Le blog du Temps de l'Immaculée.
25/03/2025
Pourquoi la Vierge Marie nâa-t-elle pas exultĂ© de joie dĂšs lâinstant de lâAnnonciation ? Pourquoi a-t-elle attendu la Visitation pour exprimer sa joie en chantant son Magnificat ? LâAnge ne lui avait-il pas annoncĂ© lâimminence dâune naissance miraculeuse qui aurait dĂ» la rĂ©jouir immĂ©diatement ? Et pourtant⊠Câest le temps long de la grĂące ! Voyons la scĂšne de plus prĂšs.
Dieu a préparé le terrain
Lorsque lâange Gabriel se prĂ©sente devant la Vierge Marie, lâĂ©vĂ©nement fait irruption dans sa vie comme quelque chose dâextraordinaire et dâinattendu (Lc 1, 26-38). Mais en amont, Dieu a prĂ©parĂ© le terrain. Marie a Ă©tĂ© conçue prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ©, et encore quâelle nâen ait probablement aucune espĂšce dâintuition, son enfance et son adolescence ont eu la fraĂźcheur dâune innocence quâon pensait oubliĂ©e depuis le matin du monde. Toutefois, cette innocence initiale de Marie aurait pu se flĂ©trir avec le temps, lentement ou bien soudainement Ă lâinstar de celle dâĂve. Ce ne fut pas le cas. Dieu veillait, et prĂ©venait Marie de sa grĂące Ă chaque instant. De son cĂŽtĂ©, Marie nâopposait aucune rĂ©sistance Ă cette grĂące. De la simple non-rĂ©sistance au consentement actif, il y a un saut qualitatif que Marie a franchi en choisissant, dĂšs lâenfance et Ă chaque instant, de se recevoir entiĂšrement de Dieu.
Ce nâĂ©tait pas de sa part une option fondamentale un peu vague ou une vellĂ©itĂ©. Se recevoir entiĂšrement de Dieu, câĂ©tait dâabord mĂ©diter chaque jour sa Parole dans les Ăcritures. Et câĂ©tait laisser la Parole de Dieu littĂ©ralement façonner toute sa vie. LâĂcriture, en elle, ne restait pas lettre morte, mais sâĂ©panouissait en une vie toute discrĂšte mais toute donnĂ©e dĂ©jĂ . Tout cela, lâĂvangile ne nous le dit pas. Mais comment Marie aurait-elle pu accueillir la visite de lâange si elle nâavait pas Ă©tĂ© familiĂšre des Ăcritures, si elle nâavait pas confusĂ©ment reconnu dans lâĂ©vĂ©nement un accomplissement des rĂ©cits anciens quâelle connaissait dĂ©jĂ ?
La délicatesse de Dieu
En supposant tout cela, on ne cĂšde pas Ă une mariolĂątrie de mauvais aloi, en lui accordant tous les privilĂšges et toutes les perfections imaginables sans aucun rapport avec la RĂ©vĂ©lation. Au contraire, on se donne les moyens de comprendre comment une simple crĂ©ature, une humble jeune fille dâIsraĂ«l, semblable aux autres jeunes filles de Nazareth, a pu accueillir la nouvelle de sa maternitĂ© divine. Et en dehors de sa condition particuliĂšre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© originel, Marie a accueilli lâAnnonciation exactement comme tout chrĂ©tien peut accueillir les visites de Dieu : en Ă©tant pĂ©trie de lâĂcriture, en consacrant du temps Ă la priĂšre, en Ă©tant toute donnĂ©e dans le quotidien. Câest ainsi que nous autres chrĂ©tiens pouvons reconnaĂźtre la visite de Dieu lorsquâelle se prĂ©sente. Rien dâextraordinaire, que de lâordinaire humblement soumis Ă la grĂące.
Lorsque Dieu dĂ©cide que le jour est venu de rĂ©vĂ©ler sa vocation et sa mission Ă la Vierge Marie, il use dâune dĂ©licatesse infinie. Car enfin, sâil avait voulu forcer le rĂ©sultat et sâassurer dâune rĂ©ponse positive, il aurait pu choisir une apparition plus spectaculaire, voire mĂȘme apparaĂźtre en personne, au sommet dâune montagne, dans un roulement de tonnerre. Mais quelle aurait Ă©tĂ© alors la libertĂ© de Marie ? On ne peut rien refuser Ă Dieu qui se prĂ©sente en majestĂ© ! Au lieu de cela, Dieu envoie un ange, dans la discrĂ©tion et la quiĂ©tude de sa maison. Câest donc trĂšs librement que Marie peut donner son "oui". LĂ encore, câest une loi commune de la vie spirituelle, que Dieu communique avec nous par des mĂ©diations trĂšs simples : une rencontre, une lecture. Nous aussi recevons la visite dâanges, au sens littĂ©ral et Ă©tymologique dâenvoyĂ©, et il nous faut toute lâintimitĂ© dâune vie de priĂšre nourrie de lâĂcriture et des sacrements pour y reconnaĂźtre Dieu qui veut communiquer sa volontĂ©.
LâĂvangile ne cache rien
Mais lĂ encore, Marie nâest pas en-dehors de la condition humaine. Sa rĂ©action est trĂšs naturelle tout en Ă©tant baignĂ©e de surnaturel : elle est troublĂ©e, craintive et bouleversĂ©e. Si son obĂ©issance religieuse est totale, elle nâexclut pas la prudence, et Marie ose demander : "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas dâhomme ?" Dans cette question, il y a toute lâaudace dâune fille dâIsraĂ«l qui sait quâon peut tout demander au Dieu dâamour. Il y a aussi la marque dâune grande intimitĂ©, puisquâelle Ă©voque trĂšs discrĂštement mais trĂšs simplement sa vie affective et sexuelle. Enfin il faut remarquer que par cette question, elle anticipe lâobjection rationaliste tellement banale et rĂ©currente de lâimpossibilitĂ© de cette naissance sans homme pour participer Ă la conception. LâĂvangile ne cache rien !
La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă raison, sur lâinstant crucial de ce "oui".
SitĂŽt que lâange lâa rassurĂ©e, la Vierge Marie donne son "oui". Ce faisant, câest tout lâunivers qui bascule, câest toute lâĂglise passĂ©e, prĂ©sente et Ă venir qui est engagĂ©e dans cette rĂ©ponse. Comme Ă la Croix, lorsque JĂ©sus donne Marie Ă Jean pour mĂšre, câest toute lâĂglise qui est concernĂ©e. La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă raison, sur lâinstant crucial de ce "oui". Mais lĂ encore, la focalisation sur cet instant unique entre tous pourrait ĂȘtre trompeuse.
Un "oui" tous les jours
Car enfin, comme dans toute vocation, quâil sâagisse dâune vocation religieuse, sacerdotale, maritale ou mĂȘme professionnelle, ce nâest pas seulement le choix dâun instant donnĂ© qui en fait la beautĂ©, mais la persĂ©vĂ©rance dans le consentement de toute une vie, Ă mesure quâon est confrontĂ© aux consĂ©quences non prĂ©vues de ce choix initial. Dans le cas de Marie, elle a dĂ» affronter trĂšs tĂŽt aprĂšs Ă la prophĂ©tie de la Croix lors de la prĂ©sentation de JĂ©sus au Temple. Puis elle a dĂ» supporter de voir JĂ©sus accaparĂ© par les foules mais incompris de ces mĂȘmes foules. Enfin, il y eut la rĂ©alitĂ© de la Croix. Ă chaque fois, Marie a dĂ» actualiser son "oui", consentir Ă nouveau, jour aprĂšs jour.
Câest ici quâon en revient Ă la question initiale. Pourquoi Marie a-t-elle attendu la Visitation pour exulter de joie en chantant son Magnificat ? Sans doute parce quâentre ces deux Ă©vĂ©nements, Marie a vĂ©cu son obĂ©issance dans une certaine angoisse, lisant et relisant les Ăcritures, pour trouver dans le passĂ© des figures dâidentification qui puissent lâaider Ă comprendre ce quâelle vivait : les femmes stĂ©riles gratifiĂ©es par Dieu dâune naissance miraculeuse (Sara, Anne, etc.), les hommes qui avaient dĂ» poser un acte dâabandon confiant (Abraham, Job...). Ă nouveau, Marie suit le chemin ordinaire dâune vocation : aprĂšs la rĂ©vĂ©lation vient le temps de lâapprofondissement, du mĂ»rissement, des doutes possibles ; et câest la rencontre dâun aĂźnĂ© dans la foi, plus expĂ©rimentĂ© dans les voies du Seigneur, capable dâauthentifier la vĂ©ritĂ© de ce quâelle vit, Ălisabeth dans ce cas prĂ©cis, qui lui apporte la paix et lui permet dâexulter sa joie dans le Magnificat.
Ăvidemment, Marie occupe une place unique dans lâhistoire du salut. Mais la maniĂšre dont Dieu lui a rĂ©vĂ©lĂ© sa vocation et la maniĂšre dont elle y a rĂ©pondu sont un enseignement qui vaut pour tous les fidĂšles. Il sâagit toujours et dans tous les cas que la Parole de Dieu vienne prendre chair en nous. Le temps est tout proche.
24/03/2025
Sans prĂ©tendre faire le tour de cette question, les membres du Club des Hommes en noir apportent leur expĂ©rience de prĂȘtres et de laĂŻcs pour donner tout son sens Ă un temps liturgique qui semble Ă la fois craint et qui en mĂȘme temps attire beaucoup de fidĂšles par ses exigences spirituelles.
Pour mieux dĂ©couvrir le sens du vrai carĂȘme chrĂ©tien, Philippe Maxence reçoit au micro du Club des Hommes en noir :
lâabbĂ© Marc Guelfucci ;
le pÚre Jean-François Thomas ;
le PĂšre Danziec ;
et le docteur Philippe de La Briole.
Ce CarĂȘme 2025 est aussi pour le Club des Hommes en noir une nouvelle occasion de tendre la main comme un mendiant pour vous demander votre soutien concret et financier pour assurer son existence, son dĂ©veloppement et son amĂ©lioration. Tendre ainsi la main nâa rien de facile et dâĂ©vident et nous espĂ©rons ne pas vous agacer par cette dĂ©marche qui fait appel Ă votre misĂ©ricorde.
