Le blog du Temps de l'Immaculée.
30/07/2025
Face aux dĂ©fis de santĂ© mentale et aux charges pastorales croissantes, les prĂȘtres ont besoin de soutiens ancrĂ©s dans la foi et la fraternitĂ©.
La tragique nouvelle du suicide d'un prĂȘtre catholique italien a Ă©tĂ© annoncĂ©e ce mois-ci. En tant que psychologue catholique travaillant en Ă©troite collaboration avec des sĂ©minaristes et des prĂȘtres, j'ai trouvĂ© cette histoire particuliĂšrement troublante. Le jeune Ăąge du prĂȘtre â seulement 35 ans â Ă©tait bouleversant, et le chagrin exprimĂ© par sa communautĂ© tĂ©moignait de l'amour profond qu'il recevait.
Aux Ătats-Unis, le taux de suicide a augmentĂ© rĂ©guliĂšrement au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, avec une brĂšve baisse en 2018-2019. La pandĂ©mie de COVID-19 de 2020 a dĂ©clenchĂ© une vague de problĂšmes de santĂ© mentale, contribuant Ă des dĂ©cĂšs par suicide record en 2023 et 2024.
Le taux exact de suicide parmi les prĂȘtres catholiques aux Ătats-Unis n'est pas connu, bien que des cas isolĂ©s de suicide aient Ă©tĂ© signalĂ©s. Heureusement, aucune tendance alarmante ni crise suicidaire ne semble se manifester au sein du presbytĂ©rat amĂ©ricain. NĂ©anmoins, les prĂȘtres correspondent souvent au profil des personnes les plus Ă risque de penser au suicide et de passer Ă l'acte â des hommes adultes cĂ©libataires vivant seuls â et ils sont confrontĂ©s Ă des facteurs de stress spĂ©cifiques qui peuvent nuire Ă leur santĂ© mentale.
Par exemple, dans une Ă©tude que j'ai menĂ©e auprĂšs de prĂȘtres, beaucoup ont Ă©voquĂ© le « complexe du Messie » â la croyance irrationnelle qu'ils doivent sauver tout le monde et rĂ©soudre chaque situation dans une paroisse. De mĂȘme, les prĂȘtres que je pratique expriment souvent une immense pression pour ĂȘtre parfaits.
Le poids combinĂ© du complexe du Messie et d'un perfectionnisme irrĂ©aliste peut ĂȘtre extrĂȘmement pesant pour les prĂȘtres. Sans surprise, on sait que les prĂȘtres sont souvent confrontĂ©s aux « rhumes » des problĂšmes de santĂ© mentale : Ă©puisement professionnel, dĂ©pression, abus d'alcool et anxiĂ©tĂ©.
Les idées suicidaires apparaissent lorsque les personnes ne voient pas d'autre issue à leurs problÚmes et à leur détresse. Elles ont épuisé leurs mécanismes d'adaptation et cherchent à s'enfuir. Leur capacité à résoudre les problÚmes et à envisager des alternatives est altérée.
Les gens perdent espoir lorsqu'ils ne voient aucun moyen d'échapper à leur douleur ou de résoudre leurs problÚmes. Le désespoir s'installe, défini en psychologie comme des attentes négatives et immuables quant à l'avenir et un jugement selon lequel les problÚmes sont insolubles.
Des recherches psychologiques rĂ©centes ont montrĂ© que le dĂ©sespoir est un puissant prĂ©dicteur de pensĂ©es, d'intentions et de tentatives suicidaires. Ătonnamment, mĂȘme Ă mon avis, l'Ă©tude a rĂ©vĂ©lĂ© que le dĂ©sespoir est un prĂ©dicteur de tendances suicidaires encore plus fort que la dĂ©pression. Ces recherches rappellent les paroles prononcĂ©es par le pape Jean-Paul II aux jeunes en 1987 :
On ne peut vivre sans espoir. Il nous faut un but dans la vie, un sens à notre existence. Il nous faut aspirer à quelque chose. Sans espoir, nous commençons à mourir.
Pourquoi un prĂȘtre catholique pourrait-il se sentir dĂ©sespĂ©rĂ© ? Aux Ătats-Unis, le sacerdoce vieillit et, dans certains endroits, se rĂ©duit. Les jeunes prĂȘtres se voient souvent confier des responsabilitĂ©s supĂ©rieures Ă ce qui est nĂ©cessaire Ă leur dĂ©veloppement et sont chargĂ©s de rĂ©soudre des problĂšmes plus complexes dans leurs paroisses.
