Le blog du Temps de l'Immaculée.
04/09/2025
De l'islam radical à la foi catholique : un parcours vers la paix intérieure
Dans un entretien poignant accordĂ© au Journal du Dimanche, Bruno Guillot, ancien imam salafiste, lĂšve le voile sur son parcours hors du commun, de son adhĂ©sion Ă l'islam radical Ă sa rĂ©cente conversion au catholicisme. Son livre, "Adieu Soulayman. ItinĂ©raire d'un imam salafiste", publiĂ© aux Ă©ditions ArtĂšge, se prĂ©sente comme un tĂ©moignage brutal et honnĂȘte des coulisses de l'islam radical et de la quĂȘte d'une vĂ©ritĂ© spirituelle qui le mĂšnera finalement Ă la paix.
Un vide spirituel comblé par le salafisme
NĂ© en Belgique de parents français, Bruno Guillot se convertit Ă l'Ăąge de 15 ans. Le dĂ©clic ? Des relations familiales tendues et la rencontre de jeunes Marocains au sein desquels il trouve la chaleur et l'appartenance qui lui manquaient. Pour lui, le constat est sans appel : « C'est la dĂ©christianisation qui fait l'islamisation. » Il insiste sur la nature prosĂ©lyte de l'islam qui, selon lui, comble le vide spirituel de nombreux jeunes EuropĂ©ens en quĂȘte d'un enracinement.
Son parcours le mĂšne en Arabie saoudite, oĂč il devient un prĂȘcheur salafiste reconnu. Il dĂ©nonce alors la stratĂ©gie de conquĂȘte du royaume qui, Ă travers l'universitĂ© islamique de MĂ©dine, vise Ă propager le wahhabisme en Occident. Le discours est clair : « il est inconcevable de remettre en cause la charia ou le statut de mĂ©crĂ©ants attribuĂ© aux juifs et aux chrĂ©tiens. » Bien que se considĂ©rant comme un salafiste quiĂ©tiste, il admet la porositĂ© de la frontiĂšre avec le djihadisme, dĂ©clarant que « seule la temporalitĂ© nous diffĂ©rencie des djihadistes. »
La quĂȘte d'une sĂ©rĂ©nitĂ© retrouvĂ©e
MalgrĂ© son immersion totale dans le salafisme, le doute finit par s'installer. Bruno Guillot dĂ©crit une religion « qui tyrannise ses propres fidĂšles » par sa rigueur constante, entraĂźnant une fatigue profonde. C'est dans ce moment de faiblesse qu'une nouvelle quĂȘte spirituelle commence. Il se convertit au catholicisme, une dĂ©cision qui lui vaudra une fatwa. AprĂšs des annĂ©es d'Ă©tudes thĂ©ologiques, la rĂ©vĂ©lation se fait autour d'un simple verset : « Dieu est amour. »
Il tĂ©moigne de la paix inĂ©galable qu'il a trouvĂ©e dans sa nouvelle foi. Son parcours est une illustration de la quĂȘte de sens qui anime l'ĂȘtre humain et qui, pour lui, a trouvĂ© sa rĂ©ponse dans un message d'amour, Ă l'opposĂ© de la tyrannie qu'il avait connue.
Points clés du livre Adieu Soulayman :
02/09/2025
Saint Pie X (1835-1914) - "Tout restaurer dans le Christ "
Il est difficile de résumer l'activité d'un pontificat qui fut d'une si grande importance dans la vie de l'Eglise. Le livre que nous citons en référence regroupe ces actes sous divers titres; nous en retiendrons deux :
SAINT PIE X ET LE MODERNISME
On sait que l'hĂ©rĂ©sie moderniste, "synthĂšse de toutes les hĂ©rĂ©sies", fait de la RĂ©vĂ©lation une Ă©motion personnelle; la rĂ©vĂ©lation n'est plus une affirmation mais une expĂ©rience; c'est l'homme qui se parle Ă lui-mĂȘme. Il s'agit alors de penser "historiquement" la Foi. Cette hĂ©rĂ©sie refleurit et ce sont les mĂȘmes thĂšses qu'au dĂ©but du siĂšcle, notait le pape Paul VI. "Le modernisme pĂ©nĂštre partout avec un certain esprit de libre examen plein de pĂ©rils", Ă©crit en 1969 le PrĂ©sident de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France.
