Le blog du Temps de l'Immaculée.

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3 septembre, St Pie X pape et confesseur

01/09/2025

3 septembre, St Pie X pape et confesseur

Saint Pie X (1835-1914) - "Tout restaurer dans le Christ "  

 

Il est difficile de résumer l'activité d'un pontificat qui fut d'une si grande importance dans la vie de l'Eglise. Le livre que nous citons en référence regroupe ces actes sous divers titres; nous en retiendrons deux :

 

  •  L'apostolat du catĂ©chisme... PrĂȘtre, Ă©vĂȘque, cardinal, il n'avait jamais ralenti son zĂšle pour le catĂ©chisme. L'encyclique Acerbo nimis (15 avril 1905) regroupe ses enseignements en ce domaine. "Il n'y a pas de devoir plus grave ni de plus stricte obligation que le catĂ©chisme", rappelle-t-il. Plus tard, il y a le "texte unique" pour toute l'Italie, que l'on appelle le "CatĂ©chisme de saint Pie X". Dans un appendice de ce texte, les devoirs des parents sont rappelĂ©s; ils sont "les premiers et les principaux catĂ©chistes"... On a pu dire de ce pape, Ă  cause de l'importance attachĂ©e au catĂ©chisme, qu'il Ă©tait restĂ© "curĂ© sur la chaire de Pierre".
  • Le pape de l'Eucharistie... PlutĂŽt que des dĂ©veloppements thĂ©ologiques sur l'Eucharistie, Pie X multiplie des directives sĂ»res et opportunes sur la mise en valeur du mystĂšre eucharistique. Le DĂ©cret Sacra Tridentina synodus du 20 dĂ©cembre 1905, sur la Communion frĂ©quente met fin Ă  toutes les discussions et toutes les divergences nĂ©es du jansĂ©nisme et recommande la communion quotidienne. De nombreuses mesures viennent faciliter cette pratique, tout en recommandant que cette approche frĂ©quente de la communion ne vienne pas Ă  diminuer le respect dĂ» Ă  un si grand mystĂšre (encyclique Editae saepe du 26 mai 1910). C'est enfin le 8 aoĂ»t 1910 que Pie X promulgue le dĂ©cret Quam Singulari Christus amore sur la 1Ăšre communion des enfants vers la 7Ăšme annĂ©e, revenant aux dispositions ratifiĂ©es au concile du Latran et confirmĂ©es par saint Thomas d'Aquin. 

 

 

SAINT PIE X ET LE MODERNISME 

 

On sait que l'hĂ©rĂ©sie moderniste, "synthĂšse de toutes les hĂ©rĂ©sies", fait de la RĂ©vĂ©lation une Ă©motion personnelle; la rĂ©vĂ©lation n'est plus une affirmation mais une expĂ©rience; c'est l'homme qui se parle Ă  lui-mĂȘme. Il s'agit alors de penser "historiquement" la Foi. Cette hĂ©rĂ©sie refleurit et ce sont les mĂȘmes thĂšses qu'au dĂ©but du siĂšcle, notait le pape Paul VI. "Le modernisme pĂ©nĂštre partout avec un certain esprit de libre examen plein de pĂ©rils", Ă©crit en 1969 le PrĂ©sident de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France.

 

Face à cette erreur multiforme et à son appareil, la premiÚre mesure prise sous le pontificat de saint Pie X est la mise à l'index, dÚs la fin de 1903, des principaux ouvrages de l'abbé Loisy. Un peu plus tard, interviennent la mise à l'index d'ouvrages d'autres modernistes français. En 1907, des mesures plus générales viennent compléter cette action :

- le décret Lamentabili du 3-4 juillet 1907 dénonce 65 propositions modernistes

-l'encyclique Pascendi Dominici Gregis du 8 septembre 1907 reprend ces propositions, non plus de façon isolée, mais en montrant leur lien. Cette encyclique est un traité doctrinal qu'il faut étudier.

 

SAINT PIE X ET LA FRANCE

 

Vis-Ă -vis de la France, le pontificat de saint Pie X est marquĂ© par deux textes particuliĂšrement importants de doctrine sociale : l'encyclique Vehementer (11 fĂ©vrier 1906) condamnant la sĂ©paration de l'Eglise et de l'Etat, telle que l'instituait la loi de 1905 et la lettre Ă  l'Episcopat condamnant le mouvement du Sillon, expression du modernisme social (Notre charge apostolique, 25 aoĂ»t 1910). Il est certain que la portĂ©e de ces deux textes dĂ©passe le cadre français. Dans le second, s'Ă©levant contre "ceux qui ne craignent pas de faire entre l'Evangile et la RĂ©volution des rapprochements blasphĂ©matoires", contre ceux dont "le rĂȘve est de changer les bases naturelles et traditionnelles et de promettre une citĂ© future Ă©difiĂ©e sur d'autres principes", il rappelle le fondement de toute rĂ©novation de la sociĂ©tĂ© :

 

"Non, on ne bĂątira pas de citĂ© autrement que Dieu ne l'a bĂątie; on n'Ă©difiera pas la sociĂ©tĂ©, si l'Eglise n'en jette les bases et ne dirige les travaux; non, la civilisation n'est plus Ă  inventer, ni la citĂ© nouvelle Ă  bĂątir dans les nuĂ©es. Elle a Ă©tĂ©, elle est; c'est la civilisation chrĂ©tienne, c'est la citĂ© catholique. Il ne s'agit que de l'instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l'utopie malsaine, de la rĂ©volte et de l’impiĂ©tĂ©. "omnia instaurare in Christo".  

 

Ces textes, aussi actuels aujourd'hui qu'au dĂ©but du siĂšcle, mĂ©ritent d'ĂȘtre lus, Ă©tudiĂ©s, mĂ©ditĂ©s. 

 

On a souvent dans nos chapitres évoqué la prophétie de saint Pie X : "Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa premiÚre vocation... elle ne périra jamais la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes... (Elle entendra à nouveau la voix de Jésus) "Va, fille aßnée de l'Eglise, nation prédestinée... va porter comme par le passé mon Nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre ".

 

Et c'est encore en s'adressant Ă  notre pays que saint Pie X dĂ©clare : "Le salut de la France ne peut ĂȘtre obtenu que par la reconnaissance du rĂšgne du Christ sur la nation" (8 mai 1906).

 

Source : ND de Chrétienté

 

 

RĂ©fĂ©rences : - Saint Pie X de Icillio Felici - Traduction d'une vie de saint Pie X, Ă©crite en 1954 sous le titre italien "Il papa delle Eucaristica". Publication du Courrier de Rome 1991 (B P. 156 - 780001 Versailles). - "Le Courrier de Rome" vient Ă©galement de publier en deux volumes de 800 p. l'ensemble des documents pontificaux de saint Pie X. 

 

 

 

Le Ralliement de Léon XIII continue de faire débat

01/09/2025

Le Ralliement de Léon XIII continue de faire débat

Le 16 fĂ©vrier 1892, le pape LĂ©on XIII publiait l'encyclique « Au milieu des sollicitudes » sur l'Église et l'État en France, qui ouvrait la voie Ă  la participation des catholiques Ă  la vie politique de la RĂ©publique française. D'oĂč le terme de « Ralliement », qui a historiquement dĂ©fini cette politique d'adhĂ©sion.

 

L'encyclique , dans sa premiĂšre partie, reprend les observations sur la « conspiration » de la politique moderne contre les droits de l'Église, dĂ©jĂ  exprimĂ©es dans des encycliques prĂ©cĂ©dentes, et appelle les catholiques Ă  se rassembler afin de former « une grande unitĂ© ». Les raisons doctrinales par lesquelles LĂ©on XIII soutient la nĂ©cessitĂ© de ce devoir de participation unie Ă  la vie politique de la RĂ©publique antichrĂ©tienne sont les suivantes : a) toutes les formes de gouvernement sont Ă©galement valables en elles-mĂȘmes ; b) leur adĂ©quation dĂ©pend de la diversitĂ© des caractĂšres et des coutumes des peuples ; c) aucune forme politique ne peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dĂ©finitive et immuable ; d) mĂȘme en ce qui concerne le gouvernement rĂ©publicain actuel, les catholiques doivent s'engager unis « Ă  prĂ©server ou Ă  accroĂźtre la grandeur morale de leur pays » ; e) cependant, dit-on, cette forme de gouvernement est antichrĂ©tienne : LĂ©on propose ici la distinction entre « pouvoirs constituĂ©s » et « lĂ©gislation ». Il peut arriver qu'un pouvoir constituĂ© valide produise une lĂ©gislation terrible, ou qu'un pouvoir dĂ©fectueux produise une bonne lĂ©gislation, car « la qualitĂ© des lois dĂ©pend plus de la qualitĂ© des hommes investis du pouvoir que de la forme du pouvoir ». Les catholiques français doivent donc s'unir « comme un seul homme », mĂȘme dans la RĂ©publique dĂ©mocratique, contre les abus de la lĂ©gislation.

 

Dans un article publiĂ© dans Die Tagespost  le 24 juillet (lisible en italien sur le blog d'Aldo Maria Valli ) , Martin Grichting rĂ©examine la question en comparant LĂ©on XIII Ă  LĂ©on XIV. Selon lui, LĂ©on XIII a marquĂ© un tournant par rapport aux positions de son prĂ©dĂ©cesseur, Pie IX, encore attachĂ© au rĂ©gime prĂ©cĂ©dant la RĂ©volution française, Ă©poque Ă  laquelle, Ă©crit l'auteur, la RĂ©publique Ă©tait considĂ©rĂ©e comme le diable. Dans son encyclique de 1892, LĂ©on XIII affirmait qu'aucune forme de gouvernement n'est immuable, affirmant que la reconnaissance de nouvelles formes de gouvernement Ă©tait non seulement permise, mais mĂȘme nĂ©cessaire au bien de la sociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsque, sous cette nouvelle forme dĂ©mocratique, un gouvernement antichrĂ©tien combattait l'Église. Les catholiques devaient abandonner l'« État catholique », adhĂ©rer Ă  la RĂ©publique et utiliser tous les moyens dĂ©mocratiques pour dĂ©fendre l'Évangile et les droits de l'Église.

