Le blog du Temps de l'Immaculée.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Avril 25 Mai 25 Juin25 Mars 25 Nov. 2024 Octobre 2024 Fev.25 Jan 25
La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

22/04/2025

La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

Du Docteur Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

 

À 7h35 du matin, le 21 avril 2025, lundi de PĂąques, l'Ăąme de Jorge Mario Bergoglio s'est sĂ©parĂ©e de son corps mortel pour se prĂ©senter au Jugement Divin. Ce n’est qu’au Jour du Jugement dernier que nous saurons quelle a Ă©tĂ© la sentence du Tribunal suprĂȘme devant lequel chacun de nous devra un jour comparaĂźtre pour le pape François. Aujourd'hui, nous prions pour le repos de son Ăąme, comme l'Église le fait publiquement dans ses novendiaux, et, prĂ©cisĂ©ment parce que l'Église est une sociĂ©tĂ© publique, nous unissons Ă  nos priĂšres une tentative de jugement historique sur son pontificat. 

 

Jorge Mario Bergoglio, le 266e pontife romain, le premier Ă  porter le nom de François, fut le Vicaire du Christ pendant douze ans, mĂȘme s'il prĂ©fĂ©ra celui d'Ă©vĂȘque de Rome Ă  ce nom. Mais l'Ă©vĂȘque de Rome devient tel au moment oĂč, aprĂšs l'Ă©lection, il accepte le munus pĂ©trinien. En acceptant le pontificat, le Pape assume Ă©galement les titres, rapportĂ©s dans l' Annuario Pontificio, d'ÉvĂȘque de Rome, Vicaire de JĂ©sus-Christ, Successeur du Prince des ApĂŽtres, Souverain Pontife de l'Église universelle, Primat d'Italie, ArchevĂȘque et MĂ©tropolite de la Province romaine, Souverain de l'État de la CitĂ© du Vatican, Serviteur des Serviteurs de Dieu, Patriarche d'Occident (ce dernier titre a Ă©tĂ© rĂ©tabli en 2024, aprĂšs avoir Ă©tĂ© supprimĂ© en 2006 par BenoĂźt XVI).

 

Ces titres mĂ©ritent des honneurs particuliers, notamment celui de Vicaire du Christ qui fait du Pape non pas le successeur, mais le reprĂ©sentant sur terre de JĂ©sus-Christ, Dieu-Homme, RĂ©dempteur de l'humanitĂ©. Le Pape reçoit des honneurs non pas pour sa personne, mais pour la dignitĂ© de la mission que le Christ a confiĂ©e Ă  Pierre. De mĂȘme que dans les sacrements chrĂ©tiens un geste exprime une grĂące invisible, de mĂȘme les honneurs (titres, vĂȘtements, cĂ©rĂ©monies) sont des signes sensibles de rĂ©alitĂ©s spirituelles, mĂȘme institutionnelles. L’autoritĂ© est une rĂ©alitĂ© spirituelle et invisible, mais pour ĂȘtre reconnue, elle doit se manifester visiblement, Ă  travers des gestes et des rituels. Sans cela, les institutions risquent de devenir invisibles et la sociĂ©tĂ© religieuse, comme la sociĂ©tĂ© politique, de sombrer dans le chaos. Le christianisme est fondĂ© sur ce principe : le Dieu invisible a pris un visage, un corps, un nom : « Le Verbe s'est fait chair » ( Jn 1, 14) ; « Personne n’a jamais vu Dieu ; « Le Fils unique, qui est dans le sein du PĂšre, c'est lui qui l'a fait connaĂźtre » ( Jn 1, 18). Parmi les auteurs du Nouveau Testament, saint Jean l'ÉvangĂ©liste est celui qui Ă©labore le plus intensĂ©ment une thĂ©ologie de la visibilitĂ© de l'invisible, dans son Évangile, mais surtout dans le Livre de l'Apocalypse , dans lequel le symbole devient une vision prophĂ©tique, pour montrer l'action cachĂ©e de Dieu dans l'histoire.

 

Le pape François n'a montrĂ© aucun respect pour le dĂ©corum de la papautĂ©, depuis son premier « Bonsoir, frĂšres et sƓurs » informel adressĂ© depuis la loggia de Saint-Pierre le jour de son Ă©lection, jusqu'Ă  son apparition publique le 9 avril dernier, lorsqu'il est apparu dans la basilique dans son fauteuil roulant, vĂȘtu d'une couverture rayĂ©e ressemblant Ă  un poncho, sans aucun signe de dignitĂ© papale. Le pape Bergoglio a remplacĂ© le symbolisme sacrĂ© par un symbolisme mĂ©diatique, fait d'images, de mots et de rencontres, qui sont souvent devenus des messages plus forts que les documents officiels : de « Qui suis-je pour juger ? » au lavement des pieds des femmes et des musulmans, jusqu'Ă  sa participation, en 2025, au festival de Sanremo, Ă  travers un message vidĂ©o. Certains disent que, ce faisant, le pape François a « humanisĂ© » la papautĂ©, mais en rĂ©alitĂ©, il l'a banalisĂ©e et mondanisĂ©e. C'est l'institution de la papautĂ©, et non la personne de Jorge Mario Bergoglio, qui a Ă©tĂ© dĂ©gradĂ©e par ces gestes et d'innombrables autres, qui ont sĂ©cularisĂ© le langage et les signes que l'Église a toujours utilisĂ©s pour exprimer le mystĂšre divin. 

 

Le premier Ă  dĂ©pouiller l'Église de sa majestĂ© ne fut pas François, mais Paul VI, Ă  qui l'on doit la renonciation Ă  la tiare, qu'il dĂ©posa le 13 novembre 1964 sur « l'autel du Concile », suivie de l'abolition de la sedia gestatoria, de la garde noble et de la cour papale, qui n'Ă©taient pas des fioritures, mais des signes de l'honneur dĂ» Ă  l'Église catholique romaine, en tant qu'institution humano-divine, fondĂ©e par JĂ©sus-Christ. De ce point de vue, le pontificat de François ne reprĂ©sente pas, comme certains le pensent, une « rupture » avec les prĂ©cĂ©dents, mais apparaĂźt plutĂŽt comme l'accomplissement d'une ligne pastorale introduite par le Concile Vatican II, dont BenoĂźt XVI n'a tentĂ© que partiellement d'inverser le cours. 

 

L’exhortation apostolique Amoris laetitia du 19 mars 2016 a certainement créé une situation de dĂ©sorientation, en raison de l’ouverture aux couples divorcĂ©s remariĂ©s et aux couples en situation « irrĂ©guliĂšre » ; le Document sur la fraternitĂ© humaine signĂ© avec le Grand Imam de la mosquĂ©e Al-Azhar le 4 fĂ©vrier 2019 a Ă©tĂ© une nouvelle Ă©tape sur la voie du faux ƓcumĂ©nisme ; l’encouragement Ă  l’immigration, la promotion de l’agenda anti-mondialiste, la proclamation du « synodalisme », la discrimination des traditionalistes, la possibilitĂ© de bĂ©nir les couples homosexuels et celle accordĂ©e aux laĂŻcs et aux femmes d’accĂ©der Ă  la direction d’un dicastĂšre, sont autant d’évĂ©nements qui ont provoquĂ© des rĂ©actions lĂ©gitimes dans le monde catholique. C'est aussi Ă  cause de cette rĂ©sistance que les objectifs que les Ă©vĂȘques progressistes avaient voulu atteindre, comme l'ordination des femmes diacres, le mariage des prĂȘtres, l'attribution de l'autoritĂ© doctrinale aux confĂ©rences Ă©piscopales, n'ont pas Ă©tĂ© atteints sous le pape François, dĂ©cevant ses plus ardents partisans. L’aspect le plus rĂ©volutionnaire de son pontificat demeure cependant la succession de paroles et d’actions qui ont transformĂ© la perception publique de la primautĂ© de Pierre, la rendant mondaine et l’affaiblissant.

 

Aujourd’hui, une Ă©poque se termine et nous nous demandons quelle nouvelle Ăšre s’ouvrira. Le prochain pape sera peut-ĂȘtre plus conservateur ou plus progressiste que François, mais il ne sera pas bergoglien, car le bergoglianisme n’était pas un projet idĂ©ologique, mais un style de gouvernement, pragmatique, autoritaire et souvent laissĂ© Ă  l’improvisation. En raison Ă©galement de ce manque d’hĂ©ritage, les fortes tensions et polarisations qui se sont dĂ©veloppĂ©es sous le gouvernement de François pourraient exploser dĂšs les jours du conclave. 

 

Il faut Ă©galement rappeler que François a dĂ©clarĂ© une AnnĂ©e Saint Joseph en 2021 ; a consacrĂ© la Russie et l'Ukraine au CƓur ImmaculĂ© de Marie le 25 mars 2022 ; il a consacrĂ© sa quatriĂšme encyclique,  Dilexit nos, du 24 octobre 2024, au culte du SacrĂ©-CƓur : autant de gestes en ligne avec la spiritualitĂ© traditionnelle de l'Église et trĂšs diffĂ©rents du culte paĂŻen de la Pachamama auquel, cependant, le Pape a rendu hommage au Vatican. Les contradictions caractĂ©risent donc l’ùre bergoglienne. François, par exemple, a niĂ© le titre de corĂ©demptrice Ă  Notre-Dame et l’a qualifiĂ©e de « mĂ©ticcia » du MystĂšre de l’Incarnation, mais dans son testament, il a Ă©crit qu’il avait toujours confiĂ© sa vie et son ministĂšre « Ă  la MĂšre de Notre Seigneur, la TrĂšs Sainte Vierge Marie ». Il a donc demandĂ© que sa dĂ©pouille mortelle « repose en attendant le jour de la rĂ©surrection dans la basilique papale de Sainte-Marie-Majeure ». « Je souhaite que mon dernier voyage terrestre se termine prĂ©cisĂ©ment dans cet antique sanctuaire marial oĂč j’allais prier au dĂ©but et Ă  la fin de chaque voyage apostolique pour confier avec confiance mes intentions Ă  la MĂšre ImmaculĂ©e et la remercier de ses soins dociles et maternels ».