Face à cette erreur multiforme et à son appareil, la premiÚre mesure prise sous le pontificat de saint Pie X est la mise à l'index, dÚs la fin de 1903, des principaux ouvrages de l'abbé Loisy. Un peu plus tard, interviennent la mise à l'index d'ouvrages d'autres modernistes français. En 1907, des mesures plus générales viennent compléter cette action :
- le décret Lamentabili du 3-4 juillet 1907 dénonce 65 propositions modernistes
-l'encyclique Pascendi Dominici Gregis du 8 septembre 1907 reprend ces propositions, non plus de façon isolée, mais en montrant leur lien. Cette encyclique est un traité doctrinal qu'il faut étudier.
SAINT PIE X ET LA FRANCE
Vis-Ă -vis de la France, le pontificat de saint Pie X est marquĂ© par deux textes particuliĂšrement importants de doctrine sociale : l'encyclique Vehementer (11 fĂ©vrier 1906) condamnant la sĂ©paration de l'Eglise et de l'Etat, telle que l'instituait la loi de 1905 et la lettre Ă l'Episcopat condamnant le mouvement du Sillon, expression du modernisme social (Notre charge apostolique, 25 aoĂ»t 1910). Il est certain que la portĂ©e de ces deux textes dĂ©passe le cadre français. Dans le second, s'Ă©levant contre "ceux qui ne craignent pas de faire entre l'Evangile et la RĂ©volution des rapprochements blasphĂ©matoires", contre ceux dont "le rĂȘve est de changer les bases naturelles et traditionnelles et de promettre une citĂ© future Ă©difiĂ©e sur d'autres principes", il rappelle le fondement de toute rĂ©novation de la sociĂ©tĂ© :
"Non, on ne bĂątira pas de citĂ© autrement que Dieu ne l'a bĂątie; on n'Ă©difiera pas la sociĂ©tĂ©, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus Ă inventer, ni la citĂ© nouvelle Ă bĂątir dans les nuĂ©es. Elle a Ă©tĂ©, elle est; c'est la civilisation chrĂ©tienne, c'est la citĂ© catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la rĂ©volte et de lâimpiĂ©tĂ©. "omnia instaurare in Christo".
Ces textes, aussi actuels aujourd'hui qu'au dĂ©but du siĂšcle, mĂ©ritent d'ĂȘtre lus, Ă©tudiĂ©s, mĂ©ditĂ©s.
On a souvent dans nos chapitres évoqué la prophétie de saint Pie X : "Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa premiÚre vocation... elle ne périra jamais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes... (Elle entendra à nouveau la voix de Jésus) "Va, fille aßnée de l'Eglise, nation prédestinée... va porter comme par le passé mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre ".
Et c'est encore en s'adressant Ă notre pays que saint Pie X dĂ©clare : "Le salut de la France ne peut ĂȘtre obtenu que par la reconnaissance du rĂšgne du Christ sur la nation" (8 mai 1906).
Source : ND de Chrétienté
Références : - Saint Pie X de Icillio Felici - Traduction d'une vie de saint Pie X, écrite en 1954 sous le titre italien "Il papa delle Eucaristica". Publication du Courrier de Rome 1991 (B P. 156 - 780001 Versailles). - "Le Courrier de Rome" vient également de publier en deux volumes de 800 p. l'ensemble des documents pontificaux de saint Pie X.
02/09/2025
Le 16 fĂ©vrier 1892, le pape LĂ©on XIII publiait l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » sur l'Ăglise et l'Ătat en France, qui ouvrait la voie Ă la participation des catholiques Ă la vie politique de la RĂ©publique française. D'oĂč le terme de « Ralliement », qui a historiquement dĂ©fini cette politique d'adhĂ©sion.
