18/06/24 WASHINGTON, DC ( LifeSiteNews ) — Le cardinal Robert Sarah , préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements à Rome, a lié la tentative de suppression et le rejet de la messe latine traditionnelle au sein de l'Église au rejet de la morale catholique traditionnelle et La défection plus large de l’Europe du christianisme dans ce qu’il appelle « l’athéisme pratique ». 

 

Les commentaires sur la tentative de rejeter l'ancienne liturgie de l'Église au sein du rite latin sont venus dans un discours prononcé par le cardinal Sarah à l'Université catholique d'Amérique (CUA) le jeudi 14 juin, lors d'un événement intitulé « Une soirée avec le cardinal Robert Sarah , » sponsorisé par le Napa Institute et le Catholic Information Center de Washington, DC  

 

Le cardinal guinéen a célébré la messe à la basilique du Sanctuaire national de l'Immaculée Conception avant de donner sa conférence et a reçu une standing ovation au début et à la fin de son discours. 

 

Le discours était intitulé « La réponse durable de l'Église catholique à l'athéisme pratique de notre époque ». Dans son discours, le cardinal a déploré le rejet de Dieu qui s’est emparé d’une grande partie de l’Occident, en particulier de l’Europe autrefois chrétienne. Il a dit que ce rejet de Dieu prend la forme non pas tant d’un athéisme intellectuel que d’un athéisme pratique par lequel l’homme moderne agit comme si Dieu n’existait pas ou n’avait pas d’importance.  

 

Il a particulièrement dénoncé la manière dont cet athéisme pratique est entré même dans l'Église, comme en témoigne le rejet de la morale catholique traditionnelle, de la doctrine catholique traditionnelle et de la forme traditionnelle de la liturgie catholique. 

 

Parmi ses autres remarques sur l'état de l'Église, l'ancien préfet de la Congrégation pour le Culte divin, qui s'est longtemps fait le champion de la messe latine traditionnelle et du retour à une manière plus respectueuse de célébrer la liturgie, a déclaré que la tentative généralisée dans l'Église latine, abandonner sa manière traditionnelle d'adorer Dieu, que l'Église a jugé bon d'utiliser pendant des siècles, est une forme d'athéisme pratique dans lequel Dieu n'est plus au centre du culte divin mais plutôt de la sensibilité de l'homme moderne. . 

 

Reliant ce rejet de la liturgie traditionnelle de l'Église au rejet de la théologie morale traditionnelle de l'Église, Sarah a identifié les deux comme une forme subtile d'athéisme, qui, selon lui, « n'est pas un rejet pur et simple de Dieu, mais il met Dieu de côté ». 

 

Faisant référence au pape Jean-Paul II sur les formes que peut prendre l'athéisme pratique, Sarah a déclaré : « Nous voyons cela dans l'Église lorsque la sociologie ou « l'expérience vécue » devient le principe directeur qui façonne le jugement moral. Il ne s’agit pas d’un rejet pur et simple de Dieu, mais cela met Dieu de côté. Combien de fois entendons-nous de la part de théologiens, de prêtres, de religieux et même de certains évêques ou conférences épiscopales que nous devons ajuster notre théologie morale à des considérations qui sont uniquement humaines ? 

 

On tente d’ignorer, voire de rejeter, l’approche traditionnelle de la théologie morale, telle que si bien définie par  Veritatis Splendor  et le Catéchisme de l’Église catholique. Si nous le faisons, tout devient conditionnel et subjectif. Accueillir tout le monde, c’est ignorer l’Écriture, la Tradition et le Magistère.  

Aucun des partisans de ce changement de paradigme au sein de l’Église ne rejette catégoriquement Dieu, mais ils considèrent la Révélation comme secondaire, ou du moins sur un pied d’égalité avec l’expérience et la science moderne. C’est ainsi que fonctionne l’athéisme pratique. Cela ne nie pas Dieu mais fonctionne comme si Dieu n’était pas central.  

 

Sarah a ensuite appliqué une critique similaire au rejet de l'ancienne liturgie de l'Église. Sans nommer Traditionis Custodes , il a néanmoins averti que décrire les traditions liturgiques vieilles de plusieurs siècles de l'Église comme « dangereuses » et se concentrer sur l'horizontalité est une manière de mettre Dieu de côté.  

 

Il a déclaré : « Nous voyons cette approche non seulement dans la théologie morale mais aussi dans la liturgie. Les traditions sacrées qui ont bien servi l’Église pendant des centaines d’années sont désormais présentées comme dangereuses. Une telle concentration sur l’horizontal fait ressortir la verticale, comme si Dieu était une expérience plutôt qu’une réalité ontologique. 

