Le blog du Temps de l'Immaculée.

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23 déc. - Temps de l'Avent : Méditation de St Ch. de Foucauld

23/12/2024

23 déc. - Temps de l'Avent : Méditation de St Ch. de Foucauld

O Emmanuel

23/12/2024

O Emmanuel

O Emmanuel ! Roi de Paix ! Vous entrez aujourd’hui dans JĂ©rusalem, la ville de votre choix ; car c’est lĂ  que vous avez votre Temple. BientĂŽt vous y aurez votre Croix et votre SĂ©pulcre ; et le jour viendra oĂč vous Ă©tablirez auprĂšs d’elle votre redoutable tribunal. Maintenant, vous pĂ©nĂ©trez sans bruit et sans Ă©clat dans cette ville de David et de Salomon. Elle n’est que le lieu de votre passage, pour vous rendre Ă  BethlĂ©hem. Toutefois, Marie votre mĂšre, et Joseph son Ă©poux, ne la traversent pas sans monter au Temple, pour y rendre au Seigneur leurs vƓux et leurs hommages : et alors s’accomplit, pour la premiĂšre fois, l’oracle du ProphĂšte AggĂ©e qui avait annoncĂ© que la gloire du second Temple serait plus grande que celle du premier. Ce Temple, en effet, se trouve en ce moment possĂ©der une Arche d’Alliance bien autrement prĂ©cieuse que celle de MoĂŻse, mais surtout incomparable Ă  tout autre sanctuaire qu’au ciel mĂȘme, parla dignitĂ© de Celui qu’elle contient. C’est le LĂ©gislateur lui-mĂȘme qui est ici, et non plus simplement la table de pierre sur laquelle la Loi est gravĂ©e. Mais bientĂŽt l’Arche vivante du Seigneur descend les degrĂ©s du Temple, et se dispose Ă  partir pour BethlĂ©hem, oĂč l’appellent d’autres oracles. Nous adorons, ĂŽ Emmanuel ! Tous vos pas Ă  travers ce monde, et nous admirons avec quelle fidĂ©litĂ© vous observez ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit de vous, afin que rien ne manque aux caractĂšres dont vous devez ĂȘtre douĂ©, ĂŽ Messie, pour ĂȘtre reconnu par votre peuple. Mais souvenez-vous que l’heure est prĂšs de sonner, que toutes choses se prĂ©parent pour votre NativitĂ©, et venez nous sauver ; venez, afin d’ĂȘtre appelĂ© non plus seulement Emmanuel, mais JĂ©sus, c’est-Ă -dire Sauveur.

 

O Jérusalem ! ville du grand Dieu, lÚve les yeux autour de toi, et regarde ton Seigneur ; car il va bientÎt venir te délivrer de tes liens.

Henri d’Anselme, «le hĂ©ros au sac Ă  dos» : «Pourquoi on vit une grave crise politique ? »

22/12/2024

Henri d’Anselme, «le hĂ©ros au sac Ă  dos» : «Pourquoi on vit une grave crise politique ? »

O Rex Gentium

22/12/2024

O Rex Gentium

O Roi des nations ! Vous approchez toujours plus de cette BethlĂ©hem oĂč vous devez naĂźtre. Le voyage tire Ă  son terme, et votre auguste MĂšre, qu’un si doux fardeau console et fortifie, va sans cesse conversant avec vous par le chemin. Elle adore votre divine majestĂ©, elle remercie votre misĂ©ricorde ; elle se rĂ©jouit d’avoir Ă©tĂ© choisie pour le sublime ministĂšre de servir de MĂšre Ă  un Dieu. Elle dĂ©sire et elle apprĂ©hende tout Ă  la fois le moment oĂč enfin ses yeux vous contempleront. Comment pourra-t-elle vous rendre les services dignes de votre souveraine grandeur, elle qui s’estime la derniĂšre des crĂ©atures ? Comment osera-t-elle vous Ă©lever dans ses bras, vous presser contre son cƓur, vous allaiter Ă  son sein mortel ?

Et pourtant, quand elle vient Ă  songer que l’heure approche oĂč, sans cesser d’ĂȘtre son fils, vous sortirez d’elle et rĂ©clamerez tous les soins de sa tendresse, son cƓur dĂ©faille et l’amour maternel se confondant avec l’amour qu’elle a pour son Dieu, elle est au moment d’expirer dans cette lutte trop inĂ©gale de la faible nature humaine contre les plus fortes et les plus puissantes de toutes les affections rĂ©unies dans un mĂȘme cƓur. Mais vous la soutenez, ĂŽ DĂ©sirĂ© des nations !

Car vous voulez qu’elle arrive Ă  ce terme bienheureux qui doit donner Ă  la terre son Sauveur, et aux hommes la Pierre angulaire qui les rĂ©unira dans une seule famille. Soyez bĂ©ni dans les merveilles de votre puissance et de votre bontĂ©, ĂŽ divin Roi ! et venez bientĂŽt nous sauver, vous souvenant que l’homme vous est cher, puisque vous l’avez pĂ©tri de vos mains. Oh ! Venez, car votre Ɠuvre est dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e ; elle est tombĂ©e dans la perdition ; la mort l’a envahie : reprenez-la dans vos mains puissantes, refaites-la ; sauvez-la ; car vous l’aimez toujours, et vous ne rougissez pas de votre ouvrage.