 

La Bienheureuse Vierge Marie se voit dĂ©sormais confier son dernier voyage, alors que l’Église fait face Ă  un moment de son histoire d’une gravitĂ© et d’une complexitĂ© extraordinaires. Et c'est Ă  elle, MĂšre du Corps mystique du Christ, que nous confions aujourd'hui toutes nos espĂ©rances, dans la certitude qu'aux jours de souffrance de l'Église succĂšderont bientĂŽt ceux de sa RĂ©surrection et de sa gloire.

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

21/04/2025

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

1. Violation du serment d'Hippocrate et confusion des rÎles médicaux :

De Villiers met en avant l'incompatibilitĂ© fondamentale entre le rĂŽle du soignant et celui de celui qui donne la mort. Il cite le professeur Philippe Juvin : « Demain, en entrant dans la chambre d’un patient, je ne veux pas ĂȘtre amenĂ© Ă  croiser un regard de doute sur ce que je suis venu faire. »
Il rappelle la formulation sans ambiguïté du serment d'Hippocrate : « Tu ne tueras pas. »
Il dĂ©nonce une « rupture anthropologique inouĂŻe » oĂč « ce n’est pas Ă  la mĂ©decine d’administrer la mort. La main qui soigne ne peut ĂȘtre la main qui tue. »


2. Risque de dérives et perte de contrÎle, analogie avec la loi Veil :

De Villiers exprime une forte mĂ©fiance quant Ă  la prĂ©tendue rigueur des conditions d'application de la future loi. Il Ă©tablit un parallĂšle avec la loi Veil sur l'avortement, initialement prĂ©sentĂ©e comme restrictive mais dont l'application s'est Ă©largie avec le temps : « La loi Veil sur l’avortement se voulait trĂšs restrictive. Et puis, trĂšs vite, la digue a lĂąchĂ©. »
Il affirme que dans les pays ayant lĂ©galisĂ© l'euthanasie, on pratique dĂ©sormais le « geste lĂ©tal » pour des motifs plus larges que ceux initialement prĂ©vus : « D’ailleurs, dans tous les pays qui ont lĂ©galisĂ© l’euthanasie, on pratique aujourd’hui le « geste lĂ©tal » pour ceux qui ont « un p’tit truc en plus ». »


3. Instauration d'une société de la défiance et de la suspicion :

De Villiers anticipe une dégradation des relations sociales et interpersonnelles :
Défiance envers les soignants : La relation de soin, basée sur la confiance, serait compromise par le doute quant à l'intention réelle du médecin : « La qualité de cette relation ne peut souffrir aucun doute. »
Soupçons au sein des familles : La pensĂ©e d'avoir potentiellement influencĂ© la dĂ©cision d'euthanasie d'un proche crĂ©erait des divisions et des remords : « comment vivre avec la pensĂ©e d’avoir tuĂ© son pĂšre ou sa mĂšre ? Le doigt pointĂ© accusatoire divisera les familles. »
Suspicion envers les institutions (Ehpad) : Les Ă©tablissements pourraient ĂȘtre perçus comme des lieux oĂč la mort est administrĂ©e pour des raisons Ă©conomiques : « L’ange de la mort rĂŽdera dans tous les Ehpad. Les directeurs seront accusĂ©s de « faire de la rĂ©gulation ». »


4. Motivation économique dissimulée derriÚre le projet de loi :

De Villiers rapporte les propos de l'ancien vice-prĂ©sident du Conseil d'État, Jean-Marc SauvĂ©, qui dĂ©nonce une arriĂšre-pensĂ©e financiĂšre de l'État : « La mort administrĂ©e va permettre des Ă©conomies sur les six milliards de l’Assurance maladie consacrĂ©e Ă  la fin de vie. »


5. Manipulation sémantique et euphémisation du terme "euthanasie" :

De Villiers critique l'utilisation de termes Ă©dulcorĂ©s comme « loi de fraternitĂ© » (employĂ© par Macron) pour dĂ©signer l'acte de tuer : « Macron a osĂ© un oxymore, en appelant « loi de fraternitĂ© » l’acte de tuer son prochain. Nous sommes entrĂ©s dans la sociĂ©tĂ© de l’esquive et de l’euphĂ©misation, oĂč tout le monde apprend Ă  mentir. »
Il révÚle que le gouvernement aurait cherché une nouvelle sémantique pour éviter le mot « euthanasie », jugé trop négativement connoté : « Ils ne voulaient pas du mot, il est trop chargé. »


6. Lien historique et idéologique avec l'eugénisme :

C'est un argument central et alarmiste de De Villiers. Il Ă©tablit un parallĂšle direct entre l'euthanasie et l'eugĂ©nisme, rappelant la loi allemande du 14 juillet 1933 : « historiquement, le mot « euthanasie » en appelle un autre, qui en est le prolongement naturel : l’eugĂ©nisme, c’est-Ă -dire l’élimination des ĂȘtres humains considĂ©rĂ©s comme surnumĂ©raires par la sociĂ©tĂ© du moment. La loi allemande de 1933 a ainsi prĂ©vu l’aide active Ă  mourir et la prĂ©vention de toute descendance atteinte de maladie hĂ©rĂ©ditaire. Cette Allemagne-lĂ  reste la rĂ©fĂ©rence d’une grande politique de l’eugĂ©nisme qui Ă©limine les vieux et les enfants handicapĂ©s. »
Il perçoit le projet de loi comme un retour en arriĂšre, vers une logique de sĂ©lection et d'Ă©limination des personnes jugĂ©es « imparfaites » ou « en trop » : « Ce qu’on nous prĂ©sente comme un progrĂšs l’était dĂ©jĂ  en 1933, de l’autre cĂŽtĂ© du Rhin. La sĂ©lection eugĂ©niste nous conduit sur le chemin de toutes les dĂ©rives, au nom du « vieillard parfait » et de « l’enfant parfait ». »


7. Inversion des valeurs morales et confusion entre soin et mort :

De Villiers dĂ©nonce une perversion du sens du Bien et du Mal : « Le sens du Bien et du Mal a Ă©tĂ© inversĂ© – j’oserais mĂȘme dire inverti. »
Il critique la prĂ©sentation par Bayrou de deux lois (une pour soigner, une pour tuer) comme moralement Ă©quivalentes : « C’est une contorsion politicienne : on tient d’une main la seringue qui soulage et de l’autre la seringue qui occit ; la premiĂšre main feint d’ignorer ce que fera la seconde. Comme si la mort administrĂ©e Ă©tait le prolongement du soin. »
Il imagine la confusion et l'angoisse que cela engendrerait : « La seringue qui s’avance vers mon lit est-elle celle du baume oblatif ou de la mort administrative ? »



 

 

Pour Philippe de Villiers, la lĂ©galisation de l'euthanasie reprĂ©sente un basculement vers une « sociĂ©tĂ© barbare », fondĂ©e sur la dĂ©fiance, la suspicion et une logique d'Ă©limination inspirĂ©e par l'eugĂ©nisme. Il rĂ©sume son opposition par une formule choc : « Car le principe mĂȘme des deux lois, qui prĂŽne la vie et son contraire, porte un nouveau commandement : « Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres. » » Son texte est un plaidoyer passionnĂ© pour le maintien d'une distinction claire et infranchissable entre le soin et la mort, et une mise en garde contre les dĂ©rives potentielles d'une telle lĂ©gislation.

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

21/04/2025

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

Rupture et RĂ©forme vs. RĂ©volution 
L'article souligne que si le monde mĂ©diatique a souvent qualifiĂ© le pontificat de François de "rĂ©volutionnaire", l'historien Christophe DickĂšs prĂ©fĂšre le terme de "rĂ©formes", s'inscrivant dans la longue histoire de l'Église. Le pape a manifestĂ© dĂšs son Ă©lection la volontĂ© de recentrer l'Église sur sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale, Ă  l'image de Saint François d'Assise.

« En prenant le nom de François le 13 mars 2013, le cardinal Jorge Bergoglio rĂ©vĂ©lait au monde sa volontĂ© de recentrer l’Église dans sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale en marchant dans les pas du povorello d’Assise. Assez rapidement, le monde mĂ©diatique en fit un pape rĂ©volutionnaire quand, dans la longue histoire de l’Église, on prĂ©fĂšre utiliser le terme de rĂ©formes. »

 

RĂ©forme de la Curie Romaine 

Une des prioritĂ©s du pontificat a Ă©tĂ© la rĂ©forme de la Curie, minĂ©e par des scandales financiers et des luttes de pouvoir. François a poursuivi le travail initiĂ© par BenoĂźt XVI, en s'attaquant notamment Ă  la banque du Vatican. Une rupture significative a Ă©tĂ© la diminution du pouvoir du SecrĂ©taire d'État au profit direct du pouvoir pontifical, notamment en matiĂšre financiĂšre avec la crĂ©ation du SecrĂ©tariat pour l'Économie.

« Le pape opĂ©ra sur ce sujet une vĂ©ritable rupture en vidant de sa substance le pouvoir de son secrĂ©taire d’État - Ă©quivalent de notre premier ministre - au profit mĂȘme du pouvoir pontifical. Autrement dit, il retira Ă  son secrĂ©taire d’État le pouvoir financier en crĂ©ant un secrĂ©tariat pour l’Économie dĂ©pendant directement du pouvoir pontifical. »

 

Constitution Apostolique "Praedicate evangelium" et recentrage missionnaire 

La nouvelle constitution de 2022 a visĂ© Ă  donner une structure plus missionnaire Ă  la Curie, la mettant au service des Églises particuliĂšres et signalant une volontĂ© de dĂ©centralisation. Le dĂ©placement de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi au second plan, au profit du DicastĂšre pour l'ÉvangĂ©lisation, symbolise ce changement d'accent de "l'autoritĂ©-pouvoir" vers une "autoritĂ©-service".

