Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Que signifie “espĂ©rer contre toute espĂ©rance” ?

17/01/2025

Que signifie “espĂ©rer contre toute espĂ©rance” ?

Alors que l’Église nous invite Ă  mĂ©diter sur l’espĂ©rance en cette annĂ©e sainte, il est bon de prendre la main de cette vertu thĂ©ologale, cette petite fille dĂ©crite par Charles PĂ©guy entre ses deux sƓurs aĂźnĂ©es, la foi et la charitĂ© :

La foi voit ce qui est. La charitĂ© aime ce qui est. L’espĂ©rance voit ce qui n’est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisĂ©. Sur la route montante. TraĂźnĂ©e, pendue aux bras de grandes sƓurs, qui la tiennent par la main, la petite espĂ©rance s’avance. Et au milieu de ses deux grandes sƓurs elle a l’air de se laisser traĂźner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher. Et qu’on traĂźnerait sur cette route malgrĂ© elle. Et en rĂ©alitĂ© c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traĂźne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traĂźne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite (Le Porche du MystĂšre de la deuxiĂšme vertu). 


EspĂ©rer l’essentiel


L’espĂ©rance fait cruellement dĂ©faut Ă  notre monde, comme bien d’autres vertus, mais elle manque aussi souvent, de façon plus surprenante, dans notre vie de foi. Pourtant elle est cette capacitĂ© Ă  espĂ©rer l’essentiel, Ă  savoir la bĂ©atitude Ă©ternelle. Il ne s’agit pas de ne jamais Ă©prouver de dĂ©couragements, de dĂ©sespoirs humains passagers, mais de demeurer accrocher Ă  cette ancre. D’ailleurs l’allĂ©gorie de l’espĂ©rance est une femme portant une ancre de navire. Saint Paul, parlant d’Abraham justifiĂ© non par ses Ɠuvres mais par sa foi en Dieu, Ă©crit que le patriarche espĂ©ra contre l’espĂ©rance mĂȘme parce qu’il crut en des promesses tellement extraordinaires qu’il ne pouvait en rien espĂ©rer par des moyens et des lumiĂšres naturels. Et il applique cette espĂ©rance contre toute espĂ©rance Ă  l’expĂ©rience de chaque fidĂšle qui peut se glorifier dans l’espĂ©rance de l’éternitĂ©. Il ajoute : "Nous nous glorifions encore dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience ; la patience, l’épreuve ; et l’épreuve, l’espĂ©rance. Or l’espĂ©rance ne confond point, parce que la charitĂ© de Dieu est rĂ©pandue en nos cƓurs par l’Esprit saint qui nous a Ă©tĂ© donnĂ©" (Rm 5, 3-4). 

 

L’espĂ©rance ne fleurit pas lorsque tout est calme. Bien au contraire, elle ne peut jaillir que du plus profond de l’abĂźme, de la dĂ©rĂ©liction, du cƓur des Ă©preuves. C’est une espĂ©rance incandescente, une folie d’espĂ©rance qui saisit celui qui, ne pouvant compter sur rien de terrestre, se jette ainsi dans la folie de l’amour de Dieu. Cet entĂȘtement dans l’espĂ©rance irrigue le cƓur de tous les mystiques. Un des grands apĂŽtres de la misĂ©ricorde divine, choisi personnellement par le Christ Lui-mĂȘme, fut saint Claude La ColombiĂšre. Ce dernier ne cessa d’inviter Ă  l’espĂ©rance comme le seul bien que rien ni personne ne pouvait nous arracher. TrĂšs souvent, dans ses puissantes et inspirantes priĂšres, il rĂ©pĂšte que le Malin lui-mĂȘme ne peut rien contre l’espĂ©rance : "C’est en vain que votre ennemi et le mien me tend tous les jours de nouveaux piĂšges. Il me fera tout perdre plutĂŽt que l’espĂ©rance que j’ai en votre misĂ©ricorde. Quand je serais retombĂ© cent fois et que mes crimes seraient cent fois plus horribles qu’ils ne sont, j’espĂ©rerais encore en vous." 

 

Le combat et la confiance


La dialectique du dĂ©sespoir que prĂȘchent les nihilistes n’a aucune prise sur une Ăąme qui s’abandonne et qui croit. Cela n’empĂȘche pas le combat, souvent rude car il faut d’abord Ă©prouver le vide, le pĂątir, avant de se jeter Ă  corps perdu dans l’espĂ©rance. Tel est le cri, dans la bouche du Christ en Croix : Deus, Deus quare me dereliquisti ? - "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-Vous abandonnĂ© ?" (Ps 21, 2), cri dĂ©passĂ© bien vite : In manus tuas commendo spiritum meum - "En vos mains je remets mon esprit" (Lc, 23, 46). Saint Claude La ColombiĂšre, dans une veine identique digne du vĂ©ritable disciple, s’adresse ainsi Ă  Dieu :

Pour moi Seigneur, Vous ĂȘtes toute ma confiance, Vous ĂȘtes ma confiance mĂȘme. Je connais, hĂ©las, je ne le connais que trop, que je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les plus affermies. Mais cela ne peut m’effrayer tant que j’espĂ©rerai ; je me tiens Ă  couvert de tous mes malheurs et je suis assurĂ© d’espĂ©rer toujours, parce que j’espĂšre encore cette invariable espĂ©rance.


Autant un jugement extĂ©rieur peut affecter ou remettre en cause la qualitĂ© et l’honnĂȘtetĂ© de notre foi, de notre charitĂ©, autant l’espĂ©rance n’appartient qu’à celui qui l’éprouve et qui est portĂ© par elle. VoilĂ  pourquoi elle est indĂ©racinable, y compris lorsque tous les dĂ©mons se saisissent de la hache pour la mettre Ă  bas. Un auteur paĂŻen, Tao, a cette juste formule : "On ne peut pas demeurer longtemps sur la pointe des pieds" (Tao Te King, 24). Le volontarisme et la tension dans les choses spirituelles sont inefficaces car tout finit par craquer. L’espĂ©rance permet Ă  l’ñme de dĂ©faillir, de ne pas se raidir, d’effacer en elle ce qui ne provient que du moi peureux, inquiet ou Ă©goĂŻste.

 

L’espĂ©rance aide Ă  transcender ce qui est mal


Cela ne signifie pas qu’il faut tout aborder avec un regard aveugle et un sourire bĂ©at. L’optimiste par principe ne vit pas d’espĂ©rance. Il laisse souvent de cĂŽtĂ© ses angoisses ou bien il prouve qu’il n’est guĂšre en phase avec la souffrance des autres. Ce n’est pas ĂȘtre pessimiste et manquer d’espĂ©rance que de mettre le doigt sur ce qui fait mal, sur ce qui ne tourne pas rond en ce monde, que de dĂ©noncer les dangers qui nous guettent et les corruptions qui nous empoisonnent. L’espĂ©rance aide Ă  transcender ce qui est mal, sans pour autant dĂ©mobiliser et paralyser. Elle ne crĂ©e point l’indiffĂ©rence et la paresse ;

 

Gustave Thibon Ă©crit Ă  ce sujet : 

"L’espĂ©rance chrĂ©tienne est une vertu surnaturelle, enracinĂ©e dans la foi en la toute-puissance et en la toute-bontĂ© de Dieu, et dont aucune catastrophe temporelle ne peut et ne doit venir Ă  bout. [
] C’est prostituer l’espĂ©rance thĂ©ologique que de l’appliquer sans discernement Ă  tout ce qui se produit dans le temps et d’attendre que le bien sorte automatiquement du mal" (L’Équilibre et l’Harmonie). 

 

L’espĂ©rance est une victoire


Comme l’a rappelĂ© Ă  de nombreuses reprises Georges Bernanos, il existe une "espĂ©rance des imbĂ©ciles". Une espĂ©rance qui ne s’appuie pas sur la vertu de force n’est que mollesse et conduit irrĂ©mĂ©diablement Ă  la catastrophe. Dans ce cas, comme le dit cet Ă©crivain combattant : "Une seule once de dĂ©sespoir suffirait Ă  prĂ©server cent mille imbĂ©ciles de la pourriture, au lieu que chaque Ă©jaculation d’espĂ©rance prĂ©cipite leur liquĂ©faction" (Encyclique aux Français). Il parle ici d’un dĂ©sespoir qui n’est pas le pĂ©chĂ© contre l’esprit, mais cette once de rĂ©alisme qui est la condition pour une action courageuse et pour une vision surnaturelle. Lorsque le dĂ©sespoir fascine les cƓurs et les jette dans la rĂ©volte et le goĂ»t du nĂ©ant, la juste espĂ©rance n’est pas l’optimisme bĂ©at.