 

L'abbĂ© Claude Barthe, qui a revisitĂ© le sujet dans certains de ses Ă©crits rĂ©cents, est d'un avis diffĂ©rent . Selon lui, croire que toute forme de gouvernement peut ĂȘtre bonne et que le rĂ©gime de la RĂ©publique française ne saurait a priori ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une tyrannie revient Ă  mĂ©connaĂźtre la dĂ©mocratie moderne, celle nĂ©e avec la DĂ©claration des Droits de l'Homme durant la phase constituante de la RĂ©volution française, qui fonde sa lĂ©gitimitĂ© non pas sur Dieu mais sur la nation. Cette dĂ©mocratie ne peut ĂȘtre bonne car elle n'est pas neutre ; la distinction entre « pouvoirs Ă©tablis » et « lĂ©gislation » ne s'y applique donc pas. DĂ©finir le droit de tuer un enfant innocent comme l'un des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution française revient Ă  affirmer la supĂ©rioritĂ© de la « volontĂ© gĂ©nĂ©rale » des individus sur la volontĂ© de Dieu. C'est pourquoi « la tactique lĂ©onine Ă©tait rĂ©solument erronĂ©e ». (C. Barthe, Las consignas de LeĂłn XIII : une fausse bonne idĂ©e, Verbo, n. 629-630, novembre-dĂ©cembre 2024, pp. 825-834 ; Id., La dimension politique de la dĂ©fense du droit naturel , Verbo, n. 627-628, aoĂ»t-septembre-octobre 2024, pp. 575-584). Dans cette rupture produite par la RĂ©publique dĂ©mocratique, selon Don Barthe, on ne pouvait pas voir la volontĂ© d’éloigner l’Église de la scĂšne publique et de l’intĂ©grer dans des structures institutionnelles qui organiseraient progressivement la sĂ©paration entre l’Église et la sociĂ©tĂ©. En effet, de nombreux catholiques libĂ©raux – « avec une naĂŻvetĂ© parfois trĂšs touchante » – y voyaient une opportunitĂ© et « le catholicisme dĂ©mocratique retrouverait une influence dans la libertĂ© moderne qu’il perdait de jour en jour, restant liĂ© aux rĂȘves de restauration du christianisme » (C. Barthe, Trouvera-t-il encore la foi sur terre ? , Fede & Cultura, VĂ©rone 2024, p. 25).

 

Stefano Fontana

Derriùre le collùge Stanislas, l’enseignement catholique au pied du mur

31/08/2025

Derriùre le collùge Stanislas, l’enseignement catholique au pied du mur

Recension d'un article de Y.M. Sévillia du 14 07 25 sur Bd Voltaire.

Dans le collimateur de l'Éducation nationale, l'Ă©tablissement privĂ© Stanislas est devenu le symbole des tensions qui menacent l'enseignement catholique et le principe de la libertĂ© scolaire. Sous pression depuis une enquĂȘte de l'Inspection gĂ©nĂ©rale, l'Ă©cole parisienne est mise en demeure de modifier certains de ses enseignements, notamment son cours de "culture chrĂ©tienne". Cette affaire dĂ©passe le cadre d'un simple Ă©tablissement : elle soulĂšve la question du "caractĂšre propre" de l'enseignement catholique, une notion au cƓur de la loi DebrĂ© de 1959.

 

Le "navire amiral" attaqué
L'article explore les dĂ©fis auxquels l'enseignement catholique est confrontĂ© Ă  travers le prisme de l'affaire Stanislas. L'Ă©tablissement parisien, qualifiĂ© de « navire amiral » de l'enseignement privĂ© sous contrat, se retrouve au cƓur d'une controverse majeure. Tout a commencĂ© par des accusations de « sexiste et homophobe » Ă©manant de mĂ©dias, suivies d'une sĂ©rie de visites de l'acadĂ©mie de Paris et d'un rapport de l'Inspection gĂ©nĂ©rale de l'Ă©ducation, du sport et de la recherche (IGESR). L'Éducation nationale exige dĂ©sormais des ajustements, notamment pour les cours de sexualitĂ© et, surtout, pour l'enseignement de "culture chrĂ©tienne", jugĂ© trop proche de l'instruction religieuse.

 

Le directeur de l'Ă©tablissement, Igor Le Diagon, a d'ailleurs exprimĂ© sa surprise quant Ă  la demande de rendre facultatif cet enseignement, une mesure qui, selon lui, affecte l'ensemble de l'enseignement catholique. Comme le souligne un cadre expĂ©rimentĂ©, « la loi peut faire l’objet d’interprĂ©tations... À partir de quand implique-t-on la foi des Ă©lĂšves ? ». Cela met en lumiĂšre la fragilitĂ© de la notion de « caractĂšre propre » de ces Ă©tablissements, qui, si l'on ne peut plus y aborder la foi chrĂ©tienne, perdrait tout son sens.

 

Un combat idéologique et une menace sur les libertés
L'article insiste sur la nature profondĂ©ment idĂ©ologique de ce conflit, qu'il dĂ©crit comme la « rĂ©surgence de la vieille lutte anticlĂ©ricale d’une gauche viscĂ©ralement opposĂ©e Ă  l’enseignement privé ». Cette opposition, incarnĂ©e par des figures politiques qui rĂ©clament la rupture du contrat de l'État avec Stanislas, vise non seulement l'enseignement religieux, mais aussi la libertĂ© d'enseignement elle-mĂȘme.

 

Le texte souligne qu'au-delĂ  de la sphĂšre confessionnelle, cette affaire devrait prĂ©occuper tous les Français, car elle reflĂšte une menace plus large sur les libertĂ©s fondamentales. Il pointe Ă©galement le silence des Ă©vĂȘques, considĂ©rĂ©s comme les seuls Ă  pouvoir dĂ©fendre ce « caractĂšre propre » et Ă  s'opposer fermement Ă  ces remises en question.

 

En conclusion, l'article dresse un tableau sombre de la situation de l'enseignement catholique en France, avec l'affaire Stanislas comme point de rupture. Plus qu'une simple controverse, il s'agit d'un vĂ©ritable combat idĂ©ologique oĂč la notion de "caractĂšre propre" des Ă©tablissements catholiques est mise Ă  l'Ă©preuve.

Yves-Marie SĂ©villia conclut en posant une question essentielle : si la culture chrĂ©tienne ne fait plus partie de l'identitĂ© de l'enseignement catholique, quelle est la prochaine Ă©tape et comment les libertĂ©s d'enseignement et de conscience seront-elles prĂ©servĂ©es Ă  l'avenir ? 

Dom GuĂ©ranger, celui qui savait critiquer les Ă©vĂȘques Ă  bon escient

30/08/2025

Dom GuĂ©ranger, celui qui savait critiquer les Ă©vĂȘques Ă  bon escient

L'article s'appuie sur plusieurs points forts de la pensée de Dom Guéranger, illustrés par des citations percutantes et des idées clés :

 

Sur le lien entre liturgie et Tradition : toute hérésie commence par une réforme liturgique.

« Tout sectaire voulant introduire une doctrine nouvelle se trouve infailliblement en présence de la Liturgie, qui est la Tradition à sa plus haute puissance. »
Cette phrase illustre la conviction de Guéranger que la liturgie n'est pas une simple formalité, mais le garant de la foi.

 

Sur la critique des Ă©vĂȘques et le clĂ©ricalisme :
L'article souligne que GuĂ©ranger a dĂ©noncĂ© un « clĂ©ricalisme complaisant, plus soucieux de plaire aux gouvernements qu’à Dieu », et rappelĂ© que le rĂŽle de l’évĂȘque n’est pas « d’inventer une foi Ă  la mesure des modes ou des intĂ©rĂȘts du moment, mais de transmettre fidĂšlement ce qu’il a reçu. » Cette critique vise Ă  rĂ©veiller les pasteurs endormis et Ă  les remettre au service de la Tradition et de la communion universelle.

 

Sur l'actualité de son message :
L'auteur fait le parallĂšle avec la pensĂ©e du Cardinal Robert Sarah, qui a affirmĂ© que « Lorsque la liturgie devient un spectacle mondain, elle perd sa dimension de mystĂšre et cesse d’ĂȘtre une rencontre avec Dieu. » Cette citation contemporaine valide l'intuition de Dom GuĂ©ranger, montrant que son combat pour la liturgie est toujours d'actualitĂ©.


En conclusion, l'article dresse un portrait complet de Dom Prosper Guéranger, insistant sur son rÎle de réformateur et de critique. Il ne fut pas un simple polémiste, mais un bùtisseur qui, en restaurant la vie monastique, le chant grégorien et le sens du sacré, a préparé le mouvement liturgique du XXe siÚcle.

L'article soutient que la luciditĂ© de Dom GuĂ©ranger est un modĂšle pour notre Ă©poque, oĂč l'Église fait face Ă  des courants cherchant Ă  diluer sa doctrine pour s'adapter aux mentalitĂ©s contemporaines. La dĂ©fense de la liturgie, vĂ©cue en continuitĂ© avec Rome et la Tradition, est prĂ©sentĂ©e comme le rempart sĂ»r de la foi et le chemin vers l'unitĂ© catholique, faisant de l'hĂ©ritage de GuĂ©ranger une boussole essentielle pour l'Église d'aujourd'hui.