« Un des symboles forts de cette rĂ©forme fut la relĂ©gation au second plan de la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi, au profit du dicastĂšre pour l’ÉvangĂ©lisation. Ce qui fut, lĂ  aussi, une rupture : il s’agissait de mettre l’accent sur la mission de l’Église plutĂŽt que sur le contrĂŽle doctrinal, de passer d’une « autoritĂ©-pouvoir » Ă  une « autoritĂ©-service » d’inspiration jĂ©suite. »

 

Lutte contre le ClĂ©ricalisme et Promotion de la SynodalitĂ© 

Le pontificat a Ă©tĂ© marquĂ© par une volontĂ© de lutter contre le clĂ©ricalisme, concept aux contours parfois flous, et par la promotion de la synodalitĂ©. Cette dĂ©marche visait Ă  renverser le modĂšle hiĂ©rarchique pyramidal de l'Église, hĂ©ritĂ© de l'Ă©poque grĂ©gorienne. Paradoxalement, l'auteur souligne que François Ă©tait perçu comme un homme autoritaire.

« De fait, l’Ɠuvre rĂ©formatrice du pape François se distingue avant tout par cette volontĂ© de renverser le vieux schĂ©ma grĂ©gorien d’une Église pyramidale mĂȘme si, paradoxalement et de l’avis de l’ensemble des connaisseurs du Vatican, le pape François Ă©tait un homme autoritaire qui acceptait fort peu la contradiction. »

 

Tensions et Divisions 

La volonté de changement du pape François, perçue par certains comme un sentiment de culpabilité institutionnel, a créé des attentes à gauche et des craintes à droite, menant à une "insatisfaction latente". Les synodes sur la famille ont révélé l'influence d'un entourage progressiste. Des décisions comme la restriction de la messe en latin et la déclaration "Fiducia supplicans" sur la bénédiction des couples homosexuels ont provoqué des crises et révélé des oppositions au sein du Vatican et dans diverses régions du monde.

« Le problĂšme est que cette volontĂ© de changement alla de pair avec un sentiment de culpabilitĂ© entretenu au sein mĂȘme de l’institution et qu’un Ă©ditorialiste parisien traduisit par ce titre choc : « François, le pape anticlĂ©rical ». »
« Ce dernier texte crĂ©a une crise d’une ampleur inĂ©dite, posant la question de l’universalitĂ© du message Ă©vangĂ©lique. »

 

Divergences Géopolitiques
L'article met en lumiÚre un fossé entre les conceptions politiques du pape (notamment sur les migrations) et les résultats électoraux dans plusieurs pays. L'Europe est présentée comme un "angle mort" du pontificat, le pape privilégiant les périphéries du monde et manifestant une certaine distance vis-à-vis de l'Occident. Sa politique étrangÚre, orientée vers la Russie, la Chine et l'islam, a également suscité des incompréhensions.

 

HĂ©ritage et InterprĂ©tation de Vatican II 

La question de l'hĂ©ritage des rĂ©formes reste ouverte. L'avenir dira si la synodalitĂ© et la collĂ©gialitĂ© s'imposeront. Le pape François a cherchĂ© Ă  ranimer l'esprit rĂ©formateur de Vatican II, en l'interprĂ©tant comme un concile de rupture, contrairement Ă  BenoĂźt XVI qui l'inscrivait dans la continuitĂ© de la tradition. Cette approche a potentiellement rouvert des dĂ©bats sensibles au sein de l'Église.

 

En conclusion, l'analyse soulĂšve la question de l'impact Ă  long terme de sa vision d'une Église moins centralisĂ©e et plus tournĂ©e vers les pĂ©riphĂ©ries.

 

 

Auteur de nombreux ouvrages, Christophe DickĂšs a rĂ©cemment publiĂ© Pour l’Église. Ce que le monde lui doit (Perrin, 2024) et Notre-Dame de Paris. Pages d’histoire (Salvator, 2024).

 

 

 

 

 

 

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

20/04/2025

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

 La PapautĂ© : Une Influence GĂ©opolitique Majeure

L'article souligne d'emblée le poids considérable du pape sur la scÚne mondiale en tant que chef spirituel de prÚs de 1,3 milliard de fidÚles. Cette position confÚre au Vatican une influence qui dépasse largement la sphÚre religieuse. Selon le géopolitologue Sébastien Boussois, cité dans l'article :

 

« Le souverain pontife rĂšgne sur un royaume de prĂšs de 1,3 milliard de fidĂšles, en faisant la premiĂšre communautĂ© religieuse au monde. C’est peu dire qu’il a donc, depuis le Vatican, un rĂŽle fondamental et majeur dans la vie de prĂšs d’un huitiĂšme de l’humanitĂ©. Le pape est clairement au cƓur des affaires du monde occidental. Chaque nouvelle Ă©lection papale revĂȘt donc un enjeu majeur du point de vue politique et gĂ©opolitique. »

 

L'article insiste sur le fait que chaque Ă©lection papale depuis Jean-Paul II a eu des "rĂ©percussions majeures sur l’équilibre gĂ©opolitique mondial". La papautĂ© est prĂ©sentĂ©e comme une "institution diplomatique et spirituelle influente" et un "acteur incontournable des relations internationales" grĂące Ă  son rĂ©seau diplomatique Ă©tendu (relations avec 183 États).

 

 Les Pontificats Marquants et Leur Impact GĂ©opolitique 

L'auteur analyse l'impact géopolitique des trois derniers pontificats, illustrant comment le choix des cardinaux reflÚte et influence les dynamiques politiques et sociales de leur époque.

 

Jean-Paul II (1978) : L'Artisan de la Chute du Rideau de Fer : Son Ă©lection, en tant que premier pape non italien depuis des siĂšcles et d'origine slave, est prĂ©sentĂ©e comme un "tournant gĂ©opolitique". Son engagement contre le communisme, notamment son soutien au syndicat polonais Solidarnoƛć, est considĂ©rĂ© comme ayant contribuĂ© Ă  l'effondrement du bloc soviĂ©tique. L'article souligne son "influence en Europe de l’Est" et son "alliance implicite avec des figures comme Ronald Reagan" dans une stratĂ©gie occidentale de confrontation avec l'URSS. L'Ă©lection de Jean-Paul II est dĂ©crite comme une rĂ©ponse Ă  un contexte oĂč "l’Église entendait se positionner comme un acteur de rĂ©sistance face aux rĂ©gimes athĂ©es et oppressifs".


BenoĂźt XVI (2005) : La DĂ©fense de l'IdentitĂ© ChrĂ©tienne en Occident : Son Ă©lection s'est dĂ©roulĂ©e dans un contexte post-11 septembre et de "crise identitaire en Europe". Son pontificat est caractĂ©risĂ© par une "volontĂ© de dĂ©fendre les racines chrĂ©tiennes de l’Europe" et de rĂ©pondre Ă  la montĂ©e du "relativisme culturel et du sĂ©cularisme". Ses efforts pour dialoguer avec l'islam, bien que parfois controversĂ©s (mention du discours de Ratisbonne), sont Ă©galement Ă©voquĂ©s. Son Ă©lection traduisait une volontĂ© de "recentrer l’Église sur ses fondements doctrinaux".


Le Pape François (2013) : Un Pape Politique dans un Monde FragmentĂ© : Son Ă©lection, en tant que premier pape latino-amĂ©ricain, marque un "virage vers une Église plus engagĂ©e sur les questions sociales et environnementales". Dans un monde "multipolaire, en proie aux populismes et aux crises migratoires", François a adoptĂ© une posture "plus ouverte et critique envers les politiques occidentales", dĂ©nonçant "le capitalisme sauvage, le nationalisme et la fermeture des frontiĂšres". Sa diplomatie est mise en avant, notamment son rĂŽle dans le rapprochement entre Cuba et les États-Unis et ses critiques de la politique europĂ©enne en matiĂšre de migrations. L'encyclique Laudato Si' est prĂ©sentĂ©e comme un "manifeste Ă©cologique influençant les politiques climatiques mondiales". L'article conclut que son Ă©lection "illustre une volontĂ© d’élargir l’influence de l’Église vers les Suds globaux, lĂ  oĂč se trouve aujourd’hui le cƓur dĂ©mographique du catholicisme."


 La Succession de François : Une PapautĂ© Toujours Plus GĂ©opolitique ?

L'article anticipe que le prochain conclave, suite au décÚs du pape François, confirmera probablement la tendance d'une papauté de plus en plus axée sur les enjeux géopolitiques. Avec un catholicisme en croissance en Afrique, en Amérique latine et en Asie, le choix du futur pape sera non seulement une question de foi, mais aussi un "message politique au monde". L'article conclut en soulignant le paradoxe du Vatican :

« Ainsi, le Vatican reste un micro-État Ă  macro-influence, oĂč le choix d’un homme peut influer sur des conflits, des idĂ©ologies et des politiques bien au-delĂ  des murs de la CitĂ© pontificale. »

 

Au final, l'article met en lumiĂšre de maniĂšre convaincante la dimension profondĂ©ment gĂ©opolitique de l'Ă©lection papale. En analysant les pontificats rĂ©cents, il dĂ©montre comment le choix du successeur de Pierre est un Ă©vĂ©nement lourd de consĂ©quences sur l'Ă©chiquier mondial, reflĂ©tant les dĂ©fis et les dynamiques de chaque Ă©poque et influençant les relations internationales, les idĂ©ologies et les politiques bien au-delĂ  de la sphĂšre religieuse. La succession du pape François s'inscrit dans cette perspective, avec la probabilitĂ© d'un accent continu sur les enjeux globaux et une influence croissante des rĂ©gions oĂč le catholicisme est en plein essor.

 

Source : le JDD

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

20/04/2025

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

L'Ă©mission les belles figures de l'Histoire de CNEWS prĂ©sente Carlo Acutis, un jeune Italien dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l'Ăąge de quinze ans et bientĂŽt canonisĂ©. L'Ă©mission explore sa foi profonde et prĂ©coce, son dĂ©vouement Ă  l'Eucharistie, et son initiative d'utiliser internet pour diffuser la connaissance des miracles eucharistiques. Des tĂ©moignages de sa mĂšre et d'un prĂȘtre mettent en lumiĂšre sa maturitĂ© spirituelle exceptionnelle, sa charitĂ© envers les pauvres, et la conversion de sa famille. La discussion aborde Ă©galement sa vision chrĂ©tienne de la mort et l'impact durable de sa vie, soulignant son exemple pour les jeunes d'aujourd'hui.