O Oriens

21/12/2024

O Oriens

Divin Soleil, ĂŽ JĂ©sus ! Vous venez nous arracher Ă  la nuit Ă©ternelle : soyez Ă  jamais bĂ©ni ! Mais combien vous exercez notre foi, avant de luire Ă  nos yeux dans toute votre splendeur ! Combien vous aimez Ă  voiler vos rayons, jusqu’à l’instant marquĂ© par votre PĂšre cĂ©leste, oĂč vous devez Ă©panouir tous vos feux ! Voici que vous traversez la JudĂ©e ; vous approchez de JĂ©rusalem ; le voyage de Marie et de Joseph tire Ă  son terme. Sur le chemin, vous rencontrez une multitude d’hommes qui marchent en toutes les directions, et qui se rendent chacun dans sa ville d’origine, pour satisfaire Ă  l’Édit du dĂ©nombrement. De tous ces hommes, aucun ne vous a soupçonnĂ© si prĂšs de lui, ĂŽ divin Orient ! Marie, votre MĂšre, est estimĂ©e par eux une femme vulgaire ; tout au plus, s’ils remarquent la majestĂ© et l’incomparable modestie de cette auguste Reine, sentiront-ils vaguement le contraste frappant entre une si souveraine dignitĂ© et une condition si humble ; encore ont-ils bientĂŽt oubliĂ© cette heureuse rencontre. S’ils voient avec tant d’indiffĂ©rence la mĂšre, le fils non encore enfantĂ© Ă  la lumiĂšre visible, lui donneront-ils une pensĂ©e ? Et cependant ce fils, c’est vous-mĂȘme, ĂŽ Soleil de justice ! Augmentez en nous la Foi, mais accroissez aussi l’amour. Si ces hommes vous aimaient, ĂŽ libĂ©rateur du genre humain, vous vous feriez sentir Ă  eux ; leurs yeux ne vous verraient pas encore, mais du moins leur cƓur serait ardent dans leur poitrine, ils vous dĂ©sireraient, et ils hĂąteraient votre arrivĂ©e par leurs vƓux et leurs soupirs. O JĂ©sus qui traversez ainsi ce monde que vous avez fait, et qui ne forcez point l’hommage de vos crĂ©atures, nous voulons vous accompagner dans le restĂ© de votre voyage ; nous baisons sur la terre les traces bĂ©nies des pas de celle qui vous porte en son sein ; nous ne voulons point vous quitter jusqu’à ce que nous soyons arrivĂ©s avec vous Ă  l’heureuse BethlĂ©hem, Ă  cette Maison du Pain, oĂč enfin nos yeux vous verront, ĂŽ Splendeur Ă©ternelle, notre Seigneur et notre Dieu !

21 déc. Méditation de St Ch. de Foucauld

21/12/2024

21 déc.  Méditation de St Ch. de Foucauld

20 dĂ©c. MĂ©ditation de l’Avent de St Ch. de Foucauld

20/12/2024

20 dĂ©c.  MĂ©ditation de l’Avent de St Ch. de Foucauld

O Clavis David

20/12/2024

O Clavis David

O Fils de David, hĂ©ritier de son trĂŽne et de sa puissance, vous parcourez, dans votre marche triomphale, une terre soumise autrefois Ă  votre aĂŻeul, aujourd’hui asservie par les Gentils. Vous reconnaissez de toutes parts, sur la route, tant de lieux tĂ©moins des merveilles de la justice et de la misĂ©ricorde de JĂ©hovah votre PĂšre envers son peuple, au temps de cette ancienne Alliance qui tire Ă  sa fin. BientĂŽt, le nuage virginal qui vous couvre Ă©tant ĂŽtĂ©, vous entreprendrez de nouveaux voyages sur cette mĂȘme terre ; vous y passerez en faisant le bien, et guĂ©rissant toute langueur et toute infirmitĂ©, et cependant n’ayant pas oĂč reposer votre tĂȘte. Du moins, aujourd’hui, le sein maternel vous offre encore un asile doux et tranquille, oĂč vous ne recevez que les tĂ©moignages de l’amour le plus tendre et le plus respectueux. Mais, ĂŽ Seigneur ! il vous faut sortir de cette heureuse retraite ; il vous faut, LumiĂšre Ă©ternelle, luire au milieu des tĂ©nĂšbres ; car le captif que vous ĂȘtes venu dĂ©livrer languit dans sa prison. Il s’est assis dans l’ombre de la mort, et il y va pĂ©rir, si vous ne venez promptement en ouvrir les portes avec votre Clef toute-puissante ! Ce captif, ĂŽ JĂ©sus, c’est le genre humain, esclave de ses erreurs et de ses vices : venez briser le joug qui l’accable et le dĂ©grade ; ce captif, c’est notre cƓur trop souvent asservi Ă  des penchants qu’il dĂ©savoue : venez, ĂŽ divin LibĂ©rateur, affranchir tout ce que vous avez daignĂ© faire libre par votre grĂące, et relever en nous la dignitĂ© de vos frĂšres.

Alexandre Ogorodnikov et le culte de la communion des saints

19/12/2024

Alexandre Ogorodnikov et le culte de la communion des saints

Te souviens-tu de ce rude pĂšlerinage en solitaire Ă  Chartres (1) :

 

« Dans tes intentions de priĂšre revenait sans cesse le sort de ce “dissident” russe chrĂ©tien dont tu avais lu rĂ©cemment les conditions atroces de dĂ©tention au goulag. À travers lui, tu pensais Ă  tous les martyrs du monstrueux communisme. Que valait ta peine et tes douleurs du moment par rapport Ă  leurs souffrances indĂ©finies ? C’est pour lui et pour eux notamment que tu offrais Ă  Dieu ce petit sacrifice d’une nuit. »

 

Ce dissident s’appelait Alexandre Ogorodnikov. Il fut enfermĂ© dans les camps de concentration de l’archipel du goulag pendant neuf ans, jusqu’en fĂ©vrier 1987. Il fut libĂ©rĂ© grĂące Ă  une intervention de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher auprĂšs de Gorbatchev. De mĂ©moire, c’est juste l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente que tu avais fait ce raid. Peut-ĂȘtre ton sacrifice avait-il Ă©tĂ© une goutte d’eau dans un ocĂ©an souterrain de priĂšres permettant sa libĂ©ration ? Mais dans ce mystĂšre possible de la communion des saints, il y a peut-ĂȘtre aussi davantage encore.

