Le blog du Temps de l'Immaculée.
26/11/2025
La PĂąque du Christ Ă©claire le mystĂšre de la vie et nous permet de le regarder avec espĂ©rance. Cela nâest pas toujours facile ni Ă©vident. Partout dans le monde, beaucoup de vies semblent difficiles, douloureuses, pleines de problĂšmes et dâobstacles Ă surmonter. Et pourtant, lâĂȘtre humain reçoit la vie comme un don : il ne la demande pas, il ne la choisit pas, il en fait lâexpĂ©rience dans son mystĂšre, du premier jour jusquâau dernier. La vie a une spĂ©cificitĂ© extraordinaire : elle nous est offerte, nous ne pouvons pas nous la donner nous-mĂȘmes, mais elle doit ĂȘtre nourrie constamment : il faut un soin qui la maintienne, la dynamise, la prĂ©serve, la relance.
On peut dire que la question de la vie est lâune des questions abyssales du cĆur humain. Nous sommes entrĂ©s dans lâexistence sans avoir rien fait pour le dĂ©cider. De cette Ă©vidence jaillissent comme un fleuve en crue les questions de tous les temps : qui sommes-nous ? DâoĂč venons-nous ? OĂč allons-nous ? Quel est le sens ultime de tout ce voyage ?
Vivre, en effet, implique un sens, une direction, une espĂ©rance. Et lâespĂ©rance agit comme une force profonde qui nous fait avancer dans les difficultĂ©s, qui nous empĂȘche dâabandonner dans la fatigue du voyage, qui nous rend certains que le pĂšlerinage de lâexistence nous conduit Ă la maison. Sans lâespĂ©rance, la vie risque dâapparaĂźtre comme une parenthĂšse entre deux nuits Ă©ternelles, une brĂšve pause entre lâavant et lâaprĂšs de notre passage sur terre. EspĂ©rer dans la vie, câest plutĂŽt anticiper le but, croire comme certain ce que nous ne voyons ni ne touchons encore, faire confiance et nous en remettre Ă lâamour dâun PĂšre qui nous a créés parce quâil nous a voulus avec amour et quâil nous veut heureux.
TrĂšs chers amis, il existe dans le monde une maladie rĂ©pandue : le manque de confiance dans la vie. Comme si lâon sâĂ©tait rĂ©signĂ© Ă une fatalitĂ© nĂ©gative, Ă un renoncement. La vie risque de ne plus reprĂ©senter une opportunitĂ© reçue en don, mais une inconnue, presque une menace dont il faut se prĂ©server pour ne pas ĂȘtre déçu. Câest pourquoi le courage de vivre et de gĂ©nĂ©rer la vie, de tĂ©moigner que Dieu est par excellence « lâamant de la vie », comme lâaffirme le Livre de la Sagesse (11, 26), est aujourdâhui un appel plus que jamais urgent.
Dans lâĂvangile, JĂ©sus confirme constamment sa diligence Ă guĂ©rir les malades, Ă soigner les corps et les esprits blessĂ©s, Ă redonner vie aux morts. Ce faisant, le Fils incarnĂ© rĂ©vĂšle le PĂšre : il restitue leur dignitĂ© aux pĂ©cheurs, accorde la rĂ©mission des pĂ©chĂ©s et inclut tout le monde, spĂ©cialement les dĂ©sespĂ©rĂ©s, les exclus, les Ă©loignĂ©s, dans sa promesse de salut.
EngendrĂ© par le PĂšre, Christ est la vie et il a engendrĂ© la vie sans compter jusquâĂ nous donner la sienne, et il nous invite Ă©galement Ă donner notre vie. Engendrer signifie donner la vie Ă quelquâun dâautre. Lâunivers des vivants sâest Ă©tendu grĂące Ă cette loi qui, dans la symphonie des crĂ©atures, connaĂźt un admirable âcrescendoâ culminant dans le duo de lâhomme et de la femme : Dieu les a créés Ă son image et leur a confiĂ© la mission de donner la vie Ă son image, câest-Ă -dire par amour et dans lâamour.
DĂšs le dĂ©but, lâĂcriture Sainte nous rĂ©vĂšle que la vie, dans sa forme la plus Ă©levĂ©e, celle de lâĂȘtre humain, reçoit le don de la libertĂ© et devient un drame. Ainsi, les relations humaines sont Ă©galement marquĂ©es par la contradiction, jusquâau fratricide. CaĂŻn perçoit son frĂšre Abel comme un concurrent, une menace, et dans sa frustration, il ne se sent pas capable de lâaimer et de lâestimer. Et voilĂ la jalousie, lâenvie, le sang (Gn 4, 1-16). La logique de Dieu, en revanche, est tout autre. Dieu reste fidĂšle pour toujours Ă son dessein dâamour et de vie ; il ne se lasse pas de soutenir lâhumanitĂ© mĂȘme lorsque, Ă lâinstar de CaĂŻn, elle obĂ©it Ă lâinstinct aveugle de la violence dans les guerres, les discriminations, les racismes, les multiples formes dâesclavage.
Donner la vie signifie donc faire confiance au Dieu de la vie et promouvoir lâhumain dans toutes ses expressions : tout dâabord dans la merveilleuse aventure de la maternitĂ© et de la paternitĂ©, mĂȘme dans des contextes sociaux oĂč les familles ont du mal Ă supporter le poids du quotidien, souvent freinĂ©es dans leurs projets et leurs rĂȘves. Dans cette mĂȘme logique, donner la vie signifie sâengager pour une Ă©conomie solidaire, rechercher le bien commun dont tous puissent profiter Ă©quitablement, respecter et prendre soin de la crĂ©ation, offrir du rĂ©confort par lâĂ©coute, la prĂ©sence, lâaide concrĂšte et dĂ©sintĂ©ressĂ©e.
FrĂšres et sĆurs, la RĂ©surrection de JĂ©sus-Christ est la force qui nous soutient dans cette Ă©preuve, mĂȘme lorsque les tĂ©nĂšbres du mal obscurcissent notre cĆur et notre esprit. Lorsque la vie semble sâĂȘtre Ă©teinte, bloquĂ©e, voici que le Seigneur RessuscitĂ© passe encore, jusquâĂ la fin des temps, et marche avec nous et pour nous. Il est notre espĂ©rance.
25/11/2025
Afin de financer elles-mĂȘmes les travaux dâisolation et de toiture, les religieuses se sont lancĂ© comme dĂ©fi de vendre une part importante de leur production de miels et de sirops, soit au moins 2 500 produits, avant le 30 novembre. En lien avec lâĂ©quipe Divine Box, elles proposent donc cinq parfums de miels diffĂ©rents, rĂ©alisĂ©s avec les apiculteurs de leurs environs, ainsi quâun sirop de thym, que tout un chacun peut se procurer aisĂ©ment sur le site Internet de Divine Box.
Les chanoinesses se sont donnĂ© jusquâau 30 novembre pour vendre leur produits. Les commandes seront donc expĂ©diĂ©es par la suite, pour une rĂ©ception avant NoĂ«l. Une belle idĂ©e de cadeaux ou de petit-dĂ©jeuner gourmand pour rĂ©galer ses proches pendant les vacances.
Pour voir et Ă©couter les chanoinesses prĂ©senter ce dĂ©fi un peu particulier, câest ici.
Pour commander : https://divinebox.fr/azille/
25/11/2025
La grande enquĂȘte menĂ©e par lâIfop sur les musulmans de France nâen finit pas de faire des vagues. On ne sâĂ©tonnera pas que LibĂ©ration souligne que cette Ă©tude ait Ă©tĂ© particuliĂšrement reprise dans la presse conservatrice française, du Figaro au Point, en passant par le Journal Du Dimanche ou Valeurs Actuelles.
DĂšs le soir de sa publication, Jean-Michel Apathie sâempressait sur le plateau de Quotidien de dĂ©tricoter lâanalyse qui en Ă©tait faite par les mĂ©dias classĂ©s Ă droite. Il sâindignait du jeu dangereux qui consiste, selon lui, Ă exacerber sur les peurs et Ă stigmatiser les musulmans dans leur ensemble.