 

Mathilde de Virene,  Tribune ChrĂ©tienne

 

 

Prier ou évangéliser, faut-il choisir ?

29/08/2025

Prier ou évangéliser, faut-il choisir ?

Une vraie vie de priĂšre
Dom Chautard appelle au contraire Ă  la primautĂ© de la vie intĂ©rieure : pour lui, Ɠuvres apostoliques et vie spirituelle sont Ă©galement voulues par Dieu, qui vient Ă  la rencontre de l’humanitĂ© dans l’Incarnation et dans l’Église, et dĂ©sire voir revenir Ă  lui tous ses enfants. Mais le trappiste avertit des dangers d’une vie active menĂ©e sans vie intĂ©rieure, tandis qu’il met en avant les bienfaits d’un juste Ă©quilibre des deux, l’apostolat Ă©tant le lieu d’exercice des vertus et des dons reçus de Dieu dans la priĂšre. Pour lui, seules sont vraiment fĂ©condes les Ɠuvres apostoliques animĂ©es par une vraie vie de priĂšre : oraison et vie intĂ©rieure sont le foyer d’énergie indispensable de la vie apostolique de l’Église.

 

Bien que de tradition bĂ©nĂ©dictine et trappiste, donc purement contemplative, le rappel de dom Chautard n’ajoute rien de nouveau. Son intuition rejoint celle des fondateurs des ordres mendiants au XIIIe siĂšcle. Sait-on que saint Dominique fonda un couvent de religieuses contemplatives, Ă  Prouilhe (HĂ©rault), avant de s’entourer des premiers frĂšres prĂȘcheurs ? Dans la tradition de son ordre, la contemplation a toujours eu le premier pas sur la mission : contemplare et contemplata aliis tradere, « contempler puis en communiquer le fruit Ă  autrui ». Cet adage, parfois considĂ©rĂ© comme la devise des PrĂȘcheurs, est tirĂ© des Ɠuvres de leur docteur, saint Thomas. Dans sa Somme thĂ©ologique, l’Aquinate montre que l’état de vie le plus parfait est celui des religieux qui unissent contemplation et action : « C’est faire Ɠuvre plus grande de transmettre aux autres [ce que l’on a contemplĂ©] que de contempler seulement. »

 

Pour lui, il ne s’agit de rien de moins que d’imiter au plus prĂšs le Christ : « La vie active, par laquelle quelqu’un transmet aux autres, en prĂȘchant et en enseignant, ce qu’il a contemplĂ©, est plus parfaite qu’une vie oĂč l’on contemple seulement, car une telle vie prĂ©suppose l’abondance de la contemplation. Et c’est pour cela que le Christ a choisi une telle vie. » Dans les Ă©vangiles, on voit en effet que JĂ©sus prend le temps de la priĂšre avant de lancer le dĂ©part de son action apostolique : « En ces jours-lĂ , JĂ©sus s’en alla dans la montagne pour prier, et il passa toute la nuit Ă  prier Dieu. Le jour venu, il appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’ApĂŽtres »(Lc 6, 12-13).

 

ThérÚse à Saïgon
Contemplation et action : les deux formes de vie consacrĂ©e, rĂ©unies dans la vocation dominicaine, franciscaine ou carme, furent encouragĂ©es de concert par les papes et les supĂ©rieurs religieux pour soutenir l’apostolat dans les pays de mission. C’est ainsi que l’on chercha dĂšs le XIXe siĂšcle Ă  implanter en Asie du Sud-Est des communautĂ©s contemplatives : sainte Marie de JĂ©sus-CrucifiĂ© participe en 1870 Ă  la fondation du premier carmel d’Inde Ă  Mangalore ; sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus faillit rejoindre le carmel de SaĂŻgon, premier d’Indochine, fondĂ© en 1861, ou sa fondation d’HanoĂŻ, ouverte en 1895. En Chine, c’est dom Vital Lehodey, abbĂ© trappiste de Bricquebec, dont la pensĂ©e et les ouvrages (Le Saint Abandon, 1919) suivent la ligne de dom Chautard, qui envoie les premiers moines, arrivĂ©s en 1883 Ă  Notre-Dame de Consolation de Yangjiaping, qui essaimera en 1928 prĂšs de Hong Kong. En AlgĂ©rie, les trappistes d’Aiguebelle n’avaient pas attendu plus d’une douzaine d’annĂ©es pour fonder Ă  StaouĂ«li, puis reviendront Ă  Notre-Dame de l’Atlas, sur le domaine de Tibhirine


 

Un levier pour soulever le monde
C’est ainsi que le 14 dĂ©cembre 1927, le pape Pie XI fit de la petite ThĂ©rĂšse, qui n’avait pas quittĂ© Lisieux depuis son entrĂ©e dans la vie religieuse, Ă  16 ans, la patronne universelle des missions Ă  l’égal de saint François-Xavier. La jeune carmĂ©lite ne faisait en cela que suivre l’exemple de son homonyme et rĂ©formatrice d’Avila, qui rĂ©pĂ©tait au soir de sa vie : « Je suis fille de l’Église. » ArrivĂ©e au terme de son itinĂ©raire terrestre, parvenue au stade unitif de la vie d’oraison, la Madre Ă©tait cette Ăąme de feu, embrasĂ©e d’amour divin, portant les souffrances de l’Église universelle et prĂȘte Ă  enflammer le monde.

 

Pourquoi les pionniĂšres de l’oraison sont-elles devenues les patronnes des missions ? Elles Ă©taient convaincues que l’action de l’Église doit ĂȘtre un prolongement de celle du Christ : c’est donc en lui – et non dans leurs propres ressources – que se puise tout vrai Ă©lan missionnaire. En outre « le bien se communique par nature », et la contemplation des mystĂšres sacrĂ©s remplit l’ñme d’une joie surnaturelle qui tend Ă  se rĂ©pandre partout autour d’elle. Enfin, et plus fondamentalement peut-ĂȘtre, le contact divin, rĂ©gulier et profond, de l’oraison transforme vraiment l’ñme et la change Ă  l’image du Christ, dont le visage d’amour, resplendissant sur ceux qui le reflĂštent, est seul Ă  mĂȘme de toucher vraiment les cƓurs et de les ramener vers son PĂšre. « Un savant a dit : “Donnez-moi un levier, un point d’appui, et je soulĂšverai le monde”. [
] Les saints l’ont obtenu dans toute sa plĂ©nitude. Le Tout-Puissant leur a donnĂ© pour points d’appui : lui-mĂȘme et lui seul ; pour levier : L’oraison » (Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus). 

 


Abbé Paul Roy, FSSP source CLAVES

Le silence, un trĂ©sor pour nos Ăąmes et pour l'Église

28/08/2025

Le silence, un trĂ©sor pour nos Ăąmes et pour l'Église

 


À l'occasion d'un vidĂ©omessage adressĂ© Ă  la Province augustinienne de Saint Thomas de Villanova ce vendredi 29 aoĂ»t , le pape LĂ©on XIV a rappelĂ© avec force « l’importance du silence dans le bruit de ce monde ». Pour lui, la priĂšre et le silence ne sont pas de simples pratiques spirituelles, mais des conditions indispensables pour « entendre la voix de Dieu ». Une Ă©coute qui doit s’exercer bien au-delĂ  de la parole divine, s’étendant Ă©galement Ă  ceux qui nous entourent : « Nous avons l’opportunitĂ© et la responsabilitĂ© d’écouter l’Esprit Saint ; de nous Ă©couter mutuellement ; d’écouter la voix des pauvres et de ceux qui sont en marge, dont la voix doit ĂȘtre entendue ».

 

S’inspirant de saint Augustin, le Saint-PĂšre insiste sur le fait que la vĂ©ritable Ă©coute ne se fait pas Ă  l’extĂ©rieur, mais dans notre « sanctuaire intĂ©rieur ». Il cite une phrase Ă©loquente du grand thĂ©ologien : « N’ayez pas votre cƓur dans vos oreilles, mais vos oreilles dans votre cƓur ». Cette approche souligne que l'Ă©coute est loin d'ĂȘtre passive : elle demande une conversion intĂ©rieure, un silence « habitĂ© par Dieu ».

 

Le pontife met en garde contre la cacophonie du monde moderne, qui peut facilement « nourrir notre agitation et voler notre joie ». Pour contrer ce phénomÚne, il nous exhorte à une véritable « ascÚse intérieure » afin de « filtrer le bruit » et de « faire taire les voix qui divisent ».

 

Le silence, source de parole féconde et de charité
Le pape LĂ©on XIV rappelle que ce silence n’est pas une fuite, mais qu'il est profondĂ©ment « fĂ©cond ». En cultivant cette Ă©coute intĂ©rieure, le chrĂ©tien se prĂ©pare Ă  une parole juste et fraternelle. Celui qui a su Ă©couter Dieu dans le secret de son cƓur est ensuite capable de partager cette vĂ©ritĂ© et de travailler Ă  l’unitĂ©.

 

Ce message est un rappel, en particulier pour ceux qui, parfois, intellectualisent la foi au point de la vider de son souffle. Loin des « discours sans fin » et des constructions abstraites, l’avenir de la foi se joue dans « des cƓurs attentifs Ă  la voix de Dieu, capables de la traduire en charitĂ© concrĂšte ».