Bien des annĂ©es aprĂšs, tu dĂ©couvrais avec Ă©motion la figure peu commune de celui pour qui tu avais marchĂ©. C’était dans le livre de Rod Dreher : RĂ©sister au mensonge, vivre en chrĂ©tiens dissidents (ArtĂšge, 2021). Explication. Autrefois leader respectĂ© des jeunesses soviĂ©tiques, dĂ©sabusĂ© par le communisme, Alexandre Ogorodnikov se convertit Ă  l’orthodoxie chrĂ©tienne et fonde un sĂ©minaire chrĂ©tien clandestin : « Ces sĂ©minaires Ă©taient comme un feu de joie oĂč venaient se rĂ©chauffer les cƓurs orthodoxes gelĂ©s. » il ne tardera pas Ă  ĂȘtre emprisonnĂ© jusque dans le camp de la mort “Perm 36”. Il raconte Ă  Dreher qui l’a rencontrĂ© Ă  Moscou :

 

« Quand on m’a mis dans ma cellule, j’ai saluĂ© les autres en leur disant : “La paix soit avec vous !” L’un d’eux m’a demandĂ© si j’étais chrĂ©tien, Ă  quoi j’ai rĂ©pondu oui. Il m’a demandĂ© de le prouver. Un autre dĂ©tenu Ă  renchĂ©ri : “Nous sommes la lie de l’humanitĂ©. Nous n’avons pas de cigarettes. Si Dieu nous en donne, nous voudrons bien croire en lui.” »

 

Ogorodnokov rĂ©pond que le corps est le temple de l’Esprit et que fumer fait du tort, mais que Dieu les aimait tellement que, d’aprĂšs lui, Il serait prĂȘt Ă  leur accorder des cigarettes en signe de sa misĂ©ricorde. Et il leur demande de se lever pour prier ensemble. Ses codĂ©tenus ont ri d’abord, mais ils se sont tus respectueusement lorsqu’il a entamĂ© sa priĂšre.

 

« Nous Ă©tions trĂšs nombreux dans cette cellule, mais le silence est alors tombĂ©. Nous avons priĂ© pendant quinze minutes, puis je leur ai dit que la priĂšre Ă©tait terminĂ©e et qu’ils pouvaient se rasseoir. À ce moment prĂ©cis, les gardes ont ouvert la porte de la cellule et y ont jetĂ© un paquet de cigarettes (
). C’était le signe pour lequel j’avais priĂ©. Les prisonniers se sont mis Ă  crier : “ Dieu existe ! Il existe !” Et c’est Ă  ce moment-lĂ  que j’ai compris que Dieu s’adressait Ă  moi aussi. Il me disait qu’il avait une mission pour moi dans cette prison. »

 

De fait, bien qu’elles ne l’aient pas condamnĂ© Ă  mort mais ĂŽ combien brisĂ©, frappĂ© et torturĂ© (il en a gardĂ© une paralysie partielle du visage), les autoritĂ©s pĂ©nitentiaires dĂ©cident de lui donner une leçon en le plaçant dans le couloir de la mort :

 

« Quand je suis entrĂ© dans la cellule, j’ai regardĂ© ceux qui Ă©taient lĂ  et leur ai dit : “Écoutez-moi, mes frĂšres, j’ai Ă©tĂ© envoyĂ© ici pour vous aider Ă  aller Ă  la rencontre de la mort, non comme des criminels, mais comme des hommes dotĂ©s d’une Ăąme qui s’en vont rencontrer leur crĂ©ateur, Dieu le PĂšre.” Comme les exĂ©cutions par fusillade avaient lieu tĂŽt le matin, nombre de prisonniers ne trouvaient pas le sommeil. Ils attendaient qu’on frappe Ă  la porte pour voir qui serait appelĂ©. Impossible de fermer l’Ɠil, Ă©videmment. Je ne dormais pas non plus. Je tĂąchais de les aider Ă  transformer cette nuit de terreur en nuit d’espĂ©rance. »

 

Face Ă  ces criminels endurcis, le jeune Alexandre (qui n’a pas trente ans) leur dit que, bien qu’il ne soit pas prĂȘtre, il est disposĂ© Ă  entendre leur confession. Il ne pourra les absoudre, mais quand il mourra lui-mĂȘme et se retrouvera devant le Seigneur, il pourra tĂ©moigner de leur repentir : « Je leur disais que Dieu est misĂ©ricordieux, et que le seul fait de reconnaĂźtre leurs fautes et de renoncer au pĂ©chĂ© les laverait et les purifierait. Ils finiraient tous par ĂȘtre fusillĂ©s tĂŽt ou tard ; au moins mourraient-ils la conscience tranquille. »

 

Mais comme le confinement avec les condamnĂ©s Ă  mort n’a donc toujours pas conduit Ogorodnikov au repentir de son opposition Ă  l’athĂ©isme de l’État soviĂ©tique, le systĂšme carcĂ©ral le met alors Ă  l’isolement :

 

« Une nuit que j’étais seul dans la petite piĂšce, j’ai trĂšs clairement senti quelqu’un me rĂ©veiller, doucement mais fermement. Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai reçu une vision d’une grande clartĂ©. Je pouvais voir le couloir de la prison. Je pouvais voir un homme Ă  qui l’on retirait ses chaĂźnes, et bien que je ne l’aie vu que de derriĂšre, je savais exactement de qui il s’agissait. Je compris que Dieu avait envoyĂ© un ange pour me rĂ©veiller afin que je puisse accompagner cet homme par la priĂšre alors qu’on l’emmenait au peloton d’exĂ©cution. “Qui suis-je pour que tu me montres cela ?” ai-je demandĂ© Ă  Dieu. Puis je sus que je voyais toute l’étendue de l’amour de Dieu. Que nos priĂšres et les miennes et celles de ce prisonnier, avaient Ă©tĂ© entendues, et qu’il Ă©tait pardonnĂ©. J’étais en larmes. Je me suis rĂ©veillĂ© plusieurs fois de la sorte, pas pour tous les prisonniers, mais pour un certain nombre d’entre eux. »