23/03/2025
ien quâil soit largement connu comme le patron de la « bonne mort », le bonheur de saint Joseph ne s'est pas limitĂ© aux derniĂšres heures de sa vie. En effet, saint Joseph a Ă©galement connu une vie heureuse, malgrĂ© le fait quâil ait Ă©tĂ© le seul membre de la Sainte Famille Ă porter le poids du pĂ©chĂ©. Mais quâest-ce qui rendait la vie de saint Joseph si heureuse ? LâĂglise compare son bonheur Ă celui des saints au Paradis, car sur Terre, il lui a Ă©tĂ© permis de voir JĂ©sus-Christ face Ă face pendant trente ans et de vivre avec lui quotidiennement ! Il a donc eu la grĂące de voir Dieu lui-mĂȘme chaque jour de sa vie !
Aujourdâhui, cette grĂące quâa vĂ©cue saint Joseph est donnĂ©e Ă chaque homme lorsquâil franchit le seuil dâune Ă©glise. Son exemple devrait donc encourager les chrĂ©tiens Ă se rendre rĂ©guliĂšrement devant le Tabernacle, oĂč ils peuvent rencontrer JĂ©sus, cachĂ© sous l'apparence du pain. En vivant chaque jour aux cĂŽtĂ©s de son Fils adoptif, vrai Dieu et vrai homme, saint Joseph a pu suivre son exemple et apprendre de son comportement. Si JĂ©sus a enseignĂ© les huit bĂ©atitudes Ă ses disciples pendant sa vie publique, saint Joseph les avait sĂ»rement apprises bien avant, en voyant JĂ©sus les vivre dans sa vie quotidienne.
GrĂące Ă cela, il a pu les pratiquer avec une grande perfection jusquâĂ la fin de sa vie, sous le regard de Celui qui devait lui accorder un jour la rĂ©compense Ă©ternelle. Pourquoi alors ne pas demander Ă saint Joseph son aide pour suivre son exemple et mettre en pratique les bĂ©atitudes ? Si vous recherchez non seulement une « bonne mort » mais aussi le bonheur dans cette vie, priez saint Joseph ! Suivez son exemple, en vous mettant autant que possible en prĂ©sence de JĂ©sus-Christ et en pratiquant les bĂ©atitudes.
PriĂšre Ă saint Joseph :
Je vous salue, Joseph,
Vous que la grùce divine a comblé.
Le sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.
Vous ĂȘtes bĂ©ni entre tous les hommes, et JĂ©sus,
lâenfant divin de votre virginale Ă©pouse est bĂ©ni.
Saint Joseph, donné pour pÚre au Fils de Dieu,
priez pour nous dans nos soucis de famille, de santĂ© et de travail, jusquâĂ nos derniers jours, et daignez nous secourir Ă lâheure de notre mort.
Amen.
22/03/2025
En effet, le monde a beau vivre des mutations diverses et variĂ©es depuis son origine, le mystĂšre du Calvaire, telle une ancre stabilisatrice, sâoffre aux hommes pour les guĂ©rir de leurs agitations parfois contradictoires. La croix, arche du Salut et instrument de notre RĂ©demption, câest elle, assurĂ©ment, quâil sâagit de regarder, de vĂ©nĂ©rer et dâembrasser durant ces jours qui nous sĂ©parent du soleil de la PĂąque.
Le monde ne cesse de tourner
«âŻLe monde tourneâŻÂ»âŻ: dans le contexte actuel il faut se le redire comme autant dâinjections qui prĂ©munissent des dangers de lâinsouciance ou du dĂ©sengagement. LâactualitĂ©, avec ses vertiges, et le progrĂšs, avec ses mirages, prennent en tenaille nos Ăąmes au point de les menacer dâĂ©tourdissement. Des basculements se dessinent sous nos yeux et nous resterions saisis et stupĂ©faits tel un lapin dans la lumiĂšre des phares dâune voitureâŻ?
Depuis le dĂ©rĂšglement mĂ©taphysique provoquĂ© par le pĂ©chĂ© originel, le monde ne cesse de tourner et ce mouvement continuel, Ă lâimage de celui dâune toupie, peut finir par captiver ou immobiliser. Face au dĂ©veloppement exponentiel de lâintelligence artificielle (IA) â et le champ inouĂŻ des possibles quâelle ouvre â, lâĂglise se trouve face Ă lâune de ses plus nobles et plus exigeantes responsabilitĂ©sâŻ: assumer son rĂŽle de prophĂšte. Ăviter le double piĂšge de lâimmobilisme et de la fascination.
Se rappeler avec Cocteau quâ«âŻil est possible que le progrĂšs soit le dĂ©veloppement dâune erreurâŻÂ». Le dĂ©fi nâest pas de petite taille et les enjeux spirituels apparaissent immenses.
Et le CarĂȘme dans tout celaâŻ? En nous enjoignant Ă nous mettre rĂ©solument Ă la suite du Christ, Ă nous configurer Ă son message de vie, la pĂ©riode liturgique qui prĂ©pare Ă la cĂ©lĂ©bration de la RĂ©surrection possĂšde une Ă©paisseur spirituelle tout Ă fait significative. Elle nous remĂ©more que «âŻLa croix demeureâŻÂ». DerriĂšre les tĂ©nĂšbres du mont calvaire, la lumiĂšre du sĂ©pulcre sâannonce. «âŻAd lucem, per crucemâŻ!âŻÂ»
La croix devient un passage obligĂ© dans la mesure oĂč il sâaccompagne de son cortĂšge de grĂąces. Les mortifications prennent alors une dimension tout autre. LâascĂšse et les renoncements joyeux nâen sont que les parties Ă©mergĂ©es du CarĂȘme. Lâessentiel est invisible aux yeux. La richesse de la pĂ©dagogie de la liturgie, lâexercice hebdomadaire du chemin de croix chaque vendredi, la gratuitĂ© dâun temps plus consĂ©quent passĂ© avec Dieu participent Ă rendre plus permĂ©ables nos Ăąmes aux inspirations divines, et Ă ses bienfaits.
Sur lâobservance du CarĂȘme, saint BenoĂźt note avec sagesse au chapitre 49 que si les moines devraient avoir, en tout temps, Ă cĆur de vivre avec la mĂȘme intensitĂ© spirituelle quâen CarĂȘme, il recommande Ă ses frĂšres, quâau moins durant ces jours saints, ils vivent en bon moine.
Revenir aux sources
Sylvain Tesson, au cours de sa promenade mĂ©ditative Sur les chemins noirs, adresse Ă ses lecteurs diffĂ©rentes remarques dont deux dâentre elles me semblent pouvoir Ă©clairer notre propos. Au sujet des libres penseurs qui sâattellent Ă desceller les croix des chemins et interdire les statues de Notre-Dame aux angles des rues, lâĂ©crivain voyageur prĂ©vientâŻ: «âŻIl ne faut pas sâĂ©chiner Ă dĂ©raciner les choses si lâon nâa rien Ă replanter Ă la place. Câest un principe que le moindre agent de lâOffice national des forĂȘts saurait expliquer savamment Ă un agnostique.âŻÂ»
Le CarĂȘme vient sarcler nos Ăąmes. Retour aux sources, il plonge le chrĂ©tien jusquâaux racines du salut qui proviennent de lâarbre de la croix. Toujours il nous faut revenir Ă cet «âŻEcce lignumâŻÂ» et cette germination du Golgotha que Dieu a entreprise pour nous sauver.
Au milieu de cette France pĂ©riphĂ©rique dans laquelle il se promĂšne, Tesson touche du doigt ce monde qui tourne avec ses villages qui se vident, ses boutiques qui se ferment, la proximitĂ© qui se perd Ă mesure que la fibre serpente les campagnes pour y acheminer Internet. Selon lui, «âŻLe haut-dĂ©bit serait une solution fort acceptable Ă condition quâil se rĂ©sumĂąt Ă celui des tonneaux percĂ©s dâun coup de hache dans les caves de BourgogneâŻÂ» Ă©crit-il, provocateur. Le vin, bien sĂ»r, rĂ©jouit le cĆur de lâhomme.
Mais il nây a quâun haut-dĂ©bit qui prĂ©serve des maux de crĂąne et qui garantisse la dilatation de lâesprit autant que lâĂ©largissement du cĆur, câest celui des flux divins. Le CarĂȘme en est une terre de gisements. Ă chacun de sâaventurer dans ce dĂ©sert et de puiser dans cette vaste solitude de quoi se recentrer sur Dieu. Un exercice de raffinage dĂ©licat mais en mesure de tenir toutes ses promesses.
PĂšre Danziec
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22/03/2025
Mgr Naumann mobilise contre une messe noire
Le communiquĂ© de lâarchidiocĂšse prĂ©cise :
« Le culte de Satan est source de troubles, spirituellement nuisible et constitue un affront Ă tout chrĂ©tien. Les participants ont beau prĂ©tendre que les actes destructeurs et outrageants commis lors dâune âmesse noireâ relĂšvent de leur libertĂ© religieuse ou de leur libertĂ© dâexpression en vertu du Premier Amendement, ces droits ont des limites et ne permettent pas aux individus dâagir par des moyens qui comprennent ou incitent Ă des comportements illĂ©gaux.
« Nous sommes profondĂ©ment consternĂ©s par le fait que de tels actes blasphĂ©matoires visant Ă moquer le culte catholique, les croyances de tous les chrĂ©tiens et de ceux qui croient en un seul vrai Dieu soient autorisĂ©s sur le terrain du Capitole de lâEtat du Kansas.
« Nous ne devons pas nous laisser entraĂźner Ă la colĂšre ou Ă la violence, car ce serait collaborer avec le diable. Nous devons au contraire aborder cette situation avec une confiance totale en la victoire ultime de Dieu sur Satan, le pĂ©chĂ© et la mort. âEt moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bĂątirai mon Eglise, et les portes de lâenfer ne prĂ©vaudront point contre elleâ (Matthieu 16:18). »
Reconsacrer le Kansas au CĆur de JĂ©sus par Marie
La reconsĂ©cration, en prĂ©sence de lâintĂ©gralitĂ© de la ConfĂ©rence catholique du Kansas, aura lieu lors de la messe de lâAnnonciation, le 25 mars, cĂ©lĂ©brĂ©e par lâarchevĂȘque aux intentions des couples qui attendent un enfant.
Par ailleurs, Mgr Naumann a convoquĂ© pour le jour de la messe noire une heure dâadoration eucharistique, Ă lâissue de laquelle il cĂ©lĂ©brera une messe, dans une Ă©glise proche du lieu du rituel blasphĂ©matoire.