 

Le silence comme remĂšde
Dans un monde saturĂ© d'informations et de bavardages, l'appel du pape LĂ©on XIV au silence sonne comme un remĂšde puissant. Il nous rappelle que pour agir et parler justement, il faut d’abord ĂȘtre. Le silence n’est pas un vide Ă  combler, mais un espace Ă  habiter pour que Dieu puisse nous parler. C'est en faisant ce pas de cĂŽtĂ©, loin des bruits du monde, que nous pouvons retrouver la fraĂźcheur de l’Évangile et nous laisser transformer, pour ensuite transformer le monde.

Source : Tribune Chrétienne

 

 

La paix du Christ, combat permanent

27/08/2025

La paix du Christ, combat permanent

En Inde, les violences contre les fidĂšles, encouragĂ©es par des responsables politiques, montrent combien la foi chrĂ©tienne est menacĂ©e. En France, les agressions et profanations d’églises se multiplient, comme une hostilitĂ© diffuse gagnant chaque jour du terrain. Partout, sous des formes diverses, les chrĂ©tiens sont frappĂ©s.

 

Le Christ lui-mĂȘme nous a avertis : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10, 34). « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutĂŽt la division » (Lc 12, 51). Ces paroles, Ă  rebours de nos reprĂ©sentations humaines, rĂ©vĂšlent que la paix du Christ n’est pas un confort tranquille. Elle est d’une autre nature. Elle n’est pas un Ă©tat figĂ©, mais un combat permanent pour la justice.

 

Autrement dit, il n’y a pas de paix sans vĂ©ritĂ© ni sans justice. Le monde peut promettre des trĂȘves ou des compromis ; seule la fidĂ©litĂ© au vrai bien engendre une paix durable.

 

Une jeunesse enracinée dans la foi
Pourtant face Ă  un monde en guerre, cette paix s’est manifestĂ©e avec Ă©clat cet Ă©tĂ©, lors du JubilĂ© des jeunes Ă  Rome. Plus d’un million de jeunes, venus de 146 pays, se sont rassemblĂ©s autour du pape LĂ©on XIV Ă  Saint-Pierre, au cirque Maxime puis Ă  Tor Vergata. Ce n’était pas une parenthĂšse d’enthousiasme mais le signe que la jeunesse catholique, enracinĂ©e dans la foi, refuse de se rĂ©signer. Cet Ă©lan doit ĂȘtre accompagnĂ© avec discernement : il ne s’agit pas de s’enflammer au point de se dĂ©courager quand la difficultĂ© surgira, ni de refroidir l’ardeur par des exigences trop lourdes dĂšs le dĂ©part.

 

Mais quelle paix cherchons-nous rĂ©ellement ? Certainement pas celle de la vengeance, ni celle de la complaisance. Les persĂ©cutions, les injustices, les insultes n’appellent pas la haine en retour. Elles sont l’occasion de manifester une autre force : celle de la charitĂ©, de la persĂ©vĂ©rance, de la fidĂ©litĂ©.

 

Pie XI le rappelait :

 

« Il y a bien peu Ă  attendre d’une paix artificielle et extĂ©rieure qui rĂšgle et commande les rapports rĂ©ciproques des hommes comme ferait un code de politesse ; ce qu’il faut, c’est une paix qui pĂ©nĂštre les cƓurs, les apaise et les ouvre peu Ă  peu Ă  des sentiments rĂ©ciproques de charitĂ© fraternelle » (Ubi arcano Dei).

 

Notre refus du dĂ©sordre n’est donc pas une rĂ©action Ă©pidermique Ă  l’inconfort ou au chaos ambiant, mais un enracinement dans la quĂȘte de justice.

DĂ©fendre la paix, c’est refuser de travestir le bien et le mal, mĂȘme quand les lois deviennent schizophrĂšnes et que la sociĂ©tĂ© semble prĂ©fĂ©rer ses intĂ©rĂȘts particuliers Ă  la recherche du bien commun.

 

Une fidĂ©litĂ© jusqu’au bout
L’exemple des martyrs de notre temps nous rappelle qu’accepter le combat pour la vĂ©ritĂ© est aussi accepter d’ĂȘtre rejetĂ©.
Comme eux, nous devons recevoir ces Ă©preuves comme une purification. Car la paix du Christ n’est pas donnĂ©e en dehors de la Croix : elle se manifeste prĂ©cisĂ©ment dans la fidĂ©litĂ© jusqu’au bout, mĂȘme quand tout semble s’effondrer autour de nous. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelĂ©s fils de Dieu » (Mt 5, 9).

 

Mais cet artisanat est exigeant : il demande de rĂ©pĂ©ter inlassablement, Ă  temps et Ă  contre-temps, la vĂ©ritĂ© de l’Évangile, mĂȘme quand nos contemporains prĂ©fĂšrent dĂ©tourner le regard.

 

Beaucoup refusent de voir l’évidence de l’effondrement moral et culturel de notre sociĂ©tĂ©. L’obsession de « l’enfant parfait » en est une illustration. Des « start-up » de biotechnologie proposent dĂ©jĂ  de sĂ©lectionner les embryons selon des critĂšres arbitraires : beautĂ©, performances intellectuelles, absence de fragilitĂ©s
 Mais ce n’est pas une raison pour se taire. Il nous revient d’ĂȘtre la lumiĂšre dont le monde a besoin, non pas en dĂ©fendant une option parmi d’autres, mais en incarnant l’équilibre qui vient de Dieu. Être artisan de paix, c’est ĂȘtre tĂ©moin de la vĂ©ritĂ©, coĂ»te que coĂ»te, avec patience et charitĂ©.

 

Le monde est en guerre contre les disciples du Christ. Mais le chrĂ©tien n’est pas condamnĂ© Ă  subir : il est appelĂ© Ă  rayonner, Ă  manifester que la vraie paix existe dĂ©jĂ , mĂȘme au milieu des tempĂȘtes. Elle n’est pas une utopie mais une promesse vivante car le Christ a dĂ©jĂ  vaincu le monde.

 

Alors ne cĂ©dons pas au dĂ©couragement. N’idĂ©alisons pas un passĂ© rĂ©volu, ni ne rĂȘvons d’un futur imaginaire. La paix du Christ est Ă  accueillir et Ă  vivre aujourd’hui comme saint Augustin nous y exhorte : « Ne dites pas que les temps sont mauvais, vous ĂȘtes les temps. Soyez bons et les temps seront bons. » (Sermon 80)


Maitena Urbistondoy

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ExpĂ©riences de mort imminente, « un message d’espĂ©rance » ?

26/08/2025

ExpĂ©riences de mort imminente, « un message d’espĂ©rance » ?


Le concept des expĂ©riences de mort imminente (EMI) a captivĂ© l'imagination populaire et le monde scientifique pendant des dĂ©cennies. Le Dr. Patrick Theillier, ancien directeur du Bureau des constatations mĂ©dicales de Lourdes, est interrogĂ© par VĂ©ronique Jacquier de France Catholique offre un point de vue unique. L'article se concentre sur la maniĂšre dont les EMI peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es Ă  travers le prisme de la foi chrĂ©tienne, les dĂ©crivant non seulement comme des phĂ©nomĂšnes mystĂ©rieux, mais aussi comme un message d'espoir en accord avec la doctrine de l'Église.

 

Les EMI comme message d'espoir et de réaffirmation de la foi
Selon le Dr Theillier, les EMI sont bien plus que de simples hallucinations. Il les dĂ©finit comme un ensemble de visions et de sensations vĂ©cues par des personnes en Ă©tat de mort clinique. Ces expĂ©riences transforment profondĂ©ment les individus, les amenant Ă  voir la mort non pas comme une fin, mais comme un simple passage. Il soutient que dans une sociĂ©tĂ© occidentale marquĂ©e par une "apostasie silencieuse", ces expĂ©riences agissent comme un message prophĂ©tique. Elles rappellent Ă  l'humanitĂ© que la vie ne s'arrĂȘte pas Ă  la mort et qu'elle est un chemin vers une autre vie remplie d'amour infini. L'article suggĂšre que les EMI sont une manifestation de la misĂ©ricorde de Dieu, cherchant Ă  ramener le monde Ă  la vie divine.

 

Concordance entre EMI et doctrine chrétienne
L'un des arguments centraux de l'article est que les EMI sont en parfaite harmonie avec l'enseignement de l'Église. Le Dr Theillier affirme que leurs caractĂ©ristiques coĂŻncident avec des doctrines chrĂ©tiennes fondamentales, telles que l'existence de la vie Ă©ternelle, la sĂ©paration de l'Ăąme et du corps, l'immortalitĂ© de l'Ăąme, et le jugement particulier aprĂšs la mort. Il avance que les EMI apportent une confirmation tangible de l'existence d'une rĂ©alitĂ© spirituelle et de l'immortalitĂ© de l'Ăąme, renforçant la croyance chrĂ©tienne. L'article va plus loin en citant des exemples de saints, comme ThĂ©rĂšse d'Avila et Mariam Baouardy, qui auraient vĂ©cu des expĂ©riences similaires, qui ont agi comme des Ă©vĂ©nements fondateurs dans leurs vies.

 

La résurrection de la chair à la lumiÚre des EMI
L'article aborde Ă©galement la question complexe de la rĂ©surrection de la chair. Se rĂ©fĂ©rant Ă  des thĂ©ologiens comme les PĂšres François Varillon et Jean-Marc Bot, le Dr Theillier propose une interprĂ©tation selon laquelle l'Ăąme sĂ©parĂ©e du corps aprĂšs la mort conserve une "mĂ©moire du corps". Cela signifie que notre identitĂ©, y compris notre histoire et notre personnalitĂ©, est prĂ©servĂ©e. Les tĂ©moignages de ceux qui ont vĂ©cu des EMI, et qui disent avoir rencontrĂ© des ĂȘtres chers dĂ©funts "rajeunis et transfigurĂ©s", sont citĂ©s comme preuve. L'article soutient que la rĂ©surrection de la chair est un processus qui commence dĂšs notre conception et se poursuit tout au long de notre vie dans l'au-delĂ , en particulier aprĂšs notre baptĂȘme. Les EMI, selon lui, corroborent cette vision de notre destinĂ©e.