Par exemple, de nombreux diocĂšses fusionnent et ferment des paroisses en raison d'une pĂ©nurie de prĂȘtres. Le processus de fusion lui-mĂȘme peut s'avĂ©rer extrĂȘmement complexe, laissant les prĂȘtres pris entre les directives diocĂ©saines et l'indignation des paroissiens. De plus, les prĂȘtres continuent d'exercer leur ministĂšre sous l'ombre persistante de la crise des abus sexuels. MĂȘme les prĂȘtres les plus brillants, les plus sains et les plus heureux que je connaisse craignent encore d'ĂȘtre Ă deux doigts d'ĂȘtre dĂ©mis de leurs fonctions, et que, du jour au lendemain, un article nĂ©gatif sur l'Ăglise puisse affluer dans leur fil d'actualitĂ©. Certains prĂȘtres se demandent peut-ĂȘtre : la situation va-t-elle s'amĂ©liorer un jour ?
La recherche psychologique est également trÚs claire sur l'espoir. Conformément à l'enseignement catholique, la psychologie considÚre l'espoir comme une vertu qui prévient le découragement et stimule la gestion du stress par des actions motivées vers un meilleur objectif.
En termes simples, selon le CatĂ©chisme de l'Ăglise catholique, l'espĂ©rance « nous soutient dans les moments d'abandon » (1818). Il est important de comprendre l'espĂ©rance Ă travers l'anthropologie catholique. Dieu nous crĂ©e Ă son image et Ă sa ressemblance. Nous sommes bons, dotĂ©s d'une dignitĂ© et d'une valeur intrinsĂšques. Dieu nous a créés et a « mis dans notre cĆur » un dĂ©sir innĂ© de vie Ă©ternelle et de bonheur. Autrement dit, nous sommes conçus et créés de maniĂšre unique par notre CrĂ©ateur pour ĂȘtre des ĂȘtres pleins d'espoir et heureux. Vertu cardinale, l'espĂ©rance exige une pratique quotidienne et ne se rĂ©sume pas Ă une simple pensĂ©e magique selon laquelle tout s'arrangera.
Cliniquement, je constate que le dĂ©sir innĂ© de vivre et de bonheur renaĂźt grĂące Ă des techniques d'Ă©valuation et d'intervention adaptĂ©es. Ă maintes reprises, des patients dans leurs heures les plus sombres ont puisĂ© dans leur foi pour trouver la rĂ©silience et une raison de continuer Ă vivre. Les prĂȘtres ont besoin d'espoir. Nous avons besoin de prĂȘtres pour continuer Ă vivre. S'appuyer sur la foi et l'espoir peut libĂ©rer ce que les psychologues appellent « la pensĂ©e du cheminement et de l'action ».
La pensĂ©e par chemins est la capacitĂ© d'une personne Ă identifier des solutions aux problĂšmes avec assurance. La pensĂ©e par agence stimule la motivation et l'Ă©nergie nĂ©cessaires Ă la rĂ©solution des problĂšmes. Pour un prĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ©, ces modes de pensĂ©e constituent d'excellents antidotes. Pourtant, les prĂȘtres ne peuvent pas se contenter de penser par eux-mĂȘmes, par dĂ©sespoir.
Il est souvent nĂ©cessaire de rappeler aux prĂȘtres l'importance de la communautĂ© et de la fraternitĂ© dans leur vie. Le pĂšre Carter Griffin, dans son livre « Reclaiming the Fatherhood of the Priest », souligne que les prĂȘtres peuvent limiter leur engagement social en raison de leur « vie de cĂ©libataire ». Ils s'habituent alors Ă vivre seuls.
Les prĂȘtres avec qui je travaille savent que je les interrogerai sur la maniĂšre dont ils entretiennent quatre types de relations dans leur vie : leur relation avec Dieu, avec au moins un autre frĂšre prĂȘtre, avec un ami non prĂȘtre et avec un membre de leur famille. Chacune de ces relations contribue Ă un systĂšme de soutien pour les prĂȘtres.
Les prĂȘtres ont besoin de relations encourageantes, satisfaisantes et significatives dans les quatre types de relations. Malheureusement, dans chaque cas de suicide de prĂȘtre, le prĂȘtre meurt seul.