Quelque temps aprĂšs cette chronique, une Ă©ditorialiste Ă©conomie de lâĂ©mission 20h BFM, AmĂ©lie Rosique, se disait quant Ă elle terrorisĂ©e de la montĂ©e dans les prisons françaises des dĂ©tenus qui se rĂ©clament de lâintĂ©grisme⊠catholique. Ăvidemment, une telle sortie, par sa dĂ©connexion de la rĂ©alitĂ©, a suscitĂ© lâĂ©tonnement sarcastique de nombreux observateurs, ces derniers se dĂ©clarant trĂšs curieux de prendre connaissance du rapport sur lequel lâĂ©ditorialiste appuyait ses dires.
Le rĂ©tropĂ©dalage ne tarda pas Ă venir, puisque le 20 novembre, la journaliste de BFM sâexcusait sur X en avouant avoir « fait un raccourci hĂątif des conclusions du rapport de lâhistorien Nicolas Lebourg, ce qui a pu semer le trouble chez un certain nombre de nos tĂ©lĂ©spectateurs ». Lâon peine cependant Ă comprendre deux points, qui sont souvent partagĂ©s par les mĂȘmes personnes : la frousse devant un catholicisme de conviction et lâindiffĂ©rence â voire la bienveillance â devant un islam de plus en plus conquĂ©rant.
Comment en effet ne pas sâĂ©tonner devant le sentiment de terreur que semble susciter chez certains commentateurs une parole chrĂ©tienne authentique ? LâĂvangile vĂ©cue avec foi : voilĂ lâennemi ! Les fantasmes les plus fous, dignes des pires heures des hussards noirs de la RĂ©publique, surgissent Ă nouveau avec une agilitĂ© dĂ©concertante. Ă croire que ces derniers ne faisaient que sommeillerâŠ
Entendons-nous bien : on peut tout Ă fait, librement, refuser le dogme catholique et se fiche de sa âpremiĂšre communionâ comme de sa premiĂšre chemise. Mais quelle est cette Ă©trange construction de lâesprit qui permet dâĂ©voquer la montĂ©e de lâintĂ©grisme catholique dans les prisons sans craindre le ridicule ? Un tel dĂ©phasage ne fait pas quâinterroger, il est en soi lâaveu dâune mauvaise foi.
Il nây aurait du reste, quâĂ se plonger dans lâhistoire pĂ©nitentiaire pour dĂ©couvrir ce que le catholicisme produit lorsquâil est vĂ©cu de façon intĂ©grale derriĂšre les barreaux. Que provoque-t-il ? La conversion dâun Jacques Fesch, le dernier condamnĂ© Ă mort. Le tĂ©moignage bouleversant dâun AndrĂ© Levet, voyou multirĂ©cidiviste rattrapĂ© par le Christ au fond de sa cellule, « la plus grande cavale que jâai jamais effectuĂ©e, câest celle avec JĂ©sus », Ă©crira-t-il.
On pourrait encore citer les PoĂšmes de Fresnes de Brasillach qui tĂ©moignent combien une captivitĂ© vĂ©cue unie au Fils de lâhomme, lui-mĂȘme condamnĂ© Ă mort, donne un renouveau spirituel et un souffle dont personne de sensĂ© ne saurait raisonnablement sâinquiĂ©ter.
Dans son discours de clĂŽture de lâassemblĂ©e plĂ©niĂšre des Ă©vĂȘques de France Ă Lourdes, dĂ©but novembre, le cardinal Aveline dressait justement les contours dâun chantier quâil lui semble important de mener : le combat de la raison.
En reprenant Ă son compte la tenue dâun dĂ©bat qui rĂ©unit, le 17 janvier 2004 Ă lâAcadĂ©mie catholique de BaviĂšre, le cardinal Joseph Ratzinger et le philosophe JĂŒrgen Habermas, lâactuel archevĂȘque de Marseille exprimait son souhait que les hommes de foi aient
« le courage de dĂ©noncer, grĂące Ă la raison, les pathologies de la religion, lorsque celle-ci prĂ©fĂšre la contrainte Ă la libertĂ©, et, dans le mĂȘme temps, dĂ©noncer, grĂące Ă la religion, les pathologies de la raison, lorsque celle-ci choisit dâignorer la dimension spirituelle de lâhumain ou cherche Ă la confiner dans lâespace privĂ© ».
Religion de lâamour, du pardon et du prochain, le catholicisme ne terrorise personne, il invite au contraire Ă la plus belle des libertĂ©s, la libertĂ© intĂ©rieure qui donne dâaccomplir le bien non sous la menace du bĂąton mais sous lâĂ©gide dâun saint nom : JĂ©sus.
Le deuxiĂšme point citĂ© plus haut concernait lâindiffĂ©rence â voire la bienveillance â devant un islam de plus en plus conquĂ©rant. LâĂ©ditorial de Riss dans le numĂ©ro du 12 novembre dernier de Charlie Hebdo aborde cette question.
Quâon mâexcuse par avance de le citer abondamment, mais il exprime avec prĂ©cision lâĂ©tendue du problĂšme :
« On honore la mĂ©moire du 13 Novembre alors que beaucoup de Français ont oubliĂ© lâattentat Ă la station de RER Saint-Michel, en 1995, ainsi que ses auteurs, Khaled Kelkal et son complice Boualem BensaĂŻd. (âŠ) Lâislamisme, câest comme le rĂ©chauffement climatique : on a beau disposer de toutes les informations sur le phĂ©nomĂšne, personne ne le combat efficacement. Au contraire, on nous incite Ă lâaccepter en nous y habituant. Contre les canicules futures qui rendront invivables les agglomĂ©rations bĂ©tonnĂ©es, on prĂ©conise de planter des arbres pour faire de lâombre. (âŠ) De la mĂȘme maniĂšre, contre lâislamisme qui attaque lentement les fondations de notre dĂ©mocratie aussi inexorablement que la montĂ©e du niveau des ocĂ©ans le fait avec le littoral, on suggĂšre des mesures dĂ©risoires. (âŠ) Ă lâimage des arbres quâon plante pour soi-disant lutter contre le rĂ©chauffement climatique, on dissimule notre trouille sous dâobscures circulaires administratives en pensant quâelles suffiront Ă nous protĂ©ger de la canicule islamiste ».
De fait, lâauteur de lâattentat du RER B, Boualem BensaĂŻd, avait dĂ©clarĂ© en 1995 : « OK, câest bon, moi jâai perdu, mais dâautres viendront, car ici nous sommes chez nous, vos femmes porteront le hijab, et on montera jusquâen Europe du Nord ». Pour Riss, la couardise gĂ©nĂ©ralisĂ©e est plus efficace que les kalachnikovs des attentats de janvier et de novembre 2015, de Toulouse et de Montauban en 2012, et de tous les autres attentats.
Ăviter le piĂšge de la frousse ou de lâindiffĂ©rence, câest faire le choix exigeant du rĂ©el : sâappuyer sur les faits, sâinspirer de lâexpĂ©rience du passĂ© et conserver dans son Ăąme une invincible espĂ©rance. Celle qui fait dire que le bien finit toujours par lâemporter quand il est dĂ©fendu, avec la grĂące de la foi et la puissance de la raison.
24/11/2025
De Gianluca Alimonti - NBQ
La « DĂ©claration sur lâintĂ©gritĂ© des informations relatives au changement climatique », signĂ©e lors de la COP30 Ă BelĂ©m, ressemble Ă un texte que George Orwell aurait rejetĂ© comme Ă©tant trop direct.
« Reconnaissant que lâurgence de la crise climatique exige non seulement une action dĂ©cisive des Ătats, mais aussi la large participation de tous les segments de la sociĂ©té⊠» Le document sâouvre sur cette invocation prĂ©visible de « lâurgence », cette formule magique Ă©culĂ©e qui cherche Ă suspendre la raison et Ă justifier tout ce qui se passe. Une urgence et une crise climatique qui ne se reflĂštent pas dans les sĂ©ries historiques dâindicateurs climatiques .
Les auteurs dĂ©clarent ĂȘtre : « PrĂ©occupĂ©s par lâimpact croissant de la dĂ©sinformation , de la mĂ©sinformation, du nĂ©gationnisme, des attaques dĂ©libĂ©rĂ©es contre les journalistes environnementaux, les dĂ©fenseurs des droits humains, les scientifiques, les chercheurs et autres voix publiques⊠» Traduction : Quiconque pose des questions gĂȘnantes sur les modĂšles climatiques, les incertitudes des donnĂ©es ou les Ă©checs politiques est dĂ©sormais coupable de « nĂ©gationnisme » â un terme empruntĂ© directement au lexique de lâhĂ©rĂ©sie religieuse.
