarto, devenu le pape Pie X, qui refusa tout net que les biens de lâEglise soient gĂ©rĂ©s par des associations dites cultuelles : la France perdait dâun seul coup tout son patrimoine, mais recouvrait par lĂ -mĂȘme sa pleine libertĂ©, son indĂ©pendance vis-Ă -vis du pouvoir et de la politique dans laquelle elle baignait depuis trop longtemps. Il sâinvestira Ă©galement contre la laĂŻcisation de lâenseignement sous la IIIe RĂ©publique et invitera lâĂ©piscopat français Ă lutter pour une Ă©cole libre, Ă savoir catholique.
Quant Ă la lutte contre le modernisme, il en fut un des fleurons, sans quâil soit aisĂ© de dissocier son Ćuvre de celle de saint Pie X dont il fut le fils et lâami, comme il lâĂ©crivit plus tard, durant onze annĂ©es. Comme lui, il percevait la grave crise de la foi qui pouvait en rĂ©sulter. Et en 1907, lâencyclique Pascendi Dominici gregis Ă©tait publiĂ©e qui dĂ©finissait le modernisme comme « la synthĂšse de toutes les hĂ©rĂ©sies », parce quâelle dissolvait le dogme dans lâexpĂ©rience personnelle : le fils prĂ©fĂ©rĂ© du libĂ©ralisme. Les prĂȘtres Alfred Loisy et George Tyrrell, instigateurs du mouvement, furent excommuniĂ©s.
La vie du cardinal Merry de Val : « un trésor de témoignage chrétien » pour le pape
IntĂ©gralisme ? Autoritarisme ? Il apparaĂźt quâĂ ce combat difficile, le cardinal ait toujours liĂ© une pratique profonde de la vertu dâhumilitĂ©. LĂ©on XIV cite ses Litanies que son auteur rĂ©citait chaque jour : « Du dĂ©sir dâĂȘtre estimĂ© (âŠ) Du dĂ©sir dâĂȘtre consultĂ© (âŠ) De la peur dâĂȘtre humiliĂ© (âŠ) Du dĂ©sir dâĂȘtre approuvé⊠dĂ©livre-moi, ĂŽ JĂ©sus ! » « La vĂ©ritable autoritĂ© ne repose ni sur les fonctions ni sur les titres, mais sur la libertĂ© de servir, mĂȘme loin des projecteurs », continue le pape. Or la libertĂ©, câest le Bien, câest la VĂ©ritĂ©. Pas dâhumilitĂ© sans VĂ©ritĂ©.
« La fĂ©conditĂ© de la vie chrĂ©tienne ne dĂ©pend pas de lâapprobation humaine, mais de la persĂ©vĂ©rance de ceux qui, unis au Christ comme le sarment Ă la vigne, portent du fruit en leur saison », nous dit le pape, soit de leur adĂ©quation avec lâapprobation divine, signifiĂ©e dans la doctrine et la Tradition qui nous ont Ă©tĂ© lĂ©guĂ©es. Lâexemple du cardinal Merry del Val, a dĂ©clarĂ© le pape LĂ©on XIV, devrait inspirer ceux qui servent lâEglise « Ă unir vĂ©ritĂ© et charitĂ©, prudence et audace, service et humilitĂ©, afin quâen tout seul le Christ resplendisse ».
On est loin de « lâhumilitĂ© sociale » dĂ©fendue par le pape François, qui prĂŽnait au BrĂ©sil, en 2013, « la culture du dialogue » aussi bien entre personnes quâentre grandes traditions religieuses. Elle ne doit pas devenir le prĂ©texte dâun abaissement pour lâEglise et son message. Mourir Ă soi-mĂȘme et magnifier le Christ, Ă travers lâEglise, ce sont les deux pendants dâun seul et mĂȘme mouvement.
Le pape LĂ©on XIV aurait-il perçu et voulu montrer cette prĂ©cieuse nuance ? En posant ces mots, il rĂ©habilite en tous les cas une figure largement dĂ©criĂ©e par les tenants du libĂ©ralisme qui a fait et fait encore des ravages dans lâEglise. Son dossier de bĂ©atification, ouvert en 1953, une grosse dĂ©cennie aprĂšs sa mort, est Ă©videmment restĂ© lettre morte.
Clémentine Jallais dans RITV
20/10/2025
Cependant, peu Ă peu, il fut mis en face de ses exigences doctrinales et finit par se convertir au catholicisme en 1903 avant dâĂȘtre ordonnĂ© prĂȘtre en 1904 Ă Rome.
Cette conversion fit Ă©videmment beaucoup de vagues car il nâĂ©tait pas neutre que le fils dâun primat anglican joignĂźt ainsi lâĂglise romaine, ennemie hĂ©rĂ©ditaire depuis le schisme dâHenry VIII. Il fut souvent comparĂ© Ă John Henry Newman intĂ©grant lâĂglise Ă la suite du mouvement dâOxford. PrĂȘtre catholique, il devint aumĂŽnier de lâuniversitĂ© de Cambridge et poursuivit son Ćuvre littĂ©raire tout en Ă©tant trĂšs apprĂ©ciĂ© comme prĂ©dicateur malgrĂ© un bĂ©gaiement et une voix frĂȘle.
Contes, apologĂ©tiqueâŠ
Son Ćuvre est importante et composite car il rĂ©digea aussi bien des contes pour enfants que des histoires dâhorreur, des piĂšces de théùtre, des ouvrages apologĂ©tiques, â dont le rĂ©cit de sa conversion, Confessions dâun converti â et, bien sĂ»r de nombreux romans et rĂ©cits de «âscience-fictionâ». Il serait prĂ©fĂ©rable de regarder ces derniers comme des Ă©crits apocalyptiques et des mĂ©ditations sur la place de lâAntĂ©christ dans le monde contemporain car son souci est dâordre spirituel. De tels ouvrages sont gĂ©nĂ©ralement incompris des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques de tous les temps, mais les Anglais, anglicans ou catholiques, sont douĂ©s pour cette forme de littĂ©rature. Il suffit de penser Ă LâAntichrist de Newman encore anglican, mais aussi aux fresques grandioses de C.âS. Lewis et de Tolkien. Dans ce domaine, les deux livres essentiels de Benson sont bien sĂ»r âLe MaĂźtre de la terre (1907) et La Nouvelle auroreâ(1911).