Lorsque j'Ă©value un risque suicidaire chez un patient, le retrait social et l'isolement figurent en tĂȘte de mes prĂ©occupations. Par consĂ©quent, Ă©tablir des liens sociaux, s'impliquer et apporter un soutien est une prioritĂ© absolue. L'importance du soutien social pour les prĂȘtres a Ă©tĂ© reconnue par la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques catholiques des Ătats-Unis (USCCB) lors d'une rĂ©cente table ronde sur la santĂ© mentale du clergĂ©. Nul n'est isolĂ©, pas mĂȘme un prĂȘtre.
Les groupes de soutien aux prĂȘtres peuvent ĂȘtre utiles, mais le soutien empirique et anecdotique qu'ils apportent est mitigĂ©. Des recherches ont montrĂ© que les groupes de soutien au clergĂ© sont plus efficaces lorsqu'ils bĂ©nĂ©ficient d'un animateur formĂ©, d'une structure claire et de normes Ă©tablies pour une dynamique de groupe saine. Malheureusement, j'ai entendu des prĂȘtres dire que leur expĂ©rience avec ces groupes de soutien leur a fait plus de mal que de bien. J'ai pu constater de visu comment un rassemblement de prĂȘtres peut dĂ©gĂ©nĂ©rer en plaintes sur la politique de l'Ăglise au lieu de s'Ă©lever mutuellement en encourageant la fraternitĂ©.
J'ai rĂ©cemment eu l'occasion de faire une prĂ©sentation lors d'une convocation de prĂȘtres dans l'archidiocĂšse d'Oklahoma City. J'ai passĂ© une semaine avec un groupe de 100 prĂȘtres. Nous avons priĂ©, mangĂ©, Ă©tudiĂ© ensemble, pris des rafraĂźchissements et regardĂ© ensemble le Thunder d'Oklahoma City remporter un important match de playoffs de basket.
J'ai Ă©tĂ© tĂ©moin de la joie qu'ils Ă©prouvaient Ă rire et Ă discuter. La fraternitĂ© Ă©tait bien vivante au sein de ce groupe de prĂȘtres. L'importance de leur santĂ© mentale Ă©tait abordĂ©e sans stigmatisation ni honte. Le vicaire du clergĂ© Ă©tait transparent quant aux ressources mises Ă la disposition des prĂȘtres, notamment une liste de professionnels de la santĂ© mentale de confiance et la prise en charge financiĂšre de ces services par l'archidiocĂšse. De tels efforts soulignent l'importance d'une culture diocĂ©saine positive qui soutient la santĂ© mentale des prĂȘtres.
Le suicide d'un prĂȘtre a des rĂ©percussions sur toute la communautĂ©. Les prĂȘtres ont donc besoin du soutien de toute leur communautĂ© pour s'Ă©panouir pleinement dans leur vocation et leur ministĂšre.
Anthony Isacco, Ph.D., est directeur de programme,
professeur et responsable de la recherche clinique à l'Université Saint Mary's du Minnesota.
29/07/2025
Points clés du message du pape :
La paix dans le monde numĂ©rique : Le Souverain Pontife a soulignĂ© l'importance de rechercher, d'annoncer et de partager la paix partout, en particulier dans les environnements numĂ©riques oĂč l'Ăglise compte dĂ©sormais sur les influenceurs. Il a exprimĂ© le dĂ©sir de voir ces « nouveaux disciples » apporter l'espĂ©rance aux « frontiĂšres existentielles » et aux « cĆurs vidĂ©s ».
Humanisme chrĂ©tien face Ă l'IA : Face aux profondes mutations technologiques et Ă l'essor de l'intelligence artificielle, le pape a mis en garde contre toute utilisation qui porterait atteinte Ă la dignitĂ© humaine. Il a appelĂ© les influenceurs à « nourrir une culture dâhumanisme chrĂ©tien » et Ă une prĂ©sence discernante et bienveillante en ligne, en se concentrant sur « lâauthenticitĂ© de notre tĂ©moignage » et la « rencontre des cĆurs » plutĂŽt que la simple production de contenu.
Construire des rĂ©seaux d'amour et de partage : Comparant les influenceurs aux apĂŽtres rĂ©parant leurs filets, LĂ©on XIV les a invitĂ©s à « construire dâautres rĂ©seaux : rĂ©seaux de relations, dâamour, de partage gratuit ». Il a encouragĂ© la crĂ©ation de liens profonds qui brisent la solitude, oĂč la vĂ©ritĂ© circule et oĂč l'amitiĂ© ne se mesure pas au nombre de « followers ». Le pape a appelĂ© Ă ĂȘtre des « agents de communion, capables de rompre la logique de la division et de la polarisation » et Ă vaincre les mensonges par la « lumiĂšre de la vĂ©ritĂ© ».