Si ce n'Ă©tait qu'une simple bulle diplomatique , ce serait ridicule, mais cette dĂ©claration va plus loin. Elle appelle ouvertement les gouvernements Ă : « CrĂ©er et mettre en Ćuvre des politiques et des cadres juridiques⊠qui favorisent l'intĂ©gritĂ© des informations sur le changement climatique et respectent, protĂšgent et promeuvent les droits humains, notamment le droit Ă la libertĂ© d'expression⊠» Une contradiction choquante : comment peut-on « promouvoir la libertĂ© d'expression » tout en rĂ©digeant des lois pour dĂ©cider de ce qui est acceptable en matiĂšre d'expression ?
Bien sĂ»r, des enjeux financiers sont Ă©galement en jeu , et la DĂ©claration suggĂšre aux bailleurs de fonds de « faire un don au Fonds mondial pour lâintĂ©gritĂ© de lâinformation sur les changements climatiques, administrĂ© par lâUNESCO au nom de lâInitiative ». Cette mĂȘme UNESCO qui a passĂ© des dĂ©cennies Ă produire une propagande optimiste sur « lâĂ©ducation au dĂ©veloppement durable » se retrouvera dĂ©sormais Ă la tĂȘte dâun systĂšme mondial dâinformation, dĂ©cidant quelles informations sont dignes dâĂȘtre diffusĂ©es auprĂšs du public. Difficile dâimaginer une caricature plus flagrante des excĂšs bureaucratiques.
Comme toujours, toute tyrannie prĂ©tend dĂ©fendre la « vĂ©ritĂ© ». LâUnion soviĂ©tique emprisonnait des scientifiques qui remettaient en question le lyssenkisme, le tout au nom de la protection de « lâintĂ©gritĂ© scientifique ». Le clergĂ© actuel du climat ne fait pas exception.
Toute cette entreprise transpire l'incertitude. Si la science était aussi « établie » qu'on le prétend, pourquoi cette obsession à faire taire les critiques ? Pourquoi ces campagnes interminables pour « accroßtre la confiance du public » et « renforcer la confiance dans la science du climat » ? La véritable science accueille le scepticisme ; la propagande exige la foi, et c'est de la propagande.
L'invocation constante de la « confiance » et de l'« intégrité » relÚve du contrÎle , non de l'investigation. La véritable confiance se gagne par la transparence, le débat et les preuves, et non par décret. Nul besoin d'un « écosystÚme d'information » géré par l'UNESCO pour informer le public que l'eau bout à 100 °C. La censure n'est nécessaire que lorsque les « faits » sont trop fragiles pour résister à l'examen.
L'aspect le plus inquiĂ©tant de toute cette mascarade est peut-ĂȘtre que la DĂ©claration appelle les gouvernements Ă : « Promouvoir des campagnes de sensibilisation au changement climatique et soutenir les initiatives qui favorisent l'Ă©ducation au climat et le droit du public Ă accĂ©der Ă une information fiable sur le sujet . » En clair, cela revient Ă financer une propagande qui dicte aux citoyens ce qu'ils doivent penser, en qualifiant les opinions divergentes de « non fiables ».
L'ironie, bien sĂ»r, c'est que la soi-disant « dĂ©sinformation climatique » qu'ils cherchent dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă Ă©radiquer se rĂ©vĂšle souvent ĂȘtre une vĂ©ritĂ© gĂȘnante. Remettre en question la courbe en forme de crosse de hockey Ă©tait autrefois considĂ©rĂ© comme de la « dĂ©sinformation », jusqu'Ă ce qu'elle s'effondre sous l'effet de l'analyse. Souligner que les modĂšles climatiques ont systĂ©matiquement surestimĂ© le rĂ©chauffement climatique Ă©tait du « dĂ©ni ». Faire remarquer que les obligations en matiĂšre d'Ă©nergies renouvelables font grimper les coĂ»ts de l'Ă©nergie et dĂ©stabilisent les rĂ©seaux Ă©lectriques Ă©tait jugĂ© « dangereux », jusqu'Ă ce que des pannes de courant contraignent mĂȘme les gouvernements les plus favorables Ă revoir leur position.
Aujourd'hui, au lieu de corriger leurs erreurs , les instances dirigeantes du climat redoublent d'efforts, passant de la persuasion Ă la coercition. Leur message est simple : croyez-y ou taisez-vous. Le vĂ©ritable danger ne menace pas le climat, mais la libertĂ© elle-mĂȘme. Lorsque les gouvernements, les mĂ©dias et les instances supranationales s'entendent pour dĂ©terminer quelles opinions peuvent ĂȘtre exprimĂ©es, la science disparaĂźt. Ă sa place surgit une bureaucratie dogmatique, maĂźtrisant le langage du « dĂ©veloppement durable », de l'« intĂ©gritĂ© » et des « politiques fondĂ©es sur des preuves », mais totalement aveugle Ă son propre autoritarisme. Ce n'est pas de la science. C'est de la surveillance sous couvert de moralitĂ©.
23/11/2025
Et voici que maintenant on nous brandit un Pistorius, ministre allemand de la DĂ©fense de son Ă©tat, qui dĂ©clare sans ciller que ânous devons ĂȘtre prĂȘts pour la guerre d'ici 2029. Nous devons fournir une force de dissuasion pour Ă©viter que le pire ne se produise.â
Des fois quâon nâait pas compris, on nous invite Ă constituer un kit de survie suivant la documentation disponible sur le net et en mairies.
Attendez chers lecteurs, on nous en remet une couche (câest connu, le Français est obtus) Ă lâaide du chef dâĂ©tat-major le gĂ©nĂ©ral Mandon qui, sur commande, dĂ©clare benoitement au congrĂšs des maires de France que « ⊠si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prĂȘt Ă accepter de perdre ses enfants parce qu'il faut tout de mĂȘme dire les choses⊠».
Des enfants, mon gĂ©nĂ©ral, nous en perdons ici, chez nous, et ne lâacceptons pas, parce que rien nâa Ă©tĂ© fait sur le plan politique pour les garder en vie. Le terrorisme islamiste est en roue libre : souvenons-nous, premier front, dâAnne-Lorraine, de Lola, de Philippine, dâElias et de Thomas, pour ne citer que ceux-lĂ , sans oublier le Bataclan, 130 morts et plus de 400 blessĂ©s. Combien dâagressions au couteau tous les jours ?
DeuxiĂšme front, lâislamo-gauchisme qui prĂŽne lâantisĂ©mitisme dĂ©complexĂ© et invite Ă brĂ»ler les Ă©glises. Que fait-on pour les calmer ?
TroisiĂšme front, le narcotrafic et le grand banditisme⊠AllĂŽ, mon gĂ©nĂ©ral, ĂȘtes-vous toujours lĂ ?
Oui, ça va, hĂ©las, ĂȘtre votre travail dâaller chercher les armes dans les caves, ici, chez nous !
Pour conclure, mon général, soyez certain que nos jeunes accepteront de mourir pour Arras.
Mais pas pour le Donbass.
Nicolas Machiavel, dans son Ćuvre Le Prince, nous a dit que « celui qui contrĂŽle la peur des gens devient le maĂźtre de leurs Ăąmes ». Nous sommes catholiques et nos Ăąmes sont Ă Dieu, nous nâavons donc pas peur, et dâailleurs Il nous dit : « Ne crains rien, car je suis avec toi ; ne promĂšne pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens Ă ton secours, je te soutiens par ma droite triomphante. » (IsaĂŻe 41:10)
Ah ! N'oubliez pas d'ajouter du bon café à votre kit de survie : c'est la base pour affronter n'importe quelle crise.
Haut les cĆurs !
ADDENDUM
Aujourd'hui justement, dans la Grande Interview de CNEWS, Sonia Mabrouk reçoit, lundi 24 novembre, StĂ©phanie Bonhomme, la mĂšre de lâadolescent Elias tuĂ© Ă coups de machette Ă Paris Ă lâĂąge de 14 ans il y a 10 mois. Elle Ă©voque le rĂ©cent rapport de lâInspection gĂ©nĂ©rale de la Justice sur la mort de son fils.