 

Critiquant la mentalité selon laquelle la tradition est considérée comme limitante plutôt que libératrice ou perfectionnante, Sarah a ancré l'abandon de la tradition dans l'accent mis sur le moment présent inhérent à l'athéisme pratique. 

 

« Les partisans de l’athéisme pratique comprennent implicitement que la foi limite d’une manière ou d’une autre la personne… Les athées pratiques voient Dieu et son ordre moral comme un facteur limitant », a-t-il déclaré. « Notre bonheur, selon cette façon de penser, se trouve dans le fait d’être qui nous voulons être, plutôt que de nous conformer à Dieu et à son ordre. » 

 

Tout cela est très orienté « maintenant ». Ce qui a du sens, c'est ce qui parle du moment contemporain, séparé de notre histoire individuelle et collective. C’est pourquoi les traditions de notre foi peuvent être si facilement rejetées. Selon les athées pratiques, la tradition est contraignante et non libératrice.  

 

Et pourtant, c’est à travers nos traditions que nous nous connaissons mieux. Nous ne sommes pas des êtres isolés, déconnectés de notre passé. Notre passé est ce qui façonne qui nous sommes aujourd’hui.  

 

L’histoire du salut en est l’exemple suprême. Notre foi fait toujours écho à nos origines, depuis Adam et Ève, en passant par les royaumes de l'Ancien Testament, jusqu'au Christ comme accomplissement de l'ancienne loi, à l'avènement de l'Église et au développement de tout ce qui nous a été donné par le Christ. . C’est ce que nous sommes en tant que peuple chrétien. Tout cela est radicalement lié. Nous sommes un peuple qui vit dans le contexte de ce que Dieu nous a créé, qui a été reçu plus profondément au fil des siècles mais qui est toujours lié à la révélation du Christ, qui est le même hier et aujourd'hui. Rechercher l'épanouissement en baissant notre regard sur notre expérience, nos émotions ou nos désirs, c'est rejeter qui nous sommes en tant que créatures de Dieu, dotées d'une dignité sublime et créées en fin de compte pour Lui.  

 

Le cardinal a en outre déploré une sorte de « paganisme » qui, selon lui, s'est infiltré dans l'Église et dans les rangs de la hiérarchie, avertissant que « la véritable crise est le manque de foi au sein de l'Église ». 

 

Faisant référence à une conférence donnée en 1958 par Joseph Ratzinger – qui, selon Sarah, « suggère que notre situation actuelle a des racines bien plus profondes que la révolution culturelle des années 1960 et 1970 » – le cardinal a cité Ratzinger, qui a déclaré : « Cette soi-disant Europe chrétienne depuis près de 400 ans Ces dernières années sont devenues le berceau d’un nouveau paganisme, qui ne cesse de croître au sein de l’Église et menace de la miner de l’intérieur. »  

 

Ratizinger a soutenu dans sa conférence de 1958 que l’Église « n’est plus, comme elle l’était autrefois, une Église composée de païens devenus chrétiens, mais une Église de païens qui se disent encore chrétiens mais sont en réalité devenus païens. Le paganisme réside aujourd’hui dans l’Église elle-même (Les nouveaux païens dans l’Église, 1958) », a écrit Ratzinger. 

 

Sarah a souligné que, aussi « dure » soit une critique de l’Église, Ratzinger a fait ses commentaires en 1958. « Ainsi, la critique selon laquelle il existe un athéisme pratique dans l’Église n’est pas nouvelle à l’heure actuelle », a-t-il déclaré.  

 

Il a cependant fait valoir que cet athéisme dans l’Église est « plus apparent aujourd’hui » qu’en 1958 et qu’il « se traduit par la perte d’une vie chrétienne pieuse, ou d’une culture chrétienne évidente, et sous la forme d’une dissidence publique, parfois même ». de la part de hauts fonctionnaires ou d’institutions de premier plan. 

 

« Combien de catholiques assistent à la messe hebdomadaire ? Il a demandé. « Combien sont impliqués dans l’église locale ? Combien vivent comme si le Christ existait, ou comme si le Christ se trouvait dans le prochain, ou avec la ferme conviction que l'Église est le Corps mystique du Christ ? Combien de prêtres célèbrent la Sainte Eucharistie comme s'ils étaient véritablement  Alter Christus et, plus encore, comme s'ils étaient  ipse Christus  – le Christ lui-même ? Combien croient en la présence réelle de Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie ? 

