Le blog du Temps de l'Immaculée.
12/09/2025
Des comparaisons politiquement incorrectes : avortement, idéologie du genre et nazisme
Le Cardinal MĂŒller n'a pas hĂ©sitĂ© Ă Ă©tablir des parallĂšles frappants, et bien sĂ»r jugĂ©s controversĂ©s, entre certaines idĂ©ologies modernes et le nazisme. Il a soutenu que toutes trois partagent un mĂȘme mĂ©canisme de fond : « l'Ă©touffement des consciences ».
S'attaquant d'abord Ă l'avortement, il a affirmĂ© que les promoteurs de cette pratique agissent comme les idĂ©ologues nazis qui avaient « anesthĂ©siĂ© leur conscience avec leur idĂ©ologie raciale ». De la mĂȘme maniĂšre, a-t-il poursuivi, « les idĂ©ologues de lâavortement savent que lâenfant dans le sein maternel est un ĂȘtre humain quâon nâa pas le droit de tuer. Mais pour justifier leur crime, ils prĂ©tendent que ce nâest pas encore une personne Ă part entiĂšre. » Le but, selon lui, est de « Ă©touffer leurs remords » en dĂ©shumanisant la victime.
Le cardinal a Ă©galement dĂ©noncĂ© avec la mĂȘme virulence la « folie du genre » qui, selon ses termes, « convainc les adolescents qu'ils peuvent changer de genre et qui, par l'automutilation assistĂ©e, les plonge dans une misĂšre physique et une souffrance mentale permanentes. » Il a classĂ© cette idĂ©ologie parmi les « illusions meurtriĂšres » au mĂȘme titre que l'avortement.
MĂŒller a d'ailleurs Ă©tabli un parallĂšle direct entre la criminalisation de ceux qui prient devant les cliniques d'avortement et la persĂ©cution des opposants au nazisme, citant le prĂ©vĂŽt Bernhard Lichtenberg, mort en prison pour avoir priĂ© pour les juifs. Il a dĂ©clarĂ© : « En Angleterre, on peut aller en prison si lâon prie devant une clinique dâavortement pour les enfants Ă naĂźtre, comme en Allemagne nazie le prĂ©vĂŽt de la cathĂ©drale de Berlin, Bernhard Lichtenberg, est mort en dĂ©tention en 1943 pour avoir simplement priĂ© pour les Juifs persĂ©cutĂ©s. »
La loi morale naturelle, fondement de la sociĂ©tĂ© et de l'Ătat
Au cĆur de son discours, le Cardinal MĂŒller a soulignĂ© l'importance de la loi morale naturelle, qu'il considĂšre comme le fondement essentiel de toute sociĂ©tĂ© juste. Cette loi, selon lui, est « reconnaissable comme norme morale dans la raison de toute personne consciencieuse » et permet « d'infailliblement distinguer le bien du mal ».
Il a insistĂ© sur le fait que la coexistence des diffĂ©rentes religions et visions du monde dans les Ătats modernes est rendue possible uniquement lorsque leur lĂ©gislation et leur jurisprudence sont guidĂ©es par cette loi morale universelle. L'Ăglise catholique, bien qu'« absolument indĂ©pendante de tout pouvoir terrestre », peut et doit coopĂ©rer avec un Ătat qui agit « au service du bien commun et reconnaĂźt les droits inaliĂ©nables de la personne ».
Le prĂ©lat a Ă©galement rappelĂ© la responsabilitĂ© intĂ©grale des catholiques, rejetant la notion d'une double conscience, oĂč la foi est relĂ©guĂ©e Ă la sphĂšre privĂ©e. S'appuyant sur l'enseignement du Pape LĂ©on XIV, il a martelĂ© que « La conscience des hommes politiques catholiques ne peut pas ĂȘtre divisĂ©e, selon la fausse doctrine de la double vĂ©ritĂ©, en une sphĂšre privĂ©e, oĂč lâon obĂ©it Ă Dieu, et une sphĂšre publique, oĂč lâon suit la logique des partis. Dans la vie privĂ©e comme dans la vie publique, nous catholiques sommes responsables devant notre conscience. »
L'avenir de la « civilisation chrétienne » en jeu
Le discours du Cardinal MĂŒller s'est conclu par un appel vibrant et urgent aux catholiques. Il a exhortĂ© les fidĂšles, notamment en Occident, Ă faire preuve de courage et de cohĂ©rence pour dĂ©fendre ce qu'il nomme la « civilisation chrĂ©tienne ».
Il a exprimĂ© sa gratitude envers la prĂ©sidence Trump pour avoir « remis la loi morale naturelle au fondement de lâaction publique » aux Ătats-Unis, inscrivant ainsi son discours dans une perspective gĂ©opolitique. Les catholiques, a-t-il prĂ©cisĂ©, n'attendent pas que l'Ătat promeuve le christianisme en tant que religion, mais exigent qu'il fasse de la loi morale naturelle « le fondement de toute action administrative, lĂ©gislative et judiciaire ».
En cas de conflit entre les lois humaines et la loi divine, la primautĂ© est claire : « Il faut obĂ©ir Ă Dieu plutĂŽt quâaux hommes » (Ac 5,29). Le Cardinal MĂŒller a conclu en affirmant que l'avenir de la civilisation chrĂ©tienne dĂ©pendra du « courage de cette cohĂ©rence intĂ©grale entre foi et vie publique ». Son message est un rappel puissant de la primautĂ© de la conscience et de l'urgence de l'engagement pour dĂ©fendre des valeurs qu'il considĂšre comme universelles et fondamentales.
Ce que notre cher cardinal ne dit qu'en filigrane, c'est qu'il appartient en premier Ă nos Ă©vĂȘques de nous montrer le chemin du courage ! Je pense au titre de JM GuĂ©nois qui a dressĂ© un tableau du cardinal Bustillo cette semaine dans le Figaro : "Les Ă©glises sont pleines dĂšs qu'il est lĂ !" Tout est dit ...
Messeigneurs, parlez-nous de Dieu encore et encore et dressez-vous pour nous dĂ©fendre, mĂȘme si cela vous coĂ»te votre LĂ©gion d'Honneur ! Nous avons besoin de vous, nous vous aimons !
Ave Maria !
Source d'étude : Kath.net, Tribune Chrétienne et Le Figaro
11/09/2025
[âŠ]
Câest une guerre qui nous est menĂ©eâ: certains veulent abattre lâenseignement catholique. DerriĂšre des formulations vagues et des tĂ©moignages subjectifs, le rapport de lâinspection ne rĂ©vĂšle pas de manquements rĂ©els au contrat dâassociation mais tĂ©moigne du refus dâaccepter la spĂ©cificitĂ© de lâenseignement catholique, pourtant garantie par la loi. Or nous sommes souvent trop tiĂšdes. Nous sommes Ă la remorque de ce que dĂ©cident les «âŻlaĂŻcistesâŻÂ» au mĂ©pris du «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» de nos Ă©tablissements. Quand Vincent Peillon [ancien ministre de lâĂducation nationale, NDLR] publie sa Charte de la laĂŻcitĂ© en 2013, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de lâEnseignement catholique lui emboĂźte le pas et diffuse aussitĂŽt un texte de la mĂȘme eau⊠Nous adoptons leur conception quasi religieuse de la laĂŻcitĂ©. Or la laĂŻcitĂ© nâest pas une religion de substitution. JâespĂšre que le nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral mĂšnera le combat quâon nous impose. Le bon combat. Il est temps de rappeler lâenseignement de lâĂglise en matiĂšre dâĂ©ducation, dâailleurs fondĂ© sur une longue expĂ©rience
.
Que faut-il faire pour endiguer cette offensiveâ?
Au niveau local, ne nous laissons pas intimider par des inspecteurs dont certains outrepassent leurs pouvoirs. Osons, au contraire, des propositions pastorales audacieuses, comme nous y invite MgrâŻAillet dans son dernier livre, LâĂglise face au monde moderne. LâĂ©cole catholique nâest pas une Ă©cole comme les autres, mais un lieu oĂč lâĂvangile est proposĂ© comme une lumiĂšre. Il ne nous est pas permis de la mettre sous le boisseau. Ce qui suppose aussi que lâĂ©quipe Ă©ducative soit cohĂ©rente, et les enseignants convaincus de leur mission. La formation des maĂźtres, et celle des chefs dâĂ©tablissements, mĂ©ritent dâĂȘtre rĂ©formĂ©es.
Au niveau national, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral devrait rappeler clairement que la loi garantit le caractĂšre propre de lâĂ©cole catholique. Cette offensive met en danger le pluralisme scolaire. Il faut sâarmer pour y rĂ©pondre. Ce qui passe par la mise en place dâune veille juridiqueâŻpour livrer les combats que certains veulent nous imposer. Que peut-on faire dans le cadre de la loiâ? Comment garantir la libertĂ© dâenseignement qui a valeur constitutionnelleâ? Cela suppose aussi que les chefs dâĂ©tablissement indĂ»ment attaquĂ©s bĂ©nĂ©ficient dâune assistance juridiqueâ: câest notre libertĂ© qui est en cause. Et notre dignitĂ©. Le jugement rendu Ă Pau rappelle que la justice demeure une garantie essentielle contre les attaques infondĂ©es. Loin dâĂȘtre un instrument idĂ©ologique, la laĂŻcitĂ© est confirmĂ©e par le tribunal comme un principe dâĂ©quilibre et de libertĂ© que certains voudraient travestir en dogme dâexclusion.
Quâattendez-vous des Ă©vĂȘquesâ?
MgrâŻAillet, lâĂ©vĂȘque de Bayonne, ne mâa jamais lĂąchĂ©. Jâaurais aimĂ© que la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France monte elle aussi au crĂ©neau. Nous avons besoin de lâassistance juridique du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral, et du soutien spirituel de nos Ă©vĂȘques. Je veux aussi remercier le sĂ©nateur Max Brisson, ancien inspecteur gĂ©nĂ©ral, qui a pris la parole au risque de dĂ©plaire, en restant fidĂšle Ă une certaine idĂ©e de lâĂ©cole et de la libertĂ© dâenseignement.
10/09/2025
FraternitĂ©, priĂšre et liturgie au cĆur de la vocation
L'étude d'Isabelle Jonveaux, menée en France, en Suisse et en Autriche, nous éclaire sur les parcours de 157 jeunes ayant fait le choix de la vie religieuse. Les chiffres sont sans appel et dessinent un profil type bien précis : 85 % d'entre eux ont été baptisés avant l'ùge de 3 ans, 67 % ont été confirmés avant 16 ans, et une écrasante majorité, 76 %, a toujours accompagné ses parents à la messe dominicale.
Mais ce qui est encore plus frappant, c'est leur engagement prĂ©coce dans des mouvements catholiques. L'article nous rĂ©vĂšle que "la moitiĂ© des sondĂ©s ont appartenu Ă un mouvement de scoutisme, principalement les Scouts et Guides dâEurope, tandis que 57% des hommes et 28% des femmes ont Ă©tĂ© servants de messe". Ce dernier point rĂ©vĂšle quand-mĂȘme une petite lacune dans l'Ă©tude. NĂ©anmoins, on retiendra que ces activitĂ©s, et particuliĂšrement le scoutisme chez les Scouts d'Europe qui prĂŽnent la fraternitĂ©, la discipline et la priĂšre, ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans leur cheminement.