Notons une nouvelle fois que les cĂ©rĂ©monies satanistes singent toujours les rites catholiques â preuve que lâEglise catholique, Ă travers le culte quâelle rend au vrai Dieu, est vĂ©ritablement lâennemie du dĂ©mon.
Jeanne Smits dans RITV
21/03/2025
Le samedi 9 mars, 340 adultes ont Ă©tĂ© appelĂ©s Ă la collĂ©giale de Mantes. En rĂ©pondant dâune voix claire « Me voici » Ă lâappel de leur nom, ils ont marquĂ© leur volontĂ© de vivre pleinement le temps de purification et de rentrer dans la VĂ©ritĂ© du Christ. La remise de lâĂ©charpe violette, quâils porteront durant tout le CarĂȘme, a scellĂ© cet engagement spirituel fort. Ils sont dĂ©sormais officiellement inscrits dans le registre des futurs baptisĂ©s, une Ă©tape dĂ©cisive dans leur parcours de foi.
Monseigneur Luc Crepy, Ă©vĂȘque de Versailles, a prononcĂ© une homĂ©lie empreinte de vĂ©ritĂ© et dâespĂ©rance, citant notamment lâĂpĂźtre aux Romains : « Tout prĂšs de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cĆur. » (Rm 10,8) Il a soulignĂ© que cette proximitĂ© de Dieu est une expĂ©rience dâamour et de salut qui dĂ©construit lâidĂ©e dâun Dieu lointain ou indiffĂ©rent :
« Cette proximitĂ© de Dieu qui nous parle, câest une expĂ©rience dâamour et de salut. Souvent cette proximitĂ© Ă©tonne et surprend car on pense facilement que Dieu est inaccessible, lointain, indiffĂ©rent Ă ce que nous vivons. Non, câest tout le contraire, car dĂ©couvrir la proximitĂ© de Dieu nous donne envie dâaller plus loin, de le connaĂźtre, de lâaimer et, comme vous, de demander le baptĂȘme afin de grandir dans la foi. »
Le prĂ©lat a Ă©galement exhortĂ© les fidĂšles Ă mĂ©diter sur lâimportance de cet appel Ă suivre le Christ, qui touche les cĆurs et transforme les vies.
La veille, le samedi 8 mars, la cathĂ©drale Saint-Louis de Versailles a accueilli 330 jeunes catĂ©chumĂšnes, accompagnĂ©s de leurs familles et parrains/marraines. LâaprĂšs-midi a Ă©tĂ© rythmĂ©e par des temps de partage et dâenseignement, animĂ©s par Monseigneur Crepy et le PĂšre Delort-Laval, vicaire gĂ©nĂ©ral. Les jeunes ont visitĂ© la cathĂ©drale avant de participer Ă la cĂ©rĂ©monie solennelle.
LâĂ©motion Ă©tait palpable lorsque, chacun Ă leur tour, les jeunes se sont levĂ©s pour rĂ©pondre Ă lâappel de leur nom par un « Me voici » parfois timide, mais toujours sincĂšre. Lâenthousiasme est montĂ© dâun cran lorsquâils ont clamĂ© dâune seule voix : « Oui, je le veux » aux quatre questions posĂ©es par lâĂ©vĂȘque, affirmant ainsi leur dĂ©sir de marcher dans la lumiĂšre du Christ.
Ce record de catĂ©chumĂšnes est un signe dâespĂ©rance pour lâĂglise de France. Ă une Ă©poque oĂč la foi chrĂ©tienne semble parfois menacĂ©e par lâindiffĂ©rence ou la laĂŻcisation, ce flot de nouveaux baptisĂ©s tĂ©moigne de la puissance de lâappel intĂ©rieur et de la soif spirituelle qui anime les cĆurs. Comme lâa soulignĂ© Monseigneur Crepy, cette rĂ©ponse enthousiaste Ă lâappel de Dieu est un tĂ©moignage vivant de la proximitĂ© divine, qui ne cesse de rejoindre lâhomme lĂ oĂč il se trouve, mĂȘme au cĆur des tempĂȘtes du monde moderne.
Ce nouvel Ă©lan catĂ©chumĂ©nal nous rappelle les paroles du psalmiste : « Le Seigneur a fait tant de choses pour nous, tant de projets et de merveilles. » (Ps 39,6) Que cette promesse de renouveau continue dâinspirer nos paroisses et de raviver la foi de tous les chrĂ©tiens en France.
Mathilde de Virene dans Tribune Chrétienne
20/03/2025
Et saint Jean-Eudes de conclure « Regardez cette affaire comme la plus importante, la plus nĂ©cessaire, la plus pressĂ©e. » La priĂšre la plus profonde et transformante, celle qui peut changer notre vie et le monde avec, est la priĂšre dâoraison. Nous y aspirons sans doute, mais peut-ĂȘtre ne savons pas nous y prendre ? Essayons avec confiance, en Ă©coutant les conseils des saints.
Quâest-ce que lâoraison, pourquoi faire oraison ?
Lâoraison mentale nâest Ă mon avis quâun commerce intime dâamitiĂ© oĂč lâon sâentretient souvent seul Ă seul avec Dieu dont on se sait aimĂ© (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Lâoraison est une prise de contact, une actualisation de lâunion surnaturelle que la grĂące Ă©tablit entre Dieu et notre Ăąme, un Ă©change entre deux amours : Dieu amour, prĂ©sent en notre Ăąme, et la grĂące sanctifiante en nous, de mĂȘme nature que lui, qui nous fait ses enfants et nous rend aptes Ă ce commerce intime avec lui. Dieu est amour mais il est immuable : câest nous qui devons aller vers lui. Ce mouvement nĂ©cessaire, câest lâoraison.
La joie chrĂ©tienne est la joie de la prĂ©sence du Christ en notre cĆur, et par Lui de tout le mystĂšre personnel de lâamour de Dieu. Elle est insĂ©parable dâune foi profonde, et dâune charitĂ© rĂ©elle qui donne une certaine connaissance, par connaturalitĂ©, de la Vie qui nous habite ; elle est grandement nourrie par une vie de priĂšre intĂ©rieure et intime (un Chartreux).
Lâautel de Dieu est notre cĆur, le feu de lâamour doit toujours y brĂ»ler, et sa flamme monter incessamment vers Dieu (saint GrĂ©goire le Grand).
LâĂąme qui est unie Ă Dieu, le dĂ©mon la craint comme Dieu lui-mĂȘme (saint Jean de la Croix).
Les circonstances : oĂč et quand faire oraison ?
Le vrai lieu de lâoraison est notre cĆur profond : la premiĂšre disposition de la priĂšre est donc le recueillement ; mais notre nature versatile a besoin dâhabitudes, dâautomatismes qui la ramĂšnent vers Dieu. Il y a des temps et lieux Ă privilĂ©gier, et surtout une rĂ©gularitĂ© courageuse Ă adopter pour que tout notre ĂȘtre sâaccoutume Ă vivre de la priĂšre.
On peut commencer par consacrer Ă lâoraison un temps assez court, privilĂ©giant la rĂ©gularitĂ© sur la quantitĂ©. Ne pas se fixer un objectif trop Ă©levĂ©, mais y ĂȘtre fidĂšle, et prier tous les jours. Si lâon arrive Ă rĂ©server un quart dâheure Ă la priĂšre intime chaque jour, on peut entrer dĂ©jĂ dans une vraie vie dâoraison. LâexpĂ©rience montre que ce temps doit ĂȘtre pris au maximum le matin, au moment du lever : on consacre ainsi Ă Dieu les prĂ©mices du jour, on sâassure que ces instants privilĂ©giĂ©s avec lui ne seront pas absorbĂ©s dans le tourbillon de la vie professionnelle ou familiale, et on place toute la journĂ©e sous son regard. Le lieu doit ĂȘtre un lieu calme, silencieux, pour nous aider Ă Ă©viter trop de distraction : au pied de son lit, devant un crucifix, un coin de priĂšre, dans une Ă©glise qui se trouve sur notre route. Lâessentiel est que les sens soient aussi peu mis Ă contribution que possible, car le lieu du cĆur Ă cĆur avec Dieu est intĂ©rieur, bien en profondeur, loin de la surface sensible de notre ĂȘtre.
En bref il faut prier : 1) tous les jours, 2) si possible dĂšs le matin, 3) en un lieu propice, silencieux.
Comment sây prendre (1) : Se mettre en prĂ©sence de Dieu (lâĂ©tincelle â le recueillement)
Faire silence autour de nous et en nous, poser avec la grĂące des actes de foi et dâamour qui entament ce mouvement de descente en notre cĆur profond, qui constituent le recueillement. Ce sont les actes des vertus thĂ©ologales, opĂ©rĂ©s en nous par Dieu, qui nous tournent vers lui. Il faut donc demander cette grĂące du recueillement, il est son Ćuvre en nous. « LâEsprit-Saint prie en nous » (Rm 8, 26).
Le minimum requis de notre part est la volontĂ© de donner son cĆur au Seigneur. Pour sainte Ălisabeth de la TrinitĂ© le recueillement est lâessentiel de la priĂšre, dont la source est en nous : la prĂ©sence des trois personnes divines au plus intime de notre Ăąme. Le recueillement nous fait entrer dans la forteresse du cĆur profond, Ă lâabri des attaques de lâennemi. Ce cĆur Ă cĆur est difficile Ă vivre de maniĂšre constante, alors sainte Ălisabeth conseille des pauses attentives, des Ă©lans de lâĂąme ; pour elle le modĂšle du recueillement est la Sainte Vierge, qui faisait tout avec son cĆur profond.
Ainsi Dieu est prĂ©sent dans les choses matĂ©rielles et leur donne lâĂȘtre naturel ; dans les crĂ©atures raisonnables, Il a voulu, par une gĂ©nĂ©rositĂ© toute gratuite, ĂȘtre prĂ©sent de telle sorte quâIl ne leur communiquĂąt pas seulement lâĂȘtre naturel, mais son ĂȘtre Ă lui, quâIl les divinisĂąt (un Chartreux).
Je vais vous donner mon secret : pensez Ă ce Dieu qui habite en vous, dont vous ĂȘtes le temple (sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
La mise de soi en prĂ©sence de Dieu est facilitĂ©e par des dispositions lointaines, par une certaine prĂ©paration : la vie sacramentelle, la rĂ©gularitĂ© dans la priĂšre, la pratique des vertus morales et de la charitĂ© envers autrui, la puretĂ© de la conscience et des intentions, le dĂ©tachement (ne rien attendre de sensible, ne rien dĂ©sirer pour soi, tout faire et offrir pour Dieu). Les dispositions prochaines comptent aussi (le lieu, le temps, un objet, lâattitude corporelleâŠ).
