Le blog du Temps de l'Immaculée.
09/09/2025
L'article de messainlatino.it, source de cette information, met en lumiÚre l'importance de l'événement :
« Une grande nouvelle : le cardinal Burke célébrera la Sainte Messe à Saint-Pierre lors du prochain pÚlerinage Summorum Pontificum ! (Rome, 24-26 octobre 2025) »
L'autorisation papale d'une messe tridentine Ă Saint-Pierre prend une forte portĂ©e symbolique, offrant aux communautĂ©s « tradi » un signe clair que Rome ne les exclut plus. Alors que la dĂ©cision de Traditionis custodes avait entraĂźnĂ© des restrictions sĂ©vĂšres et une marginalisation pour ces fidĂšles, notamment en France, le geste du pape LĂ©on XIV offre un contraste saisissant. Il tĂ©moigne d'une volontĂ© d'apaisement et d'unitĂ©, rappelant que la beautĂ© de la liturgie est un facteur de rassemblement. La cĂ©lĂ©bration d'octobre 2025 sera scrutĂ©e comme un « moment de vĂ©ritĂ© », permettant de mesurer la capacitĂ© de l'Ăglise Ă concilier la diversitĂ© des sensibilitĂ©s liturgiques avec la fidĂ©litĂ© Ă Rome.
08/09/2025
Cette aventure spirituelle a Ă©tĂ© rendue possible par une sĂ©rie de circonstances providentielles : la conversion bouleversante dâEdmond Fricoteaux, la redĂ©couverte de la statue monumentale de Notre-Dame de France, des inspirations reçues Ă Lisieux et ailleurs. GrĂące Ă lâengagement dâinnombrables bĂ©nĂ©voles et Ă une organisation nĂ©e littĂ©ralement de rien, ce mouvement prend une ampleur inattendue, accompagnĂ© par une succession de signes du Ciel. Dans la continuitĂ© de cet Ă©lan, lâAssociation Marie de Nazareth est fondĂ©e. Elle portera Ă son tour de nombreuses initiatives, parmi lesquelles, aujourdâhui, le projet des 1 000 raisons de croire.
Les raisons d'y croire
Au moment exact du lancement de la cĂ©rĂ©monie de bĂ©nĂ©diction des Vierges pĂšlerines, au milieu dâune journĂ©e prĂ©vue pour ĂȘtre entiĂšrement pluvieuse, une Ă©claircie Ă©tonnante se produit au Puy-en-Velay. Câest le dernier des clins dâĆil du Ciel donnĂ©s pour cette action, mais il y en a eu bien dâautres et de nature trĂšs diffĂ©rente.
La conversion dâEdmond Fricoteaux Ă Rome, Ă lâĂ©coute de paroles anodines du cardinal Gantin, et les circonstances de la naissance de son engagement marial sont aussi certainement providentielles.
Edmond conçoit ensuite avec lâaide du pĂšre Laurentin le projet dâun cadeau de remerciement Ă la Vierge Marie sous forme dâune statue de sept mĂštres, portant lâEnfant JĂ©sus, couronnĂ©e de douze Ă©toiles, afin de lâinstaller sur une colline proche de Paris. Antoine Legrand, rencontrĂ© « par hasard », lui rĂ©vĂšle quâen fait cette statue existe dĂ©jĂ . Celle-ci peut finalement ĂȘtre retrouvĂ©e et installĂ©e, cinquante ans aprĂšs le vĆu du cardinal Verdier, qui demandait exactement cela pour « faire pendant au SacrĂ©-CĆur de Montmartre ». Cette sĂ©rie de coĂŻncidences est tout Ă fait Ă©tonnante.
Le projet des Vierges pĂšlerines est nĂ© de maniĂšre tout aussi Ă©tonnante de la convergence de deux signaux. Dâabord, le rĂȘve puissant dâun jeune homme de Douai, qui voit Notre-Dame de France avec, Ă ses pieds, une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis une intuition qui naĂźt dans lâoraison priante de trois amis au carmel de Lisieux. Câest en fait le mĂȘme appel, mais qui prend des voies diffĂ©rentes.
La Providence permet par la suite les rencontres nĂ©cessaires pour que le projet corresponde exactement Ă la demande de lâĂglise de lâĂ©poque, quâil se concrĂ©tise et quâil se mette en place.
Paulette Leconte, mĂšre de famille de treize enfants, est sollicitĂ©e au dernier moment pour sculpter une nouvelle statue de Notre-Dame de France, en des traits plus humains que celle de Baillet-en-France, et la rĂ©alisation se rĂ©vĂ©lera aussi exceptionnelle, si bien que plus de 15 000 statues pourront ĂȘtre dupliquĂ©es et envoyĂ©es partout dans le monde.
La mise en place en un temps record â et avant Internet ! â dâun rĂ©seau de bĂ©nĂ©voles dans toutes les rĂ©gions, dĂ©partements, cantons et villages de France est aussi un accomplissement surprenant.
Les nombreuses rencontres de « Marie aux 108 noms » avec les personnes spĂ©cialement touchĂ©es par la Vierge venue les visiter sont autant de fruits extraordinaires : cette histoire est donc ainsi jalonnĂ©e dâinnombrables fioretti.
En savoir plus
Ce 8 septembre 1995, il y a trente ans, nous Ă©tions quelques milliers de bĂ©nĂ©voles mobilisĂ©s pour la bĂ©nĂ©diction et le lancement de 108 statues et icĂŽnes de la MĂšre de Dieu. Elles allaient devenir ces « Vierges pĂšlerines » qui sillonneraient la France pendant un an, dans 108 petites remorques blanches confectionnĂ©es par le CAT de Chinon, tirĂ©es par des Peugeot 106 mises Ă disposition en location dans le cadre dâun gros contrat dâun an avec Peugeot Neubauer. Le temps est couvert, la matinĂ©e est pluvieuse, et, lors de la confĂ©rence de presse, vers onze heures, les journalistes me demandent si nous ne sommes pas trop déçus de ce temps tristounet. Je me souviens leur avoir rĂ©pondu que câĂ©tait un peu dommage, mais quâil y avait tant Ă faire pour prĂ©parer le lancement Ă quinze heures quâon nâavait pas le temps dây penser beaucoup. Les choses sâenchaĂźnent ensuite jusquâĂ ce moment tant attendu oĂč nous nous retrouvons au sommet de la colline sur laquelle a Ă©tĂ© installĂ©e la statue monumentale de Notre-Dame de France du Puy-en-Velay. Mais juste avant que je prenne le micro pour lancer les choses, mon pĂšre mâinterpelle : « As-tu vu les nuages ? » Sans que nous nous en rendions compte, une grande Ă©claircie Ă©tait apparue et, Ă quinze heures pile, le ciel est entiĂšrement bleu au-dessus de nos tĂȘtes, les nuages formant comme une couronne rĂ©guliĂšre, dans toutes les directions, loin de nous, Ă plusieurs kilomĂštres de distance. Un spectacle Ă©tonnant qui restera gravĂ© dans ma mĂ©moire et, depuis, je suis trĂšs attentif aux « miracles mĂ©tĂ©orologiques » qui sont en rĂ©alitĂ© bien plus courants que ce que lâon peut imaginer. Quelques minutes aprĂšs, les nuages reprendront le dessus, mais on aura encore droit Ă un rayon de soleil magnifique et puissant au moment de lâĂ©lĂ©vation eucharistique, lors de la messe. Mais ce petit clin dâĆil, qui nous a rĂ©confortĂ©s et rĂ©jouis sur le moment, nâĂ©tait en fait quâun petit Ă©lĂ©ment dâune histoire tissĂ©e dâĂ©vĂ©nements providentiels nombreux, depuis de longues annĂ©es.
Un fil de grĂąces
Tout commence par une conversion, en apparence anodine, qui deviendra lâĂ©tincelle dâune aventure nationale, puis mondiale. En avril 1984, Ă Rome, Edmond Fricoteaux â notaire Ă Saint-Denis, venu surtout accompagner son Ă©pouse et un groupe dâĂ©lĂšves â est saisi au cĆur par quelques mots du cardinal Bernardin Gantin Ă Sainte-Marie-Majeure. Il se confesse, ressort « assoiffĂ© de Dieu » et, de retour en France, se met Ă lire, prier, chercher. Ă La Courneuve, sur la tombe du pĂšre Jean-Ădouard Lamy, il implore un « amour immodĂ©rĂ© » pour la Vierge : la grĂące arrive, irrĂ©sistible. En quelques semaines, Edmond change de cap : il parle de Dieu Ă ses clients, entraĂźne des centaines de personnes en pĂšlerinage, entre dans la spiritualitĂ© de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Ce basculement intĂ©rieur â discret sur le moment âapparaĂźt comme une premiĂšre action de la Providence : Dieu prĂ©pare un cĆur.
« Notre-Dame de France » : la statue qui existait dĂ©jĂ
De cette conversion naĂźt un dĂ©sir : offrir Ă Marie une grande statue visible par tous, au bord dâun axe routier. LĂ encore, la Providence « devance » Edmond : en avion, il est assis Ă cĂŽtĂ© du pĂšre RenĂ© Laurentin, qui lui trace le cap : lâaccord de lâĂ©vĂȘque du lieu, le soutien dâune congrĂ©gation, et surtout une Vierge portant lâEnfant. Edmond imagine alors une figure de sept mĂštres, coiffĂ©e des douze Ă©toiles de la Rue du Bac⊠quand un « hasard » de carnet dâadresses le met en relation avec Antoine Legrand. Celui-ci lui rĂ©vĂšle que la statue rĂȘvĂ©e existe dĂ©jĂ : « Notre-Dame de France », Ćuvre de Roger de Villiers et de Raymond Subes, qui avait couronnĂ© le pavillon pontifical de lâExposition universelle de 1937, puis sommeillait depuis des annĂ©es, dĂ©montĂ©e, oubliĂ©e. Sâouvre une traque patiente : les archives, Amiens, lâĂ©glise Saint-HonorĂ©, le zoo (oĂč la statue passa par lâenclos des girafes !), puis les sous-sols municipaux. Viennent 2 000 heures de restauration par un maĂźtre-serrurier, des soutiens multipliĂ©s, une souscription populaire (25 000 donateurs) et, le 15 octobre 1988 â exactement cinquante ans aprĂšs le vĆu du cardinal Verdier de voir cette statue « faire pendant au SacrĂ©-CĆur de Montmartre » â, lâĂ©lĂ©vation Ă Baillet-en-France et la bĂ©nĂ©diction par le cardinal Lustiger, sept Ă©vĂȘques et le nonce, devant 52 000 personnes. Comme un premier sceau cĂ©leste, une grande foule se rassemble ; des conversions sâensuivent. Beaucoup pensaient : « Mission accomplie. » En rĂ©alitĂ©, la Providence venait dâinstaller le tremplin.
Deux signes fondateurs : un rĂȘve, une intuition
Ă peine la statue remise « sur sa colline », deux signaux convergents arrivent. Dâabord, la lettre dâun jeune homme de Douai : un rĂȘve puissant,au cours duquel il voit Notre-Dame de France, avec Ă ses pieds une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis la visite de monsieur Flichy et de trois amis, priants du carmel de Lisieux : dans leur oraison sâimpose lâidĂ©e que des statues mariales â venues des diocĂšses â pourraient devenir pĂšlerines, de village en village, pour offrir des veillĂ©es de priĂšre Ă JĂ©sus et Marie, et « labourer » le pays. Deux « petits » faits subjectifs ? Ou, plus profondĂ©ment, le mĂȘme appel qui se prĂ©cise par voies diffĂ©rentes : la Vierge, moins visitĂ©e, viendra visiter son peuple.
