Le blog du Temps de l'Immaculée.

Juin25

Veni Creator Spiritus, l’hymne de l’Église en priùre (Domenico Bartolucci)

09/06/2025

Veni Creator Spiritus, l’hymne de l’Église en priùre (Domenico Bartolucci)

Parmi celles-ci, on peut citer l’hymne Veni Creator Spiritus, qui, dans sa mĂ©lodie grĂ©gorienne, continue de rĂ©sonner en diverses occasions, et pas uniquement autour de la fĂȘte de la PentecĂŽte. Il est en effet utilisĂ© chaque fois que l’on invoque l’assistance de l’Esprit Saint pour une circonstance particuliĂšre.


Le chant du Veni Creator Spiritus est prescrit pour l’Office divin durant la PentecĂŽte, mĂȘme s’il nous arrive parfois de l’entendre pendant la Messe, oĂč la sĂ©quence Veni Sancte Spiritus est pourtant prescrite. L’hymne est attribuĂ© Ă  Rabban Maur, archevĂȘque de Mayence au IXe siĂšcle et grande figure de la culture carolingienne. ComposĂ© dans le huitiĂšme mode grĂ©gorien, le texte est d’une grande beautĂ© et riche en thĂ©ologie. L’auteur semble rivaliser avec lui-mĂȘme pour trouver des titres dignes de l’Esprit Saint, qu’il appelle « doux consolateur, don du PĂšre trĂšs haut, eau vive, feu, amour, saint chrĂȘme de l’ñme, doigt de la droite de Dieu
 ». Dans une strophe, on demande Ă  l’Esprit d’ĂȘtre lumiĂšre pour l’intelligence et de rĂ©pandre l’amour dans nos cƓurs, en fortifiant nos corps faibles de sa vigueur ferme.


Le cardinal Raniero Cantalamessa, ancien prédicateur de la Maison pontificale, affirme :


« Dans l’hymne le plus cĂ©lĂšbre Ă  l’Esprit Saint, le Veni Creator, composĂ© au dĂ©but du IXe siĂšcle, on demande Ă  l’Esprit d’“allumer une lumiĂšre dans l’esprit” (accende lumen sensibus). (Le mot sensus ne dĂ©signe pas ici les sens extĂ©rieurs, mais, comme souvent dans le latin ecclĂ©siastique, l’intelligence, la pensĂ©e, l’esprit). »


En somme, on demande Ă  l’Esprit Saint d’éclairer notre esprit et de soutenir notre cƓur.
À cĂŽtĂ© de la version grĂ©gorienne, il existe de nombreuses mises en musique de cet hymne, souvent en polyphonie. L’une des plus belles, selon moi, est celle de Domenico Bartolucci (1917–2013), ancien maĂźtre de la Chapelle Sixtine et plus tard cardinal. Il en a fait une version pour sopranos, premiers et deuxiĂšmes tĂ©nors, barytons et basses – un chƓur mixte Ă  cinq voix. Cette version est souvent interprĂ©tĂ©e lors des cĂ©rĂ©monies pontificales, comme lors du rĂ©cent conclave. Elle s’inspire de la mĂ©lodie grĂ©gorienne, mais en supprimant certaines notes (les notes inutiles, c’est-Ă -dire celles qui ne sont pas essentielles Ă  la structure mĂ©lodique – une pratique en usage depuis la Renaissance).


TrĂšs touchante est la maniĂšre dont les voix graves, les voix masculines, forment une sorte de fond sonore au chant des sopranos qui, dans la Chapelle Sixtine, sont confiĂ©s Ă  l’innocence vocale des Pueri Cantores. L’usage traditionnel d’habiller polyphoniquement les mĂ©lodies grĂ©goriennes a trouvĂ© en Domenico Bartolucci un trĂšs grand maĂźtre, fidĂšle d’ailleurs Ă  ce qu’avait affirmĂ© le concile Vatican II, qui rĂ©serve au chant grĂ©gorien la premiĂšre place, et Ă  ce qu’avait dĂ©jĂ  ordonnĂ© saint Pie X dans son motu proprio sur la musique sacrĂ©e :


« Le chant grĂ©gorien a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme le modĂšle suprĂȘme de la musique sacrĂ©e. Aussi peut-on poser en principe gĂ©nĂ©ral : plus une composition sacrĂ©e s’inspire, dans sa forme, son inspiration et sa saveur, de la mĂ©lodie grĂ©gorienne, plus elle est propre au culte divin ; plus elle s’en Ă©loigne, moins elle est digne du sanctuaire. »

 

Une rĂšgle que le maĂźtre toscan a suivie de maniĂšre exemplaire.
Il existe de nombreuses compositions en l’honneur de l’Esprit Saint, que l’on entendait souvent lors de la fĂȘte de la PentecĂŽte. L’Esprit Saint a inspirĂ© des musiciens et des artistes de toutes les Ă©poques. Dans une homĂ©lie prononcĂ©e pour le vingt-cinquiĂšme anniversaire de sa consĂ©cration Ă©piscopale, en contemplant la colombe du Bernin dans la basilique Saint-Pierre, Pie XII disait :


« Tout Ă  l’heure, alors que, au pied de cet autel, dans les souvenirs graves qui Ă©mouvaient et inondaient Notre Ăąme, Nous revĂȘtions les ornements sacrĂ©s pour nous prĂ©parer Ă  cĂ©lĂ©brer le Sacrifice eucharistique, Notre regard, se levant, contemplait resplendissante, du haut de ce merveilleux baldaquin, au milieu de rayons d’or, l’image de la colombe aux ailes dĂ©ployĂ©es – symbole Ă©vangĂ©lique et rĂ©confortant de l’Esprit Saint Paraclet, qui veille sur l’Église, y souffle et y rĂ©pand les multiples charismes de sa grĂące et l’abondance de sa paix spirituelle. C’est un symbole qui parle. »


Oui, un symbole qui parle en tout temps, comme dans l’hymne dont nous avons parlĂ©, oĂč le doux Consolateur est implorĂ© pour ĂȘtre lumiĂšre de notre intelligence et soutien dans l’épreuve.

 

Chartres - Paris : 5400 au départ

08/06/2025

Chartres - Paris : 5400 au départ

 

Samedi vigile de la PentecĂŽte, comme chaque annĂ©e, Chartres est en effervescence dĂšs les premiĂšres lueurs de l’aube. Venus des quatre coins de France voire mĂȘme de Suisse, d’Allemagne du Canada ou d’autres pays Ă©trangers, plusieurs milliers de pĂšlerins se dirigent vers la cathĂ©drale de Chartres. Cette annĂ©e encore, ils sont plus de 5 400 Ă  assister Ă  la messe de dĂ©part avant de prendre la route en direction de Paris.

 

La premiĂšre mission des marcheurs consistait Ă  rejoindre la cathĂ©drale, aprĂšs avoir dĂ©posĂ© leur sac de bivouacs dans le bon camion. À 7 h 45 trĂšs prĂ©cisĂ©ment, la messe dĂ©bute cĂ©lĂ©brĂ©e par Monsieur l’abbĂ© Gabriele d’Avino, le supĂ©rieur de district d’Italie. Cette annĂ©e, comme les pĂšlerins marchent « pour notre mĂšre, la Sainte Église »,

 

À 10 h, aprĂšs que Monsieur l’abbĂ© Hanappier a bĂ©ni les chapitres adolescents, la colonne adulte a pris la route tandis que les enfants se dirigeaient vers les cars. Il n’aura pas fallu longtemps aux pĂšlerins pour sortir manteaux et ponchos pour quelques gouttes tombĂ©es au dĂ©but de la marche. Les nuages gris ont suivi la colonne presque toute la journĂ©e, heureusement il en faut plus pour impressionner un pĂšlerin de Chartres !

Source : La Porte latine
Crédits photos : Isaure Dupont-Cariot, Maxence Malherbe, Jean Lorber, Gilles Bellemans, Soline Grellier, Jacques Teyssier

Pourquoi fĂȘter Marie, mĂšre de l’Église, le lundi de PentecĂŽte ?

07/06/2025

Pourquoi fĂȘter Marie, mĂšre de l’Église, le lundi de PentecĂŽte ?

 

L'iconographie imprĂšgne tellement notre imaginaire chrĂ©tien que nous croyons spontanĂ©ment que la Vierge Marie Ă©tait au milieu des apĂŽtres Ă  la PentecĂŽte. Or l’Écriture n’en dit rien. Lorsqu’il introduit son rĂ©cit de la PentecĂŽte, Luc Ă©crit : « Le jour de la PentecĂŽte Ă©tant arrivĂ©s, ils se trouvaient tous ensemble dans un mĂȘme lieu » (Ac 2, 1). « Ils », ce sont les Douze aprĂšs l’élection de Matthias. Alors, pourquoi reprĂ©senter Marie parmi les Douze Ă  la PentecĂŽte, parfois au milieu d’eux, parfois Ă  une place Ă©minente ? D’abord Ă  cause d’un verset du chapitre prĂ©cĂ©dent dans les Actes : « Tous, d’un mĂȘme cƓur, Ă©taient assidus Ă  la priĂšre avec quelques femmes, dont Marie mĂšre de JĂ©sus, et avec ses frĂšres » (Ac 1, 14). C’est d’ailleurs l’unique mention de Marie dans les Actes. On interpole donc ce verset Ă  raison de l’identitĂ© de situation : les Douze en priĂšre. Sur ce fondement scripturaire tĂ©nu, la piĂ©tĂ© chrĂ©tienne se plaĂźt Ă  penser que la Vierge Marie a intercĂ©dĂ© tout particuliĂšrement pour que l’Esprit saint descende sur les Douze Ă  la PentecĂŽte. Ce n’est pas totalement gratuit.

 

Épouse de l’Esprit saint
C’est que la Vierge Marie Ă©tait dans une familiaritĂ© unique avec l’Esprit saint depuis l’Annonciation oĂč il l’avait recouverte de son ombre. Elle Ă©tait particuliĂšrement qualifiĂ©e pour appeler l’Esprit saint. On a mĂȘme pu la qualifier d’épouse du Saint-Esprit, ce qui est tout de mĂȘme moins malsonnant que ceux qui la voient Ă©pouse mystique du Christ au risque d’introduire l’inceste au beau milieu de la Sainte Famille. Surtout, la Vierge Marie se devait de rĂ©aliser la mission que lui avait confiĂ©e JĂ©sus Ă  la Croix. Pour ĂȘtre mĂšre de l’Église, il fallait que Marie coopĂšre rĂ©ellement et selon une modalitĂ© propre Ă  l’engendrement des Douze Ă  la vie nouvelle d’enfants de Dieu. En intercĂ©dant efficacement pour que l’Esprit saint descende sur eux, Marie devient rĂ©ellement mĂšre de l’Église dans l’ordre de la grĂące, selon la formule audacieuse de Lumen Gentium, 61.

 

Comme souvent, la dĂ©votion voit plus loin qu’on ne le croit. Si Marie a rĂ©ellement jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif en appelant l’Esprit saint sur les ApĂŽtres, elle n’a fait qu’accomplir en perfection ce qu’elle a fait dĂ©jĂ  Ă  Cana : voir les besoins des hommes, prĂ©venir leurs dĂ©sirs, et intercĂ©der auprĂšs de son Fils tout en nous avertissant : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5). C’est Ă  Cana qu’est rĂ©vĂ©lĂ©e la modalitĂ© propre de la maternitĂ© de Marie dans l’ordre de la grĂące, toute subordonnĂ©e Ă  l’action souveraine du Christ, l’unique Sauveur et mĂ©diateur. À Cana, sur la priĂšre de sa mĂšre, JĂ©sus avait anticipĂ© le dĂ©but de son ministĂšre public et l’Ɠuvre de la RĂ©demption qu’il Ă©tait venu accomplir. Au CĂ©nacle, Marie provoque Ă  nouveau une Ă©tape dĂ©cisive dans l’histoire de l’Église avec l’effusion de l’Esprit saint sur les Douze pour que JĂ©sus glorifiĂ© puisse communiquer sa grĂące Ă  tout son corps mystique. L’Esprit saint qui Ă©tait venu couvrir Marie de son ombre Ă  l’Annonciation se rĂ©pand par son intercession sur toute l’Église.

 

L’intercession de sa tendresse maternelle
Le rĂ©cit de Cana aide aussi Ă  comprendre comment l’unique grĂące qui vient du Christ est colorĂ©e d’une nuance maternelle par la mĂ©diation de Marie. Cette tendresse attentive et frĂ©missante de la maman qui voit les moindres dĂ©sirs et les besoins les plus cachĂ©s de ses enfants, Marie peut d’ailleurs l’exercer avec une efficacitĂ© d’autant plus grande depuis qu’elle est dans la vision bĂ©atifique. Depuis le Ciel oĂč elle est entrĂ©e en son Ăąme et en son corps, Marie voit tout ce dont ses enfants ont besoin, et elle porte nos supplications Ă  son Fils. 

 

Cette maternitĂ© de Marie sur l’Église, c’est-Ă -dire sur chacun des baptisĂ©s mais aussi sur la communautĂ© des enfants de Dieu prise comme un tout, est-elle si diffĂ©rente de l’intercession commune des saints au Ciel Ă  l’égard des chrĂ©tiens encore en chemin ? À vrai dire, son intercession est de toute façon la plus efficace dans la communion des saints Ă  proportion de son intimitĂ© unique avec JĂ©sus. Son association toute particuliĂšre Ă  l’Ɠuvre du RĂ©dempteur aux jours de sa chair donne Ă  son intercession une qualitĂ© unique.