 

 

 

Le Jour de PĂąques.

19/04/2025

Le Jour de PĂąques.

Le PĂšre est Vierge, Marie est Vierge,le tombeau de J Ă© s u s est vierge.
O splendeur des naissances de J Ă© s u s ! O Dieu nĂ© de Dieu,lumiĂšre de lumiĂšre ! O Dieu fait homme, nĂ© de Marie! 
O Dieu fait homme, né du tombeau pour ne plus mourir !

 

_____________________


La premiĂšre naissance de J Ă© s u s est pour nous la source de la gloire ; la seconde naissance nous apporte la grĂące ; et celle que nous fĂȘtons aujourd’hui nous fraie le passage de la grĂące Ă  la gloire.
Suivons J Ă© s u s , suivons J Ă© s u s ! Avec lui, soyons enfants de Dieu, avec lui soyons enfants de Marie, avec Lui passons par la mort et par le tombeau ; avec lui nous entrerons dans l’immortalitĂ©.
Disons : J é s u s I Disons : Il est ressuscité ! Disons : Alléluia !

PÚre E. André

La Sainte Tunique d'Argenteuil

18/04/2025

La Sainte Tunique d'Argenteuil

 

 

Toute l'histoire de la Sainte Tunique est racontĂ©e au conditionnel sur Wikipedia ; On n'en retiendra ici qu'en l'an 800,  l'impĂ©ratrice de Byzance, IrĂšne, "aurait" offert un coffret d'ivoire renfermant la relique comme cadeau diplomatique Ă  Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Ce dernier "l'aurait" donnĂ©e en garde, lors d'une translation de relique probablement en 803, au monastĂšre de l'HumilitĂ©-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille ThĂ©odrade Ă©tait prieure.

Jean-Christian Petitfils, dans son ouvrage La Sainte Tunique d'Argenteuil paru Chez Taillendier, milite comme nous allons le voir en faveur de l'authenticitĂ©, mĂȘme si l'Eglise reste Ă  juste titre trĂšs prudente.

En effet, Petitfils, dans diffĂ©rents entretiens de promotion de son livre, affirme avoir rassemblĂ© un "impressionnant faisceau d’indices concordants conduisant Ă  considĂ©rer que cette tunique a bien Ă©tĂ© celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix le 3 avril de l’an 33". Pour lui, "au vu du dossier, l’authenticitĂ© ne fait aucun doute."

 

L'analyse rĂ©vĂšle une "chemise en laine de mouton non mĂ©rinos, tissĂ©e d’une seule piĂšce de haut en bas", caractĂ©ristique de la tunique de JĂ©sus selon les Évangiles. La mĂ©thode de tissage est qualifiĂ©e d'"archaĂŻque et artisanale", et les fils "fortement torsadĂ©s en Z" suggĂšrent une "origine syrienne trĂšs ancienne".

 

La tunique contient de "nombreux pollens de plantes originaires de Méditerranée orientale", cohérent avec une origine géographique proche de Jérusalem.

La tunique est "maculĂ©e de sang", ce qui est logique compte tenu de la flagellation et de la crucifixion subies par JĂ©sus. Le Pr Lucotte a observĂ© des "hĂ©maties (globules rouges)" prĂ©sentant des signes d'"anĂ©mie grave, voire d’une ‘situation traumatique’", tels qu'une forme altĂ©rĂ©e, dĂ©chirĂ©e et une rarĂ©faction de sels minĂ©raux.

 

Petitfils souligne les similitudes avec le Suaire d'Oviedo et le Linceul de Turin : "mĂȘme groupe sanguin AB (5 % de la population mondiale), pollens proche-orientaux semblables, taches de sang se recoupant." Il cite notamment le Pr AndrĂ© Marion qui a Ă©tabli que "neuf taches de sang du dos de la tunique se retrouvent sur la face dorsale du Linceul." Pour Petitfils, ces reliques "semblent s’authentifier elles-mĂȘmes".

 

L'historien rappelle que l'Évangile de Jean mentionne que la tunique de JĂ©sus n'avait pas de couture et fut tirĂ©e au sort par les soldats romains, un dĂ©tail qui correspond Ă  la description de la tunique d'Argenteuil.

 

Points soulevés concernant les objections à l'authenticité :

Datation au carbone 14 : Petitfils reconnaßt que "la double datation au carbone 14 a pourtant remis en cause cette estimation" avec des résultats "incompatibles" et une différence de 350 ans. Cependant, il relativise la fiabilité de cette méthode pour les linges, citant l'exemple du Linceul de Turin.
Contamination historique : Il explique que la tunique a Ă©tĂ© "enfouie Ă  trois reprises", notamment durant la Terreur, oĂč son contact avec "des matiĂšres organiques en dĂ©composition" a pu fausser les rĂ©sultats du carbone 14. Il mentionne Ă©galement les thĂšses du Pr Lucotte et de Mme Van Oosterwyck-Gastuche concernant la prĂ©sence de carbonate de calcium et les traitements chimiques qui auraient pu rajeunir les fibres.

 

Concernant la position de l'Eglise, Petitfils explique que "l’Église n’a pas pour mission d’affirmer si un objet est oui ou non une relique authentique ou une simple copie, mais d’annoncer la rĂ©surrection de JĂ©sus, mort pour le salut de l’humanitĂ©." L'Église "cĂ©lĂšbre la relique, son parcours historique, mais elle n’en fait pas un objet de foi."

 

 

 

 

En conclusion, bien que les datations au carbone 14 prĂ©sentent des contradictions, Jean-Christian Petitfils, en tant qu'historien, considĂšre le "faisceau d'indices concordants" issus de l'analyse du tissu, des pollens, des traces de sang et des correspondances avec d'autres reliques majeures comme des arguments solides en faveur de l'authenticitĂ© de la sainte tunique d'Argenteuil comme Ă©tant celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix. Il souligne cependant que l'Église ne se prononce pas de maniĂšre dogmatique sur cette authenticitĂ©, privilĂ©giant l'annonce du message pascal. Les ostensions de la relique continuent d'attirer de nombreux fidĂšles, tĂ©moignant de son importance spirituelle.

 

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

18/04/2025

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

Le FrĂšre Paul-Adrien met en Ă©vidence une augmentation notable de l'intĂ©rĂȘt pour le carĂȘme, un phĂ©nomĂšne observĂ© d'abord en ligne puis se manifestant dans la frĂ©quentation des offices.
Il souligne que les recherches Google sur le mot « carĂȘme » ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par dix en dix ans, avec une explosion l'annĂ©e derniĂšre.
Ce regain d'intĂ©rĂȘt a pris une ampleur nouvelle, devenant une tendance sur les rĂ©seaux sociaux, amplifiĂ©e par les algorithmes.

" En dix ans, les requĂȘtes sur Google invoquant le mot « carĂȘme » ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par dix." 

 

Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette tendance, notamment les conversions d'adolescents, des raisons sociales, des crises existentielles et la crise du Covid-19.


Le FrĂšre Paul-Adrien note que certains adoptent le carĂȘme pour des raisons moins spirituelles, comme une forme de compĂ©tition avec le Ramadan musulman.


Cependant, il insiste sur un changement profond dans le rapport à la foi, avec un retour des pratiques traditionnelles comme les pÚlerinages, la dévotion aux reliques et le jeûne.


« Il y a beaucoup de facteurs, dont celui des conversions d’adolescents. On a vu, lĂ  aussi, il y a une quinzaine d’annĂ©es, des signes prĂ©curseurs dans les Ă©coles catholiques. La question est de savoir pourquoi ce mouvement s’accĂ©lĂšre. Il y a des raisons sociales, des crises existentielles, la crise du Covid. [...] Ce que je trouve plus intĂ©ressant, c’est d’observer que le rapport Ă  la foi est en train de changer. On le voit dans un autre genre, mais qui est liĂ©, avec le retour des pratiques de pĂšlerinage, des pratiques de dĂ©votion de reliques, le retour du jeĂ»ne. »

 

Le FrĂšre Paul-Adrien perçoit le carĂȘme comme un moyen pour les jeunes, souvent Ă©loignĂ©s de l'Église, de se reconnecter Ă  la foi Ă  travers des rites et pratiques simples.
Il parle d'un "systÚme de cases à cocher" rassurant pour ces jeunes, servant de point de départ à une éducation à la liberté et à une catéchÚse ecclésiale ultérieure.

 

L'expĂ©rience personnelle de FrĂšre Paul-Adrien sur YouTube illustre l'ampleur de l'intĂ©rĂȘt pour les rĂ©seaux sociaux, avec une moyenne de cinq demandes de baptĂȘme par jour pendant le carĂȘme et des centaines de milliers de vues quotidiennes pour ses directs.
Son équipe est débordée par le nombre de messages, soulignant la forte demande spirituelle.
Il met en lumiĂšre le rĂŽle croissant des rĂ©seaux sociaux comme accompagnement spirituel efficace pour ceux qui demandent le baptĂȘme.

 

Selon le FrÚre Paul-Adrien, au-delà des facteurs socio-économiques, la question fondamentale est religieuse : les jeunes cherchent un sens à leur vie et attendent Dieu.
Ils aspirent Ă  vivre une expĂ©rience religieuse, ressentent une grande solitude et souhaitent que l'Église les rende fiers de leur foi.
Il Ă©voque Ă©galement une quĂȘte d'hĂ©ritage, de tradition et de rĂ©ponses simples Ă  leurs questions, ainsi qu'un dĂ©sir de voir l'Église comme une seconde famille.

« On pourra dire tout ce que l’on voudra : situations de dĂ©classement, recherche d’identitĂ©, climat anxiogĂšne, mais la question fondamentale est religieuse ! Les gens ont besoin de savoir ce qu’ils font sur terre, ils cherchent un sens Ă  leur vie et, la premiĂšre chose qu’ils attendent, c’est Dieu ! À travers leur questionnement spirituel, ils veulent vivre une expĂ©rience religieuse. Vous savez, il y a aussi beaucoup de solitude
 Beaucoup plus que ce qu’on pourrait imaginer. Beaucoup sont malheureux en France. Les gens attendent aussi que l’Église les rende fiers de leur foi avec un sentiment de fiertĂ© de croire en quelque chose. »

 

Le FrĂšre Paul-Adrien observe sur les rĂ©seaux sociaux un dĂ©clin de l'athĂ©isme militant, avec un intĂ©rĂȘt croissant pour la religion, y compris le christianisme.
Il suggĂšre que le "grand corps social, athĂ©e, militant" est en perte de vitesse et que la figure de JĂ©sus est redevenue une rĂ©ponse possible aux quĂȘtes existentielles.