21/11/2025
Un long déclin démographique et une répression étatique
Autrefois nommĂ©e Asie Mineure, cette rĂ©gion fut le berceau du christianisme (saint Paul, concile de NicĂ©e, ĂphĂšse). Bien que la chute de Byzance en 1453 ait marquĂ© un premier coup, c'est au XXe siĂšcle que le dĂ©clin s'est accĂ©lĂ©rĂ©, notamment avec le gĂ©nocide des ArmĂ©niens, Assyro-chaldĂ©ens, Syriaques et Grecs pontiques Ă partir de 1915, qui a fait jusqu'Ă 2 millions de victimes. L'Ătat turc moderne nie ce gĂ©nocide, considĂ©rant toute remise en question comme une atteinte Ă la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure.
Pour l'Ătat, les chrĂ©tiens sont souvent perçus comme des ennemis intĂ©rieurs. Seuls les ArmĂ©niens et les Grecs orthodoxes sont reconnus comme minoritĂ©s par le traitĂ© de Lausanne (1923). Les autres communautĂ©s (assyriennes, catholiques, protestantes) n'ont pas de personnalitĂ© juridique, ce qui entrave leur capacitĂ© Ă possĂ©der des biens ou ouvrir des sĂ©minaires (comme celui d'Halki, fermĂ© depuis 1971).
Le double étau : Kémalisme et Islamisme
Le laĂŻcisme d'AtatĂŒrk n'a pas garanti une tolĂ©rance rĂ©elle ; dĂšs les dĂ©buts de la RĂ©publique, le nationalisme kĂ©maliste considĂ©rait l'islam comme un facteur d'unitĂ© et les chrĂ©tiens comme de potentiels agents de l'Ă©tranger. Des mesures vexatoires et des pogroms (comme celui d'Istanbul en 1955) ont accĂ©lĂ©rĂ© l'exode.
L'arrivĂ©e au pouvoir de l'AKP d'Erdogan, bien que parfois contradictoire, a ajoutĂ© une couche d'islamisation, notamment par l'augmentation des Ă©coles islamiques et l'intĂ©gration d'imams dans l'enseignement public. Le climat demeure hostile ; les chrĂ©tiens intĂ©riorisent leur infĂ©rioritĂ© et sont exclus de la fonction publique ou de l'armĂ©e. Les convertis sont baptisĂ©s discrĂštement et sont trĂšs isolĂ©s. L'abbĂ© Gabriel Ferone, ancien vicaire gĂ©nĂ©ral du diocĂšse dâIzmir, parle d'un « Ă©touffement » des chrĂ©tiens.
Un mince espoir
MalgrĂ© l'exode continu, l'Ăglise catholique latine, de nature non ethnique, offre une voie de conversion et peut compter sur l'Ă©mergence de sĂ©minaristes turcs, laissant entrevoir la possibilitĂ© d'un clergĂ© autochtone Ă l'avenir.
Dans ce contexte de pression intense et de délitement constant, la visite attendue de Léon XIV le 27 novembre est perçue comme un moment d'espoir. Les chrétiens de Turquie attendent du Pape qu'il rappelle au monde et au pouvoir turc que, malgré deux millénaires de persécutions et d'assimilation forcée, leur place est toujours sur cette terre qui est le berceau de leur foi.
Photo : La basilique Ste Sophie, basilique chrĂ©tienne depuis le IVĂš siĂšcle, a atteint sa forme actuelle au VIĂš siĂšcle. AprĂšs la prise de Constantinople par les armĂ©es ottomanes en 1453, elle est convertie en mosquĂ©e sous le sultan Mehmet II, statut qu'elle conserve jusqu'Ă la fin de l'Empire ottoman. En 1934, elle perd son statut de lieu de culte pour devenir un musĂ©e, sur dĂ©cision de Mustafa Kemal AtatĂŒrk, devenant l'un des musĂ©es les plus visitĂ©s de la rĂ©publique de Turquie. Puis le 10 juillet 2020, un dĂ©cret du Conseil d'Ătat turc dĂ©cide sa rĂ©ouverture au culte musulman comme mosquĂ©e, provoquant une vague de critiques internationales.
20/11/2025
Une famille amoureuse de la France
Au-delĂ des constructions intellectuelles, souvent brillantes et Ă©rudites, le prĂ©sident de ReconquĂȘte apparaĂźt fondamentalement comme un homme marquĂ© par une histoire bien particuliĂšre. Sa famille a accueilli lâentrĂ©e des troupes françaises dans Alger en 1830 comme une libĂ©ration du pesant statut de dhimmi imposĂ© par la Sublime Porte aux Juifs de lâEmpire ottoman. Reconnaissance portĂ©e Ă son paroxysme par le dĂ©cret CrĂ©mieux (24 octobre 1870) qui attribuait aux IsraĂ©lites dâAlgĂ©rie la citoyennetĂ© française, dĂ©niĂ©e aux populations indigĂšnes musulmanes. DĂ©sormais, entre les Juifs sĂ©farades dâAlgĂ©rie et la France câest une union Ă la vie Ă la mort comme en tĂ©moigne le fait quâen 1962 les 140 000 Juifs dâAlgĂ©rie quitteront quasiment tous le pays pour rejoindre la France ou IsraĂ«l. Ce » patriotisme incandescent » sâĂ©tait scellĂ© dans le sang du grand-pĂšre maternel dâEric Zemmour, officier français, blessĂ© dâun coup de couteau lors des Ă©meutes de SĂ©tif en mai 1945. ParallĂšlement Ă cet amour inconditionnel de la France la famille de notre auteur ne nourrit pas, et cela depuis des siĂšcles, un amour immodĂ©rĂ© pour un Islam qui lâavait rĂ©duite Ă un statut social infĂ©rieur.
Une connaissance approximative du catholicisme
Ce bref essai est la rĂ©ponse Ă la demande du directeur dâune revue amĂ©ricaine : First things demandant de rĂ©pondre Ă la question suivante : Comment sauver le catholicisme en Europe ? Logiquement lâauteur ne peut manquer de sâinterroger sur ce qui constitue, selon lui, lâĂąme et lâessence du catholicisme. Dâheureuses observations : « Le message Ă©vangĂ©lique se focalisa sur le salut de lâĂąme individuelle » ou « Saint Paul (mais pas que lui NDA) favorisa lâĂ©mergence dâun individu dĂ©veloppant un contact personnel avec la divinitĂ© » cohabitent avec de plus Ă©tranges considĂ©rations sur lâopposition artificielle et systĂ©mique créée entre lâEglise comme institution, hĂ©ritage de saint Pierre et de la synagogue et la religion intĂ©rieure, hĂ©ritage de saint Paul. Parler de « Jacques, frĂšre de JĂ©sus » nâest-il pas inutilement provocateur ? Quant Ă lâaffirmation selon laquelle : « La Loi nâimporte guĂšre, les Ćuvres nâimportent guĂšre, le salut ne vient que de JĂ©sus, fils de Dieu » notre auteur doit confondre le catholicisme avec le luthĂ©ranisme.
Une nouvelle Sainte-Alliance ?