AvĂšnement de lâAntĂ©christ
Le premier est le plus cĂ©lĂšbre, inaugurant les romans dystopiques, mettant en scĂšne lâavĂšnement de lâAntĂ©christ comme un dirigeant international charismatique rĂ©ussissant Ă prĂȘcher la paix et lâamour universels tout en soumettant tous les peuples tandis que des armes de destruction massive font leur apparition ainsi que les bombardiers dĂ©cimant les populations civiles, que les voyages entre continents se rĂ©alisent en avion, les dĂ©placements sur des autoroutes et que lâeuthanasie sâimpose comme monnaie courante et obligĂ©e. LâĂglise catholique devient la proie de persĂ©cutions externes et dâattaques internes, tandis que les dĂ©nominations anglicane et protestantes sombrent, emportĂ©es par la sĂ©cularisation et lâathĂ©isme. Il fut trĂšs influencĂ© par les Ă©crits utopistes du socialiste Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon qui parle de la sociĂ©tĂ© française dĂ©christianisĂ©e dans les dĂ©combres de la RĂ©volution. Benson Ă©crit dans une note introductive que son ouvrage est «âune parabole, illustrant la crise religieuse qui, suivant toute vraisemblance, se produira dans un siĂšcle, ou mĂȘme plus tĂŽt encore, si les lignes de nos controverses dâaujourdâhui se trouvent prolongĂ©es indĂ©finimentâ; [âŠ] car celles-ci ne peuvent manquer dâaboutir Ă la formation de deux camps opposĂ©s, le camp du Catholicisme et le camp de lâHumanitarisme, et lâopposition de ces deux camps, Ă son tour, ne peut manquer de prendre la forme dâune lutte lĂ©gale, avec menace dâeffusion de sang pour le parti vaincuâ». Un humanisme remplaçant de force toutes les religions pour procurer un bien-ĂȘtre sous contrĂŽle politique, avec, comme piĂšce maĂźtresse, lâeuthanasie, pinacle du progrĂšs et de la compassion⊠Nây entrons-nous pas Ă petits pasâ?
Le MaĂźtre de la terre, Robert-Hugh Benson, Pierre TĂ©qui Ă©diteur, septembreâŻ2024, 384 pages, 9âŻâŹ.
par le PÚre Jean-François Thomas s.j. dans France Catholique
20/10/2025
Le démenti du Saint-SiÚge
L'article du Figaro met les choses au clair en rapportant le démenti officiel du Vatican. La salle de presse a dû intervenir pour corriger ce qu'elle qualifie d'« interprétation erronée ». L'origine de la confusion ? Une interview accordée par le vice-préfet de la bibliothÚque, le PÚre Giacomo Cardinali, au quotidien italien La Repubblica.
Ce qui a été dit vs. la réalité
Interrogé sur l'accueil de chercheurs d'autres religions, le PÚre Cardinali avait répondu : « évidemment, quelques chercheurs musulmans nous ont demandé une salle avec un tapis pour prier, et nous leur avons donné... »
C'est cette phrase qui a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme la crĂ©ation d'une salle de culte dĂ©diĂ©e et permanente. Or, le Vatican a prĂ©cisĂ© qu'il s'agissait du prĂȘt occasionnel d'une petite piĂšce â qualifiĂ©e de « petit salon » â et non d'un « lieu de culte amĂ©nagĂ© ou une salle de priĂšre » permanente.
Cette information traitée sur le Figaro du 17 octobre par JM Guénois et G. Marion a suscité un grand nombre de commentaires qui révÚlent une dichotomie entre :
1- Le dĂ©menti officiel du Vatican (la version formelle : un "petit salon prĂȘtĂ© occasionnellement" et non une "salle de priĂšre permanente amĂ©nagĂ©e").
2-L'interprétation des lecteurs (la version perçue comme jésuitique : la demande a été faite, elle a été accordée, donc une salle de priÚre a de facto été mise à disposition, peu importe le nom qu'on lui donne ou la fréquence d'utilisation).
L'article du Figaro rapportait la position officielle. Les commentaires, eux, rĂ©vĂšlent la perception d'un lectorat qui ne s'en laisse pas conter ! La lecture rapide des commentaires est souvent aussi instructive que l'article lui-mĂȘme !
18/10/2025
Ce spĂ©cialiste de lâIslam parle non seulement de la spĂ©cificitĂ© du christianisme et de sa radicale nouveautĂ© mais aussi de ses diffĂ©rences avec les autres religions. VĂ©ritable « scoop », lâinvitĂ© du Club des Hommes en noir montre la proximitĂ© entre islam et philosophie des LumiĂšres !âŠ
18/10/2025
Avec cette vidéo, nous entrons enfin directement dans la messe. Nous évoquerons dans un premier temps la procession et le rite de l'aspersion qui introduisent la messe du dimanche, leurs origines et leurs sens.
Nous dirons ensuite un mot sur les diffĂ©rents formats de messe (messe papale, messe pontificale, messe basseâŠ), avant dâentrer dans le cĆur du sujet de cette vidĂ©o : les priĂšres au bas de lâautel. VĂ©ritable dĂ©veloppement du geste antique de prostration, le prĂȘtre et les fidĂšles sây humilient, en reconnaissant leur petitesse et en confessant leurs pĂ©chĂ©s, mais y laissent aussi Ă©clater leur joie de se prĂ©parer Ă cĂ©lĂ©brer le sacrifice qui les unit Ă Dieu. Nous dĂ©taillerons les origines de ces priĂšres et de ces gestes, afin de mieux comprendre leur signification spirituelle.
Pour aller plus loin, retrouvez notre article en lien avec cette vidéo sur notre site www.claves.org : https://claves.org/entrer-dans-la-mes...
17/10/2025
Les divisions partisanes profondĂ©ment ancrĂ©es aux Ătats-Unis ont rĂ©cemment pris une tournure violente. Les affiliations politiques rĂ©vĂšlent des visions contradictoires de l'avenir du pays et, de plus en plus, de la vie humaine elle-mĂȘme.
La libertĂ© est-elle absolue et doit-elle progresser quelles qu'en soient les consĂ©quences ? Ou existe-t-il des vĂ©ritĂ©s et des biens fondamentaux qui doivent ĂȘtre prĂ©servĂ©s et respectĂ©s ?
Nous parlons souvent de la division fondamentale entre ces positions générales de droite et de gauche, de conservatrice et de libérale, comme étant uniquement politique, sans réaliser le lien catholique surprenant avec leur origine.
Il est courant d'entendre les catholiques s'opposer Ă l'utilisation d'Ă©tiquettes droite-gauche et conservatrices-libĂ©rales dans l'Ăglise. NĂ©anmoins, il est impossible de nier l'existence de factions qui se sont largement dĂ©veloppĂ©es dans ce sens. Les factions ne sont pas nouvelles, bien sĂ»r, comme l'a clairement expliquĂ© saint Paul aux Corinthiens : « D'abord, lorsque vous vous rĂ©unissez en Ăglise, j'apprends qu'il y a des divisions parmi vous ; et je le crois en partie, car il faut qu'il y ait des divisions parmi vous, afin que soient reconnus parmi vous les vĂ©ritables » (1 Co 11, 18-19). Les controverses sur la doctrine, la liturgie et la morale tendent Ă diviser en deux factions principales, et les Ă©tiquettes conservatrices et libĂ©rales reflĂštent, de maniĂšre gĂ©nĂ©ralement prĂ©cise, les positions de prĂ©servation ou d'innovation.