Demeurez en moi, et moi en vous (Jn 15, 4).
La TrinitĂ©, voilĂ notre demeure, notre « chez nous », la maison paternelle dâoĂč nous ne devons jamais sortir (sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
Pensez que vous ĂȘtes en lui, quâIl se fait votre demeure ici-bas, et puis quâIl est en vous, que vous le possĂ©dez au plus intime de vous-mĂȘme, quâĂ toute heure du jour et de la nuit, dans toutes joies ou Ă©preuves, vous pouvez le trouver lĂ , tout prĂšs, tout au dedans. Câest le secret du bonheur (Sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
Comportez-vous avec Dieu comme avec un PĂšre, un FrĂšre, un MaĂźtre, un Ăpoux (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Adorer, câest voir Dieu en toutes choses, câest se tenir devant lui, câest ĂȘtre dans son oraison un enfant qui parle Ă Dieu comme Ă son PĂšre (Dom Chautard).
LâĂąme se recueille, quand, ramassant toutes ses puissances, elle rentre en elle-mĂȘme pour y trouver Dieu (pĂšre Bernadot).
Laissons la mÚre du Carmel récapituler :
Pour prier comme il convient, vous savez ce quâon fait tout dâabord on examine sa conscience, on rĂ©cite le Confiteor et on fait le signe de la croix. AussitĂŽt aprĂšs, mes filles, appliquez-vous puisque vous ĂȘtes seules, Ă trouver une compagnie. Et quelle meilleure compagnie pouvez-vous trouver que celle du MaĂźtre lui-mĂȘme qui a enseignĂ© la priĂšre que vous devez rĂ©citer (le Pater)? ReprĂ©sentez-vous ce Seigneur auprĂšs de vous.., croyez-moi, ne nĂ©gligez rien pour nâĂȘtre jamais sans un ami si fidĂšle (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Comment sây prendre (2) : Lecture et mĂ©ditation
La clĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par sainte ThĂ©rĂšse est de savoir orienter les puissances de notre esprit (intelligence, volontĂ©, imagination, mĂ©moire) vers Dieu, pour Ă©viter quâelles ne viennent perturber ce cĆur Ă cĆur qui les transcende. Un passage de la Bible, dâun auteur spirituel, peut aider Ă concentrer notre puissance dâentendement sur ce qui nous porte vers Dieu. La lecture peut ouvrir Ă la mĂ©ditation en fournissant lâaliment pour cette rumination de la parole de Dieu.
Ne pas chercher Ă lire pour sâinformer, pour rĂ©flĂ©chir, pour faire passer le temps. Lire lentement, jusquâĂ ce quâun mot, une phrase nous frappe, puis fermer le livre et chercher lâunion Ă Dieu Ă partir de lĂ . Le livre nâest quâun moyen de raviver le feu, un « tison ».
Il faut donc savoir choisir ses « tisons », les passages qui nous feront entrer dans lâoraison, savoir varier lorsque câest nĂ©cessaire, connaĂźtre ses amis spirituels, sa « famille dâĂąme » (PĂšre JĂ©rĂŽme). Les sources principales doivent ĂȘtre, par ordre relatif dâimportance : lâĂcriture Sainte, les textes liturgiques qui en sont lâinterprĂ©tation par lâĂglise, le catĂ©chisme qui rĂ©sume tout cela, les Ă©crits des PĂšres, des Docteurs et des saints, les auteurs spirituels. Parmi ces derniers il faut mentionner le livre qui a marquĂ© lâhistoire de toute la chrĂ©tientĂ© occidentale, dont de trĂšs nombreux saints ont fait lâaliment de leur mĂ©ditation quotidienne (sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus par exemple) : lâImitation de JĂ©sus-Christ.
Une fois le foyer allumĂ© au « tison », il faut en attiser la flamme, câest la mĂ©ditation. Ce peut ĂȘtre la rumination lente et attentive dâune parole divine, ce peut ĂȘtre une rĂ©flexion sur un passage dâĂ©vangile. La mĂ©ditation peut ĂȘtre aidĂ©e par une image, physique ou seulement mentale. Saint Ignace de Loyola recommande ainsi dans ses exercices la « composition de lieu » : se reprĂ©senter le cadre dâun enseignement du Christ peut aider Ă sâen pĂ©nĂ©trer plus profondĂ©ment. Sainte ThĂ©rĂšse dâAvila aimait elle aussi Ă revivre des scĂšnes Ă©vangĂ©liques : la rencontre de la samaritaine, lâagonie au jardin⊠Elle enseignait ainsi la nĂ©cessitĂ© de toujours « vivre en la sociĂ©tĂ© du divin maĂźtre », de demeurer en sa prĂ©sence, de « se tenir aux pieds de JĂ©sus-Christ. »
On peut prendre appui sur le point de dĂ©part de la mĂ©ditation pour tirer des consĂ©quences sâappliquant Ă notre vie : « Seigneur, quâavez-vous Ă me dire », commençait par prier Charles de Foucauld, puis il terminait par une offrande de soi : « Seigneur, que vous dirai-je maintenant ? » concluait-il.
Comment sây prendre (3) : Contemplation
Lorsque le feu de lâamour divin est allumĂ© en notre Ăąme, il faut se laisser Ă©clairer par lui, rester paisible sous lâillumination de la vie des trois Personnes en notre Ăąme. Câest alors la contemplation, que le pĂšre JĂ©rĂŽme dĂ©finissait comme « une communication obscure de Dieu Ă lâĂąme, rendant lâĂąme amoureuse. » Et le trappiste commente que cette communication nâest pas une parole mais une aide divine, une grĂące qui Ă©lĂšve lâĂąme. Elle est obscure car elle nâest ordinairement pas perçue. « Dieu lui mĂȘme la produit au fond de lâĂąme ordinaire sans que rien ne le rĂ©vĂšle. »
La contemplation nâest pas de notre fait, elle nâest pas acquise mais infuse : elle est donnĂ©e par Dieu, elle est opĂ©rĂ©e en nous par lui. Elle est lâactivitĂ© en nous de lâamour divin, par les trois vertus thĂ©ologales. Elle requiert de notre part une grande humilitĂ©, docilitĂ© sous lâaction divine, qui nâest pourtant pas une passivitĂ© : le recueillement est une attention du cĆur, une dĂ©possession de soi, mais pour ĂȘtre entiĂšrement disponible Ă Dieu, ouvert Ă lâaction de sa grĂące. Sainte Jeanne de Chantal conseille Ă lâĂąme de se tenir immobile en prĂ©sence du MaĂźtre, comme une toile devant lâartiste qui doit lâanimer dâun dessin vivant
Dieu ne serait pas la BontĂ© et la Sagesse infinies si, recherchant, exigeant notre intimitĂ©, Il ne nous donnait pas en mĂȘme temps les moyens de communiquer avec lui. Ces moyens dont nous pouvons ĂȘtre absolument sĂ»rs, et qui permettent dâentrer en contact immĂ©diat avec Dieu, ce sont les vertus thĂ©ologales et les dons quâelles entraĂźnent.
Par la foi, nous adhĂ©rons Ă la vĂ©ritĂ© de la vie divine, qui nous est proposĂ©e. Par la charitĂ©, cette vie devient nĂŽtre. Par lâespĂ©rance, nous sommes certains, avec lâaide de la grĂące, de la vivre toujours davantage, et dâen obtenir la possession immuable au Ciel.
VoilĂ lâessentiel de toute oraison solide et profonde (un Chartreux).
Comment sây prendre (4) : Sâoffrir, rayonner de lâamour reçu : le colloque
Lâoraison doit se conclure par un renouvellement des actes de foi, dâespĂ©rance et dâamour posĂ©s en nous par Dieu. Elle irradie ainsi de la chaleur reçue dans toute notre vie. Saint Ignace insiste sur les derniers moments de la mĂ©ditation, quâil appelle le « colloque ». Ce sont les derniers mots de la conversation amoureuse, Ă©changĂ©s « comme un ami parle Ă un ami. »
« Priez sans cesse » : Lâoraison continuelle
La priĂšre ne sâarrĂȘte pourtant pas au bout du temps que nous avions prĂ©vu de consacrer Ă lâoraison : la contemplation continue moins sensiblement mais rĂ©ellement en chacune de nos actions, car la prĂ©sence de Dieu en nous ne cesse pas pour autant que lâon y porte une attention moins soutenue. La pratique rĂ©guliĂšre et courageuse de lâoraison nous enseignera au contraire Ă conserver autant que possible le sentiment de cette habitation dâamour en notre Ăąme, tout au long de nos journĂ©es. Câest lâexpĂ©rience habituelle de la prĂ©sence de Dieu, don immense que nous demandons dans la priĂšre. Le frĂšre Laurent de la RĂ©surrection, carme parisien du XVIIe siĂšcle, employĂ© aux tĂąches les plus humbles dans les cuisines du couvent, en donne lâexemple en rayonnant dâune saintetĂ© discrĂšte mais profonde. Il sâagissait pour lui « dâĂȘtre toujours avec Dieu et de ne rien faire, de ne rien dire et de ne rien penser qui lui puisse dĂ©plaire », et cela par de frĂ©quents « retours intĂ©rieurs Ă Dieu », par « ce petit regard intĂ©rieur sur lui », par une offrande du cĆur renouvelĂ©e de temps en temps au cours de la journĂ©e, dĂšs que possible.