 

Une connexion mystérieuse

 

C’est dans une autre prison, oĂč il est aussi seul, qu’Alexandre comprendra pourquoi le visage des condamnĂ©s ne lui Ă©tait jamais montrĂ©. Une nuit le vieux garde entre dans sa cellule, l’air visiblement agitĂ©, dĂ©lirant : « Ils viennent la nuit », lui dit-il. Ogorodnikov l’encourage Ă  se confier. Et voici ce que lui rĂ©vĂšle son geĂŽlier :

 

« Quand j’étais plus jeune et que je travaillais dans une autre prison, nous avons sorti une vingtaine ou une trentaine de prĂȘtres de leur cellule et nous les avons rassemblĂ©s Ă  l’extĂ©rieur. Nous les avons attelĂ©s Ă  un traĂźneau, et ils ont dĂ» le tirer jusque dans la forĂȘt. Toute la journĂ©e ils ont couru, jusqu’à atteindre des marais. LĂ , ils ont Ă©tĂ© placĂ©s en deux rangĂ©es, l’une derriĂšre l’autre. Nous formions un pĂ©rimĂštre autour des prisonniers. J’étais l’un des gardes. Un des membres du KGB s’est approchĂ© du premier prĂȘtre et lui a demandĂ© trĂšs calmement d’une voix douce : “Y a-t-il un Dieu ?” Le prĂȘtre a dit oui. Il lui a tirĂ© une balle dans le front de sorte que sa cervelle Ă©clabousse le prĂȘtre qui se tenait juste derriĂšre. Il a patiemment chargĂ© son pistolet, s’est placĂ© devant le prĂȘtre suivant et a demandĂ© : “Dieu existe-t-il ?”– “Oui il existe.” Et l’homme l’a abattu de la mĂȘme maniĂšre que le premier. Nous ne leur avons pas bandĂ© les yeux. Ils ont vu exactement ce qui allait leur arriver. »

 

Devant Rod Dreher, Alexandre Ogorodnokov (alors septuagĂ©naire) a du mal Ă  refouler ses larmes en racontant cet ancien tĂ©moignage. D’une voix brisĂ©e par l’émotion, il conclut en martelant : « Aucun de ces prĂȘtres n’a reniĂ© le Christ ! » Les nuits du vieux gardien Ă©taient hantĂ©es par le souvenir de ces visages de prĂȘtres. Voici pourquoi, selon Alexandre, ses visions mystiques ne lui montraient pas la face des condamnĂ©s : l’horreur l’aurait fait sombrer dans l’obsession lui aussi ! Sa mission, son ministĂšre consistaient, avec la grĂące de Dieu, Ă  accompagner spirituellement dans leur dos de pauvres Ăąmes au paradis comme un discret ange gardien, une bouĂ©e de sauvetage.

 

Splendeur de la communion des saints : ce « marchĂ© » fraternel et solidaire d’échange spirituel gratuit, fondĂ© sur la rĂ©versibilitĂ© des mĂ©rites! Bouleversant la communautĂ© humaine du pĂ©chĂ© originel. Nous sommes tous redevables quelque part de l’acte de charitĂ©, jamais perdu ni perdant, d’un prochain ou lointain, inconnu ou connu, vivant ou dĂ©funt, dans l’ « Ă©conomie » collective du salut. « On ne se sauve pas tout seul. Nul ne retourne seul Ă  la maison du PĂšre. L’un donne la main Ă  l’autre. Le pĂ©cheur tient la main du saint et le saint tient la main de JĂ©sus » (PĂ©guy). C’est aussi ce qu’on appelle le « nexus mysteriorum », ce lien intime des mystĂšres qui signifie que les mystĂšres sont connectĂ©s entre eux comme les baptisĂ©s dans le Corps mystique du Christ, comme l’Eglise militante (sur terre) l’est Ă  l’Église souffrante (au Purgatoire) et triomphante (au Ciel) dans une circulation de sĂšve surnaturelle.

 

AprĂšs sa libĂ©ration, Ogorodnokov a continuĂ© de lutter pour la libertĂ© religieuse en Union soviĂ©tique (qui est devenue un fait en 1990). Il a fondĂ© le premier parti dĂ©mocrate chrĂ©tien, la premiĂšre Ă©cole libre, la premiĂšre soupe populaire pour les pauvres et le premier refuge privĂ© pour orphelins et mĂšres adolescentes. Mais le prix Ă  payer de cet apostolat en URSS fut aussi l’assassinat d’un certain nombre de ses associĂ©s, y compris son frĂšre et son secrĂ©taire. Lui-mĂȘme a survĂ©cu Ă  une tentative d’assassinat. Un film-documentaire et un livre ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur sa vie (Dissident pour la vie par KƓnraad De Wolf). Quand Rod Dreher l’a rencontrĂ© Ă  Moscou il y a quelques annĂ©es, il continuait d’agir pour les autres selon sa foi chrĂ©tienne. ImpressionnĂ© par sa stature de dissident de la fin de l’ùre soviĂ©tique, comparable Ă  celle de SoljĂ©nitsyne auparavant, Dreher commente :

 

« Quand nous agissons, soit en acceptant notre propre souffrance, soit en partageant celle des autres, nous devons la laisser agir en nous et nous transformer comme elle a transformĂ© les martyrs du communisme. Elle peut nous rendre amers, attiser la colĂšre ou l’esprit de vengeance, ou elle peut ĂȘtre semblable au feu du fondeur (Ma 3, 2), comme elle le fut pour SoljĂ©nitsyne et Calciu, pour KrcmĂ©ry, Ogorodnikov et tant d’autres, purifiant notre amour pour Dieu et pour l’humanitĂ© souffrante
 »

 