Dans la priĂšre du chapelet et la mĂ©ditation, Edmond reçoit et affine lâintuition : lancer un pĂšlerinage dâenviron cent statues, ambassadrices des diocĂšses de France (et dĂ©jĂ lâhorizon des cinq continents affleure). Le nom nâest pas encore fixĂ©, mais lâĂ©lan, lui, lâest : les « Vierges pĂšlerines » sont conçues.
La maturation prudente (1989-1994) : « Visitation de Marie »
Reste Ă faire⊠lâimpossible : convaincre, coordonner, financer, concrĂ©tiser. De 1989 Ă 1994, Edmond entreprend une tournĂ©e dâĂ©coute et de propositions : cardinaux, archevĂȘques, Ă©vĂȘques â en France, en Europe, au-delĂ â reçoivent lâexplication de ce projet de « Visitation de Marie ». On amĂ©liore, on reformule, on peaufine. Cette phase, souvent invisible, est capitale : elle enracine lâĆuvre dans lâĂglise, assainit les Ă©cueils... Elle est aussi un temps oĂč la Providence prĂ©pare et ajuste les personnes impliquĂ©es.
La rencontre qui a changé mon parcours (PentecÎte 1994)
Ă la PentecĂŽte 1994, alors que je demande depuis des mois Ă la Vierge Marie de me trouver une activitĂ© professionnelle plus compatible avec ma conversion, je suis pour la premiĂšre fois en train de dĂ©jeuner avec celle qui deviendra un an plus tard mon Ă©pouse. Elle me prĂ©sente ses parents, qui deviendront donc plus tard ma belle-famille, lorsque sĆur Jeannine-Marie, de lâabbaye Notre-Dame de lâOuĂże, Ă Dourdan, mâappelle en me disant de venir tout de suite parce quâil y a chez eux en ce moment une personne qui parle merveilleusement de la Sainte Vierge. Je lui explique dâabord que ce nâest pas possible, mais elle insiste tellement que je finis par y aller, aprĂšs le dĂ©jeuner : câest lĂ que je rencontre pour la premiĂšre fois Edmond Fricoteaux ; il me dĂ©crit dans les moindres dĂ©tails le projet des « Vierges pĂšlerines » quâil a en tĂȘte : une premiĂšre annĂ©e de priĂšres en France, qui se finit dans le « Champ des bergers », Ă BethlĂ©em, en passant par cette grande priĂšre quâil veut organiser dans tous les pays du monde. Ă lâĂ©poque, je faisais des Ă©tudes de thĂ©ologie et je lui rĂ©ponds que son idĂ©e correspond parfaitement Ă ce que demande le pape Jean-Paul II, qui engage Ă se mettre en priĂšre autour de Marie pour prĂ©parer le grand JubilĂ© de lâan 2000 « comme dans un Nouvel Avent ». Je me mets donc Ă sa disposition pour un an et il me charge de lâorganisation, du maillage du territoire et de la constitution des Ă©quipes de bĂ©nĂ©voles avec des responsables rĂ©gionaux, dĂ©partementaux, cantonaux et au niveau de chaque village. Edmond avait eu du mal Ă quitter sa famille et Ă faire quelques heures de route pour aller parler de la MĂšre de Dieu en ce dimanche de PentecĂŽte, mais il dira ensuite quâil a Ă©tĂ© bien rĂ©compensĂ©.
Le consensus ecclésial : liberté des laïcs, encouragement des pasteurs
Au printemps 1995, les choses sâaccĂ©lĂšrent. Tous les Ă©vĂȘques de France reçoivent un courrier prĂ©sentant le projet et proposant une rencontre. Plus dâune trentaine dâentre eux sont visitĂ©s ; les remarques sont intĂ©grĂ©es, les formulations ajustĂ©es. Le 13 mai 1995, Mgr Duval, archevĂȘque de Rouen et prĂ©sident de la ConfĂ©rence Ă©piscopale, fixe le cadre : initiative privĂ©e, portĂ©e par des laĂŻcs, encouragĂ©e par plusieurs Ă©vĂȘques responsables de grands sanctuaires marials. La formule est dĂ©cisive : « On nâarrĂȘte pas une priĂšre. » Elle garantit la libertĂ© dâun Ă©lan venu dâen bas, tout en le cadrant dans la communion de lâĂglise. Le 24 juin 1995, dernier samedi avant les vacances, 500 dĂ©lĂ©guĂ©s venus de tous les dĂ©partements se rassemblent Ă Saint-Denis pour la rĂ©vĂ©lation du projet. Câest la fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste et du CĆur ImmaculĂ© de Marie : « prĂ©parer les chemins du Seigneur ».
Les « impossibles » logistiques : une chaĂźne de dons et dâingĂ©niositĂ©
Reste Ă rĂ©soudre lâinsoluble matĂ©riel : en quelques semaines, lâinfrastructure dâun mouvement national est montĂ©e. Les 108 statues et icĂŽnes sont reproduites, ainsi quâune nouvelle image de Notre-Dame de France, sculptĂ©e Ă ma demande par madame Paulette Leconte. Une statue magnifique, qui sera finalement dupliquĂ©e et diffusĂ©e Ă plus de 15 000 exemplaires, dans le monde entier, et qui servira aussi au « M » de Marie. Le 13 juillet, 110 remorques (dont deux de secours) sont commandĂ©es dans le Nord. Un marchĂ© est conclu avec le CAT de Chinon (90 personnes en situation de handicap) pour transformer ces remorques en « Maisons de Marie », chapelles vitrĂ©es et moquettĂ©es, que la presse baptisera « mamamobiles ». Un contrat parallĂšle avec Peugeot et un loueur met Ă disposition 108 voitures blanches type 106. Un total de 370 000 livrets bleus sont Ă©ditĂ©s et diffusĂ©s partout : ils dĂ©clenchent un flot de courrier, de dons, de propositions dâaccueil, de chauffeurs bĂ©nĂ©voles.
Le choix du Puy-en-Velay, antique sanctuaire au cĆur de la France
Il fallait un starting-block qui soit un signe. Le Puy-en-Velay est le plus ancien sanctuaire marial dâEurope, capitale mariale dominĂ©e par une statue monumentale de la Vierge⊠nommĂ©e, elle aussi, « Notre-Dame de France », et son Ă©vĂȘque, Mgr Henri Brincard, Ă©vĂȘque du Puy, est trĂšs marial et nous accueille avec joie. Le 7 septembre au soir, 108 remorques et 108 images convergent de tous les dĂ©partements vers la ville. Le lendemain, 8 septembre 1995 â fĂȘte de la NativitĂ© de la Vierge â, la ville est pavoisĂ©e aux couleurs de Marie. Les statues prennent place sur les marches de la cathĂ©drale, face Ă la foule ; les images font le tour du pays ; la tĂ©lĂ©vision relaie partout un Ă©tonnement bienveillant. Ă quinze heures, sous un ciel qui se dĂ©gage, le pĂšlerinage se lance et, pendant la messe, un peu plus tard, Mgr Brincard, Mgr Gaidon, Ă©vĂȘque de Cahors, et Mgr Van Thuan, venu spĂ©cialement de Rome, bĂ©nissent « Marie aux 108 noms », ambassadrices des diocĂšses. La foule rĂ©pond : « Priez pour nous », comme un mĂȘme chĆur de provinces. Plus de 4 000 personnes communient Ă ce dĂ©part. Sept autres Ă©vĂȘques â gardiens de grands sanctuaires â avaient Ă©crit pour soutenir lâĆuvre (Le Puy, Chartres, Le Laus, Pellevoisin, La Garde, Rocamadour, Liesse).
Un « Nouvel Avent » vers lâan 2000
LâĂ©lan ne vient pas de nulle part : Jean-Paul II a demandĂ© que le JubilĂ© de lâan 2000 soit prĂ©parĂ©, avec Marie, comme un « nouvel Avent ». Les Vierges pĂšlerines donnent un visage concret Ă cet appel. En un an (1995-1996), elles proposeront 40 000 veillĂ©es de priĂšre, partout en France. Puis, en 1996, la dynamique sâouvre au monde : bĂ©nĂ©diction Ă Rome le 8 dĂ©cembre ; visite au patriarche BartholomĂ©e Ier, Ă Constantinople, le 14 dĂ©cembre ; extension sur quatre ans Ă 120 pays ; et, le 24 dĂ©cembre 1999, « point dâorgue » Ă BethlĂ©em, avec 82 nationalitĂ©s et douze Ăglises chrĂ©tiennes rĂ©unies pour la nuit de NoĂ«l. Ă lâarriĂšre-plan, la mĂȘme logique : Marie visite, rĂ©unit, prĂ©pare les cĆurs.
Une Ćuvre de peuple : dons, talents, Ă©preuves et fruits
La rĂ©ussite tient Ă une alchimie trĂšs simple. Une idĂ©e humble, claire, portĂ©e par la priĂšre ; un cadre ecclĂ©sial juste (initiative laĂŻque, encouragement des pasteurs) ; et une masse de petites gĂ©nĂ©rositĂ©s qui composent un grand fleuve : des sculpteurs (91 au total), un mouleur (HervĂ© Capelli), des carrossiers, des imprimeurs, des chauffeurs bĂ©nĂ©voles, des Ă©quipes diocĂ©saines, des municipalitĂ©s parfois inattendues, des mĂ©dias souvent Ă©tonnamment ouverts. Il y a des Ă©preuves, des critiques, des impondĂ©rables ; elles sont assumĂ©es avec patience et persĂ©vĂ©rance. Et des fruits en foule : retours Ă Dieu, conversions, guĂ©risons, fioretti, au dĂ©tour dâun village, dâune nationale, ou mĂȘme, plus tard, sur une route de Bagdad ou dans le Kurdistan. Les « mamamobiles » Ă©tonnent, mais elles rassemblent.
Le 8 septembre 1995 : pourquoi ce jour est la « preuve »
Si lâon cherche le moment oĂč tous les fils se nouent, câest ce 8 septembre, au Puy. Tout y converge : la date liturgique (naissance de Marie), le lieu matriciel (le plus ancien sanctuaire marial dâEurope), le nom (Notre-Dame de France), la bĂ©nĂ©diction dâun Ă©vĂȘque gardien des lieux, la prĂ©sence et la faveur de plusieurs pasteurs, lâadhĂ©sion populaire, la mĂ©tĂ©o elle-mĂȘme qui « sâouvre ». Mais, derriĂšre lâĂ©vĂ©nement, on lit le patient tissage : une conversion (1984), une statue retrouvĂ©e (1988), deux signes concordants (rĂȘve et intuition), des annĂ©es dâenracinement (1989-1994), une rencontre charismatique et organisatrice (PentecĂŽte 1994), un cadre ecclĂ©sial sage (mai 1995), une date-signal (24 juin 1995), un miracle logistique (juillet-aoĂ»t 1995). Autrement dit : rien nâĂ©tait « automatique », tout a Ă©tĂ© donnĂ© Ă point nommĂ©. Câest prĂ©cisĂ©ment ce que lâon nomme, en langage croyant, la Providence.
