Le blog du Temps de l'Immaculée.
28/03/2025
Les participants du Club des Hommes en Noir expriment un scepticisme marquĂ© quant Ă la rĂ©alitĂ© de cette guerre et aux motivations politiques sous-jacentes de Macron, Ă©voquant une possible instrumentalisation Ă des fins internes et europĂ©ennes. Ils abordent Ă©galement le rĂŽle de l'Ăglise face aux conflits, les critĂšres de la guerre juste, et la question de l'adhĂ©sion des citoyens Ă une potentielle mobilisation, soulignant les divisions et le manque d'unitĂ© nationale. En conclusion, l'Ă©mission offre une perspective critique sur le discours gouvernemental et les enjeux gĂ©opolitiques actuels Ă la lumiĂšre des principes catholiques et de la situation politique française.
28/03/2025
Avec : Sean Patrick Flanery (Edward Wayne Brady et Nefariamus / « Nefarious »), Jordan Belfi (Dr James Martin), Tom Ohmer (le directeur de la prisonTom Moss), Glenn Beck (Glenn Beck), Daniel Martin Berkey (le pĂšre Louis), Mark De Alessandro (Dr Alan Fischer),Cameron Arnett (lâadministrateur Styles), James Healy Jr. (le gardien de la porte), Sarah Hernandez (le caporal Mendez), Jarret LeMaster (lâofficier Wilson), Grifon Aldren (le sergent Wilborn), Eric Hanson (lâassistant du directeur Anderson), Stelio Savante (le dĂ©tective Russo), Robert Peters (le Dr Stewart), Tina Toner (Renee Davenport), Maura Corsini (Melanie Carter). ScĂ©nario : Cary Solomon et Chuck Konzelman dâaprĂšs le roman « A Nefariuos Plot » de Steve Deace. Directeur de la photographie : Jason Head. Musique : Bryan E. Miller.
Au cĆur du combat eschatologiqueâŠ
Les scĂ©naristes et rĂ©alisateurs Cary Solomon et Chuck Konzelman auxquels on doit Unplanned 2019, une magistrale dĂ©monstration de lâhorreur quâest lâavortement, se livrent avec Nefarious Ă un exercice assez surprenant. Sâagissant de disserter sur lâexistence du diable au travers de quelques exemples qui marquent notre Ă©poque, ils convoquent Ă cet effet le genre du « thriller et mĂȘme celui du film dâhorreur. PrĂ©cisons toutefois que ces thĂšmes modernes apportent une profondeur que lâon ne trouve gĂ©nĂ©ralement pas dans les films de possession. Il faut admettre le rĂ©sultat est assez percutant et convaincant mĂȘme si ce nâest pas sans quelques dĂ©fauts. La maniĂšre de pointer et de traiter les pĂ©chĂ©s phares de notre Ă©poque est brillante parmi lesquels lâeuthanasie et lâavortement, Des pĂ©chĂ©s qui amĂšnent Ă une rĂ©flexion sur la prĂ©sence de la mort dans les sociĂ©tĂ©s contemporaines. Le film peine un peu dans une premiĂšre partie trĂšs riche, trop riche sans doute, en dialogues qui sont Ă©galement trĂšs rapides, ce qui peut rendre le suivi un peu difficile en sus dâun cĂŽtĂ© rĂ©pĂ©titif qui ralentit le rythme du film. Mais câest Ă peu prĂšs le seul dĂ©faut majeur du film car le rĂ©cit avançant, le spectateur est de plus « scotchĂ© » devant un affrontement qui sâintensifie progressivement et qui illustre lâhistoire sĂ©culaire de la lutte entre le bien et le mal jusquâĂ un « twist » final plutĂŽt brillant qui lance Ă la figure du spectateur lâavertissement que cette guerre entre le bien et le mal ne se termine jamais du moins pas avant la fin des temps.
Sâagissant dâun quasi huis-clos, la qualitĂ© de lâinterprĂ©tation est essentiel et Jordan Belfi et Sean Patrick Flanery, des comĂ©diens peu connus en Europe, remplissent parfaitement le contrat avec une mention spĂ©cial pour Sean Patrick Flanery dont le rĂŽle est plus complexe quâil nây parait sâagissant de changer de personnalitĂ© durant la confrontation selon quâil est dans un moment oĂč il est ou non possĂ©dĂ©. Avec ce personnage les cinĂ©astes transcendent la reprĂ©sentation typique dâun dĂ©mon. Il incarne une malveillance ancienne et intelligente dotĂ©e dâune profonde
comprĂ©hension de la nature humaine et de la moralitĂ©. Ce dĂ©mon nâest pas seulement une prĂ©sence chaotique ; il corrompt subtilement ses victimes, ciblant leur Ăąme et leur Ă©tat psychologique. Comme on le voit Ă travers sa manipulation de Brady, Nefarious exploite efficacement les vulnĂ©rabilitĂ©s du docteur James Martin Martin, obligeant les personnages et le public Ă affronter leurs peurs les plus sombres et leurs dilemmes moraux. De son cĂŽtĂ© le personnage du docteur James Martin reprĂ©sente une perspective rationnelle juxtaposĂ©e Ă lâinfluence chaotique de Nefarious, forçant le spectateur Ă une rĂ©flexion plus large sur lâintersection entre la foi et la science.
Distrayant et prenant par son cĂŽtĂ© « thriller », intelligent par la modernitĂ© de son apprĂ©hension du mal, Nefarious est un film chrĂ©tien quâil faut voir et encourager, avec toutefois une rĂ©serve pour les plus jeune en raison dâune sĂ©quence difficilement supportable, celle de lâexĂ©cution du condamnĂ©. Suspense psychologique et rĂ©flexion thĂ©ologique.
27/03/2025
Ces histoires avec des adolescents en difficultĂ©s, Ă©talĂ©es sur plus dâun demi-siĂšcle, sont loin dâĂȘtre une omerta : en mars 2025 on a pu recenser dĂ©jĂ 250 articles contre lâĆuvre Ă©ducative de Riaumont !
Et face au lynchage mĂ©diatique dâun documentaire dâARTE qui a refusĂ© tout droit de rĂ©ponse, lâassociation Notre-Dame de Riaumont a dĂ» porter plainte pour diffamation avec constitution de partie civile.
Une vidĂ©o de contre-enquĂȘte (bit.ly/filmriaumont) permet enfin dâentendre le point de vue des religieux mis en examen depuis 2019, dont quasiment aucun media nâa respectĂ© la prĂ©somption dâinnocence :
26/03/2025
JĂ©sus est le Don divin que Dieu le PĂšre offre Ă l'humanitĂ© dĂ©chue. Nous devrions chaque annĂ©e nous prĂ©parer Ă la fĂȘte de NoĂ«l en rĂ©flĂ©chissant Ă la fois Ă la gratitude de ce PĂšre divin et Ă la bontĂ© gĂ©nĂ©reuse de ce Don qu'est le Fils divin.
Une autre façon de mĂ©diter sur le MystĂšre de l'Annonciation est de rĂ©flĂ©chir Ă la maniĂšre dont Marie reçoit le Don divin de JĂ©sus. Marie est la premiĂšre et la plus fidĂšle disciple de JĂ©sus. Non seulement elle intercĂšde pour chacun d'entre nous mais elle est aussi notre modĂšle. Cela signifie qu'Ă chaque passage oĂč il est question dâelle dans le Nouveau Testament, nous devrions rĂ©flĂ©chir Ă la maniĂšre dont nous pouvons imiter ses vertus de premiĂšre disciple et meilleure disciple.
Lors de la scĂšne de l'Annonciation, Marie donne l'exemple de nombreuses vertus, la plus importante Ă©tant celle de l'humilitĂ©. Ce n'est pas un hasard si les mots « humble » et « humilitĂ© » dĂ©rivent du mot latin « humus », qui signifie « sol » ou « terre ». Marie est « enracinĂ©e » en Dieu, et l'on pourrait dire « terre Ă terre », en raison de son humilitĂ©. Elle sait ce qu'elle est, et ne cherche jamais Ă ĂȘtre quelqu'un qu'elle n'est pas. Mais cette humilitĂ© ne l'empĂȘche pas d'ĂȘtre profondĂ©ment surprise par le message de Dieu lui rĂ©vĂ©lant qu'elle est destinĂ©e Ă ĂȘtre la MĂšre du Messie. NĂ©anmoins, sans aucune assurance sur ce que cette vocation exigera d'elle, elle s'en remet Ă la volontĂ© de Dieu : « Qu'il me soit fait selon votre parole ».