Nonobstant ces approximations Eric Zemmour dĂ©nonce les complaisances de lâEglise post conciliaire, rongĂ©e par la repentance et la culpabilitĂ©, avec la submersion migratoire, en bonne partie de religion musulmane que subit lâEurope et ne craint pas de faire lâĂ©loge dâun « catholicisme viril » que ne renierait pas lâabbĂ© Raffray. Prenant acte des racines juives du christianisme notre auteur en appelle Ă une union des Juifs et des catholiques car « seule leur alliance peut sauver la France et lâEurope dâune inĂ©luctable et funeste islamisation ». Cette proposition soulĂšve de nombreuses questions. Tout dâabord nâest-il pas un peu rapide de prĂ©senter les Juifs comme une entitĂ© homogĂšne ? Zemmour note, en effet, que de nombreux Juifs ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans toutes les sanglantes rĂ©volutions bolcheviques en Europe de lâEst et en Russie et que de nombreux Juifs, en particulier ashkĂ©nazes, ont menĂ© en France depuis les annĂ©es 1970 une lutte acharnĂ©e contre toutes les tentatives de prĂ©server lâidentitĂ© française et de limiter les flux migratoires. Ensuite, lâauteur du suicide français tient sur la laĂŻcitĂ© des propos, certes cohĂ©rents avec son histoire personnelle : « Français dans la rue et Juif Ă la maison » lui rĂ©pĂ©tait sa mĂšre, mais tout Ă fait Ă©trangers Ă notre tradition nationale : « La seule solution est dâappliquer la laĂŻcitĂ© dans toute sa rigueur, toute la laĂŻcitĂ© Ă la française, celle qui prĂ©voit un « devoir de discrĂ©tion dans lâespace public » et qui doit donc interdire tout signe religieux comme le voile, non seulement Ă lâĂ©cole, mais aussi Ă lâuniversitĂ©, au travail dans la rue mĂȘme ». Emile Combes ou Jules Ferry ne pensaient pas autre chose : expulser la religion de la vie publique et la cantonner Ă la sphĂšre privĂ©e. Il sâagit ni plus ni moins que de la nĂ©gation de deux millĂ©naires dâhistoire de France. Interdire tout signe religieux dans la rue câest interdire les processions de la FĂȘte-Dieu et raser les calvaires. Ce nâest, bien sĂ»r, pas ce que souhaite Eric Zemmour mais câest nĂ©anmoins la consĂ©quence logique de ce quâil Ă©crit. Parce quâil nâa pas la foi notre auteur ne peut comprendre quâune expĂ©rience religieuse authentique demande aussi Ă sâexprimer dans la sphĂšre publique. La vie chrĂ©tienne ne peut se cantonner Ă la sphĂšre privĂ©e.
Le piÚge de la laïcité.
Contre la doxa largement dominante, Ă droite comme Ă gauche, il nous apparaĂźt que la laĂŻcitĂ© est Ă la fois un piĂšge et une trahison. Un piĂšge car elle est un athĂ©isme pratique qui conduit au nihilisme de la modernitĂ©, terreau sur lequel prospĂšre un Islam au pouvoir de sĂ©duction inentamĂ©. Une trahison de la vocation catholique de la fille aĂźnĂ©e de lâEglise qui ne peut accepter de voir la religion qui lâa portĂ©e sur les fonts baptismaux de Reims cantonnĂ©e aux foyers domestiques et aux lieux de culte. Eric Zemmour nâĂ©tant pas catholique il ne peut ĂȘtre accusĂ© de trahison, un catholique est cependant dispensĂ© de le suivre sur ce point. Enfin, comme vient dâopportunĂ©ment le rappeler Pierre Manent : « Pendant deux bons siĂšcles (âŠ) on a cru que lâon pouvait garder les vertus et les principes chrĂ©tiens sans la foi au Christ. Les esprits les plus lucides-je pense en particulier Ă Nietzsche- se sont aperçus que cela ne tenait pas : avec lâeau du bain il fallait jeter aussi le bĂ©bĂ© ». (Ecrits de Rome No 25- Novembre 2025) Un christianisme sans le Christ est Ă la fois un non-sens et une impasse. Rappelons au passage que la foi est un don gratuit de Dieu. Câest ce don que sollicitent pour Eric Zemmour les pieuses personnes qui lui offrent « des mĂ©dailles sacrĂ©es de la Vierge Marie » non pas pour lui « porter bonheur » mais pour contribuer Ă sa conversion, gage du salut.
Comment sauver le catholicisme en Europe ?
Comment sauver le catholicisme en Europe ? Ă©tait la question originellement posĂ©e. Dâabord en refaisant des catholiques. FidĂšles aux promesses de leur baptĂȘme, au dĂ©calogue- commun avec les Juifs- et aux BĂ©atitudes. Si Eric Zemmour semble avoir bien compris que les enjeux actuels sont, effectivement, des enjeux de civilisation et se rĂ©jouit du dynamisme du catholicisme traditionnel, il est Ă craindre quâil ne tire pas toutes les consĂ©quences logiques de ses analyses prĂ©liminaires. Sâil observe, justement, que « La jeunesse occidentale est la premiĂšre depuis deux mille ans Ă nâavoir reçu aucun hĂ©ritage religieux et quasiment aucun hĂ©ritage culturel » son mĂ©pris pour lâislam est, en partie, mal placĂ©. En effet, un musulman, dans sa version modĂ©rĂ©e et occidentalisĂ©e, a au moins le sens de la loi naturelle et du culte rendu Ă Dieu en justice. Câest dâailleurs de la faute des laĂŻcards de combat, largement dĂ©construits et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s, si une partie de la jeunesse se jette dans les bras de lâIslam car on lâa dĂ©possĂ©dĂ©e des grandes questions mĂ©taphysiques et religieuses.
Eric Zemmour mĂ©rite notre reconnaissance pour le courageux combat quâil mĂšne au service de la France Ă©ternelle. Il mĂ©rite aussi nos priĂšres pour quâil ait le courage, et la grĂące, de mettre ses pas dans les traces de Jean-Marie Lustiger, VĂ©ronique LĂ©vy â la sĆur de Bernard-Henri -, Marcel Dassault ou Edith Stein. Ce sera certainement sa contribution la plus dĂ©terminante au sauvetage du catholicisme en Europe.
Jean-Pierre Maugendre
Source : Renaissance Catholique
20/11/2025
Un article d'Ătiennette de la Ruffie met en lumiĂšre dans Famille ChrĂ©tienne cet essor Ă travers l'exemple de Laurent, un SuĂ©dois qui n'hĂ©site pas Ă faire des milliers de kilomĂštres pour participer aux sessions de chant Ă l'abbaye de Kergonan. Sa dĂ©couverte du grĂ©gorien lors d'une retraite fut un choc existentiel qui mena Ă sa conversion radicale. Il tĂ©moigne de l'immense pouvoir du premier psaume chantĂ© par les moines, qui l'a « complĂštement bouleversĂ© ».
Selon Anne Pouget, professeure laïque lors de ces sessions, le chant grégorien séduit de plus en plus de nouveaux profils, y compris des jeunes. Elle explique que ce chant est universel, car il « vous travaille intérieurement et procure la paix », ce qui explique pourquoi il « provoque de nombreuses conversions ».
FrĂšre Jean-Tugdual, co-organisateur, confirme la double dimension de cet enseignement : donner aux stagiaires les clĂ©s pour mieux chanter, mais surtout « façonner leur vie spirituelle ». Le grĂ©gorien, constitutif de l'identitĂ© du monastĂšre de la congrĂ©gation de Solesmes, est vu comme un trĂ©sor Ă cultiver et la « forme chantĂ©e de la priĂšre de l'Ăglise catholique romaine ». D'un point de vue spirituel, c'est avant tout un chant biblique qui dĂ©ploie la parole de Dieu, obligĂ© de « vibrer » pour exprimer sa largeur. MalgrĂ© sa difficultĂ© technique, les participants comme Laurent soulignent la richesse de se sentir « participants actifs de la liturgie », voyant dans le chant qui s'Ă©lĂšve vers Dieu une immense beautĂ©.
L'intĂ©rĂȘt croissant pour le chant grĂ©gorien, comme en tĂ©moigne le succĂšs des Rencontres grĂ©goriennes annuelles, rĂ©vĂšle un besoin profond d'intĂ©rioritĂ© dans notre sociĂ©tĂ©. Loin d'ĂȘtre une simple performance musicale, il est un « chant incarnĂ© » qui touche au plus profond de l'ĂȘtre. La beautĂ© et la vĂ©ritĂ© spirituelle de ce chant millĂ©naire continuent de rĂ©sonner, offrant un chemin de paix et de foi pour ceux qui s'y initient.
19/11/2025
Il est peut-ĂȘtre Ă©mouvant mais tout Ă fait inefficace politiquement de rĂ©pondre Ă des terroristesâ: «âŻMon amour est plus fort que ta haine ne le sera jamais.âŻÂ» Et, pour le cas particulier du terrorisme islamique, la distinction islam-islamisme nâa aucun sens.
Ce que lâon appelle aujourdâhui islamisme nâest rien dâautre que lâislam des origines.