L'encyclique , dans sa premiĂšre partie, reprend les observations sur la « conspiration » de la politique moderne contre les droits de l'Ăglise, dĂ©jĂ exprimĂ©es dans des encycliques prĂ©cĂ©dentes, et appelle les catholiques Ă se rassembler afin de former « une grande unitĂ© ». Les raisons doctrinales par lesquelles LĂ©on XIII soutient la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de participation unie Ă la vie politique de la RĂ©publique antichrĂ©tienne sont les suivantes : a) toutes les formes de gouvernement sont Ă©galement valables en elles-mĂȘmes ; b) leur adĂ©quation dĂ©pend de la diversitĂ© des caractĂšres et des coutumes des peuples ; c) aucune forme politique ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©finitive et immuable ; d) mĂȘme en ce qui concerne le gouvernement rĂ©publicain actuel, les catholiques doivent s'engager unis « Ă prĂ©server ou Ă accroĂźtre la grandeur morale de leur pays » ; e) cependant, dit-on, cette forme de gouvernement est antichrĂ©tienne : LĂ©on propose ici la distinction entre « pouvoirs constituĂ©s » et « lĂ©gislation ». Il peut arriver qu'un pouvoir constituĂ© valide produise une lĂ©gislation terrible, ou qu'un pouvoir dĂ©fectueux produise une bonne lĂ©gislation, car « la qualitĂ© des lois dĂ©pend plus de la qualitĂ© des hommes investis du pouvoir que de la forme du pouvoir ». Les catholiques français doivent donc s'unir « comme un seul homme », mĂȘme dans la RĂ©publique dĂ©mocratique, contre les abus de la lĂ©gislation.
Dans un article publiĂ© dans Die Tagespost le 24 juillet (lisible en italien sur le blog d'Aldo Maria Valli ) , Martin Grichting rĂ©examine la question en comparant LĂ©on XIII Ă LĂ©on XIV. Selon lui, LĂ©on XIII a marquĂ© un tournant par rapport aux positions de son prĂ©dĂ©cesseur, Pie IX, encore attachĂ© au rĂ©gime prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution française, Ă©poque Ă laquelle, Ă©crit l'auteur, la RĂ©publique Ă©tait considĂ©rĂ©e comme le diable. Dans son encyclique de 1892, LĂ©on XIII affirmait qu'aucune forme de gouvernement n'est immuable, affirmant que la reconnaissance de nouvelles formes de gouvernement Ă©tait non seulement permise, mais mĂȘme nĂ©cessaire au bien de la sociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsque, sous cette nouvelle forme dĂ©mocratique, un gouvernement antichrĂ©tien combattait l'Ăglise. Les catholiques devaient abandonner l'« Ătat catholique », adhĂ©rer Ă la RĂ©publique et utiliser tous les moyens dĂ©mocratiques pour dĂ©fendre l'Ăvangile et les droits de l'Ăglise.
L'abbĂ© Claude Barthe, qui a revisitĂ© le sujet dans certains de ses Ă©crits rĂ©cents, est d'un avis diffĂ©rent . Selon lui, croire que toute forme de gouvernement peut ĂȘtre bonne et que le rĂ©gime de la RĂ©publique française ne saurait a priori ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une tyrannie revient Ă mĂ©connaĂźtre la dĂ©mocratie moderne, celle nĂ©e avec la DĂ©claration des Droits de l'Homme durant la phase constituante de la RĂ©volution française, qui fonde sa lĂ©gitimitĂ© non pas sur Dieu mais sur la nation. Cette dĂ©mocratie ne peut ĂȘtre bonne car elle n'est pas neutre ; la distinction entre « pouvoirs Ă©tablis » et « lĂ©gislation » ne s'y applique donc pas. DĂ©finir le droit de tuer un enfant innocent comme l'un des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution française revient Ă affirmer la supĂ©rioritĂ© de la « volontĂ© gĂ©nĂ©rale » des individus sur la volontĂ© de Dieu. C'est pourquoi « la tactique lĂ©onine Ă©tait rĂ©solument erronĂ©e ». (C. Barthe, Las consignas de LeĂłn XIII : une fausse bonne idĂ©e, Verbo, n. 629-630, novembre-dĂ©cembre 2024, pp. 825-834 ; Id., La dimension politique de la dĂ©fense du droit naturel , Verbo, n. 627-628, aoĂ»t-septembre-octobre 2024, pp. 575-584). Dans cette rupture produite par la RĂ©publique dĂ©mocratique, selon Don Barthe, on ne pouvait pas voir la volontĂ© dâĂ©loigner lâĂglise de la scĂšne publique et de lâintĂ©grer dans des structures institutionnelles qui organiseraient progressivement la sĂ©paration entre lâĂglise et la sociĂ©tĂ©. En effet, de nombreux catholiques libĂ©raux â « avec une naĂŻvetĂ© parfois trĂšs touchante » â y voyaient une opportunitĂ© et « le catholicisme dĂ©mocratique retrouverait une influence dans la libertĂ© moderne quâil perdait de jour en jour, restant liĂ© aux rĂȘves de restauration du christianisme » (C. Barthe, Trouvera-t-il encore la foi sur terre ? , Fede & Cultura, VĂ©rone 2024, p. 25).