PĂšre Thomas Hoisington
26/03/2025
« Cette maniĂšre de cĂ©lĂ©brer la messe, que jâappelle la messe des siĂšcles, ne peut ĂȘtre dĂ©truite : aucun pape ne peut y mettre fin, malgrĂ© tous ses efforts », a dĂ©clarĂ© lâĂ©vĂȘque du Kazakhstan. « Elle survivra. Peut-ĂȘtre deviendra-t-elle clandestine pendant un bref moment, mais elle survivra dans les catacombes. »
« Un jour, jâen suis convaincu â câest mon opinion personnelle â un pape cĂ©lĂ©brera la messe traditionnelle Ă Rome, dans la basilique Saint-Pierre, avec la plus grande solennitĂ© », a-t-il ajoutĂ©, prĂ©cisant quâil refuse dâemployer les termes de « vieille messe » pour dĂ©crire la messe traditionnelle. Il prĂ©fĂšre parler de la « nouvelle messe », car elle est aujourdâhui la « messe de la jeunesse » en mĂȘme temps quâelle est la « messe des siĂšcles ». Ses textes et ses rubriques remontent au moins au IVe siĂšcle et Ă saint Ambroise, a-t-il insistĂ©.
Mgr Schneider : la messe traditionnelle nâa jamais connu une rupture du rite
Au cours de ses deux mille ans dâhistoire, la messe traditionnelle a toujours « Ă©voluĂ© trĂšs lentement », sans aucune rupture dans le rite, mĂȘme si de petits changements ont Ă©tĂ© apportĂ©s au fil des siĂšcles, a soulignĂ© Mgr Schneider : « De petites, de trĂšs petites choses peuvent toujours ĂȘtre modifiĂ©es, mais jamais de maniĂšre radicale, mais au contraire avec beaucoup de prudence. »
InterrogĂ© sur le fait de savoir si la messe traditionnelle redeviendra un jour la norme dans lâEglise catholique, Mgr Schneider a rĂ©pondu quâĂ son avis câest la « soi-disant nouvelle messe » qui sera rĂ©formĂ©e « Ă©tape par Ă©tape pour se rapprocher le plus possible de la messe des siĂšcles », la messe traditionnelle qui ne sera pas modifiĂ©e, selon lui, sinon par lâajout de certaines prĂ©faces ou de nouvelles fĂȘtes.
Mgr Schneider lâaffirme : la messe traditionnelle survivra
Ce qui pourrait alors distinguer la « nouvelle messe » de la messe traditionnelle serait lâutilisation plus importante des langues vernaculaires, peut-ĂȘtre accompagnĂ©e de « quelques changements minimes dans les rubriques », a-t-il ajoutĂ©.
« Mgr Lefebvre a dit un jour que sâil devait choisir entre cĂ©lĂ©brer le Novus Ordo, câest-Ă -dire la nouvelle messe, entiĂšrement en latin, et cĂ©lĂ©brer le rite traditionnel entiĂšrement en français, il prĂ©fĂ©rerait cĂ©lĂ©brer le rite traditionnel entiĂšrement en français plutĂŽt que le Novus Ordo en latin. Et il avait raison », a conclu Mgr Schneider.
25/03/2025
Pourquoi la Vierge Marie nâa-t-elle pas exultĂ© de joie dĂšs lâinstant de lâAnnonciation ? Pourquoi a-t-elle attendu la Visitation pour exprimer sa joie en chantant son Magnificat ? LâAnge ne lui avait-il pas annoncĂ© lâimminence dâune naissance miraculeuse qui aurait dĂ» la rĂ©jouir immĂ©diatement ? Et pourtant⊠Câest le temps long de la grĂące ! Voyons la scĂšne de plus prĂšs.
Dieu a préparé le terrain
Lorsque lâange Gabriel se prĂ©sente devant la Vierge Marie, lâĂ©vĂ©nement fait irruption dans sa vie comme quelque chose dâextraordinaire et dâinattendu (Lc 1, 26-38). Mais en amont, Dieu a prĂ©parĂ© le terrain. Marie a Ă©tĂ© conçue prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ©, et encore quâelle nâen ait probablement aucune espĂšce dâintuition, son enfance et son adolescence ont eu la fraĂźcheur dâune innocence quâon pensait oubliĂ©e depuis le matin du monde. Toutefois, cette innocence initiale de Marie aurait pu se flĂ©trir avec le temps, lentement ou bien soudainement Ă lâinstar de celle dâĂve. Ce ne fut pas le cas. Dieu veillait, et prĂ©venait Marie de sa grĂące Ă chaque instant. De son cĂŽtĂ©, Marie nâopposait aucune rĂ©sistance Ă cette grĂące. De la simple non-rĂ©sistance au consentement actif, il y a un saut qualitatif que Marie a franchi en choisissant, dĂšs lâenfance et Ă chaque instant, de se recevoir entiĂšrement de Dieu.
Ce nâĂ©tait pas de sa part une option fondamentale un peu vague ou une vellĂ©itĂ©. Se recevoir entiĂšrement de Dieu, câĂ©tait dâabord mĂ©diter chaque jour sa Parole dans les Ăcritures. Et câĂ©tait laisser la Parole de Dieu littĂ©ralement façonner toute sa vie. LâĂcriture, en elle, ne restait pas lettre morte, mais sâĂ©panouissait en une vie toute discrĂšte mais toute donnĂ©e dĂ©jĂ . Tout cela, lâĂvangile ne nous le dit pas. Mais comment Marie aurait-elle pu accueillir la visite de lâange si elle nâavait pas Ă©tĂ© familiĂšre des Ăcritures, si elle nâavait pas confusĂ©ment reconnu dans lâĂ©vĂ©nement un accomplissement des rĂ©cits anciens quâelle connaissait dĂ©jĂ ?
La délicatesse de Dieu
En supposant tout cela, on ne cĂšde pas Ă une mariolĂątrie de mauvais aloi, en lui accordant tous les privilĂšges et toutes les perfections imaginables sans aucun rapport avec la RĂ©vĂ©lation. Au contraire, on se donne les moyens de comprendre comment une simple crĂ©ature, une humble jeune fille dâIsraĂ«l, semblable aux autres jeunes filles de Nazareth, a pu accueillir la nouvelle de sa maternitĂ© divine. Et en dehors de sa condition particuliĂšre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© originel, Marie a accueilli lâAnnonciation exactement comme tout chrĂ©tien peut accueillir les visites de Dieu : en Ă©tant pĂ©trie de lâĂcriture, en consacrant du temps Ă la priĂšre, en Ă©tant toute donnĂ©e dans le quotidien. Câest ainsi que nous autres chrĂ©tiens pouvons reconnaĂźtre la visite de Dieu lorsquâelle se prĂ©sente. Rien dâextraordinaire, que de lâordinaire humblement soumis Ă la grĂące.
Lorsque Dieu dĂ©cide que le jour est venu de rĂ©vĂ©ler sa vocation et sa mission Ă la Vierge Marie, il use dâune dĂ©licatesse infinie. Car enfin, sâil avait voulu forcer le rĂ©sultat et sâassurer dâune rĂ©ponse positive, il aurait pu choisir une apparition plus spectaculaire, voire mĂȘme apparaĂźtre en personne, au sommet dâune montagne, dans un roulement de tonnerre. Mais quelle aurait Ă©tĂ© alors la libertĂ© de Marie ? On ne peut rien refuser Ă Dieu qui se prĂ©sente en majestĂ© ! Au lieu de cela, Dieu envoie un ange, dans la discrĂ©tion et la quiĂ©tude de sa maison. Câest donc trĂšs librement que Marie peut donner son "oui". LĂ encore, câest une loi commune de la vie spirituelle, que Dieu communique avec nous par des mĂ©diations trĂšs simples : une rencontre, une lecture. Nous aussi recevons la visite dâanges, au sens littĂ©ral et Ă©tymologique dâenvoyĂ©, et il nous faut toute lâintimitĂ© dâune vie de priĂšre nourrie de lâĂcriture et des sacrements pour y reconnaĂźtre Dieu qui veut communiquer sa volontĂ©.
LâĂvangile ne cache rien
Mais lĂ encore, Marie nâest pas en-dehors de la condition humaine. Sa rĂ©action est trĂšs naturelle tout en Ă©tant baignĂ©e de surnaturel : elle est troublĂ©e, craintive et bouleversĂ©e. Si son obĂ©issance religieuse est totale, elle nâexclut pas la prudence, et Marie ose demander : "Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas dâhomme ?" Dans cette question, il y a toute lâaudace dâune fille dâIsraĂ«l qui sait quâon peut tout demander au Dieu dâamour. Il y a aussi la marque dâune grande intimitĂ©, puisquâelle Ă©voque trĂšs discrĂštement mais trĂšs simplement sa vie affective et sexuelle. Enfin il faut remarquer que par cette question, elle anticipe lâobjection rationaliste tellement banale et rĂ©currente de lâimpossibilitĂ© de cette naissance sans homme pour participer Ă la conception. LâĂvangile ne cache rien !
La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă raison, sur lâinstant crucial de ce "oui".