 

La grùce du Christ passe forcément par Marie
Marie est-elle source de la grĂące ? Non, cela est rĂ©servĂ© au Christ. Le terme de « corĂ©demptrice » est sans doute trop lourd d’ambiguĂŻtĂ© Ă  cet Ă©gard et le concile s’est bien gardĂ© d’en user. Mais si toute grĂące vient du Christ-TĂȘte du corps mystique, toute grĂące passe par Marie qui est selon l’image suggestive de saint Bernard comme le cou du corps mystique. De la tĂȘte au corps, du Christ Ă  nous, il y a toujours Marie. Le Christ n’en avait pas besoin et pouvait nous atteindre tous et chacun sans cela. Mais il a voulu nous donner sa mĂšre par pure gratuitĂ©, par un surcroĂźt d’amour et de considĂ©ration pour notre condition humaine. DĂšs lors, toute grĂące qui vient du Christ passe forcĂ©ment par Marie. Et la grĂące qui est fondamentalement christique est comme modalisĂ©e par la mĂ©diation mariale. La grĂące christique est colorĂ©e d’une nuance maternelle de tendresse. Notre vie d’enfants de Dieu s’en trouve mieux accordĂ©e aux requĂȘtes de notre affectivitĂ©, « maintenant et Ă  l’heure de notre mort », et jusqu’à la consommation de l’Église dans la gloire du Ciel. 

 

Marie Ă©tait-elle au CĂ©nacle pour appeler l’Esprit saint sur les Douze ? L’Écriture ne le dit pas. Mais dans la foi de l’Église enrichie par la priĂšre des saints, nous croyons que par sa proximitĂ© unique au Christ et Ă  l’Esprit saint elle nous engendre Ă  la vie de la grĂące et nous comble de sa tendresse maternelle pour nous mener sous la protection de son manteau Ă©toilĂ© jusque dans la gloire du Ciel.

 

Jean-Thomas de Beauregard  ALETEIA

Manifeste de Notre-Dame de Chrétienté : la liturgie au pÚlerinage

07/06/2025

Manifeste de Notre-Dame de Chrétienté : la liturgie au pÚlerinage

 

[
] Une certaine simplification mĂ©diatique laisse Ă  croire que toute la question se rĂ©sumerait Ă  autoriser ou non certains prĂȘtres Ă  cĂ©lĂ©brer le Novus Ordo pour leurs messes personnelles au pĂšlerinage. Mais en fait, ce n’est pas d’abord de cela dont il s’agit. Les courriers reçus par l’association sont trĂšs clairs : il nous est demandĂ© de transformer en profondeur l’esprit de notre pĂšlerinage traditionnel, en faisant du Novus Ordo la norme, et du Vetus Ordo l’exception tolĂ©rĂ©e, soumise Ă  l’autorisation de l’évĂȘque du lieu ou du dicastĂšre pour le culte divin. Or, c’est cette mĂȘme mutation qui est exigĂ©e depuis quatre ans Ă  toute notre famille spirituelle que l’on dĂ©signe (assez mal d’ailleurs) par le mot de « traditionalistes ». Car il faut replacer cette rĂ©cente polĂ©mique, qui peut sembler anecdotique pour beaucoup, dans la perspective d’autres Ă©vĂšnements que nous avons refusĂ© de mĂ©diatiser pour ne pas durcir le dialogue que nous espĂ©rons avoir avec les autoritĂ©s hiĂ©rarchiques. Cette annĂ©e, pour le pĂšlerinage de Chartres comme pour de nombreux pĂšlerins venus de toutes nos provinces, des restrictions Ă  l’usage de la liturgie tridentine se multiplient pour endiguer l’élan formidable des apostolats qui veulent Ɠuvrer au service de l’évangĂ©lisation missionnaire des rĂ©gions de France. L’accĂšs Ă  certains sacrements selon l’ancien rituel est limitĂ© voire interdit dans une partie des diocĂšses. Bien sĂ»r, la portĂ©e de ces restrictions varie, selon la bienveillance de l’évĂȘque du lieu, preuve en est qu’une lecture tolĂ©rante de Traditionis Custodes est possible. Mais dans certains diocĂšses pleuvent les dĂ©crets et les interdits, selon une application ultrarestrictive du Motu Proprio, avec une froideur juridico-canonique bien Ă©loignĂ©e du « soin pastoral et spirituel des fidĂšles » qu’évoque ce mĂȘme texte (art 3, § 4). Ce que l’on nous dit aujourd’hui en fait, c’est que la liturgie tridentine, en son unitĂ© rituelle, sacramentelle et spirituelle est un mal, une anomalie, dont il faut que l’Église guĂ©risse et se purifie.

 

« Vous ne pouvez pas ĂȘtre dans la communion de l’Église, si vous n’adoptez pas le Novus Ordo, partiellement ou totalement. Dura lex, sed lex. Rentrez dans le rang : l’Église a parlĂ©, obĂ©issez. » Mais nous avons souvenir, quant Ă  nous, d’une autre parole, certaine, de l’Église, qui plus est une promesse, dans laquelle notre famille spirituelle a mis toute sa confiance. En 1988, alors que Mgr Lefebvre sacrait quatre Ă©vĂȘques contre l’avis de Rome, les laĂŻcs organisateurs du pĂšlerinage de ChrĂ©tientĂ© ont pris la dĂ©cision profondĂ©ment douloureuse de s’écarter de cette voie pour rester unis de façon visible au Saint-SiĂšge. C’est au nom de l’unitĂ© de l’Église, qu’on nous accuse aujourd’hui de mettre Ă  mal, que ces laĂŻcs et ces prĂȘtres, profondĂ©ment attachĂ©s aux pĂ©dagogies traditionnelles de la foi, se sont tournĂ©s vers le saint pape Jean-Paul II. Ce jour-lĂ , le Saint PĂšre leur a dit que leur attachement Ă©tait « lĂ©gitime » ; il a Ă©voquĂ© la beautĂ© et la richesse de ce trĂ©sor de l’Église ; et pour faire honneur Ă  cette dĂ©marche filiale, il a fait la promesse de garantir et de protĂ©ger, de maniĂšre large et gĂ©nĂ©reuse, les aspirations des fidĂšles attachĂ©s aux formes liturgiques et disciplinaires antĂ©rieures de la tradition latine, sans aucune contrepartie d’ordre liturgique, sinon de reconnaĂźtre le Concile Vatican II et la validitĂ© du Novus ordo. L’Église catholique, prenant en considĂ©ration les personnes, et leur histoire, nous a dit que nous sommes en communion avec l’Église en faisant le choix de la liturgie tridentine comme chemin vĂ©ritable de sanctification. Nous ne pouvons douter de cette parole, dont la valeur demeure car elle dĂ©passe les douloureuses contingences historiques de 1988.

 

Aujourd’hui encore, malgrĂ© les vexations multiples, notre famille spirituelle conserve une paisible espĂ©rance dans cette parole de l’Église, de qui elle a appris qu’en justice naturelle, pacta sunt servanda (la parole donnĂ©e doit ĂȘtre tenue). On nous dit que nous avons rompu le pacte, en durcissant nos positions, en refusant les mains tendues. Mais depuis 1988, nous n’avons rien changĂ© de ce dĂ©licat Ă©quilibre entre fidĂ©litĂ© envers le SiĂšge de Pierre et attachement aux pĂ©dagogies traditionnelles de la Foi.

 

On a peu approfondi en quoi consistait cet « attachement » aux pĂ©dagogies traditionnelles de la foi. Certains le minimisent, le rĂ©duisant Ă  une sensibilitĂ©, Ă  une catĂ©gorie politique, Ă  une nostalgie craintive ou une peur de la modernitĂ© qui passera avec le temps et la gĂ©nĂ©ration suivante. D’autres l’exagĂšrent, nous reprochant de faire de la liturgie une fin en soi, ou de l’instrumentaliser telle une arme au service d’un combat. Nous savons bien pourtant, nous pĂšlerins, que la fin c’est le Ciel, qu’il ne faut pas confondre le but d’avec la route qui y conduit, et qu’il y a plusieurs chemins qui mĂšnent au Sanctuaire de tout repos. Mais nous croyons en l’importance des mĂ©diations dans l’ordre du Salut, en la valeur intrinsĂšque de celles-ci. Nous croyons en la libertĂ© des enfants de Dieu pour user, selon leurs besoins et leur prudence, des richesses que l’Église leur propose depuis 2000 ans. Or, pour notre famille spirituelle, la liturgie traditionnelle est purement et simplement le milieu surnaturel de notre rencontre avec le Christ. Ses mots, ses sacrements, sa messe, ses offices, sa catĂ©chĂšse ont Ă©tĂ© pour beaucoup d’entre nous la matiĂšre premiĂšre de notre foi, le vecteur de la grĂące, l’expression instinctive de notre relation Ă  Dieu : en un mot, notre langue maternelle pour parler au Seigneur, mais aussi pour l’entendre. Pour d’autres, ces harmoniques ont Ă©tĂ© la cause, seconde mais providentielle, d’une conversion, ou d’un renouvellement radical de la foi. Pour beaucoup de prĂȘtres, cette liturgie est devenue “viscĂ©rale”, au sens biblique, pĂ©nĂ©trant de façon totalisante chaque fibre de leur ĂȘtre sacerdotal. Il n’est pas question-lĂ  de vague sentimentalitĂ© esthĂ©tique, mais de vie, de respiration, d’expression incarnĂ©e de la foi. Qui croit que le christianisme est une religion de l’Incarnation comprend que ces mĂ©diations ne sont nullement accidentelles, accessoires ou interchangeables Ă  coup de dĂ©crets et d’interdits.

 

Le pĂšlerinage est un lieu, dans l’Église, oĂč des laĂŻcs et des prĂȘtres viennent pour faire l’expĂ©rience de cette respiration et de ce langage particuliers dans l’Église. Il n’est d’ailleurs pas que cela : il est aussi une occasion formidable pour 19000 pĂšlerins de proposer Ă  nos contemporains un tĂ©moignage lumineux de la beautĂ© de la foi catholique, de ferveur spirituelle, Ă  travers ses processions, ses adorations, ses confessions, ses messes. Il est aussi un lieu d’amitiĂ© chrĂ©tienne internationale, de vie de chapitres, de retrouvailles, de dĂ©pouillement, de pĂ©nitence joyeuse. Il est enfin ce lieu de l’expĂ©rience d’une chrĂ©tientĂ©, les pĂšlerins partageant la conviction qu’il est urgent de promouvoir la royautĂ© sociale de Notre Seigneur sur les sociĂ©tĂ©s temporelles. Il est tout cela Ă  la fois, dans une harmonie qui n’est pas une fin en soi, mais qui n’est en aucun cas secondaire Ă  nos yeux lorsque l’on considĂšre les fruits spirituels qu’elle porte. Certes, on nous le rappelle avec force, les laĂŻcs n’ont pas d’autoritĂ© en matiĂšre de liturgie. Mais ils demeurent libres en droit de fonder des associations, d’y inviter qui ils souhaitent, et de choisir de valoriser certains thĂšmes comme moyens privilĂ©giĂ©s de mettre en Ɠuvre la finalitĂ© de tout apostolat laĂŻc : « le renouvellement chrĂ©tien de l’ordre temporel » (Apostolicam actuosem, 7). Nous citons Ă  dessein ce texte de Vatican II qui reconnaĂźt une juste autonomie de l’apostolat des laĂŻcs et de ses choix d’actions, le protĂ©geant du danger toujours menaçant d’un dangereux clĂ©ricalisme. Nous ne trompons personne ; nous n’avons jamais masquĂ© nos spĂ©cificitĂ©s ; et nous savons que ces thĂšmes sont loin d’ĂȘtre partagĂ©s par tous les chrĂ©tiens. Mais le pĂšlerinage de Chartres ne convient pas Ă  tous les chrĂ©tiens ! Nous n’avons jamais eu l’audace de nous considĂ©rer comme apportant une rĂ©ponse universelle qui parle Ă  tout le peuple de Dieu. Nous sommes nous-mĂȘmes surpris par l’attractivitĂ© de cette Ɠuvre, pourtant si spĂ©ciale Ă  de multiples Ă©gards. Et fort heureusement, il existe d’autres Ɠuvres dans l’Église, qui valorisent d’autres expressions de la foi, utilisant des moyens qui leurs sont propres et qui ne sont pas les nĂŽtres, mais qui apportent une complĂ©mentaritĂ©, avec un dynamisme missionnaire ou un Ă©lan caritatif qui peut forcer l’admiration. Nous entretenons d’ailleurs avec certaines d’entre elles d’excellentes relations de collaboration, et jamais il n’a Ă©tĂ© exigĂ© entre nous que, pour travailler ensemble, il fallait ĂȘtre tous pareil et diluer nos particularismes. Car le mystĂšre du Verbe IncarnĂ© est trop riche pour ĂȘtre dit en un seul langage ; et, pour reprendre les propos pertinents d’un thĂ©ologien qui n’appartient certainement pas Ă  notre famille d’esprit, « il n’y a rien de plus contraire Ă  la vĂ©ritable unitĂ© chrĂ©tienne que la recherche de l’unification. Celle-ci consiste toujours Ă  vouloir rendre universelle une forme particuliĂšre, Ă  enfermer la vie dans une de ses expressions. »

 