L'étude met en évidence un autre point crucial : la vie religieuse a su se réinventer pour répondre à l'aspiration spirituelle de ces jeunes, qui ne se contentent plus d'une foi tiÚde. Ils sont à la recherche d'une vie de priÚre intense, d'une liturgie soignée et d'une communauté forte. Le texte insiste sur le fait que cette nouvelle approche est une réponse à "un fort besoin de spiritualité exprimé par ces nouvelles générations." ... Bah oui ...
La vie religieuse, une nouvelle voie pour une foi ancrée
En conclusion, l'étude d'Isabelle Jonveaux, relayée par La Croix et Famille Chrétienne dresse un portrait loin des idées reçues des jeunes qui s'engagent dans la vie religieuse aujourd'hui. Ils ne sont pas des marginaux cherchant un refuge, mais des jeunes issus de milieux catholiques pratiquants, déjà trÚs investis dans leur foi avant de faire ce choix radical. Leur parcours, souvent jalonné par le scoutisme ou le service de l'autel, témoigne d'une foi profonde et d'un besoin de cohérence entre leurs convictions et leur mode de vie.
Cette Ă©tude suggĂšre que les vocations de demain naĂźtront probablement d'un terreau familial et communautaire fertile, oĂč la pratique religieuse et l'engagement sont des valeurs centrales. Elle invite Ă reconsidĂ©rer la vie religieuse non pas comme une voie de fuite, mais comme l'aboutissement naturel d'un chemin de foi ancrĂ© et exigeant !
09/09/2025
La question du pĂšlerinage LGBT Ă Rome, organisĂ© Ă lâoccasion du JubilĂ©, ne peut ĂȘtre abordĂ©e Ă la lĂ©gĂšre. Elle touche des rĂ©alitĂ©s profondes de la foi, de lâĂglise, de la personne humaine et de la vĂ©ritĂ© Ă©vangĂ©lique. En rĂ©alitĂ©, la vraie question nâest pas simplement de savoir sâil faut ĂȘtre « pour » ou « contre » un tel Ă©vĂ©nement. Il faut dâabord discerner ce que cet acte signifie, ce quâil engage, et Ă quelle logique il obĂ©it. Câest une question de fidĂ©litĂ© Ă la Croix du Christ et non de stratĂ©gie pastorale ou de pression mĂ©diatique.
Deux chemins, deux visions, il faut dâemblĂ©e distinguer deux dĂ©marches radicalement diffĂ©rentes : Dâune part, il y a la personne homosexuelle, sincĂšre dans sa foi, qui reconnaĂźt ses combats intĂ©rieurs, ses fragilitĂ©s, mais qui choisit le Christ, avec ses exigences et sa Croix. Cette personne ne se dĂ©finit pas dâabord par son orientation sexuelle, mais par son baptĂȘme. Elle ne rĂ©duit pas son identitĂ© Ă une Ă©tiquette, elle avance humblement dans un chemin de conversion. Elle peut souffrir, lutter, mais elle sait que le Christ seul libĂšre.
Dâautre part, il y a ceux qui se rĂ©clament de lâidĂ©ologie LGBTQIA+, une construction sociopolitique aux racines clairement marxistes, comme lâont dĂ©montrĂ© de nombreux chercheurs. Cette idĂ©ologie vise Ă renverser les repĂšres traditionnels, notamment dans la morale, la famille, lâanthropologie. Elle ne cherche pas la conversion, mais la validation, voire la réécriture des fondements chrĂ©tiens, jusquâĂ exiger que lâĂglise modifie son enseignement.
Le danger ne vient pas des personnes, mais de cette confusion profonde entre accueil et approbation, entre amour et tolĂ©rance passive. Or, comme le rappelait saint Jean-Paul II : « Lâamour vrai est toujours exigeant. » La tolĂ©rance, si elle nâest pas Ă©clairĂ©e par la vĂ©ritĂ©, peut devenir une chaĂźne dâacceptations mĂ©caniques sans questionnements, et un refus habile de dĂ©battre en tranchant tout Ă trac. La tolĂ©rance nâira jamais aussi loin que lâamour, car elle nâimplique pas dâexigence, ni de souffle rĂ©el. Si AndrĂ© Frossard notait Ă bon droit « Amour, pour te dire, lâĂ©ternitĂ© sera courte », comment concevoir quâune mouvance (LGBT) privatise dâun claquement de doigts les destinĂ©es de ce saint mot, Amour, en le rĂ©duisant pour toujours Ă lâĂ©quation obtuse : « Amour = tolĂ©rance »
Il est fondamental de bien comprendre que lâĂglise ne rejette personne, mais elle nâa jamais enseignĂ© une inclusion inconditionnelle, sans appel Ă la conversion. Le catĂ©chisme nâest pas optionnel aux pĂšlerins de lâInconditionnel. LâĂvangile lui-mĂȘme ne donne aucun exemple de ce type dâinclusion « TTC ». La femme adultĂšre elle-mĂȘme, libĂ©rĂ©e, est sommĂ©e de ne plus « pĂ©cher » Ă lâavenir. Le Christ a accueilli les pĂ©cheurs, mais jamais sans leur dire : « Va, et ne pĂšche plus ».
De fait, le concept moderne dâ »inclusion » est souvent utilisĂ© pour faire pression sur lâĂglise afin quâelle inflĂ©chisse sa doctrine. Mais lâĂglise nâest pas une ONG. Elle nâa pas le droit de modifier ce quâelle a reçu du Christ. Le vĂ©ritable accueil, câest celui qui accompagne la personne dans un chemin de vĂ©ritĂ©, qui la respecte dans sa libertĂ©, mais ne ment pas sur ce qui conduit Ă la vie Ă©ternelle.
La vie chrĂ©tienne ne repose pas sur des slogans, mais sur un mouvement intĂ©rieur profond : la metanoia, ce retournement du cĆur que lâon appelle le plus souvent la conversion, pousseĂ devenir une crĂ©ature nouvelle. Ce changement nâest pas une simple amĂ©lioration morale, mais une transformation radicale opĂ©rĂ©e par la grĂące.
Câest pourquoi, participer Ă un pĂšlerinage en se revendiquant de lâĂ©tiquette politico-sociĂ©tale LGBT, dans une logique dâaffirmation identitaire et politique, nâest pas neutre, Ă tout le moins abusif et maladroit. Cela revient Ă mettre lâidĂ©ologie avant la foi, Ă imposer un cadre militant Ă une dĂ©marche spirituelle. Or, le vrai pĂšlerinage est une marche vers Dieu, un dĂ©pouillement, pas une revendication. Il nây a plus ni hommes, ni femmes, ni esclaves⊠nous rappelle lâĂ©cho de Saint Paul : comment sâagirait-il de rĂ©introduire du L, du G, du B ou du T lĂ oĂč nous ne sommes plus quâun, dĂ©pouillĂ©s de nos identitĂ©s temporelles, Ă©triquĂ©es ?
Le fait que le Pape LĂ©on XIV nâait pas participĂ© Ă cet Ă©vĂ©nement nâest pas anodin. Selon des sources romaines fiables, il a consciemment choisi de ne pas sâassocier Ă une initiative dont les objectifs sont ambigus, et parfois clairement opposĂ©s Ă la doctrine. Nul agenda ne saurait prĂ©valoir sur celui du Christ, lorsque lâon se prĂ©sent croyant. Cela ne signifie certes pas que le combat du respect et des droits humains soit Ă mettre au rebut, mais on ne saurait se prĂ©senter de façon double devant la Croix, objectif naturel du pĂšlerinage.
Certains, comme le pĂšre James Martin, portent ce projet avec ferveur, mais dans une logique dâinstrumentalisation maladroite de lâĂglise pour faire Ă©voluer sa doctrine. Le problĂšme nâest pas sa personne, mais la portĂ©e de ses engagements publics, qui induisent en erreur beaucoup dâĂąmes sincĂšres, qui mĂ©ritent mieux : elles mĂ©ritent la vĂ©ritĂ© !
Car ce qui est en jeu ici, ce nâest pas une reconnaissance sociale, mais le salut Ă©ternel des personnes. Aimer vraiment quelquâun, ce nâest pas lui dire ce quâil veut entendre, mais ce dont il a besoin pour vivre en vĂ©ritĂ© devant Dieu. Rien de nouveau sous le soleil !
Ă la maladresse peut aussi se substituer le cynisme, chez certains : il est profondĂ©ment malhonnĂȘte de manipuler la Parole de Dieu pour lui faire dire ce quâelle ne dit pas. Ceux que lâon pourrait qualifier de vĂ©ritables « faussaires de Dieu » sâobstinent Ă tordre le sens des Ăcritures au profit de leurs intĂ©rĂȘts idĂ©ologiques, en sâappuyant sur une hermĂ©neutique douteuse, souvent dĂ©connectĂ©e du contexte historique, linguistique et thĂ©ologique des textes bibliques.
Ă ce sujet, le travail du thĂ©ologien Robert A. J. Gagnon est une rĂ©fĂ©rence incontournable. Dans son ouvrage majeur, The Bible and Homosexual Practice : Texts and Hermeneutics, Gagnon mĂšne une analyse rigoureuse, fondĂ©e Ă la fois sur les textes originaux (hĂ©breu et grec), le contexte culturel du Proche-Orient ancien, et les donnĂ©es exĂ©gĂ©tiques les plus solides. Il dĂ©montre de maniĂšre mĂ©thodique et scientifiquement Ă©tayĂ©e que la Bible interdit sans Ă©quivoque les actes homosexuels, et ce, dans lâAncien comme dans le Nouveau Testament.
Contrairement aux interprĂ©tations rĂ©visionnistes popularisĂ©es par des auteurs comme Daniel Helminiak ou James Alison qui prĂ©tendent que les textes bibliques ne viseraient pas les pratiques homosexuelles contemporaines mais uniquement certaines formes dâexcĂšs ou de dĂ©bauche dans lâAntiquitĂ©, Gagnon prouve que cette lecture repose sur des biais mĂ©thodologiques flagrants et une volontĂ© manifeste de relecture idĂ©ologique. Ces approches ne tiennent pas devant une lecture critique sĂ©rieuse ni devant les principes fondamentaux de lâexĂ©gĂšse historique. Par ailleurs, comment imaginer que la sĂ©vĂ©ritĂ© bien connue de la Bible vis-Ă -vis de la morale sexuelle imposĂ©e aux auditoires hĂ©tĂ©rosexuels soit, soudainement et providentiellement, abolie en ce qui concerne la vie sexuelle des personnes homosensibles ?
Nous avons dâailleurs dĂ©jĂ publiĂ© une recension critique de lâouvrage controversĂ© de Helminiak (Ce que la Bible dit vraiment de lâhomosexualitĂ©), dans laquelle nous montrions les limites mĂ©thodologiques, les contresens exĂ©gĂ©tiques et lâabsence de cohĂ©rence thĂ©ologique de son propos. Il ne sâagit pas ici dâostraciser des personnes, mais de respecter lâintĂ©gritĂ© du texte biblique, sans pour autant se montrer « dur » ou « conservateur ». Toute lecture sĂ©rieuse de la Bible se doit dâhonorer son message dans son entiĂšretĂ©, sans le dĂ©former pour lâadapter Ă lâair du temps. Câest la base de la dĂ©ontologie. Câest lĂ une exigence de vĂ©ritĂ© intellectuelle, de probitĂ© thĂ©ologique, et de fidĂ©litĂ© Ă la Parole de Dieu.