 

« La réponse est trop peu nombreuse », a-t-il déploré. « Nous vivons comme si nous n’avions pas besoin de rédemption par le sang du Christ. C’est la réalité pratique pour trop de personnes dans l’Église. La crise n’est pas tant celle du monde laïc et de ses maux, mais celle du manque de foi au sein de l’Église.» 

 

 

Depuis le 13 mai, le pays est en état de guerre civile. Le prêtre des­ser­vant la cha­pelle de la Fraternité Saint-​Pie X à Nouméa, a cou­ra­geu­se­ment réus­si à se rendre auprès de ses fidèles et des nom­breuses âmes en peine.

Il se trouve que les anciens de Rolleboise dont je fais partie connaissent bien ce prêtre qui a été enfant de choeur et scout dans la communauté de la Fraternité Sacerdotale St Pie X à Mantes. Je connais aussi très bien son père devenu général, ayant été scouts ensemble à Port-Marly... dans le siècle passé...!  
Philippe.


Voici le texte de Pierre-Yves copié sur le site de La Porte Latine :

 

Il est temps de vous don­ner quelques nou­velles de la Mission. Le pro­jet de loi sur le dégel du corps élec­to­ral n’est pas appré­cié des Kanaks (envi­ron 40% de la popu­la­tion). Un comi­té d’action a mobi­li­sé une par­tie de ceux-​ci pour se livrer à toute une série de des­truc­tions et para­ly­ser l’île. Le 13 mai, des cen­taines d’émeutiers se sont répan­dus essen­tiel­le­ment dans Nouméa et autour et ont bru­lé des dizaines de maga­sins, d’écoles, de com­merces, de bureaux et de mai­sons indi­vi­duelles. Du jour au len­de­main, le pays s’est retrou­vé en état de guerre civile. Heureusement ils n’ont pas pu détruire des centres névral­giques tels que les cen­trales élec­triques. Les sites les plus sen­sibles ont été pro­té­gés rapi­de­ment par les forces de l’ordre (y com­pris l’armée) : l’hôpital appe­lé Médipôle, l’aéroport, les casernes,… Un com­mis­sa­riat a cepen­dant été atta­qué. Des morts (enre­gis­trés ou non) sont venus cou­ron­nés leurs actions. Cette insur­rec­tion a pris tout le monde de court. Les maga­sins pillés, incen­diés ou tout sim­ple­ment fer­més, les gens ont dû se débrouiller avec leurs réserves per­son­nelles sou­vent très limi­tées. Il est deve­nu impos­sible de cir­cu­ler : l’un des pre­miers morts est un bébé dont la mère n’a pas pu accé­der au Médipôle pour accou­cher. Très rapi­de­ment les forces de l’ordre étant com­plè­te­ment sub­mer­gées, les gens se sont orga­ni­sés. Par quar­tier ou rési­dence, ils ont fabri­qué des bar­rières, des postes de contrôles et fil­tré les gens pour empê­cher les émeu­tiers de détruire leur mai­son ou leur tra­vail. Jour et nuit, des équipes de voi­sins se sont suc­cé­dées sur ces points de contrôle pour pro­té­ger leurs familles et leurs biens. Nos fidèles ont tous été concer­nés. La cha­pelle, heu­reu­se­ment située à l’entrée d’un lotis­se­ment, bien qu’un peu iso­lée n’a pas été van­da­li­sée. L’aéroport a été fer­mé immé­dia­te­ment. Le Père qui aurait dû venir fin mai n’a donc pas pu et j’ai essayé d’y aller dès que pos­sible mais tous les vols étaient annu­lés les uns après les autres. Et puis lun­di 10 juin dans l’après-midi, j’apprends qu’un vol AirCalin décol­le­ra mar­di matin d’Auckland. Je me dépêche d’acheter un billet mar­di matin à 6.30 de Wanganui à Auckland, je passe les consignes à l’abbé Stephens pour s’occuper des écoles et du prieu­ré et boucle mes bagages avec un gros sac de riz, des pâtes, du cho­co­lat et du café (den­rées deve­nues précieuses).

 

Après un vol sans his­toire (nous n’étions qu’une cen­taine dans l’avion), un père de famille vient me cher­cher à l’aéroport, com­plè­te­ment vide mais cer­né par les forces de l’ordre, avec la voi­ture de la Mission et me pro­pose de déjeu­ner chez eux avant de rejoindre la cha­pelle. Je découvre alors les routes jon­chées de débris, jalon­nées de car­casses cal­ci­nées de voi­tures et de ban­de­roles pro­cla­mant le res­pect pour les mar­tyrs de la cause kanak. Après avoir échan­gé mon café contre du pain (il n’y a plus de farine non plus), je quitte leur rési­dence. Malheureusement, alors que j’approche de Païta (la com­mune de la cha­pelle), je vois des gens s’a­gi­ter sur la route, des feux, de la fumée, des dra­peaux. Je reste à une dis­tance pru­dente mais après une heure d’attente, il faut se rendre à l’évidence : les forces de l’ordre ne vien­dront pas déga­ger ce bar­rage. Je suis contraint de faire demi-​tour et ayant infor­mé la famille où j’ai déjeu­né, ceux-​ci me pro­posent de res­ter pour la nuit. Ce que j’accepte volontiers.