Cette expression particuliĂšre de la foi dont nous faisons l’expĂ©rience Ă  Chartres est aujourd’hui Ă  nouveau menacĂ©e. Aujourd’hui une partie du peuple chrĂ©tien suffoque, parce qu’on cherche Ă  entraver la respiration de son Ăąme par une sorte de violation de sa conscience. On sait pourtant les dĂ©gĂąts qui peuvent se produire dans une Ăąme, lorsqu’on veut la priver autoritairement de la mĂ©diation connaturelle et sensible Ă  travers laquelle elle a appris Ă  toucher le Dieu invisible : c’est ce qui s’est passĂ© en 1969 par exemple. Rien n’est plus violent, spirituellement, que de s’entendre dire que notre « langue » ne pourra plus dĂ©sormais ĂȘtre parlĂ©e que de façon exceptionnelle au cƓur mĂȘme du pĂšlerinage de Chartres. Ou de sentir, comme plusieurs nous l’ont affirmĂ© directement, qu’elle est suspecte d’hĂ©rĂ©sie, que ses sacrements seraient de fait invalides, que la cĂ©lĂ©bration de cette messe devrait ĂȘtre interdite. Car tout cela nous a Ă©tĂ© dit. En revanche, rarement est reconnue la valeur intrinsĂšque de la liturgie traditionnelle, et les bienfaits positifs qu’apportent ces pĂ©dagogies aux pĂšlerins l’espace de trois jours. Notre spĂ©cificitĂ© est masquĂ©e, voire niĂ©e, considĂ©rĂ©e comme anecdotique ou accessoire Ă  l’esprit du pĂšlerinage ou Ă  son succĂšs ; elle serait la fixette d’une vieille gĂ©nĂ©ration qui n’est aucunement partagĂ©e par la jeune selon le slogan mainte fois entendu : « Les jeunes ne viennent pas pour cela ». Toujours est-il que c’est « cela » que nous proposons pendant trois jours depuis 43 ans, et que nous n’inscrivons personne de force. Nous entendre dire qu’une messe selon le Vetus Ordo peut aisĂ©ment ĂȘtre remplacĂ©e par une messe selon le Novus Ordo en latin, ad orientem, avec de l’encens et du grĂ©gorien : cela tĂ©moigne douloureusement du peu de considĂ©ration qui est fait du lien vital et spirituel qui lie harmonieusement les pĂ©dagogies traditionnelles de la foi. On nous dit que le pĂšlerinage sera enfin pleinement « d’Église » lorsqu’il s’ouvrira au Novus Ordo. Nous recevons cela avec la mĂȘme violence que lorsque l’on dit Ă  une minoritĂ© qu’elle sera enfin acceptĂ©e par la majoritĂ© lorsqu’elle renoncera Ă  sa culture, lorsqu’elle diluera sa richesse pour se fondre dans la masse. Ce que la sociĂ©tĂ© civile est parvenue Ă  faire pour protĂ©ger l’identitĂ© des minoritĂ©s au nom de la justice naturelle et du respect des personnes et des cultures, nous avons la certitude que l’Église peut aussi y parvenir sans ruiner son unitĂ©.

 

Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit, nous ne posons pas d’interdits liturgiques au pĂšlerinage : nous en subissons nous-mĂȘme suffisamment. Mais nous souhaitons que le pĂšlerinage continue d’ĂȘtre un lieu ou la liturgie traditionnelle est aimĂ©e et mise en avant, notamment par les cadres, et donc par les prĂȘtres. Cette annĂ©e encore, plusieurs prĂȘtres nous disent qu’ils sont heureux d’apprendre cette liturgie pour venir au pĂšlerinage. Nous avons un contact direct avec chacun en amont de leur inscription, et nous leur demandons deux choses : de se mettre au service de tous les pĂšlerins et non de leurs propres fidĂšles, pour ĂȘtre tout Ă  tous et pour qu’aucun chapitre ne manque du ministĂšre de la confession, et de valoriser auprĂšs des pĂšlerins le thĂšme de la chrĂ©tientĂ© et la liturgie tridentine. Nous leur demandons de jouer le jeu de l’esprit propre Ă  ces trois journĂ©es d’amour et de mise en avant de ces trĂ©sors spirituels, et non pas d’essayer de changer le pĂšlerinage. Nous distinguons bien entre ceux qui ne veulent pas partager ces fondamentaux et ne manifestent pas d’intĂ©rĂȘt pour eux – ceux-lĂ  ne viennent pas d’eux-mĂȘmes – et ceux qui apprĂ©cient sincĂšrement le pĂšlerinage et ses piliers mais ne peuvent pas encore cĂ©lĂ©brer la forme tridentine, soit par manque de temps pour l’apprendre, soit parce qu’ils sont interdits de la cĂ©lĂ©brer. Pour eux, aussi rares soient-ils, nous avons toujours essayĂ© de trouver des solutions pour exercer l’hospitalitĂ© liturgique et leur permettre de venir.

 

Pour poser des bases saines au dialogue que nous appelons de nos vƓux, il faut encore dire ceci. Si nous sommes attachĂ©s aux pĂ©dagogies traditionnelles de la foi dans leur intĂ©gralitĂ©, ce n’est pas uniquement parce que nous avons pour elles un attachement viscĂ©ral ; mais c’est aussi parce nous constatons que l’Église traverse depuis trop longtemps une crise majeure, une crise doctrinale et liturgique. Il y a lĂ  une difficultĂ© dont nous sommes conscients : l’existence des communautĂ©s traditionnelles apparaĂźt Ă  certains comme un « reproche vivant » vis-Ă -vis d’autres mĂ©thodes pastorales et liturgiques dans lesquelles on voudrait, de force, nous diluer. PrĂ©cisons donc les choses. Oui, nous recevons intĂ©gralement le Concile Vatican II et le magistĂšre rĂ©cent de l’Église, nous l’étudions dans nos livrets de formations, nous l’interprĂ©tons, selon le vƓu de BenoĂźt XVI, Ă  la lumiĂšre de la Tradition, rejetant les interprĂ©tations erronĂ©es que l’on peut faire de certains passages ambigus du texte conciliaire4 . Nous ne sommes pas de ceux qui souhaitent Ă©tablir une rupture entre « Église prĂ©conciliaire » et « Église postconciliaire ». Nous croyons en la Tradition vivante (que nous ne confondons aucunement avec les traditions humaines), au dĂ©veloppement organique du dogme, mais nous savons que l’Église ne peut modifier, au nom du progrĂšs ou de l’adaptation au monde, la doctrine du JĂ©sus sur les points aussi essentiels que la thĂ©ologie de la messe, la doctrine du sacerdoce, l’indissolubilitĂ© du mariage ou la morale catholique. Nous sommes profondĂ©ment inquiets de voir que le relativisme doctrinal et le progressisme moral continuent de prospĂ©rer en de nombreux lieux de l’Eglise aujourd’hui encore. Nombre de nos pĂšlerins, mĂȘme dans la trĂšs jeune gĂ©nĂ©ration, reconnaissent n’avoir rien reçu en formation doctrinale, se considĂšrent comme des gĂ©nĂ©rations sacrifiĂ©es, ont l’impression qu’on leur a cachĂ© le contenu de leur foi, et viennent trouver au pĂšlerinage des rĂ©ponses claires. Le « kaĂŻros » que nous vivons demande que nous ayons le courage de poser un constat lucide sur cette crise de la transmission de la foi qui continue aujourd’hui, et de rĂ©flĂ©chir ensemble sur les moyens Ă  mettre en Ɠuvre pour en sortir, car l’unitĂ© de l’Église est d’abord une unitĂ© dans la foi. [
]

 

 

Votre pĂšlerinage est un tĂ©moignage du refus de s’agenouiller devant les maĂźtres de cette terre

06/06/2025

Votre pĂšlerinage est un tĂ©moignage du refus de s’agenouiller devant les maĂźtres de cette terre

Chers PĂšlerins,

Vous partez pĂ©rĂ©griner sous le regard bienveillant et protecteur de toutes les armĂ©es cĂ©lestes et de la cour des saints. La TrĂšs Sainte Vierge est Ă©mue de tant d’ardeur et de dĂ©votion. Comme le chante Charles PĂ©guy, votre illustre prĂ©dĂ©cesseur sur les chemins de la Beauce, lorsqu’il s’adresse Ă  Notre Dame :

 

« Vous nous voyez marcher sur cette route droite, / Tout poudreux, tout crottĂ©s, la pluie entre les dents. [
] Nous allons devant nous, les mains le long des poches, / Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours, / D’un pas toujours Ă©gal, sans hĂąte, ni recours [
] / Vous nous voyez marcher, nous sommes la piĂ©taille. / Nous n’avançons jamais que d’un pas Ă  la fois. » (La Tapisserie de Notre Dame. PrĂ©sentation de la Beauce Ă  Notre Dame de Chartres)

 

Vingt siĂšcles de France chrĂ©tienne vous prĂ©cĂšdent, peuples et rois, saints et pĂ©cheurs, martyrs et soldats, pauvres et riches, puissants et petits. Sur vos Ă©paules repose cet hĂ©ritage de tant de priĂšre, de tant de sacrifice, de tant de charitĂ©. Il y a de quoi trembler en recevant Ă  votre tour un tel trĂ©sor, aussi lancez-vous sans crainte, avec respect, en laissant sa juste place au silence, Ă  la contemplation, en Ă©vitant les bavardages, en Ă©cartant une attitude superficielle car le divertissement n’a pas ici sa place. Vos souliers soulĂšveront la poussiĂšre ou s’enfonceront dans la boue, le ciel vous enverra pluie et soleil, et vos pieds endoloris deviendront peut-ĂȘtre la premiĂšre preuve de votre amour de Dieu. Vous mĂ©diterez sur le rĂšgne de Notre-Seigneur au ciel et sur la terre. Vos douleurs, votre effort, vos mortifications seront des petites pierres participant modestement Ă  la construction de cet Ă©difice.

 

La grande falsification du monde ne date pas d’aujourd’hui, mĂȘme si nous possĂ©dons plus de moyens pour commettre le mal que nos lointains aĂŻeux. Cette procession, qui va relier la TrĂšs Sainte Vierge de Paris, patronne de la France en son Assomption, et Notre Dame au milieu des champs et des blĂ©s, s’inscrit Ă  la suite de ce que proclamait dĂ©jĂ  le prophĂšte IsaĂŻe :

 

« Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds du messager, qui publie la bonne nouvelle de la paix ; de celui qui annonce le bonheur, qui publie le salut ; de celui qui dit Ă  Sion : “Ton Dieu rĂšgne !” » (IsaĂŻe, LII. 7)

 

À notre Ă©poque poly-hĂ©rĂ©tique,- temps de dĂ©construction de tout le message chrĂ©tien, rĂ©sistance diabolique Ă  la RĂ©vĂ©lation-, chaque pas effectuĂ© par une simple sentinelle contribue au rĂšgne de Dieu, qui est effectif mĂȘme s’il n’est pas reconnu et acceptĂ©. Il dĂ©pend de chacun d’entre vous de prendre son Ă©lan en ces jours de marche joyeux et spartiates. Il ne faudrait pas ensuite faiblir dans cet envol et beaucoup va se jouer en ces heures qui vous attendent, dans la façon dont vous intĂ©rioriserez chaque instant, dont vous offrirez chaque dĂ©sagrĂ©ment, chaque inconfort.

 

Emmagasinez les forces spirituelles et les nourritures de l’ñme pour rĂ©sister dans un monde souvent hostile qui veut diviniser l’homme, qui cherche Ă  unifier tous les peuples en une Tour de Babel et qui rĂȘve de construire sur terre un Paradis Ă  l’opposĂ© de Dieu. Votre pĂšlerinage, bien vivant, est un tĂ©moignage du refus de s’agenouiller devant les maĂźtres de cette terre et leurs Ɠuvres de mort. Mais ne vous y trompez pas : le Malin saisit chaque occasion, mĂȘme les plus saintes, pour essayer d’avancer ses pions. Alors demeurez sur vos gardes, par l’attention du cƓur, par la frĂ©quentation des sacrements, par l’ancrage dans la priĂšre, par l’exercice de la pĂ©nitence. Saint Pierre ne cesse de nous avertir :

 

« Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rĂŽde autour de vous, cherchant qui dĂ©vorer. RĂ©sistez-lui, fermes dans la foi [
] » (Ire ÉpĂźtre de saint Pierre, V. 7)

 

Charles Baudelaire, ce torturĂ© du surnaturel, avait bien rĂ©sumĂ© la situation de nos siĂšcles malades en prĂ©cisant que la plupart des gens croient en Dieu mais ne L’aiment pas, tandis qu’ils aiment le diable auquel ils ne croient pas.

 

Au cours de votre pĂšlerinage, serviteurs du rĂšgne de Dieu, reprenez la mĂ©ditation des deux Ă©tendards dans les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola car il s’agit de l’éternel combat de l’histoire des hommes et de chaque histoire personnelle : le souverain et vrai capitaine, le Christ Notre-Seigneur, se tient en humble place avec l’armĂ©e des pĂ©cheurs repentants que nous sommes, tandis que Lucifer, avec son aspect terrifiant, rĂ©unit, avec ses troupes de dĂ©mons, tous les hommes soucieux d’honneurs, de plaisirs et de gloire mondaine. Il faut choisir un camp, celui de Dieu bien sĂ»r, et s’y fixer cahin-caha, clopin-clopant.

 

Saint Augustin, rescapĂ© du pĂ©chĂ© et de l’hĂ©rĂ©sie, ne regarde plus que la CitĂ© de Dieu, et il nous conseille ainsi :

 

« Nous sommes des voyageurs. Qu’est-ce que voyager ? Je le dis d’un mot : avancer. Que toujours te dĂ©plaise ce que tu es, pour parvenir Ă  ce que tu n’es pas encore
 Avance toujours, marche toujours, ajoute toujours. Ne demeure pas en chemin, ne recule pas, ne sors pas de la route. Il demeure immobile celui qui n’avance pas. Mieux vaut un boiteux sur la route qu’un coureur hors de la route. » (Sermons)

 

Les tĂ©nĂšbres qui sont tombĂ©es sur la terre, comme le soulignait Pie XII en 1939, ne sont pas une fatalitĂ© tant que des Ăąmes humbles et fidĂšles demeureront, mĂȘme comme un petit reste. Ne nous Ă©garons pas et demeurons dans ce cortĂšge incessant en route vers le Paradis. Que ces trois jours vous fassent dĂ©boucher sur la RĂ©surrection.

 

Chers PĂšlerins, serrez dans votre besace les richesses de la Tradition et glissez-y aussi les intentions pour l’Église et pour le Souverain Pontife LĂ©on XIV. Soyez des boiteux paisibles, enthousiastes, tout tournĂ©s vers le Ciel.