 

Bernanos nous avertit encore, alors qu’il est accusĂ© de dĂ©sespĂ©rer, Ă  la fin de sa vie, devant la France de la LibĂ©ration :

Je viens d’écrire ce mot de dĂ©sespoir par dĂ©fi. Je sais parfaitement qu’il ne signifie plus rien pour moi. Autre chose est souffrir l’agonie du dĂ©sespoir, autre chose le dĂ©sespoir lui-mĂȘme. C’est lĂ  une vĂ©ritĂ© que je dois Ă  certains garçons peu rĂ©flĂ©chis disposĂ©s Ă  se tromper non moins grossiĂšrement sur l’espĂ©rance que sur l’amour. Je voudrais les mettre en garde contre les charlatans dont le faux espoir n’est qu’un lĂąche prĂ©texte Ă  ne pas courir le risque de la vĂ©ritable espĂ©rance. Car l’espĂ©rance est une victoire, et il n’y a pas de victoire sans risque. Celui qui espĂšre rĂ©ellement, qui se repose dans l’espĂ©rance, est un homme revenu de loin, de trĂšs loin, revenu sain et sauf d’une grande aventure spirituelle, oĂč il aurait dĂ» mille fois pĂ©rir (Français, si vous saviez
) .


L’espĂ©rance Ă  cultiver durant cette annĂ©e sainte est faite de ce bois. Elle n’est point l’optimisme bĂ©at des lĂąches et des pleutres, mais la couronne justement gagnĂ©e avec effort aprĂšs avoir surmontĂ© les obstacles naturels pour embrasser cet ancrage surnaturel. Nul ne peut jeter l’ancre avant d’avoir voyagĂ© et d’avoir affrontĂ© et traversĂ© tant de dangers et tant de piĂšges.

 

Jean-François Thomas, sj  Article publiĂ© dans ALETEIA

Le pape et le Tradiland

15/01/2025

Le pape et le Tradiland

Voici l’intĂ©gralitĂ© de l’extrait concernĂ© :
« Il est Ă©tabli aujourd’hui que la cĂ©lĂ©bration de la messe selon le missel prĂ©conciliaire, en latin, doit ĂȘtre expressĂ©ment autorisĂ©e par le DicastĂšre pour le Culte, qui ne l’accordera que dans certains cas particuliers ; parce qu’il n’est pas bon que la liturgie devienne idĂ©ologie.
C’est curieux, cette fascination pour ce que l’on ne comprend pas, qui a un air un peu occulte, et qui semble parfois intĂ©resser mĂȘme les gĂ©nĂ©rations les plus jeunes.
Souvent, cette rigiditĂ© s’accompagne de toilettes recherchĂ©es et coĂ»teuses, de dentelles, de rubans, de chasubles. Ce n’est pas un goĂ»t pour la tradition, mais une ostentation de clĂ©ricalisme, qui n’est rien d’autre que la version ecclĂ©siastique de l’individualisme.
Non pas un retour au sacrĂ©, mais tout le contraire : une mondanitĂ© sectaire. Parfois, ces dĂ©guisements dissimulent des dĂ©sĂ©quilibres, des dĂ©viations affectives, des problĂšmes comportementaux, un malaise personnel qui peut ĂȘtre instrumentalisé  »

 

RĂ©sumons : les traditionalistes sont, dans l’ordre : des crĂ©tins qui aiment ce qu’ils ne comprennent pas, des effĂ©minĂ©s clĂ©ricaux et des mondains sectaires dĂ©sĂ©quilibrĂ©s dont les problĂšmes comportementaux et les dĂ©viances peuvent ĂȘtre instrumentalisĂ©es par 
 allez 
 au hasard 
 l’extrĂȘme droite.

 

L’insulte est soignĂ©e, complĂšte, prĂ©cise.

 

Pourtant notre Saint PĂšre Ă©tait bien dans son rĂŽle Ă  Lisbonne : « Il y a de la place pour tout le monde dans l’Église. Et s’il vous plaĂźt, quand il n’y en a pas, faisons-en sorte qu’il y en ait, mĂȘme pour ceux qui se trompent, pour ceux qui tombent, pour ceux qui peinent
 para todos, todos, todos » (« pour tous, tous, tous »).

 

Comprenne qui pourra. En attendant, la plaie des tradis ouverte depuis 50 ans se refermait doucement grùce à Benoßt XVI ; depuis Traditionis machin truc, la voici rouverte et charcutée à plaisir.

Il reste que le pape est le chef denotre Eglise, prions pour lui et aimons le !

 

Christe Eleison !

Notre-Dame et l’avenir de l’Église aux Pays-Bas (et ailleurs !)

14/01/2025

Notre-Dame et l’avenir de l’Église aux Pays-Bas (et ailleurs !)

Notre Dame a Ă©tĂ© ressuscitĂ©e dans toute sa splendeur et sa gloire. GrĂące Ă  Dieu, car Ă  l’origine, les projets Ă©taient trĂšs diffĂ©rents. D’accord, il y a eu quelques ratĂ©s – un autel minimaliste en bronze curieusement conçu qui dĂ©tonne avec la grandeur de la cathĂ©drale, des siĂšges en mĂ©tal, des fonts baptismaux qui ne ressemblent pas Ă  des fonts baptismaux, une chasuble de chƓur qui semblait empruntĂ©e Ă  un clown, et des calices Ă©tranges – mais l’ensemble est d’une grande beautĂ©.

 

Les cĂ©rĂ©monies liturgiques entourant la rĂ©ouverture de Notre-Dame ont elles aussi Ă©tĂ© dignes. Elles permettent aux fidĂšles de s’élever au-dessus du banal pour atteindre le surnaturel. C’est ce dernier qui est si nĂ©cessaire Ă  notre Ă©poque, oĂč tout doit ĂȘtre comprĂ©hensible. Le latin serait incomprĂ©hensible et ennuyeux. Le sacrĂ© a cĂ©dĂ© la place Ă  l’interpersonnel.

 

Mais comment en est-on arrivĂ© Ă  ce que nous voyons aujourd’hui dans les Ă©glises : des drapeaux arc-en-ciel, des activistes LGTB qui dansent autour de l’autel, des groupes de second ordre qui jouent des airs pop, des sermons qui sont en fait des expressions du politiquement correct. Pourquoi le beau et le vrai ont-ils cĂ©dĂ© la place Ă  la laideur et aux opinions ? Des bĂątiments laids, des murs blanchis Ă  la chaux, l’iconoclasme et des spectacles mal jouĂ©s qui devraient passer pour de la liturgie. Les bancs d’agenouillement et les bancs de communion ont Ă©tĂ© supprimĂ©s. Le mystĂšre, le sacrĂ©, le surnaturel devaient cĂ©der la place Ă  la platitude horizontale.

 

À Notre-Dame, j’ai vu le respect de la Tradition, j’ai entendu les chants cĂ©lestes des enfants, j’ai dĂ©tectĂ© la faim de transcendance. Le Christ Ă©tait Ă  nouveau au centre.

 

Je vois l’aspiration à cela chez ceux que l’on appelle les nouveaux catholiques, sur lesquels je reviendrai dans un instant.

 

Mais cela n’a pas encore pĂ©nĂ©trĂ© Ă  Rome. LĂ -bas, ils sont prĂ©occupĂ©s par le nouveau mot Ă  la mode, la synodalitĂ©. Si seulement nous devenons synodaux, l’Église redeviendra attrayante, l’Église aura Ă  nouveau un avenir, c’est l’opinion qui prĂ©vaut. Si seulement nous Ă©coutons, oui, tout sera diffĂ©rent. Les gens donnent l’impression que les pasteurs ne les ont jamais Ă©coutĂ©s au cours des 2000 derniĂšres annĂ©es. On fait croire que l’Esprit Saint est endormi depuis 2000 ans.