 

Mercredi matin, je suis prêt à 6h pour suivre d’autres voi­tures de la rési­dence qui se rendent en convoi à Nouméa. On emprunte une autre route, bien plus longue mais déga­gée chaque matin par les forces de l’ordre : la fameuse RT 1. Et j’arrive enfin à la cha­pelle. Dieu mer­ci, elle est là, intacte. J’ouvre, je pré­pare la Messe et je m’installe au confes­sion­nal. En ce pre­mier jour, seule­ment 6 per­sonnes viennent. Après la Messe, dis­cus­sion avec ces cou­ra­geux parois­siens puis direc­tion un maga­sin qu’on m’a signa­lé comme ouvert et pas vide. Effectivement, on ne peut pas man­quer la file des gens qui font la queue pour entrer. Je prends place et patiente. On entre par groupe d’une dou­zaine dans une espèce d’épicerie où notre temps est chro­no­mé­tré mais les quan­ti­tés ne sont pas limi­tées. Sauvé ! Il y a du coca et même du jam­bon. J’achète de quoi tenir une semaine. Les gens sont rési­gnés mais rela­ti­ve­ment sereins, heu­reux de sor­tir de chez eux mais pres­sés d’y retour­ner. Il faut se dépê­cher de ren­trer avant qu’un bar­rage ne s’installe entre vous et votre mai­son. Je fais connais­sance de Manaté, le voi­sin immé­diat de la cha­pelle. Il y a aus­si une famille qui habite dans le lotis­se­ment qui vient à la Messe depuis quelque temps déjà.

 

Je passe ma pre­mière nuit tout seul à la cha­pelle. Malgré le couvre-​feu, quelques véhi­cules cir­culent en pro­vo­cant avec de la musique toni­truante. Parfois ils tirent aus­si quelques coups de feu. Je me dis que si les émeu­tiers choi­sissent de trans­for­mer la cha­pelle en bar­be­cue géant, je fini­rais comme Saint Laurent. Mais si Saint Joseph, le saint patron de la cha­pelle, l’a pro­té­gée jusque là, il n’y a pas de rai­son qu’il ne conti­nue pas : il n’est pas en grève, lui ! Et en effet, le jeu­di matin, la cha­pelle et moi sommes tou­jours là. Les fidèles sont plus nom­breux. Une dou­zaine. Puis encore plus ven­dre­di et same­di. Une famille très cou­ra­geuse vient de Plum, alors que la route vient à peine d’être réou­verte et qu’elle est la scène de vio­lences quo­ti­diennes, notam­ment de car­ja­cking soit par des voyous qui guettent le long de la route, soit par des « résis­tants à la colo­ni­sa­tion » qui tiennent les barrages.

 

Je pré­fère cir­cu­ler le matin mais les visites au centre de san­té où j’ai deux malades à voir ne sont auto­ri­sées que l’après-midi. Je décide donc d’y aller vers 13.30. C’est juste à côté du Médipôle. Je pré­pare soi­gneu­se­ment mon iti­né­raire pour évi­ter les axes les plus aléa­toires. Un ancien élève, aujourd’hui dans la gen­dar­me­rie et suf­fi­sam­ment bien pla­cé peut me don­ner les bons conseils. C’est bien triste de voir de grands bâti­ments com­plè­te­ment bru­lés tout autour de l’hôpital. Et le pire, c’est que les « com­bat­tants de la liber­té » s’affichent avec leurs dra­peaux, leur musique et paradent au milieu de ces ruines, fiers d’eux. Qu’est-ce qu’ils ima­ginent ? Même leurs anciens les enguir­landent : leurs propres mères n’ont plus de maga­sin pour ache­ter à man­ger. Ils se plaignent du chô­mage mais ont mis l’île à genoux éco­no­mi­que­ment. Les rues sont jon­chées de détri­tus. Entre les pillages, les mau­vaises habi­tudes et l’insécurité qui guette les ser­vices muni­ci­paux, la sale­té s’amoncelle. Je n’ai presque pas pris de pho­tos. Pas évident de se repé­rer, de conduire en évi­tant les obs­tacles sur les voies et de pho­to­gra­phier sans avoir l’air de pro­vo­quer ! Enfin, j’ai pu pas­ser sans heurt et appor­ter les secours de la reli­gion à ceux qui le deman­daient, dont un poli­cier quasi-​paralysé (au début une main seule­ment répon­dait, puis main­te­nant ses deux bras, mais pas encore le reste…) lors d’un exer­cice. Une belle âme, rési­gnée, forte, sereine dans l’adversité.