SitĂŽt que lâange lâa rassurĂ©e, la Vierge Marie donne son "oui". Ce faisant, câest tout lâunivers qui bascule, câest toute lâĂglise passĂ©e, prĂ©sente et Ă venir qui est engagĂ©e dans cette rĂ©ponse. Comme Ă la Croix, lorsque JĂ©sus donne Marie Ă Jean pour mĂšre, câest toute lâĂglise qui est concernĂ©e. La littĂ©rature spirituelle a beaucoup mĂ©ditĂ©, Ă raison, sur lâinstant crucial de ce "oui". Mais lĂ encore, la focalisation sur cet instant unique entre tous pourrait ĂȘtre trompeuse.
Un "oui" tous les jours
Car enfin, comme dans toute vocation, quâil sâagisse dâune vocation religieuse, sacerdotale, maritale ou mĂȘme professionnelle, ce nâest pas seulement le choix dâun instant donnĂ© qui en fait la beautĂ©, mais la persĂ©vĂ©rance dans le consentement de toute une vie, Ă mesure quâon est confrontĂ© aux consĂ©quences non prĂ©vues de ce choix initial. Dans le cas de Marie, elle a dĂ» affronter trĂšs tĂŽt aprĂšs Ă la prophĂ©tie de la Croix lors de la prĂ©sentation de JĂ©sus au Temple. Puis elle a dĂ» supporter de voir JĂ©sus accaparĂ© par les foules mais incompris de ces mĂȘmes foules. Enfin, il y eut la rĂ©alitĂ© de la Croix. Ă chaque fois, Marie a dĂ» actualiser son "oui", consentir Ă nouveau, jour aprĂšs jour.
Câest ici quâon en revient Ă la question initiale. Pourquoi Marie a-t-elle attendu la Visitation pour exulter de joie en chantant son Magnificat ? Sans doute parce quâentre ces deux Ă©vĂ©nements, Marie a vĂ©cu son obĂ©issance dans une certaine angoisse, lisant et relisant les Ăcritures, pour trouver dans le passĂ© des figures dâidentification qui puissent lâaider Ă comprendre ce quâelle vivait : les femmes stĂ©riles gratifiĂ©es par Dieu dâune naissance miraculeuse (Sara, Anne, etc.), les hommes qui avaient dĂ» poser un acte dâabandon confiant (Abraham, Job...). Ă nouveau, Marie suit le chemin ordinaire dâune vocation : aprĂšs la rĂ©vĂ©lation vient le temps de lâapprofondissement, du mĂ»rissement, des doutes possibles ; et câest la rencontre dâun aĂźnĂ© dans la foi, plus expĂ©rimentĂ© dans les voies du Seigneur, capable dâauthentifier la vĂ©ritĂ© de ce quâelle vit, Ălisabeth dans ce cas prĂ©cis, qui lui apporte la paix et lui permet dâexulter sa joie dans le Magnificat.
Ăvidemment, Marie occupe une place unique dans lâhistoire du salut. Mais la maniĂšre dont Dieu lui a rĂ©vĂ©lĂ© sa vocation et la maniĂšre dont elle y a rĂ©pondu sont un enseignement qui vaut pour tous les fidĂšles. Il sâagit toujours et dans tous les cas que la Parole de Dieu vienne prendre chair en nous. Le temps est tout proche.
24/03/2025
Sans prĂ©tendre faire le tour de cette question, les membres du Club des Hommes en noir apportent leur expĂ©rience de prĂȘtres et de laĂŻcs pour donner tout son sens Ă un temps liturgique qui semble Ă la fois craint et qui en mĂȘme temps attire beaucoup de fidĂšles par ses exigences spirituelles.
Pour mieux dĂ©couvrir le sens du vrai carĂȘme chrĂ©tien, Philippe Maxence reçoit au micro du Club des Hommes en noir :
lâabbĂ© Marc Guelfucci ;
le pÚre Jean-François Thomas ;
le PĂšre Danziec ;
et le docteur Philippe de La Briole.
Ce CarĂȘme 2025 est aussi pour le Club des Hommes en noir une nouvelle occasion de tendre la main comme un mendiant pour vous demander votre soutien concret et financier pour assurer son existence, son dĂ©veloppement et son amĂ©lioration. Tendre ainsi la main nâa rien de facile et dâĂ©vident et nous espĂ©rons ne pas vous agacer par cette dĂ©marche qui fait appel Ă votre misĂ©ricorde.
23/03/2025
ien quâil soit largement connu comme le patron de la « bonne mort », le bonheur de saint Joseph ne s'est pas limitĂ© aux derniĂšres heures de sa vie. En effet, saint Joseph a Ă©galement connu une vie heureuse, malgrĂ© le fait quâil ait Ă©tĂ© le seul membre de la Sainte Famille Ă porter le poids du pĂ©chĂ©. Mais quâest-ce qui rendait la vie de saint Joseph si heureuse ? LâĂglise compare son bonheur Ă celui des saints au Paradis, car sur Terre, il lui a Ă©tĂ© permis de voir JĂ©sus-Christ face Ă face pendant trente ans et de vivre avec lui quotidiennement ! Il a donc eu la grĂące de voir Dieu lui-mĂȘme chaque jour de sa vie !
Aujourdâhui, cette grĂące quâa vĂ©cue saint Joseph est donnĂ©e Ă chaque homme lorsquâil franchit le seuil dâune Ă©glise. Son exemple devrait donc encourager les chrĂ©tiens Ă se rendre rĂ©guliĂšrement devant le Tabernacle, oĂč ils peuvent rencontrer JĂ©sus, cachĂ© sous l'apparence du pain. En vivant chaque jour aux cĂŽtĂ©s de son Fils adoptif, vrai Dieu et vrai homme, saint Joseph a pu suivre son exemple et apprendre de son comportement. Si JĂ©sus a enseignĂ© les huit bĂ©atitudes Ă ses disciples pendant sa vie publique, saint Joseph les avait sĂ»rement apprises bien avant, en voyant JĂ©sus les vivre dans sa vie quotidienne.
GrĂące Ă cela, il a pu les pratiquer avec une grande perfection jusquâĂ la fin de sa vie, sous le regard de Celui qui devait lui accorder un jour la rĂ©compense Ă©ternelle. Pourquoi alors ne pas demander Ă saint Joseph son aide pour suivre son exemple et mettre en pratique les bĂ©atitudes ? Si vous recherchez non seulement une « bonne mort » mais aussi le bonheur dans cette vie, priez saint Joseph ! Suivez son exemple, en vous mettant autant que possible en prĂ©sence de JĂ©sus-Christ et en pratiquant les bĂ©atitudes.
PriĂšre Ă saint Joseph :
Je vous salue, Joseph,
Vous que la grùce divine a comblé.
Le sauveur a reposé entre vos bras et grandi sous vos yeux.
Vous ĂȘtes bĂ©ni entre tous les hommes, et JĂ©sus,
lâenfant divin de votre virginale Ă©pouse est bĂ©ni.
Saint Joseph, donné pour pÚre au Fils de Dieu,
priez pour nous dans nos soucis de famille, de santĂ© et de travail, jusquâĂ nos derniers jours, et daignez nous secourir Ă lâheure de notre mort.
Amen.
22/03/2025
En effet, le monde a beau vivre des mutations diverses et variĂ©es depuis son origine, le mystĂšre du Calvaire, telle une ancre stabilisatrice, sâoffre aux hommes pour les guĂ©rir de leurs agitations parfois contradictoires. La croix, arche du Salut et instrument de notre RĂ©demption, câest elle, assurĂ©ment, quâil sâagit de regarder, de vĂ©nĂ©rer et dâembrasser durant ces jours qui nous sĂ©parent du soleil de la PĂąque.
Le monde ne cesse de tourner
«âŻLe monde tourneâŻÂ»âŻ: dans le contexte actuel il faut se le redire comme autant dâinjections qui prĂ©munissent des dangers de lâinsouciance ou du dĂ©sengagement. LâactualitĂ©, avec ses vertiges, et le progrĂšs, avec ses mirages, prennent en tenaille nos Ăąmes au point de les menacer dâĂ©tourdissement. Des basculements se dessinent sous nos yeux et nous resterions saisis et stupĂ©faits tel un lapin dans la lumiĂšre des phares dâune voitureâŻ?
Depuis le dĂ©rĂšglement mĂ©taphysique provoquĂ© par le pĂ©chĂ© originel, le monde ne cesse de tourner et ce mouvement continuel, Ă lâimage de celui dâune toupie, peut finir par captiver ou immobiliser. Face au dĂ©veloppement exponentiel de lâintelligence artificielle (IA) â et le champ inouĂŻ des possibles quâelle ouvre â, lâĂglise se trouve face Ă lâune de ses plus nobles et plus exigeantes responsabilitĂ©sâŻ: assumer son rĂŽle de prophĂšte. Ăviter le double piĂšge de lâimmobilisme et de la fascination.