 

Que la TrÚs Sainte Vierge vous protÚge dans son manteau de miséricorde, que les anges et tous les saints accompagnent vos chants et soutiennent vos pas.

 

Que le rùgne de Dieu envahisse vos cƓurs !

 

P. Jean-François Thomas s

Staline et l’URSS, le retour : ils sont plus que jamais d’actualitĂ© en Russie

05/06/2025

Staline et l’URSS, le retour : ils sont plus que jamais d’actualitĂ© en Russie

Je vous livre ici un article bien argumentĂ© de notre amie Jeanne Smits qui considĂšre que la Russie va ressusciter l'URSS communiste. On peut nĂ©anmoins objecter que les Russes, profondĂ©ment patriotes, ont dĂ©cidĂ© d'assumer leurs erreurs et ne pas sombrer dans la repentance qui nous fait tant de mal Ă  nous Français. Pour illustrer cette opinion, je vous livre aprĂšs l'article un magnifique clip patriotique de l'hymne russe qui glorifie indifĂ©remment son Histoire politique et religieuse dont les taches ont Ă©tĂ© lavĂ©es par le sang ... o combien versĂ© !  De fait, la question est juste de savoir si la consĂ©cration de la Russie au Coeur ImmaculĂ© de Marie a bien Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e comme le demandait la sainte Vierge ...  PO.

Voici le texte de Jeanne Smits :

Le correspondant de la BBC Ă  Moscou, Steve Rosenberg, a publiĂ© il y a quelques jours un reportage vidĂ©o tournĂ© dans la capitale russe, oĂč il a assistĂ© au « DĂ©filĂ© de la Victoire ». L’occasion pour lui de montrer que la mĂ©moire de Staline est de plus en plus magnifiĂ©e dans cette Russie guerriĂšre oĂč la population ne se demande pas seulement « ce que l’avenir lui rĂ©serve » : « Ils ne savent pas non plus ce que leur rĂ©serve le passĂ© : ici, le passĂ© est en constante Ă©volution », Ă©crit le journaliste. La vision de Staline en est un exemple, mais les choses vont en rĂ©alitĂ© plus loin : l’idĂ©e se rĂ©pand aujourd’hui que l’URSS n’est pas morte. LĂ©galement, du moins. Le communisme soviĂ©tique est en tout cas un Ă©lĂ©ment de l’histoire que l’on peut valoriser sans prendre de risques. La swastika est proscrite, la faucille et le marteau ornent encore les monuments, les murs et les drapeaux. Et la figure du « petit pĂšre des peuples » est, un peu partout, de retour.

 

Le reportage de la BBC dĂ©marre Ă  l’entrĂ©e du mĂ©tro moscovite, station TaganskaĂŻa, oĂč un nouveau monument Ă  la mĂ©moire de Joseph Staline a Ă©tĂ© inaugurĂ© mi-mai dans un couloir de correspondance entre deux lignes : il s’agit d’un imposant bas-relief de couleur claire, rĂ©alisĂ© dans le plus pur style fascisto-soviĂ©tique, qui montre des hommes, des femmes, des enfants, des bĂ©bĂ©s brandissant des bouquets en portant leurs regards Ă©namourĂ©s vers le noble visage du tyran. Lui-mĂȘme est reprĂ©sentĂ© debout, surmontĂ© d’une banderole Ă  l’effigie de LĂ©nine. Une insulte aux millions de victimes de soixante-dix ans de communisme Ă  visage ouvert


 

Staline et l’URSS glorifiĂ©s en Russie Ă  travers le souvenir de la Seconde Guerre mondiale


Il fut un temps oĂč il Ă©tait de bon ton de dĂ©crier Staline, ses crimes, ses exĂ©cutions sommaires, sa paranoĂŻa meurtriĂšre, ses purges et son mĂ©pris du peuple russe, pour mieux « sauver » le communisme lui-mĂȘme en dĂ©tendant ses liens avec le Goulag et autres atrocitĂ©s. Rosenberg rappelle que les statues de Staline avaient Ă©tĂ© renversĂ©es un peu partout aprĂšs sa mort, pendant qu’on dĂ©nonçait ses crimes contre le peuple et que l’on « condamnait officiellement son culte de la personnalitĂ© ».

 

Sous Vladimir Poutine, c’est la figure de Staline qui est volontiers rĂ©habilitĂ©e, saluĂ©e en tant que vainqueur de la bataille de Stalingrad et artisan de la victoire sur l’Allemagne nazie, qui a fait couler tant de sang russe – mais en marquant une distance Ă  l’égard de LĂ©nine et du communisme lui-mĂȘme. La nouvelle Ɠuvre qui lui rend hommage rompt avec cette dialectique en mettant Ă©galement LĂ©nine Ă  l’honneur.

 

Staline, l’homme au millions de victimes est aujourd’hui donnĂ© en exemple et, comme le souligne Steve Rosenberg, des statues Ă  son effigie ressurgissent un peu partout en Russie, en tant qu’« homme fort » Ă  imiter.

 

Le journaliste a interviewĂ© plusieurs Moscovites, tel ce jeune homme qui explique ce qu’il pense de Staline : « Eh bien, je pense que Joseph Staline est injustement dĂ©testĂ©. Il a beaucoup fait pour notre nation, et nous en profitons encore aujourd’hui. » Il y a eu a terreur stalinienne et de nombreuses personnes ont souffert dans les goulags, rĂ©pond le journaliste. « A ce sujet, nous ne pouvons pas blĂąmer uniquement Staline, car c’était un systĂšme », croit ce jeune.

 

Staline ? « Personne n’est parfait »


Une mĂ©nagĂšre de moins de cinquante ans explique quant Ă  elle que Staline fait partie de l’histoire de la Russie. Et les victimes du Goulag ? « Eh bien, ce sont des choses qui arrivent. Personne n’est parfait. SĂ»rement qu’en ce temps-lĂ , il lui fallait le faire, et donc on a pris cette dĂ©cision. C’était son choix. Nous, nous sommes d’accord. »

Puis une jeune femme reconnaĂźt que Staline « Ă©tait, bien sĂ»r, un tyran. NĂ©anmoins il a prouvĂ© sa valeur en tant que chef. Une fois de plus, il y a du bon et du mauvais en chacun. Et quand vous rappelez la rĂ©pression, les temps difficiles des annĂ©es 1930, le culte de la personnalitĂ© de Staline, il s’agit Ă©videmment d’un chapitre triste de l’histoire de notre pays
 »

 

Essayez-donc de parler en des termes semblablement nuancĂ©s de Hitler, ou mĂȘme de Franco !

 

Ce retour en grĂące de Staline en cache peut-ĂȘtre un autre. Rosenberg l’affirme sans dĂ©tours, en affirmant : « Mais il n’y a pas que Joseph Staline qui revient sur le devant de la scĂšne. Seriez-vous prĂȘt Ă  croire que c’est l’URSS qui revient ? »

 

L’Union soviĂ©tique, qui a aujourd’hui son musĂ©e Ă  Moscou, cette URSS qui s’est effondrĂ©e il y a plus de trente ans, ne serait pas pour autant dĂ©truite. « II y a quelques jours, l’un des conseillers du prĂ©sident Poutine a suggĂ©rĂ© que l’URSS existait toujours lĂ©galement, car lors de sa dissolution, il y aurait eu des violations de procĂ©dure », rapporte Steve Rosenberg.

 

Celui-ci analyse, et montre, campĂ© au milieu de la Place Rouge, en quoi l’affaire n’est pas le dĂ©lire de quelque individu : « Il a dĂ©clarĂ© cela pour tenter de faire passer la guerre de la Russie en Ukraine comme une affaire interne Ă  Moscou. Puis un ancien Premier ministre russe est intervenu pour le soutenir, juste lĂ , prĂšs de la Place Rouge. Certains ultra-nationalistes sont d’accord avec lui et souhaitent le retour de l’Union soviĂ©tique. »

 

Le retour de l’URSS arrangerait bien la Russie


Rosenberg dit ne pas croire que « nous allons nous rĂ©veiller un matin et dĂ©couvrir que l’URSS est de retour, mais il est intĂ©ressant de voir que cette idĂ©e est semĂ©e et il est Ă©galement intĂ©ressant de voir comment le passĂ© est rĂ©interprĂ©tĂ© et remodelĂ© ici sous l’influence des Ă©vĂ©nements actuels, de la guerre en Ukraine, de la confrontation avec l’Occident et de la promotion du patriotisme ».

 

Le proche de Poutine citĂ© par le journaliste est Anton Kobyakov qui a revendiquĂ© la survie juridique de l’URSS lors du 13e Forum juridique international de Saint-PĂ©tersbourg le 21 mai dernier, c’est-Ă -dire dans le contexte d’une rencontre officielle, puisque le Forum a Ă©tĂ© créé Ă  l’initiative du ministĂšre russe de la Justice en 2011 avec le soutien du prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration russe – Vladimir Poutine lui a d’ailleurs adressĂ© un message de fĂ©licitations et d’encouragements cette annĂ©e.

 

On ne sache pas que les affirmations de Kobyakov, conseiller de Poutine, aient Ă©tĂ© contredites, dĂ©menties ou discrĂ©ditĂ©es dans cette Russie oĂč il n’est certes pas possible de dire ce qui vous passe par la tĂȘte Ă  ce niveau. Au contraire, elles ont Ă©tĂ© rĂ©percutĂ©es par l’agence d’informations officielle TASS. Selon ses mots, « la procĂ©dure de dissolution de l’URSS n’a pas Ă©tĂ© respectĂ©e » – mieux, « les spĂ©cialistes du droit constitutionnel, y compris ceux des pays occidentaux tels que les Etats-Unis et la France » l’auraient reconnu.

 

L’URSS pas morte ? Des proches de Poutine veulent le faire croire


Sur TF1-Info, Astrig Agopian consacre un article Ă  cette revendication que l’on peut tenir pour absurde
 ou lourde de consĂ©quences. Elle Ă©crit : « Ce proche du Kremlin prĂ©tend que l’accord de Minsk, signĂ© en 1991, et considĂ©rĂ© comme le document qui entĂ©rine la dislocation de l’Union soviĂ©tique est “contestable” et que “la procĂ©dure lĂ©gale n’a pas Ă©tĂ© correctement suivie”. Kobyakov conclut mĂȘme Ă  propos de la guerre en Ukraine que “si l’Union soviĂ©tique n’a pas Ă©tĂ© lĂ©galement dissoute, alors la crise ukrainienne, par exemple, pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une affaire intĂ©rieure plutĂŽt qu’un conflit international”. »

 

Pourquoi faire compliquĂ© quand on peut faire simple, en somme ? Sans compter qu’une URSS revenue non comme un fantĂŽme, mais revivifiĂ©e comme une belle au bois dormant ne cadrerait pas si mal avec la rĂ©habilitation actuelle de l’histoire soviĂ©tique elle-mĂȘme, avec le maintien de sympathies communistes de toujours (pensez aux liens de la Russie avec la Chine, la CorĂ©e du Nord et bien d’autres alliĂ©s et anciens « pays non-alignĂ©s », comme au temps de la Guerre froide) et l’organisation d’évĂ©nements oĂč les jeunesses communistes du monde entier sont Ă  l’honneur


 

D’ailleurs, Kobyakov n’est pas seul Ă  penser que l’URSS existe toujours pleinement en tant qu’entitĂ© juridique. L’ancien Premier ministre russe SergueĂŻ Stepachine (il occupa la fonction en 1999) est du mĂȘme avis, et il l’a exprimĂ© quelques jours plus tard lors d’un entretien avec Ria Novosti.

 

L’article d’Astrig Agopian donne ensuite la parole Ă  des constitutionnalistes et Ă  des historiens français ou russes, qui ne croient pas en la justesse du raisonnement tenu par Kobyakov et Stepachine. Elle souligne que ce courant de pensĂ©e a Ă©tĂ© historiquement celui des opposants, citant l’historien Ilya Platov : « Ces paroles rĂ©sonnent Ă©trangement avec le discours tenu par un mouvement plutĂŽt marginal et considĂ©rĂ© comme extrĂ©miste du retour en URSS, qui disait justement que l’Union avait Ă©tĂ© dissoute illĂ©galement, que la FĂ©dĂ©ration de Russie est une entreprise privĂ©e, et qui appelait ses membres Ă  ne plus payer leurs impĂŽts, qui remettait en cause la lĂ©gitimitĂ© de Vladimir Poutine en tant que prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration de Russie. Les dirigeants de ce mouvement ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s. C’est donc assez curieux qu’un conseiller de Vladimir Poutine dise la mĂȘme chose. »

 

Le retour de la Russie prédit par un transfuge du KGB


Mais ne s’agit-il que d’une argumentation stratĂ©gique et d’un raisonnement de circonstance alors que la Russie cherche Ă  justifier juridiquement ses actions contre l’Ukraine ? Ou d’une maniĂšre, comme le dit Platov, « d’éveiller la nostalgie soviĂ©tique, de rassurer sur sa puissance » ?

 

Un autre objectif se cache peut-ĂȘtre derriĂšre l’argutie juridique. Ceux qui croient, ayant lu Des mensonges pas si nouveaux du transfuge du KGB Anatoliy Golitsyn, que l’Union soviĂ©tique n’est jamais morte, y verront plutĂŽt le signe que l’idĂ©e de la ranimer existe bel et bien chez certains – et ce, quoi qu’il en soit de l’exactitude juridique du propos.

Golitsyn annonçait dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1980, parmi d’autres prĂ©dictions qui se sont rĂ©alisĂ©es, la chute de l’URSS, l’apparente libĂ©ralisation de la Russie et son rapprochement avec l’Occident en attendant la nouvelle « RĂ©volution d’octobre » communiste qui s’accomplirait Ă  travers un Nouvel Ordre Mondial.