Comme le disait BenoĂźt XVI : « Sans vĂ©ritĂ©, la charitĂ© devient sentimentalisme. » Et sans charitĂ©, la vĂ©ritĂ© devient violence. LâĂglise doit tenir les deux : accueillir les personnes avec une infinie tendresse, mais leur dire, avec une mĂȘme tendresse, que la voie du Christ est Ă©troite, quâelle passe par la Croix, par le renoncement, par une transformation intĂ©rieure radicale.
Oui, il y a une place pour chaque personne dans lâĂglise. Mais cette place ne peut ĂȘtre fondĂ©e que sur lâadhĂ©sion au Christ, Ă son Ăvangile, et Ă lâenseignement constant de lâĂglise. Ce nâest pas lĂ une quelconque exclusion, mais une invitation Ă quelque chose de plus grand : la saintetĂ©.
Ă Rome ou ailleurs, tout pĂšlerinage vĂ©ritable est une montĂ©e vers Dieu. Il ne peut ĂȘtre le lieu de revendications politiques, mais de conversions intĂ©rieures. Car ce qui se joue lĂ , câest bien plus quâun dĂ©bat : câest la vie Ă©ternelle !
08/09/2025
L'article de messainlatino.it, source de cette information, met en lumiÚre l'importance de l'événement :
« Une grande nouvelle : le cardinal Burke célébrera la Sainte Messe à Saint-Pierre lors du prochain pÚlerinage Summorum Pontificum ! (Rome, 24-26 octobre 2025) »
L'autorisation papale d'une messe tridentine Ă Saint-Pierre prend une forte portĂ©e symbolique, offrant aux communautĂ©s « tradi » un signe clair que Rome ne les exclut plus. Alors que la dĂ©cision de Traditionis custodes avait entraĂźnĂ© des restrictions sĂ©vĂšres et une marginalisation pour ces fidĂšles, notamment en France, le geste du pape LĂ©on XIV offre un contraste saisissant. Il tĂ©moigne d'une volontĂ© d'apaisement et d'unitĂ©, rappelant que la beautĂ© de la liturgie est un facteur de rassemblement. La cĂ©lĂ©bration d'octobre 2025 sera scrutĂ©e comme un « moment de vĂ©ritĂ© », permettant de mesurer la capacitĂ© de l'Ăglise Ă concilier la diversitĂ© des sensibilitĂ©s liturgiques avec la fidĂ©litĂ© Ă Rome.
07/09/2025
Cette aventure spirituelle a Ă©tĂ© rendue possible par une sĂ©rie de circonstances providentielles : la conversion bouleversante dâEdmond Fricoteaux, la redĂ©couverte de la statue monumentale de Notre-Dame de France, des inspirations reçues Ă Lisieux et ailleurs. GrĂące Ă lâengagement dâinnombrables bĂ©nĂ©voles et Ă une organisation nĂ©e littĂ©ralement de rien, ce mouvement prend une ampleur inattendue, accompagnĂ© par une succession de signes du Ciel. Dans la continuitĂ© de cet Ă©lan, lâAssociation Marie de Nazareth est fondĂ©e. Elle portera Ă son tour de nombreuses initiatives, parmi lesquelles, aujourdâhui, le projet des 1 000 raisons de croire.
Les raisons d'y croire
Au moment exact du lancement de la cĂ©rĂ©monie de bĂ©nĂ©diction des Vierges pĂšlerines, au milieu dâune journĂ©e prĂ©vue pour ĂȘtre entiĂšrement pluvieuse, une Ă©claircie Ă©tonnante se produit au Puy-en-Velay. Câest le dernier des clins dâĆil du Ciel donnĂ©s pour cette action, mais il y en a eu bien dâautres et de nature trĂšs diffĂ©rente.
La conversion dâEdmond Fricoteaux Ă Rome, Ă lâĂ©coute de paroles anodines du cardinal Gantin, et les circonstances de la naissance de son engagement marial sont aussi certainement providentielles.
Edmond conçoit ensuite avec lâaide du pĂšre Laurentin le projet dâun cadeau de remerciement Ă la Vierge Marie sous forme dâune statue de sept mĂštres, portant lâEnfant JĂ©sus, couronnĂ©e de douze Ă©toiles, afin de lâinstaller sur une colline proche de Paris. Antoine Legrand, rencontrĂ© « par hasard », lui rĂ©vĂšle quâen fait cette statue existe dĂ©jĂ . Celle-ci peut finalement ĂȘtre retrouvĂ©e et installĂ©e, cinquante ans aprĂšs le vĆu du cardinal Verdier, qui demandait exactement cela pour « faire pendant au SacrĂ©-CĆur de Montmartre ». Cette sĂ©rie de coĂŻncidences est tout Ă fait Ă©tonnante.
Le projet des Vierges pĂšlerines est nĂ© de maniĂšre tout aussi Ă©tonnante de la convergence de deux signaux. Dâabord, le rĂȘve puissant dâun jeune homme de Douai, qui voit Notre-Dame de France avec, Ă ses pieds, une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis une intuition qui naĂźt dans lâoraison priante de trois amis au carmel de Lisieux. Câest en fait le mĂȘme appel, mais qui prend des voies diffĂ©rentes.
La Providence permet par la suite les rencontres nĂ©cessaires pour que le projet corresponde exactement Ă la demande de lâĂglise de lâĂ©poque, quâil se concrĂ©tise et quâil se mette en place.
Paulette Leconte, mĂšre de famille de treize enfants, est sollicitĂ©e au dernier moment pour sculpter une nouvelle statue de Notre-Dame de France, en des traits plus humains que celle de Baillet-en-France, et la rĂ©alisation se rĂ©vĂ©lera aussi exceptionnelle, si bien que plus de 15 000 statues pourront ĂȘtre dupliquĂ©es et envoyĂ©es partout dans le monde.
La mise en place en un temps record â et avant Internet ! â dâun rĂ©seau de bĂ©nĂ©voles dans toutes les rĂ©gions, dĂ©partements, cantons et villages de France est aussi un accomplissement surprenant.
Les nombreuses rencontres de « Marie aux 108 noms » avec les personnes spĂ©cialement touchĂ©es par la Vierge venue les visiter sont autant de fruits extraordinaires : cette histoire est donc ainsi jalonnĂ©e dâinnombrables fioretti.
En savoir plus
Ce 8 septembre 1995, il y a trente ans, nous Ă©tions quelques milliers de bĂ©nĂ©voles mobilisĂ©s pour la bĂ©nĂ©diction et le lancement de 108 statues et icĂŽnes de la MĂšre de Dieu. Elles allaient devenir ces « Vierges pĂšlerines » qui sillonneraient la France pendant un an, dans 108 petites remorques blanches confectionnĂ©es par le CAT de Chinon, tirĂ©es par des Peugeot 106 mises Ă disposition en location dans le cadre dâun gros contrat dâun an avec Peugeot Neubauer. Le temps est couvert, la matinĂ©e est pluvieuse, et, lors de la confĂ©rence de presse, vers onze heures, les journalistes me demandent si nous ne sommes pas trop déçus de ce temps tristounet. Je me souviens leur avoir rĂ©pondu que câĂ©tait un peu dommage, mais quâil y avait tant Ă faire pour prĂ©parer le lancement Ă quinze heures quâon nâavait pas le temps dây penser beaucoup. Les choses sâenchaĂźnent ensuite jusquâĂ ce moment tant attendu oĂč nous nous retrouvons au sommet de la colline sur laquelle a Ă©tĂ© installĂ©e la statue monumentale de Notre-Dame de France du Puy-en-Velay. Mais juste avant que je prenne le micro pour lancer les choses, mon pĂšre mâinterpelle : « As-tu vu les nuages ? » Sans que nous nous en rendions compte, une grande Ă©claircie Ă©tait apparue et, Ă quinze heures pile, le ciel est entiĂšrement bleu au-dessus de nos tĂȘtes, les nuages formant comme une couronne rĂ©guliĂšre, dans toutes les directions, loin de nous, Ă plusieurs kilomĂštres de distance. Un spectacle Ă©tonnant qui restera gravĂ© dans ma mĂ©moire et, depuis, je suis trĂšs attentif aux « miracles mĂ©tĂ©orologiques » qui sont en rĂ©alitĂ© bien plus courants que ce que lâon peut imaginer. Quelques minutes aprĂšs, les nuages reprendront le dessus, mais on aura encore droit Ă un rayon de soleil magnifique et puissant au moment de lâĂ©lĂ©vation eucharistique, lors de la messe. Mais ce petit clin dâĆil, qui nous a rĂ©confortĂ©s et rĂ©jouis sur le moment, nâĂ©tait en fait quâun petit Ă©lĂ©ment dâune histoire tissĂ©e dâĂ©vĂ©nements providentiels nombreux, depuis de longues annĂ©es.
Un fil de grĂąces
Tout commence par une conversion, en apparence anodine, qui deviendra lâĂ©tincelle dâune aventure nationale, puis mondiale. En avril 1984, Ă Rome, Edmond Fricoteaux â notaire Ă Saint-Denis, venu surtout accompagner son Ă©pouse et un groupe dâĂ©lĂšves â est saisi au cĆur par quelques mots du cardinal Bernardin Gantin Ă Sainte-Marie-Majeure. Il se confesse, ressort « assoiffĂ© de Dieu » et, de retour en France, se met Ă lire, prier, chercher. Ă La Courneuve, sur la tombe du pĂšre Jean-Ădouard Lamy, il implore un « amour immodĂ©rĂ© » pour la Vierge : la grĂące arrive, irrĂ©sistible. En quelques semaines, Edmond change de cap : il parle de Dieu Ă ses clients, entraĂźne des centaines de personnes en pĂšlerinage, entre dans la spiritualitĂ© de saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Ce basculement intĂ©rieur â discret sur le moment âapparaĂźt comme une premiĂšre action de la Providence : Dieu prĂ©pare un cĆur.
« Notre-Dame de France » : la statue qui existait dĂ©jĂ
De cette conversion naĂźt un dĂ©sir : offrir Ă Marie une grande statue visible par tous, au bord dâun axe routier. LĂ encore, la Providence « devance » Edmond : en avion, il est assis Ă cĂŽtĂ© du pĂšre RenĂ© Laurentin, qui lui trace le cap : lâaccord de lâĂ©vĂȘque du lieu, le soutien dâune congrĂ©gation, et surtout une Vierge portant lâEnfant. Edmond imagine alors une figure de sept mĂštres, coiffĂ©e des douze Ă©toiles de la Rue du Bac⊠quand un « hasard » de carnet dâadresses le met en relation avec Antoine Legrand. Celui-ci lui rĂ©vĂšle que la statue rĂȘvĂ©e existe dĂ©jĂ : « Notre-Dame de France », Ćuvre de Roger de Villiers et de Raymond Subes, qui avait couronnĂ© le pavillon pontifical de lâExposition universelle de 1937, puis sommeillait depuis des annĂ©es, dĂ©montĂ©e, oubliĂ©e. Sâouvre une traque patiente : les archives, Amiens, lâĂ©glise Saint-HonorĂ©, le zoo (oĂč la statue passa par lâenclos des girafes !), puis les sous-sols municipaux. Viennent 2 000 heures de restauration par un maĂźtre-serrurier, des soutiens multipliĂ©s, une souscription populaire (25 000 donateurs) et, le 15 octobre 1988 â exactement cinquante ans aprĂšs le vĆu du cardinal Verdier de voir cette statue « faire pendant au SacrĂ©-CĆur de Montmartre » â, lâĂ©lĂ©vation Ă Baillet-en-France et la bĂ©nĂ©diction par le cardinal Lustiger, sept Ă©vĂȘques et le nonce, devant 52 000 personnes. Comme un premier sceau cĂ©leste, une grande foule se rassemble ; des conversions sâensuivent. Beaucoup pensaient : « Mission accomplie. » En rĂ©alitĂ©, la Providence venait dâinstaller le tremplin.