En somme, le message du pape LĂ©on XIV est un appel Ă la mission, Ă la responsabilitĂ© et Ă l'espĂ©rance pour ceux qui Ćuvrent dans le monde digital, les incitant Ă construire des ponts dans un environnement souvent traversĂ© par des logiques contraires Ă l'Ăvangile.
29/07/2025
FIGAROVOX/TRIBUNE via le Salon Beige
Quel est le point commun entre Pierre Curie, Marguerite Yourcenar, Agatha Christie et Jean dâOrmesson ? Ils ont tous bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâinstruction en famille.
La Cour des comptes a publiĂ© rĂ©cemment un rapport aussi accablant quâĂ©clairant sur la rĂ©forme de lâinstruction dans la famille. DerriĂšre la technicitĂ© apparente des constats â procĂ©dures lourdes, inĂ©galitĂ©s territoriales, manque de coordination â se dessine une rĂ©alitĂ© politique : lâĂtat a dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă©rigĂ© des obstacles pour dissuader les familles dâexercer une libertĂ© fondamentale.
La libertĂ© dâenseignement est protĂ©gĂ©e par le PrĂ©ambule de 1946. Lâarticle 26.3 de la DĂ©claration universelle des droits de lâhomme affirme que « les parents ont, par prioritĂ©, le droit de choisir le genre dâĂ©ducation Ă donner Ă leurs enfants ». Cette hiĂ©rarchie est claire : ce nâest pas Ă lâĂtat dâimposer, câest aux parents de choisir, ils sont les premiers et principaux Ă©ducateurs de leurs enfants. Le rĂŽle de la puissance publique nâest pas dâautoriser, mais de garantir que chaque enfant reçoive une instruction afin quâil puisse devenir un adulte Ă©clairĂ©.
Depuis 2021, lâinstruction en famille (IEF) ne relĂšve plus de la libertĂ© dâenseignement garantie par le droit français, mais dâun rĂ©gime dâexception. Lâautorisation prĂ©alable, imposĂ©e par la loi du 24 aoĂ»t, a remplacĂ© le simple rĂ©gime dĂ©claratif. RĂ©sultat : les familles doivent dĂ©sormais quĂ©mander un droit qui devrait leur ĂȘtre reconnu dâoffice, un droit naturel, celui dâinstruire leurs enfants. Le principe de libertĂ© a Ă©tĂ© inversĂ© : câest dĂ©sormais Ă la famille de se justifier, et Ă lâadministration dâen juger lâopportunitĂ©.
En trois ans, le nombre dâenfants instruits en famille est passĂ© de 72 000 Ă 30 644. Soit une baisse de prĂšs de 60%. Et pourtant, plus de 90% des contrĂŽles pĂ©dagogiques sont jugĂ©s satisfaisants. Le message implicite est clair : ce nâest pas tant la qualitĂ© de lâinstruction qui est en cause que la lĂ©gitimitĂ© mĂȘme de ce choix Ă©ducatif. La procĂ©dure est si complexe, si incertaine, si arbitraire quâelle dĂ©courage les plus fragiles, les moins au fait des arcanes administratives, ceux qui nâont ni rĂ©seau ni avocat. On ne supprime pas la libertĂ© par dĂ©cret, on la rend inaccessible.
Pire : les traitements varient dâune acadĂ©mie Ă lâautre. Ă CrĂ©teil, seul un enfant sur quatre a vu son autorisation reconduite. Ă Aix-Marseille, ils sont trois sur quatre. Faut-il vivre dans la bonne rĂ©gion pour bĂ©nĂ©ficier dâun droit fondamental ?
Lâinstruction en famille ne menace ni la RĂ©publique, ni la cohĂ©sion nationale. Elle concerne une minoritĂ© dâenfants, souvent pour une durĂ©e courte (deux ans pour les deux tiers des familles), et rĂ©pond Ă des situations trĂšs concrĂštes : phobie ou harcĂšlement scolaire, besoins particuliers, handicap, itinĂ©rance, pĂ©dagogies alternatives. Elle est diverse, socialement, gĂ©ographiquement, culturellement. Et elle donne des rĂ©sultats. Les rares dĂ©rives peuvent â et doivent â ĂȘtre encadrĂ©es par des contrĂŽles pĂ©dagogiques renforcĂ©s permettant de sanctionner et dâinterdire des cas isolĂ©s, comme le propose la Cour des comptes.