 

Le jour où les auto­ri­tés com­pren­dront qu’il n’y a pas d’ordre pos­sible en dehors du règne de Notre Seigneur, alors, et alors seule­ment on aura la paix.

 

Dimanche envi­ron les deux tiers des fidèles ont pu se rendre à la cha­pelle. Quelle joie pour eux de chan­ter la Messe, de se confes­ser, de com­mu­nier, de retrou­ver des amis, sur­tout pour nos petites vieilles bar­ri­ca­dées chez elles depuis un mois. C’est mar­quant de voir encore une fois la catho­li­ci­té de la Fraternité : des blancs, des noirs, des Wallisiens, des Kanaks, des Calédoniens ! Il y a de tout et on ne se tape pas des­sus ! Le jour où les auto­ri­tés com­pren­dront qu’il n’y a pas d’ordre pos­sible en dehors du règne de Notre Seigneur, alors, et alors seule­ment on aura la paix. Au cours de ce pas­sage, j’ai été ame­né par la Providence à ren­con­trer un large panel de gens. J’ai aidé des membres des forces de l’ordre, frus­trés, obli­gés de lut­ter contre la haine pour ces racailles qui pillent, détruisent ou blessent gra­ve­ment cer­tains de leurs col­lègues. Mais aus­si j’ai conso­lé des mères en larmes, priant jour et nuit pour leur fils infi­dèles, crai­gnant qu’on ne vienne leur annon­cer leur décès sur un bar­rage. J’ai même eu à faire à ces pauvres « jeunes » mani­pu­lés qui croient défendre une cause en cas­sant tout, et qui se rendent compte, fina­le­ment, qu’ils sont sur­tout des pécheurs. Je ne peux pas m’étendre sur les confes­sions mais depuis que je suis arri­vé, je n’ai jamais eu autant de confes­sions si sin­cères, si pro­fondes en si peu de temps. Un peu comme une pré­di­ca­tion de retraite, dont de belles conver­sions. Dieu se sert de tout. Il fait sor­tir le bien du mal : c’est la preuve de sa toute-puissance.

 

Je suis dans l’attente d’un vol retour. Le mien a été annu­lé mais on n’a pas beau­coup d’informations. Il faut vivre au jour le jour. Du coup les fidèles d’ici sont ravis. Moi, un peu moins : le tra­vail va s’amonceler sur mon bureau à mon retour à Wanganui. En atten­dant, je vous confie encore nos fidèles et notre pauvre île avec sa Mission et son prêtre. 

 

Abbé Pierre-Yves Chrissement

Notre église 


Horaires des messes 

Rite tridentin

 



Dimanche 21 juillet
9è après la Pentecôte
messe à 10h30


 

 

11/06/24

Le Rassemblement national arbore les mines réjouies des grands jours : la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est clairement perçue par ses dirigeants comme une occasion de croissance : arrivé en tête dans la plupart des communes de la quasi-totalité des départements, il se voit massivement représenté au Palais-Bourbon le 7 juillet et pourquoi pas chargé de former un gouvernement de cohabitation. Alors… alléluia ? Le redressement intellectuel et moral de la France, son redressement spirituel même seraient-ils en vue ? L’espoir humain est-il permis ? Et l’espérance, alors, qui est d’ordre surnaturel ?

Pauline Mille nous dit par ailleurs les risques et les écueils d’une situation préparée, voire organisée par ce « maître d’échecs » autant que des horloges qu’est Emmanuel Macron. Ce promoteur inlassable de la culture de mort – qui a fait « constitutionnaliser » l’avortement, qui a participé au démantèlement de la politique familiale, qui a fait piétiner les libertés au moment de la crise du covid ; qui soutient, aussi, les « droits LGBT », pensez à la PMA pour les lesbiennes légalisée en 2021 et au bouleversement de la filiation consécutif à la révision des lois bioéthiques ; qui manque de peu la réalisation de son vœu urgent de faire légaliser l’euthanasie – n’attend sans doute pas de changement sur ce front-là.

