Le blog du Temps de l'Immaculée.

Nov 25

Commémoration de tous les fidÚles défunts

01/11/2025

Commémoration de tous les fidÚles défunts

La journĂ©e des dĂ©funts est Ă  la fois une journĂ©e de commĂ©moraison et une journĂ©e d’intercession. On fait mĂ©moire de ceux qui nous ont quittĂ©s, et l’on prie pour eux. Cette priĂšre s’enracine dans la conviction profonde que la mort ne rompt pas la communion entre les membres du Corps du Christ. L’Église enseigne que les Ăąmes appelĂ©es Ă  la vision de Dieu passent par une purification nĂ©cessaire pour ĂȘtre pleinement unies Ă  Lui. Notre priĂšre, nos sacrifices et nos Ɠuvres de charitĂ© peuvent les soutenir dans cette ultime Ă©tape, en vertu du mystĂšre de la communion des saints. Celle-ci exprime le lien spirituel et indestructible entre les vivants et les morts : dans le Christ, une vĂ©ritable solidaritĂ© unit les membres de l’Église terrestre, les Ăąmes du purgatoire et les saints du ciel.

 

Le 2 novembre, chaque fidĂšle est donc invitĂ© Ă  se recueillir, Ă  visiter les cimetiĂšres, et Ă  prier pour les dĂ©funts. Prier pour les morts, c’est poser un acte de foi et d’amour, une affirmation silencieuse de l’espĂ©rance chrĂ©tienne : la vie n’est pas dĂ©truite, elle est transformĂ©e. Pour que la Toussaint, instituĂ©e en France en 835, conserve son sens propre de fĂȘte de la gloire cĂ©leste, saint Odilon, abbĂ© de Cluny, dĂ©cida vers l’an 1000 d’instaurer, dans tous les monastĂšres de l’ordre, une messe solennelle pour les dĂ©funts le lendemain, le 2 novembre. Cette commĂ©moration, d’abord limitĂ©e Ă  la famille monastique, s’étendit rapidement Ă  toute la chrĂ©tientĂ© sous l’influence du puissant rĂ©seau clunisien. À cette Ă©poque, la doctrine du purgatoire n’était pas encore pleinement formulĂ©e, mais les moines de Cluny exprimaient dĂ©jĂ  la foi de l’Église : celle d’un Dieu misĂ©ricordieux, qui purifie et sauve. Le saint curĂ© d’Ars rĂ©sumera plus tard ce mystĂšre avec des mots simples : « Le purgatoire est l’infirmerie du Bon-Dieu. »

 

Au XVᔉ siĂšcle, les Dominicains d’Espagne introduisirent la pratique de cĂ©lĂ©brer trois messes le jour des dĂ©funts, en signe d’intercession renouvelĂ©e. Ce privilĂšge fut Ă©tendu Ă  toute l’Église par le pape BenoĂźt XV en 1915, en mĂ©moire des innombrables victimes de la PremiĂšre Guerre mondiale, afin que les prĂȘtres puissent offrir le Saint Sacrifice pour les Ăąmes de tous les dĂ©funts. Aujourd’hui encore, l’Église continue de prier avec ferveur pour ses enfants dĂ©funts. Le sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon, en Normandie, demeure un lieu privilĂ©giĂ© oĂč des fidĂšles du monde entier confient leurs proches Ă  la misĂ©ricorde divine. Les communautĂ©s paroissiales organisent des liturgies, et de nombreux fidĂšles se rendent dans les cimetiĂšres pour prier au pied des tombes, souvent en famille, un chapelet Ă  la main.

 

Ce geste humble est un acte de foi : croire que nos morts vivent en Dieu, croire que notre priĂšre peut les accompagner vers la lumiĂšre Ă©ternelle, croire enfin que la mort ne sĂ©pare pas ceux que le Christ a unis. La sainte MĂšre Église, fidĂšle Ă  sa mission d’intercession, implore Dieu « pour les Ăąmes de tous ceux qui se sont endormis dans l’espĂ©rance de la rĂ©surrection, mais aussi en faveur de tous les hommes depuis la crĂ©ation du monde, dont le Seigneur seul connaĂźt la foi », afin qu’ils rejoignent « la communautĂ© des habitants du ciel » et jouissent du bonheur Ă©ternel.

 

Et, selon la belle parole de saint Ambroise :
« Nos morts ont Ă©tĂ© envoyĂ©s non pas loin de nous, mais avant nous — eux que la mort ne prendra pas mais que l’éternitĂ© recevra. » Ainsi, la commĂ©moration du 2 novembre n’est pas une journĂ©e de tristesse, mais une fĂȘte d’espĂ©rance, celle de la fidĂ©litĂ© de Dieu et de la communion sans fin entre les vivants et les morts dans le Christ ressuscitĂ©.

 

 

Avec nominis

Vivre au milieu des saints

31/10/2025

Vivre au milieu des saints

Nous vivrons avec des gens qui ont un cƓur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des rĂąleurs, des malcontents, des mĂ©prisants
 Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent Ă  promouvoir l’autre plutĂŽt qu’eux-mĂȘmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des misĂ©ricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cƓur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honorĂ© comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimĂ© le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persĂ©cution. Bref, quel paradis partagĂ© avec de tels frĂšres et sƓurs, Ă  contempler l’auteur de toute beautĂ©, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

 

Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit JĂ©sus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la mĂ©ditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible aprĂšs la mort, a imaginĂ© qu’il y avait un Purgatoire : un lieu oĂč l’ñme trop tournĂ©e vers elle-mĂȘme apprend Ă  s’ouvrir, Ă  devenir gĂ©nĂ©reuse, Ă  entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit Ă  la vie du ciel. Sans doute que ce sont eux aussi, et pas seulement les martyrs, ceux qui « viennent de la grande Ă©preuve » et « ont blanchi leur robe par le sang de l’Agneau » (Ap 7,14)

 

Revenons Ă  la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ? En rĂ©alitĂ© nous pouvons dĂ©jĂ  commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est dĂ©jĂ  prĂ©sent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisĂ©s, ni les saints inconnus que nous fĂȘtons en cette fĂȘte de Toussaint qui mĂ©ritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrĂ©tiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les dĂ©fauts de l’Église, ce n’est pas trop ça
 Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persĂ©vĂ©rant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la saintetĂ©. Le saint n’est pas celui qui est irrĂ©prochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus dĂ©terminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa misĂ©ricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner Ă  notre Ăąme sa beautĂ©, son ardeur Ă  aimer. En cette fĂȘte de tous les saints, dĂ©sirons Ă  notre tour ĂȘtre saints : dĂ©sirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.

 

Abbé Christophe Cossement

 

NDLR sur l'image : Des hautes montagnes en Galilée ... quand l'I.A. a la foi, tout est possible, je ne l'ai pas brimée !