 

Je vois autre chose. C’est prĂ©cisĂ©ment l’esprit de l’ùre sĂ©cularisĂ©e moderne qui a conquis les gens. Les dirigeants de l’Église sont comme DĂ©mas qui a abandonnĂ© Paul par amour pour le monde sĂ©culier [ndt: rĂ©fĂ©rence Ă  la 2e lettre de Paul Ă  TimothĂ©e, 4: 09-10 – « Efforce-toi de me rejoindre au plus vite, car DĂ©mas m’a abandonnĂ© par amour de ce monde, et il est parti pour Thessalonique ». Merci Ă  JL pour la prĂ©cision]. Comme Judas qui croyait que l’argent dĂ©pensĂ© pour JĂ©sus Ă©tait mieux dĂ©pensĂ© pour les pauvres. Pour les plus libĂ©raux, c’est bien vu. Ils ressemblent Ă  ceux qui rĂ©clament Barabbas, l’activiste qui poursuivait une utopie mondaine. Ils disent : nous prenons les choses en main. JĂ©sus, lui, a fait la volontĂ© du PĂšre et a choisi la croix. Cela a semblĂ© ĂȘtre un Ă©chec, mais la croix elle-mĂȘme a apportĂ© la rĂ©demption.

 

Pourquoi les gens ont-ils abandonnĂ© l’Église au cours des soixante derniĂšres annĂ©es ? Parce que l’Église les a abandonnĂ©s. L’Église a Ă©garĂ© le peuple de l’Église.


Oui, dit l’Église, nous dĂ©fendons l’environnement, le changement climatique, la diversitĂ©, les pauvres, etc. Et l’on insiste davantage sur cela que sur la liturgie digne, le caractĂšre sacrĂ©, l’appel Ă  la conversion et la prioritĂ© donnĂ©e au salut de l’ñme.

 

Les gens oublient que c’est prĂ©cisĂ©ment ce qui nourrit le peuple pour qu’il commence rĂ©ellement Ă  accomplir les Ɠuvres de misĂ©ricorde. MĂšre Teresa, Peerke Donders, Saint François, le PĂšre Damien n’auraient jamais fait ce qu’ils ont fait s’ils ne s’étaient pas nourris des sacrements, de la priĂšre, de l’adoration eucharistique et du rosaire. Non, ils n’ont pas laissĂ© la politique ou les institutions s’en charger. MĂšre Teresa Ă©tait trĂšs claire Ă  ce sujet : « Si les gens ne changent pas, les structures ne changeront pas non plus ».

 

Depuis les annĂ©es 1960, l’Église a rendu la foi ridicule, ne nommant pas l’essentiel et n’en corrigeant nulle part les dĂ©raillements. Regardez les abus liturgiques qui sĂ©vissent. Lors des messes de confirmation, je suis rĂ©guliĂšrement Ă©pouvantĂ© par des chorales qui ne chantent que des chansons du Top 2000. Il m’est arrivĂ© une fois de voir la chorale accompagnĂ©e d’un groupe assourdissant chanter uniquement des chansons de Bruce Springsteen. « Because the Night Belongs to Lovers» Ă©tait la chanson du sacrifice. À la fin de la messe, j’étais certain que nous ne reverrions jamais ces confirmands Ă  l’église. Lors d’une autre messe de confirmation (Nijmegen), le prĂȘtre a refusĂ© la communion Ă  un confirmand qui voulait recevoir la communion sur la langue. En fait, c’est trĂšs clĂ©rical : ce prĂȘtre fait ses propres rĂšgles et les impose aux fidĂšles.

 

C’est le problĂšme de l’Église depuis Vatican II : l’Église n’enseigne pas ce que l’Évangile enseigne. Nous avons peur de proclamer des opinions catholiques. Quel pasteur parle encore du salut des Ăąmes, des fins derniĂšres, du pardon des pĂ©chĂ©s ? Au contraire, nous prenons nos distances. Nous nous excusons pour le confrĂšre individuel qui prie dans une clinique d’avortement. Nous soutenons la dĂ©cision du conseil d’administration d’une Ă©cole catholique romaine (Limbourg) qui a refusĂ© Ă  des sƓurs l’accĂšs Ă  l’école parce que ces sƓurs ne mentionnaient qu’une seule variante lorsqu’il s’agissait du sacrement du mariage : homme/femme.

Il n’est pas Ă©tonnant que l’Église ait disparu. Qu’est-ce que nous reprĂ©sentons encore ? Le pape interdit la messe traditionnelle en latin Ă  Chartres et Ă  Notre-Dame et, la mĂȘme semaine, inscrit un pĂšlerinage LGTB au programme de l’AnnĂ©e sainte. Nous aspirons certainement Ă  la « libertĂ© et Ă  la joie », mais dans la pratique, cela semble dĂ©boucher sur la dĂ©bauche et le mĂ©contentement.

 

Nous avons besoin de normes et de valeurs communes. D’oĂč viennent-elles? Des normes et des valeurs qui s’appliquent Ă  tous et Ă  tout moment. Oui, il existe LA vĂ©ritĂ© qui s’applique Ă  tous. Et oui, nous pouvons la connaĂźtre. Socrate, Platon et Aristote le savaient dĂ©jĂ . Cette loi naturelle a une origine surnaturelle que le monde sĂ©culier ne connaĂźt pas.

 

Que s’est-il passĂ© aprĂšs Vatican II ? Les gens ont entamĂ© un dialogue avec le monde. Ce n’est pas dĂ©raisonnable. Mais qu’ont-ils fait ? Ils ont temporairement mis la vĂ©ritĂ© de la foi catholique entre parenthĂšses afin d’entrer en dialogue avec la modernitĂ©.

 

Ce qui a finalement conduit Ă  une adhĂ©sion totale au monde sĂ©culier. L’Église Ă©tait tellement dĂ©sireuse de dĂ©montrer sa conformitĂ© avec le monde qu’elle a complĂštement perdu son identitĂ©. Elle en est venue Ă  la conclusion que l’Esprit Saint Ă©tait tout aussi, voire plus, Ă  l’Ɠuvre dans le monde sĂ©culier que dans l’Église elle-mĂȘme. On est mĂȘme allĂ© jusqu’à minimiser, voire nier, les vĂ©ritĂ©s intemporelles de l’Église. On a dit qu’il s’agissait de simples fantaisies de thomistes et d’autres thĂ©ologiens dĂ©passĂ©s. Cela s’est traduit par une traduction complĂštement horizontale de l’Évangile. La mĂ©taphysique a Ă©tĂ© abandonnĂ©e et l’accent a Ă©tĂ© mis sur la communautĂ©.

 

La consĂ©quence a Ă©tĂ© une liturgie plate, dans laquelle le pĂ©chĂ© et le pardon n’avaient plus leur place. La faute est rejetĂ©e sur les autres. C’est aux structures de changer. Le mea culpa est devenu tua culpa, parce que bon, ça va, ce n’est pas ma faute. Le caractĂšre sacrĂ© est devenu mĂ©connaissable. On ne croit plus en la realis presentia. C’est devenu un symbole, rien de plus. La prĂ©sence de JĂ©sus est en nous, pas dans le pain et le vin.

 

L’eucharistie a Ă©tĂ© relĂ©guĂ©e au rang de repas. D’oĂč l’invitation faite Ă  Jan et Ă  tous de recevoir l’hostie, distribuĂ©e par Flip et Loulou en jeans assortis. Pas Ă  genoux et sur la langue, bien sĂ»r. C’est juste un symbole. JĂ©sus s’est aussi assis Ă  la table des pĂ©cheurs, non? (En fait, non. Seuls les apĂŽtres Ă©taient prĂ©sents lors de la derniĂšre CĂšne. JĂ©sus a explicitement Ă©tabli un lien entre cette derniĂšre cĂšne et le sacrifice sur la croix le lendemain). En fait, pourquoi ne cĂ©lĂ©brer que des messes quand on peut aussi offrir des services WC? [sic!] Flip et Loulou peuvent trĂšs bien s’en charger.

 

Il devait ĂȘtre question de justice sociale, de soupes populaires, d’action. Oui, surtout d’action. Nous nous Ă©levons contre la discrimination et le racisme, nous participons au dĂ©bat social sur le changement climatique. Nous sommes manifestement inclusifs et diversifiĂ©s et nous brandissons le drapeau arc-en-ciel. Bien entendu, nous ne parlons pas de l’avortement, de l’euthanasie et de la mutilation des transsexuels. La distinction entre le sacrĂ© et le profane a complĂštement disparu.

Les jeunes, en particulier, l’ont immanquablement senti. Si la liturgie est un fouillis incohĂ©rent, si vous n’ĂȘtes pas mis au dĂ©fi de vivre votre vie diffĂ©remment, oĂč le pardon et le pĂ©chĂ© sont des mots interdits, qu’en avez-vous Ă faire ? Une bonne liturgie, la clartĂ© et la cordialitĂ© font toute la diffĂ©rence.

