Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Sainte GeneviĂšve, patronne de Paris

03/01/2025

Sainte GeneviĂšve, patronne de Paris

En 451, elle mĂšne la rĂ©sistance contre les Huns. Vingt ans plus tard, elle tient le siĂšge de la ville contre les Francs et nourrit la population. BĂątisseuse de la premiĂšre Ă©glise Saint-Denis, elle est, avec saint Remi et sainte Clotilde, l’une des actrices majeures d’un Ă©vĂ©nement fondateur de notre histoire : le baptĂȘme de Clovis.

 

Les raisons d'y croire


À peine quelques annĂ©es aprĂšs la mort de GeneviĂšve, la reine Clotilde demande Ă  un moine d’écrire la vie de la sainte femme. Celui-ci recueille toutes les informations disponibles Ă  son sujet auprĂšs de tĂ©moins directs encore en vie. La vie de GeneviĂšve, unie au Christ dans tous les aspects, et de nombreux miracles y sont racontĂ©s avec beaucoup de dĂ©tails.


En 451, alors que les Huns, qui dĂ©truisent et massacrent tout sur leur passage, semble se diriger vers Paris, tout indique qu’il faut fuir, et c’est ce que tous les Parisiens veulent faire. Mais GeneviĂšve, qui a mis son espĂ©rance en JĂ©sus-Christ, est persuadĂ©e que la priĂšre les sauvera : « Priez et demeurez. JĂ©sus-Christ vous donnera la victoire. » Sa foi n’est pas déçue : les Huns passent au sud de Paris et sont effectivement battus en Champagne.

 

La longĂ©vitĂ© de GeneviĂšve Ă  la tĂȘte de Paris est particuliĂšrement remarquable. En effet, l’épisode des Huns ayant eu lieu alors qu’elle n’a qu’une trentaine d’annĂ©es, GeneviĂšve a tenu l’équivalent du rĂŽle de maire pendant plus de cinquante ans, ce qui montre la confiance et l’estime que lui accordaient ses contemporains.


DĂ©jĂ , de son vivant, la renommĂ©e de GeneviĂšve dĂ©passe de trĂšs loin Paris, atteignant mĂȘme le territoire de l’actuelle Syrie. En effet, SimĂ©on le Stylite, un saint contemporain de GeneviĂšve, Ă©voque la sainte Ă  plusieurs reprises.


AprĂšs la mort de GeneviĂšve, le 3 janvier 502 ou 512, nombreux sont les rois qui se sont confiĂ©s par la priĂšre Ă  sainte GeneviĂšve pour obtenir une guĂ©rison. C’est le cas de Louis XV, qui, une fois guĂ©ri, fera construire en remerciement une nouvelle Ă©glise Sainte-GeneviĂšve, notre actuel PanthĂ©on.


Jusqu’en 1947, les autoritĂ©s civiles et religieuses organisent Ă  maintes reprises des processions extraordinaires avec les reliques de la sainte pour lui demander son intercession lors des graves calamitĂ©s publiques. De trĂšs nombreux miracles se produisent au cours de ces processions ; ils ont Ă©tĂ© recensĂ©s avec soin et il est aisĂ© d’en donner des exemples.
En 1239, Saint Louis demande une procession exceptionnelle pour la guĂ©rison de son frĂšre, le comte d’Artois. Celui-ci, alitĂ© Ă  Gonesse, guĂ©rit instantanĂ©ment au moment mĂȘme oĂč l’on sort la chĂąsse de l’abbatiale.


La procession du 27 mai 1694 est organisĂ©e en raison d’une terrible sĂ©cheresse et alors que la guerre fait rage. La procession n'est pas encore finie que la pluie commence Ă  tomber Ă  grosses gouttes. De plus, le mĂȘme jour, le marĂ©chal de Noailles remporte la victoire de la riviĂšre Ter en Espagne (l’annonce ne parvient Ă  Paris que trois jours plus tard). Les Ă©chevins, trĂšs reconnaissants, demandent en guise d’ex-voto un grand tableau au peintre Nicolas de LargilliĂšre : Sainte GeneviĂšve intercĂ©dant pour faire tomber la pluie.


Auteur : Enseignante et passionnĂ©e d’Histoire, Delphine Pasteau est l’auteur de livres sur des vies de saints et d’un manuel de culture chrĂ©tienne. Elle a Ă©crit trois ouvrages sur la vie de sainte GeneviĂšve, afin d’en transmettre la portĂ©e Ă  la fois historique et spirituelle.

 

Le diocĂšse de Nanterre organise un pĂšlerinage samedi 4 janvier :

 

 

 

Et le diocĂšse de Paris organise une neuvaine qui dĂ©bute aujourd’hui, et se terminera le 11 janvier par une procession des reliques de sainte GeneviĂšve, de l’église Saint-Etienne du Mont Ă  Notre-Dame de Paris :

 

 

Sources : 1000 raisons de croire et Le Salon Beige

En Syrie, «une brÚche d'espoir s'est ouverte», estime le cardinal Zenari

02/01/2025

En Syrie, «une brÚche d'espoir s'est ouverte», estime le cardinal Zenari

Antonella Palermo - Cité du Vatican - Source : Vatican News

 

Votre Éminence, quelles rĂ©actions avez-vous reçues et quelle valeur pensez-vous que la rĂ©union a Ă  ce stade pour le dĂ©veloppement des relations entre les chrĂ©tiens et les autoritĂ©s politiques qui ont pris le contrĂŽle du gouvernement?
C'est un Ă©vĂ©nement qui Ă©tait inimaginable dans l'histoire de la Syrie jusqu'Ă  il y a trois semaines. J'ai entendu quelques tĂ©moignages, les Ă©vĂȘques et les prĂȘtres prĂ©sents sont sortis avec un peu d'espoir pour l'avenir de la Syrie. Ahmed al-Jolani a promis que ce serait une Syrie de tous, une Syrie inclusive, et Ă  la fin il a souhaitĂ© un joyeux NoĂ«l et une annĂ©e de paix. Je dois dire aussi que comme ces autoritĂ©s religieuses arrivaient de partout et que celles d'Alep Ă©taient un peu en retard, il a voulu attendre qu'elles soient toutes prĂ©sentes : c'est quelque chose de particulier qui est de bon augure, je l'espĂšre. Moi aussi j'ai eu l'occasion il y a une semaine de rencontrer le nouveau ministre des affaires Ă©trangĂšres, je suis aussi doyen du corps diplomatique, il a voulu me voir. Au niveau des dirigeants, nous nous comprenons, je dois dire, sur certains principes et valeurs fondamentales. Bien sĂ»r, il faudra ensuite passer Ă  l'action, passer des paroles aux actes. En tout cas, lors de la rĂ©union d'hier et des autres rĂ©unions - Ă  Alep, puis avec les chrĂ©tiens du centre et du sud - tous les Ă©vĂȘques ont fait preuve d'un certain optimisme, mais certains chrĂ©tiens, surtout au dĂ©but, Ă©taient trĂšs craintifs. Beaucoup voulaient quitter la Syrie immĂ©diatement. Nous espĂ©rons...

Quel est votre message à ces chrétiens?

J'ai tout de suite dit aux chrĂ©tiens: n'ayez pas peur, restez. Ce n'est pas le moment de quitter la Syrie, mais c'est le moment, aussi pour les chrĂ©tiens Ă  l'extĂ©rieur du pays, de rentrer. Parce que nous devons ĂȘtre en premiĂšre ligne; en tant que chrĂ©tiens, cette opportunitĂ© nous est donnĂ©e, au moins en paroles. Nous devons ĂȘtre prĂ©sents dans la reconstruction de la nouvelle Syrie en proposant des valeurs de sauvegarde des droits de l'homme, de libertĂ©, de respect pour tous. Malheur Ă  nous ! Chacun est libre, mais en tant que nonce je demande cet engagement, je le demande surtout aux personnes qui peuvent apporter des contributions particuliĂšres. BientĂŽt commencera la rĂ©daction de la nouvelle constitution: j'ai lancĂ© un appel Ă  ceux qui ont une certaine formation en droit constitutionnel, aux mĂ©decins, aux ingĂ©nieurs. Il est temps de se retrousser les manches. Je l'ai dit Ă  tous les Syriens, et aux chrĂ©tiens au premier rang. Si un jour ils ne veulent plus de nous, espĂ©rons-le, nous leur dirons «au revoir». Mais nous devons ĂȘtre lĂ .

Noël a-t-il été pour vous une période de véritable renaissance?
NoĂ«l a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© dans une atmosphĂšre de joie, d'espoir. Mais aussi, dans certaines communautĂ©s, avec une certaine crainte. À cet Ă©gard, je voudrais dire que lorsque j'ai vu Ă  la tĂ©lĂ©vision le Pape ouvrir la Porte Sainte Ă  Saint-Pierre, j'ai pensĂ© au fait qu'en Syrie, jusqu'Ă  quelques semaines auparavant, l’espĂ©rance Ă©tait morte, enterrĂ©e. Et moi, Ă  l'approche de l'ouverture du JubilĂ©, j'ai toujours fait remarquer que dans le cƓur de tant de personnes, en Syrie, il n'y avait pas de vision d'avenir. Soudain, de maniĂšre tout Ă  fait inattendue, cette espĂ©rance enfouie est en quelque sorte rĂ©apparue et une brĂšche s'est ouverte. Une grande porte d'espĂ©rance, comme celle de la basilique Saint-Pierre, ne s'est pas ouverte, mais c'est une brĂšche, une ouverture. C'est dĂ©jĂ  quelque chose.

Les portes des prisons syriennes ont été ouvertes pour que la communauté internationale puisse constater les dégùts de la violation continue des droits de l'homme par le gouvernement Assad. Quels sont vos sentiments?

Une grande tristesse, une grande tristesse. C'est Ă©mouvant. Nous avons Ă©galement cĂ©lĂ©brĂ© NoĂ«l sur des charniers. Ces horreurs Ă©taient connues. Il Ă©tait presque impossible de faire quoi que ce soit, mais il fallait essayer. Ces portes de l'horreur qui se sont ouvertes posent aussi un examen de conscience Ă  chacun d'entre nous, Ă  la communautĂ© internationale: on aurait pu faire plus pour Ă©viter toute cette douleur. Mais il y a aussi aujourd'hui une certaine peur. Si l'on se rĂ©fĂšre au thĂšme de la JournĂ©e de la Paix d'aujourd'hui, ce thĂšme fait rĂ©flĂ©chir car le risque est grand de tomber dans la spirale de la vengeance et des exĂ©cutions sommaires. Malheur Ă  ceux qui tombent dans cette spirale. Il y a matiĂšre Ă  rĂ©flexion, y compris de la part de la communautĂ© internationale. La justice doit ĂȘtre rĂ©guliĂšre, juste.