Deux signes fondateurs : un rĂȘve, une intuition
Ă peine la statue remise « sur sa colline », deux signaux convergents arrivent. Dâabord, la lettre dâun jeune homme de Douai : un rĂȘve puissant,au cours duquel il voit Notre-Dame de France, avec Ă ses pieds une foule immense, et des statues venues de toute la France. Puis la visite de monsieur Flichy et de trois amis, priants du carmel de Lisieux : dans leur oraison sâimpose lâidĂ©e que des statues mariales â venues des diocĂšses â pourraient devenir pĂšlerines, de village en village, pour offrir des veillĂ©es de priĂšre Ă JĂ©sus et Marie, et « labourer » le pays. Deux « petits » faits subjectifs ? Ou, plus profondĂ©ment, le mĂȘme appel qui se prĂ©cise par voies diffĂ©rentes : la Vierge, moins visitĂ©e, viendra visiter son peuple.
Dans la priĂšre du chapelet et la mĂ©ditation, Edmond reçoit et affine lâintuition : lancer un pĂšlerinage dâenviron cent statues, ambassadrices des diocĂšses de France (et dĂ©jĂ lâhorizon des cinq continents affleure). Le nom nâest pas encore fixĂ©, mais lâĂ©lan, lui, lâest : les « Vierges pĂšlerines » sont conçues.
La maturation prudente (1989-1994) : « Visitation de Marie »
Reste Ă faire⊠lâimpossible : convaincre, coordonner, financer, concrĂ©tiser. De 1989 Ă 1994, Edmond entreprend une tournĂ©e dâĂ©coute et de propositions : cardinaux, archevĂȘques, Ă©vĂȘques â en France, en Europe, au-delĂ â reçoivent lâexplication de ce projet de « Visitation de Marie ». On amĂ©liore, on reformule, on peaufine. Cette phase, souvent invisible, est capitale : elle enracine lâĆuvre dans lâĂglise, assainit les Ă©cueils... Elle est aussi un temps oĂč la Providence prĂ©pare et ajuste les personnes impliquĂ©es.
La rencontre qui a changé mon parcours (PentecÎte 1994)
Ă la PentecĂŽte 1994, alors que je demande depuis des mois Ă la Vierge Marie de me trouver une activitĂ© professionnelle plus compatible avec ma conversion, je suis pour la premiĂšre fois en train de dĂ©jeuner avec celle qui deviendra un an plus tard mon Ă©pouse. Elle me prĂ©sente ses parents, qui deviendront donc plus tard ma belle-famille, lorsque sĆur Jeannine-Marie, de lâabbaye Notre-Dame de lâOuĂże, Ă Dourdan, mâappelle en me disant de venir tout de suite parce quâil y a chez eux en ce moment une personne qui parle merveilleusement de la Sainte Vierge. Je lui explique dâabord que ce nâest pas possible, mais elle insiste tellement que je finis par y aller, aprĂšs le dĂ©jeuner : câest lĂ que je rencontre pour la premiĂšre fois Edmond Fricoteaux ; il me dĂ©crit dans les moindres dĂ©tails le projet des « Vierges pĂšlerines » quâil a en tĂȘte : une premiĂšre annĂ©e de priĂšres en France, qui se finit dans le « Champ des bergers », Ă BethlĂ©em, en passant par cette grande priĂšre quâil veut organiser dans tous les pays du monde. Ă lâĂ©poque, je faisais des Ă©tudes de thĂ©ologie et je lui rĂ©ponds que son idĂ©e correspond parfaitement Ă ce que demande le pape Jean-Paul II, qui engage Ă se mettre en priĂšre autour de Marie pour prĂ©parer le grand JubilĂ© de lâan 2000 « comme dans un Nouvel Avent ». Je me mets donc Ă sa disposition pour un an et il me charge de lâorganisation, du maillage du territoire et de la constitution des Ă©quipes de bĂ©nĂ©voles avec des responsables rĂ©gionaux, dĂ©partementaux, cantonaux et au niveau de chaque village. Edmond avait eu du mal Ă quitter sa famille et Ă faire quelques heures de route pour aller parler de la MĂšre de Dieu en ce dimanche de PentecĂŽte, mais il dira ensuite quâil a Ă©tĂ© bien rĂ©compensĂ©.
Le consensus ecclésial : liberté des laïcs, encouragement des pasteurs
Au printemps 1995, les choses sâaccĂ©lĂšrent. Tous les Ă©vĂȘques de France reçoivent un courrier prĂ©sentant le projet et proposant une rencontre. Plus dâune trentaine dâentre eux sont visitĂ©s ; les remarques sont intĂ©grĂ©es, les formulations ajustĂ©es. Le 13 mai 1995, Mgr Duval, archevĂȘque de Rouen et prĂ©sident de la ConfĂ©rence Ă©piscopale, fixe le cadre : initiative privĂ©e, portĂ©e par des laĂŻcs, encouragĂ©e par plusieurs Ă©vĂȘques responsables de grands sanctuaires marials. La formule est dĂ©cisive : « On nâarrĂȘte pas une priĂšre. » Elle garantit la libertĂ© dâun Ă©lan venu dâen bas, tout en le cadrant dans la communion de lâĂglise. Le 24 juin 1995, dernier samedi avant les vacances, 500 dĂ©lĂ©guĂ©s venus de tous les dĂ©partements se rassemblent Ă Saint-Denis pour la rĂ©vĂ©lation du projet. Câest la fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste et du CĆur ImmaculĂ© de Marie : « prĂ©parer les chemins du Seigneur ».
Les « impossibles » logistiques : une chaĂźne de dons et dâingĂ©niositĂ©
Reste Ă rĂ©soudre lâinsoluble matĂ©riel : en quelques semaines, lâinfrastructure dâun mouvement national est montĂ©e. Les 108 statues et icĂŽnes sont reproduites, ainsi quâune nouvelle image de Notre-Dame de France, sculptĂ©e Ă ma demande par madame Paulette Leconte. Une statue magnifique, qui sera finalement dupliquĂ©e et diffusĂ©e Ă plus de 15 000 exemplaires, dans le monde entier, et qui servira aussi au « M » de Marie. Le 13 juillet, 110 remorques (dont deux de secours) sont commandĂ©es dans le Nord. Un marchĂ© est conclu avec le CAT de Chinon (90 personnes en situation de handicap) pour transformer ces remorques en « Maisons de Marie », chapelles vitrĂ©es et moquettĂ©es, que la presse baptisera « mamamobiles ». Un contrat parallĂšle avec Peugeot et un loueur met Ă disposition 108 voitures blanches type 106. Un total de 370 000 livrets bleus sont Ă©ditĂ©s et diffusĂ©s partout : ils dĂ©clenchent un flot de courrier, de dons, de propositions dâaccueil, de chauffeurs bĂ©nĂ©voles.
Le choix du Puy-en-Velay, antique sanctuaire au cĆur de la France
Il fallait un starting-block qui soit un signe. Le Puy-en-Velay est le plus ancien sanctuaire marial dâEurope, capitale mariale dominĂ©e par une statue monumentale de la Vierge⊠nommĂ©e, elle aussi, « Notre-Dame de France », et son Ă©vĂȘque, Mgr Henri Brincard, Ă©vĂȘque du Puy, est trĂšs marial et nous accueille avec joie. Le 7 septembre au soir, 108 remorques et 108 images convergent de tous les dĂ©partements vers la ville. Le lendemain, 8 septembre 1995 â fĂȘte de la NativitĂ© de la Vierge â, la ville est pavoisĂ©e aux couleurs de Marie. Les statues prennent place sur les marches de la cathĂ©drale, face Ă la foule ; les images font le tour du pays ; la tĂ©lĂ©vision relaie partout un Ă©tonnement bienveillant. Ă quinze heures, sous un ciel qui se dĂ©gage, le pĂšlerinage se lance et, pendant la messe, un peu plus tard, Mgr Brincard, Mgr Gaidon, Ă©vĂȘque de Cahors, et Mgr Van Thuan, venu spĂ©cialement de Rome, bĂ©nissent « Marie aux 108 noms », ambassadrices des diocĂšses. La foule rĂ©pond : « Priez pour nous », comme un mĂȘme chĆur de provinces. Plus de 4 000 personnes communient Ă ce dĂ©part. Sept autres Ă©vĂȘques â gardiens de grands sanctuaires â avaient Ă©crit pour soutenir lâĆuvre (Le Puy, Chartres, Le Laus, Pellevoisin, La Garde, Rocamadour, Liesse).
Un « Nouvel Avent » vers lâan 2000
LâĂ©lan ne vient pas de nulle part : Jean-Paul II a demandĂ© que le JubilĂ© de lâan 2000 soit prĂ©parĂ©, avec Marie, comme un « nouvel Avent ». Les Vierges pĂšlerines donnent un visage concret Ă cet appel. En un an (1995-1996), elles proposeront 40 000 veillĂ©es de priĂšre, partout en France. Puis, en 1996, la dynamique sâouvre au monde : bĂ©nĂ©diction Ă Rome le 8 dĂ©cembre ; visite au patriarche BartholomĂ©e Ier, Ă Constantinople, le 14 dĂ©cembre ; extension sur quatre ans Ă 120 pays ; et, le 24 dĂ©cembre 1999, « point dâorgue » Ă BethlĂ©em, avec 82 nationalitĂ©s et douze Ăglises chrĂ©tiennes rĂ©unies pour la nuit de NoĂ«l. Ă lâarriĂšre-plan, la mĂȘme logique : Marie visite, rĂ©unit, prĂ©pare les cĆurs.
Une Ćuvre de peuple : dons, talents, Ă©preuves et fruits
La rĂ©ussite tient Ă une alchimie trĂšs simple. Une idĂ©e humble, claire, portĂ©e par la priĂšre ; un cadre ecclĂ©sial juste (initiative laĂŻque, encouragement des pasteurs) ; et une masse de petites gĂ©nĂ©rositĂ©s qui composent un grand fleuve : des sculpteurs (91 au total), un mouleur (HervĂ© Capelli), des carrossiers, des imprimeurs, des chauffeurs bĂ©nĂ©voles, des Ă©quipes diocĂ©saines, des municipalitĂ©s parfois inattendues, des mĂ©dias souvent Ă©tonnamment ouverts. Il y a des Ă©preuves, des critiques, des impondĂ©rables ; elles sont assumĂ©es avec patience et persĂ©vĂ©rance. Et des fruits en foule : retours Ă Dieu, conversions, guĂ©risons, fioretti, au dĂ©tour dâun village, dâune nationale, ou mĂȘme, plus tard, sur une route de Bagdad ou dans le Kurdistan. Les « mamamobiles » Ă©tonnent, mais elles rassemblent.