 

Conséquences éthiques : les EMI et le débat sur l'euthanasie
L'article conclut en évoquant l'importance des EMI dans le débat sur l'euthanasie. En soulignant l'existence de la vie aprÚs la mort, les EMI offrent une perspective qui contredit l'idée que la vie physique est la seule réalité. Selon le Dr Theillier, la connaissance de ces expériences peut nous détourner de l'euthanasie et du suicide assisté. Elles rappellent que la mort n'est pas la fin, mais une transition. Le langage utilisé, comme "fin de vie" au lieu d'euthanasie, est perçu comme une négation de cette réalité spirituelle, renforçant l'argument selon lequel ces expériences sont une expression de la miséricorde divine pour un monde désorienté.

La priĂšre ou le don des larmes : savoir pleurer !

25/08/2025

La priĂšre ou le don des larmes : savoir pleurer !

Si (sou)rire est le propre de l’homme (1), pleurer certainement aussi. Non les larmes de crocodile ou celles, indignes, du lĂąche et du pleutre ! Mais celles, authentiques, d’émerveillement ou de chagrin, qui montent aux yeux de l’animal spirituel en certaines occasions, comme une priĂšre (2). Larmes indissociables de dĂ©solation et de consolation, les premiĂšres appelant les secondes (3). Elles le renvoient alors Ă  sa dimension d’ĂȘtre vulnĂ©rable, prĂ©caire, blessĂ© par le pĂ©chĂ© originel, capable d’une pieuse Ă©motion dans ses bonheurs et ses malheurs terrestres ainsi assumĂ©s. Charles Baudelaire lui-mĂȘme le reconnaĂźt de cette maniĂšre Ă©difiante :

« Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur tĂ©moignage
« Que nous puissions donner de notre dignité
« Que cet ardent sanglot qui roule d’ñge en Ăąge
« Et vient mourir au bord de votre éternité ! »
(Les Fleurs du Mal, “Les Phares”)

 

Les larmes des hommes touchent le CƓur de Dieu, dont le nom est MisĂ©ricorde, car elles lui appartiennent, commente le pĂšre Jean-François Thomas (dans Aleteia). On Ă©voque justement le mot qu’Ernest Hello attribue Ă  sainte Rose de Lima : « Les larmes sont Ă  Dieu, et quiconque les verse sans songer Ă  lui, les lui vole » (Paroles de Dieu, “Les larmes dans l’Écriture”). « La Providence est un Pactole de larmes », qui pĂšse sans mesure dans « la balance du Juge des douleurs humaines », traduit autrement LĂ©on Bloy 


 

Dans ces vĂ©ritables moments d’exception, ne retiens pas tes larmes par fausse pudeur ou respect humain ! C’est en effet une force, dont se prive l’orgueil, de bien vouloir admettre qu’on a besoin d’ĂȘtre consolĂ© par un Amour supĂ©rieur. Les larmes ne sont pas l’apanage des femmes. JĂ©sus lui-mĂȘme, Ă  plusieurs reprises, nous en a donnĂ© l’exemple. Et Il nous a confiĂ© cette bĂ©atitude rĂ©vĂ©latrice, qui arrose en quelque sorte toutes les autres en cette vallĂ©e de larmes baignĂ©e par son amour rĂ©dempteur : – Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolĂ©s !

 

– Ne pleure pas (Lc 7, 13), anticipe pour ainsi dire Notre Seigneur Ă  la vue de la veuve de NaĂŻn, en deuil de son fils unique qu’Il ressuscite et « remet Ă  sa mĂšre », touchĂ© de compassion pour elle ; comme Il le sera aussi pour JaĂŻre implorant la guĂ©rison de sa fille (Lc 8, 40-56). « Dans notre exil, nous soupirons, mais nous rencontrons parfois des compagnons qui ont vu la citĂ© sainte (oĂč Dieu essuiera toute larme, il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni fatigue : Ap 21,4) et qui nous invitent Ă  y courir », explique pour sa part saint Augustin.

 

« Celui qui sĂšme dans les larmes rĂ©coltera dans la joie », nous prĂ©venait dĂ©jĂ  le psaume 125. Saint Pierre en a fait l’expĂ©rience singuliĂšre dans sa dĂ©loyautĂ© mĂȘme, Ă  la diffĂ©rence de Judas. En entendant le chant du coq, il a eu honte et s’est repenti aussitĂŽt : la source de ses larmes jaillit d’un cƓur de chair broyĂ© mais dĂ©jĂ  pardonnĂ©, rĂ©conciliĂ© au CƓur transpercĂ© de JĂ©sus. Qui donnera le premier chef de l’Eglise et le martyr que l’on sait.

 

On pourrait dire de ce don des larmes ce que nous disions du don des mĂ©rites dans la communion des saints (cf. Europa Scouts n° 156) : comme aucun de nos sacrifices, aucune de ces larmes prĂ©cieuses (qu’elle soit versĂ©e pour une souffrance crucifiante ou pour une joie illuminĂ©e) n’est perdue ni perdante. « Elle est recueillie et versĂ©e dans le calice du Sang du MaĂźtre comme cette goutte d’eau de l’offertoire qui nous rend participants Ă  la divinitĂ© de Celui qui a Ă©pousĂ© notre humanitĂ© » (P. Thomas). MystĂ©rieuse confraternitĂ© des larmes !

 

Paradoxalement, au lieu de nous rebeller ou de nous dĂ©sespĂ©rer, ces sanglots libĂ©rateurs qui nous Ă©chappent parfois des entrailles peuvent apaiser et purifier notre cƓur de pierre bien friable, dans une Ă©tonnante correspondance tant immanente que transcendante. Ces larmes nous font redevenir comme des petits enfants fragiles et transparents, ces “tout-petits” au sens Ă©vangĂ©lique du terme, confiants et dĂ©pendants dans leur affection, pleins d’abandon et d’humilitĂ©. Elles expriment une comprĂ©hension imperceptible, une intuition indicible aussi fugitive soit-elle, comme une conscience infuse, du lien intime de nos amours terrestres avec ce souverain Bien trinitaire : PĂšre maternel, Verbe fraternel et Esprit consolateur, cet Amour infini, personnel et crĂ©ateur, qui nous a aimĂ©s le premier (I Jn 4,19). Comme un morceau angĂ©lique de trĂšs belle musique, ces larmes adoucissent nos trop dures et parodiques mƓurs humaines. Le don des larmes est une grĂące. Une grĂące de communion. Un Ă©change de dons


 

Une école de conversion

Des lamentations des psaumes aux larmes de Notre Dame dans ses apparitions, en passant par les pleurs des plus grands saints (de Marie-Madeleine Ă  Monique sans oublier François et Dominique
), les larmes douces ou amĂšres, de peine ou de joie, de dĂ©rĂ©liction ou de contemplation (devant la beautĂ© de la crĂ©ature ou de l’Ɠuvre d’art), de nostalgie ou de retrouvailles, de componction ou de contrition
 sont une Ă©cole de conversion. Comme « il est nĂ©cessaire de faire l’éducation de nos sourires » (ClĂ©ment d’Alexandrie), il faut faire celle de nos larmes. Apprendre Ă  pleurer, c’est quelque part apprendre Ă  mourir, se convertir, « mouiller Ă  la grĂące » (PĂ©guy), c’est-Ă -dire se disposer Ă  bien rencontrer notre RĂ©dempteur.

 

MĂȘme s’ils ne se distribuent pas de la mĂȘme maniĂšre et Ă  Ă©galitĂ©, les deux (sourires et larmes) sont au reste du mĂȘme genre de “discipline”, d’ascĂšse et de spiritualitĂ©, par leur vertu d’apaisement et de calme, de force et de douceur. Dans leur volontĂ© d’apporter le Christ, les « porteurs de sourire » (Guy de Larigaudie) ne tardent jamais Ă  ĂȘtre de vrais porteurs de larmes et inversement. Leur bonheur a inĂ©vitablement une croix. Pensons notamment Ă  notre petite sƓur louvette Anne-Gabrielle Caron (morte d’un cancer osseux), dont le sourire radieux et lĂ©gendaire rĂ©pondait Ă  combien de larmes versĂ©es sur fond de joie chrĂ©tienne. « Seule une larme coule au moment oĂč elle quitte ce monde. Une larme de joie ? En voyant le Ciel, sublime fin de son calvaire offert avec tant de charitĂ© et de courage », a Ă©crit Daniel-Ange.

 

« Un jour, alors qu’elle contemple une image du Christ en croix, elle s’écrit : “Non, c’est trop !” Sa maman, croyant qu’elle a un accĂšs de douleur, s’approche. Mais Anne-Gabrielle lĂšve alors la tĂȘte, des larmes pleins les yeux et la regarde avec dĂ©tresse, elle explicite : “JĂ©sus. Il a trop souffert.”(
)

Quand, la voyant si malheureuse de perdre ses cheveux, je lui dis : “TrĂšs sincĂšrement, ma chĂ©rie, si je pouvais perdre mes cheveux Ă  ta place, je le ferais tout de suite”, elle sourit, touchĂ©e. HonnĂȘtement, je continuai : “Je ne peux pas dire que je voudrais ĂȘtre malade Ă  ta place car je ne sais pas si je pourrais supporter tout ce que tu supportes (surtout, ce que je ne lui dis pas, c’est que j’étais sĂ»re, moi, de ne pas ĂȘtre prĂȘte du tout Ă  paraĂźtre devant Dieu – contrairement Ă  elle).” Elle sourit encore.