Le Pape remercie ceux qui, dans les zones de conflit, Ɠuvrent pour le dialogue et les nĂ©gociations. Au regard de l'expĂ©rience syrienne et plus gĂ©nĂ©ralement du contexte du Moyen-Orient, avez-vous envie de remercier Ă  votre tour?
J'ai eu par la providence, au cours des seize années que j'ai vécues en Syrie, au milieu d'un conflit sanglant, l'occasion de voir beaucoup de bons samaritains, des personnes de foi et de toutes les confessions religieuses. Des personnes animées d'une conception hautement humaine de la dignité de la personne. Beaucoup d'entre eux ont perdu la vie, ont été tués en venant en aide à d'autres. Nous devons nous souvenir d'eux, nous avons un grand devoir de reconnaissance.

Un appel pour la protection des femmes...
Je sais que parmi les points que les chrétiens, mais pas seulement eux, veulent sauvegarder dans la nouvelle constitution, il y a celui-ci, sur lequel nous devrons travailler. Je voudrais également lancer un autre appel. Face à ces belles promesses, la communauté répÚte des expressions telles que «attendez et voyez». Je l'ai changée, je ne l'aime pas trop, mieux vaut travailler et voir.... Si l'on répÚte qu'il faut attendre pour envoyer de l'aide, pour lever les sanctions, je dirais non. J'ai envie de lancer une grande invitation à la communauté internationale: travaillez ! C'est une paix trÚs, trÚs fragile pour la Syrie. Un moment trÚs délicat. La paix est un don de Dieu que nous ne pouvons pas construire, mais saint Paul VI a dit : le nom de la paix, c'est le développement. Une Syrie détruite, avec une économie qui s'effondre, des infrastructures endommagées, la moitié des hÎpitaux qui ne fonctionnent pas, des écoles détruites, des gens qui ont faim, qui n'ont pas d'électricité... Si nous voulons la paix en Syrie, nous devons assurer le développement. Si nous voulons la paix en Syrie, nous devons assurer le développement. Le nouveau nom de la paix est le développement pour aider la Syrie à se tenir debout et à marcher sur ses deux pieds.

L'Eglise demain, pour une vraie réforme.

02/01/2025

L'Eglise demain, pour une vraie réforme.

Voici l’introduction :

 

Tout mon propos dans les pages qui suivent sera d’appeler de mes vƓux un vrai renouveau de l’Église. MĂȘme si son Seigneur permet que la trahison, ou tout simplement la lĂąchetĂ© mondaine de ses enfants, paraissent en mesure de faire chavirer la barque, l’Épouse du Christ, sainte et immaculĂ©e, ne mourra pas. Lorsqu’elle parviendra, avec ses pasteurs, pape et Ă©vĂȘques, mus par la grĂące de Dieu et soutenus par les mĂ©rites des saints, Ă  Ă©carter le dĂ©sordre qui l’afflige, elle aura Ă  mettre en Ɠuvre une rĂ©gĂ©nĂ©ration, une rĂ©forme salvatrice. Mais dĂ©jĂ , des Ă©vĂȘques, des prĂ©lats, des cardinaux peuvent poser des jalons pour cette renaissance. Ils le doivent mĂȘme, de maniĂšre d’autant plus urgente que nous sommes dans une situation qui est, Ă  bien des Ă©gards, celle d’un catholicisme en Ă©tat de survie.

 

Il se rĂ©duit toujours plus Ă  un « petit troupeau », qu’on peine d’ailleurs Ă  distinguer de la masse des hommes de ce temps, du moins en Occident, car en d’autres parties du monde il reste bien vivant et est parfois mĂȘme en croissance. Mais Rome, sa tĂȘte, est en Occident. La vie des chrĂ©tiens est celle d’une minoritĂ© moralement persĂ©cutĂ©e, de maniĂšre latente ou ouverte, par une sociĂ©tĂ© moderne qui a exclu l’Épouse du Christ et les pousse Ă  abdiquer leur qualitĂ© de membres d’une race Ă©lue, d’un sacerdoce royal, d’une nation sainte (1 Pierre, 2, 9). Certes, ils sont dans une situation au fond normale pour des disciples du Christ, dans le monde sans ĂȘtre du monde. Mais avec cette prĂ©cision que le monde qui les enserre est le monde moderne.

 

Car pour la modernitĂ©, qui plus est pour la modernitĂ© en sa phase extrĂȘme, la vocation de l’Église Ă  baptiser les nations et Ă  les faire entrer dans l’unique voie est une prĂ©tention d’une Ă©trangetĂ© radicale. Et c’est justement la conscience que l’Église n’est pas une association religieuse parmi d’autres que les chrĂ©tiens ont Ă  recouvrer, mĂȘme si un enseignement nouveau les induits Ă  rĂ©duire l’unique Épouse du Christ Ă  la maniĂšre de la JournĂ©e d’Assise. En d’autres termes, pour le dire d’emblĂ©e, la revitalisation du catholicisme est d’abord au prix thĂ©ologique et spirituel d’une sortie de l’« Ă©tat Vatican II ».

Le silence de Marie, MĂšre de Dieu

01/01/2025

Le silence de Marie, MĂšre de Dieu

n ce premier jour de l’AnnĂ©e Sainte, l’Église nous invite Ă  contempler une nouvelle fois l’étable de BethlĂ©em d’oĂč a jaillit "un sillage de lumiĂšre, d’amour, de vĂ©ritĂ©" (BenoĂźt XVI) qui a envahi les siĂšcles jusqu’à aujourd’hui. Avec les bergers, hĂątons-nous et dĂ©couvrons "Marie et Joseph, avec le nouveau-nĂ© couchĂ© dans la mangeoire" (Lc 2, 16). Cependant, dans l’étable, ce sont les bergers qui parlent. Ils racontent "tout ce qui leur avait Ă©tĂ© annoncĂ© au sujet de cet enfant" (Lc 2, 17) tandis que Marie et Joseph gardent le silence. En tant que mĂšre de JĂ©sus, Marie aurait pourtant tant de choses Ă  dire ! Le mĂȘme paradoxe apparaĂźt au jour de la PentecĂŽte : forts de l’Esprit saint, les apĂŽtres annoncent Ă  tous les merveilles de Dieu tandis que la mĂšre de JĂ©sus qui est lĂ  ne dit pas un mot. Elle aurait pourtant beaucoup de choses Ă  dire puisqu’elle est la seule personne qui a accompagnĂ© JĂ©sus de la crĂšche jusqu’à la croix.

 

Comment comprendre ce silence de Marie ?


L’évangĂ©liste saint Luc lĂšve le voile lorsqu’il prĂ©cise : "Marie, cependant, retenait tous ces Ă©vĂ©nements et les mĂ©ditait dans son cƓur" (Lc 2, 19). C’est vrai que la Vierge aurait beaucoup de choses Ă  rĂ©vĂ©ler, une somme de dĂ©tails qui ne sont pas dans les Ă©vangiles, de nombreux souvenirs inĂ©dits. Cependant, elle ne dit rien car elle se sait face Ă  un mystĂšre qui la dĂ©passe infiniment, un mystĂšre insondable qu’elle n’a pas fini de pĂ©nĂ©trer et de dĂ©couvrir. Elle ne peut s’approprier le mystĂšre, l’enfermer dans sa propre expĂ©rience du moment, dans ses propres sentiments, dans sa subjectivitĂ©.  

 

Pour elle, retenir ces Ă©vĂ©nements et les mĂ©diter dans son cƓur, ce n’est pas seulement se souvenir d’évĂ©nements passĂ©s comme lorsque l’on regarde un album de photos. Ce n’est pas d’abord rĂ©flĂ©chir pour retenir des leçons morales de son expĂ©rience. C’est accueillir le MystĂšre de l’Incarnation. 

 

Dans sa mémoire spirituelle


Au travers des Ă©vĂ©nements, la Vierge priante saisit ce qui demeure, c’est-Ă -dire la grĂące, le don de Dieu. Dans cette mĂ©moire spirituelle, l’Esprit saint lui rĂ©vĂšle le vrai sens des Ă©vĂ©nements, la prĂ©sence de Dieu dans sa vie et dans le monde. Elle prend davantage conscience encore de la mission qu’elle a acceptĂ©e lorsqu’elle a rĂ©pondu "Fiat" Ă  l’ange du Seigneur au jour de l’Annonciation. Saint AmĂ©dĂ©e de Lausanne imagine ce que Dieu le PĂšre dit au cƓur de Marie : "Je t’ai choisie, toi, parmi toutes les crĂ©atures, je t’ai bĂ©nie entre toutes les femmes. Voici que je t’ai donnĂ© mon Fils en dĂ©pĂŽt, je t’ai confiĂ© mon unique ! Ne crains pas d’allaiter celui que tu as engendrĂ©, d’élever celui que tu as mis au monde. Sache qu’il n’est pas seulement ton Dieu, mais encore ton Fils. C’est mon Fils et c’est ton Fils, mon Fils par la divinitĂ©, ton fils par l’humanitĂ© qu’il a assumĂ©e." Dans le silence, sa foi grandit et s’affermit. Prolongeant sa mĂ©ditation, l’Église proclamera comme une vĂ©ritĂ© de foi que Marie de Nazareth est "MĂšre de Dieu" (ThĂ©otokos) lors du concile d’EphĂšse en 431. C’est l’origine de la fĂȘte de ce jour qui conclut l’octave de la NativitĂ© du Seigneur.

 

La mission de l’Église


À la suite de la Vierge Marie, l’Église depuis 2.000 ans conserve ces mĂȘmes Ă©vĂ©nements et les mĂ©dite. Ce n’est pas un simple souvenir, ni le seul tĂ©moignage d’une expĂ©rience. La mission de l’Église est de garder cet Ă©vĂ©nement central de l’histoire du monde qui est la venue du Verbe dans la chair. "Le Verbe s’est fait chair et il a habitĂ© parmi nous !" (Jn 1, 14). Si nous cessons de retenir cet Ă©vĂ©nement, si nous en perdons la mĂ©moire spirituelle, nous risquons d’ĂȘtre emportĂ©s par le flot des actualitĂ©s du monde, par le tourbillon des informations, par les vagues d’images qui inondent nos Ă©crans et nos mĂ©moires jusqu’à saturation. BallotĂ©s ainsi, nous risquerions de courir en vain derriĂšre la derniĂšre mode ou la derniĂšre idĂ©ologie. 