Le 8 septembre 1995 : pourquoi ce jour est la « preuve »
Si lâon cherche le moment oĂč tous les fils se nouent, câest ce 8 septembre, au Puy. Tout y converge : la date liturgique (naissance de Marie), le lieu matriciel (le plus ancien sanctuaire marial dâEurope), le nom (Notre-Dame de France), la bĂ©nĂ©diction dâun Ă©vĂȘque gardien des lieux, la prĂ©sence et la faveur de plusieurs pasteurs, lâadhĂ©sion populaire, la mĂ©tĂ©o elle-mĂȘme qui « sâouvre ». Mais, derriĂšre lâĂ©vĂ©nement, on lit le patient tissage : une conversion (1984), une statue retrouvĂ©e (1988), deux signes concordants (rĂȘve et intuition), des annĂ©es dâenracinement (1989-1994), une rencontre charismatique et organisatrice (PentecĂŽte 1994), un cadre ecclĂ©sial sage (mai 1995), une date-signal (24 juin 1995), un miracle logistique (juillet-aoĂ»t 1995). Autrement dit : rien nâĂ©tait « automatique », tout a Ă©tĂ© donnĂ© Ă point nommĂ©. Câest prĂ©cisĂ©ment ce que lâon nomme, en langage croyant, la Providence.
AprÚs le départ : une fécondité en cascade
Le « oui » du 8 septembre ne fut pas un feu de paille. En sept ans, le mouvement devient lâun des plus grands pĂšlerinages jamais organisĂ©s : des millions de chapelets distribuĂ©s, des millions de kilomĂštres parcourus, prĂšs de 120 pays touchĂ©s, plus de 10 000 statues et icĂŽnes finalement envoyĂ©es dans le monde. Le projet « Marie de Nazareth » naĂźtra de cette sĂšve (un centre spirituel Ă Nazareth) et la veillĂ©e de BethlĂ©em, au deux milliĂšme NoĂ«l, scellera symboliquement lâintuition de dĂ©part : faire de Marie la pĂ©dagogue dâun « Avent » contemporain.
Le style dâEdmond : une foi qui rend tout possible
Reste la figure dâEdmond Fricoteaux, sans laquelle on ne comprend pas lâunitĂ© du rĂ©cit. Sa foi, nĂ©e en 1984, nâa jamais Ă©tĂ© une exaltation fugace : elle sâest traduite par de lâaudace, de la tĂ©nacitĂ©, une capacitĂ© à « dĂ©placer des montagnes » en associant des compĂ©tences extrĂȘmement diverses. Il a reçu, discernĂ©, consultĂ©, rectifiĂ©, recommencĂ©. Et, quand lâĂglise a dit : « initiative privĂ©e, encouragĂ©e », il a su rester Ă sa place â celle dâun laĂŻc Ă©vangĂ©lisateur â en laissant la place aux pasteurs. Câest cette humilitĂ© efficace qui a permis au dessein de Marie de passer du « rĂȘve » Ă la route.
Conclusion : la logique de la Providence
Regarder le 8 septembre 1995 comme un pur exploit dâorganisation, ce serait manquer lâessentiel. Ce jour-lĂ couronne un chapelet de « hasards » trop ajustĂ©s pour ĂȘtre de simples coĂŻncidences : une parole qui transperce Ă Rome, une statue rĂȘvĂ©e qui existe dĂ©jĂ , une trouvaille improbable dans les caves dâune mairie, un peuple qui souscrit, une foule qui se rassemble, un rĂȘve et une intuition concordants, une rencontre de PentecĂŽte qui apporte la compĂ©tence pratique, des Ă©vĂȘques qui cadrent sans Ă©touffer, une date de la Saint-Jean-Baptiste et du CĆur ImmaculĂ© pour lancer le mouvement, des remorques livrĂ©es Ă temps et transformĂ©es par des mains souvent fragiles, des voitures blanches qui apparaissent quand il le faut, un livret bleu qui rĂ©veille la ferveur, un sanctuaire millĂ©naire qui ouvre ses marches, un ciel qui sâĂ©claircit Ă lâheure prĂ©cise.
La Providence nâabolit pas lâeffort humain ; elle lâaimante et lâorchestre. Au Puy, le 8 septembre 1995, la France a vu une idĂ©e spirituelle devenir un fait : 108 Vierges pĂšlerines, « Marie aux 108 noms », partant bĂ©nies pour 40 000 veillĂ©es en un an. Il ne restait plus quâĂ suivre â et Ă prier. Câest ce que fit une multitude ; et câest pourquoi, longtemps aprĂšs, on peut relire ce dĂ©part non comme un souvenir mais comme un signe : quand Marie veut visiter ses enfants, Dieu prĂ©pare les chemins.
Olivier Bonnassies
Olivier Bonnassies, est ancien Ă©lĂšve de lâĂcole Polytechnique (X86), diplĂŽmĂ© de lâInstitut HEC start up et de lâInstitut Catholique de Paris (licence en thĂ©ologie).
Entrepreneur, il a créé plusieurs sociĂ©tĂ©s. Non croyant jusquâĂ lâĂąge de 20 ans, il est auteur dâune vingtaine de livres et de vidĂ©os et de quelques spectacles, scĂ©narios, articles, newsletters et sites Internet comme Marie de Nazareth sur des sujets souvent liĂ©s Ă la rationalitĂ© de la foi.
Au delĂ
Prenez Marie chez vous ! Des statues de Notre-Dame de France de 90 ou 45 centimĂštres peuvent ĂȘtre acquises facilement. Ă lâimage de Joseph ( Mt 1,20 ) ou de Jean ( Jn 19,27 ), prendre ainsi Marie « chez soi » est un acte de foi par lequel nous accueillons au cĆur de nos vies la Vierge, qui vient avec JĂ©sus, doux et humble de cĆur, offrir toute sa protection et sa tendresse.
Aller plus loin
Le magnifique documentaire de Pierre BarnĂ©rias qui retrace en image lâensemble de lâaventure des Vierges pĂšlerines.
En complément
Le mouvement de priÚre des Vierges pÚlerines raconté dans « Notre Histoire avec Marie »
Lâhistoire de la statue monumentale de Notre-Dame de France , dâ Edmond Fricoteaux et du pĂšlerinage de Notre-Dame de France racontĂ©e sur le site de la confrĂ©rie Notre-Dame de France
Le livre Notre-Dame de France en images (tome 1), Téqui, 1999.
Source : 1000 raisons de croire
07/09/2025
La voyante, qui prendra ensuite le nom de Marie France en devenant vierge consacrĂ©e dans la Pieuse Union des Adoratrices du CĆur de JĂ©sus quâelle crĂ©a, a transmis une priĂšre Ă rĂ©citer pour la France : « Mon Fils, pardonnez-lui, elle vous aime toujours puisqu'elle n'a jamais cessĂ© de m'aimer... » et une belle promesse de la part de la Vierge :
« Si, en union avec mon Divin Fils, j'aime toutes les nations qu'Il a rachetĂ©es de Son Sang, vois comme je chĂ©ris tout particuliĂšrement ta chĂšre Patrie... Mon Fils dĂ©sire que l'on fasse des images et des statues me reprĂ©sentant ainsi et que l'on m'invoque sous le vocable de Notre Dame de France. Si l'on rĂ©pond Ă ce nouveau dĂ©sir de Son Divin CĆur, la France reviendra tout particuliĂšrement mienne, je la prendrai Ă jamais sous ma maternelle protection et mon Fils se plaira Ă rĂ©pandre sur elle d'abondantes bĂ©nĂ©dictions ».
Mgr Roland Gosselin, Ă©vĂȘque de Versailles de 1931 Ă 1952, approuva officiellement la Pieuse union des Adoratrices du SacrĂ©-CĆur et permit dâimprimer lâimage de « Marie Reine de France » ainsi que la priĂšre rĂ©vĂ©lĂ©e au cours des apparitions, mais il nây eut jamais de jugement canonique dĂ©finitif sur ces faits qui sont un peu oubliĂ©s aujourdâhui.
DâaprĂšs Les Apparitions de Versailles â Marie, Reine de France, JĂ©sus, Roi de France, par Jean Robin, Editions Pierre TĂ©qui
06/09/2025
Le pape a soulignĂ© dans son homĂ©lie l'importance de ne pas "gaspiller sa vie en dehors du projet de Dieu", un message qui rĂ©sonne avec force dans notre sociĂ©tĂ© moderne. La saintetĂ©, loin d'ĂȘtre un idĂ©al lointain, est prĂ©sentĂ©e comme un chemin concret, celui du dĂ©tachement de soi pour adhĂ©rer Ă la volontĂ© divine.
Dans ce contexte, le pape Léon XIV a mis en parallÚle les vies de ces deux nouveaux saints, les présentant comme des modÚles pour la jeunesse d'aujourd'hui :
Pier Giorgio Frassati : cet étudiant du XXe siÚcle, dont la joie de vivre et la charité lui ont valu le surnom d'« entreprise de transport Frassati », a montré qu'une foi authentique se traduit par une action sociale et politique courageuse.
Carlo Acutis : cet adolescent du XXIe siĂšcle, passionnĂ© d'informatique, a su allier ferveur eucharistique et culture numĂ©rique. Il a laissĂ© un hĂ©ritage puissant, montrant que la saintetĂ© peut s'Ă©panouir au cĆur de la vie quotidienne. "Devant le soleil, on se bronze. Devant lâEucharistie, on devient saint", disait-il.
Le pape a également utilisé l'exemple de Carlo Acutis pour mettre en évidence la force de l'Eucharistie face aux critiques et aux remises en question. On pense à ce propos à la polémique récente avec le théologien Andrea Grillo, qui a qualifié la piété eucharistique de Carlo Acutis d'« obsessionnelle » et de « dépassée ».
En rĂ©affirmant que « la tristesse, câest le regard tournĂ© vers soi-mĂȘme, le bonheur, câest le regard tournĂ© vers Dieu », LĂ©on XIV a rappelĂ© l'importance de se tourner vers le Christ pour trouver le bonheur.
Un appel direct Ă la jeunesse
Cette double canonisation est une exhortation pour la jeunesse Ă ne pas avoir peur de la radicalitĂ© de l'Ăvangile. Pour le pape, la vie doit ĂȘtre un chef-d'Ćuvre. Cet appel fort reprend d'ailleurs la devise de Frassati, "Verso l'alto, vers le sommet", et invite chacun, croyant ou non, Ă orienter sa vie vers le haut.
Ces deux nouveaux saints, l'un du début du XXe siÚcle et l'autre du début du XXIe, incarnent, chacun à leur maniÚre, la vocation de tout baptisé à la plénitude de la vie chrétienne. Ils illustrent, avec éloquence, que la jeunesse n'est pas une période d'attente, mais un moment de floraison de la sainteté.
05/09/2025
L'article s'ouvre sur un constat sombre : la persĂ©cution des chrĂ©tiens se multiplie Ă travers le monde, que ce soit en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, en Inde ou mĂȘme en France. Cette rĂ©alitĂ© fait Ă©cho aux paroles du Christ lui-mĂȘme, citĂ©es par l'auteure, qui affirment ne pas ĂȘtre venu apporter la paix, mais le "glaive" et la "division" (Matthieu 10, 34 et Luc 12, 51). Ces paroles, paradoxales pour une vision humaine de la paix, sont la clĂ© pour comprendre que la paix du Christ ne s'obtient pas par des compromis ou des trĂȘves artificielles, mais par une fidĂ©litĂ© inĂ©branlable au "vrai bien".