Par ailleurs, le FrĂšre Paul-Adrien se dit Ă©tonnĂ© et perturbĂ© de constater que les scandales d'abus sexuels dans l'Église ne semblent pas freiner cet Ă©lan de ferveur chez les jeunes.
Il avance l'hypothĂšse d'une forme de lassitude face Ă  la rĂ©pĂ©tition de ces sujets et d'une volontĂ© des jeunes de ne pas laisser leur histoire ĂȘtre dĂ©finie par les erreurs du passĂ©.
Il note que ces abus ont décrédibilisé l'institution, mais pas nécessairement la religion au sens populaire.

 

Le prĂȘtre souligne aussi la fragilitĂ© de cet Ă©lan, avec un taux potentiellement Ă©levĂ© d'abandon de l'Église par les nouveaux baptisĂ©s adultes aprĂšs quelques annĂ©es.
Il insiste sur l'urgence pastorale d'améliorer l'accueil des nouveaux catholiques, en particulier ceux issus des réseaux sociaux et sans tradition religieuse familiale.
Il appelle à développer des messes missionnaires et à considérer les influenceurs catholiques comme des collaborateurs précieux pour l'évangélisation.

Laissons lui la conclusion :

"JĂ©sus-Christ n’a pas pris une ride et reste attractif, voire encore plus attractif aujourd’hui qu’il y a quelques annĂ©es. Il existe, et son enseignement est magnifique. On a envie d’y croire. Je pense que c’est le grand atout de l’Église catholique. Mais, si on n’est pas capable d’accueillir ces jeunes, ils partiront ailleurs. Et ce sera sur un feu de paille. Ils partiront chez les protestants, ils partiront chez les musulmans. Il ne faut pas que la fenĂȘtre qui est en train de s’ouvrir passe comme un courant d’air et se referme. L’accueil des nouveaux est une urgence pastorale. C’est comme cela que ce qui apparaĂźt comme une « mode » pourra devenir un mouvement de fond. "

 

 

 

 

 

Le Samedi Saint

18/04/2025

Le Samedi Saint

Il est là, endormi du sommeil de la mort, embaumé par des mains amies, reposant pour trois jours, mais trois jours abrégés autant que possible.

 

 

Dormez-donc, ĂŽ trĂšs doux J Ă© s u s ! mon Ăąme ira garder votre tombeau, ou plutĂŽt votre berceau. Elle vous gardera, elle vous chantera, elle vous adorera, elle vous embaumera de quelques baisers, qu’elle portera Ă  vos pieds, Ă  vos plaies, Ă  votre coeur, Ă  votre tĂȘte. 
Dormez donc, ĂŽ trĂšs doux J Ă© s u s ! l’heure du rĂ©veil approche, et alors vous entrerez dans une vie nouvelle, dans une gloire nouvelle; alors, alors, mon Dieu, ce sera grande fĂȘte.

En attendant, Seigneur J Ă© s u s , dormez en paix. In pace, in idipsum dormiam et requiescam.

Le Vendredi Saint

17/04/2025

Le Vendredi Saint

Regardons-le clouĂ© Ă  sa croix ; les clous qui l’attachent, ce sont nos pĂ©chĂ©s. Il les reçoit ces longs clous, il les plonge dans son sang, et dans ce sang mĂȘme il efface nos pĂ©chĂ©s.

J Ă© s u s crucifiĂ© ! C’est le livre des chrĂ©tiens. LĂ  ils lisent quel mal c’est l’offense de Dieu ; lĂ  ils lisent quel amour c’est l’amour de Dieu pour nous, l’amour de Dieu qui a livrĂ© son Fils pour nous Ă©pargner, nous pĂ©cheurs.

 

___________________


Lisons dans ce livre divin, mĂ©ditons la parole de saint Paul : Il m’a aimĂ©, et s’est livrĂ© pour moi.
Il m ’a aimĂ©, c’cst le seul mot qui explique la croix, c’est la grande leçon que nous enseigne J Ă© s u s crucifiĂ©. Embrassons la croix, et encore plus celui qui y est clouĂ© pour nous.

L'office des ténÚbres

17/04/2025

L'office des ténÚbres

Les cierges, le tonnerre et les ténÚbres
Pour cet office on plaçait dans le chƓur de l’église un grand chandelier triangulaire avec quinze grands cierges allumĂ©s, sept de chaque cĂŽtĂ© et un au sommet : avec les 6 cierges de l’autel, cela fait en tout 21 cierges allumĂ©s. AprĂšs le chant de chacun des psaumes de l’office (9 pour les matines et 5 pour les laudes), un servant Ă©teint un des quinze cierges (tous sauf celui du milieu) ; durant le chant du Benedictus (cantique de Zacharie) qui conclut laudes, le servant Ă©teint alternativement les six derniers cierges, de part et d’autre de la croix d’autel.

 

Ces cierges s’éteignant les uns aprĂšs les autres sont les images de l’abandon gĂ©nĂ©ral qui s’est fait pendant la Passion autour de JĂ©sus : tous ou presque ont quittĂ© ou trahi Notre Seigneur, Ă  commencer par saint Pierre qui l’a reniĂ©. C’est ce que figure l’extinction des cierges, Ă©tablissant peu Ă  peu dans l’église les tĂ©nĂšbres qui s’étendirent sur la terre de la sixiĂšme Ă  la neuviĂšme heure, alors que le Christ Ă©tait en croix.

 

Pour le dernier cierge qui reste Ă  la fin, celui au sommet du triangle, le servant ne l’éteint pas, mais Ă  la fin de l’office, il va le cacher derriĂšre l’autel pendant que tous les assistants tapent sur leurs siĂšges : c’est ce que l’on appelait le tonnerre. À ce moment, la derniĂšre lumiĂšre disparaĂźt : il faut se reprĂ©senter cela dans une ancienne Ă©glise la nuit, alors qu’il n’y avait aucune source de lumiĂšre artificielle, plus une seule lumiĂšre donc, et que tous les assistants faisaient un grand vacarme pour symboliser la terre qui a tremblĂ©, les pierres qui se sont fendues, les morts qui sont sortis de leurs tombeaux
 quand la lumiĂšre du monde, c’est-Ă -dire Notre Seigneur, s’est Ă©clipsĂ©e par la mort de la croix. Enfin aprĂšs quelques instants, le servant remettait le cierge allumĂ© sur le chandelier, image de la rĂ©surrection et le silence se faisait dans l’église. Et cette cĂ©rĂ©monie a lieu trois fois pendant la semaine sainte, une pour chaque jour du triduum sacrĂ©. 

 

Dans un dialogue (peut-ĂȘtre fictif) entre deux moines de Cluny que fait figurer le liturge français Claude de Vert (1645-1708) dans son Explication des cĂ©rĂ©monies de l’Église on trouve plusieurs commentaires concernant l’office des tĂ©nĂšbres. Selon une opinion, l’extinction progressive des cierges correspondait Ă  une Ă©poque oĂč les tĂ©nĂšbres – cĂ©lĂ©brĂ©es comme aujourd’hui le matin – voyaient le jour entrer progressivement dans l’église et Ă©clairer les assistants. Durant plusieurs siĂšcles cependant et jusqu’en 1955, les tĂ©nĂšbres ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es le soir (mercredi, jeudi et vendredi), et l’extinction progressive des cierges faisait entrer l’église et les assistants dans l’obscuritĂ©. Le nombre de quinze cierges pourrait aussi ĂȘtre liĂ© aux mystĂšres de la vie du Christ (mĂ©ditĂ©s en priant le chapelet).

 

Lamentations et chant des psaumes
Puisque ces tĂ©nĂšbres correspondent Ă  la priĂšre des matines puis des laudes, l’office y est ponctuĂ© non seulement de psaumes alternĂ©s mais aussi de lectures chantĂ©es au chƓur, tirĂ©es des Lamentations du prophĂšte JĂ©rĂ©mie, des Commentaires sur les psaumes de saint Augustin et des Ă©pĂźtres de saint Paul. Dans les grandes lamentations lues au premier nocturne des trois jours saints, la voix de JĂ©rĂ©mie s’élĂšve, tonnante et suppliante, pleurant sur JĂ©rusalem dĂ©sertĂ©e, abandonnĂ©e, pillĂ©e. On y comprend que cette JĂ©rusalem – bien sĂ»r la ville qui sera pillĂ©e et dĂ©truite par Titus en 70 aprĂšs J-C, est aussi une image du Christ, et encore de notre Ăąme.

 

En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, l’office des trois jours saints diffĂšre en beaucoup de choses de celui des autres jours de l’annĂ©e : tout y est triste et sombre, comme Ă  des funĂ©railles, et l’on y omet toutes les manifestations de joie et d’espĂ©rance qui ponctuent ordinairement le chant de l’Église. On n’entend plus retentir ni le « Domine labia mea aperies
 »[1] ni le « Deus in adjutorium meum
 »[2] ni bien sĂ»r le Gloria Patri. Le grand liturgiste Dom GuĂ©ranger (1805-1875) y qualifie la psalmodie de « lugubre » et « lamentable ». Le chant de chacun des offices se terminait (jusqu’en 1955) par le grand psaume de pĂ©nitence Miserere, rĂ©pĂ©tĂ© aprĂšs la derniĂšre antienne Christus factus est (tirĂ©e de l’hymne christologique de l’épĂźtre aux Philippiens), chantĂ©e d’abord partiellement le jeudi puis plus complĂštement le vendredi, puis totalement le samedi[3], qui retentit alors que le cĂ©rĂ©moniaire escamote le dernier cierge derriĂšre l’autel.