Comme chrĂ©tiens, nous vivons au rythme de la vie du Christ dont nous cĂ©lĂ©brons les mystĂšres pendant toute l’annĂ©e. Ainsi, nous entrons dans l’intimitĂ© de celui qui nous appelle, nous pardonne et nous relĂšve. Dans le silence du recueillement, grandit la foi et l’espĂ©rance en JĂ©sus, Seul Sauveur des hommes.

 

Le mémorial des événements du salut


La messe est le moment par excellence oĂč l’Église se rassemble pour cĂ©lĂ©brer le mĂ©morial des Ă©vĂ©nements du salut. C’est le mĂȘme Christ qui se rend prĂ©sent Ă  chaque eucharistie accomplissant sa promesse : "Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde" (Mt 28, 20). DĂ©jĂ , l’Église vit de l’éternitĂ©. Autour de l’autel, elle est unie Ă  la JĂ©rusalem nouvelle qui chante la gloire de Dieu. 

À l’aube de l’AnnĂ©e Sainte, confions-nous avec ces mots du pape François Ă  la Vierge Marie qui retenait ces Ă©vĂ©nements et les mĂ©ditait dans son cƓur :

MÚre du silence, qui garde le MystÚre de Dieu, libÚre-nous de l'idolùtrie du présent à laquelle se condamne celui qui oublie.
Purifie les yeux des pasteurs avec le collyre de la mĂ©moire et nous retournerons Ă  la fraĂźcheur des origines, pour une Église priante et pĂ©nitente

 

Source : Aleteia

C'est "non négociable" !

01/01/2025

C'est "non négociable" !

Au dĂ©but d’une nouvelle annĂ©e accordĂ©e par le Seigneur, il est bon de lever le regard de notre cƓur vers Marie. En tant que MĂšre, elle nous renvoie Ă  notre relation avec son Fils, elle nous ramĂšne Ă  JĂ©sus, elle nous parle de JĂ©sus, elle nous conduit Ă  JĂ©sus. C’est pourquoi, la SolennitĂ© de la TrĂšs Sainte Vierge Marie MĂšre de Dieu nous plonge Ă  nouveau dans le MystĂšre de NoĂ«l : Dieu s’est fait l’un de nous dans le sein de Marie. Et il nous est rappelĂ© aujourd’hui, Ă  nous qui avons ouvert la Porte Sainte pour commencer le JubilĂ©, que

« Marie est la porte par laquelle le Christ est entrĂ© dans ce monde » (Saint Ambroise, ÉpĂźtre 42, 4 : PL, VII).

L’apĂŽtre Paul rĂ©sume ce mystĂšre en affirmant que « Dieu a envoyĂ© son Fils, nĂ© d’une femme » (Ga 4, 4). Ces mots – “nĂ© d’une femme” – rĂ©sonnent dans nos cƓurs aujourd’hui et nous rappellent que JĂ©sus, notre Sauveur, s’est fait chair et s’est rĂ©vĂ©lĂ© dans la fragilitĂ© de la chair.

 

NĂ© d’une femme. Cette expression nous renvoie tout d’abord Ă  NoĂ«l : le Verbe s’est fait chair. L’apĂŽtre Paul en prĂ©cisant qu’Il est nĂ© d’une femme, Ă©prouve presque le besoin de nous rappeler que Dieu s’est vraiment fait homme dans des entrailles humaines. Une tentation fascine un grand nombre aujourd’hui, qui pourrait sĂ©duire Ă©galement nombre de chrĂ©tiens : imaginer ou se fabriquer un Dieu “abstrait” liĂ© Ă  une vague idĂ©e religieuse, Ă  un bon sentiment passager. Au contraire, Il est concret, Il est humain. Il est nĂ© d’une femme. Il a un visage et un nom, et Il nous invite Ă  entretenir une relation avec Lui. Le Christ JĂ©sus, notre Sauveur, est nĂ© d’une femme ; Il est fait de chair et de sang ; Il vient du sein du PĂšre, mais Il s’incarne dans le sein de la Vierge Marie ; Il vient du haut des cieux mais Il habite dans les profondeurs de la terre ; Il est le Fils de Dieu, mais Il se fait Fils de l’homme. Image du Dieu Tout-Puissant, Il vient dans la faiblesse et, bien qu’Il soit sans tache, « Dieu, pour nous, l’identifiera au pĂ©chĂ© » (2 Co 5, 21). Il est nĂ© d’une femme et Il est l’un de nous. C’est pour cette raison qu’Il peut nous sauver.

 

NĂ© d’une femme. Cette expression nous parle aussi de l’humanitĂ© du Christ qui se rĂ©vĂšle dans la fragilitĂ© de la chair. S’Il est descendu dans le sein d’une femme, pour naĂźtre comme toutes les crĂ©atures, Il se montre dans la fragilitĂ© d’un Enfant. C’est pourquoi les bergers, voyant de leurs propres yeux ce que l’Ange leur avait annoncĂ©, ne trouvent pas de signes extraordinaires ni de manifestations grandioses, mais « ils dĂ©couvrent Marie et Joseph, avec le nouveau-nĂ© couchĂ© dans la mangeoire » (Lc 2, 16). Ils trouvent un nouveau-nĂ© sans dĂ©fense, fragile, qui a besoin des soins de sa mĂšre, besoin de langes et de lait, de caresses et d’amour. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort dit que la Sagesse divine

 

« n’a pas voulu, quoi qu’elle put le faire, se donner directement aux hommes mais par la TrĂšs Sainte Vierge Marie. Elle n’a pas voulu venir au monde Ă  l’ñge d’un homme parfait, indĂ©pendant d’autrui, mais comme un pauvre et petit enfant, dĂ©pendant des soins et de l’entretien de sa sainte MĂšre» (TraitĂ© de la vraie dĂ©votion Ă  la Sainte Vierge, n. 139).

 

Et ainsi, nous pouvons voir dans toute la vie de JĂ©sus ce choix de Dieu, le choix de la petitesse et de la discrĂ©tion. Il ne cĂ©dera jamais Ă  l’attrait du pouvoir divin pour accomplir de grands signes et s’imposer aux autres comme le diable le Lui avait suggĂ©rĂ©, mais Il rĂ©vĂ©lera l’amour de Dieu dans la beautĂ© de son humanitĂ©, en demeurant parmi nous, en partageant notre vie ordinaire faite de peines et de rĂȘves, en montrant de la compassion pour les souffrances du corps et de l’esprit, en ouvrant les yeux des aveugles et en rĂ©confortant les cƓurs Ă©garĂ©s. La compassion. Les trois attitudes de Dieu sont la misĂ©ricorde, la proximitĂ© et la compassion. Dieu se fait proche, misĂ©ricordieux et compatissant. Ne l’oublions pas. JĂ©sus nous montre Dieu Ă  travers son humanitĂ© fragile, en prenant soin des plus fragiles.

 

FrĂšres et sƓurs, il est bon de penser que Marie, la jeune fille de Nazareth, nous ramĂšne toujours au MystĂšre de son Fils, JĂ©sus. Elle nous rappelle que JĂ©sus vient dans la chair et que le lieu privilĂ©giĂ© oĂč nous pouvons le rencontrer c’est d’abord notre vie, notre humanitĂ© fragile, celle de ceux qui nous cĂŽtoient chaque jour. Et en l’invoquant comme MĂšre de Dieu nous affirmons que le Christ a Ă©tĂ© engendrĂ© par le PĂšre, mais qu’Il est vraiment nĂ© du sein d’une femme. Nous affirmons qu’Il est le Seigneur du temps, mais qu’Il habite notre temps, notamment cette nouvelle annĂ©e, de sa prĂ©sence aimante. Nous affirmons qu’Il est le Sauveur du monde, mais nous pouvons le rencontrer et devons le chercher dans le visage de tout ĂȘtre humain. Et si Lui, qui est le Fils, s’est fait petit pour ĂȘtre pris dans les bras d’une maman, pour ĂȘtre soignĂ© et allaitĂ©, cela signifie qu’aujourd’hui encore, Il vient en tous ceux qui ont besoin des mĂȘmes soins : en chaque sƓur et frĂšre que nous rencontrons ayant besoin d’attention, d’écoute, de tendresse.

 

Cette nouvelle annĂ©e qui s’ouvre, confions-la Ă  Marie, MĂšre de Dieu, pour que nous apprenions, comme Elle, Ă  dĂ©couvrir la grandeur de Dieu dans la petitesse de la vie ; pour que nous apprenions Ă  prendre soin de toute crĂ©ature nĂ©e d’une femme, avant tout en gardant, comme le fit Marie, le don prĂ©cieux de la vie : la vie dans le sein maternel, la vie des enfants, la vie de ceux qui souffrent, la vie des pauvres, la vie des personnes ĂągĂ©es, des personnes seules, des mourants. Et aujourd’hui, JournĂ©e Mondiale de la Paix, nous sommes tous invitĂ©s Ă  accueillir cette invitation qui jaillit du cƓur maternel de Marie : prĂ©server la vie, prendre soin de la vie blessĂ©e – il y a tant de vies blessĂ©e –, rendre sa dignitĂ© Ă  la vie de toute personne “nĂ©e d’une femme”. Voici la base fondamentale pour construire une civilisation de la paix. C’est pourquoi

 

« je demande un engagement ferme Ă  promouvoir le respect de la dignitĂ© de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espĂ©rance » (Message pour la 58Ăšme JournĂ©e Mondiale de la Paix, 1er janvier 2025).

 

Marie, MĂšre de Dieu et notre MĂšre, nous attend lĂ , dans la crĂšche. Elle nous montre, comme aux bergers, le Dieu qui nous surprend toujours, qui ne vient pas dans la splendeur des cieux, mais dans la petitesse d’une mangeoire. Confions-lui cette nouvelle annĂ©e jubilaire, confions-lui nos demandes, nos prĂ©occupations, nos souffrances, nos joies et tout ce que nous portons dans nos cƓurs. Elle est maman, elle est mĂšre ! Confions-lui le monde entier, pour que l’espĂ©rance renaisse, pour que la paix germe enfin pour tous les peuples de la terre.