 

Les jeunes cherchent des rĂ©ponses Ă  leurs questions. Et nous les avons. Des rĂ©ponses raisonnables. Fides quaerens intellectum [« la foi cherche l’intelligence »], vous vous souvenez ? Ce que l’Église doit faire, c’est remettre l’accent sur le sacrĂ©, comme Ă©tant d’un autre ordre, plus Ă©levĂ©. C’est pourquoi nous avons des lieux sacrĂ©s, une liturgie sacrĂ©e, des bĂątiments consacrĂ©s uniquement au culte et Ă  la dĂ©votion. C’est pourquoi nous avons un langage sacrĂ© dans la liturgie, Ă  distinguer du langage quotidien.

 

Par ailleurs, le fait d’ignorer le surnaturel a aussi pour consĂ©quence de rĂ©duire le naturel Ă  un contenu plat et vide de sens. La disparition de la religion dans la sociĂ©tĂ© se fait Ă©galement au dĂ©triment du sĂ©culier. Qui s’intĂ©resse Ă  la religion dĂ©pouillĂ©e du sacrĂ© ? Personne. C’est tout simplement ennuyeux. Une liturgie plate n’est qu’une mauvaise piĂšce de thĂ©Ăątre au scĂ©nario bizarre jouĂ©e par des acteurs de seconde zone. Il n’est pas Ă©tonnant que les jeunes qui ont faim de sens, de pardon et de vĂ©ritĂ© ne soient pas du tout intĂ©ressĂ©s par Laudato Si, Fiducia Supplicans et la SynodalitĂ©.

 

Les paroisses et les diocĂšses qui s’intĂ©ressent Ă  ces questions n’attirent pas les jeunes. OĂč les trouve-t-on : dans les paroisses oĂč les choses sont simplement traditionnelles, oĂč la messe reste la messe, oĂč le sacrĂ© est mis en avant, oĂč la liturgie est clairement distincte du profane. C’est lĂ  que l’on dĂ©couvre quelque chose que l’on ne connaissait pas auparavant. C’est un mouvement vers la beautĂ©, la vĂ©ritĂ©, le sacrĂ©, vers la dĂ©votion, vers des lieux oĂč l’on offre le sacrement de la confession, oĂč l’on prie le rosaire.

 

Là, je vois des familles, là, je vois des jeunes, là, je vois l’avenir de l’Église.

 

C’est beau.

 

+Rob Mutsaerts

Source : le blog de Mgr Mutsaerts vitaminexp.blogspot.com via Benoit et moi

Le rejet de Dieu est le crime capital de ce siĂšcle.

13/01/2025

Le rejet de Dieu est le crime capital de ce siĂšcle.

[
] Chaque être humain et chaque société humaine a été créé dans le but d’accepter le Christ comme roi. Cependant, l’homme pécheur et la société humaine et politique incroyante proclament, comme les prêtres juifs et les pharisiens devant Pilate : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » (Jn 19, 15). Chaque personne humaine et chaque société humaine et politique devraient dire le contraire : « En fin de compte, nous n’avons pas d’autre roi que le Christ. » Lors de la cruelle persécution des chrétiens au Mexique par le gouvernement maçonnique dans les années 1920 et par les communistes en Espagne dans les années 1930, des milliers de catholiques, dont de nombreux enfants et adolescents, ont accepté le martyre en criant : « Vive le Christ-Roi ! »

 

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne :

« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme in- dividuellement et socialement. (
) L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines (cf. Léon XIII, Immortale Dei ; Pie XI, Quas Primas) » (n. 2105).

 

Un véritable apôtre moderne de la royauté sociale et universelle du Christ fut le cardinal Louis Pie, évêque de Poitiers, en France, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Son enseignement épiscopal a préparé les enseignements papaux sur la royauté sociale du Christ au XXe siècle. Il a prononcé les mots suivants, très actuels pour notre époque :

« Jésus-Christ est la pierre angulaire de tout l’édifice social, lui de moins, tout s’ébranle, tout se divise, tout périt. »

« L’erreur dominante, le crime capital de ce siècle, c’est la prétention de soustraire la société publique au gouvernement et à la loi de Dieu. »

« Et tant que le monde présent durera, ne prenons point notre parti de confiner le règne de Dieu au ciel, ou même à l’intérieur des âmes. Le détrônement terrestre de Dieu est un crime : ne nous y résignons jamais ! »

« Replacer toutes choses sous le légitime empire de Dieu, de Jésus-Christ et de l’Église, combattre partout cette substitution sacrilège de l’homme à Dieu, qui est le crime capital des temps modernes».

[
]

 

Extraits choisis par Le Salon Beige

Rolande Lefebvre, mystique française

13/01/2025

Rolande Lefebvre, mystique française

AprĂšs une enfance difficile, des vƓux religieux non aboutis et de frĂ©quentes maladies, Rolande est guĂ©rie en 1938 Ă  Lourdes de maniĂšre Ă©tonnante. Elle se marie, a des enfants et vit trĂšs discrĂštement, en mĂšre de famille, toutes les Ă©tapes de la vie mystique, jusqu’au mariage spirituel en 1972.

À partir de 1975, le Christ lui demande un jeĂ»ne total qui dure jusqu’à sa mort, le 12 janvier 2000. Dans cette derniĂšre pĂ©riode de sa vie, Rolande se sent appelĂ©e Ă  se donner sans limites et sans rĂ©serve pour la saintetĂ© des prĂȘtres et pour Ă©viter l’enfer aux autres hommes. DĂšs lors, elle est fortement tentĂ©e par le diable, vivant une forme de dĂ©rĂ©liction Ă  l’image du Christ Ă  l’agonie. Cette Ă©poque de la vie de Rolande a permis Ă  Mgr RenĂ© Laurentin et au cardinal Coffy de thĂ©oriser une nouvelle Ă©tape de la vie mystique, au-delĂ  des trois Ă©tapes : purgative, illuminative et unitive.

 

Les raisons d'y croire :


Le jeĂ»ne absolu de Rolande est contrĂŽlĂ© Ă  l’hĂŽpital pendant quarante-sept jours, du 22 avril au 7 juin 1980, notamment par le docteur Philippe Loron, mĂ©decin de la PitiĂ©-SalpĂȘtriĂšre. Le jeĂ»ne total d’eau entraĂźne normalement la mort en six jours maximum. Le docteur Louis Callerot, cardiologue, constate que, malgrĂ© le jeĂ»ne absolu, Rolande a pris du poids et que plusieurs phĂ©nomĂšnes observĂ©s chez elle se situent « en dehors de la physiologie normale ».

Le tĂ©moignage de Rolande Lefebvre, d’une force et d’une authenticitĂ© remarquables, convainc le cardinal Coffy et Mgr RenĂ© Laurentin de la nĂ©cessitĂ© de publier son rĂ©cit, pour une meilleure comprĂ©hension des Ă©tapes possibles de la vie mystique.
Lorsque Rolande lit le livre Je veux voir Dieu, Ă©crit en 1947 par le pĂšre Marie-EugĂšne de l’Enfant-JĂ©sus, carme, elle reconnaĂźt exactement tout ce qu’elle a vĂ©cu jusqu’en 1972, et toutes les Ă©tapes classiques de la vie mystique
 mais elle est allĂ©e encore plus loin.
Durant la derniĂšre pĂ©riode de sa vie, pendant laquelle elle veut se donner entiĂšrement pour les prĂȘtres et pour Ă©viter l’enfer aux autres hommes, elle se retrouve sous l’emprise du dĂ©mon. Les exorcismes du pĂšre RenĂ© Chenesseau, son confesseur, qui est aussi le prĂȘtre exorciste du diocĂšse de Pontoise (Val-d’Oise), la soulagent visiblement et beaucoup.

 

SynthĂšse sur 1000 raisons de croire

Offensive d’un cardinal contre la doctrine catholique

12/01/2025

Offensive d’un cardinal contre la doctrine catholique

Article de Tribune Chrétienne (Extraits)

 

[...]

Dans un article publiĂ© sur le site Outreach, rĂ©fĂ©rence pour les catholiques LGBTQ, le cardinal Cupich, archevĂȘque de Chicago, a saluĂ© l’amour sacrificiel des couples homosexuels adoptant des enfants, affirmant qu’ils « offrent un foyer » Ă  ceux qui n’en ont pas. Cette dĂ©claration s’inscrit dans un discours plus large visant Ă  promouvoir l’intĂ©gration des homosexuels dans l’Église en tant que tels, sans distinction entre leur statut et leur pĂ©chĂ©.