Oui, de part et d’autre de l’an 2000 (du 20Ăšme au 21Ăšme siĂšcle), il y a bien – face au double totalitarisme de la raison sourde au divin (athĂ©isme) et de la religion sourde Ă  la raison (islamisme) – un ƓcumĂ©nisme du sang des martyrs chrĂ©tiens, comme l’affirmait saint Jean-Paul II. Et aussi un ƓcumĂ©nisme de la communion des saints qui franchit sans problĂšme les frontiĂšres. Entre ton petit pĂšlerinage de deux jours Ă  Chartres et l’immense parcours et offrande d’Alexandre Ogorodnikov, on ne peut savoir quel retentissement invisible, quel « effet papillon » surnaturel, ont nos gestes et nos priĂšres, nos jeĂ»nes et nos sacrifices dans l’immense toile spirituelle et palpitante de tous les orants de l’Église militante, souffrante et triomphante. Mais, mĂȘme si cela reste un prodigieux et profond mystĂšre, nous avons ici comme une illustration possible et sensible de ce dogme de la communion des saints (et des pĂ©cheurs). Par lequel nos bonnes actions offertes dans telle intention peuvent rĂ©sonner solidairement sur les Ăąmes souffrantes de la planĂšte ou du Purgatoire, en union avec les mĂ©rites de l’unique sacrifice du Christ, de Marie et de tous les saints. N’hĂ©sitons pas Ă  souffrir joyeusement par amour du prochain et de Dieu, pour notre conversion, celle des pauvres pĂ©cheurs, la compassion et le soutien des Ăąmes qui en ont besoin : « aimer jusqu’à en avoir mal », comme dit MĂšre Teresa, Ă  l’humble imitation de notre Seigneur et FrĂšre JĂ©sus-Christ.

 

Hermine (Rémi Fontaine)

 

(1) « Quelles choses font la joie (scoute) parfaite » dans Parole de Scout, éditions Sainte-Madeleine, 2007, p. 138.

19 dĂ©c. : MĂ©ditation de l’Avent de St Ch. de Foucauld

19/12/2024

19 dĂ©c. : MĂ©ditation de l’Avent de St Ch. de Foucauld

O Radix Jesse

19/12/2024

O Radix Jesse

Vous voici donc en marche, ĂŽ Fils de JessĂ©, vers la ville de vos aĂŻeux. L’Arche du Seigneur s’est levĂ©e et s’avance, avec le Seigneur qui est en elle, vers le lieu de son repos. « Qu’ils sont beaux vos pas, ĂŽ Fille du Roi, dans l’éclat de votre chaussure » , lorsque vous venez apporter leur salut aux villes de Juda ! Les Anges vous escortent, votre fidĂšle Époux vous environne de toute sa tendresse, le ciel se complaĂźt en vous, et la terre tressaille sous l’heureux poids de son CrĂ©ateur et de son auguste Reine. Avancez, ĂŽ MĂšre de Dieu et des hommes, Propitiatoire tout-puissant oĂč est contenue la divine Manne qui garde l’homme de la mort ! Nos cƓurs vous suivent, vous accompagnent, et, comme votre Royal ancĂȘtre , nous jurons « de ne point entrer dans notre maison, de ne point monter sur notre couche, de ne point clore nos paupiĂšres, de ne point donner le repos Ă  nos tempes, jusqu’à ce que nous ayons trouvĂ© dans nos cƓurs une demeure pour le Seigneur que vous portez, une tente pour le Dieu de Jacob. » Venez donc, ainsi voilĂ© sous les flancs trĂšs purs de l’Arche sacrĂ©e, ĂŽ rejeton de JessĂ©, jusqu’à ce que vous en sortiez pour briller aux yeux des peuples, comme un Ă©tendard de victoire. Alors les rois vaincus se tairont devant vous, et les nations vous adresseront leurs vƓux. HĂątez-vous, ĂŽ Messie ! Venez vaincre tous nos ennemis, et dĂ©livrez-nous.

O AdonaĂŻ

18/12/2024

O AdonaĂŻ

L’antienne

 

O Seigneur suprĂȘme ! AdonaĂŻ ! Venez nous racheter, non plus dans votre puissance, mais dans votre humilitĂ©. Autrefois vous vous manifestĂątes Ă  MoĂŻse, votre serviteur, au milieu d’une flamme divine ; vous donnĂątes la Loi Ă  votre peuple du sein des foudres et des Ă©clairs : maintenant il ne s’agit plus d’effrayer, mais de sauver. C’est pourquoi votre trĂšs pure MĂšre Marie ayant connu, ainsi que son Ă©poux Joseph, l’Édit de l’Empereur qui va les obliger d’entreprendre le voyage de BethlĂ©hem, s’occupe des prĂ©paratifs de votre heureuse naissance. Elle apprĂȘte pour vous, divin Soleil, les humbles langes qui couvriront votre nuditĂ©, et vous garantiront de la froidure dans ce monde que vous avez fait, Ă  l’heure oĂč vous paraĂźtrez, au sein de la nuit et du silence. C’est ainsi que vous nous dĂ©livrerez de la servitude de notre orgueil, et que votre bras se fera sentir plus puissant, alors qu’il semblera plus faible et plus immobile aux yeux des hommes. Tout est prĂȘt, ĂŽ JĂ©sus ! Vos langes vous attendent : partez donc bientĂŽt et venez en BethlĂ©hem, nous racheter des mains de notre ennemi.

Comment agir pour orienter la société vers la culture de vie

17/12/2024

Comment agir pour orienter la société vers la culture de vie

 

Transcription:

 

 

Orienter la sociĂ©tĂ© vers la culture de vie, ce n’est pas seulement empĂȘcher l’avortement et l’euthanasie par la loi. Car la vĂ©ritable cause de la culture de mort est plus profonde : c’est la dĂ©pression morale de la sociĂ©tĂ©. La culture de mort est le fruit de l’athĂ©isme et du matĂ©rialisme. C’est la volontĂ© de puissance dĂ©sespĂ©rĂ©e. Orienter la sociĂ©tĂ© vers la culture de vie, c’est d’abord rendre Ă  la sociĂ©tĂ© sa vitalitĂ© : la joie et la fiertĂ© d’exister. C’est faire sortir la sociĂ©tĂ© de la dĂ©pression morale.