Se rappeler avec Cocteau quâ«âŻil est possible que le progrĂšs soit le dĂ©veloppement dâune erreurâŻÂ». Le dĂ©fi nâest pas de petite taille et les enjeux spirituels apparaissent immenses.
Et le CarĂȘme dans tout celaâŻ? En nous enjoignant Ă nous mettre rĂ©solument Ă la suite du Christ, Ă nous configurer Ă son message de vie, la pĂ©riode liturgique qui prĂ©pare Ă la cĂ©lĂ©bration de la RĂ©surrection possĂšde une Ă©paisseur spirituelle tout Ă fait significative. Elle nous remĂ©more que «âŻLa croix demeureâŻÂ». DerriĂšre les tĂ©nĂšbres du mont calvaire, la lumiĂšre du sĂ©pulcre sâannonce. «âŻAd lucem, per crucemâŻ!âŻÂ»
La croix devient un passage obligĂ© dans la mesure oĂč il sâaccompagne de son cortĂšge de grĂąces. Les mortifications prennent alors une dimension tout autre. LâascĂšse et les renoncements joyeux nâen sont que les parties Ă©mergĂ©es du CarĂȘme. Lâessentiel est invisible aux yeux. La richesse de la pĂ©dagogie de la liturgie, lâexercice hebdomadaire du chemin de croix chaque vendredi, la gratuitĂ© dâun temps plus consĂ©quent passĂ© avec Dieu participent Ă rendre plus permĂ©ables nos Ăąmes aux inspirations divines, et Ă ses bienfaits.
Sur lâobservance du CarĂȘme, saint BenoĂźt note avec sagesse au chapitre 49 que si les moines devraient avoir, en tout temps, Ă cĆur de vivre avec la mĂȘme intensitĂ© spirituelle quâen CarĂȘme, il recommande Ă ses frĂšres, quâau moins durant ces jours saints, ils vivent en bon moine.
Revenir aux sources
Sylvain Tesson, au cours de sa promenade mĂ©ditative Sur les chemins noirs, adresse Ă ses lecteurs diffĂ©rentes remarques dont deux dâentre elles me semblent pouvoir Ă©clairer notre propos. Au sujet des libres penseurs qui sâattellent Ă desceller les croix des chemins et interdire les statues de Notre-Dame aux angles des rues, lâĂ©crivain voyageur prĂ©vientâŻ: «âŻIl ne faut pas sâĂ©chiner Ă dĂ©raciner les choses si lâon nâa rien Ă replanter Ă la place. Câest un principe que le moindre agent de lâOffice national des forĂȘts saurait expliquer savamment Ă un agnostique.âŻÂ»
Le CarĂȘme vient sarcler nos Ăąmes. Retour aux sources, il plonge le chrĂ©tien jusquâaux racines du salut qui proviennent de lâarbre de la croix. Toujours il nous faut revenir Ă cet «âŻEcce lignumâŻÂ» et cette germination du Golgotha que Dieu a entreprise pour nous sauver.
Au milieu de cette France pĂ©riphĂ©rique dans laquelle il se promĂšne, Tesson touche du doigt ce monde qui tourne avec ses villages qui se vident, ses boutiques qui se ferment, la proximitĂ© qui se perd Ă mesure que la fibre serpente les campagnes pour y acheminer Internet. Selon lui, «âŻLe haut-dĂ©bit serait une solution fort acceptable Ă condition quâil se rĂ©sumĂąt Ă celui des tonneaux percĂ©s dâun coup de hache dans les caves de BourgogneâŻÂ» Ă©crit-il, provocateur. Le vin, bien sĂ»r, rĂ©jouit le cĆur de lâhomme.
Mais il nây a quâun haut-dĂ©bit qui prĂ©serve des maux de crĂąne et qui garantisse la dilatation de lâesprit autant que lâĂ©largissement du cĆur, câest celui des flux divins. Le CarĂȘme en est une terre de gisements. Ă chacun de sâaventurer dans ce dĂ©sert et de puiser dans cette vaste solitude de quoi se recentrer sur Dieu. Un exercice de raffinage dĂ©licat mais en mesure de tenir toutes ses promesses.
PĂšre Danziec
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22/03/2025
Mgr Naumann mobilise contre une messe noire
Le communiquĂ© de lâarchidiocĂšse prĂ©cise :
« Le culte de Satan est source de troubles, spirituellement nuisible et constitue un affront Ă tout chrĂ©tien. Les participants ont beau prĂ©tendre que les actes destructeurs et outrageants commis lors dâune âmesse noireâ relĂšvent de leur libertĂ© religieuse ou de leur libertĂ© dâexpression en vertu du Premier Amendement, ces droits ont des limites et ne permettent pas aux individus dâagir par des moyens qui comprennent ou incitent Ă des comportements illĂ©gaux.
« Nous sommes profondĂ©ment consternĂ©s par le fait que de tels actes blasphĂ©matoires visant Ă moquer le culte catholique, les croyances de tous les chrĂ©tiens et de ceux qui croient en un seul vrai Dieu soient autorisĂ©s sur le terrain du Capitole de lâEtat du Kansas.
« Nous ne devons pas nous laisser entraĂźner Ă la colĂšre ou Ă la violence, car ce serait collaborer avec le diable. Nous devons au contraire aborder cette situation avec une confiance totale en la victoire ultime de Dieu sur Satan, le pĂ©chĂ© et la mort. âEt moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bĂątirai mon Eglise, et les portes de lâenfer ne prĂ©vaudront point contre elleâ (Matthieu 16:18). »
Reconsacrer le Kansas au CĆur de JĂ©sus par Marie
La reconsĂ©cration, en prĂ©sence de lâintĂ©gralitĂ© de la ConfĂ©rence catholique du Kansas, aura lieu lors de la messe de lâAnnonciation, le 25 mars, cĂ©lĂ©brĂ©e par lâarchevĂȘque aux intentions des couples qui attendent un enfant.
Par ailleurs, Mgr Naumann a convoquĂ© pour le jour de la messe noire une heure dâadoration eucharistique, Ă lâissue de laquelle il cĂ©lĂ©brera une messe, dans une Ă©glise proche du lieu du rituel blasphĂ©matoire.
Notons une nouvelle fois que les cĂ©rĂ©monies satanistes singent toujours les rites catholiques â preuve que lâEglise catholique, Ă travers le culte quâelle rend au vrai Dieu, est vĂ©ritablement lâennemie du dĂ©mon.
Jeanne Smits dans RITV
21/03/2025
Le samedi 9 mars, 340 adultes ont Ă©tĂ© appelĂ©s Ă la collĂ©giale de Mantes. En rĂ©pondant dâune voix claire « Me voici » Ă lâappel de leur nom, ils ont marquĂ© leur volontĂ© de vivre pleinement le temps de purification et de rentrer dans la VĂ©ritĂ© du Christ. La remise de lâĂ©charpe violette, quâils porteront durant tout le CarĂȘme, a scellĂ© cet engagement spirituel fort. Ils sont dĂ©sormais officiellement inscrits dans le registre des futurs baptisĂ©s, une Ă©tape dĂ©cisive dans leur parcours de foi.
Monseigneur Luc Crepy, Ă©vĂȘque de Versailles, a prononcĂ© une homĂ©lie empreinte de vĂ©ritĂ© et dâespĂ©rance, citant notamment lâĂpĂźtre aux Romains : « Tout prĂšs de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cĆur. » (Rm 10,8) Il a soulignĂ© que cette proximitĂ© de Dieu est une expĂ©rience dâamour et de salut qui dĂ©construit lâidĂ©e dâun Dieu lointain ou indiffĂ©rent :
« Cette proximitĂ© de Dieu qui nous parle, câest une expĂ©rience dâamour et de salut. Souvent cette proximitĂ© Ă©tonne et surprend car on pense facilement que Dieu est inaccessible, lointain, indiffĂ©rent Ă ce que nous vivons. Non, câest tout le contraire, car dĂ©couvrir la proximitĂ© de Dieu nous donne envie dâaller plus loin, de le connaĂźtre, de lâaimer et, comme vous, de demander le baptĂȘme afin de grandir dans la foi. »
Le prĂ©lat a Ă©galement exhortĂ© les fidĂšles Ă mĂ©diter sur lâimportance de cet appel Ă suivre le Christ, qui touche les cĆurs et transforme les vies.
La veille, le samedi 8 mars, la cathĂ©drale Saint-Louis de Versailles a accueilli 330 jeunes catĂ©chumĂšnes, accompagnĂ©s de leurs familles et parrains/marraines. LâaprĂšs-midi a Ă©tĂ© rythmĂ©e par des temps de partage et dâenseignement, animĂ©s par Monseigneur Crepy et le PĂšre Delort-Laval, vicaire gĂ©nĂ©ral. Les jeunes ont visitĂ© la cathĂ©drale avant de participer Ă la cĂ©rĂ©monie solennelle.