AprÚs le départ : une fécondité en cascade
Le « oui » du 8 septembre ne fut pas un feu de paille. En sept ans, le mouvement devient lâun des plus grands pĂšlerinages jamais organisĂ©s : des millions de chapelets distribuĂ©s, des millions de kilomĂštres parcourus, prĂšs de 120 pays touchĂ©s, plus de 10 000 statues et icĂŽnes finalement envoyĂ©es dans le monde. Le projet « Marie de Nazareth » naĂźtra de cette sĂšve (un centre spirituel Ă Nazareth) et la veillĂ©e de BethlĂ©em, au deux milliĂšme NoĂ«l, scellera symboliquement lâintuition de dĂ©part : faire de Marie la pĂ©dagogue dâun « Avent » contemporain.
Le style dâEdmond : une foi qui rend tout possible
Reste la figure dâEdmond Fricoteaux, sans laquelle on ne comprend pas lâunitĂ© du rĂ©cit. Sa foi, nĂ©e en 1984, nâa jamais Ă©tĂ© une exaltation fugace : elle sâest traduite par de lâaudace, de la tĂ©nacitĂ©, une capacitĂ© à « dĂ©placer des montagnes » en associant des compĂ©tences extrĂȘmement diverses. Il a reçu, discernĂ©, consultĂ©, rectifiĂ©, recommencĂ©. Et, quand lâĂglise a dit : « initiative privĂ©e, encouragĂ©e », il a su rester Ă sa place â celle dâun laĂŻc Ă©vangĂ©lisateur â en laissant la place aux pasteurs. Câest cette humilitĂ© efficace qui a permis au dessein de Marie de passer du « rĂȘve » Ă la route.
Conclusion : la logique de la Providence
Regarder le 8 septembre 1995 comme un pur exploit dâorganisation, ce serait manquer lâessentiel. Ce jour-lĂ couronne un chapelet de « hasards » trop ajustĂ©s pour ĂȘtre de simples coĂŻncidences : une parole qui transperce Ă Rome, une statue rĂȘvĂ©e qui existe dĂ©jĂ , une trouvaille improbable dans les caves dâune mairie, un peuple qui souscrit, une foule qui se rassemble, un rĂȘve et une intuition concordants, une rencontre de PentecĂŽte qui apporte la compĂ©tence pratique, des Ă©vĂȘques qui cadrent sans Ă©touffer, une date de la Saint-Jean-Baptiste et du CĆur ImmaculĂ© pour lancer le mouvement, des remorques livrĂ©es Ă temps et transformĂ©es par des mains souvent fragiles, des voitures blanches qui apparaissent quand il le faut, un livret bleu qui rĂ©veille la ferveur, un sanctuaire millĂ©naire qui ouvre ses marches, un ciel qui sâĂ©claircit Ă lâheure prĂ©cise.
La Providence nâabolit pas lâeffort humain ; elle lâaimante et lâorchestre. Au Puy, le 8 septembre 1995, la France a vu une idĂ©e spirituelle devenir un fait : 108 Vierges pĂšlerines, « Marie aux 108 noms », partant bĂ©nies pour 40 000 veillĂ©es en un an. Il ne restait plus quâĂ suivre â et Ă prier. Câest ce que fit une multitude ; et câest pourquoi, longtemps aprĂšs, on peut relire ce dĂ©part non comme un souvenir mais comme un signe : quand Marie veut visiter ses enfants, Dieu prĂ©pare les chemins.
Olivier Bonnassies
Olivier Bonnassies, est ancien Ă©lĂšve de lâĂcole Polytechnique (X86), diplĂŽmĂ© de lâInstitut HEC start up et de lâInstitut Catholique de Paris (licence en thĂ©ologie).
Entrepreneur, il a créé plusieurs sociĂ©tĂ©s. Non croyant jusquâĂ lâĂąge de 20 ans, il est auteur dâune vingtaine de livres et de vidĂ©os et de quelques spectacles, scĂ©narios, articles, newsletters et sites Internet comme Marie de Nazareth sur des sujets souvent liĂ©s Ă la rationalitĂ© de la foi.
Au delĂ
Prenez Marie chez vous ! Des statues de Notre-Dame de France de 90 ou 45 centimĂštres peuvent ĂȘtre acquises facilement. Ă lâimage de Joseph ( Mt 1,20 ) ou de Jean ( Jn 19,27 ), prendre ainsi Marie « chez soi » est un acte de foi par lequel nous accueillons au cĆur de nos vies la Vierge, qui vient avec JĂ©sus, doux et humble de cĆur, offrir toute sa protection et sa tendresse.
Aller plus loin
Le magnifique documentaire de Pierre BarnĂ©rias qui retrace en image lâensemble de lâaventure des Vierges pĂšlerines.
En complément
Le mouvement de priÚre des Vierges pÚlerines raconté dans « Notre Histoire avec Marie »
Lâhistoire de la statue monumentale de Notre-Dame de France , dâ Edmond Fricoteaux et du pĂšlerinage de Notre-Dame de France racontĂ©e sur le site de la confrĂ©rie Notre-Dame de France
Le livre Notre-Dame de France en images (tome 1), Téqui, 1999.
Source : 1000 raisons de croire
08/09/2025
La voyante, qui prendra ensuite le nom de Marie France en devenant vierge consacrĂ©e dans la Pieuse Union des Adoratrices du CĆur de JĂ©sus quâelle crĂ©a, a transmis une priĂšre Ă rĂ©citer pour la France : « Mon Fils, pardonnez-lui, elle vous aime toujours puisqu'elle n'a jamais cessĂ© de m'aimer... » et une belle promesse de la part de la Vierge :
« Si, en union avec mon Divin Fils, j'aime toutes les nations qu'Il a rachetĂ©es de Son Sang, vois comme je chĂ©ris tout particuliĂšrement ta chĂšre Patrie... Mon Fils dĂ©sire que l'on fasse des images et des statues me reprĂ©sentant ainsi et que l'on m'invoque sous le vocable de Notre Dame de France. Si l'on rĂ©pond Ă ce nouveau dĂ©sir de Son Divin CĆur, la France reviendra tout particuliĂšrement mienne, je la prendrai Ă jamais sous ma maternelle protection et mon Fils se plaira Ă rĂ©pandre sur elle d'abondantes bĂ©nĂ©dictions ».
Mgr Roland Gosselin, Ă©vĂȘque de Versailles de 1931 Ă 1952, approuva officiellement la Pieuse union des Adoratrices du SacrĂ©-CĆur et permit dâimprimer lâimage de « Marie Reine de France » ainsi que la priĂšre rĂ©vĂ©lĂ©e au cours des apparitions, mais il nây eut jamais de jugement canonique dĂ©finitif sur ces faits qui sont un peu oubliĂ©s aujourdâhui.
DâaprĂšs Les Apparitions de Versailles â Marie, Reine de France, JĂ©sus, Roi de France, par Jean Robin, Editions Pierre TĂ©qui
07/09/2025
Le pape a soulignĂ© dans son homĂ©lie l'importance de ne pas "gaspiller sa vie en dehors du projet de Dieu", un message qui rĂ©sonne avec force dans notre sociĂ©tĂ© moderne. La saintetĂ©, loin d'ĂȘtre un idĂ©al lointain, est prĂ©sentĂ©e comme un chemin concret, celui du dĂ©tachement de soi pour adhĂ©rer Ă la volontĂ© divine.
Dans ce contexte, le pape Léon XIV a mis en parallÚle les vies de ces deux nouveaux saints, les présentant comme des modÚles pour la jeunesse d'aujourd'hui :
Pier Giorgio Frassati : cet étudiant du XXe siÚcle, dont la joie de vivre et la charité lui ont valu le surnom d'« entreprise de transport Frassati », a montré qu'une foi authentique se traduit par une action sociale et politique courageuse.
Carlo Acutis : cet adolescent du XXIe siĂšcle, passionnĂ© d'informatique, a su allier ferveur eucharistique et culture numĂ©rique. Il a laissĂ© un hĂ©ritage puissant, montrant que la saintetĂ© peut s'Ă©panouir au cĆur de la vie quotidienne. "Devant le soleil, on se bronze. Devant lâEucharistie, on devient saint", disait-il.
Le pape a également utilisé l'exemple de Carlo Acutis pour mettre en évidence la force de l'Eucharistie face aux critiques et aux remises en question. On pense à ce propos à la polémique récente avec le théologien Andrea Grillo, qui a qualifié la piété eucharistique de Carlo Acutis d'« obsessionnelle » et de « dépassée ».
En rĂ©affirmant que « la tristesse, câest le regard tournĂ© vers soi-mĂȘme, le bonheur, câest le regard tournĂ© vers Dieu », LĂ©on XIV a rappelĂ© l'importance de se tourner vers le Christ pour trouver le bonheur.
Un appel direct Ă la jeunesse
Cette double canonisation est une exhortation pour la jeunesse Ă ne pas avoir peur de la radicalitĂ© de l'Ăvangile. Pour le pape, la vie doit ĂȘtre un chef-d'Ćuvre. Cet appel fort reprend d'ailleurs la devise de Frassati, "Verso l'alto, vers le sommet", et invite chacun, croyant ou non, Ă orienter sa vie vers le haut.
Ces deux nouveaux saints, l'un du début du XXe siÚcle et l'autre du début du XXIe, incarnent, chacun à leur maniÚre, la vocation de tout baptisé à la plénitude de la vie chrétienne. Ils illustrent, avec éloquence, que la jeunesse n'est pas une période d'attente, mais un moment de floraison de la sainteté.
06/09/2025
L'article s'ouvre sur un constat sombre : la persĂ©cution des chrĂ©tiens se multiplie Ă travers le monde, que ce soit en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, en Inde ou mĂȘme en France. Cette rĂ©alitĂ© fait Ă©cho aux paroles du Christ lui-mĂȘme, citĂ©es par l'auteure, qui affirment ne pas ĂȘtre venu apporter la paix, mais le "glaive" et la "division" (Matthieu 10, 34 et Luc 12, 51). Ces paroles, paradoxales pour une vision humaine de la paix, sont la clĂ© pour comprendre que la paix du Christ ne s'obtient pas par des compromis ou des trĂȘves artificielles, mais par une fidĂ©litĂ© inĂ©branlable au "vrai bien".
Une jeunesse enracinĂ©e et fidĂšle đ
Maitena Urbistondoy souligne un signe d'espoir au milieu de ce chaos : le JubilĂ© des jeunes Ă Rome. Cet Ă©vĂ©nement, qui a rassemblĂ© des millions de jeunes catholiques, n'est pas vu comme une simple parenthĂšse d'enthousiasme, mais comme la preuve qu'une jeunesse enracinĂ©e dans la foi refuse de se rĂ©signer. L'auteur met en garde contre deux extrĂȘmes : s'enflammer au point de se dĂ©courager ou, au contraire, refroidir l'ardeur par des exigences trop lourdes. L'idĂ©e est plutĂŽt de cultiver une paix intĂ©rieure qui n'est ni vengeance, ni complaisance, mais une force qui se manifeste Ă travers la charitĂ© et la persĂ©vĂ©rance.
L'article insiste sur l'importance de l'exemple des martyrs de notre temps, qui nous enseignent que "la paix du Christ n'est pas donnĂ©e en dehors de la Croix". Accepter le combat pour la vĂ©ritĂ©, c'est aussi accepter d'ĂȘtre rejetĂ© et de faire face Ă l'inconfort. La paix chrĂ©tienne se manifeste "dans la fidĂ©litĂ© jusqu'au bout, mĂȘme quand tout semble s'effondrer autour de nous". L'auteur conclut cette section en citant Pie XI, qui rappelait la nĂ©cessitĂ© d'une paix qui pĂ©nĂštre les cĆurs, loin d'une paix "artificielle et extĂ©rieure".