 

La dissolution de l’Assemblée ne la rendra pas forcément meilleure


Emmanuel Macron n’a pas pris toutes ces décisions délétères seul : il les a encouragées, il y a présidé, il les a entérinées par sa signature. Le Parlement a participé à la funeste aventure. Et l’Assemblée nationale au premier chef, souvent grâce à l’indifférence voire à la complicité du Rassemblement national dont la « dédiabolisation » est sous ce rapport une contradiction dans les termes, puisqu’il ne s’est pas dressé contre les succès d’une politique proprement infernale, en ce qu’elle rejette frontalement la loi de Dieu.

La France sera-t-elle sauvée par le changement espéré le 7 juillet prochain ? Il en faudra plus, certainement, qu’une nouvelle majorité qui marquera un possible réaménagement des lignes au sein de l’hémicycle, mais pas l’avènement d’une ligne radicalement contre-révolutionnaire. Cet espoir-là ne nous est pas permis, puisqu’il n’a pas été rempli depuis le vote de 2022, ne serait-ce qu’en raison du manque de combativité collective de ceux que l’on désigne comme « l’extrême-droite ». Le discours du RN a d’ailleurs bien souvent des relents socialistes.

La seule consolation en l’état est le coup de frein brutal mis au débat sur la « fin de vie » ; c’est un répit, peut-être même une occasion de se ressaisir… Car contrairement à l’espoir, généralement compris comme un sentiment aux fondements très humains, l’espérance repose sur le roc inébranlable de la certitude du rôle de Dieu dans l’histoire, Lui qui en est le véritable maître et qui promet à l’homme le triomphe final du Bien. Oui, mais quand, Seigneur…

 

L’espoir de la France passe aussi par l’œuvre des hommes


Sans doute, quand la maison brûle, l’urgence est-elle d’éteindre l’incendie. Aucun pompier n’est alors de trop. Aujourd’hui la lutte contre de grands maux que les partis dits d’« extrême-droite » veulent combattre, la politique d’immigration et sa sœur jumelle, la destruction des souverainetés nationales, les deux passant (notamment) par le truchement de l’Union européenne, est en effet une nécessité – d’aucuns parleront de « politique d’abord ».

Mais il reste que Dieu n’est pas propice à ce et à ceux qui Le rejettent, qui négligent sa loi, qui moquent sa volonté. La France, fille aînée de l’Eglise, a à cet égard des devoirs particuliers, une responsabilité venue des grâces insignes qu’elle reçut avec l’eau qui coula sur son front de première nation baptisée. Comme les « recommençants » retrouvant le chemin de la pratique religieuse, il lui faudra bien retrouver le Christ-Roi – c’est-à-dire la juste hiérarchie des pouvoirs et des devoirs – dans une conversion, une renonciation à l’apostasie collective.

A l’heure où la France est prise dans une gangue de peurs qui lui sont infligées pour mieux la soumettre – Emmanuel Macron les a brandies dimanche soir lors de son insolite « adresse aux Français » post-électorale, évoquant les « dangers extérieurs » (comme la guerre en Ukraine) et le « dérèglement climatique » qui sert de prétexte à tant de contraintes néfastes – il faut sans doute se battre politiquement, mais sans oublier ce combat spirituel qui concerne assurément aussi les nations.

 

Rendre l’espérance à la France, une œuvre spirituelle


La Vierge de Fatima avait averti en 1917 que la Russie répandrait ses erreurs à travers le monde faute de consacrer celle-ci à son Cœur Immaculé ; Jésus dit par la suite à sœur Lucie, qui rapporta cela dans une lettre de 1936, que ce serait fait par le Saint-Père, mais « bien tard ». Ces erreurs, comment ne pas y voir l’apostasie généralisée et, au-delà des révolutions communistes visibles, le « marxisme culturel » si visiblement à l’œuvre dans le monde entier ?

Au fond, quel espoir entretenir quand on ne met pas en œuvre les exigences de la véritable espérance, conditionnée par la foi ? C’est l’intuition de l’invocation du P. Emmanuel du Mesnil-Saint-Loup : « Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous. » Il faut se tourner vers Dieu – il faut la grâce d’une conversion à Dieu – pour que l’espérance soit possible, pour qu’elle nous remplisse, pour croire aux heureuses issues que Dieu-même promet sans l’ombre d’un doute. Depuis le salut éternel des âmes rachetées jusqu’au triomphe du Cœur Immaculé de Marie.