LâĂ©motion Ă©tait palpable lorsque, chacun Ă leur tour, les jeunes se sont levĂ©s pour rĂ©pondre Ă lâappel de leur nom par un « Me voici » parfois timide, mais toujours sincĂšre. Lâenthousiasme est montĂ© dâun cran lorsquâils ont clamĂ© dâune seule voix : « Oui, je le veux » aux quatre questions posĂ©es par lâĂ©vĂȘque, affirmant ainsi leur dĂ©sir de marcher dans la lumiĂšre du Christ.
Ce record de catĂ©chumĂšnes est un signe dâespĂ©rance pour lâĂglise de France. Ă une Ă©poque oĂč la foi chrĂ©tienne semble parfois menacĂ©e par lâindiffĂ©rence ou la laĂŻcisation, ce flot de nouveaux baptisĂ©s tĂ©moigne de la puissance de lâappel intĂ©rieur et de la soif spirituelle qui anime les cĆurs. Comme lâa soulignĂ© Monseigneur Crepy, cette rĂ©ponse enthousiaste Ă lâappel de Dieu est un tĂ©moignage vivant de la proximitĂ© divine, qui ne cesse de rejoindre lâhomme lĂ oĂč il se trouve, mĂȘme au cĆur des tempĂȘtes du monde moderne.
Ce nouvel Ă©lan catĂ©chumĂ©nal nous rappelle les paroles du psalmiste : « Le Seigneur a fait tant de choses pour nous, tant de projets et de merveilles. » (Ps 39,6) Que cette promesse de renouveau continue dâinspirer nos paroisses et de raviver la foi de tous les chrĂ©tiens en France.
Mathilde de Virene dans Tribune Chrétienne
20/03/2025
20/03/2025
Et saint Jean-Eudes de conclure « Regardez cette affaire comme la plus importante, la plus nĂ©cessaire, la plus pressĂ©e. » La priĂšre la plus profonde et transformante, celle qui peut changer notre vie et le monde avec, est la priĂšre dâoraison. Nous y aspirons sans doute, mais peut-ĂȘtre ne savons pas nous y prendre ? Essayons avec confiance, en Ă©coutant les conseils des saints.
Quâest-ce que lâoraison, pourquoi faire oraison ?
Lâoraison mentale nâest Ă mon avis quâun commerce intime dâamitiĂ© oĂč lâon sâentretient souvent seul Ă seul avec Dieu dont on se sait aimĂ© (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Lâoraison est une prise de contact, une actualisation de lâunion surnaturelle que la grĂące Ă©tablit entre Dieu et notre Ăąme, un Ă©change entre deux amours : Dieu amour, prĂ©sent en notre Ăąme, et la grĂące sanctifiante en nous, de mĂȘme nature que lui, qui nous fait ses enfants et nous rend aptes Ă ce commerce intime avec lui. Dieu est amour mais il est immuable : câest nous qui devons aller vers lui. Ce mouvement nĂ©cessaire, câest lâoraison.
La joie chrĂ©tienne est la joie de la prĂ©sence du Christ en notre cĆur, et par Lui de tout le mystĂšre personnel de lâamour de Dieu. Elle est insĂ©parable dâune foi profonde, et dâune charitĂ© rĂ©elle qui donne une certaine connaissance, par connaturalitĂ©, de la Vie qui nous habite ; elle est grandement nourrie par une vie de priĂšre intĂ©rieure et intime (un Chartreux).
Lâautel de Dieu est notre cĆur, le feu de lâamour doit toujours y brĂ»ler, et sa flamme monter incessamment vers Dieu (saint GrĂ©goire le Grand).
LâĂąme qui est unie Ă Dieu, le dĂ©mon la craint comme Dieu lui-mĂȘme (saint Jean de la Croix).
Les circonstances : oĂč et quand faire oraison ?
Le vrai lieu de lâoraison est notre cĆur profond : la premiĂšre disposition de la priĂšre est donc le recueillement ; mais notre nature versatile a besoin dâhabitudes, dâautomatismes qui la ramĂšnent vers Dieu. Il y a des temps et lieux Ă privilĂ©gier, et surtout une rĂ©gularitĂ© courageuse Ă adopter pour que tout notre ĂȘtre sâaccoutume Ă vivre de la priĂšre.
On peut commencer par consacrer Ă lâoraison un temps assez court, privilĂ©giant la rĂ©gularitĂ© sur la quantitĂ©. Ne pas se fixer un objectif trop Ă©levĂ©, mais y ĂȘtre fidĂšle, et prier tous les jours. Si lâon arrive Ă rĂ©server un quart dâheure Ă la priĂšre intime chaque jour, on peut entrer dĂ©jĂ dans une vraie vie dâoraison. LâexpĂ©rience montre que ce temps doit ĂȘtre pris au maximum le matin, au moment du lever : on consacre ainsi Ă Dieu les prĂ©mices du jour, on sâassure que ces instants privilĂ©giĂ©s avec lui ne seront pas absorbĂ©s dans le tourbillon de la vie professionnelle ou familiale, et on place toute la journĂ©e sous son regard. Le lieu doit ĂȘtre un lieu calme, silencieux, pour nous aider Ă Ă©viter trop de distraction : au pied de son lit, devant un crucifix, un coin de priĂšre, dans une Ă©glise qui se trouve sur notre route. Lâessentiel est que les sens soient aussi peu mis Ă contribution que possible, car le lieu du cĆur Ă cĆur avec Dieu est intĂ©rieur, bien en profondeur, loin de la surface sensible de notre ĂȘtre.
En bref il faut prier : 1) tous les jours, 2) si possible dĂšs le matin, 3) en un lieu propice, silencieux.
Comment sây prendre (1) : Se mettre en prĂ©sence de Dieu (lâĂ©tincelle â le recueillement)
Faire silence autour de nous et en nous, poser avec la grĂące des actes de foi et dâamour qui entament ce mouvement de descente en notre cĆur profond, qui constituent le recueillement. Ce sont les actes des vertus thĂ©ologales, opĂ©rĂ©s en nous par Dieu, qui nous tournent vers lui. Il faut donc demander cette grĂące du recueillement, il est son Ćuvre en nous. « LâEsprit-Saint prie en nous » (Rm 8, 26).
Le minimum requis de notre part est la volontĂ© de donner son cĆur au Seigneur. Pour sainte Ălisabeth de la TrinitĂ© le recueillement est lâessentiel de la priĂšre, dont la source est en nous : la prĂ©sence des trois personnes divines au plus intime de notre Ăąme. Le recueillement nous fait entrer dans la forteresse du cĆur profond, Ă lâabri des attaques de lâennemi. Ce cĆur Ă cĆur est difficile Ă vivre de maniĂšre constante, alors sainte Ălisabeth conseille des pauses attentives, des Ă©lans de lâĂąme ; pour elle le modĂšle du recueillement est la Sainte Vierge, qui faisait tout avec son cĆur profond.
Ainsi Dieu est prĂ©sent dans les choses matĂ©rielles et leur donne lâĂȘtre naturel ; dans les crĂ©atures raisonnables, Il a voulu, par une gĂ©nĂ©rositĂ© toute gratuite, ĂȘtre prĂ©sent de telle sorte quâIl ne leur communiquĂąt pas seulement lâĂȘtre naturel, mais son ĂȘtre Ă lui, quâIl les divinisĂąt (un Chartreux).
Je vais vous donner mon secret : pensez Ă ce Dieu qui habite en vous, dont vous ĂȘtes le temple (sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
La mise de soi en prĂ©sence de Dieu est facilitĂ©e par des dispositions lointaines, par une certaine prĂ©paration : la vie sacramentelle, la rĂ©gularitĂ© dans la priĂšre, la pratique des vertus morales et de la charitĂ© envers autrui, la puretĂ© de la conscience et des intentions, le dĂ©tachement (ne rien attendre de sensible, ne rien dĂ©sirer pour soi, tout faire et offrir pour Dieu). Les dispositions prochaines comptent aussi (le lieu, le temps, un objet, lâattitude corporelleâŠ).
Demeurez en moi, et moi en vous (Jn 15, 4).
La TrinitĂ©, voilĂ notre demeure, notre « chez nous », la maison paternelle dâoĂč nous ne devons jamais sortir (sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
Pensez que vous ĂȘtes en lui, quâIl se fait votre demeure ici-bas, et puis quâIl est en vous, que vous le possĂ©dez au plus intime de vous-mĂȘme, quâĂ toute heure du jour et de la nuit, dans toutes joies ou Ă©preuves, vous pouvez le trouver lĂ , tout prĂšs, tout au dedans. Câest le secret du bonheur (Sainte Ălisabeth de la TrinitĂ©).
Comportez-vous avec Dieu comme avec un PĂšre, un FrĂšre, un MaĂźtre, un Ăpoux (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Adorer, câest voir Dieu en toutes choses, câest se tenir devant lui, câest ĂȘtre dans son oraison un enfant qui parle Ă Dieu comme Ă son PĂšre (Dom Chautard).