Le problĂšme est double : d’une part, ces propos vont Ă  l’encontre de la doctrine catholique, qui affirme que tout enfant a droit Ă  un pĂšre et une mĂšre. D’autre part, ils ignorent les graves avertissements de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi (2003), qui qualifiait l’adoption par des couples homosexuels de « gravement immorale », soulignant qu’elle expose les enfants Ă  des violences psychologiques et sociales. [...]

 

[...]

L’Église catholique enseigne, dans le CatĂ©chisme de l’Église catholique (§1601), que le mariage est l’union sacrĂ©e entre un homme et une femme, ordonnĂ©e au bien des conjoints et Ă  l’éducation des enfants. En lĂ©gitimant l’adoption par des couples homosexuels, certains membres du clergĂ© trahissent cette vĂ©ritĂ© fondamentale et encouragent une destruction systĂ©matique de la famille telle que voulue par Dieu.

Il ne s’agit pas seulement d’une question pastorale. Ces initiatives visent Ă  changer en profondeur la perception du pĂ©chĂ© au sein de l’Église. Le message est clair : si l’adoption par des couples homosexuels est acceptĂ©e, alors l’homosexualitĂ© elle-mĂȘme doit ĂȘtre reconnue comme une variante lĂ©gitime de l’amour [...]

 

 

Les Ă©vĂȘques italiens favorables Ă  l'admission des homosexuels au sacerdoce ?

12/01/2025

Les Ă©vĂȘques italiens favorables Ă  l'admission des homosexuels au sacerdoce ?

Cet article de Tribune ChrĂ©tienne, reprenant celui de la Bussola Italia discute d'un texte de la ConfĂ©rence Ă©piscopale italienne (CEI) sur la formation des prĂȘtres, suscitant une vive controverse. Le document, semblant ouvrir la voie Ă  l'admission de candidats homosexuels sous condition de chastetĂ©, est interprĂ©tĂ© de maniĂšres divergentes, crĂ©ant comme d'habitude une ambiguĂŻtĂ© doctrinale. Alors que certains mĂ©dias voient une rĂ©volution, l’article souligne le flou du texte et son potentiel Ă  affaiblir la discipline ecclĂ©siale, mettant en lumiĂšre le conflit entre les interprĂ©tations libĂ©rales et la doctrine traditionnelle de l’Église concernant l’homosexualitĂ© et le sacerdoce. L'auteur exprime finalement une inquiĂ©tude face Ă  ce qu'il perçoit comme un compromis inacceptable avec la doctrine catholique.

Les preuves pour qu’on ne croie pas « Ă  la lĂ©gĂšre »

10/01/2025

Les preuves pour qu’on ne croie pas « Ă  la lĂ©gĂšre »

Les raisons d'y croire :


La simplicitĂ©, la cohĂ©rence et la logique de cette synthĂšse publiĂ©e par saint Thomas d’Aquin constitue Ă  elle seule une vĂ©ritable raison de croire.


Les diffĂ©rents types de preuves de la vĂ©ritĂ© du christianisme que Thomas d’Aquin Ă©voque sont connus et convaincants, Ă  commencer par les « Ɠuvres trĂšs au-dessus des possibilitĂ©s de la nature », accomplies de maniĂšre trĂšs visible par le Christ, qui « tĂ©moignent que le PĂšre l’a envoyĂ© » (Jn 5,36 ; 10,25). Effectivement, lorsqu’on change l’eau en vin, qu’on multiplie les pains et les poissons, qu’on ressuscite les morts, qu’on chasse les dĂ©mons et qu’on commande Ă  la mer et au vent (etc.), cela devrait normalement conduire Ă  des prises de conscience. C’est en ce sens que le Christ adressait des reproches aux villes du bord de lac de TibĂ©riade oĂč il s’était rĂ©vĂ©lĂ© par des paroles et des actes : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, BethsaĂŻde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu Ă  Tyr et Ă  Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous le sac et la cendre. Aussi, je vous le dĂ©clare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitĂ©es moins sĂ©vĂšrement que vous. Et toi, CapharnaĂŒm, seras-tu donc Ă©levĂ©e jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au sĂ©jour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu Ă  Sodome, cette ville serait encore lĂ  aujourd’hui. Aussi, je vous le dĂ©clare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traitĂ© moins sĂ©vĂšrement que toi » (Lc 10,13-15 ou Mt 11,20-24).


La sublimitĂ© de la parole du Christ et la sagesse qui l’inspire, qui « transparaĂźt » dans la prĂ©dication des apĂŽtres et des premiers chrĂ©tiens et qui a permis l’expansion miraculeuse du christianisme malgrĂ© les« persĂ©cutions », est une autre raison de croire.


De mĂȘme, le fait que Dieu, « longtemps Ă  l’avance », a « prĂ©dit » tout cela « par la bouche des prophĂštes ».


Il y a encore le fait que le Seigneur, aprĂšs avoir fait des « Ɠuvres que nul autre n’a faites » (Jn 15,24), a appuyĂ© Ă©galement le tĂ©moignage des apĂŽtres et celui des saints de tous les temps de trĂšs nombreux « signes, miracles et prodiges » (Mc 16,20 ; Ac 2,22 ; 2,43 ; Hb 2,4) qui sont d’autres confirmations trĂšs importantes.


Reprenant et complĂ©tant toutes ces idĂ©es, le concile Vatican I conclut : « C’est Ă  l’Église catholique seule que se rĂ©fĂšrent tous ces signes si nombreux et si admirables disposĂ©s par Dieu pour faire apparaĂźtre avec Ă©vidence la crĂ©dibilitĂ© de la foi chrĂ©tienne. Bien plus, l’Église, Ă  cause de son admirable propagation, de son Ă©minente saintetĂ© et de son inĂ©puisable fĂ©conditĂ© en tout bien, Ă  cause aussi de son unitĂ© catholique et de son invincible fermetĂ©, est par elle-mĂȘme un grand et perpĂ©tuel motif de crĂ©dibilitĂ© et un tĂ©moignage irrĂ©futable de sa mission divine » (Constitution dogmatique Dei Filius, Denzinger 3013) ; « Non seulement, la foi et la raison ne peuvent jamais ĂȘtre en dĂ©saccord, mais encore elles s’aident mutuellement. La droite raison dĂ©montre les fondements de la foi, et, Ă©clairĂ©e par la lumiĂšre de celle-ci, elle s’adonne Ă  la science des choses divines. Quant Ă  la foi, elle libĂšre et protĂšge la raison des erreurs et lui fournit de multiples connaissances »(Denzinger 3019) ; « Si quelqu’un dit que la RĂ©vĂ©lation divine ne peut ĂȘtre rendue croyable par des signes extĂ©rieurs et que, dĂšs lors, les hommes doivent ĂȘtre poussĂ©s Ă  la foi uniquement par leur expĂ©rience intĂ©rieure personnelle ou par une inspiration privĂ©e, qu’il soit anathĂšme » (Denzinger 3033) ; « Si quelqu’un dit que les miracles ne peuvent jamais ĂȘtre connus avec certitude ni servir Ă  prouver efficacement l’origine de la religion chrĂ©tienne, qu’il soit anathĂšme » (Denzinger 3034).


Pie XII le confirmera : « Dieu a disposĂ© un grand nombre de signes extĂ©rieurs Ă©clatants qui nous permettent de prouver, de façon certaine, l’origine divine de la religion chrĂ©tienne avec les seules lumiĂšres naturelles de notre raison » (Humani Generis, § 4).

 

SynthĂšse et plus ici

PriÚres non exaucées ? La réponse de Jésus :

09/01/2025

PriÚres non exaucées ? La réponse de Jésus :

Dans l'Évangile de JĂ©sus-Christ selon saint Luc : « Quel pĂšre parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? Ou lui donnera un scorpion quand il demande un Ɠuf ? Si donc vous, qui ĂȘtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses Ă  vos enfants, combien plus le PĂšre du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint Ă  ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11,11-13)

 

Ainsi, quelle que soit notre priÚre, dans laquelle nous demanderons à Dieu des choses vitales, bonnes, avec insistance, confiance et humilité, ajoutons toujours : PÚre, donne-nous ton Esprit Saint.

 

PersĂ©vĂ©rance et confiance Le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. L’exaucement de notre priĂšre peut Ă©galement prendre du temps. Cette attente nous donne l’occasion d’exercer notre patience, et de cultiver notre persĂ©vĂ©rance. Elle s’inscrit peut-ĂȘtre dans la pĂ©dagogie divine, nous invitant Ă  prendre du recul face aux Ă©preuves que nous traversons et Ă  transformer notre regard sur elles, en y discernant une perspective d’espĂ©rance et de croissance spirituelle.