On peut inviter les musulmans Ă se dĂ©solidariser des terroristes, mais je persiste Ă ne pas comprendre au nom de quelle autoritĂ© ou de quelle compĂ©tence les dirigeants français (par ailleurs mĂ©prisĂ©s par le monde musulman, comme lâa abondamment montrĂ© lâincapacitĂ© de la France Ă faire libĂ©rer Boualem Sansal pendant un an) pourraient promouvoir telle lecture du Coran plutĂŽt que telle autre.
Mais, plutĂŽt que de redire une Ă©niĂšme fois ces choses (qui ne sont dâailleurs ignorĂ©es que des aveugles volontaires), je voudrais ici insister sur le fait que la bataille est dâabord culturelle.
Notre amie Ăvelyne Joslain a Ă©crit un excellent livre sur le sujet. Mais la guerre culturelle nâest pas rĂ©servĂ©e au monde anglo-saxon, ni aux intellectuelsâ: la semaine derniĂšre a montrĂ© Ă lâenvi que ceux qui prĂ©tendent nous diriger ont dĂ©jĂ fait allĂ©geance en esprit Ă nos ennemis. Or, câest dans la tĂȘte que commence la soumission. Et que commence la rĂ©sistance.
Deux romans au moins invitent Ă la dissidence mieux que bien des analyses scientifiquesâ: «âŻSoumissionâŻÂ» de Houellebecq et «âŻ1984âŻÂ» dâOrwell.
Le premier dĂ©crit un Occident sans espĂ©rance, engoncĂ© dans son consumĂ©risme. Câest sur ce nihilisme que lâislam prospĂšre. Une civilisation pour laquelle plus personne ne trouve de raison de mourir ne mĂ©rite pas de vivre â et qui accepterait de mourir pour des zones commerciales dâune laideur Ă faire peur ou les pseudo-libertĂ©s du wokismeâ?
Cette Ă©touffante grisaille sâaccompagne dâun flicage dont Orwell nâaurait pas pu rĂȘver et qui prend modĂšle sur lâune des pires tyrannies de lâhistoire de lâhumanitĂ©â: le communisme chiÂnois et son contrĂŽle social.
Que des dirigeants «âŻlibĂ©rauxâŻÂ» envisagent sans sourciller, pĂȘle-mĂȘle, la suppression de lâargent liquide (pour tracer tous les transferts financiers des citoyens), des ausweis sanitaires ou Ă©cologiques pour sortir de chez soi, ou encore lâinterdiction des mĂ©dias alternatifs pour imposer sans opposition leur post-vĂ©ritĂ© est littĂ©ralement glaçant. Et il est plus glaçant encore de voir les peuples obĂ©ir comme des moutons Ă lâabattoir.
Houellebecq et Orwell (parmi beaucoup dâautres, dont Sansal nâest pas le moindre, notamment pour son roman «âŻ2084âŻÂ», qui fait explicitement rĂ©fĂ©rence à «âŻ1984âŻÂ» et Ă la domination islamique) dĂ©crivent (hĂ©las) admirablement notre monde.
Je ne vois quâune façon de sortir de cette domination culturelle de lâislamo-gauchismeâ: rĂ©affirmer clairement et courageusement les fondements de notre civilisation chrĂ©tienne et rappeler que lâhomme est une crĂ©ature libre et responsable â et que le vieux fantasme saint-simonien de remplacer le «âŻgouvernement des hommesâŻÂ» par «âŻlâadministration des chosesâŻÂ» nous conduira inĂ©luctablement lâhumanitĂ© en enfer.
18/11/2025
Je suis toujours Ă©tonnĂ© de constater que, dans le monde moderne, les gens ont particuliĂšrement peur des mots. On ne semble plus craindre le pĂ©chĂ© ni la folie, mais seulement les malentendus. Et comme si cela n'Ă©tait pas assez clair : il n'existe pas de vĂ©ritĂ© qui ne puisse ĂȘtre mal comprise. La thĂ©ologie catholique romaine a toujours accordĂ© une importance extraordinaire au Christ comme unique Sauveur. C'est prĂ©cisĂ©ment pourquoi je n'ai jamais perçu de menace dans la maniĂšre dont on parle de Marie. La position du Christ est si absolue qu'il serait absurde de penser que quiconque puisse vĂ©ritablement l'Ă©clipser. CoopĂ©rer ne signifie pas rivaliser. Si Dieu s'est vĂ©ritablement fait homme, alors non seulement il s'est abaissĂ©, mais il s'est aussi rendu dĂ©pendant de l'obĂ©issance humaine : d'abord Ă Marie, puis aux apĂŽtres, et enfin Ă nous tous. Le cardinal Fernandez se trompe lourdement lorsqu'il affirme qu'il n'est plus conseillĂ© d'utiliser le titre de « Co-RĂ©demptrice » pour Marie.
Je ne vois donc rien d'injustifiĂ© Ă l'idĂ©e que Marie, dans une soumission totale et par grĂące, ait participĂ© Ă l'Ćuvre du Christ. Le terme « Co-RĂ©demptrice » n'est pas aussi choquant que certains le craignent. Et, franchement, si le cardinal Fernandez craint que l'on place Marie sur un pied d'Ă©galitĂ© avec le Christ, le problĂšme ne vient pas de Marie, mais de Fernandez. C'est prĂ©cisĂ©ment la prĂ©sence de Marie qui me rappelle que la foi chrĂ©tienne n'est ni une idĂ©e, ni une philosophie, ni un systĂšme moral, mais une histoire. La rĂ©alitĂ© concrĂšte de la coopĂ©ration de Marie Ă l'Ćuvre de notre rĂ©demption ne dĂ©coule pas d'une invention humaine, mais du fait que Dieu lui-mĂȘme a dĂ©cidĂ© d'agir par l'intermĂ©diaire d'un homme. Chaque Ă©tape de l'histoire du salut montre que Dieu n'agit pas malgrĂ© l'homme, mais par l'homme. Le « fiat » de Marie est le premier, et peut-ĂȘtre le plus clair, exemple de cette coopĂ©ration surnaturelle.
Lorsque l'Ăglise parle de Marie comme Co-RĂ©demptrice â un terme employĂ© avec ferveur par les saints et les papes â, cela ne signifie pas que ses mĂ©rites aient une valeur intrinsĂšque, ni qu'elle diminue la place unique du Christ. La Tradition signifie que, par une grĂące ineffable, elle est impliquĂ©e d'une maniĂšre incomparable dans l'Ćuvre du Christ. Cette doctrine a connu un certain dĂ©veloppement. Ce dĂ©veloppement ne signifie pas une modification du dogme, mais le dĂ©ploiement de ce qui Ă©tait toujours prĂ©sent en son sein. Il me semble que le titre de « Co-RĂ©demptrice » n'est pas une nouveautĂ©, mais la consĂ©quence d'une croyance ancienne : Marie, par la grĂące, a Ă©tĂ© l'instrument par lequel le Verbe s'est fait chair, et elle a participĂ© Ă l'Ćuvre de salut du Christ par la foi, l'amour et la souffrance.
Pendant des siĂšcles, le titre de « Co-RĂ©demptrice » a Ă©tĂ© inscrit paisiblement dans les pages de lâĂglise. Les saints nâemployaient pas ce terme par imprudence, mais par respect. Ainsi, saint Bonaventure parlait de Marie comme de celle qui « a ĆuvrĂ© avec le Christ Ă la rĂ©demption ». Bernardin de Sienne eut le courage de louer la coopĂ©ration de la Vierge avec le Fils, car il savait que coopĂ©ration ( co-operatio ) ne signifie pas Ă©galitĂ©. Les PĂšres de lâĂglise ne craignaient pas que les fidĂšles nâoublient le Christ dĂšs lors que Marie Ă©tait louĂ©e. Ils Ă©taient convaincus que chacun comprendrait cette distinction, comme on comprend celle qui existe entre le Soleil et la Lune.