Quelles que soient nos convictions politiques, ce que nous dĂ©fendons, câest une idĂ©e exigeante de la RĂ©publique française : une RĂ©publique française qui ne craint pas la libertĂ©, qui fait confiance Ă ses citoyens, qui nâĂ©rige pas lâuniformisation en dogme, ni la conformitĂ© en vertu. Une RĂ©publique française qui croit encore que la libertĂ© est la condition de lâexcellence, et non son ennemi.
Les signataires :
Véronique Besse, députée (non-inscrit)
Philippe Lottiaux, député (RN)
Anne-Laure Blin, députée (DR)
Sylviane Noël, sénatrice (LR)
Stéphane Ravier, sénateur (non-inscrit)
Stéphane Viry, député (LIOT)
Marie-France Lorho, députée (RN)
Maxime Michelet, député (UDR)
Josiane Corneloup, députée (DR)
Roger Chudeau, député (RN)
Franck Menonville, sénateur (UDI)
David Lisnard, maire de Cannes et prĂ©sident de Nouvelle Ănergie
Chantal Delsol, philosophe
Lisa Hirsig, responsable de la communication de lâIREF
Ghislain Lafont, président Fonds du Bien Commun
Jean-Baptiste Maillard, secrétaire général de Liberté éducation
Pierre-Vincent GuĂ©ret, chef dâentreprise
Bérénice Levet Docteur en philosophie et essayiste
Michel Valadier, DG de la Fondation pour lâĂcole
Marie Bancel, autrice de livres jeunesse
Antoine Fouret, avocat
Chloé Oudin-Gasquet, psychologue
Remy Philippot, avocat
Magali Dumas, co-fondatrice de lâAssociation UNIE
Typhanie Degois, chef dâentreprise Anne Coffinier, prĂ©sidente de lâassociation CrĂ©er son Ă©cole
28/07/2025
Selon le quotidien Ouest-France, jamais depuis la venue du pape Jean-Paul II en septembre 1996 Ă Sainte-Anne-dâAuray, le sanctuaire iconique de la Bretagne nâavait absorbĂ© autant de monde. Plus de 30.000 fidĂšles se sont appliquĂ©s Ă honorer la grand-mĂšre du Christ en se rendant aux cĂ©rĂ©monies liturgiques cĂ©lĂ©brant le 4Ăšme centenaire des apparitions de sainte Anne Ă un humble paysan breton, Yvon Nicolazic, entre 1623 et 1625. Pour cet anniversaire, le pape LĂ©on XIV avait nommĂ© spĂ©cialement le cardinal Sarah pour le reprĂ©senter.
« Nous nous adressons à toi, Vénérable frÚre, qui, pourvu de piété et de doctrine, te distingues dans la Vigne du Seigneur comme un ouvrier vigilant et zélé » lui avait écrit le nouveau Souverain Pontife le 25 juin dernier.
Intimidations diplomatiques ?
Lâancien prĂ©fet de la congrĂ©gation du Culte Divin est connu en France pour sa parole libre, son parcours Ă©tonnant dâenfant de la brousse guinĂ©enne Ă cardinal Ă©minent de la Sainte Eglise Romaine, ainsi que pour ses nombreux ouvrages aux succĂšs Ă©ditoriaux jamais dĂ©mentis chez Fayard : Dieu ou rien (2015), La Force du silence (2016), Le soir approche et dĂ©jĂ le jour baisse (2019), Des profondeurs de nos cĆurs (2020), et tout rĂ©cemment Dieu existe-t-il ? (2025).
âEnvoyĂ© spĂ©cialâ du pape dans le langage du monde, âLĂ©gat pontificalâ dans le langage ecclĂ©siastique, des rumeurs ont courus avant son arrivĂ©e en Bretagne fin juillet que sa mission de reprĂ©senter le Saint-PĂšre aurait suscitĂ© en amont quelques crispations auprĂšs des autoritĂ©s françaises. Mgr Kennedy, archevĂȘque dĂ©tachĂ© au Vatican, aurait fait Ă©tat de « requĂȘtes françaises auprĂšs du Saint-SiĂšge ». Ces derniĂšres sâinquiĂ©taient dâun discours offensif du prĂ©lat sur la fin de vie, lâislamisme ou la dĂ©cadence de lâOccident.