 

Avec une URSS prĂȘte au rĂ©emploi, bien des Ă©tapes pourraient ĂȘtre brĂ»lĂ©es.

 

Jeanne Smits

 

 

 

Orbån: Plans pour l'Europe Chrétienne et Souveraine

05/06/2025

Orbån: Plans pour l'Europe Chrétienne et Souveraine

 

1. Le "Plan Libéral" : Une Menace pour le Christianisme et la Nation
Orbån décrit le "plan libéral" comme une force qui cherche à éradiquer les fondements historiques et culturels de l'Europe.
Rejet du Christianisme et de l'identité nationale : Selon Orbån, les libéraux considÚrent la "vieille Europe culturelle et chrétienne comme obsolÚte". Leur objectif est de "fabriquer une nouvelle identité pour remplacer le christianisme et la nation". Il rappelle que les efforts pour remplacer le christianisme existent depuis plus d'un siÚcle, citant la Révolution française et les mouvements de gauche en Russie, en Espagne et au Portugal, bien que les méthodes récentes soient plus "culturelles" (ex: "libération sexuelle" et idéologie LGBTQ).


Affaiblissement de la souveraineté nationale : Le plan libéral vise à "saper la souveraineté nationale et à centraliser l'Europe". Orbån critique Bruxelles (siÚge de l'OTAN) comme le moteur de cette centralisation.


Économie de guerre et centralisation : Il accuse les libĂ©raux d'utiliser la guerre comme prĂ©texte pour construire un nouveau modĂšle Ă©conomique. "S'il y a la guerre, il y a plus de Bruxelles, et encore moins de souverainetĂ©." Ce modĂšle est caractĂ©risĂ© par "une dette collective, un contrĂŽle central et un trĂ©sor de guerre".


L'adhésion de l'Ukraine à l'UE : L'intégration de l'Ukraine dans l'Union européenne est perçue comme un élément "clé" de ce "plan libéral belliciste", potentiellement un pas vers l'OTAN, ce que la Russie a jugé comme une menace de guerre nucléaire.


"L'État profond transatlantique" : OrbĂĄn appelle au "dĂ©mantĂšlement de la collusion libĂ©rale amĂ©ricaine et bruxelloise, l'État profond transatlantique".

 


2. Le "Plan Patriotique" : L'Alternative Conservatrice
En opposition, Viktor OrbĂĄn propose un "plan patriotique" en quatre points pour l'Europe :

 

Paix : Le maintien de la paix est une priorité.


Souveraineté nationale : La préservation et le renforcement de la souveraineté des nations européennes.


Liberté : Bien que non explicitement définie, cela sous-entend la liberté individuelle et nationale face à l'ingérence extérieure et à la centralisation.


Retour Ă   l'Europe chrĂ©tienne : Il s'agit de se rĂ©approprier la culture chrĂ©tienne pour faire reculer la barbarie qui se dĂ©veloppe (ndlr : en France, on est servi !). Cela implique une politique anti-immigration stricte.

 


3. Le RĂŽle du Christianisme et de la Famille
MĂȘme s’il n’est pas catholique,OrbĂĄn est un fervent dĂ©fenseur des valeurs chrĂ©tiennes :


Il promeut "une défense sans réserve du mariage et de l'unité familiale traditionnelle" et s'oppose ouvertement à l'idéologie LGBTQ.


Bien que la pratique religieuse hebdomadaire en Hongrie reste faible (9%, 4 fois plus qu’en France), la part de ceux qui n'assistent jamais aux services religieux a diminuĂ© ces derniĂšres annĂ©es.

 


4. L'Appel à l'Action et au Soutien Américain
OrbĂĄn estime que le "plan patriotique" doit l'emporter et que cette bataille doit ĂȘtre gagnĂ©e "d'abord par chacun chez soi, puis ensemble Ă  Bruxelles". Il insiste sur la nĂ©cessitĂ© du soutien des États-Unis, et en particulier d'une "administration rĂ©ussie du PrĂ©sident Trump", pour contrer l'influence libĂ©rale.
En somme, le discours de Viktor Orbån dépeint une Europe à la croisée des chemins, entre une voie libérale perçue comme destructrice de l'identité chrétienne et nationale, et une voie patriotique axée sur la souveraineté, la paix et la restauration des valeurs traditionnelles.


Chers amis catholiques, ce que dit Orban est une évidence pour tous. Qui ne voit pas la volonté mortifÚre de la plupart de nos gouvernants européens de désagréger les sociétés ?
Qui ose le dire de crainte de passer pour “complotiste” ? Alors, quand c’est le dirigeant d’une nation martyre du communisme qui proclame ces vĂ©ritĂ©s, c'est Ă  dire qu'il connaĂźt le sujet, on ne boudera pas notre plaisir.

 

Kyrie Eleison !

 

 

François Charbonnier

 

 


Sources : LifeSiteNews, About Hungary

La QuĂȘte Spirituelle en France : Au-delĂ  des Apparences, un Pays en Mouvement

04/06/2025

La QuĂȘte Spirituelle en France : Au-delĂ  des Apparences, un Pays en Mouvement

CoĂŻncidant avec le lancement de l'Observatoire Français du Catholicisme (OFC), cette enquĂȘte dresse un portrait nuancĂ© d'une sociĂ©tĂ© en quĂȘte de sens, tout en soulignant les dĂ©fis auxquels l'Église catholique est confrontĂ©e.

 

Une Spiritualité Bien Vivante en France


Contrairement aux idĂ©es reçues, l'univers spirituel et religieux semble habiter davantage l'intimitĂ© des citoyens français qu'on ne le pensait. Les chiffres parlent d'eux-mĂȘmes : 37% des Français dĂ©clarent ĂȘtre en « quĂȘte spirituelle », et plus de la moitiĂ© (52%) s'adonnent Ă  la priĂšre ou Ă  la mĂ©ditation, « souvent ou parfois ». Cette aspiration ne se limite pas aux gĂ©nĂ©rations plus ĂągĂ©es ; les jeunes sont Ă©galement concernĂ©s, avec deux tiers des 18-24 ans qui aspirent Ă  plus de « silence », de « contemplation » et de « mĂ©ditation ». Un quart de la population exprime le dĂ©sir de « temps de retraite en silence », un autre quart souhaite « ĂȘtre guidĂ© », et un pourcentage similaire voudrait un accĂšs plus facile Ă  des lieux de recueillement comme les Ă©glises ou chapelles.


Cependant, cette quĂȘte spirituelle est loin d'ĂȘtre uniforme dans ses objets. Si 46% s'adressent Ă  « Dieu », une part significative s'oriente vers des figures plus spĂ©cifiques comme la « Vierge Marie » (19%) ou « JĂ©sus-Christ » (18%). Fait notable, 18% ne s'adressent Ă  « personne en particulier », tandis que d'autres se tournent vers le « cosmos » (8%) ou « des saints » (5%). Cette diversitĂ© souligne une spiritualitĂ© qui dĂ©borde largement le cadre des institutions religieuses traditionnelles.


L'OFC : Un Nouvel Outil pour Comprendre les Mutations


C'est dans ce contexte de profonds changements que l'Observatoire Français du Catholicisme (OFC) voit le jour. Cet institut, qui se dĂ©clare « une organisation indĂ©pendante et autonome » financĂ©e par une « pluralitĂ© de mĂ©cĂšnes privĂ©s » (dont le Fonds du Bien Commun), a pour mission d'« Ă©clairer des rĂ©alitĂ©s et tendances de fond qui traversent l'Église catholique en France et la sociĂ©tĂ© française ». L'objectif est clair : fournir des « donnĂ©es fiables » et des « analyses et des prospectives » pour aider le catholicisme Ă  naviguer cette « pĂ©riode de profondes mutations » et repĂ©rer les « points d’interactions » entre la sociĂ©tĂ© et l'Église.


Ghislain Lafont, prĂ©sident de l'OFC, insiste sur l'indĂ©pendance de l'observatoire. De son cĂŽtĂ©, Mgr Bruno Valentin, Ă©vĂȘque de Carcassonne et de Narbonne, souligne l'importance cruciale de cette initiative : « L’enjeu me paraĂźt trĂšs important, car le paysage religieux français est en pleine mutation. Il est essentiel de l’observer et de le comprendre ». Les travaux de l'OFC, qui seront disponibles en « open source », s'adresseront Ă  un large public, des « dĂ©cideurs ecclĂ©siaux comme civils » aux « acteurs engagĂ©s sur le terrain et aux chercheurs et universitaires ».


L'Église Catholique Face Ă  Ses DĂ©fis


Si la spiritualitĂ© en France semble en pleine Ă©bullition, l'Église catholique doit faire face Ă  des dĂ©fis majeurs, rĂ©vĂ©lĂ©s par le mĂȘme sondage. L'image des prĂȘtres catholiques a subi une dĂ©gradation significative : seulement 52% des Français les jugent « dignes de confiance », contre 68% il y a huit ans. Cette Ă©rosion de la confiance est directement liĂ©e aux scandales d'abus sexuels, qui sont mentionnĂ©s dans la moitiĂ© des reproches adressĂ©s Ă  l'Église. 


Sur le plan dĂ©mographique, le catholicisme en France est en mutation. Bien que 46% des Français se dĂ©clarent toujours catholiques, cette proportion cache une forte disparitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle. 62% des plus de 65 ans se reconnaissent dans cette confession, mais ce chiffre chute drastiquement Ă  seulement 23% chez les 18-24 ans. À titre de comparaison, 18% des jeunes de cette mĂȘme tranche d'Ăąge se disent musulmans. Quant Ă  la pratique religieuse, elle reste marginale : seuls 2% des baptisĂ©s catholiques assistent Ă  la messe chaque dimanche. Pour Arnaud BouthĂ©on, laĂŻc catholique reconnu, ces chiffres ne disent pas tout : « Le catholicisme nous dĂ©passe, il est multiple, divers. On ne peut le rĂ©duire Ă  des chiffres et des donnĂ©es. Tant de choses se passent et se dĂ©cantent dans les cƓurs. »

 

L'Ă©tude et le lancement de l'OFC nous offrent un tableau complexe et fascinant de la spiritualitĂ© en France. Loin d'une sĂ©cularisation monolithique, le pays rĂ©vĂšle une aspiration profonde au sens, qui s'exprime sous des formes variĂ©es. L'Église catholique, bien que confrontĂ©e Ă  des dĂ©fis majeurs liĂ©s Ă  son image et Ă  sa dĂ©mographie, est appelĂ©e Ă  comprendre et Ă  s'adapter Ă  ces mutations pour mieux interagir avec une sociĂ©tĂ© en quĂȘte spirituelle. L'OFC, avec sa dĂ©marche d'analyse et de mise Ă  disposition des donnĂ©es, pourrait bien ĂȘtre un outil essentiel pour Ă©clairer les chemins de la foi et de la spiritualitĂ© dans la France de demain.


Comment l'Église catholique saura-t-elle rĂ©pondre Ă  cette quĂȘte spirituelle diffuse mais forte, au-delĂ  des dĂ©fis actuels ?
Saura-t-elle enfin cesser de se contenter d’ĂȘtre une ONG des bons sentiments, de relancer elle-mĂȘme des conflits sur la liturgie, de sortir de la pastorale de l’enfouissement ?

En gros, de nous montrer le Chemin, de proclamer la Vérité et de nous donner la Vie ?

François Charbonnier
Sources : Le Figaro, La Vie

A Jeanne d’Arc

03/06/2025

A Jeanne d’Arc

« Quand le Dieu des armées te donnant la victoire
Tu chassas l'étranger et fis sacrer le roi
Jeanne, ton nom devint célÚbre dans l'histoire
Nos plus grands conquérants pùlirent devant toi.

 

Mais ce n'était encor qu'une gloire éphémÚre
Il fallait à ton nom l'auréole des Saints
Aussi le Bien-Aimé t'offrit sa coupe amÚre
Et tu fus comme Lui rejetée des humains.


Au fond d'un noir cachot, chargée de lourdes chaßnes
Le cruel étranger t'abreuva de douleurs
Pas un de tes amis ne prit part Ă  tes peines
Pas un ne s'avança pour essuyer tes pleurs.

 

Jeanne tu m'apparais plus brillante et plus belle
Qu'au sacre de ton roi, dans ta sombre prison.
Ce céleste reflet de la gloire éternelle
Qui donc te l'apporta ? Ce fut la trahison.

 

Ah ! si le Dieu d'amour en la vallée des larmes
N'était venu chercher la trahison, la mort
La souffrance pour nous aurait été sans charmes
Maintenant nous l'aimons, elle est notre trésor. »

4 juin : Saint François Caracciolo

03/06/2025

4 juin : Saint François Caracciolo

C’est ce qui advint : il distribua ses biens aux pauvres et s’installa Ă  Naples pour s’y prĂ©parer au sacerdoce. OrdonnĂ© prĂȘtre en 1587, il entra dans la compagnie des Bianchi (« les Blancs »), vouĂ©e au soutien spirituel des prisonniers ; il se dĂ©voua auprĂšs des pauvres et des malades.

 

Un jour, il reçut et lut par erreur une lettre adressĂ©e Ă  un autre par deux hommes voulant former une nouvelle sociĂ©tĂ© de religieux ; voyant en cet Ă©pisode un signe de la Providence, il s’associa Ă  ce projet. C’est ainsi qu’il devint l’un des fondateurs de l’ordre des Clercs rĂ©guliers mineurs, dont les statuts furent approuvĂ©s en 1588 par Sixte V. En plus des trois vƓux ordinaires, ces religieux ajoutĂšrent celui de ne rechercher aucune dignitĂ©, sauf Ă  la demande du pape.