Ătre artisans de paix aujourd'hui âš
L'Ă©ditorial aborde ensuite les dĂ©fis de notre Ă©poque, marquĂ©e par un "effondrement moral et culturel". Face Ă des dĂ©rives telles que la sĂ©lection d'embryons selon des critĂšres arbitraires, le chrĂ©tien n'est pas appelĂ© Ă "subir" mais Ă "rayonner". Ce rayonnement est une manifestation de la vraie paix qui existe dĂ©jĂ , "mĂȘme au milieu des tempĂȘtes".
L'auteur le résume bien :
« Il nous revient dâĂȘtre la lumiĂšre dont le monde a besoin en incarnant lâĂ©quilibre qui vient de Dieu. »
Cet appel Ă ĂȘtre un "artisan de paix" est exigeant. Il nous demande de dĂ©fendre inlassablement la vĂ©ritĂ© de l'Ăvangile, non pas comme une option parmi d'autres, mais comme le tĂ©moignage d'un bien supĂ©rieur. La conclusion de l'article est un vĂ©ritable appel Ă l'action. Loin de s'idĂ©aliser un passĂ© rĂ©volu ou un futur imaginaire, Maitena Urbistondoy nous invite Ă vivre la paix du Christ dans le prĂ©sent, en Ă©cho Ă la cĂ©lĂšbre exhortation de Saint A
ugustin :
« Ne dites pas que les temps sont mauvais, vous ĂȘtes les temps. Soyez bons et les temps seront bons. »
En somme, cet Ă©ditorial nous rappelle que la paix du Christ n'est pas une passivitĂ©, mais une force active et vivante, un combat pour la justice qui nous transforme nous-mĂȘmes et le monde qui nous entoure.
05/09/2025
Une joie qui se nourrit de la souffrance
Alors que la tuberculose la consume et que ses jours sont comptĂ©s, ThĂ©rĂšse de Lisieux choisit de ne pas s'enfermer dans l'amertume. Loin d'ĂȘtre un hymne Ă la douleur, son poĂšme « Ma joie » est une offrande, un acte d'amour qui transforme l'Ă©preuve en un chemin d'union avec Dieu.
Elle ose affirmer : « Vraiment je suis par trop heureuse, / Je fais toujours ma volontĂ©âŠ. / Pourrais-je nâĂȘtre pas joyeuse / Et ne pas montrer ma gaĂźtĂ© ?⊠».
Cette joie ne se nourrit pas d'une absence de souffrance, mais de l'acceptation de celle-ci, comme le rĂ©vĂšlent ces vers saisissants : « Ma joie, câest dâaimer la souffrance, / Je souris en versant des pleurs / Jâaccepte avec reconnaissance / Les Ă©pines mĂȘlĂ©es aux fleurs. ».
ThĂ©rĂšse de Lisieux ne fuit pas l'Ă©preuve, elle l'accueille comme une participation au mystĂšre de la croix, une maniĂšre de s'unir Ă la Passion du Christ. C'est en se faisant toute petite qu'elle trouve une force inĂ©puisable : « Ma joie, câest de rester petite / Aussi quand je tombe en chemin / Je puis me relever bien vite / Et JĂ©sus me prend par la main ».
Un message intemporel de résilience et d'amour
Ă notre Ă©poque, oĂč la douleur est souvent perçue comme un obstacle Ă Ă©liminer, le poĂšme de ThĂ©rĂšse de Lisieux est une vĂ©ritable provocation. Il nous invite Ă changer de perspective et Ă voir la souffrance non pas comme une fatalitĂ©, mais comme une opportunitĂ© de croissance et de libertĂ© intĂ©rieure.
« Je veux bien souffrir sans le dire / Pour que JĂ©sus soit consolĂ© / Ma joie, câest de le voir sourire / Lorsque mon cĆur est exilĂ©âŠ. ».
Pour ThĂ©rĂšse, la joie n'est pas un simple sentiment Ă©phĂ©mĂšre, mais un Ă©tat d'ĂȘtre profondĂ©ment enracinĂ© dans l'amour. Cet amour la pousse Ă affirmer que mĂȘme dans l'adversitĂ©, sa seule joie est de pouvoir faire plaisir Ă Dieu : « Ma seule joie sur cette terre / Câest de pouvoir te rĂ©jouir. ».
En nous montrant comment transformer les Ă©preuves en une offrande d'amour, ThĂ©rĂšse de Lisieux nous livre une clĂ© prĂ©cieuse pour affronter la duretĂ© de la vie. Son poĂšme est un rappel puissant que, mĂȘme au cĆur de l'ombre, une joie profonde et inaltĂ©rable peut naĂźtre et tout transfigurer.
« Ma joie » (PN 45, 21 janvier 1897)
« Il est des ùmes sur la terre
Qui cherchent en vain le bonheur
Mais pour moi, câest tout le contraire
La joie se trouve dans mon cĆur
Cette joie nâest pas Ă©phĂ©mĂšre
Je la possĂšde sans retour
Comme une rose printaniĂšre
Elle me sourit chaque jour.
Vraiment je suis par trop heureuse,
Je fais toujours ma volontĂ©âŠ.
Pourrais-je nâĂȘtre pas joyeuse
Et ne pas montrer ma gaĂźtĂ© ?âŠ
Ma joie, câest dâaimer la souffrance,
Je souris en versant des pleurs
Jâaccepte avec reconnaissance
Les Ă©pines mĂȘlĂ©es aux fleurs.
Lorsque le Ciel bleu devient sombre
Et quâil semble me dĂ©laisser,
Ma joie, câest de rester dans lâombre
De me cacher, de mâabaisser.
Ma joie, câest la VolontĂ© Sainte
De Jésus mon unique amour
Ainsi je vis sans nulle crainte
Jâaime autant la nuit que le jour.
Ma joie, câest de rester petite
Aussi quand je tombe en chemin
Je puis me relever bien vite
Et Jésus me prend par la main
Alors le comblant de caresses
Je Lui dis quâIl est tout pour moi
Et je redouble de tendresses
LorsquâIl se dĂ©robe Ă ma foi.
Si parfois je verse des larmes
Ma joie, câest de les bien cacher
Oh ! que la souffrance a de charmes
Quand de fleurs on sait la voiler !
Je veux bien souffrir sans le dire
Pour que Jésus soit consolé
Ma joie, câest de le voir sourire
Lorsque mon cĆur est exilĂ©âŠ.
Ma joie, câest de lutter sans cesse
Afin dâenfanter des Ă©lus.
Câest le cĆur brĂ»lant de tendresse
De souvent redire à Jésus :
« Pour toi, mon Divin petit FrÚre
Je suis heureuse de souffrir
Ma seule joie sur cette terre
Câest de pouvoir te rĂ©jouir.»
« Longtemps encor je veux bien vivre
Seigneur, si câest lĂ ton dĂ©sir
Dans le Ciel je voudrais te suivre
Si cela te faisait plaisir.
Lâamour, ce feu de la Patrie
Ne cesse de me consumer
Que me font la mort ou la vie?
JĂ©sus, ma joie, câest de tâaimer! »
D'aprÚs Tribune Chrétienne
04/09/2025
De l'islam radical à la foi catholique : un parcours vers la paix intérieure
Dans un entretien poignant accordĂ© au Journal du Dimanche, Bruno Guillot, ancien imam salafiste, lĂšve le voile sur son parcours hors du commun, de son adhĂ©sion Ă l'islam radical Ă sa rĂ©cente conversion au catholicisme. Son livre, "Adieu Soulayman. ItinĂ©raire d'un imam salafiste", publiĂ© aux Ă©ditions ArtĂšge, se prĂ©sente comme un tĂ©moignage brutal et honnĂȘte des coulisses de l'islam radical et de la quĂȘte d'une vĂ©ritĂ© spirituelle qui le mĂšnera finalement Ă la paix.
Un vide spirituel comblé par le salafisme
NĂ© en Belgique de parents français, Bruno Guillot se convertit Ă l'Ăąge de 15 ans. Le dĂ©clic ? Des relations familiales tendues et la rencontre de jeunes Marocains au sein desquels il trouve la chaleur et l'appartenance qui lui manquaient. Pour lui, le constat est sans appel : « C'est la dĂ©christianisation qui fait l'islamisation. » Il insiste sur la nature prosĂ©lyte de l'islam qui, selon lui, comble le vide spirituel de nombreux jeunes EuropĂ©ens en quĂȘte d'un enracinement.
Son parcours le mĂšne en Arabie saoudite, oĂč il devient un prĂȘcheur salafiste reconnu. Il dĂ©nonce alors la stratĂ©gie de conquĂȘte du royaume qui, Ă travers l'universitĂ© islamique de MĂ©dine, vise Ă propager le wahhabisme en Occident. Le discours est clair : « il est inconcevable de remettre en cause la charia ou le statut de mĂ©crĂ©ants attribuĂ© aux juifs et aux chrĂ©tiens. » Bien que se considĂ©rant comme un salafiste quiĂ©tiste, il admet la porositĂ© de la frontiĂšre avec le djihadisme, dĂ©clarant que « seule la temporalitĂ© nous diffĂ©rencie des djihadistes. »
La quĂȘte d'une sĂ©rĂ©nitĂ© retrouvĂ©e
MalgrĂ© son immersion totale dans le salafisme, le doute finit par s'installer. Bruno Guillot dĂ©crit une religion « qui tyrannise ses propres fidĂšles » par sa rigueur constante, entraĂźnant une fatigue profonde. C'est dans ce moment de faiblesse qu'une nouvelle quĂȘte spirituelle commence. Il se convertit au catholicisme, une dĂ©cision qui lui vaudra une fatwa. AprĂšs des annĂ©es d'Ă©tudes thĂ©ologiques, la rĂ©vĂ©lation se fait autour d'un simple verset : « Dieu est amour. »
Il tĂ©moigne de la paix inĂ©galable qu'il a trouvĂ©e dans sa nouvelle foi. Son parcours est une illustration de la quĂȘte de sens qui anime l'ĂȘtre humain et qui, pour lui, a trouvĂ© sa rĂ©ponse dans un message d'amour, Ă l'opposĂ© de la tyrannie qu'il avait connue.
Points clés du livre Adieu Soulayman :
02/09/2025
Saint Pie X (1835-1914) - "Tout restaurer dans le Christ "
Il est difficile de résumer l'activité d'un pontificat qui fut d'une si grande importance dans la vie de l'Eglise. Le livre que nous citons en référence regroupe ces actes sous divers titres; nous en retiendrons deux :
SAINT PIE X ET LE MODERNISME
On sait que l'hĂ©rĂ©sie moderniste, "synthĂšse de toutes les hĂ©rĂ©sies", fait de la RĂ©vĂ©lation une Ă©motion personnelle; la rĂ©vĂ©lation n'est plus une affirmation mais une expĂ©rience; c'est l'homme qui se parle Ă lui-mĂȘme. Il s'agit alors de penser "historiquement" la Foi. Cette hĂ©rĂ©sie refleurit et ce sont les mĂȘmes thĂšses qu'au dĂ©but du siĂšcle, notait le pape Paul VI. "Le modernisme pĂ©nĂštre partout avec un certain esprit de libre examen plein de pĂ©rils", Ă©crit en 1969 le PrĂ©sident de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France.