Et les papes ? LĂ©on XIII parlait de Marie comme de celle « par qui nous avons reçu le MystĂšre de la RĂ©demption ». Pie X Ă©voquait son union unique avec le Christ dans sa souffrance. BenoĂźt XV employait des termes qui seraient considĂ©rĂ©s comme dangereux aujourdâhui : il qualifiait son combat sur la Croix dâ« presque Ă©gal » Ă celui du Christ â presque, je le rĂ©pĂšte, pas tout Ă fait Ă©gal, et seul un monde insensible ne percevrait pas la diffĂ©rence. Pie XI, pape rĂ©putĂ© pour sa fermetĂ©, alla mĂȘme jusquâĂ utiliser explicitement le terme « Co-RĂ©demptrice » dans un discours, comme si câĂ©tait la chose la plus naturelle au monde pour la MĂšre du Seigneur de porter un tel titre. Les saints et les papes ne craignaient pas que Marie ne devienne trop grande. Ils craignaient par-dessus tout que nous ne devenions trop petits.
Il est étrange que Fernandez veuille interdire un mot par crainte d'un malentendu. On s'attendrait à ce qu'il tente d'abord de le faire comprendre en l'expliquant simplement. Si quelqu'un dit qu'une carte est confuse, apprenez-lui à la lire. On ne déchire pas une carte en mille morceaux pour ensuite déclarer que la Terre est plate. Si vous dites qu'un terme théologique est dangereux, vous pourriez expliquer que « co » vient de « cum », « avec » ; ce n'est pas un terme de coordination. Il n'y a jamais eu de malentendu à ce sujet. Mais au lieu de cela, le préfet du DicastÚre pour la Doctrine de la Foi rend ce mot suspect.
Si Dieu n'a pas craint de donner Ă une jeune fille de Nazareth le titre de « MĂšre de Dieu », pourquoi hĂ©siterions-nous Ă lui accorder des titres plus modestes ? Les hĂ©rĂ©tiques de l'AntiquitĂ© s'indignaient de ce paradoxe divin, mais l'Ăglise, elle, ne s'en est pas offusquĂ©e. Qui peut imaginer une crĂ©ature plus humble que Marie ? Et pourtant, Dieu lui a donnĂ© un titre qui a bouleversĂ© l'univers. Cela prouve que Dieu se plaĂźt Ă faire naĂźtre la grandeur de l'humilitĂ©.
Le catholicisme est la foi qui nous enseigne que Dieu Ćuvre de concert avec les ĂȘtres humains. L'Ăvangile commence par une coopĂ©ration : un ange attend la rĂ©ponse d'un ĂȘtre humain, celui-ci dit « oui », et le ciel retient son souffle. Si cela n'est pas coopĂ©ration, alors le mot « coopĂ©ration » n'a pas de sens. Toute l'histoire de l'Incarnation est le triomphe de la coopĂ©ration voulue par Dieu entre le CrĂ©ateur et la crĂ©ature. Et si l'humanitĂ© â par Marie â a Ă©tĂ© associĂ©e Ă la venue du Sauveur, pourquoi ne l'a-t-elle pas Ă©tĂ© Ă son sacrifice sur la Croix, d'une maniĂšre entiĂšrement tributaire de la grĂące divine ? Il est plus facile et plus simple d'expliquer les grands concepts que de guĂ©rir une foi fragile. Convertir les gens au christianisme demeure une tĂąche immense. L'Ăglise n'a jamais voulu minimiser la vĂ©ritĂ© pour apaiser les hommes. Elle a toujours voulu les Ă©lever afin qu'ils puissent la supporter.
J'ose formuler quelques suggestions : 1) Enseigner le sens des mots au lieu de les rejeter. 2) La continuité ecclésiastique ne doit pas dépendre des sensibilités contemporaines. 3) Le paradoxe et la richesse du langage font partie intégrante de l'identité catholique. 4) Le rÎle de Marie n'est pas une menace pour le Christ, mais plutÎt une confirmation de son Incarnation et de son amour pour la coopération humaine.
+Rob Mutsaerts
Source: LifeSiteNews
Cet article a Ă©tĂ© initialement publiĂ© en nĂ©erlandais et se trouve sur le blog de l'Ă©vĂȘque Robert Mutsaerts, « Paarse Pepers ».
17/11/2025
Le rigorisme s'installe, marqué par la banalisation du port du voile, le rejet de la mixité et une conviction, non marginale, que la charia devrait prévaloir sur les lois de la République. La sympathie pour les mouvances islamistes vient compléter ce tableau préoccupant.
Cette situation, jugée inquiétante, est le résultat de décennies de laisser-faire, de lùcheté ou d'indifférence face à la nécessité de défendre fermement la laïcité et de valoriser l'héritage judéo-chrétien de la France, dont le recul coupable du catholicisme a laissé un vide. Quarante ans aprÚs les premiÚres affaires du voile, la société française continue de tergiverser sur les limites de la tolérance.
Mener la bataille culturelle et spirituelle qui s'impose est d'autant plus difficile que le rapport de force est déséquilibré. Toute critique se heurte immédiatement à l'accusation d'islamophobie, de réactionnarisme ou de racisme, amplifiée par les réseaux sociaux.
Le dĂ©fi est exacerbĂ© par le cynisme politique d'une partie de la gauche. Par pur clientĂ©lisme Ă©lectoral, cette frange, symbolisĂ©e par Jean-Luc MĂ©lenchon et La France insoumise, a choisi de se faire l'alliĂ©e de l'islam radical. Estimant que le jeune musulman victime de discrimination est le nouveau "prolĂ©taire", cet Ă©lectorat primo-votant est considĂ©rĂ© comme un carburant stratĂ©gique pour les Ă©chĂ©ances Ă©lectorales futures. L'appel Ă l'« insoumission » et Ă l'affichage de drapeaux palestiniens aprĂšs le 7 octobre 2023 illustre cette dĂ©rive, oĂč l'ancien « grand bouffeur de curĂ©s », aprĂšs avoir Ă©tĂ© enfant de chĆur, finit par flatter une mouvance religieuse rigoriste, trahissant les principes historiques de la gauche.
La France est Ă un carrefour : confrontĂ©e Ă un rigorisme religieux croissant et Ă un opportunisme politique dĂ©complexĂ©, elle va enfin comprendre que le modĂšle de sociĂ©tĂ© issu de la RĂ©volution est ... rĂ©volu. Le vieux peuple gaulois qui a abandonnĂ© son Dieu ne sait plus oĂč il habite et se couchera quand les conquĂ©rants se lĂšveront. Il n'y aura pas de guerre civile.
Le combat qui vient est hautement et seulement spirituel. Et sous le régime islamique, le califat qui vient, si Dieu le veut et suscite des ùmes, une grande conversion se produira comme en témoignent déjà les prémices, et notre "nation prédestinée" comme l'a qualifiée St Pie X se lavera de ses souillures.
Sursum Corda ! C'est le temps de l'Immaculée !
17/11/2025
L'idolĂątrie de Salomon commença donc lorsqu'il chercha des Ă©pouses hors d'IsraĂ«l. Ă l'Ă©poque oĂč Achab rĂ©gnait sur IsraĂ«l avec la perfide JĂ©zabel, la loyautĂ© envers Dieu pouvait coĂ»ter la vie. Abdias, maĂźtre de la maison d'Achab, dut cacher cent cinquante prophĂštes du Seigneur dans une grotte pour les protĂ©ger de la haine meurtriĂšre de JĂ©zabel.
Comme si cela ne suffisait pas, Achaz, roi de Juda, se tournant vers les dieux dâAssyrie, « fit briser les ustensiles de la maison de Dieu, ferma les portes de la maison de lâĂternel et construisit des autels Ă tous les coins de JĂ©rusalem » (2 Chroniques 28:24). Nul doute quâAchaz se considĂ©rait comme un homme religieux.
Lorsque la situation est devenue si critique, pour retrouver la sérénité, il faut parfois arracher le mal à la racine. Le saint roi Josias ne s'est pas contenté d'encourager le culte du vrai Dieu tout en tolérant l'idolùtrie, si répandue et si puissante, en son sein. DÚs qu'il fut en ùge de gouverner, « il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des bosquets sacrés, des idoles et des statues de métal fondu », brisant les autels de Baal, réduisant les idoles en poussiÚre et la répandant sur les tombes de ceux qui leur avaient offert des sacrifices. (2 Chroniques 34:3-4)
Alors le vĂ©ritable renouveau put commencer. Il fit rĂ©parer le Temple, et le grand prĂȘtre Hilkija, fouillant un ancien lieu abandonnĂ©, « trouva un livre de la loi de lâĂternel, donnĂ© par MoĂŻse » (34:14). Peut-ĂȘtre le prĂȘtre savait-il oĂč il se trouvait depuis toujours. Josias lut alors le livre devant tout le peuple de JĂ©rusalem, fit vĆu de respecter les commandements de lâĂternel et exigea du peuple quâil en fasse autant.