 

Ascanio fit sa profession religieuse le 9 avril 1589, et prit le nom de François. Il devint supĂ©rieur gĂ©nĂ©ral en 1591 et diffusa son institut en Italie et en Espagne. Il pratiquait le jeĂ»ne et la pĂ©nitence, Ă©tait d’une grande humilitĂ©, et fut un exemple de saintetĂ© pour bon nombre de disciples.

 

AprĂšs avoir prononcĂ© ces derniĂšres paroles : « Allons, allons au Ciel ! », François mourut le 4 juin 1608, Ă  Agnone, dans le centre de l’Italie, oĂč il s’était rendu pour Ă©tablir une nouvelle fondation. Il fut canonisĂ© par Pie VII en 1807.

LĂ©on XIV met du baume au cƓur de la France

02/06/2025

LĂ©on XIV met du baume au cƓur de la France

Le site internet du Vatican a fait peau neuve, et la premiĂšre chose que l’on remarque en ouvrant sa premiĂšre page, celle consacrĂ©e au pape actuel, LĂ©on XIV, est un lien vers son principal chapitre : « Magisterium » – le magistĂšre. Les actualitĂ©s ont migrĂ© sous d’autres nouvelles rubriques : celles concernant l’annĂ©e jubilaire, le rĂ©seau mondial de priĂšre du pape, la page de demande de billets pour les audiences et cĂ©lĂ©brations papales et le denier de Saint-Pierre. Et c’est tout un symbole : ce pape veut d’abord enseigner. Non pas Ă©couter la base – c’était tout le sens de la synodalitĂ© selon François – mais lui dire ce qu’il faut croire, espĂ©rer et faire pour obtenir le salut ? Cela commence Ă  y ressembler fort, et ce seul glissement surprend aprĂšs douze ans qui ont largement fait penser Ă  une pĂ©nible traversĂ©e du dĂ©sert.

 

Ces derniers jours LĂ©on XIV a pris la parole Ă  de multiples reprises ; deux interventions retiennent particuliĂšrement l’attention, celle par laquelle il a marquĂ© le centenaire de la canonisation des saints Jean-Eudes, Jean-Marie Vianney et ThĂ©rĂšse de l’Enfant-JĂ©sus et de la Sainte Face dans un message aux Ă©vĂȘques de France, et son homĂ©lie Ă  l’occasion du jubilĂ© des familles, dans laquelle il a citĂ© Humanae vitae.

 

LĂ©on XIV met du baume au cƓur de la France
En tournant son regard vers la France, moins d’un mois aprĂšs son Ă©lection le 8 mai dernier, le pape panse assurĂ©ment une blessure. MĂȘme si son prĂ©dĂ©cesseur immĂ©diat s’est rendu plusieurs fois dans les « pĂ©riphĂ©ries » de l’Hexagone – mais en assurant qu’en rendant visite Ă  Marseille, il n’allait « pas en France » – il semblait y avoir de sa part une sourde hostilitĂ© Ă  l’égard de la fille aĂźnĂ©e de l’Eglise que Jean-Paul II interpella douloureusement jadis en lui demandant ce qu’elle avait fait des promesses de son baptĂȘme. Et si LĂ©on XIV a bien citĂ© le pape François, c’est pour rappeler ce qu’il appelle son « testament » : son encyclique sur le SacrĂ©-CƓur.

 

LĂ©on XIV, de lignĂ©e française par son pĂšre et d’une mĂšre aux ascendances crĂ©oles, et donc française elle aussi, n’a pas tardĂ© Ă  envoyer un message Ă  la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France et il l’a fait non pas en s’appuyant sur l’actualitĂ© ou en abordant une question « sociĂ©tale » de notre temps : il a parlĂ© de la saintetĂ© et de la nĂ©cessaire grĂące de Dieu qu’il faut pour l’obtenir.

 

Il a invitĂ© les Ă©vĂȘques Ă  « donner un relief particulier Ă  cet anniversaire » en rappelant que ces grands saints sont « des maĂźtres Ă  Ă©couter
 des modĂšles Ă  imiter
 de puissants soutiens Ă  prier et Ă  invoquer » devant « l’ampleur des dĂ©fis qui se prĂ©sentent Ă  la France ».

« L’histoire de France aurait pu faire l’économie de beaucoup de gĂ©nĂ©raux, de rois, et de ministres : elle n’aurait pas pu se passer de ses saints », disait Henri Pourrat : c’est cette vĂ©ritĂ©-lĂ  que LĂ©on XIV a rappelĂ©e Ă  la France avant qu’il ne soit question de quoi que ce soit d’autre, et par les temps qui courent c’est Ă  la fois inattendu et bousculant. Du style : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donnĂ© par surcroĂźt. »

 

 

Ces saints de France plus indispensables que des généraux,
des rois et des ministres

Jean-Eudes, le curĂ© d’Ars, la petite ThĂ©rĂšse « ont aimĂ© sans rĂ©serve JĂ©sus de maniĂšre simple, forte et authentique ; ils ont fait l’expĂ©rience de sa bontĂ© et de sa tendresse dans une particuliĂšre proximitĂ© quotidienne, et ils en ont tĂ©moignĂ© dans un admirable Ă©lan missionnaire », souligne le pape.

 

De chacun, il rappelle un trait particulier. Saint Jean-Eudes – ce grand saint de l’Eucharistie – « n’est-il pas le premier Ă  avoir cĂ©lĂ©brĂ© le culte liturgique des CƓurs de JĂ©sus et de Marie ; Saint Jean Marie Vianney n’est-il pas ce curĂ© passionnĂ©ment donnĂ© Ă  son ministĂšre qui affirmait : “Le sacerdoce, c’est l’amour du cƓur de JĂ©sus” ; et enfin, Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant JĂ©sus et de la Sainte Face n’est-elle pas le grand Docteur en scientia amoris dont notre monde a besoin, elle qui “respira” Ă  chaque instant de sa vie le Nom de JĂ©sus, avec spontanĂ©itĂ© et fraicheur, et qui enseigna aux plus petits une voie “toute facile” pour y accĂ©der ? »

 

Quand ce pape parle des saints, c’est pour faire converger le regard des Ăąmes vers JĂ©sus, et pour montrer qu’Il est l’auteur de leur saintetĂ©.

 

« CĂ©lĂ©brer le centenaire de canonisation de ces trois Saints, c’est d’abord une invitation Ă  rendre grĂące au Seigneur pour les merveilles qu’il a accomplies en cette terre de France durant de longs siĂšcles d’évangĂ©lisation et de vie chrĂ©tienne. Les Saints n’apparaissent pas spontanĂ©ment mais, par la grĂące, surgissent au sein de CommunautĂ©s chrĂ©tiennes vivantes qui ont su leur transmettre la foi, allumer dans leur cƓur l’amour de JĂ©sus et le dĂ©sir de le suivre. Cet hĂ©ritage chrĂ©tien vous appartient encore, il imprĂšgne encore profondĂ©ment votre culture et demeure vivant en bien des cƓurs », Ă©crit LĂ©on XIV.

 

Le nouveau style de Léon XIV rappelle des souvenirs oubliés


Pourquoi cette impression de recevoir du pain, et non des pierres ?

 

Pourquoi ce parfum d’espĂ©rance, lorsque le pape Ă©crit : « C’est pourquoi je forme le vƓu que ces cĂ©lĂ©brations ne se contentent pas d’évoquer avec nostalgie un passĂ© qui pourrait sembler rĂ©volu, mais qu’elles rĂ©veillent l’espĂ©rance et suscitent un nouvel Ă©lan missionnaire. Dieu peut, moyennant le secours des saints qu’Il vous a donnĂ©s et que vous cĂ©lĂ©brez, renouveler les merveilles qu’Il a accomplies dans le passĂ©. Sainte ThĂ©rĂšse ne sera-t-elle pas la Patronne des missions dans les contrĂ©es mĂȘmes qui l’ont vu naĂźtre ? Saint Jean-Marie Vianney et Saint Jean Eudes ne sauront-ils pas parler Ă  la conscience de nombreux jeunes de la beautĂ©, de la grandeur et de la fĂ©conditĂ© du sacerdoce, en susciter le dĂ©sir enthousiaste, et donner le courage de rĂ©pondre gĂ©nĂ©reusement Ă  l’appel, alors que le manque de vocations se fait cruellement sentir dans vos diocĂšses et que les prĂȘtres sont de plus en plus lourdement Ă©prouvĂ©s ? »

 

On en retient ceci : les merveilles que Dieu a accomplies Ă  travers ces grands saints français ont Ă©tĂ© donnĂ©es gratuitement et ont pu s’épanouir dans le terrain fertile de la chrĂ©tientĂ© ; elles semblent ĂȘtre le fait d’un passĂ© lointain, renvoyer vers un temps oĂč le manque de vocations ne se faisait pas « cruellement sentir » ; mais ce vide n’est pas total, la foi, la grĂące, les vocations peuvent refleurir par l’intercession de ces grandes figures qui peuvent toujours demander et laisser passer le don de Dieu.

 

Et oui, on se sent revigorĂ© – Ă  commencer par les longues colonnes qui pĂ©rĂ©grineront sur les routes de Chartres Ă  la PentecĂŽte – en lisant : « J’invoque l’intercession de Saint Jean Eudes, de Saint Jean-Marie Vianney et de Sainte ThĂ©rĂšse de l’Enfant JĂ©sus et de la Sainte Face, pour votre pays et pour le Peuple de Dieu qui y pĂ©rĂ©grine courageusement, sous les vents contraires et parfois hostiles de l’indiffĂ©rentisme, du matĂ©rialisme et de l’individualisme. Qu’ils redonnent courage Ă  ce Peuple, dans la certitude que le Christ est vraiment ressuscitĂ©, Lui, le Sauveur du monde. »

 

Catholiques et français toujours : c’est Ă  croire que le pape LĂ©on XIV y croit.

 

Quand Léon XIV parle aux familles, il rappelle la nécessité de la grùce
Lorsqu’il s’est exprimĂ©, trois jours plus tard, devant la foule des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes ĂągĂ©es venus pour leur jubilĂ©, on a eu cette mĂȘme impression
 catholique. LĂ©on XIV a rappelĂ© que l’unitĂ©, la vraie, « est (
) une communion fondĂ©e sur l’amour mĂȘme dont Dieu aime, d’oĂč viennent la vie et le salut » : « En tant que telle, elle est avant tout un don que JĂ©sus vient apporter. » En donnant Ă  l’homme la possibilitĂ© de participer Ă  cet amour. « Ecoutons avec admiration ces paroles : JĂ©sus nous rĂ©vĂšle que Dieu nous aime comme Il s’aime Lui-mĂȘme. Le PĂšre ne nous aime pas moins qu’Il n’aime son Fils unique, c’est-Ă -dire infiniment. Dieu n’aime pas moins, parce qu’Il aime d’abord, Il aime le premier ! » En parlant aux familles, le pape parle avant tout et d’abord de la plus infinie des communions d’amour : celle de la sainte TrinitĂ©.

LĂ©on XIV ne laisse pas de doute : c’est la famille selon la volontĂ© de Dieu qu’il s’agit de chĂ©rir et de dĂ©fendre. « N’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples. » Sans elles, il n’y a donc pas d’avenir. Et il ajoute, ayant donnĂ© l’exemple de couples canonisĂ©s : « En dĂ©signant comme tĂ©moins exemplaires des Ă©poux, l’Eglise nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaĂźtre et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et rĂ©concilie, les forces qui dĂ©sagrĂšgent les relations et les sociĂ©tĂ©s. »

 

Et il a mĂȘme dĂ©clarĂ© : « C’est pourquoi, le cƓur plein de reconnaissance et d’espĂ©rance, je vous dis, Ă  vous les Ă©poux : le mariage n’est pas un idĂ©al, mais la norme du vĂ©ritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidĂšle, fĂ©cond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, Ă  l’image de Dieu, de donner la vie. »

 

Les mots ont du poids. On sait bien que beaucoup ont prĂ©tendu que le mariage chrĂ©tien est un « idĂ©al » vers lequel on tend, si difficile qu’on a bien droit Ă  la « loi de gradualitĂ© » pour en rester un peu ou beaucoup Ă  l’écart. LĂ©on XIV Ă©carte cette erreur, et rappelle que le mariage exige que l’amour des Ă©poux soit « total, fidĂšle, fĂ©cond », parce qu’il est par nature indissoluble et ouvert Ă  la vie.

 

Le pape cite Humanae vitae moins de quatre semaines aprÚs son élection
Nul ne sait comment évoluera le pontificat de Léon XIV. Mais il nous aura donné déjà cette lumiÚre, des conseils qui sonnent vrai, exprimés avec sobriété et élégance :

 

« C’est pourquoi je vous encourage Ă  ĂȘtre, pour vos enfants, des exemples de cohĂ©rence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les Ă©duquant Ă  la libertĂ© par l’obĂ©issance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donnĂ© chaque jour avec elle, c’est la premiĂšre maniĂšre d’honorer son pĂšre et sa mĂšre (cf. Ex 20, 12). Enfin, Ă  vous, chers grands-parents et personnes ĂągĂ©es, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilitĂ© et la patience que les annĂ©es enseignent.

« Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration : elle est partagĂ©e comme la nourriture sur la table et les affections du cƓur. Cela en fait un lieu privilĂ©giĂ© pour rencontrer JĂ©sus, qui nous aime et veut notre bien, toujours. »

 

Merci, Saint-PĂšre !