 

L’histoire nous raconte qu’à ÉphĂšse, lorsque les Ă©vĂȘques sont entrĂ©s dans l’église, le peuple fidĂšle, avec des bĂątons Ă  la main, a criĂ© :

 

« MĂšre de Dieu ! Les bĂątons Ă©taient certainement une promesse de ce qui arriverait s’ils ne dĂ©claraient pas le dogme de la « MĂšre de Dieu ». Aujourd’hui, nous n’avons pas de bĂątons, mais nous avons des cƓurs et des voix d’enfants. C’est pourquoi, tous ensemble, acclamons la Sainte MĂšre de Dieu. Tous ensemble, Ă  haute voix : « Sainte MĂšre de Dieu ! », trois fois. Ensemble : « Sainte MĂšre de Dieu ! Sainte MĂšre de Dieu ! Sainte MĂšre de Dieu ! »

 

 

Guadalupe, MĂšre de l’humanitĂ©

30/11/2024

Guadalupe, MĂšre de l’humanitĂ©

La Tilma, des découvertes prodigieuses !

 

Que s’est-il passĂ© au juste ? Le tissu appartenant Ă  Juan Diego dans lequel se trouvaient des fleurs et sur lequel le visage de la Sainte Vierge s’est imprimĂ©, renferme des trĂ©sors de dĂ©couvertes que la technologie moderne rĂ©vĂšle et continuera de rĂ©vĂ©ler aux hommes de notre Ă©poque. Un exemple : dans les yeux de la Vierge Marie, on a pu identifier le visage des personnes prĂ©sentes le jour oĂč Juan Diego est venu voir l’évĂȘque des lieux en apportant la preuve de la vĂ©racitĂ© de son message : des roses de Castille et surtout l’image qui s’est formĂ©e sur sa tilma
 Cette dĂ©couverte prodigieuse est loin d’ĂȘtre la seule !

 

Des témoignages bouleversants

 

Le film bientĂŽt diffusĂ© dans les salles revient sur l’histoire des apparitions. Il rassemble de nombreux tĂ©moignages de personnes converties aprĂšs s’ĂȘtre rendues en pĂšlerinage Ă  Mexico, sur le lieu des apparitions. Les apparitions de Notre Dame de Guadalupe ont bouleversĂ© le visage du Mexique, pays devenu profondĂ©ment chrĂ©tien. On sait que 9 millions d’indiens se sont convertis en seulement 10 ans.

 

David Caron Olivares, spécialiste des apparitions du Mexique, est interviewé par Jeanne Smits et Armel Joubert des Ouches (vidéo 52') :

 

 

Source : article de Michel Janva
Photo d'illustration : Juan Carlos Fonseca Mata, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Boualem Sansal : un retour de la piraterie algéroise ?

30/11/2024

Boualem Sansal : un retour de la piraterie algéroise ?

Au-delĂ  des complaisances et de la mise en dhimitude volontaire du « pays lĂ©gal » français, l’enlĂšvement de Boualem Sansal fait immĂ©diatement penser Ă  ce que fut la piraterie algĂ©roise qui porta sur des dizaines de milliers d’EuropĂ©ens. Des malheureux qui, pour la plupart, finirent leurs jours sous les chaines avant d’ĂȘtre enterrĂ©s dans la banlieue d’Alger dans ce qui, avant la conquĂȘte française de 1830, Ă©tait dĂ©signĂ© comme le « cimetiĂšre des chrĂ©tiens ».

 

C’est en effet par dizaines de milliers que des hommes, des femmes et des enfants europĂ©ens furent pris en mer ou enlevĂ©s Ă  terre par les pirates d’Alger. De 1689 Ă  1697, Marseille perdit ainsi 260 navires ou barques de pĂȘche et plusieurs milliers de marins et de passagers, tous ayant Ă©tĂ© rĂ©duits en esclavage. En 1718, la comtesse du Bourk qui avait embarquĂ© Ă  SĂšte pour rejoindre  son mari ambassadeur en Espagne, fut ainsi capturĂ©e en mer avec ses enfants, dont la petite Marie-Anne ĂągĂ©e de 9 ans.

 

Dans une intĂ©ressante mise au point publiĂ©e en 2004 et consacrĂ©e aux captifs britanniques intitulĂ©e Face Ă  la violence des Etats barbaresques, quelques voix d’esclaves britanniques  (en ligne), JoĂ«lle Harel explique comment les pirates algĂ©rois avaient imposĂ© une sorte d’octroi-tribut aux nations chrĂ©tiennes, ce qui produisait une source de revenus quasiment illimitĂ©e Ă  la RĂ©gence d’Alger. Le Danemark consacrait ainsi 15% de ses revenus commerciaux en mĂ©diterranĂ©e au tribut versĂ© Ă  Alger afin de garantir la sĂ©curitĂ© de ses navires. L’auteur montre Ă©galement que les Etats d’Europe payĂšrent cet octroi-tribut essentiellement sous forme de munitions et d’armements. Ainsi, et pendant plusieurs siĂšcles, l’Europe fournit-elle paradoxalement les meilleures armes et les experts militaires nĂ©cessaires Ă  leur utilisation, Ă  ses pires ennemis (Harel, 2004 :4-5).

 

Dans son cĂ©lĂšbre livre paru en 2003 et intitulĂ© L’Islam et la mer, la mosquĂ©e et le matelot (VII°-XX° siĂšcle), Xavier de Planhol a quant Ă  lui dĂ©taillĂ© ce type de fourniture : 
« En 1680, la Hollande fournissait Ă  Alger 8 piĂšces canons, 50 livres de balles avec les accessoires, 40 mĂąts,500 barils de poudre, 5000 boulets et un vaisseau de cĂąbles et d’agrĂšs et s’engageait Ă  faire de mĂȘme tous les ans. En 1711, elle donnait 8 canons de bronze, 16 de fer, 24 affĂ»ts et 7000 boulets, 600 barils de poudre ; 800 fusiils,400 lames d’épĂ©e, 25 mĂąts et 8 gros cĂąbles. En 1731 la SuĂšde envoyait 800 barils de poudre,8 gros cĂąbles, 50 mĂąts, 800 fusils,800 sabres,40 piĂšces de canons et 6000 boulets (Planhol, 2003 :174).

 

Cet octroi-tribut ne garantissait cependant pas la sĂ©curitĂ© des navires britanniques puisque, en 1616, Alger dĂ©tenait 450 vaisseaux de commerce anglais, et, au cours de la seule annĂ©e 1625, mille marins et pĂȘcheurs de Plymouth furent capturĂ©s, certains Ă  moins de 30 miles des cĂŽtes (Harel, 2004 :8). Selon Fernand Braudel (1993) La MĂ©diterranĂ©e et le monde mĂ©diterranĂ©en Ă  l’époque de Philippe II, entre 1600 et 1640 environ 800 navires de commerce britanniques furent arraisonnĂ©s en MĂ©diterranĂ©e et 12 000 marins ou passagers capturĂ©s. Entre 1660 et 1730, environ 20 000 britanniques furent dĂ©tenus en esclavage, essentiellement Ă  Alger.

 

En 1682, afin de tenter de mettre un terme Ă  cette vĂ©ritable saignĂ©e, l’Angleterre conclut un traitĂ© de paix bien inĂ©gal avec Alger car, en Ă©change de promesses qui ne furent guĂšre tenues, elle lui livra un Ă©norme matĂ©riel de guerre tout en lui abandonnant 350 bĂątiments de commerce capturĂ©s, ainsi que leurs Ă©quipages devenus esclaves et qui ne furent semble-t-il pas libĂ©rĂ©s. Quant Ă  l’affront fait au consul anglais qui avait Ă©tĂ© attelĂ© Ă  une charrue, il fut diplomatiquement « oubliĂ© » (Harel, 2004 :12).


Ces raids se poursuivirent jusqu’au dĂ©but du XIX° siĂšcle. Ainsi, Ciro, petit port de Calabre fut-il attaquĂ© et razziĂ© Ă  trois reprises en 1803 et deux en 1804.

 

GrĂące aux rapports des pĂšres des Ordres religieux dits de « rĂ©demption des captifs », qu’il s’agisse de l’Ordre des Trinitaires fondĂ© par Jean de Matha et FĂ©lix de Valois, ou des PĂšres de la Merci, les MercĂ©daires, un ordre religieux fondĂ© par Pierre Nolasque, nous connaissons les noms de milliers d’esclaves rachetĂ©s, ainsi que leurs villes ou villages d’origine, cependant que, faute de moyens, des dizaines de milliers d’autres ne le furent pas et moururent dans les chaĂźnes.

 

En 1643, le PĂšre Lucien HĂ©raut, prĂȘtre de l’Ordre de la TrinitĂ© et RĂ©demption des Captifs, rentra en France avec 50 malheureux Français qu’il venait de racheter aux esclavagistes algĂ©rois. Faute de moyens, la mort dans l’ñme, il avait laissĂ© derriĂšre lui plusieurs milliers d’autres Français, sans compter les milliers d’esclaves appartenant aux autres nations europĂ©ennes.