Face à cette erreur multiforme et à son appareil, la premiÚre mesure prise sous le pontificat de saint Pie X est la mise à l'index, dÚs la fin de 1903, des principaux ouvrages de l'abbé Loisy. Un peu plus tard, interviennent la mise à l'index d'ouvrages d'autres modernistes français. En 1907, des mesures plus générales viennent compléter cette action :
- le décret Lamentabili du 3-4 juillet 1907 dénonce 65 propositions modernistes
-l'encyclique Pascendi Dominici Gregis du 8 septembre 1907 reprend ces propositions, non plus de façon isolée, mais en montrant leur lien. Cette encyclique est un traité doctrinal qu'il faut étudier.
SAINT PIE X ET LA FRANCE
Vis-Ă -vis de la France, le pontificat de saint Pie X est marquĂ© par deux textes particuliĂšrement importants de doctrine sociale : l'encyclique Vehementer (11 fĂ©vrier 1906) condamnant la sĂ©paration de l'Eglise et de l'Etat, telle que l'instituait la loi de 1905 et la lettre Ă l'Episcopat condamnant le mouvement du Sillon, expression du modernisme social (Notre charge apostolique, 25 aoĂ»t 1910). Il est certain que la portĂ©e de ces deux textes dĂ©passe le cadre français. Dans le second, s'Ă©levant contre "ceux qui ne craignent pas de faire entre l'Evangile et la RĂ©volution des rapprochements blasphĂ©matoires", contre ceux dont "le rĂȘve est de changer les bases naturelles et traditionnelles et de promettre une citĂ© future Ă©difiĂ©e sur d'autres principes", il rappelle le fondement de toute rĂ©novation de la sociĂ©tĂ© :
"Non, on ne bĂątira pas de citĂ© autrement que Dieu ne l'a bĂątie; on n'Ă©difiera pas la sociĂ©tĂ©, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus Ă inventer, ni la citĂ© nouvelle Ă bĂątir dans les nuĂ©es. Elle a Ă©tĂ©, elle est; c'est la civilisation chrĂ©tienne, c'est la citĂ© catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la rĂ©volte et de lâimpiĂ©tĂ©. "omnia instaurare in Christo".
Ces textes, aussi actuels aujourd'hui qu'au dĂ©but du siĂšcle, mĂ©ritent d'ĂȘtre lus, Ă©tudiĂ©s, mĂ©ditĂ©s.
On a souvent dans nos chapitres évoqué la prophétie de saint Pie X : "Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa premiÚre vocation... elle ne périra jamais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes... (Elle entendra à nouveau la voix de Jésus) "Va, fille aßnée de l'Eglise, nation prédestinée... va porter comme par le passé mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre ".
Et c'est encore en s'adressant Ă notre pays que saint Pie X dĂ©clare : "Le salut de la France ne peut ĂȘtre obtenu que par la reconnaissance du rĂšgne du Christ sur la nation" (8 mai 1906).
Source : ND de Chrétienté
Références : - Saint Pie X de Icillio Felici - Traduction d'une vie de saint Pie X, écrite en 1954 sous le titre italien "Il papa delle Eucaristica". Publication du Courrier de Rome 1991 (B P. 156 - 780001 Versailles). - "Le Courrier de Rome" vient également de publier en deux volumes de 800 p. l'ensemble des documents pontificaux de saint Pie X.
02/09/2025
Le 16 fĂ©vrier 1892, le pape LĂ©on XIII publiait l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » sur l'Ăglise et l'Ătat en France, qui ouvrait la voie Ă la participation des catholiques Ă la vie politique de la RĂ©publique française. D'oĂč le terme de « Ralliement », qui a historiquement dĂ©fini cette politique d'adhĂ©sion.
L'encyclique , dans sa premiĂšre partie, reprend les observations sur la « conspiration » de la politique moderne contre les droits de l'Ăglise, dĂ©jĂ exprimĂ©es dans des encycliques prĂ©cĂ©dentes, et appelle les catholiques Ă se rassembler afin de former « une grande unitĂ© ». Les raisons doctrinales par lesquelles LĂ©on XIII soutient la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de participation unie Ă la vie politique de la RĂ©publique antichrĂ©tienne sont les suivantes : a) toutes les formes de gouvernement sont Ă©galement valables en elles-mĂȘmes ; b) leur adĂ©quation dĂ©pend de la diversitĂ© des caractĂšres et des coutumes des peuples ; c) aucune forme politique ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©finitive et immuable ; d) mĂȘme en ce qui concerne le gouvernement rĂ©publicain actuel, les catholiques doivent s'engager unis « Ă prĂ©server ou Ă accroĂźtre la grandeur morale de leur pays » ; e) cependant, dit-on, cette forme de gouvernement est antichrĂ©tienne : LĂ©on propose ici la distinction entre « pouvoirs constituĂ©s » et « lĂ©gislation ». Il peut arriver qu'un pouvoir constituĂ© valide produise une lĂ©gislation terrible, ou qu'un pouvoir dĂ©fectueux produise une bonne lĂ©gislation, car « la qualitĂ© des lois dĂ©pend plus de la qualitĂ© des hommes investis du pouvoir que de la forme du pouvoir ». Les catholiques français doivent donc s'unir « comme un seul homme », mĂȘme dans la RĂ©publique dĂ©mocratique, contre les abus de la lĂ©gislation.
Dans un article publiĂ© dans Die Tagespost le 24 juillet (lisible en italien sur le blog d'Aldo Maria Valli ) , Martin Grichting rĂ©examine la question en comparant LĂ©on XIII Ă LĂ©on XIV. Selon lui, LĂ©on XIII a marquĂ© un tournant par rapport aux positions de son prĂ©dĂ©cesseur, Pie IX, encore attachĂ© au rĂ©gime prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution française, Ă©poque Ă laquelle, Ă©crit l'auteur, la RĂ©publique Ă©tait considĂ©rĂ©e comme le diable. Dans son encyclique de 1892, LĂ©on XIII affirmait qu'aucune forme de gouvernement n'est immuable, affirmant que la reconnaissance de nouvelles formes de gouvernement Ă©tait non seulement permise, mais mĂȘme nĂ©cessaire au bien de la sociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsque, sous cette nouvelle forme dĂ©mocratique, un gouvernement antichrĂ©tien combattait l'Ăglise. Les catholiques devaient abandonner l'« Ătat catholique », adhĂ©rer Ă la RĂ©publique et utiliser tous les moyens dĂ©mocratiques pour dĂ©fendre l'Ăvangile et les droits de l'Ăglise.
L'abbĂ© Claude Barthe, qui a revisitĂ© le sujet dans certains de ses Ă©crits rĂ©cents, est d'un avis diffĂ©rent . Selon lui, croire que toute forme de gouvernement peut ĂȘtre bonne et que le rĂ©gime de la RĂ©publique française ne saurait a priori ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une tyrannie revient Ă mĂ©connaĂźtre la dĂ©mocratie moderne, celle nĂ©e avec la DĂ©claration des Droits de l'Homme durant la phase constituante de la RĂ©volution française, qui fonde sa lĂ©gitimitĂ© non pas sur Dieu mais sur la nation. Cette dĂ©mocratie ne peut ĂȘtre bonne car elle n'est pas neutre ; la distinction entre « pouvoirs Ă©tablis » et « lĂ©gislation » ne s'y applique donc pas. DĂ©finir le droit de tuer un enfant innocent comme l'un des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution française revient Ă affirmer la supĂ©rioritĂ© de la « volontĂ© gĂ©nĂ©rale » des individus sur la volontĂ© de Dieu. C'est pourquoi « la tactique lĂ©onine Ă©tait rĂ©solument erronĂ©e ». (C. Barthe, Las consignas de LeĂłn XIII : une fausse bonne idĂ©e, Verbo, n. 629-630, novembre-dĂ©cembre 2024, pp. 825-834 ; Id., La dimension politique de la dĂ©fense du droit naturel , Verbo, n. 627-628, aoĂ»t-septembre-octobre 2024, pp. 575-584). Dans cette rupture produite par la RĂ©publique dĂ©mocratique, selon Don Barthe, on ne pouvait pas voir la volontĂ© dâĂ©loigner lâĂglise de la scĂšne publique et de lâintĂ©grer dans des structures institutionnelles qui organiseraient progressivement la sĂ©paration entre lâĂglise et la sociĂ©tĂ©. En effet, de nombreux catholiques libĂ©raux â « avec une naĂŻvetĂ© parfois trĂšs touchante » â y voyaient une opportunitĂ© et « le catholicisme dĂ©mocratique retrouverait une influence dans la libertĂ© moderne quâil perdait de jour en jour, restant liĂ© aux rĂȘves de restauration du christianisme » (C. Barthe, Trouvera-t-il encore la foi sur terre ? , Fede & Cultura, VĂ©rone 2024, p. 25).
Stefano Fontana
01/09/2025
Recension d'un article de Y.M. Sévillia du 14 07 25 sur Bd Voltaire.
Dans le collimateur de l'Ăducation nationale, l'Ă©tablissement privĂ© Stanislas est devenu le symbole des tensions qui menacent l'enseignement catholique et le principe de la libertĂ© scolaire. Sous pression depuis une enquĂȘte de l'Inspection gĂ©nĂ©rale, l'Ă©cole parisienne est mise en demeure de modifier certains de ses enseignements, notamment son cours de "culture chrĂ©tienne". Cette affaire dĂ©passe le cadre d'un simple Ă©tablissement : elle soulĂšve la question du "caractĂšre propre" de l'enseignement catholique, une notion au cĆur de la loi DebrĂ© de 1959.
Le "navire amiral" attaqué
L'article explore les dĂ©fis auxquels l'enseignement catholique est confrontĂ© Ă travers le prisme de l'affaire Stanislas. L'Ă©tablissement parisien, qualifiĂ© de «âŻnavire amiralâŻÂ» de l'enseignement privĂ© sous contrat, se retrouve au cĆur d'une controverse majeure. Tout a commencĂ© par des accusations de «âŻsexiste et homophobeâŻÂ» Ă©manant de mĂ©dias, suivies d'une sĂ©rie de visites de l'acadĂ©mie de Paris et d'un rapport de l'Inspection gĂ©nĂ©rale de l'Ă©ducation, du sport et de la recherche (IGESR). L'Ăducation nationale exige dĂ©sormais des ajustements, notamment pour les cours de sexualitĂ© et, surtout, pour l'enseignement de "culture chrĂ©tienne", jugĂ© trop proche de l'instruction religieuse.
Le directeur de l'Ă©tablissement, Igor Le Diagon, a d'ailleurs exprimĂ© sa surprise quant Ă la demande de rendre facultatif cet enseignement, une mesure qui, selon lui, affecte l'ensemble de l'enseignement catholique. Comme le souligne un cadre expĂ©rimentĂ©, «âŻla loi peut faire lâobjet dâinterprĂ©tations... Ă partir de quand implique-t-on la foi des Ă©lĂšvesâŻ?âŻÂ». Cela met en lumiĂšre la fragilitĂ© de la notion de «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» de ces Ă©tablissements, qui, si l'on ne peut plus y aborder la foi chrĂ©tienne, perdrait tout son sens.