Les divisions contemporaines au sein de l'Ăglise, bien que diffĂ©rentes des camps politiques, convergent souvent de maniĂšre surprenante. Cette rĂ©alitĂ© a rĂ©cemment pris le devant de la scĂšne lorsqu'une figure majeure du camp catholique progressiste, le cardinal Blaise Cupich, a suscitĂ© une vive controverse en cherchant Ă honorer un homme politique dĂ©mocrate, le sĂ©nateur Dick Durbin, auteur d'un long historique de soutien Ă l'avortement. En revanche, les ecclĂ©siastiques engagĂ©s dans la dĂ©fense de la vie humaine, du mariage et de la libertĂ© religieuse trouvent souvent des alliĂ©s au sein du Parti rĂ©publicain. D'ailleurs, trois Ă©vĂȘques amĂ©ricains siĂšgent actuellement Ă la Commission sur la libertĂ© religieuse du prĂ©sident Trump. Compte tenu des dynamiques internes et externes Ă l'Ăglise, les distinctions « gauche-droite » ou « libĂ©ral-conservateur » ne doivent pas ĂȘtre Ă©cartĂ©es comme inapplicables ou hors de propos.
Les Ă©tiquettes politiques « droite » et « gauche » remontent Ă la RĂ©volution française, notamment Ă l'AssemblĂ©e nationale, oĂč les reprĂ©sentants se plaçaient Ă droite ou Ă gauche du prĂ©sident de l'AssemblĂ©e, selon qu'ils soutenaient les droits du roi (la droite), la position de la majoritĂ© des catholiques, ou l'abolition de la monarchie (la gauche) et, par consĂ©quent, les droits de l'Ăglise. AprĂšs la chute du roi, ceux qui Ă©taient considĂ©rĂ©s comme de droite Ă©taient favorables Ă une restauration de l'Ancien RĂ©gime, tandis que la gauche continuait de prĂŽner une libĂ©ralisation accrue de la sociĂ©tĂ© selon des principes rĂ©publicains ou dĂ©mocratiques.
Cette division politique avait une Ă©norme signification religieuse, car un camp avançait la notion française de laĂŻcitĂ© (la suppression de tout rĂŽle public de l'Ăglise) et la lĂ©galisation du divorce, tandis que l'autre cherchait Ă restaurer l'union du trĂŽne et de l'autel.
AprĂšs la RĂ©volution française, les papes ont soutenu la restauration des monarques catholiques et ont mĂȘme sanctionnĂ© les prĂȘtres qui prĂŽnaient la dĂ©mocratie. Le concile Vatican II, cependant, a permis une rĂ©habilitation des catholiques affichant des positions associĂ©es au libĂ©ralisme politique en favorisant une plus grande ouverture au monde moderne. Vatican II a largement enterrĂ© la traditionnelle division droite-gauche entre catholiques, qui avaient soutenu soit la restauration de la monarchie, soit la dĂ©mocratie moderne (bien que le mot « dĂ©mocratie » n'apparaisse pas dans ses documents).
Le clivage droite-gauche des derniĂšres dĂ©cennies se situe dĂ©sormais principalement entre ceux qui soutiennent les valeurs traditionnelles de la dĂ©mocratie moderne (la nouvelle droite) et ceux qui continuent Ă pousser la rĂ©volution contre toute forme dâautoritĂ© et de moralitĂ© traditionnelles (la nouvelle gauche).
Vatican II a cependant créé une nouvelle forme de clivage droite-gauche, assez liĂ©e Ă l'usage antĂ©rieur. D'un cĂŽtĂ©, on trouve le mouvement conservateur ou traditionaliste, qui met l'accent sur la continuitĂ© avec la tradition de l'Ăglise antĂ©rieure au Concile, notamment en ce qui concerne la liturgie. De l'autre, les progressistes mettent l'accent sur l'ouverture Ă la culture moderne, façonnĂ©e par la dĂ©mocratie moderne et son attachement Ă la libertĂ©.
Le pape BenoĂźt XVI avait sa propre maniĂšre de caractĂ©riser deux hermĂ©neutiques (interprĂ©tations) concurrentes de Vatican II, caractĂ©risĂ©es d'une part par « la discontinuitĂ© et la rupture », qui « ont souvent bĂ©nĂ©ficiĂ© de la sympathie des mĂ©dias, ainsi que d'un courant de la thĂ©ologie moderne ». D'autre part, il identifie une « hermĂ©neutique de la rĂ©forme », caractĂ©risĂ©e par « le renouveau dans la continuitĂ© de l'unique sujet-Ăglise que le Seigneur nous a donnĂ© » (Discours Ă la Curie romaine, 22 dĂ©cembre 2005).
Ce clivage existe bel et bien et influence la maniĂšre dont beaucoup dĂ©finissent leurs prioritĂ©s au sein de l'Ăglise. Souvent, ceux qui se consacrent Ă la prĂ©servation de la tradition thĂ©ologique de l'Ăglise cherchent Ă©galement Ă dĂ©fendre les valeurs fondamentales de la vie et de la famille. Ceux qui prĂŽnent la rupture en matiĂšre de doctrine et de morale privilĂ©gient souvent la justice sociale aux autres enjeux.
Les factions sont peut-ĂȘtre inĂ©vitables, voire nĂ©cessaires, comme l'a concĂ©dĂ© Paul. Les catholiques doivent prendre position sur des questions urgentes : sociales, comme le vote, et spirituelles, comme la recherche d'une nouvelle paroisse. Nombre d'entre eux sont prĂȘts Ă quitter leur paroisse territoriale pour des options plus traditionnelles ou contemporaines. Ă une Ă©poque de changement, oĂč tout semble fluctuer, les catholiques sont confrontĂ©s Ă deux choix majeurs : camper sur leurs positions ou suivre le courant du changement.
Le Corps du Christ, cependant, ne peut ĂȘtre divisĂ© dans son essence. Des factions peuvent exister en raison de la faiblesse humaine, bien qu'il n'y ait qu'« un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptĂȘme » (ĂphĂ©siens 4:5). MĂȘme si nous prenons position, travaillons avec des personnes partageant les mĂȘmes idĂ©es et nous opposons au mal, nous devons le faire en tant que chrĂ©tiens qui transcendent les partis politiques. Plus qu'un appel à « s'entendre », nous avons besoin d'un engagement primordial envers le Christ qui transcende les divisions et les autres allĂ©geances. Les BĂ©atitudes offrent un chemin concret pour transcender les factions et s'Ă©lever au-dessus des querelles, aussi importantes soient-elles. Nous serons bĂ©nis si nous recherchons le Royaume avant tout, faisons la paix, restons doux et misĂ©ricordieux et souffrons pour la justice plutĂŽt que de riposter ou de chercher vengeance.