“ Mais cela me rend vraiment malheureuse de voir que l’on ne peut rien faire pour toi.

Mais vous faßtes déjà beaucoup.
Que fait-on, ma chérie ?
Vous m’aimez. » (
)
Les derniers jours, elle est paralysĂ©e, ne peut plus bouger, ni voir. Elle ne peut mĂȘme plus sourire complĂštement. Son plus grand regret est de “ne plus pouvoir faire de vrais baisers”. Quand elle se croit seule : “JĂ©sus, JĂ©sus, j’ai mal partout.” Elle appelle JĂ©sus Ă  son secours, doucement, comme un ami. »

(D’aprùs le journal intime de ses parents)

 

Sans en abuser dans un sentimentalisme, un romantisme ou un misĂ©rabilisme de mauvais aloi, apprenons donc Ă  pleurer sincĂšrement quand les larmes montent aux yeux (fenĂȘtres) de l’ñme et viennent comme une priĂšre et une offrande spirituelle. Si la guide ou le scout peuvent ĂȘtre des « semeurs de joie » (Larigaudie), c’est parce qu’ils donnent et se donnent en souriant mais aussi, quelque fois et plus rarement, en pleurant hardiment.

 

Hermine (Rémi Fontaine)

 

(1)« Semer du sourire » dans Parole de scout, éditions Sainte-Madeleine, p. 133.

 

(2)Dans Une larme m’a sauvĂ©e (Les ArĂšnes), AngĂšle Lieby tĂ©moigne comment une larme prĂ©cisĂ©ment peut tĂ©moigner de la dignitĂ© inamissible de l’ĂȘtre humain, fut-il plongĂ© dans un Ă©tat comatique prĂ©tendument “vĂ©gĂ©tatif ”.

 

(3)« Seigneur, je pleure trĂšs souvent. Est-ce de tristesse en songeant Ă  ce que je souffre ? Est-ce de joie en me souvenant de vous ? Comment dĂ©mĂȘler cela et comment ne pas pleurer en essayant de le dĂ©mĂȘler ? » LĂ©on Bloy.

« Le manque de prĂȘtres en France, dans le monde, est un grand malheur ! »

24/08/2025

« Le manque de prĂȘtres en France, dans le monde, est un grand malheur ! »

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Et l’Église, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, garde soigneusement mĂ©moire de la mort et de la rĂ©surrection du Seigneur dont elle est tĂ©moin, comme son trĂ©sor le plus prĂ©cieux. Elle la garde et la transmet en cĂ©lĂ©brant l’Eucharistie que vous avez la joie et l’honneur de servir. L’Eucharistie est le TrĂ©sor de l’Église, le TrĂ©sor des TrĂ©sors. DĂšs le premier jour de son existence, et ensuite pendant des siĂšcles, l’Église a cĂ©lĂ©brĂ© la Messe, de dimanche en dimanche, pour se souvenir de ce que son Seigneur a fait pour elle. Entre les mains du prĂȘtre et Ă  ses paroles, “ceci est mon Corps, ceci est mon Sang”, JĂ©sus donne encore sa vie sur l’Autel, Il verse encore son Sang pour nous aujourd’hui. Chers Servants d’Autel, la cĂ©lĂ©bration de la Messe, nous sauve aujourd’hui ! Elle sauve le monde aujourd’hui ! Elle est l’évĂ©nement le plus important de la vie du chrĂ©tien et de la vie de l’Église, car elle est le rendez-vous oĂč Dieu se donne Ă  nous par amour, encore et encore. Le chrĂ©tien ne va pas Ă  la Messe par devoir, mais parce qu’il en a besoin, absolument !; le besoin de la vie de Dieu qui se donne sans retour !

 

Chers amis, je vous remercie de votre engagement : il est un trĂšs grand et gĂ©nĂ©reux service que vous rendez Ă  votre paroisse, et je vous encourage Ă  persĂ©vĂ©rer fidĂšlement. Lorsque vous approchez de l’Autel, ayez toujours Ă  l’esprit la grandeur et la saintetĂ© de ce qui est cĂ©lĂ©brĂ©. La Messe est un moment de fĂȘte et de joie. Comment, en effet, ne pas avoir le cƓur dans la joie en prĂ©sence de JĂ©sus ? Mais la Messe est, en mĂȘme temps, un moment sĂ©rieux, solennel, empreint de gravitĂ©. Puissent votre attitude, votre silence, la dignitĂ© de votre service, la beautĂ© liturgique, l’ordre et la majestĂ© des gestes, faire entrer les fidĂšles dans la grandeur sacrĂ©e du MystĂšre.

 

Je forme aussi le vƓu que vous soyez attentifs Ă  l’appel que JĂ©sus pourrait vous adresser Ă  le suivre de plus prĂšs dans le sacerdoce. Je m’adresse Ă  vos consciences de jeunes, enthousiastes et gĂ©nĂ©reux, et je vais vous dire une chose que vous devez entendre, mĂȘme si elle doit vous inquiĂ©ter un peu : le manque de prĂȘtres en France, dans le monde, est un grand malheur ! Un malheur pour l’Église. Puissiez-vous, peu Ă  peu, de dimanche en dimanche, dĂ©couvrir la beautĂ©, le bonheur et la nĂ©cessitĂ© d’une telle vocation. Quelle vie merveilleuse que celle du prĂȘtre qui, au cƓur de chacune de ses journĂ©es, rencontre JĂ©sus d’une maniĂšre tellement exceptionnelle et le donne au monde ! [
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25 Août - Saint Louis, roi de France

24/08/2025

25 Août - Saint Louis, roi de France

Roi de France durant plus de quarante ans, il incarna Ă  la fois l’autoritĂ© royale et la fidĂ©litĂ© chrĂ©tienne, laissant une empreinte durable dans la mĂ©moire nationale et ecclĂ©siale.GrĂące aux rĂ©cits de son ami et conseiller Jean de Joinville, l’histoire a retenu l’image emblĂ©matique d’un souverain rendant la justice Ă  l’ombre d’un chĂȘne, prĂšs du chĂąteau de Vincennes. Cette scĂšne, devenue lĂ©gendaire, reflĂšte le sens aigu de la justice de Louis IX, mais aussi son dĂ©sir de proximitĂ© avec son peuple. Il fut reconnu comme un homme de priĂšre, de charitĂ© et de simplicitĂ©, autant que comme un monarque puissant et respectĂ©.

 

NĂ© Ă  Poissy en 1214 (ou 1215), Louis devint roi de France en 1226, Ă  l’ñge de douze ans, sous la rĂ©gence de sa mĂšre Blanche de Castille. À vingt ans, il Ă©pousa Marguerite de Provence, avec qui il partagea un lien conjugal profond et fidĂšle. Leur union fut fĂ©conde : ils eurent ensemble huit enfants qu’ils Ă©levĂšrent dans la foi.Louis IX ne sĂ©para jamais sa mission royale de sa vocation chrĂ©tienne. Il soutint les pauvres, visita les malades, fonda des hĂŽpitaux et encouragea la vie religieuse. Sa gĂ©nĂ©rositĂ© se traduisit Ă©galement par un immense projet architectural et spirituel : la construction de la Sainte-Chapelle, vĂ©ritable Ă©crin de lumiĂšre destinĂ© Ă  abriter la Couronne d’épines et d’autres reliques de la Passion.

 

AnimĂ© d’un ardent dĂ©sir de protĂ©ger la Terre Sainte, Louis IX prit la croix et s’embarqua en 1248 pour l’Orient. Fait prisonnier Ă  Mansourah en Égypte, il fut libĂ©rĂ© avant de regagner son royaume. Loin de se laisser dĂ©courager, il poursuivit son idĂ©al de rĂ©conciliation et de paix, rĂ©formant le royaume et interdisant notamment le duel judiciaire.Ses contemporains soulignĂšrent sa sagesse politique. En 1258, il mit fin Ă  un conflit sĂ©culaire entre la France et l’Angleterre par le traitĂ© de Paris. Sa renommĂ©e Ă©tait telle que des souverains Ă©trangers sollicitaient son arbitrage. Pourtant, son dĂ©sir demeurait de reprendre la route de la croisade. Ce rĂȘve ultime l’amena en 1270 jusqu’à Tunis, oĂč la maladie eut raison de lui. Il mourut le 25 aoĂ»t dans son camp militaire, confiant son Ăąme Ă  Dieu.


Canonisé en 1297 par le pape Boniface VIII,
Louis IX est le seul roi de France élevé à la gloire des autels

 

Il est devenu patron des tertiaires franciscains, mais aussi de nombreuses professions, allant des coiffeurs aux ouvriers du bĂątiment. Sa mĂ©moire demeure vivante dans l’art, la liturgie et la culture populaire.

 

Saint Louis fut aussi un protecteur des savoirs : il fonda en 1257, avec Robert de Sorbon, la future Sorbonne, et soutint les grands thĂ©ologiens de son temps tels que saint Bonaventure et saint Thomas d’Aquin. Il suivit avec attention l’édification de Notre-Dame de Paris, en particulier ses rosaces monumentales.Les diocĂšses français rappellent encore aujourd’hui son rĂŽle dĂ©cisif dans l’histoire nationale : en Saintonge, lors de la bataille de Taillebourg en 1242 ; Ă  Vincennes, par l’image du roi-juge ; Ă  Longchamp, oĂč sa sƓur Isabelle, future bienheureuse, fonda une abbaye franciscaine grĂące Ă  son soutien.