Une jeunesse enracinĂ©e et fidĂšle đ
Maitena Urbistondoy souligne un signe d'espoir au milieu de ce chaos : le JubilĂ© des jeunes Ă Rome. Cet Ă©vĂ©nement, qui a rassemblĂ© des millions de jeunes catholiques, n'est pas vu comme une simple parenthĂšse d'enthousiasme, mais comme la preuve qu'une jeunesse enracinĂ©e dans la foi refuse de se rĂ©signer. L'auteur met en garde contre deux extrĂȘmes : s'enflammer au point de se dĂ©courager ou, au contraire, refroidir l'ardeur par des exigences trop lourdes. L'idĂ©e est plutĂŽt de cultiver une paix intĂ©rieure qui n'est ni vengeance, ni complaisance, mais une force qui se manifeste Ă travers la charitĂ© et la persĂ©vĂ©rance.
L'article insiste sur l'importance de l'exemple des martyrs de notre temps, qui nous enseignent que "la paix du Christ n'est pas donnĂ©e en dehors de la Croix". Accepter le combat pour la vĂ©ritĂ©, c'est aussi accepter d'ĂȘtre rejetĂ© et de faire face Ă l'inconfort. La paix chrĂ©tienne se manifeste "dans la fidĂ©litĂ© jusqu'au bout, mĂȘme quand tout semble s'effondrer autour de nous". L'auteur conclut cette section en citant Pie XI, qui rappelait la nĂ©cessitĂ© d'une paix qui pĂ©nĂštre les cĆurs, loin d'une paix "artificielle et extĂ©rieure".
Ătre artisans de paix aujourd'hui âš
L'Ă©ditorial aborde ensuite les dĂ©fis de notre Ă©poque, marquĂ©e par un "effondrement moral et culturel". Face Ă des dĂ©rives telles que la sĂ©lection d'embryons selon des critĂšres arbitraires, le chrĂ©tien n'est pas appelĂ© Ă "subir" mais Ă "rayonner". Ce rayonnement est une manifestation de la vraie paix qui existe dĂ©jĂ , "mĂȘme au milieu des tempĂȘtes".
L'auteur le résume bien :
« Il nous revient dâĂȘtre la lumiĂšre dont le monde a besoin en incarnant lâĂ©quilibre qui vient de Dieu. »
Cet appel Ă ĂȘtre un "artisan de paix" est exigeant. Il nous demande de dĂ©fendre inlassablement la vĂ©ritĂ© de l'Ăvangile, non pas comme une option parmi d'autres, mais comme le tĂ©moignage d'un bien supĂ©rieur. La conclusion de l'article est un vĂ©ritable appel Ă l'action. Loin de s'idĂ©aliser un passĂ© rĂ©volu ou un futur imaginaire, Maitena Urbistondoy nous invite Ă vivre la paix du Christ dans le prĂ©sent, en Ă©cho Ă la cĂ©lĂšbre exhortation de Saint A
ugustin :
« Ne dites pas que les temps sont mauvais, vous ĂȘtes les temps. Soyez bons et les temps seront bons. »
En somme, cet Ă©ditorial nous rappelle que la paix du Christ n'est pas une passivitĂ©, mais une force active et vivante, un combat pour la justice qui nous transforme nous-mĂȘmes et le monde qui nous entoure.
04/09/2025
Une joie qui se nourrit de la souffrance
Alors que la tuberculose la consume et que ses jours sont comptĂ©s, ThĂ©rĂšse de Lisieux choisit de ne pas s'enfermer dans l'amertume. Loin d'ĂȘtre un hymne Ă la douleur, son poĂšme « Ma joie » est une offrande, un acte d'amour qui transforme l'Ă©preuve en un chemin d'union avec Dieu.
Elle ose affirmer : « Vraiment je suis par trop heureuse, / Je fais toujours ma volontĂ©âŠ. / Pourrais-je nâĂȘtre pas joyeuse / Et ne pas montrer ma gaĂźtĂ© ?⊠».
Cette joie ne se nourrit pas d'une absence de souffrance, mais de l'acceptation de celle-ci, comme le rĂ©vĂšlent ces vers saisissants : « Ma joie, câest dâaimer la souffrance, / Je souris en versant des pleurs / Jâaccepte avec reconnaissance / Les Ă©pines mĂȘlĂ©es aux fleurs. ».
ThĂ©rĂšse de Lisieux ne fuit pas l'Ă©preuve, elle l'accueille comme une participation au mystĂšre de la croix, une maniĂšre de s'unir Ă la Passion du Christ. C'est en se faisant toute petite qu'elle trouve une force inĂ©puisable : « Ma joie, câest de rester petite / Aussi quand je tombe en chemin / Je puis me relever bien vite / Et JĂ©sus me prend par la main ».
Un message intemporel de résilience et d'amour
Ă notre Ă©poque, oĂč la douleur est souvent perçue comme un obstacle Ă Ă©liminer, le poĂšme de ThĂ©rĂšse de Lisieux est une vĂ©ritable provocation. Il nous invite Ă changer de perspective et Ă voir la souffrance non pas comme une fatalitĂ©, mais comme une opportunitĂ© de croissance et de libertĂ© intĂ©rieure.
« Je veux bien souffrir sans le dire / Pour que JĂ©sus soit consolĂ© / Ma joie, câest de le voir sourire / Lorsque mon cĆur est exilĂ©âŠ. ».
Pour ThĂ©rĂšse, la joie n'est pas un simple sentiment Ă©phĂ©mĂšre, mais un Ă©tat d'ĂȘtre profondĂ©ment enracinĂ© dans l'amour. Cet amour la pousse Ă affirmer que mĂȘme dans l'adversitĂ©, sa seule joie est de pouvoir faire plaisir Ă Dieu : « Ma seule joie sur cette terre / Câest de pouvoir te rĂ©jouir. ».
En nous montrant comment transformer les Ă©preuves en une offrande d'amour, ThĂ©rĂšse de Lisieux nous livre une clĂ© prĂ©cieuse pour affronter la duretĂ© de la vie. Son poĂšme est un rappel puissant que, mĂȘme au cĆur de l'ombre, une joie profonde et inaltĂ©rable peut naĂźtre et tout transfigurer.
« Ma joie » (PN 45, 21 janvier 1897)
« Il est des ùmes sur la terre
Qui cherchent en vain le bonheur
Mais pour moi, câest tout le contraire
La joie se trouve dans mon cĆur
Cette joie nâest pas Ă©phĂ©mĂšre
Je la possĂšde sans retour
Comme une rose printaniĂšre
Elle me sourit chaque jour.
Vraiment je suis par trop heureuse,
Je fais toujours ma volontĂ©âŠ.
Pourrais-je nâĂȘtre pas joyeuse
Et ne pas montrer ma gaĂźtĂ© ?âŠ
Ma joie, câest dâaimer la souffrance,
Je souris en versant des pleurs
Jâaccepte avec reconnaissance
Les Ă©pines mĂȘlĂ©es aux fleurs.
Lorsque le Ciel bleu devient sombre
Et quâil semble me dĂ©laisser,
Ma joie, câest de rester dans lâombre
De me cacher, de mâabaisser.
Ma joie, câest la VolontĂ© Sainte
De Jésus mon unique amour
Ainsi je vis sans nulle crainte
Jâaime autant la nuit que le jour.
Ma joie, câest de rester petite
Aussi quand je tombe en chemin
Je puis me relever bien vite
Et Jésus me prend par la main
Alors le comblant de caresses
Je Lui dis quâIl est tout pour moi
Et je redouble de tendresses
LorsquâIl se dĂ©robe Ă ma foi.
Si parfois je verse des larmes
Ma joie, câest de les bien cacher
Oh ! que la souffrance a de charmes
Quand de fleurs on sait la voiler !
Je veux bien souffrir sans le dire
Pour que Jésus soit consolé
Ma joie, câest de le voir sourire
Lorsque mon cĆur est exilĂ©âŠ.
Ma joie, câest de lutter sans cesse
Afin dâenfanter des Ă©lus.
Câest le cĆur brĂ»lant de tendresse
De souvent redire à Jésus :
« Pour toi, mon Divin petit FrÚre
Je suis heureuse de souffrir
Ma seule joie sur cette terre
Câest de pouvoir te rĂ©jouir.»
« Longtemps encor je veux bien vivre
Seigneur, si câest lĂ ton dĂ©sir
Dans le Ciel je voudrais te suivre
Si cela te faisait plaisir.
Lâamour, ce feu de la Patrie
Ne cesse de me consumer
Que me font la mort ou la vie?
JĂ©sus, ma joie, câest de tâaimer! »
D'aprÚs Tribune Chrétienne
03/09/2025
De l'islam radical à la foi catholique : un parcours vers la paix intérieure
Dans un entretien poignant accordĂ© au Journal du Dimanche, Bruno Guillot, ancien imam salafiste, lĂšve le voile sur son parcours hors du commun, de son adhĂ©sion Ă l'islam radical Ă sa rĂ©cente conversion au catholicisme. Son livre, "Adieu Soulayman. ItinĂ©raire d'un imam salafiste", publiĂ© aux Ă©ditions ArtĂšge, se prĂ©sente comme un tĂ©moignage brutal et honnĂȘte des coulisses de l'islam radical et de la quĂȘte d'une vĂ©ritĂ© spirituelle qui le mĂšnera finalement Ă la paix.
Un vide spirituel comblé par le salafisme
NĂ© en Belgique de parents français, Bruno Guillot se convertit Ă l'Ăąge de 15 ans. Le dĂ©clic ? Des relations familiales tendues et la rencontre de jeunes Marocains au sein desquels il trouve la chaleur et l'appartenance qui lui manquaient. Pour lui, le constat est sans appel : « C'est la dĂ©christianisation qui fait l'islamisation. » Il insiste sur la nature prosĂ©lyte de l'islam qui, selon lui, comble le vide spirituel de nombreux jeunes EuropĂ©ens en quĂȘte d'un enracinement.
Son parcours le mĂšne en Arabie saoudite, oĂč il devient un prĂȘcheur salafiste reconnu. Il dĂ©nonce alors la stratĂ©gie de conquĂȘte du royaume qui, Ă travers l'universitĂ© islamique de MĂ©dine, vise Ă propager le wahhabisme en Occident. Le discours est clair : « il est inconcevable de remettre en cause la charia ou le statut de mĂ©crĂ©ants attribuĂ© aux juifs et aux chrĂ©tiens. » Bien que se considĂ©rant comme un salafiste quiĂ©tiste, il admet la porositĂ© de la frontiĂšre avec le djihadisme, dĂ©clarant que « seule la temporalitĂ© nous diffĂ©rencie des djihadistes. »
La quĂȘte d'une sĂ©rĂ©nitĂ© retrouvĂ©e
MalgrĂ© son immersion totale dans le salafisme, le doute finit par s'installer. Bruno Guillot dĂ©crit une religion « qui tyrannise ses propres fidĂšles » par sa rigueur constante, entraĂźnant une fatigue profonde. C'est dans ce moment de faiblesse qu'une nouvelle quĂȘte spirituelle commence. Il se convertit au catholicisme, une dĂ©cision qui lui vaudra une fatwa. AprĂšs des annĂ©es d'Ă©tudes thĂ©ologiques, la rĂ©vĂ©lation se fait autour d'un simple verset : « Dieu est amour. »
Il tĂ©moigne de la paix inĂ©galable qu'il a trouvĂ©e dans sa nouvelle foi. Son parcours est une illustration de la quĂȘte de sens qui anime l'ĂȘtre humain et qui, pour lui, a trouvĂ© sa rĂ©ponse dans un message d'amour, Ă l'opposĂ© de la tyrannie qu'il avait connue.