Cette habitation de la priĂšre peut ĂȘtre entretenue par la pratique des oraisons jaculatoires, que saint Jean Cassien dĂ©crivait comme « un secret que nous ont laissĂ© quelques uns de nos anciens pĂšres ». Il sâagit de formules simples, Ă rĂ©pĂ©ter au long de nos journĂ©es, en sâaidant pourquoi pas de petits moyens matĂ©riels, comme ces versets de la loi que portaient les hĂ©breux attachĂ©s devant le front, ou encore ces franges faites Ă leurs vĂȘtements pour ne pas oublier les commandements du Seigneur. Les saints avaient chacun leurs formules favorites, la Sainte Ăcriture, la liturgie, les litanies approuvĂ©es par lâĂglise en recĂšlent de magnifiques, et nous pouvons nous constituer notre recueil propre : « JĂ©sus », « JĂ©sus, Amour », « Mon Seigneur est mon Dieu », « JĂ©sus, je vous aime », « JĂ©sus, je suis votre sauvĂ© pour lâĂ©ternitĂ© », « Seigneur secourez-moi », « Seigneur ayez pitiĂ© de moi », « JĂ©sus, misĂ©ricorde », « CĆur de JĂ©sus, ayez pitiĂ© de moi », « CĆur de JĂ©sus, jâai confiance en vous », « Marie, Maman », « Marie, mon avocate », « Marie, protĂ©gez moi »âŠ
Cette pratique rejoint celle de la priĂšre du cĆur, chĂšre aux chrĂ©tiens orientaux et connue aussi sous le nom dâhĂ©sychasme : la priĂšre perpĂ©tuelle, rĂ©pĂ©tition inlassable, sur les lĂšvres et dans le cĆur, de la formule « Seigneur JĂ©sus-Christ, ayez pitiĂ© de moi. »
Puisquâil sâagit de durer dans la priĂšre, pratiquons soit la priĂšre vocale, lentement rĂ©pĂ©tĂ©e (oraisons jaculatoires, chapelet), soit lâoraison contemplative, ou un libre mĂ©lange des deux. Seules, en effet, ces formes de priĂšre peuvent obtenir le rĂ©sultat recherchĂ© : exciter la vertu de foi juste assez pour lui permettre de veiller, supporter sans perte les longues Ă©tapes, exercer lâamour peu senti, infusĂ© par Dieu (pĂšre JĂ©rĂŽme Kiefer).
20/03/2025
19/03/2025
19/03/2025
... mais parce que lâexpression de « petite SĆur » suffisait largement Ă la dĂ©signer. Et puis saint Joseph a lâhabitude de sâĂ©clipser, quand il a rempli son rĂŽle, et de laisser seulement dans les Ăąmes lâamour de la vie cachĂ©e.
Toute menue dans son ample habit aux plis innombrables, la tĂȘte emprisonnĂ©e dans un voile blanc qui encadrait son fin visage, la « petite SĆur » Ă©tait la providence des marmots, dans un village dâAuvergne oĂč ses supĂ©rieures lâavaient envoyĂ©e.
DĂšs lâĂąge de cinq Ă six ans, les enfants se dirigeaient Ă petits pas vers le vieux couvent oĂč la petite SĆur les accueillait dâun sourire. Ce sourire Ă©tait leur coqueluche ! Les tout-petits le regardaient bĂ©atement, comme si câĂ©tait un sourire de paradis quâils se souvenaient dâavoir vu dans leurs premiers rĂȘves. Ils souriaient, eux-aussi, prĂȘts Ă toutes les sagesses, pour que le sourire de la petite SĆur restĂąt longtemps en place.
On ne voyait pas les oreilles de la petite SĆur. CâĂ©tait le seul mystĂšre qui rendĂźt perplexes les admirateurs du sourire. Lâun dâeux se hasarda un jour Ă poser tout haut la question qui les hantait tous.
ââDites ! Ma SĆur, vous nâavez pas dâoreilles⊠Comment que vous entendez ?
â Mes oreilles ? Elles sont lĂ ! dit la petite SĆur en dĂ©gageant son voile. Et elles sont bonnes !
â Et pourquoi que vous les cachez ? Nous, on les a bien dehors !
â Ah ! Mes enfants, je les cache pour quâelles restent bien petites et quâelles nâentendent que les choses qui en valent la peine⊠Vous comprendrez plus tard. Allons ! Venez autour de moi, vous allez lire.
Et les tĂȘtes blondes ou brunes se courbaient tout autour de la petite SĆur, dont les genoux supportaient le livre aux grandes lettres noires.
Depuis longtemps, la petite SĆur caressait un rĂȘve, un rĂȘve si beau quâelle sâĂ©tonnait elle-mĂȘme de lâavoir, et qui la suivait partout ; Ă la messe, au rĂ©fectoire ; mais câĂ©tait surtout en classe quâil la tracassait, quand son regard errait sur les tĂȘtes blondes ou brunes, comme un souffle lĂ©ger qui passe sur des Ă©pis mĂ»rissants. Elle songeait alors Ă la moisson qui lĂšve au soleil. Et la moisson lui suggĂ©rait lâidĂ©e du moissonneur qui se penche sur les Ă©pis et rentre le soir, joyeux, en portant les lourdes gerbes. Ce spectacle lui rappelait, Ă son tour, la parole de JĂ©sus : « La moisson est abondante ; les ouvriers sont peu nombreux ; priez le maĂźtre de la moisson quâil envoie des ouvriers Ă son champ. »
Et le rĂȘve de la petite SĆur prenait corps. Elle en devenait toute rougissante. Elle en perdait mĂȘme le fil de la lecture.
Son rĂȘve ! CâĂ©tait que lâun de ces enfants auxquels elle apprenait Ă lire devĂźnt prĂȘtre et quâelle y fĂ»t pour quelque chose.
â Tu tâes trompĂ©, Pierre. Câest BâA, BA quâil faut lire ; alors ! recommence, mon petit.
Et les bambins sâĂ©tonnaient de sa voix si douce, alors quâune juste impatience pointait dâordinaire dans ses paroles, aux erreurs de lecteur. Et ils levaient les yeux sur la petite SĆur, car ils savaient que câĂ©tait dans ces moments-lĂ que le plus dĂ©licieux sourire animait son visage.
Un jour, nây tenant plus, elle confia son rĂȘve Ă saint Joseph. Elle nâĂ©tait pas assez forte pour porter un pareil secret. Il fallait que saint Joseph lâaidĂąt.
« Voyez-vous, saint Joseph, jâai peur parfois de ce rĂȘve. Je ne suis quâune petite SĆur de rien du tout. Jâapprends Ă lire Ă des enfants et je suis incapable de faire mieux. Pourtant sâil se pouvait quâun jour lâun de ces enfants dont je guide le petit doigt sur le livre de lecture, fĂ»t lâun de ceux dont les mains consacrĂ©es Ă©lĂšvent le Corps de JĂ©sus sur lâautel ! Comme je serais heureuse ! Je vous demande donc, si ce rĂȘve est bon, de me le faire savoir dâune maniĂšre ou dâune autre. Jâen ferai volontiers le sacrifice, si vous en trouvez Ă redire. »
Un matin, le cĆur de la petite SĆur fut soumis Ă une rude Ă©preuve, au point quâelle en perdait le souffle. Et cette Ă©motion lui venait de Roger. De Roger ! La plus pĂ©tulante de ses jeunes ouailles ! Le seul qui eĂ»t, dans le fond de sa poche, des terrifiants objets : des boules de poil Ă gratter quâil Ă©crasait dans le cou de ses camarades, et au printemps, des boĂźtes dâallumettes dâoĂč, au beau milieu de la classe, sâenvolait un hanneton, muni Ă son arriĂšre-train dâune nacelle en papier, comme un dirigeable !
â Roger ! Câest mon purgatoire⊠affirmait la petite SĆur.
Et câest Roger qui⊠Mais voici les faits.
AprĂšs la classe, ce matin-lĂ , il sâapprocha de la petite SĆur, agrippa sa robe et lâentraĂźna dans un coin de la salle.
â Dites, ma SĆur, je veux vous direâŠ
â Que veux-tu me dire, Roger ?
â Je veux vous suivre partout !
â Me suivre partout ?
La petite SĆur leva les yeux vers le plafond en riant de bon cĆur. Elle pensait que la prĂ©sence de Roger, aux heures de classe, Ă©tait bien suffisante pour elle !
â Et pourquoi veux-tu me suivre partout ?
â ⊠pour porter un habit comme vous.
â Ah !
â Oui⊠et puis dire la messe, comme M. le CurĂ©.
â Tu voudrais dire la messe comme M. le CurĂ© ! rĂ©pĂ©ta la petite SĆur, dĂ©jĂ toute Ă©mue.
â Oh oui ! murmura lâenfant.
Le soir, la petite SĆur eut un long entretien avec saint Joseph. Elle conclut ainsi :
â Est-ce votre rĂ©ponse, grand saint ?⊠VoilĂ ce que mâa dit Roger. Je sais bien : câest un enfant ! Un enfant de sept ans ! Et puis, quel diable ! Mais si câest la volontĂ© de Dieu quâil devienne prĂȘtre ! Quand il mâa dit : « Oh oui ! », jâai Ă©tĂ© toute bouleversĂ©e. Et en mĂȘme temps, jâai vu tant de lumiĂšre dans son regard ! Alors, nâest ce pas ? Je vais prier pour cela.
Les annĂ©es se sont Ă©coulĂ©es. La vieillesse a atteint la petite SĆur sans nuire Ă son sourire. Elle a quittĂ© depuis longtemps le village dâAuvergne oĂč elle a enseignĂ© lâalphabet.