 

Marie, espérance des patries charnelles


Marie, cette mère qui prend soin aussi des patries charnelles et de nos besoins d’ici-bas… Marie qui disait à Guadalupe à son petit « Juan Diegotzin », interpellé comme un petit enfant chéri : « Mets bien ceci dans ton cœur : ce qui t’afflige, ce qui t’effraye n’est rien. Que ton visage ne se trouble aucunement, non plus que ton cœur. Ne crains pas cette maladie ni aucune autre épreuve, n’aie nulle angoisse, nulle peine. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta mère ? N’es-tu pas sous mon ombre, sous ma protection ? N’est-ce pas moi qui suis ta santé ? N’es-tu pas au creux de mon manteau, dans mon giron ? Que te faut-il de plus ? »

 

Confiance et docilité à la volonté divine sont les ressorts de cette espérance ; on peut dire que les politiques français n’en prennent pas le chemin et les paroles du Christ à sœur Lucie de Fatima, au printemps de 1931, l’illustrent hélas de manière saisissante. Il parlait du refus de Pie XI de consacrer la Russie, de la négligence des fidèles à pratiquer la dévotion de la communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois : « Fais savoir à mes Ministres (le Pape et les Evêques ndlr), étant donné qu’ils suivent l’exemple du Roi de France en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. »

Il n’est jamais trop tard dans ce bas monde pour se retourner vers Dieu. « Aux armes, citoyens ! », dit la Révolution. Vos armes sont vos chapelets, dit Notre Dame de Fatima aux sujets bien-aimés du Roi du Ciel et de l’Univers que nous sommes. Et Il peut tout utiliser, même une élection anticipée ou un changement de gouvernement, pour que son règne arrive.

 

Jeanne Smits sur RITV

 

 

 

 

AYMERIC POURBAIX - LA FRANCE CATHOLIQUE

 

8/06/24

 

La France est décidément un pays étrange. En 1873, moins d’un siècle après la Révolution où l’Église a failli être balayée, l’Assemblée nationale vote une loi d’utilité publique pour construire un sanctuaire, afin d’obtenir « l’infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ », et faire « cesser les malheurs de la France » après la défaite de 1870 (texte du Vœu national).

Le 31 mai 1940, à la veille de la guerre contre l’Allemagne, du haut de cette même basilique de Montmartre, la France est consacrée au Sacré-Cœur en présence du gouvernement, et c’est le général de Castelnau, fondateur de La France Catholique, qui prononce le discours.

 

Blessure et désamour

Alors que les électeurs des 27 pays européens s’apprêtent à élire leurs représentants au Parlement de Strasbourg, c’est dire combien la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus a partie liée avec l’histoire, non seulement religieuse, mais aussi politique.

 

Pour beaucoup, le refus d’inscrire les racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de la Constitution européenne, en 2004 – à l’instigation de Jacques Chirac –, reste une blessure et a révélé un désamour vis-à-vis du projet européen. Robert Schuman, un des pères de l’Europe, avait pourtant prévenu : « Il […] est impossible d’accepter que l’État ignore systématiquement le fait religieux, qu’il lui oppose un parti pris qui frise l’hostilité ou le mépris. » Non seulement par principe, mais également par réalisme politique, de par « l’extraordinaire efficacité de l’inspiration religieuse (…) contre les forces de la désagrégation sociale ».

 

Aujourd’hui, qui ne constate l’inquiétante progression de cette désagrégation, en France et en Europe, que révèle notamment l’importation du conflit israélo-palestinien sur notre sol ? À cet égard, le témoignage du maire de Montfermeil est édifiant par son courage et son constat de la paix, relative, apportée à sa commune qu’il a consacrée au Sacré-Cœur.

 

À l’autre bout du monde, au Salvador, pays consacré au Sacré-Cœur en 2006 après avoir été la proie des gangs et de la guerre civile, aucune législation ne vient attenter à la loi naturelle, au début comme à la fin de la vie… Cette paix civile, toujours fragile, est un des fruits visibles de la nécessité pour des communautés, des villes, et des pays de se placer sous la protection de ce divin Cœur.

C’est pourquoi, en définitive, le meilleur programme politique n’est pas celui des partis, qui promettent monts et merveilles sans aucune certitude de pouvoir tenir leurs promesses. Mais bien plutôt celui du Christ, qui en apparence n’est pas le plus enthousiasmant, car il passe par la Croix : « Ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront » (Mc 10, 33-34). Sauf que trois jours plus tard, la Résurrection constitue la plus éclatante des victoires !