R. Jared Staudt, PhD, est directeur du contenu d'Exodus 90 et enseignant pour la section laĂŻque du sĂ©minaire Saint-Jean-Marie Vianney. Il est l'auteur de « Words Made Flesh: The Sacramental Mission of Catholic Education » (CUA Press, 2024), « How the Eucharist Can Save Civilization » (TAN), « Restoring Humanity: Essays on the Evangelization of Culture » ââ(Divine Providence Press) et « The Beer Option » (Angelico Press), ainsi que rĂ©dacteur en chef de « Renewing Catholic Schools: How to Regain a Catholic Vision in a Secular Age » (Catholic Education Press). Lui et son Ă©pouse Anne ont six enfants et il est oblat bĂ©nĂ©dictin.
17/10/2025
La Révolution, un «Récit Fondateur Macabre»
L'auteur commence par commĂ©morer la «dĂ©capitation de [son] aĂŻeule la Reine Marie-Antoinette» et dĂ©nonce, en faisant rĂ©fĂ©rence Ă la cĂ©rĂ©monie d'ouverture des J.O., le fait que les assassinats du Roi et de la Reine servent encore de «moments fondateurs» et d'«actes paroxystiques pour un peuple soi-disant rĂ©gĂ©nĂ©ré». Il pointe le paradoxe de vouloir «faire peuple [...] autour de cet acte : lâassassinat dâune mĂšre, dâune femme, dâune personne dâorigine Ă©trangĂšre» Ă notre Ă©poque.
Il critique Ă©galement les gouvernants qui, tout en honorant des figures comme Robert Badinter, semblent «sâenorgueillir de la suppression de la peine de mort» et s'accrochent Ă une «culture de la mort (euthanasie, avortement), Ă des souvenirs de destruction» plutĂŽt que d'Ă©voquer «des figures inspirantes, des moments de grandeur ou des rĂ©fĂ©rences communes qui ont fait la grandeur et la noblesse de notre pays».
Une Révolution Inachevée et Destructrice
Pour Louis de Bourbon, l'Ćuvre rĂ©volutionnaire est encore Ă l'Ćuvre. Il affirme avec force que «La RĂ©volution nâest pas finie». Il y voit une volontĂ© persistante de «dĂ©truire, veulent encore saccager, veulent encore purifier notre pays de ses racines», citant en exemple «la laĂŻcisation du calendrier scolaire, les luttes rĂ©centes autour des croix, la destruction de notre patrimoine religieux». Ces actions, selon lui, visent Ă effacer «tout ce qui a fait lâunitĂ© des peuples de France».
Retrouver l'Unité par le «Beau et le Bon»
En conclusion, le prĂ©tendant propose de «briser ce cycle» de divisions et de destructions. Il exhorte les Français à «Retrouver le chemin de lâunitĂ©, retrouver la culture de ce qui fĂ©dĂšre par le beau et le bon». L'objectif est de puiser dans l'histoire ce qui est «vivificateur, dâinspirant et de pacificateur» afin d'affronter sereinement l'avenir.
Il suggĂšre qu'il est peut-ĂȘtre temps de «retrouver le chemin dâun rĂ©gime source dâunitĂ©, en paix avec son passĂ©, et solidement arrimĂ© Ă lâhistoire millĂ©naire de la France» pour faire face aux «épreuves actuelles». En somme, sa tribune est un plaidoyer pour une rĂ©conciliation nationale qui passe par la réécriture du rĂ©cit historique, en se dĂ©tachant des figures et des Ă©vĂ©nements rĂ©volutionnaires qu'il juge fondateurs de divisions.
16/10/2025
Mais parlait-il seulement de nos services hospitaliers ?
Car pour ce qui est du chaos en gĂ©nĂ©ral, nous sommes aujourdâhui particuliĂšrement bien servis en France. Mais bizarrement, un chaos bien organisĂ© oĂč mĂȘme les oppositions sont contrĂŽlĂ©es. « LFI » parle de motions de censure sans jamais les voter, et le « Rassemblement National » agite la menace de la destitution sans jamais la provoquer. Les gouvernements se succĂšdent sans rĂ©gler le moindre problĂšme, et au milieu de cette cacophonie bien orchestrĂ©e notre prĂ©sident trace sa route sans la moindre anicroche.
Pourtant, direz-vous, ses principaux soutiens semblent le lĂącher : Gabriel Attal ne le comprend plus, Ădouard Philippe le supplie de dĂ©missionner, mĂȘme les mĂ©dias de propagande se mettent Ă le critiquer. Serait-il allĂ© trop loin, ou a-t-il simplement terminĂ© le boulot pour lequel il avait Ă©tĂ© placĂ© lĂ ?
Tout rĂ©cemment, en marge de lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâONU qui se tenait le 24 septembre Ă New-York, Emmanuel Macron a reçu le prix du « Citoyen du monde » qui se veut ĂȘtre une distinction pour des dirigeants engagĂ©s Ă relever des dĂ©fis mondiaux.
Quand on sait que ce prix honorifique lui a Ă©tĂ© remis par Larry Fink, le PDG de BlackRock, on comprend mieux de qui Emmanuel Macron est la marionnette. Mais surtout, cette marque de reconnaissance de la part des « Grands » de ce monde laisse supposer quâil a terminĂ© le travail pour lequel il avait Ă©tĂ© recrutĂ© !
Place à présent à son successeur que les médias de propagande nous vendrons trÚs bientÎt comme « Le nouvel homme providentiel ».
Face à un tel spectacle, mais surtout face à un tel niveau de manipulation des populations, on serait en droit de baisser les bras, refusant de participer à une telle mascarade, abandonnant la France et les français à leur triste sort !
Pourtant, dans le dernier numéro de France Catholique, un article intitulé « Les contemplatifs portent le monde » nous rappelle ces vérités essentielles :
« Les contemplatifs sont aux pieds du PĂšre et intercĂšdent pour toute lâhumanitĂ©. Bien que cloĂźtrĂ©s, ils sont trĂšs au courant de la vie de lâĂglise et de la sociĂ©tĂ© quâils portent totalement dans la priĂšre. »
Sans forcĂ©ment aller jusquâĂ sâenfermer dans un monastĂšre, chaque chrĂ©tien peut ainsi agir pour le bien de la nation. MĂȘme si nos dirigeants actuels nous font honte, nous pouvons toujours prier pour le rĂ©veil de leur conscience Câest ce que conseillait lâapĂŽtre Paul Ă son jeune compagnon TimothĂ©e :
« Jâexhorte Ă faire des priĂšres, des supplications, des actions de grĂąces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont Ă©levĂ©s en dignitĂ© afin que nous menions une vie paisible et tranquille en toute piĂ©tĂ© et honnĂȘtetĂ©. Cela est bon et agrĂ©able devant Dieu. »
Et si la situation en France devait empirer au point de nous empĂȘcher de vivre une vie paisible et tranquille, ne perdons jamais de vue que notre royaume de cĆur nâest pas de ce monde : nous sommes dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde !
De tous temps, en tous lieux, des chrĂ©tiens ont traversĂ© des situations souvent difficiles. Il nây a rien de nouveau en cela, et en plus nous avons Ă©tĂ© prĂ©venus dĂšs notre premiĂšre lecture de lâĂ©vangile de Jean que nous aurions des tribulations dans le monde âŠ
Tribune libre de Thierry Vitteau pour le SB
15/10/2025
Monsieur le Président ,
Je vous remercie pour vos aimables paroles et pour lâinvitation Ă venir ici, au Quirinal, un palais si Ă©troitement liĂ© Ă lâhistoire de lâĂglise catholique et Ă la mĂ©moire de nombreux papes.
En tant quâĂvĂȘque de Rome et Primat dâItalie, il est important pour moi de renouveler, par cette visite, le lien fort qui unit le SiĂšge de Pierre au peuple italien que vous reprĂ©sentez, dans le cadre des relations bilatĂ©rales cordiales qui existent entre lâItalie et le Saint-SiĂšge, profondĂ©ment marquĂ©es par une amitiĂ© sincĂšre et une collaboration mutuelle efficace.
Il s'agit, aprĂšs tout, d'une union heureuse, ancrĂ©e dans l'histoire de cette pĂ©ninsule et dans la longue tradition religieuse et culturelle de ce pays. On en voit les signes, par exemple, dans les innombrables Ă©glises et clochers qui parsĂšment le paysage, souvent de vĂ©ritables trĂ©sors d'art et de dĂ©votion, oĂč la crĂ©ativitĂ© innĂ©e de ce peuple, alliĂ©e Ă sa foi authentique et solide, nous a laissĂ© un tĂ©moignage d'une grande beautĂ© : artistique, certes, mais surtout morale et humaine.
Je saisis l'occasion de notre rencontre pour exprimer la profonde gratitude du Saint-SiÚge pour ce que les autorités italiennes ont fait et continuent de faire à l'occasion de divers événements ecclésiaux difficiles, centrés sur Rome et de résonance universelle.
Je voudrais exprimer ma gratitude particuliĂšre pour les efforts dĂ©ployĂ©s Ă diffĂ©rents niveaux aprĂšs le dĂ©cĂšs de mon vĂ©nĂ©rĂ© prĂ©dĂ©cesseur, le pape François. Ici mĂȘme, au Quirinal , il dĂ©clarait : « Mes racines sont dans ce pays » ( Discours lors de la visite officielle au PrĂ©sident de la RĂ©publique italienne , 10 juin 2017), et son amour pour la terre et le peuple italiens a certainement trouvĂ© ces jours-lĂ un Ă©cho touchant et chaleureux, qui s'est Ă©galement manifestĂ© dans l'engagement profond et rĂ©flĂ©chi qu'il a pris lors du conclave qui a suivi pour l'Ă©lection du nouveau pontife.
Je voudrais une fois de plus vous exprimer mes sincĂšres remerciements, Monsieur le PrĂ©sident, ainsi qu'Ă tout le pays, pour le bel exemple d'hospitalitĂ© et d'organisation efficace que l'Italie offre depuis des mois durant l'AnnĂ©e jubilaire, sous divers aspects â logistique, sĂ©curitĂ©, prĂ©paration et gestion des infrastructures et des services, et bien plus encore â, ouvrant les bras et montrant son visage hospitalier aux nombreux pĂšlerins qui affluent du monde entier. L'Ăglise universelle cĂ©lĂšbre le JubilĂ© de l'espĂ©rance . Le pape François , dans la bulle Spes non confindit , par laquelle il l'a annoncĂ© en mai 2024, a soulignĂ© l'importance de « prĂȘter attention au grand bien prĂ©sent dans le monde afin de ne pas cĂ©der Ă la tentation de se croire submergĂ© par le mal et la violence » (n. 7). Je pense que la belle synergie et collaboration que nous vivons ces jours-ci constitue dĂ©jĂ un signe dâespĂ©rance pour tous ceux qui viennent avec foi franchir la Porte Sainte et prier sur les tombeaux de Pierre et des ApĂŽtres.
Dans quelques annĂ©es, nous cĂ©lĂ©brerons le centenaire des Accords du Latran . Ă cet Ă©gard, il me paraĂźt d'autant plus opportun de rĂ©affirmer l'importance de la distinction mutuelle entre ces domaines. C'est pourquoi, dans un climat de respect cordial, l'Ăglise catholique et l'Ătat italien collaborent pour le bien commun, au service de la personne humaine, dont la dignitĂ© inviolable doit toujours primer dans les processus de dĂ©cision et dans l'action, Ă tous les niveaux, pour le dĂ©veloppement social, en particulier pour la protection des plus vulnĂ©rables et des plus dĂ©munis. Ă cette fin, je salue et encourage l'engagement mutuel Ă fonder toute collaboration sur le Concordat de 1984 et dans son plein respect.
Comme il est malheureusement Ă©vident, nous vivons une Ă©poque oĂč, Ă cĂŽtĂ© de nombreux signes dâespoir, de nombreuses situations de grave souffrance affectent lâhumanitĂ© dans le monde entier et nĂ©cessitent des rĂ©ponses urgentes et clairvoyantes.
Le premier engagement que je voudrais rappeler Ă ce propos est celui en faveur de la paix. De nombreuses guerres ravagent notre planĂšte, et en regardant les images, en lisant les nouvelles, en Ă©coutant les voix, en rencontrant les personnes qui en sont douloureusement affectĂ©es, les paroles de mes prĂ©dĂ©cesseurs rĂ©sonnent avec force et force . Comment oublier l'avertissement irrĂ©futable, mais ignorĂ©, de BenoĂźt XV pendant la PremiĂšre Guerre mondiale (cf. Lettre aux chefs des peuples belligĂ©rants , 1er aoĂ»t 1917) ? Et, Ă la veille de la Seconde, celui du vĂ©nĂ©rable Pie XII (cf. Message radiophonique aux gouvernements et aux peuples en danger imminent de guerre , 24 aoĂ»t 1939) ? Regardons les visages de ceux qui sont bouleversĂ©s par la fĂ©rocitĂ© irrationnelle de ceux qui planifient sans pitiĂ© la mort et la destruction. Ăcoutons leur cri et rappelons-nous, avec saint Jean XXIII , que « tout ĂȘtre humain est une personne, c'est-Ă -dire une nature douĂ©e d'intelligence et de libre arbitre ; il est donc sujet de droits et de devoirs qui dĂ©coulent immĂ©diatement et simultanĂ©ment de sa nature mĂȘme : droits et devoirs qui sont donc universels, inviolables, inaliĂ©nables » (Lettre encyclique Pacem in terris , 11 avril 1963, n. 5). Je renouvelle donc mon appel pressant Ă continuer d'Ćuvrer pour le rĂ©tablissement de la paix dans toutes les parties du monde et Ă cultiver et promouvoir toujours davantage les principes de justice, d'Ă©quitĂ© et de coopĂ©ration entre les peuples, qui en sont le fondement indispensable (cf. saint Paul VI, Message pour la cĂ©lĂ©bration de la PremiĂšre JournĂ©e mondiale de la paix , 1er janvier 1968).