LâĂąme se recueille, quand, ramassant toutes ses puissances, elle rentre en elle-mĂȘme pour y trouver Dieu (pĂšre Bernadot).
Laissons la mÚre du Carmel récapituler :
Pour prier comme il convient, vous savez ce quâon fait tout dâabord on examine sa conscience, on rĂ©cite le Confiteor et on fait le signe de la croix. AussitĂŽt aprĂšs, mes filles, appliquez-vous puisque vous ĂȘtes seules, Ă trouver une compagnie. Et quelle meilleure compagnie pouvez-vous trouver que celle du MaĂźtre lui-mĂȘme qui a enseignĂ© la priĂšre que vous devez rĂ©citer (le Pater)? ReprĂ©sentez-vous ce Seigneur auprĂšs de vous.., croyez-moi, ne nĂ©gligez rien pour nâĂȘtre jamais sans un ami si fidĂšle (sainte ThĂ©rĂšse dâAvila).
Comment sây prendre (2) : Lecture et mĂ©ditation
La clĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par sainte ThĂ©rĂšse est de savoir orienter les puissances de notre esprit (intelligence, volontĂ©, imagination, mĂ©moire) vers Dieu, pour Ă©viter quâelles ne viennent perturber ce cĆur Ă cĆur qui les transcende. Un passage de la Bible, dâun auteur spirituel, peut aider Ă concentrer notre puissance dâentendement sur ce qui nous porte vers Dieu. La lecture peut ouvrir Ă la mĂ©ditation en fournissant lâaliment pour cette rumination de la parole de Dieu.
Ne pas chercher Ă lire pour sâinformer, pour rĂ©flĂ©chir, pour faire passer le temps. Lire lentement, jusquâĂ ce quâun mot, une phrase nous frappe, puis fermer le livre et chercher lâunion Ă Dieu Ă partir de lĂ . Le livre nâest quâun moyen de raviver le feu, un « tison ».
Il faut donc savoir choisir ses « tisons », les passages qui nous feront entrer dans lâoraison, savoir varier lorsque câest nĂ©cessaire, connaĂźtre ses amis spirituels, sa « famille dâĂąme » (PĂšre JĂ©rĂŽme). Les sources principales doivent ĂȘtre, par ordre relatif dâimportance : lâĂcriture Sainte, les textes liturgiques qui en sont lâinterprĂ©tation par lâĂglise, le catĂ©chisme qui rĂ©sume tout cela, les Ă©crits des PĂšres, des Docteurs et des saints, les auteurs spirituels. Parmi ces derniers il faut mentionner le livre qui a marquĂ© lâhistoire de toute la chrĂ©tientĂ© occidentale, dont de trĂšs nombreux saints ont fait lâaliment de leur mĂ©ditation quotidienne (sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-JĂ©sus par exemple) : lâImitation de JĂ©sus-Christ.
Une fois le foyer allumĂ© au « tison », il faut en attiser la flamme, câest la mĂ©ditation. Ce peut ĂȘtre la rumination lente et attentive dâune parole divine, ce peut ĂȘtre une rĂ©flexion sur un passage dâĂ©vangile. La mĂ©ditation peut ĂȘtre aidĂ©e par une image, physique ou seulement mentale. Saint Ignace de Loyola recommande ainsi dans ses exercices la « composition de lieu » : se reprĂ©senter le cadre dâun enseignement du Christ peut aider Ă sâen pĂ©nĂ©trer plus profondĂ©ment. Sainte ThĂ©rĂšse dâAvila aimait elle aussi Ă revivre des scĂšnes Ă©vangĂ©liques : la rencontre de la samaritaine, lâagonie au jardin⊠Elle enseignait ainsi la nĂ©cessitĂ© de toujours « vivre en la sociĂ©tĂ© du divin maĂźtre », de demeurer en sa prĂ©sence, de « se tenir aux pieds de JĂ©sus-Christ. »
On peut prendre appui sur le point de dĂ©part de la mĂ©ditation pour tirer des consĂ©quences sâappliquant Ă notre vie : « Seigneur, quâavez-vous Ă me dire », commençait par prier Charles de Foucauld, puis il terminait par une offrande de soi : « Seigneur, que vous dirai-je maintenant ? » concluait-il.
Comment sây prendre (3) : Contemplation
Lorsque le feu de lâamour divin est allumĂ© en notre Ăąme, il faut se laisser Ă©clairer par lui, rester paisible sous lâillumination de la vie des trois Personnes en notre Ăąme. Câest alors la contemplation, que le pĂšre JĂ©rĂŽme dĂ©finissait comme « une communication obscure de Dieu Ă lâĂąme, rendant lâĂąme amoureuse. » Et le trappiste commente que cette communication nâest pas une parole mais une aide divine, une grĂące qui Ă©lĂšve lâĂąme. Elle est obscure car elle nâest ordinairement pas perçue. « Dieu lui mĂȘme la produit au fond de lâĂąme ordinaire sans que rien ne le rĂ©vĂšle. »
La contemplation nâest pas de notre fait, elle nâest pas acquise mais infuse : elle est donnĂ©e par Dieu, elle est opĂ©rĂ©e en nous par lui. Elle est lâactivitĂ© en nous de lâamour divin, par les trois vertus thĂ©ologales. Elle requiert de notre part une grande humilitĂ©, docilitĂ© sous lâaction divine, qui nâest pourtant pas une passivitĂ© : le recueillement est une attention du cĆur, une dĂ©possession de soi, mais pour ĂȘtre entiĂšrement disponible Ă Dieu, ouvert Ă lâaction de sa grĂące. Sainte Jeanne de Chantal conseille Ă lâĂąme de se tenir immobile en prĂ©sence du MaĂźtre, comme une toile devant lâartiste qui doit lâanimer dâun dessin vivant
Dieu ne serait pas la BontĂ© et la Sagesse infinies si, recherchant, exigeant notre intimitĂ©, Il ne nous donnait pas en mĂȘme temps les moyens de communiquer avec lui. Ces moyens dont nous pouvons ĂȘtre absolument sĂ»rs, et qui permettent dâentrer en contact immĂ©diat avec Dieu, ce sont les vertus thĂ©ologales et les dons quâelles entraĂźnent.
Par la foi, nous adhĂ©rons Ă la vĂ©ritĂ© de la vie divine, qui nous est proposĂ©e. Par la charitĂ©, cette vie devient nĂŽtre. Par lâespĂ©rance, nous sommes certains, avec lâaide de la grĂące, de la vivre toujours davantage, et dâen obtenir la possession immuable au Ciel.
VoilĂ lâessentiel de toute oraison solide et profonde (un Chartreux).
Comment sây prendre (4) : Sâoffrir, rayonner de lâamour reçu : le colloque
Lâoraison doit se conclure par un renouvellement des actes de foi, dâespĂ©rance et dâamour posĂ©s en nous par Dieu. Elle irradie ainsi de la chaleur reçue dans toute notre vie. Saint Ignace insiste sur les derniers moments de la mĂ©ditation, quâil appelle le « colloque ». Ce sont les derniers mots de la conversation amoureuse, Ă©changĂ©s « comme un ami parle Ă un ami. »
« Priez sans cesse » : Lâoraison continuelle
La priĂšre ne sâarrĂȘte pourtant pas au bout du temps que nous avions prĂ©vu de consacrer Ă lâoraison : la contemplation continue moins sensiblement mais rĂ©ellement en chacune de nos actions, car la prĂ©sence de Dieu en nous ne cesse pas pour autant que lâon y porte une attention moins soutenue. La pratique rĂ©guliĂšre et courageuse de lâoraison nous enseignera au contraire Ă conserver autant que possible le sentiment de cette habitation dâamour en notre Ăąme, tout au long de nos journĂ©es. Câest lâexpĂ©rience habituelle de la prĂ©sence de Dieu, don immense que nous demandons dans la priĂšre. Le frĂšre Laurent de la RĂ©surrection, carme parisien du XVIIe siĂšcle, employĂ© aux tĂąches les plus humbles dans les cuisines du couvent, en donne lâexemple en rayonnant dâune saintetĂ© discrĂšte mais profonde. Il sâagissait pour lui « dâĂȘtre toujours avec Dieu et de ne rien faire, de ne rien dire et de ne rien penser qui lui puisse dĂ©plaire », et cela par de frĂ©quents « retours intĂ©rieurs Ă Dieu », par « ce petit regard intĂ©rieur sur lui », par une offrande du cĆur renouvelĂ©e de temps en temps au cours de la journĂ©e, dĂšs que possible.