Un combat idéologique et une menace sur les libertés
L'article insiste sur la nature profondĂ©ment idĂ©ologique de ce conflit, qu'il dĂ©crit comme la «âŻrĂ©surgence de la vieille lutte anticlĂ©ricale dâune gauche viscĂ©ralement opposĂ©e Ă lâenseignement privĂ©âŻÂ». Cette opposition, incarnĂ©e par des figures politiques qui rĂ©clament la rupture du contrat de l'Ătat avec Stanislas, vise non seulement l'enseignement religieux, mais aussi la libertĂ© d'enseignement elle-mĂȘme.
Le texte souligne qu'au-delĂ de la sphĂšre confessionnelle, cette affaire devrait prĂ©occuper tous les Français, car elle reflĂšte une menace plus large sur les libertĂ©s fondamentales. Il pointe Ă©galement le silence des Ă©vĂȘques, considĂ©rĂ©s comme les seuls Ă pouvoir dĂ©fendre ce «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» et Ă s'opposer fermement Ă ces remises en question.
En conclusion, l'article dresse un tableau sombre de la situation de l'enseignement catholique en France, avec l'affaire Stanislas comme point de rupture. Plus qu'une simple controverse, il s'agit d'un vĂ©ritable combat idĂ©ologique oĂč la notion de "caractĂšre propre" des Ă©tablissements catholiques est mise Ă l'Ă©preuve.
Yves-Marie Sévillia conclut en posant une question essentielle : si la culture chrétienne ne fait plus partie de l'identité de l'enseignement catholique, quelle est la prochaine étape et comment les libertés d'enseignement et de conscience seront-elles préservées à l'avenir ?
31/08/2025
L'article s'appuie sur plusieurs points forts de la pensée de Dom Guéranger, illustrés par des citations percutantes et des idées clés :
Sur le lien entre liturgie et Tradition : toute hérésie commence par une réforme liturgique.
« Tout sectaire voulant introduire une doctrine nouvelle se trouve infailliblement en présence de la Liturgie, qui est la Tradition à sa plus haute puissance. »
Cette phrase illustre la conviction de Guéranger que la liturgie n'est pas une simple formalité, mais le garant de la foi.
Sur la critique des Ă©vĂȘques et le clĂ©ricalisme :
L'article souligne que GuĂ©ranger a dĂ©noncĂ© un « clĂ©ricalisme complaisant, plus soucieux de plaire aux gouvernements quâĂ Dieu », et rappelĂ© que le rĂŽle de lâĂ©vĂȘque nâest pas « dâinventer une foi Ă la mesure des modes ou des intĂ©rĂȘts du moment, mais de transmettre fidĂšlement ce quâil a reçu. » Cette critique vise Ă rĂ©veiller les pasteurs endormis et Ă les remettre au service de la Tradition et de la communion universelle.
Sur l'actualité de son message :
L'auteur fait le parallĂšle avec la pensĂ©e du Cardinal Robert Sarah, qui a affirmĂ© que « Lorsque la liturgie devient un spectacle mondain, elle perd sa dimension de mystĂšre et cesse dâĂȘtre une rencontre avec Dieu. » Cette citation contemporaine valide l'intuition de Dom GuĂ©ranger, montrant que son combat pour la liturgie est toujours d'actualitĂ©.
En conclusion, l'article dresse un portrait complet de Dom Prosper Guéranger, insistant sur son rÎle de réformateur et de critique. Il ne fut pas un simple polémiste, mais un bùtisseur qui, en restaurant la vie monastique, le chant grégorien et le sens du sacré, a préparé le mouvement liturgique du XXe siÚcle.
L'article soutient que la luciditĂ© de Dom GuĂ©ranger est un modĂšle pour notre Ă©poque, oĂč l'Ăglise fait face Ă des courants cherchant Ă diluer sa doctrine pour s'adapter aux mentalitĂ©s contemporaines. La dĂ©fense de la liturgie, vĂ©cue en continuitĂ© avec Rome et la Tradition, est prĂ©sentĂ©e comme le rempart sĂ»r de la foi et le chemin vers l'unitĂ© catholique, faisant de l'hĂ©ritage de GuĂ©ranger une boussole essentielle pour l'Ăglise d'aujourd'hui.
Mathilde de Virene, Tribune Chrétienne
30/08/2025
Une vraie vie de priĂšre
Dom Chautard appelle au contraire Ă la primautĂ© de la vie intĂ©rieureâ: pour lui, Ćuvres apostoliques et vie spirituelle sont Ă©galement voulues par Dieu, qui vient Ă la rencontre de lâhumanitĂ© dans lâIncarnation et dans lâĂglise, et dĂ©sire voir revenir Ă lui tous ses enfants. Mais le trappiste avertit des dangers dâune vie active menĂ©e sans vie intĂ©rieure, tandis quâil met en avant les bienfaits dâun juste Ă©quilibre des deux, lâapostolat Ă©tant le lieu dâexercice des vertus et des dons reçus de Dieu dans la priĂšre. Pour lui, seules sont vraiment fĂ©condes les Ćuvres apostoliques animĂ©es par une vraie vie de priĂšreâ: oraison et vie intĂ©rieure sont le foyer dâĂ©nergie indispensable de la vie apostolique de lâĂglise.
Bien que de tradition bĂ©nĂ©dictine et trappiste, donc purement contemplative, le rappel de dom Chautard nâajoute rien de nouveau. Son intuition rejoint celle des fondateurs des ordres mendiants au XIIIe siĂšcle. Sait-on que saint Dominique fonda un couvent de religieuses contemplatives, Ă Prouilhe (HĂ©rault), avant de sâentourer des premiers frĂšres prĂȘcheursâ? Dans la tradition de son ordre, la contemplation a toujours eu le premier pas sur la missionâ: contemplare et contemplata aliis tradere, «âŻcontempler puis en communiquer le fruit Ă autruiâŻÂ». Cet adage, parfois considĂ©rĂ© comme la devise des PrĂȘcheurs, est tirĂ© des Ćuvres de leur docteur, saint Thomas. Dans sa Somme thĂ©ologique, lâAquinate montre que lâĂ©tat de vie le plus parfait est celui des religieux qui unissent contemplation et actionâ: «âŻCâest faire Ćuvre plus grande de transmettre aux autres [ce que lâon a contemplĂ©] que de contempler seulement.âŻÂ»
Pour lui, il ne sâagit de rien de moins que dâimiter au plus prĂšs le Christâ: «âŻLa vie active, par laquelle quelquâun transmet aux autres, en prĂȘchant et en enseignant, ce quâil a contemplĂ©, est plus parfaite quâune vie oĂč lâon contemple seulement, car une telle vie prĂ©suppose lâabondance de la contemplation. Et câest pour cela que le Christ a choisi une telle vie.âŻÂ» Dans les Ă©vangiles, on voit en effet que JĂ©sus prend le temps de la priĂšre avant de lancer le dĂ©part de son action apostoliqueâ: «âŻEn ces jours-lĂ , JĂ©sus sâen alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit Ă prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom dâApĂŽtresâŻÂ»(Lc 6, 12-13).
ThérÚse à Saïgon
Contemplation et actionâ: les deux formes de vie consacrĂ©e, rĂ©unies dans la vocation dominicaine, franciscaine ou carme, furent encouragĂ©es de concert par les papes et les supĂ©rieurs religieux pour soutenir lâapostolat dans les pays de mission. Câest ainsi que lâon chercha dĂšs le XIXe siĂšcle Ă implanter en Asie du Sud-Est des communautĂ©s contemplativesâ: sainte Marie de JĂ©sus-CrucifiĂ© participe en 1870 Ă la fondation du premier carmel dâInde Ă Mangaloreâ; sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus faillit rejoindre le carmel de SaĂŻgon, premier dâIndochine, fondĂ© en 1861, ou sa fondation dâHanoĂŻ, ouverte en 1895. En Chine, câest dom Vital Lehodey, abbĂ© trappiste de Bricquebec, dont la pensĂ©e et les ouvrages (Le Saint Abandon, 1919) suivent la ligne de dom Chautard, qui envoie les premiers moines, arrivĂ©s en 1883 Ă Notre-Dame de Consolation de Yangjiaping, qui essaimera en 1928 prĂšs de Hong Kong. En AlgĂ©rie, les trappistes dâAiguebelle nâavaient pas attendu plus dâune douzaine dâannĂ©es pour fonder Ă StaouĂ«li, puis reviendront Ă Notre-Dame de lâAtlas, sur le domaine de TibhirineâŠ
Un levier pour soulever le monde
Câest ainsi que le 14 dĂ©cembre 1927, le pape PieâŻXI fit de la petite ThĂ©rĂšse, qui nâavait pas quittĂ© Lisieux depuis son entrĂ©e dans la vie religieuse, Ă 16 ans, la patronne universelle des missions Ă lâĂ©gal de saint François-Xavier. La jeune carmĂ©lite ne faisait en cela que suivre lâexemple de son homonyme et rĂ©formatrice dâAvila, qui rĂ©pĂ©tait au soir de sa vieâ: «âŻJe suis fille de lâĂglise.âŻÂ» ArrivĂ©e au terme de son itinĂ©raire terrestre, parvenue au stade unitif de la vie dâoraison, la Madre Ă©tait cette Ăąme de feu, embrasĂ©e dâamour divin, portant les souffrances de lâĂglise universelle et prĂȘte Ă enflammer le monde.
Pourquoi les pionniĂšres de lâoraison sont-elles devenues les patronnes des missionsâ? Elles Ă©taient convaincues que lâaction de lâĂglise doit ĂȘtre un prolongement de celle du Christâ: câest donc en lui ââŻet non dans leurs propres ressourcesâŻâ que se puise tout vrai Ă©lan missionnaire. En outre «âŻle bien se communique par natureâŻÂ», et la contemplation des mystĂšres sacrĂ©s remplit lâĂąme dâune joie surnaturelle qui tend Ă se rĂ©pandre partout autour dâelle. Enfin, et plus fondamentalement peut-ĂȘtre, le contact divin, rĂ©gulier et profond, de lâoraison transforme vraiment lâĂąme et la change Ă lâimage du Christ, dont le visage dâamour, resplendissant sur ceux qui le reflĂštent, est seul Ă mĂȘme de toucher vraiment les cĆurs et de les ramener vers son PĂšre. «âŻUn savant a ditâ: âDonnez-moi un levier, un point dâappui, et je soulĂšverai le mondeâ. [âŠ] Les saints lâont obtenu dans toute sa plĂ©nitude. Le Tout-Puissant leur a donnĂ© pour points dâappuiâ: lui-mĂȘme et lui seulâ; pour levierâ: LâoraisonâŻÂ» (Sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus).â
Abbé Paul Roy, FSSP source CLAVES
29/08/2025
Ă l'occasion d'un vidĂ©omessage adressĂ© Ă la Province augustinienne de Saint Thomas de Villanova ce vendredi 29 aoĂ»t , le pape LĂ©on XIV a rappelĂ© avec force « lâimportance du silence dans le bruit de ce monde ». Pour lui, la priĂšre et le silence ne sont pas de simples pratiques spirituelles, mais des conditions indispensables pour « entendre la voix de Dieu ». Une Ă©coute qui doit sâexercer bien au-delĂ de la parole divine, sâĂ©tendant Ă©galement Ă ceux qui nous entourent : « Nous avons lâopportunitĂ© et la responsabilitĂ© dâĂ©couter lâEsprit Saint ; de nous Ă©couter mutuellement ; dâĂ©couter la voix des pauvres et de ceux qui sont en marge, dont la voix doit ĂȘtre entendue ».