Ă cet Ă©gard, je tiens Ă exprimer ma gratitude au gouvernement italien pour son engagement Ă rĂ©pondre aux nombreuses situations difficiles liĂ©es Ă la guerre et Ă la pauvretĂ©, en particulier celles des enfants de Gaza, notamment en collaboration avec l'hĂŽpital Bambino GesĂč. Ces efforts constituent des contributions fortes et efficaces Ă la construction d'une coexistence digne, pacifique et prospĂšre pour tous les membres de la famille humaine.
Ă cette fin, l'engagement commun que l'Ătat italien et le Saint-SiĂšge ont toujours manifestĂ© et continuent de manifester en faveur du multilatĂ©ralisme est certainement bĂ©nĂ©fique. Il s'agit d'une valeur trĂšs importante. Les dĂ©fis complexes de notre Ă©poque rendent en effet plus que jamais nĂ©cessaires la recherche et l'adoption de solutions communes. Il est donc essentiel de mettre en Ćuvre ces dynamiques et ces processus, en rappelant leurs objectifs initiaux, visant principalement Ă rĂ©soudre les conflits et Ă favoriser le dĂ©veloppement (cf. François , Lettre encyclique Fratelli tutti , 3 octobre 2020, 172), en favorisant un langage transparent et en Ă©vitant les ambiguĂŻtĂ©s susceptibles de provoquer des divisions (cf. Ibid., Discours aux membres du Corps diplomatique , 9 janvier 2025).
Nous nous apprĂȘtons Ă cĂ©lĂ©brer, l'annĂ©e prochaine, un anniversaire important : le huitiĂšme centenaire de la mort de saint François d'Assise, saint patron de l'Italie, le 3 octobre 1226. Cet Ă©vĂ©nement nous offre l'occasion de souligner l'urgence de prendre soin de notre « maison commune ». Saint François nous a appris Ă louer le CrĂ©ateur dans le respect de toutes les crĂ©atures, lançant son message du « cĆur gĂ©ographique » de la PĂ©ninsule et le transmettant de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration jusqu'Ă nous, Ă travers la beautĂ© de ses Ă©crits et le tĂ©moignage de lui-mĂȘme et de ses frĂšres. C'est pourquoi je crois que l'Italie a reçu de maniĂšre particuliĂšre la mission de transmettre Ă ses peuples une culture qui reconnaĂźt la terre « comme une sĆur avec laquelle nous partageons notre existence, et comme une belle mĂšre qui nous accueille dans ses bras » ( François , Lettre encyclique Laudato Si' , 1).
Ces derniÚres décennies, comme nous le savons, l'Europe a connu une baisse significative de la natalité. Cela exige un engagement à promouvoir des choix favorables aux familles à différents niveaux, en soutenant leurs efforts, en promouvant leurs valeurs et en protégeant leurs besoins et leurs droits. « PÚre », « mÚre », « fils », « fille », « grand-pÚre » et « grand-mÚre » sont, dans la tradition italienne, des mots qui expriment et évoquent naturellement des sentiments d'amour, de respect et de dévouement, parfois héroïque, pour le bien de la communauté familiale et, par conséquent, pour celui de la société dans son ensemble. Je voudrais en particulier souligner l'importance d'assurer à toutes les familles le soutien essentiel d'un emploi digne, dans des conditions équitables et en tenant compte des besoins de la maternité et de la paternité. Faisons tout notre possible pour redonner confiance aux familles, en particulier aux jeunes familles, afin qu'elles puissent envisager l'avenir avec sérénité et grandir en harmonie.
Dans ce contexte, nous voyons l'importance fondamentale, à tous les niveaux, de respecter et de protéger la vie, à toutes ses étapes, de la conception à la vieillesse, jusqu'au moment de la mort (cf. François , Discours à l'Assemblée pléniÚre de l'Académie pontificale pour la Vie , 27 septembre 2021). Je souhaite que cette conscience continue de croßtre, également en ce qui concerne l'accessibilité des soins médicaux et des médicaments, selon les besoins de chacun.
Je remercie ce pays pour l'aide gĂ©nĂ©reuse qu'il offre aux migrants, de plus en plus nombreux Ă frapper Ă sa porte, ainsi que pour son engagement dans la lutte contre la traite des ĂȘtres humains. Ce sont des dĂ©fis complexes de notre Ă©poque, auxquels l'Italie n'a jamais renoncĂ©. Je vous encourage Ă toujours maintenir une attitude dynamique d'ouverture et de solidaritĂ©. Je tiens Ă©galement Ă souligner l'importance d'intĂ©grer de maniĂšre constructive les nouveaux arrivants aux valeurs et aux traditions de la sociĂ©tĂ© italienne, afin que le don mutuel qui naĂźt de cette rencontre entre les peuples soit vĂ©ritablement enrichissant et bĂ©nĂ©fique pour tous. Ă cet Ă©gard, je souligne combien il est prĂ©cieux pour chacun d'entre nous d'aimer et de transmettre sa propre histoire et sa propre culture, avec ses signes et ses expressions : plus nous nous reconnaissons et nous aimons sereinement, plus il est facile de rencontrer et d'intĂ©grer les autres, sans peur et avec un cĆur ouvert.
Ă cet Ă©gard, on observe aujourd'hui une certaine tendance Ă sous-estimer, Ă divers niveaux, les modĂšles et les valeurs qui se sont dĂ©veloppĂ©s au fil des siĂšcles et qui façonnent notre identitĂ© culturelle, tentant parfois mĂȘme d'en effacer la pertinence historique et humaine. Ne dĂ©daignons pas ce que nos ancĂȘtres ont vĂ©cu et ce qu'ils nous ont transmis, mĂȘme au prix de grands sacrifices. Ne nous laissons pas sĂ©duire par des modĂšles massifiants et fluides, qui ne favorisent qu'un semblant de libertĂ©, mais qui rendent les personnes dĂ©pendantes de formes de contrĂŽle telles que les modes passagĂšres, les stratĂ©gies commerciales ou autres (voir Cardinal Joseph Ratzinger, HomĂ©lie lors de la messe d'Ă©lection du Pontife romain , 18 avril 2005). PrĂ©server la mĂ©moire de ceux qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s, prĂ©server les traditions qui ont fait de nous ce que nous sommes, est important pour envisager le prĂ©sent et l'avenir avec conscience, sĂ©rĂ©nitĂ©, responsabilitĂ© et perspective.