Stefano Fontana
01/09/2025
Recension d'un article de Y.M. Sévillia du 14 07 25 sur Bd Voltaire.
Dans le collimateur de l'Ăducation nationale, l'Ă©tablissement privĂ© Stanislas est devenu le symbole des tensions qui menacent l'enseignement catholique et le principe de la libertĂ© scolaire. Sous pression depuis une enquĂȘte de l'Inspection gĂ©nĂ©rale, l'Ă©cole parisienne est mise en demeure de modifier certains de ses enseignements, notamment son cours de "culture chrĂ©tienne". Cette affaire dĂ©passe le cadre d'un simple Ă©tablissement : elle soulĂšve la question du "caractĂšre propre" de l'enseignement catholique, une notion au cĆur de la loi DebrĂ© de 1959.
Le "navire amiral" attaqué
L'article explore les dĂ©fis auxquels l'enseignement catholique est confrontĂ© Ă travers le prisme de l'affaire Stanislas. L'Ă©tablissement parisien, qualifiĂ© de «âŻnavire amiralâŻÂ» de l'enseignement privĂ© sous contrat, se retrouve au cĆur d'une controverse majeure. Tout a commencĂ© par des accusations de «âŻsexiste et homophobeâŻÂ» Ă©manant de mĂ©dias, suivies d'une sĂ©rie de visites de l'acadĂ©mie de Paris et d'un rapport de l'Inspection gĂ©nĂ©rale de l'Ă©ducation, du sport et de la recherche (IGESR). L'Ăducation nationale exige dĂ©sormais des ajustements, notamment pour les cours de sexualitĂ© et, surtout, pour l'enseignement de "culture chrĂ©tienne", jugĂ© trop proche de l'instruction religieuse.
Le directeur de l'Ă©tablissement, Igor Le Diagon, a d'ailleurs exprimĂ© sa surprise quant Ă la demande de rendre facultatif cet enseignement, une mesure qui, selon lui, affecte l'ensemble de l'enseignement catholique. Comme le souligne un cadre expĂ©rimentĂ©, «âŻla loi peut faire lâobjet dâinterprĂ©tations... Ă partir de quand implique-t-on la foi des Ă©lĂšvesâŻ?âŻÂ». Cela met en lumiĂšre la fragilitĂ© de la notion de «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» de ces Ă©tablissements, qui, si l'on ne peut plus y aborder la foi chrĂ©tienne, perdrait tout son sens.
Un combat idéologique et une menace sur les libertés
L'article insiste sur la nature profondĂ©ment idĂ©ologique de ce conflit, qu'il dĂ©crit comme la «âŻrĂ©surgence de la vieille lutte anticlĂ©ricale dâune gauche viscĂ©ralement opposĂ©e Ă lâenseignement privĂ©âŻÂ». Cette opposition, incarnĂ©e par des figures politiques qui rĂ©clament la rupture du contrat de l'Ătat avec Stanislas, vise non seulement l'enseignement religieux, mais aussi la libertĂ© d'enseignement elle-mĂȘme.
Le texte souligne qu'au-delĂ de la sphĂšre confessionnelle, cette affaire devrait prĂ©occuper tous les Français, car elle reflĂšte une menace plus large sur les libertĂ©s fondamentales. Il pointe Ă©galement le silence des Ă©vĂȘques, considĂ©rĂ©s comme les seuls Ă pouvoir dĂ©fendre ce «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» et Ă s'opposer fermement Ă ces remises en question.
En conclusion, l'article dresse un tableau sombre de la situation de l'enseignement catholique en France, avec l'affaire Stanislas comme point de rupture. Plus qu'une simple controverse, il s'agit d'un vĂ©ritable combat idĂ©ologique oĂč la notion de "caractĂšre propre" des Ă©tablissements catholiques est mise Ă l'Ă©preuve.
Yves-Marie Sévillia conclut en posant une question essentielle : si la culture chrétienne ne fait plus partie de l'identité de l'enseignement catholique, quelle est la prochaine étape et comment les libertés d'enseignement et de conscience seront-elles préservées à l'avenir ?