 

À sa suite, Jeanne d’Arc, dont on prépare le sixième centenaire, peut être appelée la sainte de l’espérance politique, la vraie, celle qui n’inverse pas la hiérarchie entre Dieu et César et assure la Royauté du Christ. Jeanne aussi est passée par la croix, avant d’être réhabilitée, canonisée et nommée patronne secondaire de la France, pour avoir suivi une loi intangible : « Messire Dieu premier servi ! »

 

 

 

 

 

 

1er juin 2024

C’est une réflexion qui nous vient d’Argentine, et qui interpelle directement les Français, écrit en Français sur le blog du vaticaniste italien Marco Tosatti et reproduit par Benoit et Moi.
L’auteur, Bernardino Montejano est professeur de philosophie du droit à l’université catholique pontificale Santa Maria de Buenos Aires.


Après quelques considérations peu amènes sur Emmanuel Macron qui pour lui est “la pire chose pour la France, peut-être une punition divine pour l’infidélité d’une nation, autrefois connue comme “la fille aînée de l’Eglise””. Et de rappeler en parallèle que notre président, le 23 novembre 2023, lors de sa visite au Grand Orient de France, a prononcé une ode à la franc-maçonnerie, « fille aînée des Lumières », dont l’œuvre apporte « une parole de raison, porteuse de progrès dans une époque d’irrationalité ».

Quel rapport avec St Louis ? Bien sûr, vous devinez la réponse !
L’auteur met ici en balance la politique du président Français avec celle de St Louis qui a suivi scrupuleusement les conseils testamentaires de sa mère Blanche de Castille.

 

Voici ce magnifique texte qui a traversé les siècles sans la moindre ride :

 

« Mon très cher fils, la première chose que je veux t’apprendre, c’est d’aimer Dieu de tout ton cœur : sans cela, personne ne peut être sauvé.
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Garde-toi de faire quoi que ce soit qui déplaise à Dieu, c’est-à-dire le péché mortel. Au contraire, tu dois être prêt à souffrir toutes sortes de martyres avant de commettre un péché mortel.
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Si Dieu t’envoie des adversités, supporte-les avec patience et remercie Dieu. Pense que tu l’as mérité et que tout sera pour ton bien.
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S’il t’accorde la prospérité, tu dois l’en remercier humblement, et prendre garde à ce que ce ne soit pas à ton détriment, par vaine gloire ou pour toute autre raison ; car c’est un très grand péché de guerroyer Notre Seigneur de ses dons.
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Confesse-toi souvent et choisis un confesseur sage qui saura t’enseigner ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Avec le confesseur et tes conseillers, comporte-toi de telle sorte qu’ils soient encouragés à corriger tes fautes.
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Assiste volontiers et avec dévotion au service de la sainte Église, en particulier à la messe.
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Aie le cœur doux et compatissant pour les pauvres, les malheureux et les affligés ; aide-les et réconforte-les selon tes capacités.
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Garde les bonnes coutumes du royaume et lutte contre les mauvaises. Ne convoite pas ton peuple et garde-toi d’impôts excessifs.
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Si ton cœur est troublé, confie-toi à ton confesseur ou à un sage et tu seras soulagé.
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Recherche des compagnons prudents et loyaux, religieux ou laïcs, et évite les mauvaises fréquentations.
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Écoute volontiers la parole de Dieu et garde-la dans votre cœur. Demande des prières et des indulgences. Aime ce qui est utile et bon, déteste le mal, où qu’il se trouve. Ne permets pas que l’on prononce en ta présence des paroles dissolues, des calomnies ou des blasphèmes.
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Rends grâce à Dieu pour tous ses bienfaits, et tu seras ainsi digne d’en recevoir de plus grands.
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A l’égard de tes sujets, agis en toute droiture et justice, sans te tourner ni à droite ni à gauche.
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Sois toujours plus du côté des pauvres que de celui des riches, jusqu’à ce que tu saches quel est le bon côté.
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Veille avec la plus grande diligence à ce que tous vivent dans la paix et la justice.
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Honore et aime tous les membres de la Sainte Église, et ne regarde pas leurs fautes. Accorde les bénéfices ecclésiastiques à des personnes honnêtes et capables.
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Honore et révère ton père et ta mère, et suis leurs conseils.
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Tâche d’éviter toute guerre ; et si tu es obligé de faire la guerre, réduis-en les dommages autant que possible. S’il y a des querelles ou des guerres entre tes vassaux, éteins-les le plus tôt possible.
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Veille à avoir de bons magistrats, contrôle-les souvent, et contrôle aussi le personnel de votre palais. Vois s’ils sont tentés par la corruption, le mensonge ou la fraude. Ajuste les dépenses de ton palais pour qu’elles ne dépassent pas le raisonnable.
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Bannis de ton royaume toute méchanceté, tout parjure et toute hérésie…. ».

Adapté de :     https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2024/05/30/de-saint-louis-a-macron/