 

Jeanne Smits dans RITV

Infiltration Islamiste des Foyers pour Mineurs

01/06/2025

Infiltration Islamiste des Foyers pour Mineurs

 

Une vulnérabilité exploitée : la radicalisation des mineurs placés
Les auteurs de la tribune dressent un tableau prĂ©occupant, illustrĂ© par plusieurs cas concrets de mineurs impliquĂ©s dans des actes de radicalisation, d'apologie du terrorisme, ou de prĂ©paration d'actions violentes. Ils soulignent la vulnĂ©rabilitĂ© particuliĂšre des mineurs placĂ©s en foyer, souvent marginalisĂ©s et en quĂȘte d'identitĂ©, ce qui en fait des cibles idĂ©ales pour les rĂ©seaux islamistes et criminels. Ces jeunes, parfois quasi-abandonnĂ©s par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et l'Aide Sociale Ă  l'Enfance (ASE) Ă  l'approche de leur majoritĂ©, se retrouvent exposĂ©s Ă  des influences nĂ©fastes.

 

La tribune cite des exemples glaçants : agressions antisĂ©mites, projets d'attentats dans des lycĂ©es, partage d'idĂ©ologie djihadiste en ligne, fabrication d'explosifs artisanaux
 Autant de signaux d'alarme qui tĂ©moignent de l'urgence de la situation.

 

Des défaillances systémiques et un manque de moyens criant
Sieraczek et Froment pointent du doigt les incapacitĂ©s de la PJJ et de l'ASE Ă  faire face aux dĂ©fis contemporains que sont la criminalitĂ© organisĂ©e, la traite des ĂȘtres humains, le respect de la laĂŻcitĂ© et, bien sĂ»r, la radicalisation. Certains juges des enfants estiment mĂȘme que les foyers d'urgence peuvent reprĂ©senter un danger plus grand que la famille d'origine, en raison d'un manque de suivi adaptĂ©, de la prĂ©caritĂ© des placements, du sous-effectif d'Ă©ducateurs et d'une sĂ©curitĂ© insuffisante.

 

Le manque de coordination entre les institutions, le classement sans suite de 70% des signalements, et l'insuffisance des protocoles de prévention et de détection de la radicalisation sont autant d'éléments qui affaiblissent un systÚme censé protéger les plus faibles. Les auteurs déplorent également des lacunes dans la prise en charge, comme le manque d'interprÚtes, de suivi psychologique et de structures adaptées pour les mineurs rapatriés ou non francophones.

 

Atteintes à la laïcité : une porte ouverte à l'influence islamiste ?
Un des points les plus critiques soulevés par la tribune concerne le non-respect du principe de neutralité et de laïcité au sein des foyers. Les auteurs dénoncent une formation insuffisante des professionnels à la laïcité (60% n'ayant jamais reçu de formation spécifique) et pointent des pratiques qui, selon eux, ouvrent la voie à l'influence islamiste : systématisation des menus halal, autorisation du port du voile dans les foyers (considérés comme des domiciles), interdiction de cours de natation aux filles, ou encore l'organisation de priÚres.

 

Ces pratiques transforment les foyers en « espaces de prosĂ©lytisme qui tolĂšrent des pratiques religieuses », facilitant l'influence de « prĂȘcheurs rigoristes incitant des comportements sectaires ». La vulnĂ©rabilitĂ© des mineurs est accentuĂ©e par les rĂ©seaux sociaux, qui facilitent la diffusion d'idĂ©ologies extrĂȘmes, d'autant plus que le contrĂŽle des tĂ©lĂ©phones dans les foyers est quasi inexistant.

 

Le Secours Islamique France (SIF) : un rÎle questionné
La tribune s'interroge explicitement sur le rĂŽle et les financements d'organisations telles que le Secours Islamique France (SIF). Les auteurs Ă©voquent les liens prĂ©sumĂ©s du SIF avec Islamic Relief Worldwide, le Hamas, le Hezbollah et les FrĂšres musulmans, prĂ©sentant l'ONG comme Ă©tant « au cƓur de nombreux rĂ©seaux islamistes radicaux ». Des questions parlementaires ont d'ailleurs dĂ©jĂ  alertĂ© sur ces liens supposĂ©s, ainsi que sur les financements importants versĂ©s par le SIF Ă  Islamic Relief Worldwide (plus de 2 millions d'euros).

 

La puissance financiĂšre du SIF (plus de 83 millions d'euros de produits d'exploitation en 2023, en grande partie issus de la gĂ©nĂ©rositĂ© du public) et l'orientation d'importants financements vers des « foyers de dĂ©stabilisation » comme la Palestine (prĂšs de 2,9 millions d'euros) et la Syrie (environ 20 millions d'euros), oĂč l'islamisme radical est implantĂ©, sont des Ă©lĂ©ments qui suscitent l'inquiĂ©tude des auteurs. Le manque de transparence sur les bĂ©nĂ©ficiaires finaux des financements du SIF est Ă©galement soulignĂ©.

 

Un enjeu majeur pour la cohésion nationale

En conclusion, Manon Sieraczek et Thierry Froment estiment que la prĂ©servation de la neutralitĂ© et de la laĂŻcitĂ© dans les foyers est un enjeu « fondamental sinon existentiel de la cohĂ©sion nationale ». Ils appellent de leurs vƓux une « volontĂ© politique claire assortie d’une vigilance rigoureuse et d’actions rĂ©solues » pour restaurer un cadre protecteur pour les mineurs et contenir les tentatives d'endoctrinement. Le systĂšme actuel de protection de l'enfance en France prĂ©sente, selon eux, de « graves dĂ©faillances dans la prĂ©vention de la radicalisation et la protection des mineurs ».

 

Cette tribune du Figaro se veut un véritable cri d'alarme, invitant à une prise de conscience collective et à des actions urgentes pour protéger la jeunesse française face à cette menace insidieuse.

2 juin : Blandine, l’esclave hĂ©roĂŻque

01/06/2025

2 juin : Blandine, l’esclave hĂ©roĂŻque

C’est aussi une sorte de capitale religieuse oĂč, chaque annĂ©e, les paĂŻens de toute la Gaule envoient des dĂ©lĂ©guĂ©s pour cĂ©lĂ©brer en commun de grandes fĂȘtes en l’honneur de leurs divinitĂ©s, et ces cĂ©rĂ©monies dĂ©diĂ©es Ă  « Rome et Auguste » sont l’occasion d’une foire trĂšs achalandĂ©e, de reprĂ©sentations théùtrales, de spectacles dans l’amphithéùtre, de beaucoup de beuveries aussi, et de maints bavardages. Que ne raconte-t-on point, parmi ces foules assemblĂ©es ? Et, bien entendu, on parle des chrĂ©tiens.

 

Lyon en compte dĂ©jĂ  un grand nombre. Cela se comprend aisĂ©ment. Les commerçants qui arrivent sans cesse d’Asie Mineure, d’Égypte ou de GrĂšce, ont entendu raconter l’Évangile ; beaucoup d’entre eux sont dĂ©jĂ  baptisĂ©s ; ils rĂ©pĂštent la Bonne Nouvelle et enseignent autour d’eux la doctrine de JĂ©sus. (C’est donc d’Orient que le Christianisme est arrivĂ© en terre française. Ne dit-on pas en Provence que Lazare, le ressuscitĂ©, l’ami de JĂ©sus avec ses sƓurs Marthe et Marie, a apportĂ© lui-mĂȘme l’Évangile dans la rĂ©gion de Marseille ? N’assure-t-on pas Ă  Paris (qu’on appelle encore LutĂšce) que le premier Ă©vĂȘque de la citĂ©, saint Denis, le martyr, a Ă©tĂ© un grec, Ă©lĂšve du grand apĂŽtre

 

saint Paul, comme d’ailleurs saint TrophĂšme, premier Ă©vĂȘque d’Arles et saint Crescent, premier Ă©vĂȘque de Vienne en DauphinĂ© ? En tout cas, le bon grain dĂ©posĂ© par les Orientaux a pris magnifiquement racine dans la terre gauloise, en cette fin du IIe siĂšcle, et il n’y a sans doute guĂšre de ville qui n’ait sa communautĂ© de fidĂšles. Et c’est ce qui irrite les paĂŻens


 

***

 

— Les chrĂ©tiens aux lions ! A mort les chrĂ©tiens ! Tous Ă  l’amphithéùtre ! ArrĂȘtez ‑les ! Tuez ‑les !

 

Dans la foule entassĂ©e pour la fĂȘte annuelle, le mot d’ordre a couru. Comme ce sera plaisant de voir brĂ»ler vifs des chrĂ©tiens ou d’assister au repas des fauves dĂ©chirant des ĂȘtres humains pantelants !

 

— Les chrĂ©tiens aux lions ! Les chrĂ©tiens aux bĂȘtes !

 

Le gouverneur romain qui administre la Province au nom de l’Empereur a entendu les cris de la foule en furie. Lui-mĂȘme, s’il Ă©tait libre, n’aurait peut-ĂȘtre rien fait contre les chrĂ©tiens, car il sait bien qu’ils ne commettent aucun crime. Mais il ne fait pas bon de se moquer des passions populaires ! Il risque d’ĂȘtre dĂ©noncĂ© Ă  l’Empereur comme un magistrat trop faible, comme un complice de la secte chrĂ©tienne.

 

Lecture pour les momes - Sainte BlandineDans la foule, les racontars les plus stupides courent. On dit que les chrĂ©tiens se rĂ©unissent de nuit pour cĂ©lĂ©brer des cĂ©rĂ©monies abominables, qu’ils prennent un jeune enfant, l’enduisent de farine, le percent tous ensemble avec des poignards et, se partageant sa chair, la dĂ©vorent Ă  belles dents. Ces fables absurdes trouvent crĂ©ance et, grĂące Ă  elles, les prĂȘtres paĂŻens arrivent Ă  fanatiser ceux qui les Ă©coutent, Ă  provoquer contre les chrĂ©tiens de terribles fureurs.

 

— Les chrĂ©tiens aux bĂȘtes ! les chrĂ©tiens aux lions !

 

Dans son palais, le gouverneur se rend maintenant compte qu’il ne pourra pas Ă©viter d’agir ; s’il ne donne pas satisfaction Ă  la populace, une Ă©meute est possible et, si elle Ă©clate, l’Empereur la lui reprochera sĂ©vĂšrement. Ne vaut-il pas mieux sacrifier quelques dizaines de chrĂ©tiens ? Pas bien intĂ©ressants, les chrĂ©tiens ! Et l’ordre part de les arrĂȘter.

 

On en arrĂȘte, en effet, au hasard. Des riches et des pauvres, des nobles et des gueux, des vieux et des jeunes, des femmes et des enfants pĂȘle-mĂȘle avec les hommes. Dans l’Église du Christ, il n’y a que des frĂšres ; il n’y a ni esclave ni homme libre, tous Ă©gaux dans l’amour divin du MaĂźtre, tous Ă©gaux devant la mort. Et c’est ainsi que la plus pure figure de cette persĂ©cution lyonnaise est une petite esclave d’une quinzaine d’annĂ©es Ă  peine : Blandine, dont l’hĂ©roĂŻsme fit pleurer les paĂŻens eux-mĂȘmes.

 

***

 

L’arrestation des chrĂ©tiens se fait en plein jour, au milieu d’un grand tapage de la populace. Les soldats entrent dans les maisons de ceux qu’on sait ĂȘtre baptisĂ©s ; ils ressortent avec leurs prisonniers que la foule insulte, bat, couvre de crachats et de coups ; Ă  peine sont-ils dehors que leurs biens sont pillĂ©s. On les mĂšne au forum, la place publique oĂč se tiennent les magistrats chargĂ©s d’instruire leur procĂšs. Quel procĂšs ! quelle dĂ©rision ! Est-ce un interrogatoire que cette sĂ©rie de menaces et de coups ? Eux, fermes, confessent leur foi, revendiquent bien haut le nom de chrĂ©tiens. Les bourreaux sont lĂ , avec leurs instruments de torture


 

Tout cela est si honteux, si illĂ©gal, qu’un spectateur de cette scĂšne se lĂšve. (C’est un homme de trĂšs haut rang, connu Ă  Lyon comme une personnalitĂ© vĂ©nĂ©rĂ©e ; il se nomme Vit. Au comble de l’indignation, il prend la parole.

 

— La loi permet Ă  tout citoyen de prĂ©senter la dĂ©fense d’un accusĂ©. Je dĂ©fendrai donc ces hommes, ces femmes et ces enfants. Et je vous dis, moi, Vit, citoyen de Lyon, qu’ils n’ont commis aucun des crimes que vous leur imputez, que le procĂšs que vous leur faites est une infamie


 

Il ne peut en dire plus ; le magistrat l’interrompt :

— Tu es chrĂ©tien, toi aussi, n’est-ce pas ?

 

D’une voix Ă©clatante, Vit rĂ©pond :

— Oui, je le suis.

 

Sur le champ, il est arrĂȘtĂ©, mĂȘlĂ© Ă  la troupe pitoyable des accusĂ©s.

 

Et les tortures commencent. Des supplices indescriptibles. Le plus doux consiste Ă  ĂȘtre attachĂ© Ă  un chevalet, pour que les bourreaux vous dĂ©chirent les bras, la poitrine, le ventre avec des crochets d’acier. Ou encore Ă  supporter l’affreuse brĂ»lure de lames de fer chauffĂ©es au rouge qu’on enfonce dans votre chair. Un jeune prĂȘtre, du nom de Sanctus, subit, des heures durant, de semblables tortures, mais, miraculeusement, Dieu lui donna la force de garder ses membres souples,sa peau intacte, son courage inĂ©branlable.

 

Le vieil Ă©vĂȘque de Lyon, Pothin, ĂągĂ© de quatre-vingt-dix ans, passe Ă  son tour par ces Ă©preuves. « Quel est donc le dieu que servent les chrĂ©tiens ? » lui demande, avec ironie, le magistrat. Et le saint de rĂ©pondre : « Tu le connaitras lorsque tu en seras digne ! » AussitĂŽt la soldatesque se rue sur lui, le roue de coups de poings, de coups de pieds, lui lance tout ce qui est Ă  sa portĂ©e. On le ramasse enfin, dĂ©figurĂ©, sanglant, si Ă©puisĂ© qu’il ne peut plus se tenir sur ses jambes et qu’il meurt dans sa prison deux jours plus tard.