 

Nous sommes dans les jours oĂč la gloire du Fils de Dieu est Ă©clipsĂ©e sous les ignominies de sa Passion. Il Ă©tait « la lumiĂšre du monde », puissant en Ɠuvres et en paroles, accueilli naguĂšre par les acclamations de tout un peuple ; maintenant le voilĂ  dĂ©chu de toutes ses grandeurs, « l’homme de douleurs, un lĂ©preux », dit IsaĂŻe; « un ver de terre, et non un homme », dit le Roi-ProphĂšte ; « un sujet de scandale pour ses disciples », dit-il lui-mĂȘme. Chacun s’éloigne de lui : Pierre mĂȘme nie l’avoir connu. Cet abandon, cette dĂ©fection presque gĂ©nĂ©rale sont figurĂ©s par l’extinction successive des cierges sur le chandelier triangulaire, mĂȘme jusque sur l’autel. Cependant la lumiĂšre mĂ©connue de notre Christ n’est pas Ă©teinte, quoiqu’elle ne lance plus ses feux, et que les ombres se soient Ă©paissies autour d’elle. On pose un moment le cierge mystĂ©rieux sur l’autel. Il est lĂ  comme le RĂ©dempteur sur le Calvaire, oĂč il souffre et meurt. Pour exprimer la sĂ©pulture de JĂ©sus, on cache le cierge derriĂšre l’autel ; sa lumiĂšre ne parait plus. Alors un bruit confus se fait entendre dans le sanctuaire, que l’absence de ce dernier flambeau a plongĂ© dans l’obscuritĂ©. Ce bruit, joint aux tĂ©nĂšbres, exprime les convulsions de la nature, au moment oĂč le Sauveur ayant expirĂ© sur la croix, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sĂ©pulcres furent ouverts. Mais tout Ă  coup le cierge reparaĂźt sans avoir rien perdu de sa lumiĂšre ; le bruit cesse, et chacun rend hommage au vainqueur de la mort[4].

 

Les ténÚbres : trésor de culture et de priÚre
L’office des tĂ©nĂšbres a profondĂ©ment marquĂ© la piĂ©tĂ© et la culture latine, notamment française, si bien que de nombreux compositeurs ont Ă©tĂ© inspirĂ©s par ses accents – en particulier les Lamentations de JĂ©rĂ©mie – pour composer de grandes Ɠuvres : Marc-Antoine Charpentier a Ă©crit plus de cinquante piĂšces pour les tĂ©nĂšbres (selon un brĂ©viaire en usage dans le diocĂšse de Paris Ă  la fin du XVIIe siĂšcle) ; Michel-Richard de Lalande ou encore François Couperin ont Ă©galement composĂ© de cĂ©lĂšbres et grandioses « Leçons de tĂ©nĂšbres », tandis que Francis Poulenc a mis en musique en 1961 sept rĂ©pons pour chƓur et orchestre.

 

Ne manquons pas de retrouver la source de spiritualitĂ© et de mĂ©ditation si profonde de l’office des tĂ©nĂšbres, un des trĂ©sors mĂ©connus de l’Église, dont la priĂšre nous accompagne et nous guide au pas du Christ durant les jours saints. Peut-ĂȘtre ferons-nous l’expĂ©rience d’une Simone Weil, retirĂ©e Ă  Solesmes pour la semaine sainte de 1938, qui s’était rendue Ă  l’office alors qu’elle Ă©tait prise de migraines atroces : « le Christ lui-mĂȘme est descendu et m’a prise » Ă©crira-t-elle au pĂšre Joseph-Marie Perrin.

 

Références
↑1    Â« Seigneur, ouvrez mes lĂšvres. Et ma bouche publiera votre louange. »
↑2    Â« Dieu, venez Ă  mon aide. Seigneur, hĂątez-vous Ă  mon secours. »
↑3    Le Christ s’est fait pour nous obĂ©issant jusqu’à la mort – jusqu’à la mort de la croix – c’est pourquoi Dieu l’a exaltĂ© et lui a donnĂ© le nom qui est au-dessus de tout nom. »
↑4    Dom Prosper GuĂ©ranger, L’annĂ©e liturgique.

 

Source : https://claves.org/loffice-de-tenebres/

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi (Palestrina)

16/04/2025

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi (Palestrina)

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi: in quo est salus, vita et resurrectio nostra: per quem salvati et liberati sumus.

Deus misereatur nostri, et benedicat nobis:

illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri.

 

Pour nous il faut nous glorifier dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.

Que Dieu aie pitié de nous et nous bénisse:

que rayonne son visage sur nous, et qu'Il aie pitié de nous.

 

Le Jeudi Saint

15/04/2025

Le Jeudi Saint

Il nous donne son PĂšre, il nous donne sa MĂšre, il nous donne sa grĂące, il nous donne son Paradis : mais comme de tous les biens qu’il nous lĂšgue il y en a que nous aurons en cette vie, d’autres que nous ne pourrons avoir que dans la vie Ă©ternelle, il veut que nous ayons pleine et entiĂšre confiance en la valeur de son testament, et il nous donne un gage. 

 

Le gage qu’il nous donne, c’est lui-mĂȘme.


*


Prenez et mangez, dit-il, ceci est mon corps. Prenez et buvez, ceci est mon sang. C’est
par lĂ  que je signe mon
testament.
Ainsi le testament de J é s u s fait notre titre pour la vie éternelle, et le sacrement de
J Ă© s u s c’est le gage qu’il nous
donne de la vérité de ses promesses.

Adorons, aimons, glorifions Ă  tout jamais J Ă© s u s au Saint-Sacrement.

PÚre E André

Notre-Dame de Chrétienté victime du succÚs du pÚlerinage de Chartres

15/04/2025

Notre-Dame de Chrétienté victime du succÚs du pÚlerinage de Chartres

Communiqué de ND de Chrétienté

Comme annoncĂ© plus tĂŽt dans la journĂ©e, le succĂšs enregistrĂ© l’an passĂ© semble ne pas se dĂ©mentir cette annĂ©e. Le rythme d’inscription des deux premiers jours se rĂ©vĂšle ĂȘtre de l’ordre de deux Ă  trois fois supĂ©rieur Ă  celui de 2024.

 

En dĂ©pit du renforcement de notre dispositif, une telle cadence a entrainĂ© des difficultĂ©s de divers ordres : capacitĂ© d’enregistrement dans les bases de donnĂ©es, gestion en temps contraint des paiements, et travail administratif du secrĂ©tariat, le tout sous haute pression. Il en est rĂ©sultĂ© un certain nombre d’incohĂ©rences dans les donnĂ©es recueillies, incohĂ©rences identifiĂ©es et circonscrites en dĂ©but de matinĂ©e, ce jour.

 

De façon Ă  remĂ©dier dans les meilleurs dĂ©lais Ă  cette situation, et Ă  pouvoir poursuivre sereinement et efficacement cette campagne d’inscription, il a donc Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de suspendre celle-ci pour la journĂ©e du mardi 15 avril. Les mesures correctives sont en cours d’application, et elles ont d’ores et dĂ©jĂ  permis de rĂ©sorber plus de trois quarts des cas non conformes.

 

Les inscriptions reprendront mercredi 16 avril, de 9h Ă  16h. Elle se poursuivront les jours prochains, selon le mĂȘme crĂ©neau horaire, jusqu’à ce que le quota de participants soit atteint, en conformitĂ© avec les critĂšres de sĂ©curitĂ© et de soutien logistique que nous nous sommes fixĂ©s.

 

Nous sommes bien conscients que ces contretemps sont parfaitement dĂ©sagrĂ©ables pour ceux d’entre vous qui essaient en vain de s’inscrire : nous les prions bien sincĂšrement de vouloir nous pardonner ces dĂ©sagrĂ©ments. Pour ceux d’entre vous qui, ayant payĂ©, n’ont pas reçu de confirmation de leur inscription, celle-ci leur sera envoyĂ©e dans les prochains jours.

 

Nos bĂ©nĂ©voles mettent tout en Ɠuvre pour rĂ©tablir le dispositif et vous assurent de leur constant dĂ©vouement au service de Notre-Dame de ChrĂ©tientĂ©, et de tous les pĂšlerins.

 

Pour les aider, et contribuer au bon dĂ©roulement de la suite du processus, ceux d’entre vous qui Ă©prouveraient des difficultĂ©s sont invitĂ©s Ă  Ă©viter de tĂ©lĂ©phoner Ă  l’association, et Ă  adresser un courriel Ă  information@nd-chretiente.com.

 

Toute Ă©volution importante de la situation et des modalitĂ©s ici dĂ©finies fera l’objet d’une communication par courriel et sur les rĂ©seaux sociaux. Nous vous remercions de votre confiance et vous assurons de notre union de priĂšre en cette semaine sainte.

 

Source : le Salon Beige

Une Passion, quatre évangiles

15/04/2025

Une Passion, quatre évangiles

Les diffĂ©rences entre les quatre versions sont mĂ©connues. Dans l’inconscient collectif, la Passion du Christ correspond bien souvent aux souvenirs laissĂ©s par l’exercice du Chemin de la Croix, ou par le film de Mel Gibson. Beaucoup, par exemple, diront que JĂ©sus a chutĂ© trois fois, ce qui pourtant n’est pas prĂ©cisĂ© dans les textes. Et si on demande aux fidĂšles la diffĂ©rence entre la Passion lue le dimanche des Rameaux et celle du Vendredi saint, ils ne sauront que dire. Alors que les diffĂ©rences sont notables, et importantes Ă  souligner, car Dieu a voulu les quatre versions, avec leurs tonalitĂ©s particuliĂšres. La Passion du Christ est comme un grand diamant : il faut en dĂ©couvrir chaque facette pour se faire une idĂ©e de l’ensemble, qui nous dĂ©passera toujours. Car la Passion est un mystĂšre de foi autant qu’un fait historique.

 

Marc et Matthieu


Ces deux évangiles sont trÚs proches et montrent Jésus abandonné par les siens, affrontant seul une mort trÚs douloureuse.