Un jour de fĂ©vrier 1934, elle reçut dâun sĂ©minaire de Belgique oĂč il achevait ses Ă©tudes de thĂ©ologie, une lettre de Roger, lui annonçant sa prochaine ordination sacerdotale. Câest par hasard que Roger avait appris que la petite SĆur Ă©tait encore de ce monde. Il ne lâavait pas oubliĂ©e. Elle non plus, du reste. Ils se souvenaient lâun lâautre, du « oui » prononcĂ© jadis dans la salle de classe et aprĂšs vingt ans de silence, ils se retrouvaientâŠ
Quelle fut la joie de la petite SĆur ? Il serait peut-ĂȘtre facile de la dĂ©crire. Mais il vaut mieux lui laisser la parole. Voici, mot Ă mot, les lignes quâelle rĂ©pondit :
« Mon cher enfant, Câest la derniĂšre fois que je te tutoie. Je tâai connu tout petit. Tu avais six ans Ă peine quand ta maman te conduisit dans ma classe. Je tâappris Ă lire et Ă dire tes premiĂšres priĂšres. Dans quelques jours, tu seras prĂȘtre. Quand tu liras sur le Missel les priĂšres de la Messe, pense que câest moi qui tâai appris Ă lire ces lettres, Ă Ă©peler ces mots, Ă lire ces phrases. Maintenant, je puis dire Ă Dieu, comme le vieillard SimĂ©on : « Venez chercher votre servante, elle a vu votre gloire se lever dans lâun de ses enfants. Elle lui a appris Ă dire votre nom. Et cette derniĂšre leçon nâa pas Ă©tĂ© oubliĂ©e. » Aujourdâhui, mon enfant, tu la rĂ©cites mieux que moi, mais câest tout de mĂȘme grĂące Ă moi que tu peux la dire. Il y a lĂ peut-ĂȘtre de lâorgueil. Mais tu ne saurais croire combien, dans la solitude de ma vieillesse, lâannonce de ton ordination mâa fait doux au cĆur. »
Et rompant tout Ă coup avec ce tutoiement qui ne lui semble plus de mise, la petite SĆur termine ainsi :
« Mon enfant, mon petit prĂȘtre, bĂ©nissez-moi. »
Quelques mois aprĂšs cette histoire, la petite SĆur partait pour le paradis avec ce sourire que nous aimions tant. Les tĂȘtes blondes et brunes des petits anges doivent lâentourer dâun cercle qui lui rappelle celui dâautrefois. Elle nâa pas de livre de lecture ouvert sur ses genoux. On nâapprend pas Ă lire aux anges. Mais comme ils sont, ainsi que les petits des hommes, friands de belles histoires, la petite SĆur Saint-Joseph (elle a maintenant son nom au complet !) leur en raconte une qui commence ainsi : « La moisson Ă©tait abondante, les ouvriers Ă©taient peu nombreux. Alors jâai priĂ© le maĂźtre du champ dâenvoyer un ouvrier Ă sa moisson⊠et voici comment cela sâest passé⊠»
Georges d'Aurac
18/03/2025
L'auteur, Ronan Archier, propose qu'au Ciel, la nature de notre bonheur et notre sensibilité seront transformées et alignées avec la volonté divine. L'article aborde également l'incertitude quant au nombre de personnes en enfer et souligne que les avertissements du Christ sur l'enfer visent à la conversion personnelle plutÎt qu'à la satisfaction de notre curiosité.
L'article commence par reconnaĂźtre notre rĂ©action instinctive de rĂ©volte face Ă la pensĂ©e que des ĂȘtres chers puissent souffrir Ă©ternellement. L'auteur pose la question : "LâidĂ©e que des proches soient en enfer nous rĂ©vulse alors que nous sommes encore pĂ©cheurs. Comment, en Ă©tant saints, pourrions-nous nous rĂ©jouir, alors que ceux-ci souffrent mille tourmentsâ?"
Un point central est la distinction entre notre expĂ©rience terrestre et la rĂ©alitĂ© du Ciel. L'auteur insiste sur le fait qu'au Ciel, nous entrerons dans une rĂ©alitĂ© totalement diffĂ©rente et que projeter nos conceptions actuelles sur l'Ă©ternitĂ© future est une source de confusion. "De nombreuses confusions seraient levĂ©es si nous ne projetions pas sur lâĂ©ternitĂ© future des conceptions liĂ©es Ă notre vie prĂ©sente."
Le Ciel est décrit comme une "participation à la Béatitude de Dieu infiniment heureux", une joie parfaite, absolue et inaltérable, qualitativement différente de notre bonheur terrestre.
Selon Saint Thomas d'Aquin, citĂ© dans l'article, notre sensibilitĂ© au Ciel ne sera pas de la mĂȘme nature que sur terre. Les passions dĂ©sordonnĂ©es disparaĂźtront, et notre sensibilitĂ© sera ordonnĂ©e Ă la volontĂ© de Dieu. "Au Ciel, nous serons dĂ©livrĂ©s de cette sensibilitĂ© maladive. Nous serons parfaitement Ă©quilibrĂ©s psychologiquement. Notre dĂ©licatesse, notre douceur, notre sensibilitĂ© seront dĂ©cuplĂ©es, mais ordonnĂ©es Ă la volontĂ© de Dieu qui fait tout avec bontĂ© et avec amour."
Ainsi, face à la justice de la condamnation, les bienheureux pourraient ressentir de l'amertume, mais surtout la joie de voir la juste miséricorde de Dieu accomplie.
L'article aborde la difficulté de concevoir l'éternité de la peine infernale, soulignant que nous la comprenons souvent à tort comme une prolongation indéfinie du temps terrestre.
Citant de nouveau Saint Thomas d'Aquin, l'auteur Ă©crit : "«âŻNous ne pouvons-nous faire une idĂ©e de lâĂ©ternitĂ© quâĂ partir du tempsâŻÂ» ".
C.S. Lewis est également cité pour son idée que l'enfer est davantage une question de "finalité" que de "durée" infinie, une ùme "éternellement fixée dans son attitude diabolique". Il met en garde contre l'image mentale du Ciel et de l'enfer coexistant dans un temps linéaire.
L'article rappelle que nous ignorons le nombre de personnes en enfer et surtout qui s'y trouve. Si le Christ a averti que "«âŻLarge et spacieux est le chemin qui mĂšne Ă la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent.âŻÂ»", l'interprĂ©tation de "beaucoup" est relative Ă la perspective divine. De plus, l'article soulĂšve la question de l'identitĂ© des damnĂ©s : une personne damnĂ©e conserve-t-elle ce qui nous la rendait proche sur terre, ou n'est-elle plus que "haine et orgueil" ?
L'auteur conclut que les paroles du Christ sur l'enfer ne visent pas Ă satisfaire notre curiositĂ©, mais Ă provoquer la conversion et Ă Ă©veiller nos cĆurs. Ce sont des avertissements personnels.
Citant Ă nouveau C.S. Lewis, l'article insiste sur le fait que la rĂ©flexion sur la damnation doit avant tout nous concerner personnellement : "«âŻdans toutes les discussions sur lâenfer, nous devons garder fermement prĂ©sente Ă lâesprit lâidĂ©e de la damnation possible, non pas de nos ennemis ou de nos amis ââŻcar lâune et lâautre troublent notre raisonâŻâ, mais de nous-mĂȘmes. Ce chapitre ne concerne ni votre femme ni votre fils, il ne concerne ni NĂ©ron, ni Judas lâIscarioteâ; il nous concerne vous et moiâŻÂ» ".
En conclusion, l'article "Au Ciel, peut-on supporter quâil y ait des proches en enfer ?" ne prĂ©tend pas offrir une rĂ©ponse dĂ©finitive Ă cette question difficile. Il invite plutĂŽt Ă une rĂ©flexion profonde sur la nature du Ciel, de l'Ă©ternitĂ© et de la transformation de notre ĂȘtre dans l'au-delĂ . En distinguant notre comprĂ©hension humaine limitĂ©e de la rĂ©alitĂ© divine, l'auteur suggĂšre que la bĂ©atitude cĂ©leste transcende notre sensibilitĂ© actuelle et que la justice et la misĂ©ricorde de Dieu seront pleinement comprises et acceptĂ©es par les bienheureux. L'article sert Ă©galement de rappel Ă la nĂ©cessitĂ© de la conversion personnelle face Ă la possibilitĂ© rĂ©elle de la damnation.
18/03/2025
Si nous comprenons aisĂ©ment la souffrance qui dĂ©coule de nos propres erreurs, celle qui frappe sans raison apparente reste un mystĂšre troublant. Pourquoi JĂ©sus lui-mĂȘme a-t-il choisi dâembrasser la souffrance ? Quel rĂŽle joue-t-elle dans nos vies ?
Ă travers une fiction captivante, ce film met en scĂšne un procĂšs hors du commun : celui de la souffrance elle-mĂȘme. Le Jugement dernier vient dâavoir lieu, et Dieu a dĂ©finitivement Ă©cartĂ© le dĂ©mon. Il convoque alors lâhumanitĂ© pour une ultime audience oĂč la souffrance devra rendre des comptes. Saint Michel prĂ©side ce procĂšs en tant que juge, assistĂ© de Saint Gabriel et Saint RaphaĂ«l. La souffrance, incarnĂ©e sous une forme humaine, est appelĂ©e Ă tĂ©moigner : dâoĂč vient-elle ? Que fait-elle ? Quel est son vĂ©ritable rĂŽle dans lâhistoire de lâhumanitĂ© ?
Avec une distribution soignĂ©e, le film rĂ©unit SolĂšne Van Accoleyen dans le rĂŽle de la Souffrance, Jean-RenĂ© Privat (Marseille, Les Petits MouchoirsâŠ) en Saint Michel, François Larrous Carreras en avocat gĂ©nĂ©ral, ainsi que Vincent Peytou et Jean-Cassien Jacquemin dans les rĂŽles de Saint Gabriel et Saint RaphaĂ«l. Un film percutant et profond qui pousse Ă la rĂ©flexion.
Produit par "Entre nous film" et "En plein coeur", diffusé par Saje Productions
Dossier de presse : https://74be289d-fad7-473c-9388-a2547...
Description sur Allociné : https://www.allocine.fr/film/fichefil...
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PĂšre RenĂ©-Luc , prĂȘtre missionnaire du diocĂšse de Montpellier
Site Web : https://enpleincoeur.org
17/03/2025
Vous commencez votre livre en évoquant les phénomÚnes paranormaux, considérant que nous ne savons plus les voir. Est-ce à dire que nous vivons dans une société désenchantée ?
Oui, câest la condition moderne. Par « dĂ©senchantĂ©e », jâentends une sociĂ©tĂ© oĂč la conscience de Dieu et des choses spirituelles est marginale par rapport Ă notre conscience. Au Moyen Ăge, tout Ă©tait chargĂ© de la puissance de Dieu. Aujourdâhui, ce nâest plus le cas. Dieu ne nous a pas abandonnĂ©s â nous lâavons abandonnĂ©. Comme je lâexplique dans le livre, ce voyage vers le dĂ©sert spirituel a pris des siĂšcles et a isolĂ© lâhomme occidental, loin de lâexpĂ©rience partagĂ©e par la plupart de lâhumanitĂ©. Si vous voulez connaĂźtre le caractĂšre de la dystopie dans laquelle ce pĂšlerinage vers le nihilisme nous a entraĂźnĂ©s, lisez les romans prophĂ©tiques de Michel Houellebecq !
Soumission a Ă©tĂ© une inspiration pour mon nouveau livre. Dans le roman, François, le protagoniste, se rend Ă Rocamadour dans lâespoir de redĂ©couvrir sa foi catholique perdue. Il assiste Ă une messe, entend TaizĂ© chanter et commence Ă vivre une expĂ©rience mystique. Mais il perd courage, se convainc que cela doit ĂȘtre dĂ» Ă quelque chose quâil a mangĂ©, quitte lâĂ©glise, retourne Ă Paris et se convertit cyniquement Ă lâislam. Jâai Ă©crit Comment retrouver le goĂ»t de Dieu dans un monde qui lâa chassĂ© pour des gens comme François, pour les aider Ă comprendre que lorsquâils reçoivent une thĂ©ophanie chrĂ©tienne comme celle-lĂ , ils doivent lui faire confiance.