Ainsi, Sylvain Tesson, dans son beau rĂ©cit intitulĂ© La panthĂšre des neiges, Ă©crit ceci : « J'avais appris que la patience Ă©tait une vertu suprĂȘme, la plus Ă©lĂ©gante et la plus oubliĂ©e. Elle aidait Ă  aimer le monde avant de prĂ©tendre le transformer. »

 

L’intercession de MarieN’oublions pas cette priĂšre puissante, qui fait l’objet d’une fĂȘte : le saint Rosaire, le chapelet. La Vierge Marie est apparue de nombreuses fois en exhortant Ă  rĂ©citer le chapelet, comme Ă  l’Ile Bouchard en 1947.

 

Demandons Ă  Marie qui dĂ©fait les nƓuds qu’elle nous aide Ă  entrer dans cette belle dynamique et habitude du chapelet : une neuvaine Ă  Marie qui dĂ©fait les nƓuds peut aisĂ©ment nous y conduire.

 

Isabelle Rolland pour Marie qui défait les noeuds

EGLISE EN CRISE : LES CAUSES ET LES REMEDES AVEC J.P. MAUGENDRE

09/01/2025

EGLISE EN CRISE : LES CAUSES ET LES REMEDES AVEC J.P. MAUGENDRE

 

Chapitres : 

02:48 – "Quand la mer se retire" : une mĂ©taphore de la crise de l’Église
04:51 – LaĂŻcitĂ© et prĂ©sidents : quelles relations avec l’Église ?
09:28 – La Manif pour tous : un tournant pour les catholiques français
12:49 – Évolution politique : les grands bouleversements des 20 derniĂšres annĂ©es
17:03 – SĂ©cularisation et perte de mission : l’Église face Ă  un double dĂ©fi
22:23 – BenoĂźt XVI vs François : deux hĂ©ritages, un avenir incertain
30:08 – Relativisme doctrinal : quelles mesures pour inverser la tendance ?
35:37 – L’Église face au monde moderne : a-t-elle abandonnĂ© sa mission ?
41:29 – DĂ©clin du catholicisme occidental : signes d’un renouveau ?
46:46 – Liturgie et messe traditionnelle : clĂ©s d’un redressement spirituel
50:24 – Impasses de la modernitĂ© : que peut corriger l’Église ?
1:01:02 – RĂ©formes face aux scandales : suffisent-elles ?
1:10:18 – Pistes de renouveau : prioritĂ©s pour les catholiques d’aujourd’hui
1:15:24 – Conseils de lecture : des auteurs vivants pour la jeunesse


📚 Liste des ouvrages mentionnĂ©s dans l’entretien :

Quand la mer se retire de Jean-Pierre Maugendre : https://renaissancecatholique.fr/bout...

DĂ©fendre l’Europe civilisationnelle de David Engels : https://editions-salvator.com/vie-pol...

Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France de Guillaume Cuchet : https://www.seuil.com/ouvrage/le-cath...

La fin d’un monde de Patrick Buisson : https://www.albin-michel.fr/la-fin-du...

Soyez rationnel devenez catholique de Matthieu Lavagna : https://mdnproductions.fr/apologetiqu...

Et si c’était vrai de FrĂ©dĂ©ric Guillaud : https://mdnproductions.fr/accueil/139...

Dieu la science les preuves d’Olivier Bonnassies et Michel-Yves BollorĂ© : https://lyon.maisonbible.fr/72654-die...

Credo de Monseigneur Athanasius Schneider : https://renaissancecatholique.fr/bout...

Sur l’Islam de RĂ©mi Brague : https://www.gallimard.fr/catalogue/su...

La morale remise Ă  sa place de RĂ©mi Brague : https://www.gallimard.fr/catalogue/la...

Métamorphoses françaises de JérÎme Fourquet : https://www.seuil.com/ouvrage/metamor...

La compagnie des ombres de Michel de Jaeghere : https://www.lesbelleslettres.com/livr...

1948 : IsraĂ«l, la naissance d’une Nation - Figaro histoire : https://www.lefigaro.fr/histoire/le-n...

Pùre Elijah de Michael D. O’Brien : https://editions-salvator.com/thrille...

Une Île au coeur du monde de Michael D. O’Brien : https://editions-salvator.com/romans-...

Le pari bénédictin de Rod Dreher : https://www.editionsartege.fr/product...

 

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Henri Bergson : « Le mysticisme complet est celui des chrétiens »

09/01/2025

Henri Bergson : « Le mysticisme complet est celui des chrétiens »

Rien, chez lui, ne favorise le christianisme, mais en comparant l’expĂ©rience mystique des saints avec celle de figures spirituelles d’autres religions, il finit tout de mĂȘme par conclure : « Le mysticisme complet [
] est celui des grands mystiques chrĂ©tiens. » Ainsi arrivĂ© au seuil de la conversion, il ne demande toutefois pas le baptĂȘme, prĂ©fĂ©rant rester solidaire des Juifs persĂ©cutĂ©s par le rĂ©gime nazi, mais sa conviction personnelle est faite en faveur de la vĂ©ritĂ© du christianisme.

 

Les raisons d'y croire :
Bergson est un intellectuel brillant et renommĂ© : quatre fois laurĂ©at du concours gĂ©nĂ©ral, normalien, titulaire d’un double doctorat en lettres et en philosophie, d’un doctorat honoraire en sciences de l’universitĂ© d’Oxford et d’un doctorat en lettres de l’universitĂ© de Cambridge, professeur au CollĂšge de France, membre de l’AcadĂ©mie française, membre de plusieurs acadĂ©mies Ă©trangĂšres (Turin, SuĂšde, États-Unis), prix Nobel de littĂ©rature (1928), grand-croix de la LĂ©gion d’honneur



Dans les circonstances dans lesquelles il Ă©volue, rien ne le pousse Ă  un jugement favorable sur le christianisme. Il est en effet issu d’une famille juive immigrĂ©e, formĂ© Ă  la philosophie dans un contexte largement positiviste et anticlĂ©rical, passionnĂ© de sciences, et notamment de la thĂ©orie de l’évolution, quand celle-ci est encore loin d’ĂȘtre admise par les chrĂ©tiens, etc.


Dans les premiĂšres annĂ©es de sa cĂ©lĂ©britĂ©, l’Église lui est mĂȘme plutĂŽt hostile, condamnant ses livres Ă  l’Index (c’est-Ă -dire interdisant aux fidĂšles de les lire) : Bergson a donc toutes les raisons d’en vouloir au catholicisme.


Mais son honnĂȘtetĂ© intellectuelle est plus forte ; son Ă©tude comparĂ©e des diffĂ©rentes formes de mystiques conclut que seul le mysticisme chrĂ©tien possĂšde, au-delĂ  de la contemplation, de si admirables fruits dans l’action : « Qu’on pense Ă  ce qu’accomplirent, dans le domaine de l’action, un saint Paul, une sainte ThĂ©rĂšse, une sainte Catherine de Sienne, un saint François, une Jeanne d’Arc, et tant d’autres. » Selon Bergson, cette vitalitĂ© surabondante est le signe que ces grands saints chrĂ©tiens ont atteint le vĂ©ritable sommet mystique, l’union Ă  Dieu.

 

Bergson Ă©tudie aussi les mystiques non chrĂ©tiennes (notamment les mystiques antiques et celles de la culture indienne) : lorsqu’il conclut Ă  la supĂ©rioritĂ© de la mystique chrĂ©tienne, c’est en toute connaissance de cause.

 

SynthĂšse et plus sur 1000 raisons de croire

L’ensauvagement d’une sociĂ©tĂ© sans Dieu

08/01/2025

L’ensauvagement d’une sociĂ©tĂ© sans Dieu

Je ne veux pas ici traiter des multiples causes d’un pareil dĂ©sastre, ayant Ă©tĂ© aumĂŽnier de prison pendant dix ans, j’en quelque idĂ©e. Je n’évoquerai que la principale, difficile Ă  exprimer en France parce que c’est le pays qui l’a enfantĂ©e et continue Ă  la chĂ©rir : je veux parler de la prĂ©tention utopique de construire une sociĂ©tĂ© sans Dieu. De lĂ  vient l’idĂ©ologie qui pourrit la justice, la religion catholique dans quelques uns de ses reprĂ©sentants, et bien d’autres choses. Avant donc de lĂ©gifĂ©rer, il faut penser autrement, et surtout prier !