 

Les paroles rapportées par Joinville révÚlent son sens chrétien de la royauté :

« Si je dĂ©pense beaucoup d’argent quelquefois, j’aime mieux le faire en aumĂŽnes faites pour l’amour de Dieu que pour frivolitĂ©s et choses mondaines. Dieu m’a tout donnĂ© ce que j’ai. Ce que je dĂ©pense ainsi est bien dĂ©pensĂ©. »

 

Louis IX rappelle ainsi que l’autoritĂ© politique peut se vivre comme un service, enracinĂ© dans le baptĂȘme et orientĂ© vers le bien commun. Son tĂ©moignage continue d’inspirer l’Église et les fidĂšles, sept siĂšcles aprĂšs sa mort, comme modĂšle de gouvernant chrĂ©tien uni Ă  Dieu, humble devant son peuple et juste gĂ©nĂ©reux envers les pauvres.

 

Avec Nominis

Philippe de Villiers raconte St Louis

24/08/2025

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22 aoĂ»t – FĂȘte du CƓur ImmaculĂ© de la bienheureuse Vierge Marie

21/08/2025

22 aoĂ»t – FĂȘte du CƓur ImmaculĂ© de la bienheureuse Vierge Marie

Lecture du livre de l'ÉcclĂ©siastique
Si 24,23-31


Comme la vigne j’ai poussĂ© des fleurs d’une agrĂ©able odeur, et mes fleurs donnent des fruits de gloire et d’abondance. Je suis la mĂšre du bel amour, de la crainte, de la science et de la sainte espĂ©rance. En moi est toute la grĂące de la voie et de la vĂ©ritĂ© ; en moi est toute l’espĂ©rance de la vie et de la vertu. Venez Ă  moi, vous tous qui me dĂ©sirez, et rassasiez-vous de mes fruits ; car mon esprit est plus doux que le miel, et mon hĂ©ritage plus suave que le rayon de miel. Ma mĂ©moire passera dans la suite des siĂšcles. Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif. Celui qui m’écoute ne sera pas confondu, et ceux qui agissent par moi ne pĂ©cheront point. Ceux qui me mettent en lumiĂšre auront la vie Ă©ternelle.

 

_____________________________________

 

Le culte liturgique, par lequel on rend un juste honneur au CƓur ImmaculĂ© de la Vierge Marie, et auquel de nombreux saints et saintes ont prĂ©parĂ© la voie, fut approuvĂ© tout d’abord par le SiĂšge Apostolique au dĂ©but du dix-neuviĂšme siĂšcle, lorsque le Pape Pie VII institua la fĂȘte du CƓur TrĂšs Pur de la Vierge Marie, pour ĂȘtre pieusement et saintement cĂ©lĂ©brĂ©e par tous les diocĂšses et les familles religieuses qui en avaient fait la demande ; fĂȘte que bientĂŽt le Pape Pie IX enrichit d’un office et d’une messe propres. Ce culte ardent et souhaitĂ©, nĂ© au dix-neuviĂšme siĂšcle, et grandissant de jour en jour, fut accueilli avec bienveillance par le Souverain Pontife Pie XII, qui voulut l’étendre Ă  l’Église entiĂšre, en donnant Ă  cette fĂȘte une plus grande solennitĂ©.

 

L’an 1942, tandis qu’une guerre trĂšs cruelle accablait presque toute la terre, ce pape, plein de pitiĂ© pour les Ă©preuves infinies des populations, en raison de sa piĂ©tĂ© et de sa confiance envers la MĂšre cĂ©leste, confia ardemment le genre humain tout entier, par une priĂšre solennelle, Ă  ce CƓur trĂšs doux ; et il Ă©tablit la cĂ©lĂ©bration universelle et perpĂ©tuelle d’une fĂȘte avec Office et Messe propres en l’honneur de ce CƓur ImmaculĂ© (1944).

Rome sous le signe de la Tradition : la FSSPX mobilise des milliers de pÚlerins pour le Jubilé

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Rome sous le signe de la Tradition :  la FSSPX mobilise des milliers de pÚlerins pour le Jubilé

Un pĂšlerinage impressionnant
Selon divers articles de presse dont Tribune ChrĂ©tienne et Aleteia, 7 200 pĂšlerins de la FSSPX, venus de 44 pays, ont convergĂ© vers la Ville Ă©ternelle. AccompagnĂ©s de prĂšs de 680 prĂȘtres et religieux, ils ont dĂ©filĂ© en procession, priĂ© dans plusieurs basiliques et participĂ© Ă  une messe solennelle Ă  la basilique Saint-Pierre. Ce rassemblement a triplĂ© en taille par rapport au dernier JubilĂ© de l'an 2000, ce qui dĂ©montre une vitalitĂ© et une capacitĂ© de mobilisation impressionnantes.

 

Des relations toujours complexes avec Rome
Le pĂšlerinage, conduit par l'abbĂ© Davide Pagliarani, supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral de la FSSPX, a soulignĂ© la relation dĂ©licate qui existe entre la FraternitĂ© et le Vatican. Comme vous le savez, fondĂ©e en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre, la FSSPX s'est retrouvĂ©e en rupture avec Rome suite aux ordinations Ă©piscopales de 1988, qui ont entraĂźnĂ© l'excommunication de ses Ă©vĂȘques. Bien que le pape BenoĂźt XVI ait levĂ© ces sanctions et que le pape François ait reconnu la validitĂ© des confessions et mariages de la FraternitĂ©, cette derniĂšre n'est toujours pas officiellement rĂ©intĂ©grĂ©e Ă  l'Église. Le fait que les pĂšlerins de la FSSPX n'aient pas marchĂ© derriĂšre la croix jubilaire Ă  Saint-Pierre et que la mention de leur pĂšlerinage ait Ă©tĂ© retirĂ©e du site officiel du JubilĂ© italien en sont des signes clairs.

 

Un signe pour l'avenir
Au-delĂ  des questions de reconnaissance canonique, ce pĂšlerinage est une dĂ©claration de force. La FSSPX, qui ne compte plus que deux Ă©vĂȘques en activitĂ©, se trouve Ă  un moment crucial de son histoire, confrontĂ©e Ă  la nĂ©cessitĂ© de nouvelles consĂ©crations. Le rassemblement de milliers de fidĂšles attachĂ©s Ă  la messe traditionnelle est donc un message adressĂ© Ă  Rome : la FraternitĂ© est une rĂ©alitĂ© vivante, sa voix est influente, et elle reste fidĂšle Ă  ce qu'elle considĂšre ĂȘtre la tradition de l'Église. 

 

En définitive, ce pÚlerinage n'est pas seulement un événement spirituel, c'est un acte politique qui met en lumiÚre les tensions et les espoirs qui animent les relations entre le Vatican et les défenseurs de la tradition en matiÚre liturgique mais aussi et surtout doctrinale. Il restera sans doute l'un des moments les plus mémorables et les plus symboliques du Jubilé 2025.

Prions pour l'Eglise ! Ave Maria !

St Thomas d'Aquin : de l'intĂ©rĂȘt de visiter les tombes de nos anciens

20/08/2025

St Thomas d'Aquin : de l'intĂ©rĂȘt de visiter les tombes de nos anciens

Ce podcast dont l'auteur est inconnu explore en profondeur la perspective de Saint Thomas d'Aquin sur la signification des visites aux tombes, en s'appuyant sur ses enseignements tirés notamment de la "Somme Théologique". Il met en lumiÚre la richesse de la compréhension catholique de la mort, de l'au-delà et du lien indéfectible entre les vivants et les morts.

 

L'auteur commence par poser une question existentielle commune : Si l'Ăąme quitte le corps au moment de la mort, pourquoi continuons-nous Ă  visiter les tombes de nos dĂ©funts ? Cette interrogation, qui a "troublĂ© mĂȘme les plus grands thĂ©ologiens", est abordĂ©e par Saint Thomas d'Aquin, "ce gĂ©ant de la pensĂ©e chrĂ©tienne". Sa rĂ©ponse, dĂ©crite comme "aussi profonde que lumineuse, aussi complexe que consolante", vise Ă  "transformer Ă  jamais votre comprĂ©hension de la mort, de l'au-delĂ  et du lien sacrĂ© qui unit les vivants et les morts."

 

Pour comprendre Saint Thomas, il est crucial de saisir sa distinction entre le corps et l'Ăąme. Contrairement Ă  une vision qui sĂ©parerait radicalement ces deux entitĂ©s, la tradition catholique, telle qu'articulĂ©e par Thomas d'Aquin, enseigne que "l'ĂȘtre humain n'est pas simplement un corps qui possĂšde une Ăąme, ni une Ăąme emprisonnĂ©e dans un corps. Nous sommes l'union sacrĂ©e des deux, une union voulue par Dieu dĂšs notre crĂ©ation." La sĂ©paration de l'Ăąme et du corps au moment de la mort n'est pas l'Ă©tat naturel voulu par Dieu, mais une consĂ©quence du pĂ©chĂ© originel. Le plan divin prĂ©voit la rĂ©union de l'Ăąme et du corps lors de la rĂ©surrection finale, comme le proclame le Credo : "Je crois Ă  la rĂ©surrection de la chair".

 

La pratique de visiter les tombes s'éclaire à la lumiÚre de cette doctrine. En se recueillant devant la sépulture, on honore "non pas un simple réceptacle abandonné, mais une partie essentielle de la personne que nous avons aimé." Ce corps, "aujourd'hui en repos, est destiné à la gloire de la résurrection." L'attachement au corps des défunts n'est pas une faiblesse, mais "une intuition profondément chrétienne ancrée dans notre foi en l'incarnation du Christ et en la résurrection de la chair." L'exemple des femmes fidÚles allant embaumer le corps de Jésus au matin de Pùques est cité comme preuve de la justesse de cet amour et respect du corps. Dieu a récompensé celles qui ont "montré leur amour à travers le soin du corps."