En supposant que ces intimidations diplomatiques aient vraiment existĂ©es, force est de reconnaĂźtre que le cardinal nâen a pas pris note. Son homĂ©lie, interrompue Ă de multiples reprises par des applaudissements dans la foule, restera un moment marquant des cĂ©lĂ©brations de ce 4Ăšme centenaire. Sans crainte et avec une audace Ă©piscopale Ă laquelle lâimmense majoritĂ© des catholiques français est inhabituĂ©e, le cardinal Sarah a emportĂ© lâassistance derriĂšre lui.
« Ne profanez pas la France avec vos lois barbares ! »
Bien sĂ»r, les observateurs sâarrĂȘteront sur les punchlines dĂ©livrĂ©es par le cĂ©lĂ©brant durant son sermon. Lâaccueil des migrants ? La fraternitĂ© universelle ? La paix dans le monde ? La religion catholique ne peut ĂȘtre rĂ©duites Ă ces considĂ©rations selon le cardinal, allant mĂȘme jusquâĂ dire que « cette vison de la religion est fausse ». Avec des accents Ă la Jean-Paul II, le lĂ©gat pontifical africain a aussi rappelĂ© aux milliers de fidĂšles que « Dieu a choisi la France pour quâelle soit comme une terre sainte, une terre rĂ©servĂ©e Ă Dieu » et dâenjoindre ceux qui ont des responsabilitĂ©s lĂ©gislatives Ă sâamender et Ă se corriger :
« Ne profanez pas la France avec vos lois barbares et inhumaines qui prÎnent la mort alors que Dieu veut la vie ! »
Cependant, si ces paroles ont toute leur importance, le message spirituel du cardinal Sarah reste le plus exigeant et le plus vertical. Dans une sociĂ©tĂ© de consommation occidentale obnubilĂ©e par son bien-ĂȘtre, il nâest pas passĂ© par quatre chemins pour pointer du doigt les Ă©cueils et les non-sens des temps prĂ©sents tout en indiquant la marche Ă suivre pour sâen sortir. Le diagnostic brut et le remĂšde choc.
Une homélie au souffle spirituel détonnant
Devant un univers catholique en dĂ©composition structurelle, encore Ă©tourdi dâĂȘtre devenu minoritaire, le cardinal donna de la voix :
« Nos Ă©glises ne sont pas des salles de spectacle, ni des salles de concert ou dâactivitĂ©s culturelles ou de divertissements. LâĂ©glise, câest la maison de Dieu ».
Face aux relations dâintĂ©rĂȘt et aux injonctions narcissiques des rĂ©seaux sociaux :
« Câest Ă genoux devant Dieu que lâhomme dĂ©couvre sa vĂ©ritable grandeur et sa noblesse ».
En réponse aux fuites en tout genre pour trouver une porte de sortie aux impasses du wokisme :
« Ce qui sauve le monde, câest le pain de Dieu ».
Fondamentalement, le cardinal Sarah a martelĂ© lâidĂ©e force qui fait dĂ©faut Ă un monde occidental ayant actĂ© la mort de Dieu : « Si nous nâadorons pas Dieu, nous finirons par nous adorer nous-mĂȘmes », « Notre premiĂšre activitĂ© » doit ĂȘtre « de glorifier Dieu ». Fermez le ban.
Notre confrĂšre Marc Eynaud, sur le plateau de CNews â qui diffusait la messe cĂ©lĂ©brĂ©e Ă Sainte-Anne-dâAuray â faisait remarquer que la jeunesse catholique française attend, selon lui, davantage « les cosaques et le Saint-Esprit » (LĂ©on Bloy) quâelle nâait intĂ©ressĂ©e par le synode sur la synodalitĂ©. Le cardinal Sarah aura en tout cas secouĂ© son auditoire en parlant courageusement de la seule chose qui, sans aucun doute, vaille pour un homme de priĂšre : nos devoirs envers Dieu en vue de bĂ©nĂ©ficier de la bĂ©atitude cĂ©leste. Un discours devenu hĂ©las trop rare, mais dont un seul peut, et câest heureux, porter beaucoup de fruits.
PĂšre Danziec Valeurs actuelles via le Salon Beige
26/07/2025
Le Cardinal Sarah a lancé un appel vibrant contre ce qu'il perçoit comme une profanation de la France par des "lois qui saccagent tout, qui détruisent la vie" et des "lois barbares et inhumaines qui prennent la mort alors que Dieu veut la vie". Ce constat a été salué par des applaudissements des fidÚles, que le Cardinal a aussitÎt tempérés, rappelant l'importance du silence et de l'adoration.