 

Dans une lettre d’une grande puissance de tĂ©moignage adressĂ©e Ă  Anne d’Autriche, Reine-RĂ©gente du royaume de France, le pĂšre HĂ©raut se fit l’interprĂšte des captifs, s’adressant Ă  la reine en leur nom, afin de lui demander une aide financiĂšre pour les racheter. Une lettre qui devrait clore les prĂ©tentions et les exigences d’excuses des descendants des esclavagistes algĂ©rois :

« Larmes et clameurs des Chrestiens françois de nation, captifs en la ville d’Alger en Barbarie, adressĂ©es Ă  la reine rĂ©gente, par le R. P. Lucien Heraut, Religieux de l’Ordre de la TrinitĂ© et RĂ©demption des Captifs, 1643.
« (
) ainsi qu’il arrive ordinairement aux vassaux de vostre MajestĂ©, qui croupissent miserablement dans l’horrible esclavage (
) cette mesme necessitĂ© addresse aux pieds de sa clemence et Royalle bontĂ©, les larmes et soupirs de plus de deux milles François de nation Esclaves en la seule ville d’Alger en Barbarie, Ă  l’endroit desquels s’exerce les plus grandes cruautĂ©s que l’esprit humain puisse excogiter, et les seuls esprits infernaux inventer.
Ce n’est pas, Madame, une simple exaggeration (
) de ceux, qui par malheur sont tombĂ©s dans les griffes de ces Monstres , et qui ont ressenty, comme nous, leur infernalle cruautĂ©, pendant le long sejour d’une dure captivitĂ©, les rigueurs de laquelle nous experimentons de jour en jour par des nouveaux tourments: la faim, le soif, le froid, le fer, et les gibets (
) mais il est certain que les Turcs et Barbares encherissent aujourd’hui par-dessus tout cela, inventans journellement de nouveaux tourments, contre ceux qu’ils veulent miserablement prostituer, notamment Ă  l’endroit de la jeunesse, captive de l’un et l’autre sexe, afin de la corrompre Ă  porter Ă  des pechĂ©s si horribles et infames, qu’ils n’ont point de nom, et qui ne se commettent que parmys ces monstres et furies infernales et ceux qui resistent Ă  leurs brutales passions, sont Ă©corchez et dechirez Ă  coup de bastons, les pendants tous nuds Ă  un plancher par les pieds, leur arrachant les ongles des doigts, brullant la plante des pieds avec des flambeaux ardents, en sorte que bien souvent ils meurent en ce tourment.(
)
Les empalements sont ordinaires, et le crucifiment se pratique  parmy ces maudits barbares, en cette sorte ils attachent le pauvre patient sur une maniĂšre d’echelle, et lui clouent les deux pieds, et les deux mains Ă  icelle, puis aprĂšs ils dressent ladite Eschelle contre une muraille en quelque place publique, oĂč aux portes et entrĂ©es des villes (
)  et demeurent aussi quelque fois trois ou quatre jours Ă  languir sans qu’il soit permis Ă  aucun de leur donner soulagement.


D’autres sont Ă©corchez tous vifs, et quantitez de bruslez Ă  petit feu Ă  la moindre accusation et sans autre forme de procez, sont trainez Ă  ce rigoureux supplice, et lĂ  attachez tout nuds avec une chaine Ă  un poteau, et un feu lent tout autour rangĂ© en rond, de vingt-cinq pieds ou environ de diametre, afin de faire rostir Ă  loisir, et cependant leur servir de passe-temps, d’autres sont accrochez aux tours ou portes des villes, Ă  des pointes de fer, oĂč bien souvent ils languissent fort long temps ».

 

Pour en savoir plus, on se reportera Ă  deux de mes livres :
- Esclavage, l’histoire à l’endroit
- AlgĂ©rie, l’histoire Ă  l’endroit

On me le reproche mais j’affirme que Macron est possĂ©dĂ© !

29/11/2024

On me le reproche mais j’affirme que Macron est possĂ©dĂ© !

L’ancienne ministre considĂšre que l’Homme est en pĂ©ril et que l’on veut faire de lui un esclave. Pour conjurer cette sombre analyse, elle dĂ©taille huit grands chantiers stratĂ©giques et indique, Ă  l’aide de trĂšs nombreux exemples, les leviers qu’elle a pu expĂ©rimenter pour une action politique vraiment fĂ©conde : "il s’agit de mettre son casque et commencer Ă  rebĂątir". A ceux qui verraient dans ces mĂ©moires Ă©tonnantes et d’actualitĂ©, un testament
 Christine Boutin apporte un dĂ©menti cinglant en continuant de porter le fer et la polĂ©mique. Ainsi, malgrĂ© les reproches, la femme politique s’en prend directement au prĂ©sident Macron : "J’affirme que Macron est possĂ©dĂ©. Je dis cela avec mes mots, mais Macron a pactisĂ© avec des puissances qui ne sont pas celles de la vie et du respect de la vie !".

 

 

 

 

Le message de la Vierge Ă  Kibeho concerne toute l’humanitĂ©

28/11/2024

Le message de la Vierge Ă  Kibeho concerne toute l’humanitĂ©

« La Vierge m’a appris Ă  prier la couronne du Rosaire des 7 douleurs parce qu’elle disait que se prĂ©parait une tragĂ©die pour le Rwanda. La Madone nous a demandĂ© de changer notre style de vie, d’aimer les sacrements, de faire pĂ©nitence, de prier sans cesse en rĂ©citant le Rosaire des 7 douleurs pour la conversion du cƓur de ceux qui se sont Ă©loignĂ©s de Dieu, et d’ĂȘtre humbles en demandant pardon et en pardonnant. »

 

Mgr Augustin Misago, EvĂȘque de Gikongoro (sur ouest du Rwanda), commente :

« Le pardon est un Ă©lĂ©ment central du message Ă©vangĂ©lique
 Sans le pardonen effet on ne peut construire une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur l’Évangile. Sans le pardon il ne peut y avoir de sociĂ©tĂ© saine mais seulement une sociĂ©tĂ© dĂ©chirĂ©e ».

 

Mgr Misago rappelle la stupeur et l’inquiĂ©tude gĂ©nĂ©rĂ©es par le rĂ©cit des voyantes :

« Aujourd’hui nous pouvons dire qu’il y a eu une prĂ©diction du drame rwandais, mais je me souviens que le 15 aoĂ»t 1982, Ă  la fĂȘte de l’Assomption, les voyantes au lieu de voir la Vierge pleine de joie, ont Ă©tĂ© tĂ©moins de terribles visions, effrayantes, de cadavres d’oĂč jaillissaient d’abondants flots de sang, laissĂ©s sans sĂ©pultures sur les collines. Personne ne savait ce que signifiaient ces terribles images. Maintenant on peut relire les Ă©vĂ©nements et penser qu’elles pouvaient ĂȘtre une vision de ce qui est arrivĂ© au Rwanda mais aussi dans la rĂ©gion des Grands Lacs oĂč le sang coule, au Burundi, en Ouganda, et dans la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo ».

 

L'Ă©vĂȘque de Gikongoro ajoute que le message de la Vierge Ă  Kibeho concerne toute l’humanitĂ©. « Il faut une conversion des cƓurs pour obtenir une plus grande justice. Nous vivons dans une situation de dĂ©sĂ©quilibre mondial oĂč les riches continuent Ă  s’enrichir et les pauvres Ă  s’appauvrir. C’est une situation honteuse que chacun devra Ă©valuer selon sa conscience ».

 

Encyclopédie Mariale

Les banlieues françaises sont remplies d'armes de guerre

27/11/2024

Les banlieues françaises sont remplies d'armes de guerre

Les armes lourdes illégales en France proviennent principalement d'Afrique, des Balkans et d'Ukraine.


Les trafiquants de drogue n'ont pas utilisé leurs armes pendant les émeutes de 2023 car la priorité reste le commerce de la drogue et une guerre ne leur serait pas favorable. De plus, ils régulent l'usage des armes pour maintenir un certain contrÎle.


Le prix d'une Kalachnikov sur le marché noir en France varie entre 400 et 3000 euros, en fonction de la provenance et de la qualité de l'arme.


Un garçon de 8 ans a récemment commandé une Kalachnikov sur le darknet depuis le domicile de ses parents aux Pays-Bas, ce qui illustre la facilité d'accÚs aux armes de guerre en France.


Les armes illégales sont acheminées en France par différentes voies : les armes anciennes proviennent souvent de cambriolages, tandis que les armes lourdes arrivent des Balkans, du Sahel et d'Ukraine. Des piÚces détachées sont également livrées par colis, dissimulées dans des objets du quotidien.


Marseille et la Seine-Saint-Denis sont deux exemples de villes françaises oĂč la prĂ©sence d'armes illĂ©gales est particuliĂšrement prĂ©occupante.


Les délinquants sont souvent mieux armés que les forces de l'ordre, avec des Kalachnikov et des Zastava M 70, alors que les policiers sont principalement équipés de pistolets.


Selon la préfecture de Police de Paris, la majorité des émeutiers lors des derniÚres émeutes étaient des jeunes de moins de 25 ans, de nationalité française mais souvent issus de l'immigration (2e ou 3e génération), principalement du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne.


L'état-major français aurait élaboré un plan appelé "opération ronces", inspiré de l'expérience de l'armée israélienne à Gaza, pour se préparer à une éventuelle insurrection armée sur le territoire national.


Selon Michel Aubouin (*), la République française s'effondrerait en cas d'insurrection car les forces de l'ordre ne seraient pas suffisantes pour faire face à un grand nombre d'individus déterminés.

 

 

 

(*) Michel Aubouin est Énarque, haut-fonctionnaire et ancien prĂ©fet, il est aussi l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dont 40 ans dans les citĂ©s et Histoire de la police.

La médaille miraculeuse et ses premiers prodiges

27/11/2024

La médaille miraculeuse et ses premiers prodiges

Ce passionnant article d'Aleteia Ă©crit par Anne Bernet explore l'histoire de la mĂ©daille miraculeuse, apparue suite aux apparitions mariales Ă  sƓur Catherine LabourĂ© en 1830. Son succĂšs fulgurant, notamment lors de l'Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra de 1832, est attribuĂ© Ă  de nombreux prodiges et guĂ©risons. L'article souligne le contexte politique et religieux de l'Ă©poque, ainsi que le rĂŽle de l'archevĂȘque de Paris dans la diffusion de la mĂ©daille. Il insiste sur le caractĂšre religieux de la mĂ©daille, la distinguant d'un simple porte-bonheur, et met l'accent sur sa fonction de protection spirituelle. Finalement, l'article cĂ©lĂšbre la mĂ©daille comme un don divin, dont la popularitĂ© ne s'est jamais dĂ©mentie.

Musique et liturgie : que devons-nous Ă  nos jeunes?

26/11/2024

Musique et liturgie : que devons-nous Ă  nos jeunes?

 Il me semble assez Ă©vident que la liturgie ne peut et ne doit pas ĂȘtre absorbĂ©e par les deux autres Ă©lĂ©ments, et qu’elle doit nĂ©cessairement les former et les informer. L’erreur, trĂšs grave, a Ă©tĂ© commise lorsque l’on a pensĂ© que l’importation brutale du binĂŽme jeunes-musique dans la liturgie amĂ©liorerait la relation entre les jeunes et la liturgie, mais cela n’a manifestement pas Ă©tĂ© le cas, au point qu’aujourd’hui, aprĂšs des dĂ©cennies de soi-disant « chants de jeunes », la catĂ©gorie dĂ©mographique la plus absente de nos Ă©glises est prĂ©cisĂ©ment celle des jeunes. Pourtant, certains nostalgiques pensent que continuer sur cette voie pourrait ĂȘtre une solution au problĂšme ; en rĂ©alitĂ©, cela ne peut pas ĂȘtre la solution, c’est plutĂŽt le problĂšme. Un chant avec un texte liturgique et une musique pop ne devient pas liturgique, il reste de la musique pop. Et c’est un fait, malgrĂ© ce que pensait Karl Rahner.