 

Il faut agir à trois niveaux, par ordre d’importance

Au niveau militant, politique, et religieux.

 

1-Combattre les artisans de la culture de mort
Il faut combattre. Nous le savons tous dans cette salle. Nous sommes tous ici des combattants. Merci Ă  Lola et au Political Network for Values de nous rassembler Ă  Madrid. C’est une joie d’ĂȘtre ensemble.

 

Nous devons combattre le lobby de la culture de mort à tous les niveaux, dans toutes les institutions. Dans les parlements, dans les tribunaux, à l’ONU, etc.

 

Combattre la culture de mort, ce n’est pas seulement combattre le Planning Familial et les fondations Ford, Rokefeller, Soros, Gates et Buffet. Il faut aussi combattre ceux qui veulent avilir la vie, ceux qui veulent rendre la vie laide et triste : ceux qui promeuvent le dĂ©sespoir, la drogue, la prostitution, la pornographie, et la mauvaise Ă©ducation sexuelle. Or, ce sont ces mĂȘmes fondations qui promeuvent aussi l’avortement et l’euthanasie.

 

Ce combat pour la vie, nous le menons dans les institutions, Ă  GenĂšve, Strasbourg, New York, Bruxelles, Washington, San JosĂ© et ailleurs ; nous menons ce combat comme des soldats sur un champ de bataille. Mais cela ne suffit pas, nous devons voir plus loin, nous devons aussi nous engager pour que la sociĂ©tĂ© soit de nouveau conquise par la culture de vie. C’est le deuxiĂšme niveau d’action, vĂ©ritablement politique.

 

2-Action au niveau politique: il faut aimer la vie et croire en son destin
Les peuples europĂ©ens n’ont plus d’enfants parce qu’ils ont perdu le goĂ»t de la vie et ne croient plus en leur avenir, en leur destin.

 

Le vrai problĂšme est que les peuples europĂ©ens sont devenus dĂ©pressifs; c’est cela le problĂšme principal : ils ne croient plus en leur avenir. Trop d’europĂ©ens sont rĂ©signĂ©s au suicide dĂ©mographique et au remplacement par l’immigration.

 

La culture de vie, aujourd’hui exige de renverser cette dĂ©pression terrible. Il faut rendre aux peuples europĂ©ens le goĂ»t de la vie et la vision de leur avenir.

 

Je vois deux conditions pour cela :

 

Il faut d’abord aimer la vie, et il faut croire en son destin.

Aimer la vie. Cela paraßt évident, mais il y a un travail énorme à faire, en particulier avec la jeunesse qui a grandi dans une culture sinistre. Il faut dire et répéter que la vie est magnifique, et que le monde est splendide. Il faut cultiver la vie, la culture et la joie.

 

La seconde condition pour lutter contre la dépression des peuples européens, est de croire en notre avenir, en notre destin.

Un peuple qui a honte de son passĂ© et qui ne croit plus en son destin est dĂ©jĂ  sorti de l’histoire.

 

À l’inverse, les « migrants » qui traversent l’Afrique et la MĂ©diterranĂ©e au risque de leur vie ont une force immense, car ils doivent doit lutter pour vivre et croire en leur destin. Parmi eux, les musulmans immigrĂ©s en Europe savent pourquoi ils ont des enfants: ils croient que leur avenir est de conquĂ©rir l’Europe. MĂȘme s’ils sont pauvres, ils savent pourquoi avoir des enfants.

 

Il en est de mĂȘme du peuple juif qui survit et traverse toutes les Ă©preuves parce qu’il croit en son destin, et il sait pourquoi avoir des enfants.

 

C’est dans la dynamique d’un destin collectif, familial, professionnel et national que les personnes deviennent fĂ©condes, qu’elles parviennent Ă  l’excellence. Il faut cette dynamique vitale.

 

Pour cela, il faut des chefs politiques capables de donner le goût de la vie et la vision du destin national.

Le PrĂ©sident français Emmanuel Macron, comme d’autres dirigeants europĂ©ens, n’a pas d’enfants, et il ne croit pas que la France, ni mĂȘme l’Europe, puissent encore avoir un destin qui leur soit propre. Il a renoncĂ© au destin national, et l’a Ă©changĂ© contre une illusion de futur mondial. Mais c’est une illusion. Les dirigeants tels que Macron n’ont pas compris qu’ils sont les seuls Ă  faire ce rĂȘve mondialiste. Les autres peuples ne veulent pas se dissoudre dans l’athĂ©isme absurde de la mondialisation occidentale, ils ne veulent pas disparaĂźtre. Ils croient encore en leur raison d’ĂȘtre. Ils n’ont pas honte de leur histoire.

 

À l’opposĂ© d’Emmanuel Macron, il y a Donald Trump: il incarne la vitalitĂ© amĂ©ricaine. Il aime la vie avec puissance, et c’est pour cela qu’il la dĂ©fend. L’autre force de Donald Trump, c’est qu’il a Ă©tĂ© capable de rendre aux AmĂ©ricains leur propre destin. Il les a convaincus et entrainĂ©s dans la dynamique de Make America Great Again (rendre Ă  l’AmĂ©rique sa grandeur).

 

Avoir ces deux forces est essentiel, mais cela ne suffit toujours pas, car l’homme a besoin de se dĂ©passer lui-mĂȘme, de se transcender. Et ce serait une erreur que de l’oublier. La patrie est trop Ă©troite pour l’homme.