 

La principale source du mal, pour ses « succÚs » et sa durée : Jean Jacques Rousseau, et son Contrat social ( 1762). Je cite:

On nous dit qu’un peuple de vrais chrĂ©tiens formerait la plus parfaite sociĂ©tĂ© que l’on puisse imaginer. Je ne vois Ă  cette supposition qu’une grande difficultĂ© ; c’est qu’une sociĂ©tĂ© de vrais chrĂ©tiens ne serait plus une sociĂ©tĂ© d’hommes
Mettez vis-Ă -vis d’eux ces peuples gĂ©nĂ©reux que dĂ©vorait l’ardent amour de la gloire et de la patrie, supposez votre rĂ©publique chrĂ©tienne vis-Ă -vis de Sparte ou de Rome, les pieux chrĂ©tiens seront battus, Ă©crasĂ©s, dĂ©truits, avant d’avoir eu le temps de se reconnaĂźtre, ou ne devront leur salut qu’au mĂ©pris que leur ennemi concevra pour eux
Mais je me trompe en disant une rĂ©publique chrĂ©tienne, chacun de ces mots exclut l’autre. Le christianisme ne prĂȘche que servitude et dĂ©pendance. Son esprit est trop favorable Ă  la tyrannie pour qu’elle n’en profite pas toujours. Les vrais chrĂ©tiens sont faits pour ĂȘtre esclaves, ils le savent et ne s’en Ă©meuvent guĂšre, cette courte vie a trop peu de prix Ă  leurs yeux. ». ƒuvres complĂštes vol 5 pp150-154).

 

Et Robespierre sera son fidĂšle disciple, en toute logique et sans aucun sadisme, ni esprit de cruautĂ©, il se prononcera pour l’abolition de la peine de mort infligĂ©e Ă  des hommes en 1790. En 1792, il demandera la mort du roi qui, parce que roi (catholique de plus) n’était plus un homme mais un monstre. Et en 1793 et 1794, il fera massacrer les VendĂ©ens qui, par par leurs superstitions catholiques, avaient perdu leur qualitĂ© d’hommes pour devenir « des brigands ». Cela dit, le rejet du christianisme chez Robespierre, n’impliquait pas le refus de la morale, bien au contraire, comme son maĂźtre Rousseau, il a une profonde et sincĂšre exigence de vertu, il a donc besoin de Dieu, mais d’un Dieu « Ă©purĂ© » que les Évangiles et l’Eglise ont dĂ©formĂ©. L’Etre SuprĂȘme sera ce Dieu, crĂ©ateur et assurant la vie aprĂšs la mort, mais n’ayant delivrĂ© aucune rĂ©vĂ©lation sinon sa crĂ©ation. Comment alors donner de l’autoritĂ© Ă  une morale ou Ă  une justice avec cet Être SuprĂȘme qui n’est pas le vrai Dieu ? Par la terreur ! Écoutons l’Incorruptible dans un de ses plus grands discours , celui du 5 fĂ©vrier 1794 (Principes moraux du gouvernement français. Archives parlementaires de la RĂ©volution française 1962 tome 84 pp 330-337)

 

« Si le ressort du gouvernement populaire dans la paix est la vertu, le ressort du gouvernement populaire en rĂ©volution est Ă  la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste, la terreur sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sĂ©vĂšre, inflexible ; elle est donc une Ă©manation de la vertu ; elle est moins un principe particulier, qu’une consĂ©quence du principe gĂ©nĂ©ral de la dĂ©mocratie, appliquĂ© aux plus pressante besoins de la patrie. » 

 

Tout esprit averti et un tant soit peu cultivĂ© relĂšvera les caricatures anti-chrĂ©tiennes de notre philosophe, mais il ne pourra pas s’empĂȘcher, s’il est honnĂȘte, d’y reconnaĂźtre, hĂ©las, des thĂšmes de certains prĂȘches ou Ă©crits, Ă  l’estampille catholique. Cependant , il n’empĂȘche que ce « jugement » de Rousseau sur le christianisme est Ă  la base de la laĂŻcisation de la sociĂ©tĂ© et se son lent travail d’expulsion du Christ de son sein. En juin 1794, la France connaĂźtra le culte de l’Etre SuprĂȘme, une religion civique, et une premiĂšre sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat le 21 fĂ©vrier 1795.

 

NapolĂ©on qui avait Ă©tĂ© trĂšs proche de Robespierre et surtout de son frĂšre Augustin avait Ă©tĂ© tĂ©moin de l’aventure de l’Etre SuprĂȘme et de son Ă©chec. Et bien qu’à l’époque oĂč il prit le pouvoir en 1799, ses prĂ©fĂ©rences allassent vers cet ancien culte rĂ©volutionnaire, il signa le Concordat de 1801 qui rĂ©tablissait le culte catholique. Il manifestait ainsi son pragmatisme politique, il indiquait de plus qu’il n’existait pour la France, dont il connaissait bien l’histoire, qu’une alternative, le culte du Dieu des chrĂ©tiens ou le culte de l’homme ; et cette vĂ©ritĂ© demeure.

 

Ce n’est que le 9 dĂ©cembre 1905, qu’eut lieu une deuxiĂšme sĂ©paration d’avec l’Eglise, qui dure toujours. Pendant plus d’un siĂšcle (1801-1905) , et ce avec la permanence du raisonnement de Rousseau , auquel s’ajouta tel ou tel Ă©vĂ©nement (du style «  affaire Dreyfus »), on en arriva Ă  la situation actuelle. Sa forme lĂ©gislative est certes assez particuliĂšre Ă  la France, mais son esprit demeure le mĂȘme chez tous ceux qui veulent empĂȘcher le christianisme d’avoir une quelconque influence dans la sociĂ©tĂ©.

Ce qui a fait reculer la sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat par les politiciens français Ă  partir du vĂ©ritable avĂšnement de la III Ăšme rĂ©publique, en 1879, ce fut la question de la morale . Sur quoi fonder la morale laĂŻque, puisqu’on voulait faire abstraction de Dieu ? Chacun connaĂźt la rĂ©ponse de Jules Ferry au SĂ©nat le 28 mars 1882, cette morale sera « la bonne vieille morale de nos pĂšres, la nĂŽtre, la vĂŽtre, car nous n’en avons qu’une ». Cette volontĂ© se traduira dans les faits pendant un certain temps,  il y aura en effet des leçons de morale Ă  l’école. Mais cela ne durera pas.

 

Le Pape Léon XIII avait prévu cette terrible évolution et avait averti des dangers que faisait courir à la société la « mise à la porte » de Dieu !

(Encyclique Libertas praestantissimum 20 juin 1888 ) 
« Ce qui vient d’ĂȘtre dit de la libertĂ© des individus, il est facile de l’appliquer aux hommes qu’unĂźt entre eux la sociĂ©tĂ© civile, car ce que la raison et la loi naturelle font pour les individus, la loi humaine promulguĂ©e pour le bien commun des citoyens l’accomplit pour les hommes vivant en sociĂ©té De tels commandements ne tirent aucunement leur origine de la sociĂ©tĂ© des hommes ; car de mĂȘme que ce n’est pas la sociĂ©tĂ© qui a crĂ©Ă© la nature humaine, ce n’est pas elle qui fait que le bien soit en harmonie et le mal en dĂ©saccord avec cette nature ; mais tout cela est antĂ©rieur Ă  la sociĂ©tĂ© humaine elle-mĂȘme et doit ĂȘtre rattachĂ© Ă  la loi naturelle, et partant Ă  la loi Ă©ternelle. Comme on le voit, les prĂ©ceptes de droit naturel compris dans les lois des hommes n’ont pas seulement la valeur de la loi humaine, mais ils supposent avant tout cette autoritĂ© bien plus Ă©levĂ©e et bien plus auguste qui dĂ©coule de la loi naturelle elle-mĂȘme et de la loi Ă©ternelle
si l’on fait dĂ©pendre du jugement de la seule et unique raison humaine le bien et le mal, on supprime la diffĂ©rence propre entre le bien et le mal ; le honteux et l’honnĂȘte ne diffĂšrent plus en rĂ©alitĂ©, mais seulement dans l’opinion et le jugement de chacun ; ce qui plaĂźt sera permis
.D’autres vont un peu moins loin ( c’est Ă  dire qu’ils ne refusent pas la rĂ©fĂ©rence Ă  Dieu)
selon eux, les lois divines doivent rĂ©gler la vie et la conduite des particuliers, mais non celles des États ; il est permis dans les choses publiques de s’écarter des ordres de Dieu et de lĂ©gifĂ©rer sans en tenir aucun compte ; d’oĂč naĂźt cette consĂ©quence pernicieuse de la sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat.( aprĂšs avoir dĂ©fini toutes sortes de libertĂ© le Pape concĂšde ce qui suit par rĂ©alisme politique et pour Ă©viter un « trop » de rigueur) 
NĂ©anmoins, dans son apprĂ©ciation maternelle, l’Eglise tient compte du poids accablant de l’infirmitĂ© humaine, et elle n’ignore pas le mouvement qui entraĂźne Ă  notre Ă©poque les esprits et les choses. Pour ces motifs, tout en accordant de droits qu’à ce qui est vrai et honnĂȘte, elle ne s’oppose pas cependant Ă  la tolĂ©rance dont la puissance publique croit pouvoir user Ă  l’égard de certaines choses contraires Ă  la vĂ©ritĂ© et Ă  la justice, en vue d’un mal plus grand Ă  Ă©viter ou d’un bien plus grand Ă  obtenir et Ă  conserver. ».