Dans un article de 1982 intitulé Theology and the Arts (Rahner, Karl (1982). Theology and the Arts. Thought: Fordham University Quarterly 57 (1) : 17-29), Rahner fait cette observation :


« En effet, comme nous l’avons dit, si les arts jouent un rĂŽle dans cette mĂ©diation, que voulons-nous dire lorsque nous parlons de “voir” ou â€œĂ©couter” Dieu dans une Ɠuvre d’art ? 
 Si ce ne sont pas seulement les oreilles qui entendent, mais toute la personne, alors quelque chose est religieux ou non selon le type de personne qu’est l’auditeur et la situation concrĂšte totale dans laquelle il Ă©coute. Le fait qu’une mĂ©lodie soit religieuse ou non dĂ©pend simplement de la maniĂšre dont on base son jugement sur la mĂ©lodie prise uniquement dans un contexte purement acoustique, ou si on la place dans un contexte humain total. Dans ce cas, le phĂ©nomĂšne acoustique devient quelque chose de diffĂ©rent, non en soi, mais en relation avec la situation. Cependant, la relation entre le domaine artistique et le domaine religieux n’est pas facile Ă  dĂ©finir. Dieu est, en effet, prĂ©sent partout avec Sa grĂące, comme nous voulons l’affirmer en thĂ©ologie, mais cela ne signifie pas que chaque rĂ©alitĂ© ait le mĂȘme rapport avec moi ou avec Dieu. Dieu n’est pas prĂ©sent dans un changement chimique dans mon estomac de la mĂȘme maniĂšre qu’Il l’est lorsque j’agis avec confiance, amour ou responsabilitĂ© envers mon prochain. Par consĂ©quent, la question du possible sens religieux de l’art non religieux est une question difficile Ă  rĂ©soudre
 »


Il est vrai que la musique prend du sens dans un contexte, mais il est Ă©galement vrai que certains types de musique ont des caractĂ©ristiques prĂ©contextuelles. Si, pendant un rave, je fais Ă©couter un chant grĂ©gorien, ce n’est pas le contexte qui le fera devenir de la musique techno.


La bonne question Ă  se poser toujours et en tout temps n’est donc pas “quelle musique convient aux jeunes”, mais : “quelle musique convient Ă  la liturgie Ă  laquelle les jeunes participent Ă©galement ?” L’enjeu est de former les jeunes Ă  la beautĂ© de la liturgie, non de la dĂ©grader avec des chants indignes en pensant les satisfaire, car cet effort est profondĂ©ment contre-Ă©ducatif.


Je peux tĂ©moigner que les jeunes, s’ils sont Ă©duquĂ©s, savent apprĂ©cier la vĂ©ritable musique sacrĂ©e et y voient une oasis spirituelle dans leur parcours souvent frĂ©nĂ©tique. Mais pour que cela se produise, il est nĂ©cessaire que les jeunes soient Ă©duquĂ©s au sein de leur communautĂ© paroissiale par des personnes bien formĂ©es, qui savent comment leur inculquer l’apprĂ©ciation de la vĂ©ritable beautĂ©. L’image que certains “animateurs pastoraux” ont des jeunes est trĂšs dĂ©gradante, celle de personnes qui aiment faire du bruit et se mouvoir au rythme de certaines musiques frĂ©nĂ©tiques. Certes, la culture consumĂ©riste les pousse Ă  faire cela, mais voulons-nous vraiment nourrir cette culture par la musique qui l’accompagne ?


Nous avons un devoir envers les jeunes : les aider Ă  entrer dans la vĂ©ritable beautĂ© de la liturgie, une beautĂ© qui a besoin de l’art vĂ©ritable pour se manifester. Cela ne signifie nullement ĂȘtre â€œĂ©litiste”, bien au contraire, cela signifie rendre les richesses de l’Église accessibles Ă  tous. Les jeunes peuvent apprĂ©cier une belle peinture, une belle composition musicale, un texte poĂ©tique ; ils doivent ĂȘtre guidĂ©s et Ă©duquĂ©s, non divertis avec des pseudo-musiques qui n’offrent aucun enrichissement spirituel.

 

Nous devons avoir une opinion plus Ă©levĂ©e de la jeunesse et faire un effort pour les extraire d’une culture qui, en son cƓur, est anti-chrĂ©tienne. La musique peut servir cette culture de mort et de destruction ou devenir la servante de la culture de la vie.

Ces maux qui accablent l’Eglise de France

25/11/2024

Ces maux qui accablent l’Eglise de France

 Ancien Ă©lĂšve de l’Ecole navale, Jean-Pierre Maugendre est le directeur gĂ©nĂ©ral de la trĂšs active association Renaissance Catholique qui organise sa traditionnelle fĂȘte du livre, le 1er dĂ©cembre Ă  Port-Marly (78). Pour les tĂ©lĂ©spectateurs de TVL, il est surtout l’animateur, avec Guillaume de Thieulloy, de l’émission dominicale "Terres de Mission".Dans un trĂšs bel ouvrage intitulĂ© : "Quand la mer se retire", Jean-Pierre Maugendre propose au lecteur toutes les tribunes qu’il a consacrĂ© Ă  l’actualitĂ© politique et religieuse de 2005 Ă  2024, soit la relecture des presque vingt annĂ©es passĂ©es sous les pontificats des papes Benoit XVI et François.

 

Pour l’auteur, le catholicisme contemporain est confrontĂ© Ă  un double dĂ©fi. D’une part, l’Eglise s’interroge sur son identitĂ© et sa mission. 

 

Des croyances et des pratiques bimillĂ©naires sont remises en cause. La pratique religieuse est en chute libre parallĂšlement Ă  l’effondrement des vocations. D’autre part, l’Eglise, en particulier en Occident, doit faire face Ă  une sĂ©cularisation massive, les lĂ©gislations et la vie quotidienne s’éloignant chaque jour plus de l’enseignement Ă©vangĂ©lique et du simple respect de la loi naturelle.Face Ă  ce constat, Jean-Pierre Maugendre propose des pistes de rĂ©sistance et des axes de renouveau.

 

Dans la prĂ©face du livre, Michel De Jaeghere fait le portrait en creux de l’animateur de "Terres de Mission" : "Il n’est pas dans le camp des pessimistes ou des optimistes. Il est dans le camp de ceux qui pensent ou placent leur EspĂ©rance dans un retour inĂ©luctable de la pratique religieuse en repoussant la triple tentation de la rĂ©signation, de l’aveuglement et du dĂ©sespoir".

 

 

 

25 novembre, Sainte Catherine d'Alexandrie

25/11/2024

25 novembre, Sainte Catherine d'Alexandrie

On n'a pas cessé de chercher les traces de la Catherine « historique ». En vain.

 

En 1969, l'Église catholique a officiellement radiĂ© Catherine de son Calendrier romain gĂ©nĂ©ral dans le cadre du concile Vatican II. Le nouveau Calendrier liturgique romain prĂ©sentĂ© Ă  la suite du motu proprio Mysterii paschalis publiĂ© le 14 fĂ©vrier 1969 par le pape Paul VI est formel : « sainte Catherine (25 novembre) » figure dans la rubrique « Saints qui prĂ©sentent de graves difficultĂ©s historiques » (Sancti qui graves historicas difficultates praebent)42 et, par consĂ©quent, a Ă©tĂ© radiĂ©e de la liste des saints dont le culte est autorisĂ© dans l'Église catholique.

 

En 2002, cette radiation est annulĂ©e par le pape Jean-Paul II. Il fait rĂ©tablir le nom de la sainte dans le calendrier romain gĂ©nĂ©ral Ă  la suite de son pĂšlerinage au monastĂšre Sainte-Catherine du Sinai44. Pour la mĂȘme raison que CĂ©cile : la patronne des musiciens avait Ă©tĂ© maintenue dans le calendrier « Ă  cause de la dĂ©votion populaire » (popularis devotionis causa).
La mĂ©moire liturgique de sainte Catherine est toujours cĂ©lĂ©brĂ©e dans l'Église catholique (en 2014) et dans l'orthodoxie, qui la fĂȘte depuis au moins le IXe siĂšcle.

Et puis, elle a parlé à Sainte Jeanne d'Arc, donc pas de discussion ! M'enfin !

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Voici le résumé du texte extrait de La Lédende Dorée de Jacques de Voragine (Sce Wikipedia).

 

Catherine naquit vers la fin du IIIe siĂšcle dans une famille « royale » d'Alexandrie, en Égypte. Elle acquiert rapidement des connaissances qui la placent au niveau des plus grands poĂštes et philosophes du moment : « Catherine, fille du roi Costus, fut instruite dans tous les arts libĂ©raux ». Un jour, elle voit une sĂ©ance d'apostasie de chrĂ©tiens organisĂ©e par l'empereur Maxence (nom que certains hagiographes du Moyen Âge latin ont voulu remplacer par Maximin) : elle s'adresse Ă  lui et « dispute longuement avec lui, en utilisant diverses dĂ©monstrations des syllogismes, l'allĂ©gorie, la mĂ©tonymie et en parlant de claire et mystique façon ». AprĂšs un deuxiĂšme entretien, oĂč Catherine tente de convaincre l'empereur de l'existence du dieu unique des chrĂ©tiens, celui-ci, « constatant qu'il ne pourrait trouver de parade Ă  la sagesse de Catherine », convoque une assemblĂ©e de cinquante doctes grammairiens et rhĂ©teurs, et leur promet d'« immenses rĂ©compenses s'ils triomphaient par leurs raisonnements de la vierge argumentatrice ». Les orateurs, amenĂ©s de diverses provinces, demandent pourquoi ils avaient Ă©tĂ© appelĂ©s de lieux aussi Ă©loignĂ©s.