 

Les scĂšnes d’horreur se rĂ©pĂštent pendant des jours et des jours. Et elles se passent en prĂ©sence mĂȘme des autres chrĂ©tiens qui attendent leur tour, qui peuvent ainsi voir ce qu’ils vont subir eux-mĂȘmes. Est-il Ă©tonnant que quelques-uns aient peur et flĂ©chissent, qu’un petit nombre accepte de sacrifier aux dieux paĂŻens pour Ă©chapper aux tortures ? Ce qui est Ă©tonnant, c’est que le chiffre de ces apostats soit si faible : une dizaine peut-ĂȘtre ; bien peu Ă  cĂŽtĂ© de tant de hĂ©ros !

 

Quand ce « procĂšs » est sur le point d’ĂȘtre achevĂ©, on amĂšne une des derniĂšres chrĂ©tiennes, une gamine, Blandine. C’est une esclave, et, Ă  Rome, il n’y a rien de plus mĂ©prisĂ© qu’une esclave. On dit couramment :« Un esclave n’est pas un ĂȘtre humain ; c’est un objet, c’est une chose ; on peut le dĂ©truire comme on veut ! » Mais la petite Blandine va montrer qu’une esclave de quinze ans vaut bien davantage que tous ces magistrats, tous ces soldats, tous ces bourreaux qui la tourmentent. On la menace, on la frappe : elle tient bon.

 

— Avoue donc ce que tu as vu chez tes maĂźtres ! Raconte-nous les cĂ©rĂ©monies qu’ils font, la nuit ! N’est-il pas vrai qu’ils Ă©gorgent de jeunes enfants et en dĂ©vorent la chair ?

 

Et Blandine, la petite esclave héroïque, répond :

— Non, nous ne faisons aucun mal, nous ne faisons rien d’autre que de nous aimer les uns les autres, de vivre fraternellement, d’ĂȘtre justes, purs, charitables. Est-ce lĂ  notre crime ?

 

Des heures durant, torturĂ©e, elle rĂ©pĂšte les mĂȘmes phrases. Et si bien, si courageusement, qu’une assistante, toute en larmes, sort de la foule et court vers le siĂšge du magistrat. C’est une des chrĂ©tiennes qui ont Ă©tĂ© faibles, qui ont acceptĂ© de renier le Christ ; la fermetĂ© sublime de ‚Blandine l’a bouleversĂ©e jusqu’au fond de l’ñme. Elle crie :

 

— Blandine a raison. Ce n’est pas vrai que les chrĂ©tiens commettent les crimes dont vous les accusez ! Mangeurs de chair humaine, eux ! Mais les vrais mangeurs de chair humaine, c’est vous, qui vous repaissez du spectacle affreux de leurs souffrances, qui brĂ»lez vifs, qui Ă©cartelez des femmes et des enfants !

 

Et, sur le champ, elle est arrĂȘtĂ©e de nouveau et mise dans le groupe de ceux qui vont mourir.

 

* * *

 

DĂ©sormais, les exĂ©cutions commencent. L’immense amphithéùtre est tout rempli de spectateurs. C’est Ă  peine croyable : il se trouve ainsi des milliers de gens, qui ne sont peut-ĂȘtre pas de mĂ©chantes gens, pour venir se distraire au spectacle de la souffrance et de la mort d’innocents ! Tout ce qu’on peut imaginer de plus terrible, on le fait subir aux chrĂ©tiens de Lyon. L’un d’eux, Attale, est attachĂ© sur une chaise de fer brĂ»lante et on le laisse lĂ  rĂŽtir comme un peu de viande ; et lui, de crier Ă  la foule : « Vous voyez bien que c’est vous, les mangeurs de chair humaine ! » Un autre, Alexandre, qui n’a pas Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© avec ses frĂšres, est venu Ă  l’arĂšne pour les encourager, et il leur parle si bien, il leur dit de si nobles choses que le magistrat comprend qu’il est chrĂ©tien lui aussi, l’arrĂȘte, et sur le champ le fait Ă©gorger.

 

histoire Ă  regarder - Sainte Blandine et les lionsC’est maintenant le grand jeu ! On lĂąche les bĂȘtes. Il y a lĂ  toutes sortes de fauves, tous terribles, qu’on n’a pas nourris, exprĂšs, depuis une semaine. Les lions bondissent en rugissant ; les lĂ©opards miaulent comme des chats en furie ; les ours, en grondant, s’approchent Ă  pas feutrĂ©s des chrĂ©tiens enchaĂźnĂ©s par trois ou quatre et les dĂ©chirent Ă  petits coups.

 

Blandine a Ă©tĂ© condamnĂ©e aux bĂȘtes. Au milieu de l’arĂšne, elle est attachĂ©e Ă  un poteau et, aux yeux de ses compagnons qui souffrent, elle paraĂźt ĂȘtre l’image vivante de JĂ©sus crucifiĂ©, de Celui qui, du haut du ciel, les guide et les attend. Ses maĂźtres, ses amis, la voyant si frĂȘle, si menue, se sont dit les uns aux autres : « Aura ‑t-elle la force de tenir bon jusqu’au bout ? Ne va-t-elle pas apostasier, » C’est mal connaĂźtre cette jeune Ăąme de feu, que rien ne peut Ă©pouvanter.

 

Le premier jour, elle assiste Ă  tous les supplices de ses frĂšres, sans trembler. En haut de son poteau, elle prie, elle chante des cantiques ; de temps en temps elle interpelle l’un des martyrs pour l’encourager Ă  mourir pour le Christ. Aucun des fauves ne la touche et il faut la ramener en prison. Plusieurs fois de suite, le fait se rĂ©pĂšte : les bĂȘtes sont-elles repues ? Cette maigre fillette leur paraĂźt-elle un piĂštre morceau ? Blandine est toujours vivante. Quand la semaine des exĂ©cutions s’achĂšve, on la ramĂšne encore. Il faut en finir ! Et elle, la petite hĂ©roĂŻne, elle est toujours aussi calme, aussi pleine de foi et d’espĂ©rance. La seule chose qui l’inquiĂšte, c’est son camarade Ponticus, qui a le mĂȘme Ăąge qu’elle et dont elle se demande s’il aura la force de mourir en martyr. Il ne reste plus qu’eux de vivants
 Deux enfants. On les a fouettĂ©s Ă  mort ; ils ont survĂ©cu
 On les a mis sur le gril ardent ; ils n’ont pas abjurĂ©. De nouveau on a lĂąchĂ© les fauves sur eux, mais repues, les bĂȘtes les ont flairĂ©s, ont tournĂ© autour d’eux, ne les ont pas touchĂ©s. Les bourreaux s’acharnent sur le petit Ponticus, qui rend l’ñme, et Blandine loue le Seigneur : son ami est mort en saint !

 

RĂ©cit du martyr de sainte BlandineElle est toute seule maintenant dans l’immense arĂšne. La foule, que son hĂ©roĂŻsme a fini par impressionner, lui crie :« Abjure donc ! Sacrifie Ă  nos dieux ! Tu auras la vie sauve ! » Et beaucoup se disent l’un Ă  l’autre :« On n’a jamais vu une femme souffrir aussi courageusement que cette enfant esclave
 » Mais elle ne rĂ©pond mĂȘme pas. Elle a les yeux levĂ©s au ciel, oĂč elle voit le MaĂźtre qui l’attend, qui lui fait signe. C’est pour lui qu’elle veut mourir. Enfin, on invente pour elle un supplice encore inusitĂ©. On l’enferme dans un grand filet, comme ceux dont se servent les pĂȘcheurs de la SaĂŽne et on lance sur elle un taureau furieux. La bĂȘte la soulĂšve avec ses cornes, la jette plusieurs fois en l’air ; le corps de la martyre fait un bruit affreux en tombant Ă  terre et l’on peut croire qu’elle est en morceaux. Elle respire encore ; elle murmure encore des priĂšres. Il faut enfin qu’un garde l’égorge avec son Ă©pĂ©e.

 

* * *

 

Ainsi mourut Blandine, l’esclave hĂ©roĂŻque, patronne de toutes les servantes, exemple pour tous les enfants. N’avait-elle pas montrĂ© Ă  la face du monde qu’on peut n’ĂȘtre rien aux yeux des hommes, rien qu’une crĂ©ature mĂ©prisĂ©e, et se rĂ©vĂ©ler trĂšs grande aux yeux de Dieu ?

 

Quand tous les chrĂ©tiens furent morts, on ramassa leurs pauvres restes et on les exposa huit jours pour que la populace les insultĂąt encore. « Il faut les brĂ»ler, dirent des paĂŻens, car ces obstinĂ©s prĂ©tendent qu’ils peuvent ressusciter ! Il faut que leurs misĂ©rables dĂ©pouilles soient dispersĂ©es au vent
 » On les brĂ»la donc, on balaya leurs cendres et on les jeta au RhĂŽne. Comme si Dieu qui peut tout, n’était pas capable de rendre la vie Ă  ses tĂ©moins, Ă  ces hĂ©ros sublimes qui, pour lui, ont supportĂ© la mort et les supplices. Ils ressusciteront au dernier jour du monde, les martyrs de Lyon, avec tous les autres. Ils seront au premier rang de la troupe joyeuse des Élus qui chantent un AllĂ©luia Ă©ternel. Et parmi eux on reconnaĂźtra une petite fille de pauvre aspect, dont le visage rayonnera de gloire : Blandine, esclave hĂ©roĂŻque, aura alors dĂ©finitivement triomphĂ© de ses bourreaux !

 

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Pour lutter contre l’islamisation, il suffit d’islamiser nous-mĂȘme la France !

31/05/2025

Pour lutter contre l’islamisation, il suffit d’islamiser nous-mĂȘme la France !

 

Guillaume de Thieulloy dénonce dans Les 4 vérités les suites de la diffusion du rapport sur les FrÚres musulmans :

 

Le titre mĂȘme du rapport est symptomatique de cet aveuglement : « FrĂšres musulmans et islamisme politique en France ». Existe-t-il, en France ou ailleurs, un islamisme qui ne soit pas politique ?

 

Depuis des annĂ©es, ceux qui prĂ©tendent nous diriger nous mentent ou se mentent Ă  eux-mĂȘmes en refusant tout « amalgame » entre l’islam comme foi religieuse d’une rare richesse spirituelle et l’islamisme, dĂ©plorable dĂ©voiement politique du premier. Mais c’est n’avoir jamais ouvert le Coran. La dimension juridico-politique est partie intĂ©grante du corpus « religieux » de l’islam.

 

En ce sens, les FrĂšres musulmans ne font que dĂ©fendre un islam « orthodoxe » (ou plutĂŽt « orthopraxe », si je puis dire, car la doctrine musulmane est rĂ©duite Ă  peu de chose : l’unicitĂ© de Dieu et le caractĂšre prophĂ©tique de Mahomet et l’islam est principalement une orthopraxie, une façon de bien se comporter – Mahomet Ă©tant d’ailleurs le « beau modĂšle » du bon comportement).


Il est certes parfaitement raisonnable de lutter contre cette confrĂ©rie – et les nombreux pays musulmans qui la tiennent pour un groupe terroriste ont de bonnes raisons pour cela – mais on ne peut lutter sans comprendre son adversaire. En l’occurrence, les autoritĂ©s françaises s’aveuglent volontairement en refusant de voir que le programme des FrĂšres musulmans trouve sa source dans le Coran.

 

Par ailleurs, il est assez surprenant que l’on joue la surprise, alors que bien des auteurs ont alertĂ© depuis des annĂ©es sur la stratĂ©gie islamiste.

 

La stratĂ©gie de l’Organisation de la confĂ©rence islamique pour islamiser l’Occident est accessible facilement sur internet. Et, pour ceux qui trouveraient cette recherche trop difficile, l’ancien dĂ©putĂ© Jean-FrĂ©dĂ©ric Poisson a Ă©crit un livre qui date dĂ©jĂ  de plusieurs annĂ©es afin d’expliquer cette stratĂ©gie.

 

On ne peut pas vraiment dire que nos gouvernants soient à la pointe de l’information !

Cependant, le pire rĂ©side dans les recommandations du rapport. Je conseille vivement de les comparer Ă  celles du rapport de l’OCI dont je parlais Ă  l’instant : elles sont largement identiques ! Ce qui signifie que, pour lutter contre l’influence des FrĂšres musulmans, nos dirigeants proposent d’appliquer nous-mĂȘmes leur stratĂ©gie. Bravo les gĂ©nies !

 

Ainsi propose-t-on d’apprendre l’arabe Ă  l’école pour Ă©viter de laisser le monopole de cet apprentissage aux Ă©coles coraniques. Mais comment ne pas voir que cette dĂ©cision, si elle Ă©tait mise en Ɠuvre, serait une Ă©clatante victoire des FrĂšres musulmans ? Cela ne signifierait nullement qu’un arabe « laĂŻc » ou « rĂ©publicain » serait en mesure de concurrencer l’arabe coranique mais bien plutĂŽt que la France se soumet Ă  l’islam.

 

De mĂȘme encourage-t-on la crĂ©ation de carrĂ©s musulmans dans les cimetiĂšres, autre Ă©vident symbole de conquĂȘte islamique.

 

Si l’on veut efficacement lutter contre « l’islam politique », il faut d’abord Ă©viter de se bercer d’illusion et dire clairement aux musulmans Ă  quelles conditions ils peuvent devenir français (je veux dire vraiment français, pas seulement « Français de papier »). Et, oui, il faut reconnaĂźtre que certaines de ces conditions sont incompatibles avec le Coran (par exemple la reconnaissance de la dignitĂ© de la femme), mais nous ne pouvons pas choisir la France Ă  leur place – et, si nous ne mĂ©prisons pas les musulmans (comme semblent le faire nos dirigeants), nous leur devons la vĂ©ritĂ©.