Cette habitation de la priĂšre peut ĂȘtre entretenue par la pratique des oraisons jaculatoires, que saint Jean Cassien dĂ©crivait comme « un secret que nous ont laissĂ© quelques uns de nos anciens pĂšres ». Il sâagit de formules simples, Ă rĂ©pĂ©ter au long de nos journĂ©es, en sâaidant pourquoi pas de petits moyens matĂ©riels, comme ces versets de la loi que portaient les hĂ©breux attachĂ©s devant le front, ou encore ces franges faites Ă leurs vĂȘtements pour ne pas oublier les commandements du Seigneur. Les saints avaient chacun leurs formules favorites, la Sainte Ăcriture, la liturgie, les litanies approuvĂ©es par lâĂglise en recĂšlent de magnifiques, et nous pouvons nous constituer notre recueil propre : « JĂ©sus », « JĂ©sus, Amour », « Mon Seigneur est mon Dieu », « JĂ©sus, je vous aime », « JĂ©sus, je suis votre sauvĂ© pour lâĂ©ternitĂ© », « Seigneur secourez-moi », « Seigneur ayez pitiĂ© de moi », « JĂ©sus, misĂ©ricorde », « CĆur de JĂ©sus, ayez pitiĂ© de moi », « CĆur de JĂ©sus, jâai confiance en vous », « Marie, Maman », « Marie, mon avocate », « Marie, protĂ©gez moi »âŠ
Cette pratique rejoint celle de la priĂšre du cĆur, chĂšre aux chrĂ©tiens orientaux et connue aussi sous le nom dâhĂ©sychasme : la priĂšre perpĂ©tuelle, rĂ©pĂ©tition inlassable, sur les lĂšvres et dans le cĆur, de la formule « Seigneur JĂ©sus-Christ, ayez pitiĂ© de moi. »
Puisquâil sâagit de durer dans la priĂšre, pratiquons soit la priĂšre vocale, lentement rĂ©pĂ©tĂ©e (oraisons jaculatoires, chapelet), soit lâoraison contemplative, ou un libre mĂ©lange des deux. Seules, en effet, ces formes de priĂšre peuvent obtenir le rĂ©sultat recherchĂ© : exciter la vertu de foi juste assez pour lui permettre de veiller, supporter sans perte les longues Ă©tapes, exercer lâamour peu senti, infusĂ© par Dieu (pĂšre JĂ©rĂŽme Kiefer).
19/03/2025
... mais parce que lâexpression de « petite SĆur » suffisait largement Ă la dĂ©signer. Et puis saint Joseph a lâhabitude de sâĂ©clipser, quand il a rempli son rĂŽle, et de laisser seulement dans les Ăąmes lâamour de la vie cachĂ©e.
Toute menue dans son ample habit aux plis innombrables, la tĂȘte emprisonnĂ©e dans un voile blanc qui encadrait son fin visage, la « petite SĆur » Ă©tait la providence des marmots, dans un village dâAuvergne oĂč ses supĂ©rieures lâavaient envoyĂ©e.
DĂšs lâĂąge de cinq Ă six ans, les enfants se dirigeaient Ă petits pas vers le vieux couvent oĂč la petite SĆur les accueillait dâun sourire. Ce sourire Ă©tait leur coqueluche ! Les tout-petits le regardaient bĂ©atement, comme si câĂ©tait un sourire de paradis quâils se souvenaient dâavoir vu dans leurs premiers rĂȘves. Ils souriaient, eux-aussi, prĂȘts Ă toutes les sagesses, pour que le sourire de la petite SĆur restĂąt longtemps en place.
On ne voyait pas les oreilles de la petite SĆur. CâĂ©tait le seul mystĂšre qui rendĂźt perplexes les admirateurs du sourire. Lâun dâeux se hasarda un jour Ă poser tout haut la question qui les hantait tous.
ââDites ! Ma SĆur, vous nâavez pas dâoreilles⊠Comment que vous entendez ?
â Mes oreilles ? Elles sont lĂ ! dit la petite SĆur en dĂ©gageant son voile. Et elles sont bonnes !
â Et pourquoi que vous les cachez ? Nous, on les a bien dehors !
â Ah ! Mes enfants, je les cache pour quâelles restent bien petites et quâelles nâentendent que les choses qui en valent la peine⊠Vous comprendrez plus tard. Allons ! Venez autour de moi, vous allez lire.
Et les tĂȘtes blondes ou brunes se courbaient tout autour de la petite SĆur, dont les genoux supportaient le livre aux grandes lettres noires.
Depuis longtemps, la petite SĆur caressait un rĂȘve, un rĂȘve si beau quâelle sâĂ©tonnait elle-mĂȘme de lâavoir, et qui la suivait partout ; Ă la messe, au rĂ©fectoire ; mais câĂ©tait surtout en classe quâil la tracassait, quand son regard errait sur les tĂȘtes blondes ou brunes, comme un souffle lĂ©ger qui passe sur des Ă©pis mĂ»rissants. Elle songeait alors Ă la moisson qui lĂšve au soleil. Et la moisson lui suggĂ©rait lâidĂ©e du moissonneur qui se penche sur les Ă©pis et rentre le soir, joyeux, en portant les lourdes gerbes. Ce spectacle lui rappelait, Ă son tour, la parole de JĂ©sus : « La moisson est abondante ; les ouvriers sont peu nombreux ; priez le maĂźtre de la moisson quâil envoie des ouvriers Ă son champ. »
Et le rĂȘve de la petite SĆur prenait corps. Elle en devenait toute rougissante. Elle en perdait mĂȘme le fil de la lecture.
Son rĂȘve ! CâĂ©tait que lâun de ces enfants auxquels elle apprenait Ă lire devĂźnt prĂȘtre et quâelle y fĂ»t pour quelque chose.
â Tu tâes trompĂ©, Pierre. Câest BâA, BA quâil faut lire ; alors ! recommence, mon petit.
Et les bambins sâĂ©tonnaient de sa voix si douce, alors quâune juste impatience pointait dâordinaire dans ses paroles, aux erreurs de lecteur. Et ils levaient les yeux sur la petite SĆur, car ils savaient que câĂ©tait dans ces moments-lĂ que le plus dĂ©licieux sourire animait son visage.
Un jour, nây tenant plus, elle confia son rĂȘve Ă saint Joseph. Elle nâĂ©tait pas assez forte pour porter un pareil secret. Il fallait que saint Joseph lâaidĂąt.
« Voyez-vous, saint Joseph, jâai peur parfois de ce rĂȘve. Je ne suis quâune petite SĆur de rien du tout. Jâapprends Ă lire Ă des enfants et je suis incapable de faire mieux. Pourtant sâil se pouvait quâun jour lâun de ces enfants dont je guide le petit doigt sur le livre de lecture, fĂ»t lâun de ceux dont les mains consacrĂ©es Ă©lĂšvent le Corps de JĂ©sus sur lâautel ! Comme je serais heureuse ! Je vous demande donc, si ce rĂȘve est bon, de me le faire savoir dâune maniĂšre ou dâune autre. Jâen ferai volontiers le sacrifice, si vous en trouvez Ă redire. »
Un matin, le cĆur de la petite SĆur fut soumis Ă une rude Ă©preuve, au point quâelle en perdait le souffle. Et cette Ă©motion lui venait de Roger. De Roger ! La plus pĂ©tulante de ses jeunes ouailles ! Le seul qui eĂ»t, dans le fond de sa poche, des terrifiants objets : des boules de poil Ă gratter quâil Ă©crasait dans le cou de ses camarades, et au printemps, des boĂźtes dâallumettes dâoĂč, au beau milieu de la classe, sâenvolait un hanneton, muni Ă son arriĂšre-train dâune nacelle en papier, comme un dirigeable !
â Roger ! Câest mon purgatoire⊠affirmait la petite SĆur.
Et câest Roger qui⊠Mais voici les faits.
AprĂšs la classe, ce matin-lĂ , il sâapprocha de la petite SĆur, agrippa sa robe et lâentraĂźna dans un coin de la salle.
â Dites, ma SĆur, je veux vous direâŠ
â Que veux-tu me dire, Roger ?
â Je veux vous suivre partout !
â Me suivre partout ?
La petite SĆur leva les yeux vers le plafond en riant de bon cĆur. Elle pensait que la prĂ©sence de Roger, aux heures de classe, Ă©tait bien suffisante pour elle !
â Et pourquoi veux-tu me suivre partout ?
â ⊠pour porter un habit comme vous.
â Ah !
â Oui⊠et puis dire la messe, comme M. le CurĂ©.
â Tu voudrais dire la messe comme M. le CurĂ© ! rĂ©pĂ©ta la petite SĆur, dĂ©jĂ toute Ă©mue.
â Oh oui ! murmura lâenfant.
Le soir, la petite SĆur eut un long entretien avec saint Joseph. Elle conclut ainsi :
â Est-ce votre rĂ©ponse, grand saint ?⊠VoilĂ ce que mâa dit Roger. Je sais bien : câest un enfant ! Un enfant de sept ans ! Et puis, quel diable ! Mais si câest la volontĂ© de Dieu quâil devienne prĂȘtre ! Quand il mâa dit : « Oh oui ! », jâai Ă©tĂ© toute bouleversĂ©e. Et en mĂȘme temps, jâai vu tant de lumiĂšre dans son regard ! Alors, nâest ce pas ? Je vais prier pour cela.