Points clés du livre Adieu Soulayman :
01/09/2025
Le 16 fĂ©vrier 1892, le pape LĂ©on XIII publiait l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » sur l'Ăglise et l'Ătat en France, qui ouvrait la voie Ă la participation des catholiques Ă la vie politique de la RĂ©publique française. D'oĂč le terme de « Ralliement », qui a historiquement dĂ©fini cette politique d'adhĂ©sion.
L'encyclique , dans sa premiĂšre partie, reprend les observations sur la « conspiration » de la politique moderne contre les droits de l'Ăglise, dĂ©jĂ exprimĂ©es dans des encycliques prĂ©cĂ©dentes, et appelle les catholiques Ă se rassembler afin de former « une grande unitĂ© ». Les raisons doctrinales par lesquelles LĂ©on XIII soutient la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de participation unie Ă la vie politique de la RĂ©publique antichrĂ©tienne sont les suivantes : a) toutes les formes de gouvernement sont Ă©galement valables en elles-mĂȘmes ; b) leur adĂ©quation dĂ©pend de la diversitĂ© des caractĂšres et des coutumes des peuples ; c) aucune forme politique ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©finitive et immuable ; d) mĂȘme en ce qui concerne le gouvernement rĂ©publicain actuel, les catholiques doivent s'engager unis « Ă prĂ©server ou Ă accroĂźtre la grandeur morale de leur pays » ; e) cependant, dit-on, cette forme de gouvernement est antichrĂ©tienne : LĂ©on propose ici la distinction entre « pouvoirs constituĂ©s » et « lĂ©gislation ». Il peut arriver qu'un pouvoir constituĂ© valide produise une lĂ©gislation terrible, ou qu'un pouvoir dĂ©fectueux produise une bonne lĂ©gislation, car « la qualitĂ© des lois dĂ©pend plus de la qualitĂ© des hommes investis du pouvoir que de la forme du pouvoir ». Les catholiques français doivent donc s'unir « comme un seul homme », mĂȘme dans la RĂ©publique dĂ©mocratique, contre les abus de la lĂ©gislation.
Dans un article publiĂ© dans Die Tagespost le 24 juillet (lisible en italien sur le blog d'Aldo Maria Valli ) , Martin Grichting rĂ©examine la question en comparant LĂ©on XIII Ă LĂ©on XIV. Selon lui, LĂ©on XIII a marquĂ© un tournant par rapport aux positions de son prĂ©dĂ©cesseur, Pie IX, encore attachĂ© au rĂ©gime prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution française, Ă©poque Ă laquelle, Ă©crit l'auteur, la RĂ©publique Ă©tait considĂ©rĂ©e comme le diable. Dans son encyclique de 1892, LĂ©on XIII affirmait qu'aucune forme de gouvernement n'est immuable, affirmant que la reconnaissance de nouvelles formes de gouvernement Ă©tait non seulement permise, mais mĂȘme nĂ©cessaire au bien de la sociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsque, sous cette nouvelle forme dĂ©mocratique, un gouvernement antichrĂ©tien combattait l'Ăglise. Les catholiques devaient abandonner l'« Ătat catholique », adhĂ©rer Ă la RĂ©publique et utiliser tous les moyens dĂ©mocratiques pour dĂ©fendre l'Ăvangile et les droits de l'Ăglise.
L'abbĂ© Claude Barthe, qui a revisitĂ© le sujet dans certains de ses Ă©crits rĂ©cents, est d'un avis diffĂ©rent . Selon lui, croire que toute forme de gouvernement peut ĂȘtre bonne et que le rĂ©gime de la RĂ©publique française ne saurait a priori ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une tyrannie revient Ă mĂ©connaĂźtre la dĂ©mocratie moderne, celle nĂ©e avec la DĂ©claration des Droits de l'Homme durant la phase constituante de la RĂ©volution française, qui fonde sa lĂ©gitimitĂ© non pas sur Dieu mais sur la nation. Cette dĂ©mocratie ne peut ĂȘtre bonne car elle n'est pas neutre ; la distinction entre « pouvoirs Ă©tablis » et « lĂ©gislation » ne s'y applique donc pas. DĂ©finir le droit de tuer un enfant innocent comme l'un des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution française revient Ă affirmer la supĂ©rioritĂ© de la « volontĂ© gĂ©nĂ©rale » des individus sur la volontĂ© de Dieu. C'est pourquoi « la tactique lĂ©onine Ă©tait rĂ©solument erronĂ©e ». (C. Barthe, Las consignas de LeĂłn XIII : une fausse bonne idĂ©e, Verbo, n. 629-630, novembre-dĂ©cembre 2024, pp. 825-834 ; Id., La dimension politique de la dĂ©fense du droit naturel , Verbo, n. 627-628, aoĂ»t-septembre-octobre 2024, pp. 575-584). Dans cette rupture produite par la RĂ©publique dĂ©mocratique, selon Don Barthe, on ne pouvait pas voir la volontĂ© dâĂ©loigner lâĂglise de la scĂšne publique et de lâintĂ©grer dans des structures institutionnelles qui organiseraient progressivement la sĂ©paration entre lâĂglise et la sociĂ©tĂ©. En effet, de nombreux catholiques libĂ©raux â « avec une naĂŻvetĂ© parfois trĂšs touchante » â y voyaient une opportunitĂ© et « le catholicisme dĂ©mocratique retrouverait une influence dans la libertĂ© moderne quâil perdait de jour en jour, restant liĂ© aux rĂȘves de restauration du christianisme » (C. Barthe, Trouvera-t-il encore la foi sur terre ? , Fede & Cultura, VĂ©rone 2024, p. 25).
Stefano Fontana
01/09/2025
Saint Pie X (1835-1914) - "Tout restaurer dans le Christ "
Il est difficile de résumer l'activité d'un pontificat qui fut d'une si grande importance dans la vie de l'Eglise. Le livre que nous citons en référence regroupe ces actes sous divers titres; nous en retiendrons deux :
SAINT PIE X ET LE MODERNISME
On sait que l'hĂ©rĂ©sie moderniste, "synthĂšse de toutes les hĂ©rĂ©sies", fait de la RĂ©vĂ©lation une Ă©motion personnelle; la rĂ©vĂ©lation n'est plus une affirmation mais une expĂ©rience; c'est l'homme qui se parle Ă lui-mĂȘme. Il s'agit alors de penser "historiquement" la Foi. Cette hĂ©rĂ©sie refleurit et ce sont les mĂȘmes thĂšses qu'au dĂ©but du siĂšcle, notait le pape Paul VI. "Le modernisme pĂ©nĂštre partout avec un certain esprit de libre examen plein de pĂ©rils", Ă©crit en 1969 le PrĂ©sident de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France.
Face à cette erreur multiforme et à son appareil, la premiÚre mesure prise sous le pontificat de saint Pie X est la mise à l'index, dÚs la fin de 1903, des principaux ouvrages de l'abbé Loisy. Un peu plus tard, interviennent la mise à l'index d'ouvrages d'autres modernistes français. En 1907, des mesures plus générales viennent compléter cette action :
- le décret Lamentabili du 3-4 juillet 1907 dénonce 65 propositions modernistes
-l'encyclique Pascendi Dominici Gregis du 8 septembre 1907 reprend ces propositions, non plus de façon isolée, mais en montrant leur lien. Cette encyclique est un traité doctrinal qu'il faut étudier.
SAINT PIE X ET LA FRANCE
Vis-Ă -vis de la France, le pontificat de saint Pie X est marquĂ© par deux textes particuliĂšrement importants de doctrine sociale : l'encyclique Vehementer (11 fĂ©vrier 1906) condamnant la sĂ©paration de l'Eglise et de l'Etat, telle que l'instituait la loi de 1905 et la lettre Ă l'Episcopat condamnant le mouvement du Sillon, expression du modernisme social (Notre charge apostolique, 25 aoĂ»t 1910). Il est certain que la portĂ©e de ces deux textes dĂ©passe le cadre français. Dans le second, s'Ă©levant contre "ceux qui ne craignent pas de faire entre l'Evangile et la RĂ©volution des rapprochements blasphĂ©matoires", contre ceux dont "le rĂȘve est de changer les bases naturelles et traditionnelles et de promettre une citĂ© future Ă©difiĂ©e sur d'autres principes", il rappelle le fondement de toute rĂ©novation de la sociĂ©tĂ© :
"Non, on ne bĂątira pas de citĂ© autrement que Dieu ne l'a bĂątie; on n'Ă©difiera pas la sociĂ©tĂ©, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus Ă inventer, ni la citĂ© nouvelle Ă bĂątir dans les nuĂ©es. Elle a Ă©tĂ©, elle est; c'est la civilisation chrĂ©tienne, c'est la citĂ© catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la rĂ©volte et de lâimpiĂ©tĂ©. "omnia instaurare in Christo".
Ces textes, aussi actuels aujourd'hui qu'au dĂ©but du siĂšcle, mĂ©ritent d'ĂȘtre lus, Ă©tudiĂ©s, mĂ©ditĂ©s.
On a souvent dans nos chapitres évoqué la prophétie de saint Pie X : "Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa premiÚre vocation... elle ne périra jamais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes... (Elle entendra à nouveau la voix de Jésus) "Va, fille aßnée de l'Eglise, nation prédestinée... va porter comme par le passé mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre ".
Et c'est encore en s'adressant Ă notre pays que saint Pie X dĂ©clare : "Le salut de la France ne peut ĂȘtre obtenu que par la reconnaissance du rĂšgne du Christ sur la nation" (8 mai 1906).
Source : ND de Chrétienté
Références : - Saint Pie X de Icillio Felici - Traduction d'une vie de saint Pie X, écrite en 1954 sous le titre italien "Il papa delle Eucaristica". Publication du Courrier de Rome 1991 (B P. 156 - 780001 Versailles). - "Le Courrier de Rome" vient également de publier en deux volumes de 800 p. l'ensemble des documents pontificaux de saint Pie X.
31/08/2025
Recension d'un article de Y.M. Sévillia du 14 07 25 sur Bd Voltaire.
Dans le collimateur de l'Ăducation nationale, l'Ă©tablissement privĂ© Stanislas est devenu le symbole des tensions qui menacent l'enseignement catholique et le principe de la libertĂ© scolaire. Sous pression depuis une enquĂȘte de l'Inspection gĂ©nĂ©rale, l'Ă©cole parisienne est mise en demeure de modifier certains de ses enseignements, notamment son cours de "culture chrĂ©tienne". Cette affaire dĂ©passe le cadre d'un simple Ă©tablissement : elle soulĂšve la question du "caractĂšre propre" de l'enseignement catholique, une notion au cĆur de la loi DebrĂ© de 1959.
Le "navire amiral" attaqué
L'article explore les dĂ©fis auxquels l'enseignement catholique est confrontĂ© Ă travers le prisme de l'affaire Stanislas. L'Ă©tablissement parisien, qualifiĂ© de «âŻnavire amiralâŻÂ» de l'enseignement privĂ© sous contrat, se retrouve au cĆur d'une controverse majeure. Tout a commencĂ© par des accusations de «âŻsexiste et homophobeâŻÂ» Ă©manant de mĂ©dias, suivies d'une sĂ©rie de visites de l'acadĂ©mie de Paris et d'un rapport de l'Inspection gĂ©nĂ©rale de l'Ă©ducation, du sport et de la recherche (IGESR). L'Ăducation nationale exige dĂ©sormais des ajustements, notamment pour les cours de sexualitĂ© et, surtout, pour l'enseignement de "culture chrĂ©tienne", jugĂ© trop proche de l'instruction religieuse.