Tant chez Marc que chez Matthieu, la marche Ă  la mort de JĂ©sus est encadrĂ©e par deux priĂšres. Au dĂ©but, Ă  GethsĂ©mani, JĂ©sus prie son PĂšre et demande que le calice s’éloigne de lui, sans rĂ©ponse. À la fin, au Golgotha, il prie encore, mais cette fois en disant « Mon Dieu » (la seule fois dans tous les Ă©vangiles) et en exprimant un sentiment d’abandon, qui est moquĂ© par les spectateurs.

 

Les deux Ă©vangiles font Ă©tat d’un procĂšs juif suivi du procĂšs romain. Dans les deux cas, JĂ©sus est violentĂ© physiquement. Ensuite, aucun ami ou disciple n’est prĂ©sent au pied de la croix. Il n’y a que solitude, insultes et moqueries.

 

Finalement, en poussant un grand cri, JĂ©sus expire, apparemment vaincu. Mais alors le PĂšre intervient, alors qu’il semblait jusque-lĂ  comme absent. Il accomplit les paroles prophĂ©tiques de JĂ©sus. Dans le procĂšs juif, JĂ©sus Ă©tait accusĂ© de vouloir dĂ©truire le Temple, et sur la croix on le lui rappela en se moquant de lui. Mais Ă  sa mort, le voile du sanctuaire se dĂ©chire complĂštement. De mĂȘme, JĂ©sus avait Ă©tĂ© accusĂ© de se prĂ©tendre le Messie, le Fils du Dieu bĂ©ni, et bafouĂ© pour cela sur la croix. Or, Ă  sa mort, un centurion romain dĂ©clare : « Vraiment cet homme Ă©tait le fils de Dieu ».

 

Ainsi ressort un thĂšme bien marquĂ©, que l’on trouvait dĂ©jĂ  dans les chapitres prĂ©cĂ©dents de Matthieu et Marc : JĂ©sus doit souffrir et mourir, et ses disciples doivent prendre la croix et le suivre. Les deux Ă©vangĂ©listes dramatisent les difficultĂ©s de la Passion : c’est Ă  la fois un avertissement et une consolation pour les lecteurs. Si le maĂźtre lui-mĂȘme trouve cela difficile, si les disciples perdent tout courage, c’est que la Passion dĂ©passe les forces humaines. Mais Dieu a Ă©tĂ© finalement lĂ  pour JĂ©sus, et il le sera aussi pour les disciples persĂ©cutĂ©s.

 

Les deux évangiles sont donc trÚs proches, mais on peut relever quelques différences notables :

– Marc est trĂšs factuel. Il souligne l’échec des disciples Ă  comprendre JĂ©sus. JĂ©sus n’y reçoit aucun soutien depuis la derniĂšre cĂšne jusqu’à sa mort. Marc est le plus brutal dans sa description de l’angoisse de JĂ©sus et de la faillite des disciples. C’est en Marc qu’il y a le plus de souffrance. On peut dire que cet Ă©vangile se destine surtout Ă  ceux qui souffrent et sont tentĂ©s de demander Ă  Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĂ© ? »

– Matthieu attĂ©nue un peu la noirceur de Marc. La prescience qu’a JĂ©sus de ce qui doit lui arriver est plus claire, et sa souverainetĂ© plus manifeste. Mais la grande diffĂ©rence avec Marc, c’est la question de la responsabilitĂ© : il faut dĂ©signer les coupables. Dans une sĂ©rie de scĂšnes propres Ă  Matthieu, on voit Judas essayant de rejeter sa responsabilitĂ© en rendant l’argent reçu, et les prĂȘtres refusant cet argent. La femme de Pilate cherche Ă  Ă©viter Ă  son Ă©poux sa responsabilitĂ© dans la mise Ă  mort, et Pilate lui-mĂȘme se dĂ©clare innocent en se lavant les mains. Pour Matthieu, tout le monde est coupable, Ă  commencer par les chefs des Juifs Ă  qui il fait dire : « que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ». On peut noter aussi en Matthieu le thĂšme de l’accomplissement des Écritures, ainsi que le rapport de la Passion de JĂ©sus avec son enfance : dans les deux cas il y a des phĂ©nomĂšnes cosmiques (Ă©toile / tremblement de terre), dans les deux cas on voit des paĂŻens amenĂ©s Ă  la foi (mages / soldats), dans les deux cas les manƓuvres des puissants de ce monde sont vouĂ©es Ă  l’échec (HĂ©rode le Grand / Pilate). Tout l’évangile de Matthieu est cohĂ©rent et converge vers son point culminant, la Passion. La rĂ©flexion est bien organisĂ©e et plus aboutie. Elle prĂ©sente une intelligence chrĂ©tienne des Ă©vĂ©nements.

 

Luc


Luc, c’est l’évangile du pardon et de la misĂ©ricorde. Dans le rĂ©cit de la Passion, il diverge beaucoup plus de Marc que ne le fait Matthieu. Il adoucit les Ă©vĂ©nements. On n’y trouve pas l’insistance sur la solitude de JĂ©sus, qui ne se dit pas triste Ă  en mourir. À l’agonie Ă  GethsĂ©mani, il est mĂȘme consolĂ© par un ange. Surtout JĂ©sus apparaĂźt en communion constante avec son PĂšre, au point qu’à la fin il ne s’écrie pas « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
 » mais il dit paisiblement : « PĂšre, entre tes mains je remets mon esprit ». Luc ne mentionne mĂȘme pas la fuite des disciples. Tout cela montre que la Passion selon Luc est moins nĂ©gative. Le PĂšre y est prĂ©sent, et pas uniquement aprĂšs la mort. JĂ©sus guĂ©rit l’oreille blessĂ©e du serviteur du grand-prĂȘtre, JĂ©sus pardonne sur la croix, et promet le paradis au bon larron. Les Juifs ne sont pas tous hostiles : certains accompagnent JĂ©sus jusqu’au Golgotha et s’en retournent en se frappant la poitrine, tandis que les filles de JĂ©rusalem se lamentent sur lui. Cette version est plus Ă©mouvante : elle vise Ă  toucher le cƓur du lecteur pour l’encourager Ă  devenir disciple.

 

Jean


La diffĂ©rence est nette avec les trois synoptiques, et avec Marc elle est trĂšs forte : la moitiĂ© environ du rĂ©cit johannique diffĂšre de la passion de Marc. On pourrait presque dire qu’en Jean, il n’y a pas de passion de JĂ©sus. L’aspect historique de la Passion est dĂ©jĂ  connu. Le dĂ©roulement exact des faits intĂ©resse donc moins Jean que le message thĂ©ologique qu’il faut en retirer.

 

La Passion selon Jean, c’est le rĂ©cit de l’élĂ©vation et de la victoire de JĂ©sus. La souffrance est minimisĂ©e. La scĂšne de l’agonie Ă  GethsĂ©mani est omise, et il n’y a pas de procĂšs juif. Le procĂšs romain est trĂšs dĂ©veloppĂ© et manifeste la majestĂ© de JĂ©sus (scĂšnes de l’Ecce homo et de l’Ecce rex vester). Le chemin de croix n’est pas dĂ©taillĂ©. Sur la croix, JĂ©sus n’est ni insultĂ© ni moquĂ©. Il n’exprime pas de sentiment d’abandon : il meurt avec le soutien de sa mĂšre et du disciple bien-aimĂ©. Tout est rĂ©sumĂ© en Jn 10,18 : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». JĂ©sus et le PĂšre sont un, et donc on ne voit pas JĂ©sus demander (comme dans les synoptiques) que son heure soit repoussĂ©e ou que le calice de la Passion s’éloigne de lui. Au contraire, c’est son objectif : arriver Ă  son heure, boire la coupe et accomplir sa mission, pour glorifier le nom de Dieu et accomplir les Écritures. Il contrĂŽle tout. À GethsĂ©mani, il n’a pas flĂ©chi. Au contraire ce sont ceux qui venaient l’arrĂȘter qui sont tombĂ©s Ă  terre quand il a dit « c’est moi ». JĂ©sus selon Jean, c’est le Fils de l’homme descendu des cieux et Ă  qui le PĂšre a remis tout jugement. Il ne peut donc pas ĂȘtre jugĂ© par des crĂ©atures. Il faut souligner que le rĂ©cit est structurĂ©, avec pour centre le couronnement d’épines : JĂ©sus est vraiment roi. C’est pourquoi il a pu dire au grand-prĂȘtre : « pourquoi m’interroges-tu ? » Et Ă  Pilate : « Tu n’as aucun pouvoir sur moi », ce qui l’impressionne. Tout au long de la Passion, JĂ©sus n’est pas celui qui est jugĂ©, mais celui qui juge. La victime est victorieuse
 « Regnavit a ligno Deus » comme le chante l’hymne Vexilla regis : « Dieu a rĂ©gnĂ© par le bois ». Notons bien que c’est la version choisie par l’Église pour le Vendredi Saint.

Conclusion


Les Ă©vangĂ©listes ne se contredisent pas : ils se complĂštent, mettant en valeur les diverses facettes de la Passion. Comme JĂ©sus l’a expliquĂ© aux disciples d’EmmaĂŒs : « ne fallait-il pas que le Christ souffrĂźt cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,26). De la souffrance Ă  la gloire : les versions de la Passion expriment tout le parcours qui va de l’une Ă  l’autre, de Marc insistant sur la souffrance, Ă  Matthieu, puis Luc, puis Jean insistant sur la gloire.

 

Ainsi, on peut dire en forçant le trait que pendant la Passion :                   

– selon Matthieu et Marc, JĂ©sus n’est vainqueur qu’aux yeux de Dieu. Sur la Croix il est mĂ©prisĂ©.

– selon Luc, JĂ©sus est vainqueur pour les disciples qui ont la foi. Sur la Croix il pardonne.

– selon Jean, JĂ©sus est vainqueur aux yeux de tous. Sur la Croix, qui est son trĂŽne, il rĂšgne.