 

« L'empereur leur dit : « Il y a auprÚs de nous une jeune fille incomparable de bon sens et de sagesse, qui réfute tous les savants et affirme que nos dieux sont des démons. Si vous arrivez à l'emporter sur elle, vous rentrerez chez vous avec de grands honneurs. » En entendant cela, l'un d'eux, indigné, répond d'une voix pleine de colÚre : « Belle décision pour un empereur ! Pour un différend avec une seule fille, il fait venir de pays lointains les savants de ce monde, alors qu'un seul de nos jeunes élÚves pourrait trÚs certainement la confondre ! »

 

La vierge, encouragĂ©e par un ange du Seigneur l'invitant Ă  rĂ©sister avec constance, s'adresse Ă  l'empereur devant les orateurs : « Par quelle dĂ©cision peux-tu placer une seule jeune fille devant cinquante orateurs Ă  qui, en outre, tu as promis salaire en cas de victoire, alors que tu m'obliges Ă  combattre sans espoir de rĂ©compense ? » Puis elle rĂ©ussit Ă  faire taire les orateurs par la pertinence de son argumentation et Ă  les convertir. L'empereur les fait aussitĂŽt brĂ»ler vifs au milieu de la citĂ©, puis, charmĂ© par sa jeunesse et son « incroyable beautĂ© », s'adresse ensuite Ă  Catherine et lui propose une place dans son palais, au second rang aprĂšs la reine. Elle rĂ©pond : « Cesse de tenir de tels propos ! [
] Je me suis donnĂ©e comme Ă©pouse au Christ [...] Rien ne pourra m'Ă©loigner de l’amour que j'ai pour Lui. » L'empereur la fait alors dĂ©vĂȘtir, frapper Ă  coups de « scorpions » (fouets armĂ©s de pointes de fer) et jeter dans une prison obscure sans nourriture pendant douze jours.

 

L'empereur doit s'absenter. La reine et Porphyre, gĂ©nĂ©ral des armĂ©es, qui est aussi son amant, se rendent dans la prison, oĂč ils voient des anges pansant les plaies de la vierge dans une lumiĂšre Ă©clatante. Ils sont convertis avec les soldats de leur suite. Pendant les douze jours, le Christ envoie une colombe blanche qui nourrit la prisonniĂšre « d'un aliment cĂ©leste ». À son retour, l'empereur constate qu'elle est toute florissante, lui propose une nouvelle fois d'ĂȘtre sa compagne, ce qu'elle refuse Ă  nouveau en rĂ©pondant : « Le Christ est mon Dieu, mon amour, mon berger et mon Ă©poux unique. »

 

Un préfet conseille alors un supplice féroce pour la vierge, afin que l'exemple de cette mort effraye les autres chrétiens : quatre roues entourées de scies de fer et de clous doivent lui déchirer et broyer le corps. Alors la vierge pria le Seigneur de détruire cette machine. « Et voilà qu'un ange du Seigneur frappa et brisa cette meule avec tant de force qu'il tua quatre mille païens. »

 

La reine, son amant, Porphyre, et un nombre important de soldats, ayant avouĂ© leur conversion, sont exĂ©cutĂ©s. L'empereur propose une derniĂšre fois Ă  Catherine de devenir son Ă©pouse, cette fois-ci impĂ©ratrice. Elle refuse et l'empereur la condamne Ă  ĂȘtre dĂ©capitĂ©e. Conduite au lieu d'exĂ©cution, elle prie Dieu et une voix se fait entendre « Viens, ma bien-aimĂ©e, ma belle ! VoilĂ  : la porte du ciel t'est ouverte ». Quand elle est dĂ©capitĂ©e, du lait jaillit de son cou en guise de sang.

 

Alors des anges prennent son corps, l'emportent jusqu'au mont Sinaï, à plus de vingt journées de voyage, et l'ensevelissent avec beaucoup d'honneurs. « De ses ossements s'écoule sans cesse de l'huile qui guérit les corps de tous les malades ».

 

Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale

23/11/2024

Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale

Des factions aux motivations cachĂ©es ont dĂ©tournĂ© le principe traditionnel de la synodalitĂ©, c’est-Ă -dire la collaboration entre les Ă©vĂȘques (collĂ©gialitĂ©) et entre tous les croyants et pasteurs de l’Église (sur la base du sacerdoce commun de tous ceux qui sont baptisĂ©s dans la foi), pour faire avancer leur programme progressiste. En effectuant un virage Ă  180 degrĂ©s, la doctrine, la liturgie et la moralitĂ© de l’Église catholique doivent ĂȘtre rendues compatibles avec une idĂ©ologie nĂ©o-gnostique Ă©veillĂ©e. 

 

Leurs tactiques sont remarquablement similaires Ă  celles des anciens gnostiques, dont IrĂ©nĂ©e de Lyon, Ă©levĂ© au rang de docteur de l’Église par le pape François, a Ă©crit : « Au moyen de leurs plausibilitĂ©s astucieusement construites, ils dĂ©tournent l’esprit des inexpĂ©rimentĂ©s et les prennent en otage. . . . Ces hommes falsifient les oracles de Dieu et se rĂ©vĂšlent de mauvais interprĂštes de la bonne parole de la rĂ©vĂ©lation. Au moyen de paroles spĂ©cieuses et plausibles, ils incitent astucieusement les simples d’esprit Ă  s’interroger [sur une comprĂ©hension plus contemporaine] » jusqu’à ce qu’ils soient incapables « de distinguer le mensonge de la vĂ©ritĂ© » ( Contre les hĂ©rĂ©sies , livre I, prĂ©face). La rĂ©vĂ©lation divine directe est utilisĂ©e comme arme pour rendre acceptable l’auto-relativisation de l’Église du Christ (« toutes les religions sont des chemins vers Dieu »). La communication directe entre le Saint-Esprit et les participants au Synode est invoquĂ©e pour justifier des concessions doctrinales arbitraires (« le mariage pour tous » ; des fonctionnaires laĂŻcs Ă  la tĂȘte du « pouvoir » ecclĂ©siastique ; l'ordination de femmes diacres comme trophĂ©e dans la lutte pour les droits des femmes) comme le rĂ©sultat d'une vision supĂ©rieure, qui peut surmonter toutes les objections de la doctrine catholique Ă©tablie.

 

Mais celui qui, en faisant appel Ă  l’inspiration personnelle et collective de l’Esprit Saint, cherche Ă  concilier l’enseignement de l’Église avec une idĂ©ologie hostile Ă  la rĂ©vĂ©lation et avec la tyrannie du relativisme, se rend coupable de diverses maniĂšres d’un « pĂ©chĂ© contre l’Esprit Saint » (Mt 12, 31 ; Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il ne s’agit lĂ , comme nous l’expliquerons ci-dessous sous sept aspects diffĂ©rents, que d’une « rĂ©sistance Ă  la vĂ©ritĂ© connue » lorsque « un homme rĂ©siste Ă  la vĂ©ritĂ© qu’il a reconnue, afin de pĂ©cher plus librement » (Thomas d’Aquin, Somme thĂ©ologique II-II, q. 14, a. 2).

 

1. Considérant le Saint-Esprit comme une personne divine

C'est un péché contre le Saint-Esprit que de ne pas le confesser comme la personne divine qui, en unité avec le PÚre et le Fils, est l'unique Dieu, mais de le confondre avec la divinité numineuse anonyme des études religieuses comparées, l'esprit populaire collectif des Romantiques, la volonté générale de Jean-Jacques Rousseau, le Weltgeist de Georg WF Hegel, ou la dialectique historique de Karl Marx, et enfin avec les utopies politiques, du communisme au transhumanisme athée.

 

2. Considérer Jésus-Christ comme la plénitude de la vérité et de la grùce

C’est un pĂ©chĂ© contre le Saint-Esprit que de rĂ©interprĂ©ter l’histoire du dogme chrĂ©tien comme une Ă©volution de la rĂ©vĂ©lation, reflĂ©tĂ©e par des niveaux de conscience avancĂ©s dans l’Église collective, au lieu de confesser la plĂ©nitude insurpassable de la grĂące et de la vĂ©ritĂ© en JĂ©sus-Christ, le Verbe de Dieu fait chair (Jean 1:14-18).

 

IrĂ©nĂ©e de Lyon, le Doctor Unitatis , a Ă©tabli une fois pour toutes, contre les gnostiques de tous les temps, les critĂšres de l'hermĂ©neutique catholique (c'est-Ă -dire de l'Ă©pistĂ©mologie thĂ©ologique) : 1) l'Écriture Sainte ; 2) la tradition apostolique ; 3) l'autoritĂ© doctrinale des Ă©vĂȘques en vertu de la succession apostolique.

 

Selon l’analogie de l’ĂȘtre et de la foi, les vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es de la foi ne peuvent jamais contredire la raison naturelle, mais peuvent (et le font) entrer en conflit avec son utilisation idĂ©ologique abusive. Il n’existe a priori aucune nouvelle connaissance scientifique (qui est toujours faillible en principe) qui puisse remplacer les vĂ©ritĂ©s de la rĂ©vĂ©lation surnaturelle et de la loi morale naturelle (qui sont toujours infaillibles dans leur nature profonde). Le pape ne peut donc ni rĂ©aliser ni dĂ©cevoir les espoirs de changement dans les doctrines rĂ©vĂ©lĂ©es de la foi, car « cette fonction d’enseignement n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais la sert, en enseignant seulement ce qui a Ă©tĂ© transmis » ( Dei Verbum , 10).

 

Le seul et Ă©ternel paradigme de notre relation avec Dieu demeure toujours le Verbe fait chair, plein de grĂące et de vĂ©ritĂ© (Jean 1, 14-18). En opposition Ă  l’illusion de supĂ©rioritĂ© intellectuelle des anciens et nouveaux gnostiques avec leur croyance en l’auto-crĂ©ation et l’auto-rĂ©demption de l’homme, l’Église maintient que la personne de JĂ©sus-Christ est la pleine vĂ©ritĂ© de Dieu dans une « nouveautĂ© » insurmontable pour tous les hommes (IrĂ©nĂ©e de Lyon, Contre les hĂ©rĂ©sies , Livre IV, 34, 1). Car : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait Ă©tĂ© donnĂ© parmi les mortels, par lequel nous devions ĂȘtre sauvĂ©s » (Actes 4, 12).

 

3. Concernant l’unitĂ© de l’Église en Christ

C'est un pĂ©chĂ© contre le Saint-Esprit que de remettre l'unitĂ© de l'Église dans l'enseignement de la foi Ă  l'arbitraire et Ă  l'ignorance des confĂ©rences Ă©piscopales locales (qui se dĂ©veloppent doctrinalement Ă  des rythmes diffĂ©rents) sous prĂ©texte de ce qu'on appelle la dĂ©centralisation. IrĂ©nĂ©e de Lyon dĂ©clare contre les gnostiques : « Bien que dispersĂ©e dans le monde entier, jusqu'aux extrĂ©mitĂ©s de la terre... l'Église catholique possĂšde une seule et mĂȘme foi dans le monde entier » (IrĂ©nĂ©e de Lyon, Contre les hĂ©rĂ©sies , Livre I, 10, 1-3).

