Le Carême, vu par Mgr Rey

 

 

Le texte ci-dessous est un extrait de son homélie pour le carême 2023, publiée sur le site web du diocèse.

Mgr Rey est connu pour ses prédications claires et profondes, qui s'adressent à tous. Dans cet extrait, il utilise l'image du jardin pour parler du carême. Il propose une vision positive du carême, non comme un temps de privation et de mortification, mais comme un temps pour cultiver les fleurs de notre âme.

Le texte est divisé en trois parties. Dans la première partie, Mgr Rey compare deux types de jardiniers : ceux qui sont obsédés par les mauvaises herbes et ceux qui sont passionnés par les fleurs. Il montre que les seconds obtiennent un jardin plus beau et plus fructueux que les premiers.

Dans la deuxième partie, Mgr Rey applique cette image au carême. Il critique les carêmes qui ne servent qu'à "détecter et éradiquer" nos défauts. Il affirme que les défauts ne diminuent pas avec l'âge, mais que les qualités peuvent croître. Il propose de se concentrer sur le développement de nos qualités plutôt que de nous focaliser sur nos défauts.

Dans la troisième partie, Mgr Rey donne des conseils concrets pour vivre un carême "dans les fleurs". Il encourage à jeûner, à prier et à faire l'aumône. Il souligne l'importance de la gratuité et de la générosité.

Le texte de Mgr Rey est une invitation à vivre un carême positif et joyeux. Il nous encourage à cultiver les fleurs de notre âme et à laisser Dieu faire fleurir sa grâce en nous.

Merci à Sabine pour cette trouvaille publiée ici en complément et en accord des enseignements de notre cher abbé comme par exemple notre défaut dominant impossible à éradiquer !

 

 

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Le Carême

il y a deux façons de faire, dans un jardin.
Il y a ceux qui sont obsédés par les mauvaises herbes.
Ils passent leur temps à essayer de les éradiquer.
Au bout du compte, les meilleurs obtiennent un jardin impeccable – et ils en sont très fiers. Tout est au cordeau, sans une herbe sauvage.
Mais il n’y a pas une fleur : ils n’ont pas eu le temps de s’en occuper

Et puis il y a ceux qui sont passionnés de fleurs. Ils passent leur vie à les soigner.
Au passage, ils arrachent une mauvaise herbe, bien sûr.
Mais ils n’en font pas une affaire : ce qui les intéresse, c’est de faire fleurir les massifs et de faire porter du fruit aux arbres du jardin.
Et au bout du compte, il y a tellement de fleurs qu’il n’y a plus de place pour les mauvaises herbes.

J’en ai assez de ces carêmes qui ne servent à rien. Tout y est négatif : on passe la première moitié du carême à détecter son défaut dominant (vous ne le savez pas encore, depuis le temps ?), et l’autre moitié à essayer de l’éradiquer.
Peine perdue : nous mourrons tous avec notre défaut dominant !
Les défauts ne diminuent pas avec l’âge, ils augmentent.
Heureusement, c’est la même chose pour les qualités.
À savoir, donc, si les qualités vont croître plus vite que les défauts, voilà la vraie question …
C’est une affaire de tactique et de regard.
« Il y a un temps pour arracher et un temps pour planter », dit Qohéleth (Qo 3,2 ), mais le plus important, c’est la récolte !
« C’est moi qui vous ai choisis et établis, dit Jésus, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Jn 15,16).
Je voudrais donc vous proposer un carême dans les fleurs …
Oh, bien sûr, il y a un peu de nettoyage à faire ! Il faut le faire de bon cœur, et joyeusement.
Mais il faut surtout se rappeler que le but n’est pas d’avoir un jardin bien propre, mais un jardin bien fleuri !
On le voit à l’avance, on l’imagine, on en rêve.
Il faut se lancer dans le carême les yeux et le cœur fixés sur l’alléluia pascal : comment vais-je le chanter cette année ?

 

Jeûner, c’est tailler.
Pourquoi taille-t-on un rosier ?
Pour trois raisons : la taille stimule et ravigote ; elle domestique la plante et lui donne une jolie forme ; et enfin, elle lui garantit une bonne santé en lui redonnant de l’air et de la lumière.
Il faut y aller généreusement avec les plus forts, et tout doucement avec les plus fragiles.

Prier, c’est soigner, nourrir la terre, donner de l’engrais, mettre un tuteur à ce rosier encore fragile, accrocher à un fil la branche indisciplinée de ce rosier grimpant … Il faut y passer du temps.
Une heure le dimanche ne suffit pas : il faut aller au jardin dès qu’on a un moment.
Un peu tous les jours : le jardinier passionné voudrait y passer sa vie !

Mais surtout, surtout, il faut de la gratuité, de la générosité.
Ça, c’est l’aumône : on donne des fleurs et des fruits à tout le monde, largement, sans compter.
Chez ma mère, il y avait toujours un bouquet dans la chambre, même quand on ne venait que pour une nuit. Même en hiver.
Et s’il n’y a plus de fleur, il y a toujours un sourire à donner.


Au travail, donc !
Quelles sont les fleurs que je vais cultiver pendant ce carême ?
Quelles sont les qualités, les talents que Dieu m’a donnés et dont il attend de beaux fruits ?
Pour ce qui est de la taille, à chacun de voir : on a l’embarras du choix, dans ces vies trop encombrées.
La prière, l’aumône ?
La paroisse a un large choix de propositions pour ceux qui se demandent où et quoi.
Des déchets à porter au fumier ? Le prêtre est là et vous attend pour le sacrement de la réconciliation.
Quant au sourire, pas besoin de conseil : tout est permis, et même recommandé !