 

Saint Thomas d'Aquin approfondit cette comprĂ©hension en abordant la doctrine de la Communion des Saints. Cette doctrine "fondamentale de notre foi" enseigne que "tous les croyants, ceux qui sont encore sur terre, ceux qui sont purifiĂ©s au purgatoire et ceux qui jouissent dĂ©jĂ  de la vision bĂ©atifique au paradis forment une seule Ă©glise, un seul corps mystique du Christ." Cette communion "transcende les barriĂšres du temps et de l'espace" et "dĂ©passe mĂȘme la frontiĂšre entre la vie et la mort."

 

La visite des tombes est une manifestation concrÚte de cette communion : "Nous affirmons que la mort n'a pas rompu le lien qui nous unit à nos proches décédés." De plus, nos priÚres et actes de dévotion pour les défunts peuvent "véritablement les aider dans leur cheminement vers Dieu", notamment en "alléger leur souffrance au purgatoire et hùter leur entrée dans la gloire céleste." L'auteur insiste sur l'efficacité spirituelle réelle de ces actes, contrastant avec une vision moderne qui verrait la mort comme une fin définitive et les rituels comme de simples traditions culturelles.

 


Il existe plusieurs raisons complémentaires pour lesquelles la visite des tombes est une pratique significative :


Honorer la mémoire des défunts : C'est un "acte de charité chrétienne" qui reconnaßt la "valeur unique de chaque vie humaine créée à l'image et à la ressemblance de Dieu."


Nourrir l'espérance en la résurrection : Les tombes sont des "signes d'espérance", rappelant que "la mort n'a pas le dernier mot", à l'instar du tombeau vide du Christ.

 

Cultiver les vertus chrétiennes : Ces visites invitent à "l'humilité" face à notre mortalité, à la "charité" en priant pour les défunts, et fortifient la foi et l'espérance.


RĂ©sister au matĂ©rialisme et Ă  l'hĂ©donisme : Les cimetiĂšres rappellent la "vanitĂ©" des quĂȘtes matĂ©rielles et aident Ă  orienter la vie vers "l'amour de Dieu et du prochain, la croissance dans les vertus, la prĂ©paration Ă  notre propre rencontre avec le Seigneur."


Participer Ă  l'Ɠuvre de rĂ©demption du Christ : Par nos priĂšres, nous collaborons Ă  la "libĂ©ration des Ăąmes du purgatoire", s'inscrivant dans le "grand mystĂšre de la rĂ©demption opĂ©rĂ©e par le Christ."



Saint Thomas d'Aquin adopte une approche nuancée concernant les apparitions ou phénomÚnes spirituels dans les cimetiÚres. Il reconnaßt la "possibilité que Dieu permette dans certaines circonstances exceptionnelles qu'une ùme défunte se manifeste au vivant" pour des raisons précises (avertir, demander des priÚres, témoigner de la miséricorde divine). Ces manifestations, si authentiques, "ne contredisent pas la doctrine catholique sur l'au-delà" mais illustrent la communion des saints. Cependant, Thomas invite à la "prudence et au discernement", rappelant que l'ennemi peut aussi tromper.


L'enseignement de Thomas d'Aquin promeut une "compréhension profondément incarnée de notre foi." Contrairement aux spiritualités qui dévalorisent le corps, le christianisme "honore l'unité de la personne humaine, corps et ùme." Dieu s'est fait chair en Jésus, qui a pleuré devant la tombe de Lazare et est ressuscité avec un corps glorieux. Notre rapport aux tombes reflÚte cette "piété pleinement humaine qui honore le corps comme temple de l'Esprit Saint et comme destiné à la résurrection." Les rituels funéraires et la bénédiction des sépultures ne sont pas de simples "concessions à la faiblesse humaine" mais l'expression d'une "théologie profonde de l'incarnation et de la résurrection."

De plus, Thomas reconnaĂźt que certains lieux peuvent acquĂ©rir une "signification spirituelle particuliĂšre." Une tombe est un "lieu sanctifiĂ© par les priĂšres de l'Église," un "lieu tĂ©moin de la douleur et de l'amour des proches," et peut ĂȘtre comparĂ©e Ă  un "mini pĂšlerinage."

 


La vision thomiste va au-delĂ  des visites occasionnelles et invite Ă  "intĂ©grer la mĂ©moire de nos morts dans notre vie quotidienne de priĂšre et de foi." Ils sont considĂ©rĂ©s comme "des compagnons invisibles dans notre cheminement vers Dieu." Il est mentionnĂ© la pratique de garder des photos de dĂ©funts ou de faire cĂ©lĂ©brer des messes. La messe est particuliĂšrement soulignĂ©e comme "l'aide la plus puissante que nous puissions leur apporter." Saint Thomas Ă©crit : "une seule messe offerte pour un dĂ©funt a plus de valeur que toutes les autres priĂšres et bonnes Ɠuvres."

 


En somme, Saint Thomas d'Aquin certifie une "richesse et une profondeur extraordinaire" Ă  la question de la visite des tombes. Cette pratique n'est pas une "erreur thĂ©ologique" ou une "concession Ă  la faiblesse humaine", mais un "acte profondĂ©ment chrĂ©tien qui relie le ciel et la terre." Elle incarne l'honneur de l'unitĂ© corps-Ăąme, la foi en la rĂ©surrection de la chair, la manifestation concrĂšte de la communion des saints et la collaboration Ă  l'Ɠuvre rĂ©demptrice du Christ.

Cette comprĂ©hension transforme le deuil en une "expĂ©rience du deuil et notre relation au dĂ©funt" oĂč la mort n'est plus un "mur infranchissable" mais un "voile temporaire" Ă  travers lequel la communion persiste. Les tombes deviennent "des signes d'espĂ©rance," et les priĂšres des "actes efficaces de charitĂ© chrĂ©tienne." Le podcast conclut en invitant le public Ă  laisser cet enseignement "transformer votre expĂ©rience de ce moment sacrĂ©" et Ă  partager cette "vĂ©ritĂ© oubliĂ©e" pour consoler ceux qui souffrent d'une vision appauvrie de la mort.

 

 

 

Les Routiers Scouts d'Europe à Vézelay sur les pas de St Bernard de Clairvaux (1090-1153)

19/08/2025

Les Routiers Scouts d'Europe à Vézelay sur les pas de St Bernard de Clairvaux (1090-1153)

EntrĂ© Ă  l’abbaye de CĂźteaux, Bernard reçut en 1115 la mission de fonder un nouveau monastĂšre Ă  Clairvaux, dont il demeura abbĂ© jusqu’à sa mort. Infatigable fondateur, sa santĂ© fragile ne l’empĂȘcha pas de parcourir l’Europe, chevauchant sa mule pour prĂȘcher, conseiller, Ă©crire et soutenir la rĂ©forme de l’Église. À sa mort, pas moins de 343 abbayes cisterciennes s’étaient dĂ©veloppĂ©es sous son impulsion.Bernard ne fut pas un moine enfermĂ© dans son cloĂźtre. Sa vaste correspondance avec des princes, des clercs et des jeunes en quĂȘte de conseil tĂ©moigne d’une Ăąme tournĂ©e Ă  la fois vers la contemplation et vers l’action. Il intervint dans les grands dĂ©bats ecclĂ©siaux de son temps, s’opposant Ă  l’hĂ©rĂ©sie cathare, dĂ©fendant les juifs contre la montĂ©e de l’antisĂ©mitisme, et appelant Ă  la fidĂ©litĂ© Ă  la rĂšgle bĂ©nĂ©dictine face aux excĂšs perçus dans l’ordre de Cluny. Sa prĂ©dication de la deuxiĂšme croisade, Ă  VĂ©zelay, illustre aussi son rĂŽle d’arbitre moral et spirituel pour l’Europe chrĂ©tienne.

 

Le pape BenoĂźt XVI a rappelĂ© en 2009 combien saint Bernard fut un thĂ©ologien contemplatif plus qu’un spĂ©culatif. Sa thĂ©ologie, centrĂ©e sur le Christ et Marie, insistait sur l’expĂ©rience personnelle de l’amour de Dieu. Pour lui, la connaissance de Dieu n’était pas un exercice purement intellectuel mais une rencontre vivante avec le Christ. Il montra aussi la place unique de la Vierge Marie dans l’économie du salut, insistant sur sa participation au sacrifice de son Fils.Saint Bernard reste un guide intemporel. Sa vie rappelle que la vraie rĂ©forme de l’Église ne vient pas des calculs politiques mais de la saintetĂ© et de la fidĂ©litĂ© Ă  l’Évangile. Sa parole, toujours actuelle, met en garde contre la tentation de rĂ©duire la foi Ă  une idĂ©ologie ou Ă  une pure spĂ©culation rationnelle. Pour lui, seule une foi vivante, nourrie de priĂšre et de contemplation, pouvait conduire Ă  la vĂ©ritable sagesse, celle des saints.

 

Saint Bernard mourut en 1153, Ă©puisĂ© par le service de l’Église et des Ăąmes, laissant un hĂ©ritage spirituel immense. CanonisĂ© en 1174 et proclamĂ© docteur de l’Église en 1830, il demeure pour l’histoire « la conscience de l’Église de son temps » et un phare pour les gĂ©nĂ©rations chrĂ©tiennes.

 

Source : Nominis

 

 

Les Routiers Scouts d'Europe à Vézelay sur les pas de St Bernard