Le directeur de l'Ă©tablissement, Igor Le Diagon, a d'ailleurs exprimĂ© sa surprise quant Ă la demande de rendre facultatif cet enseignement, une mesure qui, selon lui, affecte l'ensemble de l'enseignement catholique. Comme le souligne un cadre expĂ©rimentĂ©, «âŻla loi peut faire lâobjet dâinterprĂ©tations... Ă partir de quand implique-t-on la foi des Ă©lĂšvesâŻ?âŻÂ». Cela met en lumiĂšre la fragilitĂ© de la notion de «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» de ces Ă©tablissements, qui, si l'on ne peut plus y aborder la foi chrĂ©tienne, perdrait tout son sens.
Un combat idéologique et une menace sur les libertés
L'article insiste sur la nature profondĂ©ment idĂ©ologique de ce conflit, qu'il dĂ©crit comme la «âŻrĂ©surgence de la vieille lutte anticlĂ©ricale dâune gauche viscĂ©ralement opposĂ©e Ă lâenseignement privĂ©âŻÂ». Cette opposition, incarnĂ©e par des figures politiques qui rĂ©clament la rupture du contrat de l'Ătat avec Stanislas, vise non seulement l'enseignement religieux, mais aussi la libertĂ© d'enseignement elle-mĂȘme.
Le texte souligne qu'au-delĂ de la sphĂšre confessionnelle, cette affaire devrait prĂ©occuper tous les Français, car elle reflĂšte une menace plus large sur les libertĂ©s fondamentales. Il pointe Ă©galement le silence des Ă©vĂȘques, considĂ©rĂ©s comme les seuls Ă pouvoir dĂ©fendre ce «âŻcaractĂšre propreâŻÂ» et Ă s'opposer fermement Ă ces remises en question.
En conclusion, l'article dresse un tableau sombre de la situation de l'enseignement catholique en France, avec l'affaire Stanislas comme point de rupture. Plus qu'une simple controverse, il s'agit d'un vĂ©ritable combat idĂ©ologique oĂč la notion de "caractĂšre propre" des Ă©tablissements catholiques est mise Ă l'Ă©preuve.
Yves-Marie Sévillia conclut en posant une question essentielle : si la culture chrétienne ne fait plus partie de l'identité de l'enseignement catholique, quelle est la prochaine étape et comment les libertés d'enseignement et de conscience seront-elles préservées à l'avenir ?
30/08/2025
L'article s'appuie sur plusieurs points forts de la pensée de Dom Guéranger, illustrés par des citations percutantes et des idées clés :
Sur le lien entre liturgie et Tradition : toute hérésie commence par une réforme liturgique.
« Tout sectaire voulant introduire une doctrine nouvelle se trouve infailliblement en présence de la Liturgie, qui est la Tradition à sa plus haute puissance. »
Cette phrase illustre la conviction de Guéranger que la liturgie n'est pas une simple formalité, mais le garant de la foi.
Sur la critique des Ă©vĂȘques et le clĂ©ricalisme :
L'article souligne que GuĂ©ranger a dĂ©noncĂ© un « clĂ©ricalisme complaisant, plus soucieux de plaire aux gouvernements quâĂ Dieu », et rappelĂ© que le rĂŽle de lâĂ©vĂȘque nâest pas « dâinventer une foi Ă la mesure des modes ou des intĂ©rĂȘts du moment, mais de transmettre fidĂšlement ce quâil a reçu. » Cette critique vise Ă rĂ©veiller les pasteurs endormis et Ă les remettre au service de la Tradition et de la communion universelle.
Sur l'actualité de son message :
L'auteur fait le parallĂšle avec la pensĂ©e du Cardinal Robert Sarah, qui a affirmĂ© que « Lorsque la liturgie devient un spectacle mondain, elle perd sa dimension de mystĂšre et cesse dâĂȘtre une rencontre avec Dieu. » Cette citation contemporaine valide l'intuition de Dom GuĂ©ranger, montrant que son combat pour la liturgie est toujours d'actualitĂ©.
En conclusion, l'article dresse un portrait complet de Dom Prosper Guéranger, insistant sur son rÎle de réformateur et de critique. Il ne fut pas un simple polémiste, mais un bùtisseur qui, en restaurant la vie monastique, le chant grégorien et le sens du sacré, a préparé le mouvement liturgique du XXe siÚcle.
L'article soutient que la luciditĂ© de Dom GuĂ©ranger est un modĂšle pour notre Ă©poque, oĂč l'Ăglise fait face Ă des courants cherchant Ă diluer sa doctrine pour s'adapter aux mentalitĂ©s contemporaines. La dĂ©fense de la liturgie, vĂ©cue en continuitĂ© avec Rome et la Tradition, est prĂ©sentĂ©e comme le rempart sĂ»r de la foi et le chemin vers l'unitĂ© catholique, faisant de l'hĂ©ritage de GuĂ©ranger une boussole essentielle pour l'Ăglise d'aujourd'hui.
Mathilde de Virene, Tribune Chrétienne
29/08/2025
Une vraie vie de priĂšre
Dom Chautard appelle au contraire Ă la primautĂ© de la vie intĂ©rieureâ: pour lui, Ćuvres apostoliques et vie spirituelle sont Ă©galement voulues par Dieu, qui vient Ă la rencontre de lâhumanitĂ© dans lâIncarnation et dans lâĂglise, et dĂ©sire voir revenir Ă lui tous ses enfants. Mais le trappiste avertit des dangers dâune vie active menĂ©e sans vie intĂ©rieure, tandis quâil met en avant les bienfaits dâun juste Ă©quilibre des deux, lâapostolat Ă©tant le lieu dâexercice des vertus et des dons reçus de Dieu dans la priĂšre. Pour lui, seules sont vraiment fĂ©condes les Ćuvres apostoliques animĂ©es par une vraie vie de priĂšreâ: oraison et vie intĂ©rieure sont le foyer dâĂ©nergie indispensable de la vie apostolique de lâĂglise.
Bien que de tradition bĂ©nĂ©dictine et trappiste, donc purement contemplative, le rappel de dom Chautard nâajoute rien de nouveau. Son intuition rejoint celle des fondateurs des ordres mendiants au XIIIe siĂšcle. Sait-on que saint Dominique fonda un couvent de religieuses contemplatives, Ă Prouilhe (HĂ©rault), avant de sâentourer des premiers frĂšres prĂȘcheursâ? Dans la tradition de son ordre, la contemplation a toujours eu le premier pas sur la missionâ: contemplare et contemplata aliis tradere, «âŻcontempler puis en communiquer le fruit Ă autruiâŻÂ». Cet adage, parfois considĂ©rĂ© comme la devise des PrĂȘcheurs, est tirĂ© des Ćuvres de leur docteur, saint Thomas. Dans sa Somme thĂ©ologique, lâAquinate montre que lâĂ©tat de vie le plus parfait est celui des religieux qui unissent contemplation et actionâ: «âŻCâest faire Ćuvre plus grande de transmettre aux autres [ce que lâon a contemplĂ©] que de contempler seulement.âŻÂ»
Pour lui, il ne sâagit de rien de moins que dâimiter au plus prĂšs le Christâ: «âŻLa vie active, par laquelle quelquâun transmet aux autres, en prĂȘchant et en enseignant, ce quâil a contemplĂ©, est plus parfaite quâune vie oĂč lâon contemple seulement, car une telle vie prĂ©suppose lâabondance de la contemplation. Et câest pour cela que le Christ a choisi une telle vie.âŻÂ» Dans les Ă©vangiles, on voit en effet que JĂ©sus prend le temps de la priĂšre avant de lancer le dĂ©part de son action apostoliqueâ: «âŻEn ces jours-lĂ , JĂ©sus sâen alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit Ă prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom dâApĂŽtresâŻÂ»(Lc 6, 12-13).
ThérÚse à Saïgon
Contemplation et actionâ: les deux formes de vie consacrĂ©e, rĂ©unies dans la vocation dominicaine, franciscaine ou carme, furent encouragĂ©es de concert par les papes et les supĂ©rieurs religieux pour soutenir lâapostolat dans les pays de mission. Câest ainsi que lâon chercha dĂšs le XIXe siĂšcle Ă implanter en Asie du Sud-Est des communautĂ©s contemplativesâ: sainte Marie de JĂ©sus-CrucifiĂ© participe en 1870 Ă la fondation du premier carmel dâInde Ă Mangaloreâ; sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus faillit rejoindre le carmel de SaĂŻgon, premier dâIndochine, fondĂ© en 1861, ou sa fondation dâHanoĂŻ, ouverte en 1895. En Chine, câest dom Vital Lehodey, abbĂ© trappiste de Bricquebec, dont la pensĂ©e et les ouvrages (Le Saint Abandon, 1919) suivent la ligne de dom Chautard, qui envoie les premiers moines, arrivĂ©s en 1883 Ă Notre-Dame de Consolation de Yangjiaping, qui essaimera en 1928 prĂšs de Hong Kong. En AlgĂ©rie, les trappistes dâAiguebelle nâavaient pas attendu plus dâune douzaine dâannĂ©es pour fonder Ă StaouĂ«li, puis reviendront Ă Notre-Dame de lâAtlas, sur le domaine de TibhirineâŠ
Un levier pour soulever le monde
Câest ainsi que le 14 dĂ©cembre 1927, le pape PieâŻXI fit de la petite ThĂ©rĂšse, qui nâavait pas quittĂ© Lisieux depuis son entrĂ©e dans la vie religieuse, Ă 16 ans, la patronne universelle des missions Ă lâĂ©gal de saint François-Xavier. La jeune carmĂ©lite ne faisait en cela que suivre lâexemple de son homonyme et rĂ©formatrice dâAvila, qui rĂ©pĂ©tait au soir de sa vieâ: «âŻJe suis fille de lâĂglise.âŻÂ» ArrivĂ©e au terme de son itinĂ©raire terrestre, parvenue au stade unitif de la vie dâoraison, la Madre Ă©tait cette Ăąme de feu, embrasĂ©e dâamour divin, portant les souffrances de lâĂglise universelle et prĂȘte Ă enflammer le monde.
Pourquoi les pionniĂšres de lâoraison sont-elles devenues les patronnes des missionsâ? Elles Ă©taient convaincues que lâaction de lâĂglise doit ĂȘtre un prolongement de celle du Christâ: câest donc en lui ââŻet non dans leurs propres ressourcesâŻâ que se puise tout vrai Ă©lan missionnaire. En outre «âŻle bien se communique par natureâŻÂ», et la contemplation des mystĂšres sacrĂ©s remplit lâĂąme dâune joie surnaturelle qui tend Ă se rĂ©pandre partout autour dâelle. Enfin, et plus fondamentalement peut-ĂȘtre, le contact divin, rĂ©gulier et profond, de lâoraison transforme vraiment lâĂąme et la change Ă lâimage du Christ, dont le visage dâamour, resplendissant sur ceux qui le reflĂštent, est seul Ă mĂȘme de toucher vraiment les cĆurs et de les ramener vers son PĂšre. «âŻUn savant a ditâ: âDonnez-moi un levier, un point dâappui, et je soulĂšverai le mondeâ. [âŠ] Les saints lâont obtenu dans toute sa plĂ©nitude. Le Tout-Puissant leur a donnĂ© pour points dâappuiâ: lui-mĂȘme et lui seulâ; pour levierâ: LâoraisonâŻÂ» (Sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus).â
Abbé Paul Roy, FSSP source CLAVES