Au cĆur de son message, la Bretagne est mise en avant comme une "terre sacrĂ©e" oĂč "Dieu doit y avoir la premiĂšre place". L'adoration et la glorification de Dieu sont prĂ©sentĂ©es comme l'expression la plus haute de gratitude et la plus belle rĂ©ponse Ă l'amour divin. Le Cardinal a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de se mettre Ă part dans le silence pour Ă©couter Dieu, soulignant que les lieux sacrĂ©s sont des espaces dĂ©diĂ©s Ă la priĂšre, au silence et Ă la liturgie, et non Ă des activitĂ©s profanes. "Nos Ă©glises ne sont pas des salles de spectacles, de concerts ou pour des activitĂ©s culturelles ou du divertissement", a-t-il affirmĂ© avec force.
Le prĂ©lat a Ă©galement critiquĂ© une vision qu'il juge erronĂ©e de la religion en Occident, souvent rĂ©duite Ă des actions humanitaires ou Ă une forme de dĂ©veloppement personnel. Pour le Cardinal Sarah, la religion est avant tout adoration de Dieu. Face au Mal, la rĂ©ponse unique est l'adoration et la rĂ©sistance, le seul remĂšde au dĂ©sespoir. Il a exhortĂ© chacun Ă "confesser et rĂ©sister", Ă "expulser les idoles de l'argent", rappelant que Dieu ne dĂ©sire que le cĆur de l'homme.
En somme, l'homélie du Cardinal Sarah est un puissant rappel à la centralité de Dieu dans la vie individuelle et collective, un appel à la sainteté et à la résistance face aux forces qui, selon lui, tendent à éloigner la France de sa vocation spirituelle originelle.
Merci au Saint PÚre de nous avoir envoyé le légat dont nous avons besoin !
F. Charbonnier
03/07/2025
Rapport Bétharram : l'enseignement catholique entre soutien aux victimes et défense de sa spécificité.
Le 2 juillet, la commission d'enquĂȘte parlementaire sur les violences en milieu scolaire, initiĂ©e aprĂšs la retentissante affaire BĂ©tharram, a publiĂ© son rapport. Avec 330 pages et 50 recommandations, l'objectif est clair : mieux reconnaĂźtre les victimes, intensifier la prĂ©vention et libĂ©rer la parole. Si l'enseignement catholique et l'Apel (Association des parents d'Ă©lĂšves de l'enseignement libre) saluent cette initiative visant Ă garantir la sĂ©curitĂ© des jeunes, ils s'inquiĂštent de certaines propositions qui menaceraient leur singularitĂ©.
Des recommandations variées, des lignes rouges pour le privé
Parmi les recommandations phares, certaines sont largement approuvées, comme l'imprescriptibilité des infractions sur mineurs ou l'interdiction des chùtiments corporels. Cependant, d'autres points cristallisent les tensions. La volonté de lever le secret de la confession pour les violences sur les moins de 15 ans, le contrÎle périodique des établissements privés tous les cinq ans, ou encore l'intégration d'une "gradation des sanctions" dans le code de l'éducation, sont perçus comme des empiÚtements.
Le dĂ©putĂ© LFI Paul Vannier, co-rapporteur de la commission, surnommĂ© Fouquier-Tinville, ce qu'il doit apprĂ©cier, ne cache pas sa dĂ©termination Ă "loger" l'enseignement catholique Ă la mĂȘme enseigne que le public. Cela se traduit par des propositions visant Ă remettre en cause le rĂŽle du SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral Ă l'enseignement catholique (SGEC) comme interlocuteur privilĂ©giĂ© de l'Ătat, et Ă rattacher directement les Ă©tablissements sous contrat Ă la direction gĂ©nĂ©rale de l'enseignement scolaire (Dgesco).
Instrumentalisation politique
Philippe Delorme, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă l'enseignement catholique, dĂ©nonce une "instrumentalisation politique". Il craint que le calquage de l'organisation du public sur celle du privĂ© n'entraĂźne une dilution de leur spĂ©cificitĂ© et une perte d'efficacitĂ©. Pour lui, le contrĂŽle de la "vie scolaire" par l'Ătat, au-delĂ du "climat scolaire", est une atteinte au "caractĂšre propre" de l'enseignement catholique.
L'Apel, par la voix de sa présidente HélÚne Laubignat, défend son indépendance et sa représentativité, malgré la proposition du rapport de "permettre la reconnaissance de plusieurs associations" de parents pour garantir le pluralisme.