Sâinspirant de saint Augustin, le Saint-PĂšre insiste sur le fait que la vĂ©ritable Ă©coute ne se fait pas Ă lâextĂ©rieur, mais dans notre « sanctuaire intĂ©rieur ». Il cite une phrase Ă©loquente du grand thĂ©ologien : « Nâayez pas votre cĆur dans vos oreilles, mais vos oreilles dans votre cĆur ». Cette approche souligne que l'Ă©coute est loin d'ĂȘtre passive : elle demande une conversion intĂ©rieure, un silence « habitĂ© par Dieu ».
Le pontife met en garde contre la cacophonie du monde moderne, qui peut facilement « nourrir notre agitation et voler notre joie ». Pour contrer ce phénomÚne, il nous exhorte à une véritable « ascÚse intérieure » afin de « filtrer le bruit » et de « faire taire les voix qui divisent ».
Le silence, source de parole féconde et de charité
Le pape LĂ©on XIV rappelle que ce silence nâest pas une fuite, mais qu'il est profondĂ©ment « fĂ©cond ». En cultivant cette Ă©coute intĂ©rieure, le chrĂ©tien se prĂ©pare Ă une parole juste et fraternelle. Celui qui a su Ă©couter Dieu dans le secret de son cĆur est ensuite capable de partager cette vĂ©ritĂ© et de travailler Ă lâunitĂ©.
Ce message est un rappel, en particulier pour ceux qui, parfois, intellectualisent la foi au point de la vider de son souffle. Loin des « discours sans fin » et des constructions abstraites, lâavenir de la foi se joue dans « des cĆurs attentifs Ă la voix de Dieu, capables de la traduire en charitĂ© concrĂšte ».
Le silence comme remĂšde
Dans un monde saturĂ© d'informations et de bavardages, l'appel du pape LĂ©on XIV au silence sonne comme un remĂšde puissant. Il nous rappelle que pour agir et parler justement, il faut dâabord ĂȘtre. Le silence nâest pas un vide Ă combler, mais un espace Ă habiter pour que Dieu puisse nous parler. C'est en faisant ce pas de cĂŽtĂ©, loin des bruits du monde, que nous pouvons retrouver la fraĂźcheur de lâĂvangile et nous laisser transformer, pour ensuite transformer le monde.
Source : Tribune Chrétienne
28/08/2025
En Inde, les violences contre les fidĂšles, encouragĂ©es par des responsables politiques, montrent combien la foi chrĂ©tienne est menacĂ©e. En France, les agressions et profanations dâĂ©glises se multiplient, comme une hostilitĂ© diffuse gagnant chaque jour du terrain. Partout, sous des formes diverses, les chrĂ©tiens sont frappĂ©s.
Le Christ lui-mĂȘme nous a avertis : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutĂŽt la division » (Lc 12, 51). Ces paroles, Ă rebours de nos reprĂ©sentations humaines, rĂ©vĂšlent que la paix du Christ nâest pas un confort tranquille. Elle est dâune autre nature. Elle nâest pas un Ă©tat figĂ©, mais un combat permanent pour la justice.
Autrement dit, il nây a pas de paix sans vĂ©ritĂ© ni sans justice. Le monde peut promettre des trĂȘves ou des compromis ; seule la fidĂ©litĂ© au vrai bien engendre une paix durable.
Une jeunesse enracinée dans la foi
Pourtant face Ă un monde en guerre, cette paix sâest manifestĂ©e avec Ă©clat cet Ă©tĂ©, lors du JubilĂ© des jeunes Ă Rome. Plus dâun million de jeunes, venus de 146 pays, se sont rassemblĂ©s autour du pape LĂ©on XIV Ă Saint-Pierre, au cirque Maxime puis Ă Tor Vergata. Ce nâĂ©tait pas une parenthĂšse dâenthousiasme mais le signe que la jeunesse catholique, enracinĂ©e dans la foi, refuse de se rĂ©signer. Cet Ă©lan doit ĂȘtre accompagnĂ© avec discernement : il ne sâagit pas de sâenflammer au point de se dĂ©courager quand la difficultĂ© surgira, ni de refroidir lâardeur par des exigences trop lourdes dĂšs le dĂ©part.
Mais quelle paix cherchons-nous rĂ©ellement ? Certainement pas celle de la vengeance, ni celle de la complaisance. Les persĂ©cutions, les injustices, les insultes nâappellent pas la haine en retour. Elles sont lâoccasion de manifester une autre force : celle de la charitĂ©, de la persĂ©vĂ©rance, de la fidĂ©litĂ©.
Pie XI le rappelait :
« Il y a bien peu Ă attendre dâune paix artificielle et extĂ©rieure qui rĂšgle et commande les rapports rĂ©ciproques des hommes comme ferait un code de politesse ; ce quâil faut, câest une paix qui pĂ©nĂštre les cĆurs, les apaise et les ouvre peu Ă peu Ă des sentiments rĂ©ciproques de charitĂ© fraternelle » (Ubi arcano Dei).
Notre refus du dĂ©sordre nâest donc pas une rĂ©action Ă©pidermique Ă lâinconfort ou au chaos ambiant, mais un enracinement dans la quĂȘte de justice.
DĂ©fendre la paix, câest refuser de travestir le bien et le mal, mĂȘme quand les lois deviennent schizophrĂšnes et que la sociĂ©tĂ© semble prĂ©fĂ©rer ses intĂ©rĂȘts particuliers Ă la recherche du bien commun.
Une fidĂ©litĂ© jusquâau bout
Lâexemple des martyrs de notre temps nous rappelle quâaccepter le combat pour la vĂ©ritĂ© est aussi accepter dâĂȘtre rejetĂ©.
Comme eux, nous devons recevoir ces Ă©preuves comme une purification. Car la paix du Christ nâest pas donnĂ©e en dehors de la Croix : elle se manifeste prĂ©cisĂ©ment dans la fidĂ©litĂ© jusquâau bout, mĂȘme quand tout semble sâeffondrer autour de nous. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelĂ©s fils de Dieu » (Mt 5, 9).
Mais cet artisanat est exigeant : il demande de rĂ©pĂ©ter inlassablement, Ă temps et Ă contre-temps, la vĂ©ritĂ© de lâĂvangile, mĂȘme quand nos contemporains prĂ©fĂšrent dĂ©tourner le regard.
Beaucoup refusent de voir lâĂ©vidence de lâeffondrement moral et culturel de notre sociĂ©tĂ©. Lâobsession de « lâenfant parfait » en est une illustration. Des « start-up » de biotechnologie proposent dĂ©jĂ de sĂ©lectionner les embryons selon des critĂšres arbitraires : beautĂ©, performances intellectuelles, absence de fragilitĂ©s⊠Mais ce nâest pas une raison pour se taire. Il nous revient dâĂȘtre la lumiĂšre dont le monde a besoin, non pas en dĂ©fendant une option parmi dâautres, mais en incarnant lâĂ©quilibre qui vient de Dieu. Ătre artisan de paix, câest ĂȘtre tĂ©moin de la vĂ©ritĂ©, coĂ»te que coĂ»te, avec patience et charitĂ©.
Le monde est en guerre contre les disciples du Christ. Mais le chrĂ©tien nâest pas condamnĂ© Ă subir : il est appelĂ© Ă rayonner, Ă manifester que la vraie paix existe dĂ©jĂ , mĂȘme au milieu des tempĂȘtes. Elle nâest pas une utopie mais une promesse vivante car le Christ a dĂ©jĂ vaincu le monde.
Alors ne cĂ©dons pas au dĂ©couragement. NâidĂ©alisons pas un passĂ© rĂ©volu, ni ne rĂȘvons dâun futur imaginaire. La paix du Christ est Ă accueillir et Ă vivre aujourdâhui comme saint Augustin nous y exhorte : « Ne dites pas que les temps sont mauvais, vous ĂȘtes les temps. Soyez bons et les temps seront bons. » (Sermon 80)
Maitena Urbistondoy
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27/08/2025
Le concept des expĂ©riences de mort imminente (EMI) a captivĂ© l'imagination populaire et le monde scientifique pendant des dĂ©cennies. Le Dr. Patrick Theillier, ancien directeur du Bureau des constatations mĂ©dicales de Lourdes, est interrogĂ© par VĂ©ronique Jacquier de France Catholique offre un point de vue unique. L'article se concentre sur la maniĂšre dont les EMI peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es Ă travers le prisme de la foi chrĂ©tienne, les dĂ©crivant non seulement comme des phĂ©nomĂšnes mystĂ©rieux, mais aussi comme un message d'espoir en accord avec la doctrine de l'Ăglise.
Les EMI comme message d'espoir et de réaffirmation de la foi
Selon le Dr Theillier, les EMI sont bien plus que de simples hallucinations. Il les dĂ©finit comme un ensemble de visions et de sensations vĂ©cues par des personnes en Ă©tat de mort clinique. Ces expĂ©riences transforment profondĂ©ment les individus, les amenant Ă voir la mort non pas comme une fin, mais comme un simple passage. Il soutient que dans une sociĂ©tĂ© occidentale marquĂ©e par une "apostasie silencieuse", ces expĂ©riences agissent comme un message prophĂ©tique. Elles rappellent Ă l'humanitĂ© que la vie ne s'arrĂȘte pas Ă la mort et qu'elle est un chemin vers une autre vie remplie d'amour infini. L'article suggĂšre que les EMI sont une manifestation de la misĂ©ricorde de Dieu, cherchant Ă ramener le monde Ă la vie divine.
Concordance entre EMI et doctrine chrétienne
L'un des arguments centraux de l'article est que les EMI sont en parfaite harmonie avec l'enseignement de l'Ăglise. Le Dr Theillier affirme que leurs caractĂ©ristiques coĂŻncident avec des doctrines chrĂ©tiennes fondamentales, telles que l'existence de la vie Ă©ternelle, la sĂ©paration de l'Ăąme et du corps, l'immortalitĂ© de l'Ăąme, et le jugement particulier aprĂšs la mort. Il avance que les EMI apportent une confirmation tangible de l'existence d'une rĂ©alitĂ© spirituelle et de l'immortalitĂ© de l'Ăąme, renforçant la croyance chrĂ©tienne. L'article va plus loin en citant des exemples de saints, comme ThĂ©rĂšse d'Avila et Mariam Baouardy, qui auraient vĂ©cu des expĂ©riences similaires, qui ont agi comme des Ă©vĂ©nements fondateurs dans leurs vies.
La résurrection de la chair à la lumiÚre des EMI
L'article aborde Ă©galement la question complexe de la rĂ©surrection de la chair. Se rĂ©fĂ©rant Ă des thĂ©ologiens comme les PĂšres François Varillon et Jean-Marc Bot, le Dr Theillier propose une interprĂ©tation selon laquelle l'Ăąme sĂ©parĂ©e du corps aprĂšs la mort conserve une "mĂ©moire du corps". Cela signifie que notre identitĂ©, y compris notre histoire et notre personnalitĂ©, est prĂ©servĂ©e. Les tĂ©moignages de ceux qui ont vĂ©cu des EMI, et qui disent avoir rencontrĂ© des ĂȘtres chers dĂ©funts "rajeunis et transfigurĂ©s", sont citĂ©s comme preuve. L'article soutient que la rĂ©surrection de la chair est un processus qui commence dĂšs notre conception et se poursuit tout au long de notre vie dans l'au-delĂ , en particulier aprĂšs notre baptĂȘme. Les EMI, selon lui, corroborent cette vision de notre destinĂ©e.