 

L’unitĂ© de l’Église universelle « en corps et en un seul Esprit » est fondĂ©e sur le plan christologique et sacramentel. Car : « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptĂȘme, un seul Dieu et PĂšre de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous » (Eph. 4, 5-6). Et il est contraire Ă  cette mĂȘme « unitĂ© de l’Esprit » (Eph. 4, 3) d’enchevĂȘtrer les porteurs de la mission globale de l’Église (laĂŻcs, religieux et clergĂ©) dans une lutte pour le « pouvoir » au sens politique, au lieu de comprendre que le Saint-Esprit opĂšre leur coopĂ©ration harmonieuse. Pour chacun de nous, « dire la vĂ©ritĂ© dans l’amour
 doit grandir Ă  tous Ă©gards en celui qui est la tĂȘte, en Christ » (Eph. 4, 15).

 

4. ConsidĂ©rant l’épiscopat comme une institution de droit divin

C’est un pĂ©chĂ© contre le Saint-Esprit, qui, par le sacrement de l’Ordre, a nommĂ© Ă©vĂȘques et prĂȘtres pasteurs de l’Église de Dieu (Ac 20, 28), de les destituer, voire de les sĂ©culariser, de maniĂšre purement personnelle, sans procĂ©dure canonique. Les critĂšres objectifs des mesures disciplinaires contre les Ă©vĂȘques et les prĂȘtres sont l’apostasie, le schisme, l’hĂ©rĂ©sie, l’inconduite morale, un style de vie grossiĂšrement non spirituel et une incapacitĂ© Ă©vidente Ă  exercer une fonction. Cela est particuliĂšrement vrai pour la sĂ©lection des futurs Ă©vĂȘques lorsque le candidat, nommĂ© sans examen attentif, n’a pas « une connaissance solide de la parole, fidĂšle Ă  la doctrine ( sana doctrina ) » (Tite 1, 9).

 

5. Concernant la loi morale naturelle et les valeurs non négociables

C'est un pĂ©chĂ© contre le Saint-Esprit que les Ă©vĂȘques et les thĂ©ologiens ne soutiennent publiquement le pape que de maniĂšre opportuniste, alors qu'il soutient leurs prĂ©fĂ©rences idĂ©ologiques. Personne ne peut rester silencieux lorsqu'il dĂ©fend le droit Ă  la vie de chaque ĂȘtre humain, de sa conception Ă  sa mort naturelle. Car le pape est le plus haut interprĂšte authentique de la loi morale naturelle sur terre, dans laquelle la parole et la sagesse de Dieu resplendissent dans l'existence et l'ĂȘtre de la crĂ©ation (Jean 1:3). Si la loi morale naturelle, qui est Ă©vidente dans la conscience de chaque ĂȘtre humain (Rom. 2:14), ne constitue pas la source et le critĂšre par rapport auxquels juger les lois (toujours faillibles) de l'État, alors le pouvoir politique glisse vers le totalitarisme, qui piĂ©tine les droits humains naturels qui devraient constituer la base de toute sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique et de tout État de droit. C’est ce que dĂ©clarait le pape Pie XI dans l’encyclique Mit Brennender Sorge (1937) contre les lois raciales de Nuremberg, formellement valables en droit allemand : « C’est Ă  la lumiĂšre des commandements de cette loi naturelle que toute loi positive, quel que soit son lĂ©gislateur, peut ĂȘtre Ă©valuĂ©e dans son contenu moral et, par consĂ©quent, dans l’autoritĂ© qu’elle exerce sur la conscience. Les lois humaines en contradiction flagrante avec la loi naturelle sont viciĂ©es d’une souillure qu’aucune force, aucun pouvoir ne peut rĂ©parer » ( Mit Brennender Sorge , 30). 

 

6. ConsidĂ©rer l’Église comme un sacrement de l’unitĂ© humaine

C’est un pĂ©chĂ© contre le Saint-Esprit que d’incorporer la division politique et idĂ©ologique de la sociĂ©tĂ© depuis les LumiĂšres europĂ©ennes et la RĂ©volution française dans une philosophie restauratrice ou rĂ©volutionnaire de l’histoire et que de paralyser ainsi l’Église une, sainte, catholique et apostolique en opposant en son sein des factions « progressistes » Ă  des factions « conservatrices ». 

 

Car l'Église dans le Christ n'est pas seulement le sacrement de la communion la plus intime de l'homme avec Dieu, mais aussi le signe et l'instrument de l'unitĂ© de l'humanitĂ© dans sa finalitĂ© naturelle et surnaturelle ( Lumen Gentium , 1).

 

Le discernement des esprits ne se fait pas dans un but politique, mais dans un but thĂ©ologique, en fonction de la vĂ©ritĂ© de la rĂ©vĂ©lation, qui est prĂ©sentĂ©e dans la doctrine infaillible de la foi de l'Église. Ainsi, le critĂšre objectif de la foi catholique est l'orthodoxie par opposition Ă  l'hĂ©rĂ©sie (et non la volontĂ© subjective de prĂ©server ou de modifier des aspects culturels contingents).

 

A l'approche du 1700e anniversaire du concile de Nicée (325), nous pourrions garder à l'esprit la devise suivante : mieux vaut partir cinq fois en exil avec saint Athanase que de faire la moindre concession aux ariens.

 

7. Concernant la nature surnaturelle du christianisme, qui s’oppose à son instrumentalisation à des fins profanes

Le pĂ©chĂ© le plus courant contre le Saint-Esprit est lorsque l’origine et le caractĂšre surnaturels du christianisme sont niĂ©s afin de subordonner l’Église du Dieu trinitaire aux buts et aux objectifs d’un projet de salut mondial, qu’il s’agisse de la neutralitĂ© climatique Ă©cosocialiste ou de l’Agenda 2030 de « l’élite mondialiste ».

 

Celui qui veut vraiment entendre ce que l’Esprit dit Ă  l’Église ne s’appuiera pas sur des inspirations spiritualistes et des platitudes idĂ©ologiques, mais mettra toute sa confiance, dans la vie et dans la mort, uniquement en JĂ©sus, le Fils du PĂšre et l’Oint du Saint-Esprit. Lui seul a promis Ă  ses disciples l’Esprit Saint de vĂ©ritĂ© et d’amour pour toute l’éternitĂ© : « Celui qui m’aime gardera ma parole, et mon PĂšre l’aimera ; nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui. [
] Mais le Consolateur, l’Esprit Saint, que le PĂšre enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jean 14, 23-26).

 

 

Le cardinal Gerhard MĂŒller est ancien prĂ©fet de la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi. 

Sources : FirstThings et Belgicatho

 

 

 

 

Commentaire de ce texte par Mgr LĂ©onard, ancien Ă©vĂȘque primat de Belgique sur le site Belgicatho :

Quel bonheur d'avoir eu comme PrĂ©fet de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi un thĂ©ologien, un catholique, un prĂȘtre , un Ă©vĂȘque et un cardinal de la qualitĂ© de Mgr MĂŒller ! EspĂ©rons que la Providence nous fera le cadeau de retrouver, Ă  ce poste, des hommes de cette qualitĂ© ! Cela garantirait, pour le Peuple de Dieu, un avenir meilleur, loin de la confusion actuelle.

L’effacement par la guerre des ChrĂ©tiens du Liban

22/11/2024

L’effacement par la guerre des ChrĂ©tiens du Liban

La place des chrétiens dans la construction du Liban :
L'Etat libanais a été conçu en partie pour garantir un rÎle politique aux chrétiens de la région. Le mandat français a établi le Grand Liban, incluant le Mont Liban, majoritairement chrétien maronite, et d'autres régions à majorité confessionnelle différente.


Le systÚme politique libanais, basé sur la division confessionnelle de 1932, réservait la présidence à un chrétien maronite.


L'élite maronite aspirait à créer une nation unifiée autour du concept de "pays refuge" pour les minorités et d'une histoire commune (Phénicie).


L'Ă©rosion du rĂȘve libanais et la montĂ©e du Hezbollah :
Le systÚme confessionnel a engendré un clientélisme et une corruption endémiques, contribuant à l'effondrement économique de 2019.


Les conflits régionaux, notamment la guerre civile libanaise (1975-1990), ont profondément impacté le pays.


Le Hezbollah, créé en 1982 avec le soutien de l'Iran, s'est imposé comme un "Etat dans l'Etat", divisant les chrétiens et affaiblissant leur influence politique.


"Le Hezbollah a trouvé une certaine légitimité auprÚs des autres confessions grùce à son discours de résistance contre Israël" et son combat contre Daech.


Marginalisation des Chrétiens et divisions internes:
La chute démographique des chrétiens, due à une faible fécondité et une émigration massive, a contribué à leur marginalisation.


Les chrétiens se sont divisés face au Hezbollah, certains (orthodoxes) se montrant conciliants, d'autres (maronites) se partageant entre factions anti-Hezbollah et pro-Hezbollah.


L'absence de président depuis deux ans et le blocage du Hezbollah concernant le candidat à la présidence renforcent le sentiment de marginalisation des chrétiens.


"Outre leurs divisions politiques, les chrétiens ont surtout l'impression de subir une guerre qui n'est pas la leur."


Résignation et espoir d'un avenir meilleur:
Malgré leur résignation, les chrétiens jouent un rÎle majeur dans l'accueil des déplacés, ouvrant les portes des monastÚres et des églises.


Face à un avenir politique incertain, les chrétiens libanais aspirent à une réforme profonde du systÚme et un retour à la neutralité du Liban.


Le patriarche maronite Béchara Raï a dénoncé à la fois le Hezbollah et Israël, reflétant "l'exaspération et la résignation de nombreux chrétiens."


 Les chrĂ©tiens au Liban sont donc dans une situation complexe et prĂ©caire, confrontĂ©s Ă  la guerre, la marginalisation politique et des divisions internes. MalgrĂ© les difficultĂ©s, ils continuent de jouer un rĂŽle important dans la sociĂ©tĂ© libanaise et nourrissent l'espoir d'un avenir meilleur pour leur pays.

 


Que Saint Charbel leur vienne en aide !