Monsieur le PrĂ©sident, pour conclure, je voudrais vous adresser mes vĆux les plus chaleureux de rĂ©ussite, Ă vous et, Ă travers vous, Ă tout le peuple italien. L'Italie est un pays d'une immense richesse, souvent humble et cachĂ©e, qui a donc parfois besoin d'ĂȘtre dĂ©couverte et redĂ©couverte. C'est dans cette merveilleuse aventure que j'encourage tous les Italiens Ă se lancer, Ă y puiser de l'espoir et Ă affronter avec confiance les dĂ©fis prĂ©sents et futurs. Merci.
14/10/2025
Joseph Staline lui-mĂȘme a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans l'Ăglise orthodoxe. Ses parents souhaitaient qu'il devienne prĂȘtre. Malheureusement, son pĂšre a maltraitĂ© le jeune Joseph sans pitiĂ©. Staline a un jour dĂ©crit son enfance comme « Ă©levĂ©e dans une famille pauvre et peuplĂ©e de prĂȘtres ». Il en est venu Ă renoncer totalement au christianisme, dĂ©clarant, semble-t-il, « Vous savez, ils nous trompent, il n'y a pas de Dieu⊠tous ces discours sur Dieu sont de pures absurditĂ©s. »
Durant son rÚgne, Staline a tout fait pour écraser le christianisme, fermant des milliers d'églises et torturant, tuant et emprisonnant violemment des chrétiens. C'est lui qui aurait déclaré : « Un mort est une tragédie ; un million est une statistique », vous pouvez donc imaginer la persécution impitoyable qu'il a menée contre le christianisme. Voici une photo de la démolition de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou sur ordre de Staline, juste avant Noël 1931.
Mais tout cela était pour la cause marxiste. D'ailleurs, sa fille Svetlana a écrit un jour à propos de son pÚre : « Beaucoup de gens aujourd'hui ont plus de facilité à considérer [Staline] comme un monstre physique et grossier. En réalité, c'était un monstre moral et spirituel. C'est bien plus terrifiant. Mais c'est la vérité. »
Elle avait raison. C'est encore plus terrifiant.
Staline avait fixĂ© comme objectif les « plans quinquennaux d'athĂ©isme » dirigĂ©s par la Ligue des militants athĂ©es, visant Ă Ă©liminer toute expression religieuse dans le pays. Il semblerait que, rien qu'au cours des purges de 1937 et 1938, plus de 168 300 membres du clergĂ© orthodoxe russe aient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, la plupart fusillĂ©s. Et ce, en seulement deux ans.
Mais comme l'a un jour soulignĂ© le grand chanteur Sting, « Les Russes aiment aussi leurs enfants », et c'Ă©tait vrai pour Staline. Enfin, pour l'un d'eux. Staline adorait Svetlana et se montrait joueur et affectueux avec elle. Et elle lui en rendait la pareille. Enfant, elle considĂ©rait son pĂšre comme un hĂ©ros sage. Ă sa naissance en 1926, son pĂšre Ă©tait dĂ©jĂ secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ComitĂ© central du Parti communiste et tous ceux qu'elle croisait parlaient de lui sur un ton Ă©logieux. Elle comprit plus tard que peu osaient mĂȘme murmurer des critiques.
En comparaison, Svetlana trouvait sa mĂšre, Nadejda AllilouĂŻeva (« Nadya »), froide. Elle aurait dĂ©clarĂ© ne pas se souvenir que sa mĂšre l'ait prise dans ses bras ni mĂȘme complimentĂ©e. Puis, en 1932, alors qu'elle n'avait que six ans, sa mĂšre se suicida. Mais sa relation avec son pĂšre resta forte, du moins pendant un temps.
Les doutes concernant son pĂšre allaient bientĂŽt commencer. Ă l'Ă©cole, Svetlana recevait parfois des mots de camarades dont la mĂšre ou le pĂšre avait Ă©tĂ© « disparu » aux mains de l'Ătat. Ils la suppliaient de les transmettre Ă son pĂšre. Il Ă©tait Ă©trange, en URSS, que, malgrĂ© tant de souffrances et de violences infligĂ©es au peuple par le gouvernement, beaucoup persistaient Ă croire que Staline Ă©tait irrĂ©prochable et que s'il avait Ă©tĂ© au courant des exactions, il les aurait sĂ»rement arrĂȘtĂ©es. Ces enfants, qui envoyaient des mots Ă Staline par l'intermĂ©diaire de sa fille, voulaient simplement savoir oĂč Ă©taient leurs proches. Le dictateur ordonna froidement Ă sa fille de ne pas servir de « boĂźte postale ».
Plus tard, Svetlana remarqua que parfois mĂȘme ses proches disparaissaient. MĂȘme alors, Svetlana attribuait cela, comme tant de Russes, Ă des choses que Staline ignorait ou ne pouvait pas rĂ©parer. Mais des annĂ©es plus tard, son pĂšre expliqua catĂ©goriquement Ă sa fille que ses proches avaient Ă©tĂ© tuĂ©s simplement parce qu'« ils en savaient trop. Ils bavardaient beaucoup », disait-il, et que cela « faisait le jeu de nos ennemis ». Voyez-vous, la version officielle du parti Ă©tait que Nadia Ă©tait morte d'une appendicite, et non de ses propres mains.
Lorsque Svetlana trouva son premier petit ami, son pÚre le jugea inacceptable et le condamna au goulag. Plus tard, elle entra à l'Université de Moscou et reçut une demande en mariage d'un jeune homme juif. Lorsqu'elle en parla à son pÚre, il lui dit froidement : « Au diable ! Fais ce que tu veux. » Il lui dit qu'elle pouvait l'épouser, mais à condition que son mari ne mette jamais les pieds chez lui. Ils eurent un fils, mais leur mariage se brisa au bout de quelques années. Peu aprÚs, elle épousa le fils d'un homme haut placé au Kremlin. Joseph approuva ce mariage, mais il se termina lui aussi assez rapidement.
En mars 1953, Staline mourut. « Mon pÚre a connu une mort terrible et difficile », écrivit Svetlana. Elle resta à son chevet pendant des jours, tandis que les médecins lui appliquaient des sangsues.