Au-delà des débats, une "prise de conscience" ... aux frais des catholiques
Alain Esquerre, le lanceur d'alerte de l'affaire Bétharram, voit dans ce rapport une "prise de conscience" salutaire dans les établissements catholiques. Si le fonds d'indemnisation des victimes se fait toujours attendre, ce qui n'est pas à son goût, il estime que "l'immobilisme n'est plus possible". Son appel est clair : au-delà des querelles politiques, l'urgence est de s'attaquer aux violences, qu'elles soient physiques ou sexuelles, qui se répandent sur tout le territoire.
Notons au passage que ces violences ne viennent pas majoritairement des écoles catholiques.
Depuis les grandes manifestations de 1984, (j'y étais !) , 5 à 800000 personnes à Versailles le 4 mars, puis à Paris le 24 juin entre 850000 et 2 millions de personnes (source Wikipedia) qui sonnÚrent le glas d'une loi d'étranglement, les pouvoirs successifs, de gauche qui gouvernent à gauche et de droite qui gouvernent à gauche, ne cessÚrent leurs coups de boutoir contre l'enseignement catholique.
Ne doutons pas que 40 ans de démolition incessante effectuée avec conscience et application ont déjà eu raison de l'enseignement catholique sous contrat. Puissé-je me tromper !
Restent de courageux enseignants qui y croient encore, qui méritent notre admiration ... et nos priÚres !
SMR
01/07/2025
L'auteur souligne d'emblĂ©e l'importance des thĂšmes abordĂ©s par le souverain pontife, pourtant dans un discours bref : les dĂ©sĂ©quilibres Ă©conomiques et la protection de la libertĂ© religieuse. Ă cet Ă©gard, la figure de Saint Thomas More est mise en avant. Ce martyr de la libertĂ©, qui a sacrifiĂ© sa vie plutĂŽt que de trahir ses convictions, incarne pour le Pape et pour Leclerc la primautĂ© de la conscience. Un exemple intemporel, mĂȘme Ă l'heure oĂč des Ătats se rĂ©clamant de la primautĂ© du droit semblent menacer ces principes.
Le "Basculement Moral" de l'Euthanasie
Leclerc aborde ensuite un point de discorde majeur : la question de l'euthanasie. Il cite Mgr Paul Richard Gallagher, représentant du Saint-SiÚge, qui a vivement critiqué la légitimation du "droit de donner la mort" en France. Pour le Vatican, transformer la mort en un droit constitue un "basculement moral préoccupant", un constat qui se heurte frontalement au "chemin de fraternité" évoqué par le président Macron. C'est ici que l'article met en lumiÚre un désaccord fondamental entre le magistÚre catholique et les autorités politiques.
La Loi Naturelle : Une Voix Intemporelle
Face Ă cette divergence, une question essentielle Ă©merge : l'Ăglise et l'Ătat sont-ils vouĂ©s Ă des chemins sĂ©parĂ©s, la loi divine Ă©tant distincte de celle de la RĂ©publique ? LĂ©on XIV, et avec lui GĂ©rard Leclerc, s'oppose rĂ©solument Ă cette vision. Le Pape insiste sur la "loi naturelle", une loi "non Ă©crite de main d'homme, mais reconnue comme valable en tout temps et en tout lieu, et trouvant son fondement le plus plausible et convaincant dans la nature elle-mĂȘme."
Cette rĂ©fĂ©rence Ă la loi naturelle n'est pas nouvelle ; elle s'inscrit dans une longue tradition philosophique et thĂ©ologique, depuis CicĂ©ron et Saint Augustin jusqu'Ă Saint Thomas d'Aquin. Leclerc rappelle que cette tradition, loin d'ĂȘtre en contradiction avec la raison, dĂ©montre comment la foi et la raison peuvent Ćuvrer ensemble au service de la dignitĂ© humaine. Il fait d'ailleurs un parallĂšle pertinent avec le cĂ©lĂšbre dialogue entre le Cardinal Ratzinger (futur BenoĂźt XVI) et le philosophe JĂŒrgen Habermas, soulignant que les donnĂ©es de la RĂ©vĂ©lation peuvent rĂ©sonner avec les exigences de la raison.
En somme, l'article de Gérard Leclerc nous invite à voir dans l'intervention du Pape Léon XIV un appel à la conscience, une boussole qui peut guider la politique contemporaine. C'est une voix qui se veut audible, pour peu que l'on soit attentif à la sagesse humaine et à "la loi telle qu'elle est implantée dans la conscience", comme le disait Saint Augustin.