Quand la perception du sacrĂ© a-t-elle commencĂ© Ă sâeffondrer en Occident ?
Cela a commencĂ© au Haut Moyen Ăge, lorsque la doctrine philosophique du nominalisme â selon laquelle il nây a pas de sens intrinsĂšque, pas de logos, enchĂąssĂ©s dans la matiĂšre â a vaincu le rĂ©alisme mĂ©taphysique dans le dĂ©bat. Cela a prĂ©parĂ© le terrain pour la RĂ©forme et surtout pour la rĂ©volution scientifique. Sâil nây a pas de sens intrinsĂšque donnĂ© par Dieu Ă la matiĂšre, alors nous pouvons en faire ce que nous voulons. Comme le dit lâĂ©crivain athĂ©e contemporain Yuval Noah Harari, au dĂ©but de la modernitĂ©, nous avons Ă©changĂ© le sens contre le pouvoir. Puis sont arrivĂ©s Descartes, avec sa sĂ©paration corps-esprit, les LumiĂšres, le marxisme et tout le reste.
Mais tout a commencĂ© lorsque lâhomme occidental a abandonnĂ© sa croyance dans la nature sacramentelle de la rĂ©alitĂ© : que toute la CrĂ©ation est une icĂŽne de Dieu, Ă travers laquelle Dieu peut ĂȘtre connu. Nous sommes en effet devenus trĂšs riches et puissants â mais spirituellement appauvris. Aujourdâhui, lâOccident meurt par manque de sens, de but, de Dieu. [âŠ]
Je suis frappĂ© par une phrase de BenoĂźt XVI : le chemin le plus efficace vers Dieu aujourdâhui nâest pas la raison, mais lâart chrĂ©tien (beautĂ© esthĂ©tique) et les saints (beautĂ© morale). Dans les deux cas, nous rencontrons les vĂ©ritĂ©s du christianisme par nos sens. On ne peut pas refuser la puissance de la beautĂ©. Pour ma part, ce fut une rencontre bouleversante Ă 17 ans avec la cathĂ©drale de Chartres et qui a marquĂ© le dĂ©but de mon pĂšlerinage vers la foi. Un autre point dĂ©cisif est venu sept ans plus tard, quand, jeune journaliste, jâai interviewĂ© un prĂȘtre ĂągĂ© que je crois ĂȘtre un saint. Dans les deux cas, ces thĂ©ophanies mâont rĂ©vĂ©lĂ© Dieu et ont attirĂ© mon intelligence vers lui. Tout le monde peut visiter Chartres. La plupart dâentre nous connaissent au moins une personne sainte. Mais voyons-nous vraiment ces lieux et ces gens pour ce quâils sont vraiment : des fenĂȘtres sur le paradis ? Nous pouvons voir si nous le voulons â et dans le livre, je parle de moyens dâaiguiser notre perception de la prĂ©sence de Dieu. Dans la conversion, la volontĂ© compte plus que lâintellect.
17/03/2025
Les chrĂ©tiens sont ensuite violemment persĂ©cutĂ©s pendant plus de deux cents ans : certains dâentre eux meurent martyrs lors dâexĂ©cutions publiques, dâautres continuent de pratiquer leur foi en secret. Il est vĂ©ritablement exceptionnel que, dans ces circonstances, la foi en Christ ait pu se transmettre sur dix gĂ©nĂ©rations jusqu'Ă ce que le pay mette fin Ă l'isolement.
Les raisons d'y croire :
Le christianisme a Ă©tĂ© introduit au Japon en 1549 par saint François-Xavier et sâest dĂ©veloppĂ© rapidement. Bien quâil sâagisse dâune religion Ă©trangĂšre trĂšs diffĂ©rente du bouddhisme et du shintoĂŻsme pratiquĂ©s jusquâalors, on compte jusquâĂ 30 000 chrĂ©tiens en 1570 et 150 000 dix ans plus tard. Si bien quâune cinquantaine dâannĂ©es seulement aprĂšs le dĂ©barquement des premiers missionnaires, ils sont dĂ©jĂ 300 000 chrĂ©tiens japonais.
Mais le christianisme est interdit en 1614. Les shoguns sâingĂ©nient Ă Ă©radiquer cette religion : organisation dâun systĂšme de surveillance du voisinage, prime Ă la dĂ©lation, torture pour pousser Ă lâapostasie, utilisation rĂ©guliĂšre de la mĂ©thode du fumi-e pour repĂ©rer les chrĂ©tiens qui refusent de piĂ©tiner les images de JĂ©sus et de la Vierge Marie... MalgrĂ© la rĂ©pression violente et durable, le christianisme ne sâĂ©teint pas : des Japonais parviennent Ă demeurer chrĂ©tiens en secret et forment de petites communautĂ©s clandestines.
Les priĂšres qui leur avaient Ă©tĂ© apprises sont en latin et, Ă cause des persĂ©cutions, il nâest pas possible de conserver dâĂ©crits. Les communautĂ©s chrĂ©tiennes sont donc coupĂ©es du reste de lâĂglise, sans prĂȘtres, sans catĂ©chisme, sans bibles, sans livre de priĂšres⊠Dans de telles conditions, il aurait Ă©tĂ© logique que le christianisme japonais disparaisse en lâespace de quelques dizaines d'annĂ©es. Les exemples dont nous disposons ailleurs, dans des circonstances similaires, montrent quâhabituellement, la langue et la religion se perdent au bout de trois gĂ©nĂ©rations.
Le Japon ne sâouvre Ă nouveau aux Ă©changes avec les nations Ă©trangĂšres que deux cent vingt annĂ©es plus tard, en 1853, mais le christianisme est alors toujours interdit aux Japonais. Un jeune prĂȘtre des Missions Ă©trangĂšres de Paris, le pĂšre Bernard ThaddĂ©e Petitjean (1829 â 1884) dĂ©barque Ă Nagasaki. Le 17 mars 1865, il voit un groupe de femmes sâapprocher, et lâune dâelles lui demande : « OĂč est la statue de la Vierge ? » Ă la grande surprise du prĂȘtre, le groupe rĂ©cite ensuite lâAve Maria en latin. La femme explique au prĂȘtre : « Notre cĆur est semblable au vĂŽtre », et elle ajoute quâil y en a beaucoup comme eux derriĂšre les collines. Ni le pĂšre Petitjean ni aucun autre occidental nâaurait osĂ© espĂ©rer que des chrĂ©tiens soient encore prĂ©sents sur la terre nipponne.
En effet, dans plusieurs villages de la rĂ©gion de Nagasaki, les Kakure kirishitan (« chrĂ©tiens cachĂ©s ») ont miraculeusement rĂ©ussi Ă transmettre leur foi au Christ au fil des gĂ©nĂ©rations. Certes, leur façon de pratiquer comprend plusieurs Ă©lĂ©ments dâacculturation, les influences shintoĂŻste et bouddhiste ayant permis de camoufler leur foi illicite. Cependant, un bon nombre de rites et de priĂšres ont Ă©tĂ© fidĂšlement conservĂ©s : des psalmodies, le calendrier liturgique, la dĂ©votion Ă la Vierge Marie, le dogme de la vie aprĂšs la mort, la vĂ©nĂ©ration des martyrs⊠et surtout, le sacrement du baptĂȘme.
Les premiers missionnaires chrĂ©tiens nâont eu le droit de rester sur le sol japonais que quarante ans. Puis pendant deux siĂšcles, le christianisme est violemment rĂ©primĂ©. Lâexistence de plusieurs dizaines de milliers de chrĂ©tiens japonais au dĂ©but du XIXe siĂšcle est donc plus quâimprobable : cela semble impossible. Le pape de lâĂ©poque, Pie IX, apprenant ces faits, dĂ©clare que ce qui sâest produit autour de Nagasaki est « le miracle de lâOrient », un miracle que lâon peut attribuer Ă la grĂące de leur baptĂȘme et Ă la Vierge Marie. En effet, dans certaines communautĂ©s, le chapelet a Ă©tĂ© priĂ© quotidiennement.
En 2018, douze sites des chrĂ©tiens cachĂ©s de la rĂ©gion de Nagasaki ont Ă©tĂ© inscrits au patrimoine mondial de lâUNESCO sous ce motif : « Ces sites apportent un tĂ©moignage unique sur la tradition culturelle particuliĂšre nourrie par les chrĂ©tiens cachĂ©s de la rĂ©gion de Nagasaki, qui transmirent secrĂštement leur foi chrĂ©tienne pendant la pĂ©riode dâinterdiction, du XVIIe au XIXe siĂšcle. »
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Note sur l'image.
Ce tableau reprĂ©sente le massacre de Nagasaki en 1622, au cours duquel plus de 55 chrĂ©tiens furent exĂ©cutĂ©s. Ce massacre est devenu connu sous le nom de Grand Martyre de Genna . Parmi les victimes figuraient des EuropĂ©ens, des Japonais et des CorĂ©ens. Des missionnaires sont attachĂ©s Ă des pieux dans un foyer ; des samouraĂŻs armĂ©s de sabres dĂ©capitent des familles chrĂ©tiennes. La foule comprenait des EuropĂ©ens, des Chinois, des Africains, ainsi que des Japonais. La prĂ©cision des dĂ©tails suggĂšre qu'il a Ă©tĂ© peint par un tĂ©moin oculaire. Les arbres Ă l'arriĂšre-plan rappellent ceux des peintures japonaises sur paravent, et cette Ćuvre a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© montĂ©e Ă l'origine comme un rouleau ou un paravent.
15/03/2025
Elle est connue pour avoir Ă©crit « Le poĂšme de l'Homme-Dieu », une Ćuvre monumentale rassemblant prĂšs de 700 visions et dictĂ©es qu'elle dit avoir reçues de JĂ©sus-Christ et de la Vierge Marie. Ce que conteste une sĂ©rie de prises de position d'autoritĂ©s de l'Ăglise catholique. Mais une lettre rĂ©cente, encore peu connue, signĂ©e de la main du pape François, encourage Ă faire connaĂźtre activement Maria Valtorta et son « Ćuvre littĂ©raire » pour « le bien de l'Ăglise et de la sociĂ©tĂ© ».