Conséquences éthiques : les EMI et le débat sur l'euthanasie
L'article conclut en évoquant l'importance des EMI dans le débat sur l'euthanasie. En soulignant l'existence de la vie aprÚs la mort, les EMI offrent une perspective qui contredit l'idée que la vie physique est la seule réalité. Selon le Dr Theillier, la connaissance de ces expériences peut nous détourner de l'euthanasie et du suicide assisté. Elles rappellent que la mort n'est pas la fin, mais une transition. Le langage utilisé, comme "fin de vie" au lieu d'euthanasie, est perçu comme une négation de cette réalité spirituelle, renforçant l'argument selon lequel ces expériences sont une expression de la miséricorde divine pour un monde désorienté.
26/08/2025
Si (sou)rire est le propre de lâhomme (1), pleurer certainement aussi. Non les larmes de crocodile ou celles, indignes, du lĂąche et du pleutre ! Mais celles, authentiques, dâĂ©merveillement ou de chagrin, qui montent aux yeux de lâanimal spirituel en certaines occasions, comme une priĂšre (2). Larmes indissociables de dĂ©solation et de consolation, les premiĂšres appelant les secondes (3). Elles le renvoient alors Ă sa dimension dâĂȘtre vulnĂ©rable, prĂ©caire, blessĂ© par le pĂ©chĂ© originel, capable dâune pieuse Ă©motion dans ses bonheurs et ses malheurs terrestres ainsi assumĂ©s. Charles Baudelaire lui-mĂȘme le reconnaĂźt de cette maniĂšre Ă©difiante :
« Car câest vraiment, Seigneur, le meilleur tĂ©moignage
« Que nous puissions donner de notre dignité
« Que cet ardent sanglot qui roule dâĂąge en Ăąge
« Et vient mourir au bord de votre éternité ! »
(Les Fleurs du Mal, âLes Pharesâ)
Les larmes des hommes touchent le CĆur de Dieu, dont le nom est MisĂ©ricorde, car elles lui appartiennent, commente le pĂšre Jean-François Thomas (dans Aleteia). On Ă©voque justement le mot quâErnest Hello attribue Ă sainte Rose de Lima : « Les larmes sont Ă Dieu, et quiconque les verse sans songer Ă lui, les lui vole » (Paroles de Dieu, âLes larmes dans lâĂcritureâ). « La Providence est un Pactole de larmes », qui pĂšse sans mesure dans « la balance du Juge des douleurs humaines », traduit autrement LĂ©on Bloy âŠ
Dans ces vĂ©ritables moments dâexception, ne retiens pas tes larmes par fausse pudeur ou respect humain ! Câest en effet une force, dont se prive lâorgueil, de bien vouloir admettre quâon a besoin dâĂȘtre consolĂ© par un Amour supĂ©rieur. Les larmes ne sont pas lâapanage des femmes. JĂ©sus lui-mĂȘme, Ă plusieurs reprises, nous en a donnĂ© lâexemple. Et Il nous a confiĂ© cette bĂ©atitude rĂ©vĂ©latrice, qui arrose en quelque sorte toutes les autres en cette vallĂ©e de larmes baignĂ©e par son amour rĂ©dempteur : â Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolĂ©s !
â Ne pleure pas (Lc 7, 13), anticipe pour ainsi dire Notre Seigneur Ă la vue de la veuve de NaĂŻn, en deuil de son fils unique quâIl ressuscite et « remet Ă sa mĂšre », touchĂ© de compassion pour elle ; comme Il le sera aussi pour JaĂŻre implorant la guĂ©rison de sa fille (Lc 8, 40-56). « Dans notre exil, nous soupirons, mais nous rencontrons parfois des compagnons qui ont vu la citĂ© sainte (oĂč Dieu essuiera toute larme, il nây aura plus ni deuil, ni plainte, ni fatigue : Ap 21,4) et qui nous invitent Ă y courir », explique pour sa part saint Augustin.
« Celui qui sĂšme dans les larmes rĂ©coltera dans la joie », nous prĂ©venait dĂ©jĂ le psaume 125. Saint Pierre en a fait lâexpĂ©rience singuliĂšre dans sa dĂ©loyautĂ© mĂȘme, Ă la diffĂ©rence de Judas. En entendant le chant du coq, il a eu honte et sâest repenti aussitĂŽt : la source de ses larmes jaillit dâun cĆur de chair broyĂ© mais dĂ©jĂ pardonnĂ©, rĂ©conciliĂ© au CĆur transpercĂ© de JĂ©sus. Qui donnera le premier chef de lâEglise et le martyr que lâon sait.
On pourrait dire de ce don des larmes ce que nous disions du don des mĂ©rites dans la communion des saints (cf. Europa Scouts n° 156) : comme aucun de nos sacrifices, aucune de ces larmes prĂ©cieuses (quâelle soit versĂ©e pour une souffrance crucifiante ou pour une joie illuminĂ©e) nâest perdue ni perdante. « Elle est recueillie et versĂ©e dans le calice du Sang du MaĂźtre comme cette goutte dâeau de lâoffertoire qui nous rend participants Ă la divinitĂ© de Celui qui a Ă©pousĂ© notre humanitĂ© » (P. Thomas). MystĂ©rieuse confraternitĂ© des larmes !
Paradoxalement, au lieu de nous rebeller ou de nous dĂ©sespĂ©rer, ces sanglots libĂ©rateurs qui nous Ă©chappent parfois des entrailles peuvent apaiser et purifier notre cĆur de pierre bien friable, dans une Ă©tonnante correspondance tant immanente que transcendante. Ces larmes nous font redevenir comme des petits enfants fragiles et transparents, ces âtout-petitsâ au sens Ă©vangĂ©lique du terme, confiants et dĂ©pendants dans leur affection, pleins dâabandon et dâhumilitĂ©. Elles expriment une comprĂ©hension imperceptible, une intuition indicible aussi fugitive soit-elle, comme une conscience infuse, du lien intime de nos amours terrestres avec ce souverain Bien trinitaire : PĂšre maternel, Verbe fraternel et Esprit consolateur, cet Amour infini, personnel et crĂ©ateur, qui nous a aimĂ©s le premier (I Jn 4,19). Comme un morceau angĂ©lique de trĂšs belle musique, ces larmes adoucissent nos trop dures et parodiques mĆurs humaines. Le don des larmes est une grĂące. Une grĂące de communion. Un Ă©change de donsâŠ
Une école de conversion
Des lamentations des psaumes aux larmes de Notre Dame dans ses apparitions, en passant par les pleurs des plus grands saints (de Marie-Madeleine Ă Monique sans oublier François et DominiqueâŠ), les larmes douces ou amĂšres, de peine ou de joie, de dĂ©rĂ©liction ou de contemplation (devant la beautĂ© de la crĂ©ature ou de lâĆuvre dâart), de nostalgie ou de retrouvailles, de componction ou de contrition⊠sont une Ă©cole de conversion. Comme « il est nĂ©cessaire de faire lâĂ©ducation de nos sourires » (ClĂ©ment dâAlexandrie), il faut faire celle de nos larmes. Apprendre Ă pleurer, câest quelque part apprendre Ă mourir, se convertir, « mouiller Ă la grĂące » (PĂ©guy), câest-Ă -dire se disposer Ă bien rencontrer notre RĂ©dempteur.
MĂȘme sâils ne se distribuent pas de la mĂȘme maniĂšre et Ă Ă©galitĂ©, les deux (sourires et larmes) sont au reste du mĂȘme genre de âdisciplineâ, dâascĂšse et de spiritualitĂ©, par leur vertu dâapaisement et de calme, de force et de douceur. Dans leur volontĂ© dâapporter le Christ, les « porteurs de sourire » (Guy de Larigaudie) ne tardent jamais Ă ĂȘtre de vrais porteurs de larmes et inversement. Leur bonheur a inĂ©vitablement une croix. Pensons notamment Ă notre petite sĆur louvette Anne-Gabrielle Caron (morte dâun cancer osseux), dont le sourire radieux et lĂ©gendaire rĂ©pondait Ă combien de larmes versĂ©es sur fond de joie chrĂ©tienne. « Seule une larme coule au moment oĂč elle quitte ce monde. Une larme de joie ? En voyant le Ciel, sublime fin de son calvaire offert avec tant de charitĂ© et de courage », a Ă©crit Daniel-Ange.
« Un jour, alors quâelle contemple une image du Christ en croix, elle sâĂ©crit : âNon, câest trop !â Sa maman, croyant quâelle a un accĂšs de douleur, sâapproche. Mais Anne-Gabrielle lĂšve alors la tĂȘte, des larmes pleins les yeux et la regarde avec dĂ©tresse, elle explicite : âJĂ©sus. Il a trop souffert.â(âŠ)
Quand, la voyant si malheureuse de perdre ses cheveux, je lui dis : âTrĂšs sincĂšrement, ma chĂ©rie, si je pouvais perdre mes cheveux Ă ta place, je le ferais tout de suiteâ, elle sourit, touchĂ©e. HonnĂȘtement, je continuai : âJe ne peux pas dire que je voudrais ĂȘtre malade Ă ta place car je ne sais pas si je pourrais supporter tout ce que tu supportes (surtout, ce que je ne lui dis pas, câest que jâĂ©tais sĂ»re, moi, de ne pas ĂȘtre prĂȘte du tout Ă paraĂźtre devant Dieu â contrairement Ă elle).â Elle sourit encore.
â Mais cela me rend vraiment malheureuse de voir que lâon ne peut rien faire pour toi.
Mais vous faßtes déjà beaucoup.
Que fait-on, ma chérie ?
Vous mâaimez. » (âŠ)
Les derniers jours, elle est paralysĂ©e, ne peut plus bouger, ni voir. Elle ne peut mĂȘme plus sourire complĂštement. Son plus grand regret est de âne plus pouvoir faire de vrais baisersâ. Quand elle se croit seule : âJĂ©sus, JĂ©sus, jâai mal partout.â Elle appelle JĂ©sus Ă son secours, doucement, comme un ami. »
(DâaprĂšs le journal intime de ses parents)
Sans en abuser dans un sentimentalisme, un romantisme ou un misĂ©rabilisme de mauvais aloi, apprenons donc Ă pleurer sincĂšrement quand les larmes montent aux yeux (fenĂȘtres) de lâĂąme et viennent comme une priĂšre et une offrande spirituelle. Si la guide ou le scout peuvent ĂȘtre des « semeurs de joie » (Larigaudie), câest parce quâils donnent et se donnent en souriant mais aussi, quelque fois et plus rarement, en pleurant hardiment.
Hermine (Rémi Fontaine)
(1)« Semer du sourire » dans Parole de scout, éditions Sainte-Madeleine, p. 133.
(2)Dans Une larme mâa sauvĂ©e (Les ArĂšnes), AngĂšle Lieby tĂ©moigne comment une larme prĂ©cisĂ©ment peut tĂ©moigner de la dignitĂ© inamissible de lâĂȘtre humain, fut-il plongĂ© dans un Ă©tat comatique prĂ©tendument âvĂ©gĂ©tatif â.
(3)« Seigneur, je pleure trĂšs souvent. Est-ce de tristesse en songeant Ă ce que je souffre ? Est-ce de joie en me souvenant de vous ? Comment dĂ©mĂȘler cela et comment ne pas pleurer en essayant de le dĂ©mĂȘler ? » LĂ©on Bloy.