 

Et les successeurs de ce grand Pontife ont repris sa doctrine, avec des modalitĂ©s diffĂ©rentes, car si la doctrine ne change pas, ce n’est pas le cas des hommes et des sociĂ©tĂ©s . Vatican II se situe dans cette continuitĂ©.

 

Au moment oĂč se clĂŽturait ce Concile,  la France vivait une laĂŻcitĂ© apaisĂ©e, je l’ai Ă©crit  prĂ©cĂ©demment, mais force est de constater que, depuis 2012, ce n’est plus le cas. Les lois sociĂ©tales dĂ©fiant la raison et la morale se sont succĂ©dĂ©es et d’autres encore pires se prĂ©parent. L’enseignement catholique est menacĂ©, nos Ă©glises constamment profanĂ©es. Je pourrais continuer ma liste.

 

La rĂ©ponse des autoritĂ©s politiques se rĂ©sume Ă  un renforcement de la LaĂŻcitĂ©, idĂ©ologie Ă©levĂ©e au rang de religion d’Etat. Certains Ă©voquent mĂȘme 1789 et la suite
pour un ancien ministre de l’Education nationale, « La rĂ©volution française n’est pas terminĂ©e ». DĂ©sacralisation et neutralitĂ© religieuse de l’espace publique sont devenus les deux mots d’ordre du  combat Ă  mener prĂ©sentement. L’esprit moderne se voit refuser tout accĂšs Ă  la loi naturelle, il est abandonnĂ© Ă  ses pulsions, les prĂȘtres ( que certains veulent dĂ©sacraliser) Ă  leurs dĂ©viances Ă©ventuelles, les magistrats ( qui ne se sentent jamais assez libres) aux utopies les aveuglant quant Ă  leurs devoirs, et les criminels Ă  leurs envies.

 

Quand de grands intĂ©rĂȘts sont en jeu, on peut cependant maintenir l’ordre un moment, dans un lieu bien dĂ©limitĂ©, mais avec un dĂ©ploiement de forces exceptionnelles, impossible Ă  maintenir longtemps . L’exemple de la sĂ©curitĂ© sur les diffĂ©rents lieux des jeux olympiques en est un exemple. Pratiquement tout ce qui existait comme force de l’ordre, en France , Ă©tait mobilisĂ© dans ces lieux qui seuls aussi captaient les regards des juges, puisque que c’est vers cette pĂ©riode qu’on a laissĂ© sortir de prison un homme trĂšs dangereux et qu’on a nĂ©gligĂ© son expulsion de France, probablement avec un arriĂšre fond assez fort de lĂ©galitĂ©. Ce n’est pas de nouvelles lois que viendra une quelconque amĂ©lioration !

 

Ne comptant que sur des forces matĂ©rielles et ne vivant que d’une « spiritualitĂ© » frelatĂ©e, ceux qui dirigent notre sociĂ©tĂ© sont vite rĂ©duits Ă  l’impuissance.Depuis de trĂšs nombreuses annĂ©es le principe d’autoritĂ© est bafouĂ©, parce que toute autoritĂ© vient de Dieu qui n’a plus sa place dans l’espace public. Ainsi tous les dĂ©tenteurs de pouvoirs sont condamnĂ©s Ă  l’impuissance, surtout si pour se rĂ©signer Ă  cette dĂ©gĂ©nĂ©rescence, ils l’ont transformĂ©e en doctrine. Certains prĂȘtres catholiques, surtout aprĂšs la « rĂ©vĂ©lation » des abus, oh combien exagĂ©rĂ©e dans les chiffres , ont donnĂ© le triste exemple d’une repentance masochiste , bien peu Ă©vangĂ©lique. Certains magistrats, surtout parmi ceux qui avaient Ă©rigĂ© un mur des cons sur lequel ils affichaient les photos des victimes de criminels et aussi leur famille, je pense, en particulier Ă  une jeune fille violĂ©e , puis tuĂ©e, et il y avait aussi la photo de son pĂšre ! Et c’est la mĂȘme race de juges qui octroya un  bracelet Ă©lectronique au fichĂ© S qui Ă©gorgea le pĂšre Hamel. Et on pourrait lĂ  aussi continuer la liste aux consĂ©quences sanglantes de dĂ©cisions de justice fort Ă©tranges.

 

Les lois existent, mais parmi les humains qui sont chargĂ©s de les faire appliquer, un certain nombre en est incapable. Non pas par manque d’intelligence, mais au nom d’une idĂ©ologie «  optimiste » , celle de la philosophie des LumiĂšres, prompte Ă  absoudre le pire criminel pour condamner la sociĂ©tĂ© coupable de tout. Et les victimes, faisant partie de la sociĂ©tĂ© partagent l’opprobre dont la couvrent (inconsciemment je l’espĂšre) nos juges. Dans le cas prĂ©sent, la jeune fille, victime, Ă©tait suspecte, son nom, elle habitait les beaux quartiers, Ă©tait catholique pratiquante et engagĂ©e dans sa foi, frĂ©quentait un milieu privilĂ©giĂ©. Quant Ă  son assassin prĂ©sumĂ©, il Ă©tait un pauvre rejetĂ© ! Ces magistrats idĂ©ologues font penser Ă  ces professeurs de mai 1968 qui notaient aux examens de cette Ă©poque, 20 sur 20 une copie blanche ! DĂ©ni de rĂ©alitĂ© absolu!  Le mĂȘme qui se traduit par le refus de considĂ©rer la prison comme une sanction normale ( mais il faudrait bien sĂ»r amĂ©liorer nos prisons et les «  diversifier »). Mais on doit aussi poser la question de la psychiatrie en milieu carcĂ©ral. Les mĂ©decins ne sont pas en cause, ceux qui doivent leur verser des honoraires convenables, oui ! Car la sanction en matiĂšre de viol dĂ©pend certes de la loi, mais la rĂ©daction mĂȘme de cette derniĂšre, et l’application de la sanction requiĂšrent une trĂšs grande participation des psychiatres. N’en dĂ©plaisent aux idĂ©ologues, la perversitĂ© humaine existe, quelquefois inguĂ©rissable. Cela ne signifie pas qu’il faille rĂ©tablir la peine de mort. Elle n’est pas nĂ©cessaire, surtout pour un pays civilisĂ©, en temps de paix, mĂȘme relatif ! Seul le temps de guerre ou l’état de siĂšge pourraient justifier un rĂ©tablissement temporaire de la peine capitale. Mais ce n’est pas le problĂšme urgent qui se pose aujourd’hui.

 

Pour reprendre le langage des maĂźtres stoĂŻciens, la France, comme beaucoup de pays d’Europe doit retourner Ă  ses « convenables », Ă  savoir la civilisation chrĂ©tienne qui comporte comme annoncĂ© au dĂ©but de ce propos l’espĂ©rance religieuse juive accomplie en Jesus-Christ, la sagesse grecque et le droit romain. Pendant des siĂšcles, l’Eglise catholique a transmis ce trĂ©sor aux pays oĂč Elle se trouvait , une civilisation s’est construite ! Il est clair que maintenant, on veut la dĂ©truire en organisant le dĂ©sordre civil et moral par l’exclusion de Dieu de l’espace public ! Comme l’écrivait LĂ©on XIII dans l’encyclique citĂ©e, l’Etat ne peut pas ĂȘtre athĂ©e. Combien faudra-t-il de victimes, par le viol, l’assassinat, la drogue, pour que nous nous rĂ©veillions et agissions ? Et surtout arrĂȘtions de croire Ă  une LaĂŻcitĂ© messianique !