 

3- C’est le troisiùme niveau d’action : le niveau de la transcendance

Les communistes, les socialistes et les nĂ©olibĂ©raux ont compris la force de cet idĂ©al d’autodĂ©passement, mais ils l’ont orientĂ© contre la personne, la famille, la nation et l’Eglise, pour en «libĂ©rer» l’homme. Ce dĂ©passement est prĂ©sentĂ© comme un progrĂšs, mais il est surtout une destruction de la condition humaine.

 

Nous voyons aujourd’hui le rĂ©sultat de cette «libĂ©ration»: elle dĂ©truit l’homme.

L’autre autodĂ©passement de l’homme qui est proposĂ© Ă  prĂ©sent, c’est le rĂȘve scientiste et transhumaniste. Mais c’est aussi une illusion.

 

Les rĂȘves d’autodĂ©passement communiste et scientiste ont en commun le rejet de Dieu et sont des alternatives dĂ©sastreuses Ă  la religion.

 

C’est parce que le peuple s’est dĂ©tournĂ© de la religion qu’il a adhĂ©rĂ© Ă  ces idĂ©ologies de substitution, et c’est pour cette raison aussi qu’il est devenu dĂ©pressif. Car un peuple athĂ©e qui rejette son passĂ© et refuse son destin mĂšne une existence absurde.

 

Une fois encore, regardons le peuple juif.

Le peuple juif survit et traverse toutes les Ă©preuves non seulement parce qu’il aime la vie et croit en son destin, mais surtout parce qu’il sait que son destin est liĂ© Ă  sa fidĂ©litĂ© Ă  son alliance avec Dieu.

 

Les ChrĂ©tiens aussi ont une Alliance avec Dieu; les peuples europĂ©ens ont Ă©tĂ© baptisĂ©s et sanctifiĂ©s par des saints innombrables. C’est cette Alliance avec Dieu – qui est source de toute vie – qui est la Vie – qu’il faut rĂ©nover.

 

La dĂ©fense de la culture de vie exige de lutter contre l’athĂ©isme criminel, et de rendre Ă  la sociĂ©tĂ© l’amour de la vie, la confiance en son destin et la respiration de son Ăąme.

 

Je vous remercie.

O Sapientia

17/12/2024

O Sapientia

Et toujours plus pressante, retentit la promesse : « Voyez, tout est accompli », et finalement : « Sachez aujourd'hui que le Seigneur vient, et demain vous le verrez dans sa gloire ». Lors de la veillĂ©e, quand scintille l'arbre de lumiĂšre et que s'Ă©changent les cadeaux, le dĂ©sir inassouvi d'une autre lumiĂšre monte en nous, jusqu'Ă  ce que sonnent les cloches de la messe de minuit et que se renouvelle, sur des autels parĂ©s de cierges et de fleurs, le miracle de NoĂ«l. Et le Verbe s'est chair. Nous voilĂ  parvenus Ă  l'instant bienheureux oĂč notre attente est comblĂ©e.  Â»

 

( Le mystÚre de Noël , conférence de sainte Edith Stein, Janvier 1931)

La beauté et la puissance des Antiennes "O"

17/12/2024

La beauté et la puissance des Antiennes "O"

Ce chant de Noël n'est pas un chant de Noël. C'est un hymne pour la période de l'Avent, une période liturgique qui va bien au-delà de la simple préparation de Noël.

 

Durant ces quatre courtes semaines, l’Église s’est historiquement concentrĂ©e sur Notre Seigneur JĂ©sus-Christ comme l’accomplissement de toutes les prophĂ©ties et de tous les dĂ©sirs humains, alors qu’elle anticipe non seulement la cĂ©lĂ©bration de son incarnation Ă  NoĂ«l, mais aussi alors qu’elle attend avec espoir son retour glorieux Ă  la fin des temps.

 

Les versets de « O viens, ĂŽ viens, Emmanuel » sont tirĂ©s de sept antiennes anciennes que l'Église utilisait dans sa liturgie de priĂšre du soir depuis bien avant le IXe siĂšcle. Chaque annĂ©e, du 17 au 23 dĂ©cembre, la liturgie de l'Église entre dans une prĂ©paration plus intense et plus proche de la venue du Christ Ă  NoĂ«l. Ce changement est perceptible dans les lectures de la messe ces jours-lĂ , mais aussi dans la liturgie des heures de l'Église, en particulier lors de la priĂšre du soir. Chaque soir pendant cette semaine, l'Église prie l'une de ce que l'on appelle les grandes « antiennes O » avant de rĂ©citer le cantique « Magnificat » de Notre-Dame.

 

Les Antiennes O invoquent Notre Seigneur en utilisant des images tirĂ©es de l'Ancien Testament : « Ô Sagesse d'en haut » ; « Ô Seigneur de la maison d'IsraĂ«l » ; « Ô Racine du tronc de JessĂ© » ; « Ô ClĂ© de David » ; « Ô Aurore radieuse » ; « Ô Roi des Nations » ; « Ô Emmanuel ». À ces images bibliques s'ajoutent diverses supplications telles que : « Viens nous enseigner le chemin de la connaissance ! » ; « Viens nous sauver sans tarder ! » ; « Viens libĂ©rer les prisonniers des tĂ©nĂšbres ! »

 

Chacune de ces antiennes est une belle priĂšre en elle-mĂȘme, mais chacune dĂ©montre aussi exactement comment l'Église en est venue Ă  comprendre la relation du Christ avec les promesses et les images de Dieu si rĂ©pandues dans l'Ancien Testament.

 

« Ô Sagesse d’en haut ! »

IsaĂŻe a prophĂ©tisĂ© qu’un rameau sortirait de la souche de JessĂ©. L’un des hĂ©ritiers de JessĂ© serait une figure messianique et un rĂ©dempteur pour IsraĂ«l.

« L’Esprit du Seigneur reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence » (Is 11, 1-2). Parce que les prophĂ©ties d’IsaĂŻe attendent avec tant d’espoir la rĂ©demption d’IsraĂ«l et du monde entier dans les grandes promesses de Dieu, il est particuliĂšrement le prophĂšte du temps de l’Avent.