Un court communiquĂ© du Vatican sur les Ă©crits de la mystique catholique italienne Maria Valtorta vient de mettre en Ă©moi le petit monde catholique français. Le texte publiĂ© en italien par le DicastĂšre pour la Doctrine de la Foi (ex Saint-Office), en date du 22 fĂ©vrier dernier, indique que « les prĂ©tendues visions et rĂ©vĂ©lations contenues dans les Ă©crits de Maria Valtorta (...) ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme d'origine surnaturelle ». Les grands mĂ©dias catholiques et WikipĂ©dia ont relayĂ© l'information en Ă©voquant une « condamnation » de l'Ćuvre principale de Maria Valtorta, intitulĂ©e en français « L'Ăvangile tel qu'il m'a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© » (le titre originel italien « Le poĂšme de l'Homme-Dieu », sans doute meilleur, ne donne pas l'impression de concurrencer l'Evangile). Mais il semble que le communiquĂ© du Vatican n'apporte, en rĂ©alitĂ©, rien de nouveau. Comme une note de la ConfĂ©rence des ĂvĂȘques de France, qui avait dĂ©jĂ mis en garde, en 2021, contre l'idĂ©e que de telles « mĂ©ditations » puissent remplacer l'Ăvangile , il s'inscrit dans une longue sĂ©rie de rĂ©serves et de controverses entre des institutions et personnalitĂ©s d'Ăglise - jusqu'au pape François lui-mĂȘme - au sujet de cette mystique qui connait un succĂšs d'Ă©dition croissant.
En rĂ©alitĂ©, la derniĂšre enquĂȘte du Vatican sur Maria Valtorta date de 1959, et elle aboutit l'annĂ©e suivante Ă une mise Ă l'Index de ses Ă©crits. La censure du Saint-Office avait, Ă l'Ă©poque, des rĂ©ticences envers les mystiques et elle s'opposa aussi Ă sainte Faustine Kowalska (mise Ă l'Index en mars 1959), Ă saint Padre Pio (combattu Ă partir de juillet 1960), ou Ă mĂšre Yvonne-AimĂ©e de Malestroit (procĂšs interrompu en juin 1960 car « trop de miracles »). Mais l'Ăglise ne prĂ©tend aucunement Ă l'infaillibilitĂ© dans ce type de jugement : en canonisant Padre Pio et Faustine Kowalska, elle reconnaĂźt les manques de discernement passĂ©s, comme cela arrive souvent. On peut citer Ă ce sujet le cas emblĂ©matique de Jeanne d'Arc, condamnĂ©e Ă ĂȘtre brĂ»lĂ©e vive sur la base de 70 faux chefs d'accusation, qui sera finalement canonisĂ©e 500 ans plus tard, ou l'exemple de Medjugorje, combattu et dĂ©clarĂ© « non surnaturel » pendant des dĂ©cennies, avant de recevoir finalement en 2024, le plus haut degrĂ© d'approbation possible selon les nouvelles normes.
Ce qui interroge aujourd'hui, c'est que le texte du Vatican affirme que les visions de Maria Valtorta « ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme d'origine surnaturelle » et qu'elle ne serait en fait qu'une romanciĂšre trĂšs imaginative. Or, ses 9 000 pages Ă©crites Ă la main, d'une traite, sans la moindre rature, dĂ©crivent 750 personnages dont 230 validĂ©s par des sources historiques (comme le montre le dictionnaire publiĂ© par François-Michel Debroise et son site encyclopĂ©dique), 70 groupes ethniques, 220 villages, 110 sites gĂ©ographiques, 150 plantes, 200 espĂšces animales, 50 espĂšces minĂ©rales et 24 000 dĂ©tails concrets vĂ©rifiĂ©s et validĂ©s sans erreurs ni anachronismes par Jean-François LavĂšre qui, de son cĂŽtĂ©, a publiĂ© sur la gĂ©ographie extraordinaire des visions. On aurait pu arguer que cela pouvait aussi venir du diable, ou ĂȘtre mĂȘlĂ©, mais comment une femme clouĂ©e au lit aurait-elle pu « romancer » tout cela, seule, sans aide, grĂące Ă de simples « mĂ©ditations » ?
Plus Ă©tonnant encore : le polytechnicien Jean Aulagnier a pu reconstituer un « calendrier de JĂ©sus au jour le jour. » Ă partir des 5 000 indications spatio-temporelles contenues dans les visions, il est parvenu Ă dĂ©terminer la date de chaque scĂšne de l'Ăvangile dans notre calendrier actuel (datations consultables sur le site Valtorta.fr). A sa grande stupĂ©faction, il a ensuite constatĂ© que cette reconstitution Ă©tait parfaitement cohĂ©rente avec le calendrier des phases lunaires (indĂ©pendant) sur plus d'une centaine de visions qui dĂ©crivent la position et les phases de la Lune. Il y a vu, parmi bien d'autres dĂ©tails sidĂ©rants, « une preuve Ă la saint Thomas » du caractĂšre surnaturel de cette Ćuvre unique au monde qui mĂ©rite, selon lui, d'ĂȘtre « bien plus largement connue ».
Les rĂ©serves du Vatican sont Ă©galement tempĂ©rĂ©es par d'autres prises de position importantes : le pape Pie XII a lu l'Ćuvre et a dit : « Publiez, qui lira comprendra » ; aprĂšs sa mort, le corps de Maria Valtorta a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© en 1973 dans la basilique de la Santissima Annunziata de Florence ; depuis quelques annĂ©es, Mgr Giulietti, l'Ă©vĂȘque du diocĂšse de Maria Valtorta, cĂ©lĂšbre l'anniversaire de son dĂ©cĂšs avec des homĂ©lies de plus en plus positives : « Ce qu'elle Ă©crit, dans certaines parties, ne peut pas ĂȘtre simplement d'origine naturelle » ; et last but not least, en rĂ©ponse Ă un envoi du professeur Liberato di Caro (cf. son interview Ă 1h03'00), Don Ernesto Zucchini et la Fondation Maria Valtorta ont reçu de la SecrĂ©tairerie d'Etat du Vatican, une lettre signĂ©e du pape François, datĂ©e du 24 fĂ©vrier 2024 : « Je vous encourage Ă poursuivre avec enthousiasme votre mission de faire connaĂźtre la vie de Maria Valtorta et son Ćuvre littĂ©raire, et tout ce qu'elle peut offrir pour le bien de l'Ăglise et de la sociĂ©tĂ©. En avant ! »
On peut aussi se rĂ©fĂ©rer aux grands thĂ©ologiens et sommitĂ©s mondiales qui l'ont Ă©tudiĂ©e. Par exemple, le pĂšre Gabriel Roschini (1900-1977), de renommĂ©e internationale, fondateur de l'Institut thĂ©ologique pontifical Marianum Ă Rome, auteur de 125 livres : « "La mariologie qui se dĂ©gage des Ă©crits de Maria Valtorta a Ă©tĂ© pour moi une vraie dĂ©couverte. Aucun autre Ă©crit marial, pas mĂȘme la somme de tous ceux que j'ai lus et Ă©tudiĂ©s, n'avait Ă©tĂ© en mesure de me donner sur Marie, chef-d'Ćuvre de Dieu, une idĂ©e aussi claire, aussi vive, aussi complĂšte, aussi lumineuse et aussi fascinante, Ă la fois simple et sublime. »
En 2011, Mgr RenĂ© Laurentin (1917-2017) se positionna aussi favorablement. Expert au Concile et mariologue de rĂ©putation internationale, il a jugĂ© Maria Valtorta comme Ă©tant la plus crĂ©dible des quatre grandes mystiques examinĂ©es lors de son Ă©tude comparative rĂ©alisĂ©e avec François-Michel Debroise. Et pour le bienheureux Gabriel Maria Allegra (1907-1976), prĂȘtre, bibliste et linguiste franciscain, fondateur du Studium Biblicum Franciscanum Ă Hong Kong, bĂ©atifiĂ© en 2012 par BenoĂźt XVI, l'Ćuvre est un « Ă©crin de trĂ©sors cĂ©lestes » : « Je ne crois pas qu'il soit sage et juste de rester indiffĂ©rent devant de tels trĂ©sors. »
Alors, plus grande visionnaire du monde ou romanciĂšre extraordinaire ? A vous de choisir, mais peut-ĂȘtre faut-il pour cela ouvrir le dossier et suivre la recommandation de saint Paul : « N'Ă©teignez pas l'Esprit Saint, ne mĂ©prisez pas le don de prophĂ©tie, mais vĂ©rifiez tout, et ce qui est bon, gardez-le » (1 Th 5,19-21). Les Ă©crits de Maria Valtorta, qui touchent de plus en plus de monde, ne doivent Ă©videmment jamais ĂȘtre mis au niveau des Evangiles, qui sont pour les chrĂ©tiens uniques et normatifs ; ils mĂ©ritent cependant notre attention, car il n'y a aucun Ă©quivalent de cette Ćuvre dans toute la littĂ©rature mondiale. Mais, comme ce sujet dĂ©chaĂźne les passions, ceux qui s'y intĂ©ressent devraient se souvenir du sage conseil de saint Ignace de Loyola : « Sur l'essentiel, l'unitĂ© ; sur le reste, la libertĂ© ; en tout, la charitĂ©. »
Olivier Bonnassies
(Polytechnicien, Cofondateur d'Aleteia, de Marie de Nazareth et de 1000 raisons de croire)
15/03/2025
L'ancien chapelain de la reine Elizabeth, Gavin Ashenden, a exprimĂ© son dĂ©saccord, y voyant un signe de prĂ©fĂ©rence du roi pour l'islam au dĂ©triment du christianisme, d'autant plus que Charles est le chef de l'Ăglise d'Angleterre.
Ashenden souligne les différences fondamentales entre les deux religions, notant que l'islam se réclame d'un chef de guerre tandis que le christianisme suit un Sauveur.
Le texte explore Ă©galement les liens passĂ©s de Charles III avec le soufisme et son intĂ©rĂȘt manifeste pour la culture et la finance islamiques, suggĂ©rant une admiration de sa part pour cette religion.
L'événement de l'iftar à Windsor est présenté comme un geste symbolique fort, indiquant que l'islam a, selon le roi, toute sa place au Royaume-Uni.
En conclusion, l'article questionne la signification de ces actions royales au regard de son rÎle de défenseur de la foi chrétienne.