Il semblerait qu'il soit mort en levant le poing de colĂšre. « L'agonie Ă©tait terrible. Il s'est littĂ©ralement Ă©touffĂ© sous nos yeux », a Ă©crit Svetlana. « Au dernier moment, il a soudainement ouvert les yeux et a jetĂ© un regard sur toutes les personnes prĂ©sentes. C'Ă©tait un regard terrible, fou ou peut-ĂȘtre furieux, empli d'une peur mortelle. Puis il a soudainement levĂ© la main gauche. Le geste Ă©tait incomprĂ©hensible et menaçant. »
Quelques annĂ©es aprĂšs la mort de son pĂšre, Svetlana prit le nom de jeune fille de sa mĂšre. Elle disait que le nom Staline lui « lacĂ©ait » les oreilles. Elle s'appelait dĂ©sormais Svetlana Alliluyeva. Joseph Staline avait changĂ© son nom de famille pour lui donner une consonance plus forte. « Staline » signifie acier. Le nom « Alliluyeva » Ă©tait une forme d'« AllĂ©louia » qui convenait mieux Ă Svetlana Ă cette Ă©poque, car en 1962, elle fut baptisĂ©e dans l'Ăglise orthodoxe. Svetlana rejeta le matĂ©rialisme et la violence de son pĂšre. Elle Ă©crivit Ă propos de sa dĂ©cision : « Le sacrement du baptĂȘme consiste Ă rejeter le mal, le mensonge. Je croyais au âTu ne tueras pointâ, je croyais en la vĂ©ritĂ© sans violence ni effusion de sang. Je croyais que l'Esprit suprĂȘme, et non l'homme vain, gouvernait le monde. Je croyais que l'Esprit de VĂ©ritĂ© Ă©tait plus fort que les valeurs matĂ©rielles. Et lorsque tout cela fut entrĂ© dans mon cĆur, les lambeaux du marxisme-lĂ©ninisme que j'avais appris depuis l'enfance se volatilisĂšrent comme de la fumĂ©e. »
Svetlana Ă©tait officiellement en disgrĂące auprĂšs du Kremlin. En effet, lorsqu'elle demanda Ă l'Ătat une licence de mariage avec un homme nommĂ© Brajesh Singh, sa demande fut immĂ©diatement refusĂ©e. Svetlana et Brajesh vĂ©curent ensemble pendant trois ans avant le dĂ©cĂšs de ce dernier en 1966. Il souhaitait que ses cendres soient dispersĂ©es sur le Gange. Elle demanda donc au Kremlin l'autorisation de se rendre en Inde. Ă sa grande surprise, elle fut autorisĂ©e Ă quitter temporairement l'URSS pour se rendre en Inde pendant un mois.
LĂ -bas, Svetlana a stupĂ©fiĂ© le monde entier lorsqu'elle est entrĂ©e Ă l'ambassade des Ătats-Unis et a demandĂ© l'asile. Un AmĂ©ricain de service, stupĂ©fait, lui aurait dit : « Alors vous dites que votre pĂšre Ă©tait Staline ? Le Staline ? »
De lĂ , elle fut emmenĂ©e par avion Ă Rome, puis en Suisse. Elle apprĂ©ciait la Suisse, mais on lui dit qu'elle ne pouvait y rester qu'Ă condition de ne jamais parler publiquement de politique. Elle refusa. Elle ne le pouvait pas. « Garder le silence pendant 40 ans de plus aurait pu ĂȘtre tout aussi bien en URSS », Ă©crivit-elle.
En avril 1967, Svetlana Alliluyeva atterrit à l'aéroport Kennedy de New York avec à sa disposition un manuscrit qui n'aurait jamais été publié en URSS. Intitulé « Vingt lettres à un ami », il relatait sa vie en Union soviétique. Ce fut un immense succÚs et un best-seller. Deux ans plus tard, elle écrivit un autre best-seller relatant sa vie depuis sa défection, intitulé « Un an seulement ».
Elle était célÚbre, mais sa vie personnelle était encore un désastre. Passant d'une religion à l'autre, se remariant à nouveau, ayant un enfant, divorcé et déménageant souvent, elle se sentit désenchantée par l'Amérique et désira rentrer chez elle. Elle retourna effectivement en Union soviétique, mais le regretta presque instantanément.
à son retour en Amérique aprÚs plus d'un an en URSS, elle a déclaré : « J'ai dû partir un moment pour réaliser : "Oh, mon Dieu, comme c'est merveilleux." »
Je ne connais pas l'annĂ©e exacte de la rencontre de Svetlana avec le PĂšre Giovanni Garbolino, qui vivait aux Ătats-Unis mais avait Ă©tĂ© missionnaire en Russie, mais leur relation allait changer sa vie. Svetlana reçut une lettre du PĂšre Garbolino l'invitant Ă faire un pĂšlerinage Ă Fatima. Plus tard, il lui rendit visite Ă Princeton, dans le New Jersey. Ils Ă©taient en contact frĂ©quent. Le PĂšre Garbolino remit Ă©galement Ă Svetlana une croix qui lui avait Ă©tĂ© offerte par un Ă©tudiant russe rencontrĂ© lors de ses voyages missionnaires. Plus tard, le PĂšre Garbolino avait donnĂ© cette mĂȘme croix au colonel Edwin « Buzz » Aldrin pour qu'il l'emporte sur la Lune.
Svetlana, guidĂ©e par le PĂšre Garbolino, lut des livres d'auteurs catholiques et se convertit Ă la foi catholique le 13 dĂ©cembre 1982. Elle Ă©crivit Ă propos de sa conversion : « Ce n'est qu'aujourd'hui que je comprends la grĂące merveilleuse que produisent les sacrements de la PĂ©nitence et de la Sainte Eucharistie, quel que soit le jour de l'annĂ©e, et mĂȘme quotidiennement. Avant, je refusais de pardonner et de me repentir, et je n'Ă©tais jamais capable d'aimer mes ennemis. Mais je me sens bien diffĂ©rente depuis que j'assiste Ă la messe tous les jours. »
Elle a ajouté : « L'Eucharistie m'a donné la vie. Le sacrement de pénitence avec Dieu que nous abandonnons et trahissons chaque jour, le sentiment de culpabilité et de tristesse qui nous envahit alors, tout cela rend nécessaire de le recevoir fréquemment. »
Cette femme, qui a grandi pratiquement sans mĂšre, a Ă©crit : « J'ai Ă©tĂ© recueillie dans les bras de la Sainte Vierge Marie. [âŠ] Qui d'autre pouvait me dĂ©fendre que la MĂšre de JĂ©sus ? Elle m'a soudain attirĂ©e vers elle. »
Elle voyagea souvent en Europe et retourna en AmĂ©rique, puis dĂ©mĂ©nagea pour ĂȘtre auprĂšs de l'une de ses filles dans l'Oregon. Finalement, elle ne mourut pas en Ă©levant sa premiĂšre fille dans la colĂšre contre le monde, comme son pĂšre, mais paisiblement dans une maison de retraite du Wisconsin en 2011, oĂč elle aimait coudre, lire et, bien sĂ»r, prier.
Matt Archbold National Catholic Register
Matt Archbold est diplÎmé de l'Université Saint-Joseph depuis 1995. Ancien journaliste, il a quitté la presse écrite pour élever ses cinq enfants. Il écrit pour le Creative Minority Report .