Mais le Christ est plus que l’Oint. Saint Paul a dit Ă  l’Église de Corinthe que « le Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Le Christ est la Sagesse dont parle le livre des Proverbes comme Ă©tant l’artisan et le plaisir de Dieu (Proverbes 8). Le Fils Ă©ternel est toujours le plaisir du PĂšre et l’Artisan par lequel toutes choses ont Ă©tĂ© faites.

 

L’antienne du 18 dĂ©cembre : « Seigneur de la maison d’IsraĂ«l, qui a donnĂ© la Loi Ă  MoĂŻse sur le SinaĂŻ » est peut-ĂȘtre un exemple plus poignant d’une puissante image du divin dans l’Ancien Testament. Les Ă©vĂ©nements relatĂ©s dans le livre de l’Exode sont d’une grandeur magnifique, du buisson ardent Ă  la sĂ©paration de la mer Rouge, en passant par la remise de la Loi Ă  MoĂŻse sur un mont SinaĂŻ couvert de tonnerre et d’éclairs.

Les PĂšres de l’Église ont rĂ©guliĂšrement notĂ© la prĂ©sence du Christ dans les diverses manifestations de Dieu aux IsraĂ©lites. Saint Justin le martyr rappelait : « Celui-lĂ  mĂȘme qui est Ă  la fois ange et Dieu, Seigneur et homme, et qui apparut sous forme humaine Ă  Abraham et Ă  Isaac, apparut aussi dans une flamme de feu sortant du buisson et conversa avec MoĂŻse. »

 

Saint GrĂ©goire de Nysse commente les Ă©vĂ©nements du dĂ©sert — les nuages, le tonnerre et le tabernacle de la prĂ©sence de Dieu — : « Prenant comme exemple ce que dit Paul, qui a partiellement dĂ©voilĂ© le mystĂšre de ces choses, nous disons que MoĂŻse fut auparavant instruit par un type du mystĂšre du tabernacle qui entoure l'univers. » Ce tabernacle, le Christ, le Fils de Dieu, poursuit-il, « est en quelque sorte Ă  la fois informe et façonnĂ©, incréé dans la prĂ©existence mais créé en ayant reçu cette composition matĂ©rielle. »

 

Le Fils Éternel de Dieu prĂ©existant qui est l’image parfaite de Dieu est aussi la prĂ©sence de Dieu dans le buisson ardent, sur le mont SinaĂŻ et parfaitement dans son incarnation.

Il n’est donc pas surprenant que la version latine de cette antienne commence par « O AdonaĂŻ », empruntant le mot hĂ©breu que les Juifs craignant Dieu utilisent lorsqu’ils lisent la Torah pour Ă©viter de prononcer le nom propre de Dieu lui-mĂȘme – c’est le nom Seigneur, le nom que saint Paul dit aux Philippiens a donnĂ© au Christ parce qu’il n’a pas considĂ©rĂ© l’égalitĂ© avec Dieu comme quelque chose Ă  saisir, mais s’est plutĂŽt vidĂ© lui-mĂȘme jusqu’à la mort (cf. Philippiens 2:6-11). JĂ©sus-Christ est AdonaĂŻ. Il est Kyrios. Il est le Seigneur.

 

Enfin, d'autres antiennes O identifient le Christ comme l'accomplissement de la grandeur d'Israël et du désir humain. Il est l'Oriens, l'aurore dont Isaïe a promis qu'elle se lÚverait sur le peuple élu de Dieu (Isaïe 60, 1-2). Il est aussi la Racine de Jessé. Il n'est donc pas seulement l'accomplissement mais le début de la lignée israélite.

 

Il est le Créateur et celui par qui la lignée de David est née. Le Christ est donc à la fois le début et la fin de la promesse faite à David. Il est l'Alpha et l'Oméga. Il est celui dont l'Ancien Testament prédit qu'il régnera comme roi sur toutes les nations.

 

Les Antiennes O sont bien plus que de simples refrains à chanter avant le Magnificat de Notre-Dame ou à servir de versets dans un hymne de l'Avent. Elles révÚlent les mystÚres du Christ déjà révélés dans la puissance et la gloire de Dieu dans l'Ancien Testament.

 

Saint Thomas d’Aquin avait raison d’insister sur le fait que de nombreux grands prophĂštes d’IsraĂ«l avaient une connaissance prophĂ©tique rĂ©elle et explicite de JĂ©sus et de ses mystĂšres, mĂȘme s’ils vivaient des centaines d’annĂ©es avant l’Incarnation. « Abraham se rĂ©jouit de ce qu’il verrait mon jour », a prĂȘchĂ© JĂ©sus lui-mĂȘme un jour. « Il l’a vu et il s’est rĂ©joui » (Jn 8, 56). Le Christ est actif en IsraĂ«l. Il est prĂ©sent dans l’Ancien Testament.

 

Ces grandes antiennes nous rappellent que l’Avent ne se rĂ©sume pas Ă  la prĂ©paration de NoĂ«l. Elles nous rappellent que le Christ est le point central de l’histoire du salut et, en fait, de toute l’histoire du monde, parce qu’il est Emmanuel – « Dieu avec nous ».

 

La sagesse de Dieu est telle que le Seigneur nous a créés pour ĂȘtre en relation avec lui afin d’apporter la lumiĂšre non seulement Ă  notre vie mais au monde. Chaque annĂ©e, l’Église nous offre ces quatre semaines pour que nous nous souvenions intensĂ©ment de ce que nous devons vivre chaque jour : dans la prĂ©paration, l’anticipation et la joyeuse espĂ©rance que le Seigneur viendra Ă  nous et nous sauvera.

 

Ô Emmanuel, notre Roi et Donateur de la Loi : Viens nous sauver, Seigneur notre Dieu !

 

 

PĂšre Thomas Petri, OP
Catholic World Report (USA) 

17 déc. : Méditation de l'Avent de St Ch. de Foucauld

17/12/2024

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