Les annĂ©es se sont Ă©coulĂ©es. La vieillesse a atteint la petite SĆur sans nuire Ă son sourire. Elle a quittĂ© depuis longtemps le village dâAuvergne oĂč elle a enseignĂ© lâalphabet.
Un jour de fĂ©vrier 1934, elle reçut dâun sĂ©minaire de Belgique oĂč il achevait ses Ă©tudes de thĂ©ologie, une lettre de Roger, lui annonçant sa prochaine ordination sacerdotale. Câest par hasard que Roger avait appris que la petite SĆur Ă©tait encore de ce monde. Il ne lâavait pas oubliĂ©e. Elle non plus, du reste. Ils se souvenaient lâun lâautre, du « oui » prononcĂ© jadis dans la salle de classe et aprĂšs vingt ans de silence, ils se retrouvaientâŠ
Quelle fut la joie de la petite SĆur ? Il serait peut-ĂȘtre facile de la dĂ©crire. Mais il vaut mieux lui laisser la parole. Voici, mot Ă mot, les lignes quâelle rĂ©pondit :
« Mon cher enfant, Câest la derniĂšre fois que je te tutoie. Je tâai connu tout petit. Tu avais six ans Ă peine quand ta maman te conduisit dans ma classe. Je tâappris Ă lire et Ă dire tes premiĂšres priĂšres. Dans quelques jours, tu seras prĂȘtre. Quand tu liras sur le Missel les priĂšres de la Messe, pense que câest moi qui tâai appris Ă lire ces lettres, Ă Ă©peler ces mots, Ă lire ces phrases. Maintenant, je puis dire Ă Dieu, comme le vieillard SimĂ©on : « Venez chercher votre servante, elle a vu votre gloire se lever dans lâun de ses enfants. Elle lui a appris Ă dire votre nom. Et cette derniĂšre leçon nâa pas Ă©tĂ© oubliĂ©e. » Aujourdâhui, mon enfant, tu la rĂ©cites mieux que moi, mais câest tout de mĂȘme grĂące Ă moi que tu peux la dire. Il y a lĂ peut-ĂȘtre de lâorgueil. Mais tu ne saurais croire combien, dans la solitude de ma vieillesse, lâannonce de ton ordination mâa fait doux au cĆur. »
Et rompant tout Ă coup avec ce tutoiement qui ne lui semble plus de mise, la petite SĆur termine ainsi :
« Mon enfant, mon petit prĂȘtre, bĂ©nissez-moi. »
Quelques mois aprĂšs cette histoire, la petite SĆur partait pour le paradis avec ce sourire que nous aimions tant. Les tĂȘtes blondes et brunes des petits anges doivent lâentourer dâun cercle qui lui rappelle celui dâautrefois. Elle nâa pas de livre de lecture ouvert sur ses genoux. On nâapprend pas Ă lire aux anges. Mais comme ils sont, ainsi que les petits des hommes, friands de belles histoires, la petite SĆur Saint-Joseph (elle a maintenant son nom au complet !) leur en raconte une qui commence ainsi : « La moisson Ă©tait abondante, les ouvriers Ă©taient peu nombreux. Alors jâai priĂ© le maĂźtre du champ dâenvoyer un ouvrier Ă sa moisson⊠et voici comment cela sâest passé⊠»
Georges d'Aurac
19/03/2025
18/03/2025
L'auteur, Ronan Archier, propose qu'au Ciel, la nature de notre bonheur et notre sensibilité seront transformées et alignées avec la volonté divine. L'article aborde également l'incertitude quant au nombre de personnes en enfer et souligne que les avertissements du Christ sur l'enfer visent à la conversion personnelle plutÎt qu'à la satisfaction de notre curiosité.
L'article commence par reconnaĂźtre notre rĂ©action instinctive de rĂ©volte face Ă la pensĂ©e que des ĂȘtres chers puissent souffrir Ă©ternellement. L'auteur pose la question : "LâidĂ©e que des proches soient en enfer nous rĂ©vulse alors que nous sommes encore pĂ©cheurs. Comment, en Ă©tant saints, pourrions-nous nous rĂ©jouir, alors que ceux-ci souffrent mille tourmentsâ?"
Un point central est la distinction entre notre expĂ©rience terrestre et la rĂ©alitĂ© du Ciel. L'auteur insiste sur le fait qu'au Ciel, nous entrerons dans une rĂ©alitĂ© totalement diffĂ©rente et que projeter nos conceptions actuelles sur l'Ă©ternitĂ© future est une source de confusion. "De nombreuses confusions seraient levĂ©es si nous ne projetions pas sur lâĂ©ternitĂ© future des conceptions liĂ©es Ă notre vie prĂ©sente."
Le Ciel est décrit comme une "participation à la Béatitude de Dieu infiniment heureux", une joie parfaite, absolue et inaltérable, qualitativement différente de notre bonheur terrestre.
Selon Saint Thomas d'Aquin, citĂ© dans l'article, notre sensibilitĂ© au Ciel ne sera pas de la mĂȘme nature que sur terre. Les passions dĂ©sordonnĂ©es disparaĂźtront, et notre sensibilitĂ© sera ordonnĂ©e Ă la volontĂ© de Dieu. "Au Ciel, nous serons dĂ©livrĂ©s de cette sensibilitĂ© maladive. Nous serons parfaitement Ă©quilibrĂ©s psychologiquement. Notre dĂ©licatesse, notre douceur, notre sensibilitĂ© seront dĂ©cuplĂ©es, mais ordonnĂ©es Ă la volontĂ© de Dieu qui fait tout avec bontĂ© et avec amour."
Ainsi, face à la justice de la condamnation, les bienheureux pourraient ressentir de l'amertume, mais surtout la joie de voir la juste miséricorde de Dieu accomplie.
L'article aborde la difficulté de concevoir l'éternité de la peine infernale, soulignant que nous la comprenons souvent à tort comme une prolongation indéfinie du temps terrestre.
Citant de nouveau Saint Thomas d'Aquin, l'auteur Ă©crit : "«âŻNous ne pouvons-nous faire une idĂ©e de lâĂ©ternitĂ© quâĂ partir du tempsâŻÂ» ".
C.S. Lewis est également cité pour son idée que l'enfer est davantage une question de "finalité" que de "durée" infinie, une ùme "éternellement fixée dans son attitude diabolique". Il met en garde contre l'image mentale du Ciel et de l'enfer coexistant dans un temps linéaire.
L'article rappelle que nous ignorons le nombre de personnes en enfer et surtout qui s'y trouve. Si le Christ a averti que "«âŻLarge et spacieux est le chemin qui mĂšne Ă la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent.âŻÂ»", l'interprĂ©tation de "beaucoup" est relative Ă la perspective divine. De plus, l'article soulĂšve la question de l'identitĂ© des damnĂ©s : une personne damnĂ©e conserve-t-elle ce qui nous la rendait proche sur terre, ou n'est-elle plus que "haine et orgueil" ?
L'auteur conclut que les paroles du Christ sur l'enfer ne visent pas Ă satisfaire notre curiositĂ©, mais Ă provoquer la conversion et Ă Ă©veiller nos cĆurs. Ce sont des avertissements personnels.
Citant Ă nouveau C.S. Lewis, l'article insiste sur le fait que la rĂ©flexion sur la damnation doit avant tout nous concerner personnellement : "«âŻdans toutes les discussions sur lâenfer, nous devons garder fermement prĂ©sente Ă lâesprit lâidĂ©e de la damnation possible, non pas de nos ennemis ou de nos amis ââŻcar lâune et lâautre troublent notre raisonâŻâ, mais de nous-mĂȘmes. Ce chapitre ne concerne ni votre femme ni votre fils, il ne concerne ni NĂ©ron, ni Judas lâIscarioteâ; il nous concerne vous et moiâŻÂ» ".
En conclusion, l'article "Au Ciel, peut-on supporter quâil y ait des proches en enfer ?" ne prĂ©tend pas offrir une rĂ©ponse dĂ©finitive Ă cette question difficile. Il invite plutĂŽt Ă une rĂ©flexion profonde sur la nature du Ciel, de l'Ă©ternitĂ© et de la transformation de notre ĂȘtre dans l'au-delĂ . En distinguant notre comprĂ©hension humaine limitĂ©e de la rĂ©alitĂ© divine, l'auteur suggĂšre que la bĂ©atitude cĂ©leste transcende notre sensibilitĂ© actuelle et que la justice et la misĂ©ricorde de Dieu seront pleinement comprises et acceptĂ©es par les bienheureux. L'article sert Ă©galement de rappel Ă la nĂ©cessitĂ© de la conversion personnelle face Ă la possibilitĂ© rĂ©elle de la damnation.