Comme l’Église le Vendredi Saint, il faut mettre en valeur ce dernier aspect, car la force des images fait que pour beaucoup de fidĂšles la Passion du Christ est celle que prĂ©sente le film de Mel Gibson. C’est une vision ultra-rĂ©aliste et sanglante, basĂ©e sur Marc (et les rĂ©vĂ©lations de la bienheureuse Anne-Catherine Emmerich). Elle est importante, mais pas suffisante. Si le Christ a dit Ă  sainte Marguerite-Marie qu’il avait plus souffert Ă  GethsĂ©mani que sur la Croix, il faut mettre en valeur ses souffrances morales. Car nous n’avons pas Ă©tĂ© sauvĂ©s par la seule souffrance physique de JĂ©sus, mais par la puissance de son amour, exprimĂ© par son sacrifice, aussi intĂ©rieur qu’extĂ©rieur.

 

Abbé Alban Cras, FSSP

 

Pour approfondir :

– VANHOYE Albert, DUQUOC Charles, de la POTTERIE Ignace, La Passion selon les quatre Ă©vangiles, coll. Lire la Bible 55, Paris, Cerf, 1981.

– BROWN Raymond E., La Mort du Messie. EncyclopĂ©die de la Passion du Christ, Paris, Bayard, 2005 (1700 pages).

– MEYNET Roland, Selon les Écritures. Lecture typologique des rĂ©cits de la PĂąque du Seigneur, Rome, GBP, 2012.

– FOCANT Camille, Une passion, trois rĂ©cits, coll. Lire la Bible 201, Paris, Cerf, 2022.

 

L’abbĂ© Barthe defend la CorĂ©demption de la Sainte Vierge

14/04/2025

L’abbĂ© Barthe defend la CorĂ©demption de la Sainte Vierge

Bien que cette idée soit ancienne et soutenue par de nombreux saints, théologiens et papes, elle ne fut pas proclamée officiellement par le Concile Vatican II.

 

L’abbĂ© Barthe explique que ce privilege de Marie implique deux aspects : la CorĂ©demption (coopĂ©ration aux souffrances rĂ©demptrices du Christ sur terre) et la MĂ©diation (distribution cĂ©leste des grĂąces). Cette coopĂ©ration de Marie est unique car elle est MĂšre de Dieu (Theotokos), ce qui fonde une relation ontologique particuliĂšre avec le Christ. «Si le Christ, seul PrĂȘtre, offre le sacrifice de son Sang, la participation subordonnĂ©e de la MĂšre de Dieu Ă  cette offrande rĂ©demptrice tient Ă  ce que son Fiat a rendu possible la RĂ©demption, parce qu’elle a fourni la victime du sacrifice. En outre le Christ, qui a souffert toutes les sortes de la souffrance humaine (saint Thomas, Somme thĂ©ologique, 3a, q 46, a 5), assume aussi la Compassion de sa MĂšre qui est d’une qualitĂ© absolument unique, maternelle. Bien entendu, les mĂ©rites de la contribution de Marie Ă  notre salut ne sont pas, comme ceux du Christ, de condigno, de plein droit. Ils ne sauraient suffire par eux-mĂȘmes Ă  obtenir le salut, mais ils sont de congruo, de convenance, c’est-Ă -dire accordĂ©s par Dieu Ă  la priĂšre de la Bienheureuse Vierge».

 

Les fondements scripturaires et traditionnels que l’abbĂš Barthe expose sont la doctrine de saint Paul (Col 1,24) qui parle de la souffrance offerte pour le Corps du Christ, l’enseignement des PĂšres de l’Église, qui  ont souvent Ă©tabli une typologie Ève-Marie oĂč Marie devient la « nouvelle Ève », coopĂ©ratrice du salut et le fait que dĂšs le Moyen Âge, des thĂ©ologiens affirment que Marie a offert son Fils en sacrifice avec lui, dans une communion de volontĂ© et de souffrance.

 

Des voix modernes, comme l’abbĂ© Michel Viot, qui a donnĂ© une Ă©mission de Radio-Courtoisie sur le thĂšme : Marie CorĂ©demptrice, une explication dogmatique superflue, estiment cette doctrine excessive ou inutile. «L’abbĂ© Viot affirme de maniĂšre Ă©tonnante que saint Louis-Marie Grignion de Montfort enseignait une dĂ©votion en quelque sorte faible, dans la mesure oĂč la mĂ©diation de Marie ne serait aux termes du TraitĂ© qu’une mĂ©diation d’intercession, non d’acquisition et de dispensation de grĂąces, et de ce fait que l’on ne trouve pas de trace de la CorĂ©demption dans son TraitĂ© de la Vraie DĂ©votion». «Saint Louis-Marie – replique l’abbĂ© Barthe – appelle Marie ni plus ni moins que “la rĂ©paratrice du genre humain”. Il explique : “Telle est la volontĂ© du TrĂšs-Haut, qui exalte les humbles, que le Ciel, la terre et les enfers plient, bon grĂ© mal grĂ©, aux commandements de l’humble Marie, qu’il a faite souveraine du ciel et de la terre, la gĂ©nĂ©rale de ses armĂ©es, la trĂ©soriĂšre de ses trĂ©sors, la dispensatrice de ses grĂąces, l’ouvriĂšre de ses grandes merveilles, la rĂ©paratrice du genre humain, la mĂ©diatrice des hommes, l’exterminatrice des ennemis de Dieu et la fidĂšle compagne de ses grandeurs et de ses triomphes” (TraitĂ© de la Vraie DĂ©votion, n. 29). Il dit aussi : “Le Fils de Dieu s’est fait homme pour notre salut, mais en Marie et par Marie” (n. 16). Et sa priĂšre de consĂ©cration contient cette supplication: “Ô MĂšre admirable ! prĂ©sentez-moi Ă  votre cher Fils en qualitĂ© d’esclave Ă©ternel, afin que, m’ayant rachetĂ© par vous, il me reçoive par vous”» (n. 29).

 

Aussi certains thĂ©ologiens influents comme Yves Congar ou RenĂ© Laurentin ont combattu la doctrine de la corĂ©demption, au nom de l’ƓcumĂ©nisme ou par peur d’exagĂ©ration. Le pĂšre Yves Congar, par souci ƓcumĂ©nique, fut un des adversaires les plus virulents de ce qu’il nommait la « mariolĂątrie » et qui constituait avec la « papolĂątrie » un systĂšme qui, selon lui, empilait les dogmes et les condamnations et coupait le catholicisme de ses racines Ă©vangĂ©liques.  L’abbĂ© RenĂ© Laurentin, avec le pĂšre Congar, a combattu la doctrine de la mĂ©diation de toutes grĂąces, et par lĂ  la corĂ©demption lors du dernier Concile s’appuyant sur son ouvrage polĂ©mique, La question mariale (Seuil, Paris 1963), oĂč il prĂ©sentait le « maximalisme » du mouvement marial comme « un problĂšme », qu’il qualifiait d’« excessif » et mĂȘme de « pathologique ». 

 

«L’abbĂ© Laurentin lutta pour que soit retirĂ© le titre de Mater EcclesiĂŠ, pour que le texte De Beata Virgine soit intĂ©grĂ© dans Lumen Gentium et ne constitue plus un texte Ă  part, et pour que soit noyĂ© le titre de MĂ©diatrice au milieu d’une litanie de termes analogues. Jusqu’à la fin, devenu aussi maximaliste en apparitions mariales qu’il Ă©tait minimaliste en doctrine mariale, il rejeta la corĂ©demption et la mĂ©diation des grĂąces».

 

L’abbĂ© Barthe confute leur positions en se fondant aussi sur des Ă©minents auteurs comme les pĂšres Jean-HervĂ© Nicolas, Jean Stern, Guillaume de MenthiĂšre, qui ont brillamment dĂ©fendu l’idĂ©e d’une coopĂ©ration spĂ©cifique et unique de Marie Ă  l’Ɠuvre du salut.

 

L’article conclut en liant la RoyautĂ© de Marie Ă  celle du Christ : «N’est-il pas particuliĂšrement opportun, en cette annĂ©e oĂč nous fĂȘtons le centenaire de l’encyclique Quas primas de Pie XI sur la RoyautĂ© du Christ d’en rapprocher, comme le faisait Pie XII, la RoyautĂ© de Marie, liant ce pouvoir royal Ă  son association Ă  l’Ɠuvre de la RĂ©demption et Ă  sa dispensation des grĂąces sur les hommes, ses enfants ? Ne serait-il par ailleurs avantageux de dĂ©velopper la rĂ©flexion sur ce rapprochement de la RoyautĂ© du Christ et de la RoyautĂ© de Marie aux institutions humaines et spĂ©cialement aux nations ? Pour nous Français spĂ©cialement, dont le Christ, selon la frĂ©quente affirmation de sainte Jeanne d’Arc est “Roi de France” laquelle reconnaĂźt la Vierge Marie comme “Reine de France” depuis qu’en 1638 Louis XIII lui consacra son royaume en lui donnant ce titre. Que la Vierge Sainte obtienne par son intercession efficace le rachat de sa fille apostate ! »

 

L’abbĂ© Barthe sera un des orateurs au colloque thĂ©ologique sur la Co-rĂ©demption de la Sainte Vierge: contribution au dĂ©bat qui va se tenir Ă  Paris, Ă  la Maison internationale de la CitĂ© Universitaire, les 23 et 24 mai prochains et dont les confĂ©rences tendront Ă  relever le caractĂšre traditionnel de cette doctrine. Le colloque, organisĂ© par la ConfrĂ©rie Marie Co-rĂ©demptrice, sera consacrĂ© Ă  la discussion et Ă  la dĂ©fense du lien indissoluble entre les quatre dogmes mariaux (MaternitĂ© Divine, VirginitĂ© PerpĂ©tuelle, ImmaculĂ©e Conception, Assomption) et le mystĂšre de la Co-rĂ©demption de Marie, qui vient les couronner et les lier dans le CƓur ImmaculĂ©, indĂ©fectiblement uni au SacrĂ© CƓur du Christ. Participeront les abbĂ©s Gabriel Grodziski, Claude Barthe, Patrick Troadec et Manfred Hauke, le Professeur Roberto de Mattei, les PĂšres Jean-Christophe de NadaĂŻ (o.p.) et Serafino M. Lanzetta (Franciscain Marial) ainsi que de S. E. Mgr Athanasius Schneider (pour le programme, voir: www.coredemptrice.net).

 


Veronica Rasponi
Corrispondenza Romana (Professeur de Mattei)