La réforme de Josias eut un certain impact durable, se poursuivant tout au long de son rÚgne et conservant une certaine influence par la suite, malgré quelques rechutes. Seules la destruction de Jérusalem et la captivité à Babylone suffirent à ramener le peuple vers le Seigneur.
Pourtant, je suis certain qu'avant cela, les gens s'étaient habitués à l'idolùtrie. Pluralistes et tolérants, tous autant qu'ils sont ! Et si l'on sacrifiait des nourrissons à Moloch (image) ? Les bébés n'ont pas encore de vie.
Et si certains apprĂ©ciaient la prostitution rituelle et la sodomie dans le culte des Baals ? Hiel est peut-ĂȘtre allĂ© un peu trop loin en reconstruisant JĂ©richo sous le rĂšgne dâAchab, en posant ses fondations dans le corps de son fils aĂźnĂ© Abiram et en plantant les portes dans celui de son plus jeune fils Segub (1 Rois 16:34), mais qui pourrait sâen offusquer, sinon un personnage comme ce brigand Ă moitiĂ© fou quâest Ălie ?
Nous sommes aujourd'hui en proie Ă un flĂ©au grave et gĂ©nĂ©ralisĂ©. Aux Ătats-Unis, entre 2 500 et 3 000 enfants meurent chaque jour dans le ventre de leur mĂšre. Nombreux sont ceux qui dĂ©noncent ces meurtres et qui tolĂšrent sans problĂšme une pratique liĂ©e Ă l'avortement, tout aussi abominable, voire plus destructrice encore pour la civilisation humaine : la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e et la congĂ©lation d'embryons non dĂ©sirĂ©s.
Le mariage est en chute libre, tout comme le taux de natalité. De nombreux quartiers sont déserts la majeure partie, voire la totalité, de la journée, ce qui signifie qu'ils ne sont plus des quartiers, mais seulement des lieux.
La pornographie est omniprésente. Les bibliothÚques accueillent des drag queens qui lisent aux jeunes enfants des histoires qui imprÚgnent leurs esprits de perversion. Le contre nature est glorifié et, dans de nombreux lieux de travail, il est imposé si constamment qu'il est difficile de passer une journée sans au moins s'y soumettre.
Des enfants sont mutilĂ©s, et on applaudit ces mutilations, en prĂ©tendant qu'un garçon peut devenir une fille ou une fille un garçon. La confusion est si rĂ©pandue et contagieuse que la langue elle-mĂȘme se tord et se dĂ©forme pour s'y conformer. Imaginez devoir expliquer Ă quelqu'un, il y a encore peu de temps, qu'on pouvait utiliser le « mauvais » pronom pour parler de quelqu'un, juste devant vous.
Dans cette situation effroyable, l'Ăglise reprĂ©sente le dernier espoir. Ses enseignements condamnent cette folie multiforme. Elle promeut et confirme ce qui est sain et conforme Ă la nature humaine.
Elle dĂ©fend la valeur inestimable de la vie humaine dans le sein maternel. Elle condamne la rupture du lien conjugal dĂšs la conception des enfants, que ce soit par contraception ou par procrĂ©ation. Elle autorise la sĂ©paration mais interdit le divorce. Ses doctrines â hĂ©las, pas toujours appliquĂ©es par ses ministres â protĂšgent lâinnocence des enfants.
Elle est convaincue de la bonté de l'homme et de la femme, et elle ne tolÚre pas la stérilisation qui s'ensuit nécessairement lorsqu'on mutile des organes sexuels sains pour affirmer un fantasme.
Mais le signe le plus visible de sa santĂ© mentale est peut-ĂȘtre ce qui embarrasse aujourd'hui nombre de ses dirigeants et de ses disciples : le sacerdoce masculin.
J'accepte l'argument selon lequel une femme ne peut véritablement accomplir le sacrifice de la messe in persona Christi, puisque Jésus était un homme et non une femme. Mais nous ne pouvons nous en tenir là . S'il est bon pour nous qu'il y ait un sacerdoce exclusivement masculin, nous devons en connaßtre la raison.
Cette question ne concerne pas l'homme seul devant l'autel, mais le sens mĂȘme de la virilitĂ© et de la fraternitĂ© sacerdotale. Puisque la grĂące s'appuie sur la nature, nous ne devrions pas considĂ©rer une telle fraternitĂ© comme une exception. Elle devrait ĂȘtre un modĂšle de sagesse. Ce ne sont pas seulement les prĂȘtres qui devraient s'unir dans la fraternitĂ©.
Nous ne sommes pas en position de reprocher Ă l'Ăglise de ne pas s'adapter Ă son Ă©poque. Notre Ă©poque est mauvaise. Pire encore : elle est folle. L'Ăglise est notre bouĂ©e de sauvetage. Rendons grĂące Ă Dieu et saisissons-la sans hĂ©siter.
Anthony Esolen, The Catholic Thing
Anthony Esolen est conférencier, traducteur et écrivain. Parmi ses ouvrages figurent *Out of the Ashes: Rebuilding American Culture* , * Nostalgia: Going Home in a Homeless World * et, plus récemment, *The Hundredfold: Songs for the Lord *. Il est professeur émérite au Thales College. N'hésitez pas à visiter son nouveau site web, *Word and Song* .
16/11/2025
L'AbbĂ© Vallançon insiste sur le fait que le manque de persĂ©vĂ©rance n'est pas une fatalitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle, mais le rĂ©sultat d'une pĂ©dagogie de catĂ©chumĂ©nat Ă revoir. L'erreur principale, selon lui, est de faire du baptĂȘme un "temps fort" Ă©motionnel et extraordinaire. Cette "pĂ©dagogie du temps fort" mĂšne inĂ©vitablement Ă une dĂ©sillusion lorsque la vie chrĂ©tienne ordinaire s'installe, caractĂ©risĂ©e par des pĂ©riodes de "sĂ©cheresse spirituelle" (comme l'enseignent les maĂźtres du Carmel).
Pour contrecarrer cela, la nouvelle orientation pastorale devrait :
1. DĂ©placer la Focalisation : Le baptĂȘme n'est qu'un moyen vers le Salut. Toute la pastorale doit ĂȘtre orientĂ©e vers la prĂ©paration Ă la vie chrĂ©tienne en vue de la Vie Ă©ternelle, ce qui implique de vivre selon la loi de Dieu et de rejeter le pĂ©chĂ© mortel.
2. Renforcer la Doctrine : Sans une formation doctrinale et morale solide, la foi se réduit à une expérience et des sentiments "volatils". Il est essentiel de nourrir l'intelligence des convertis par un enseignement doctrinal pour les ancrer profondément dans le Christ.
3. Insister sur la PĂ©nitence : Le repentir des fautes passĂ©es est trop souvent sous-estimĂ©. Il faut inviter les catĂ©chumĂšnes Ă une relecture de vie et au regret de leurs pĂ©chĂ©s en prĂ©paration du baptĂȘme, qui est la mort au pĂ©chĂ© et la rĂ©surrection dans le Christ.
4. Affirmer les Exigences Morales : Les convertis doivent ĂȘtre avertis que la sociĂ©tĂ© (relativisme, hĂ©donisme) fait obstacle Ă la foi. En particulier, les couples non mariĂ©s doivent cĂ©lĂ©brer leur mariage immĂ©diatement aprĂšs le baptĂȘme â ou diffĂ©rer le sacrement â pour vivre rĂ©ellement dans l'Ă©tat de grĂące et ne pas "brader les exigences du Christ."
5. Valoriser le Lien Personnel à Dieu : Pour les néophytes (déjà baptisés), il est crucial de construire d'abord une relation profonde avec le Christ. C'est ce lien personnel qui les poussera à s'intégrer dans la paroisse et à accepter les inévitables déceptions de la vie communautaire.
En somme, l'urgence pour l'Ăglise est de sortir d'un catĂ©chumĂ©nat qui prĂ©pare Ă un Ă©vĂ©nement, pour entrer dans un processus qui prĂ©pare Ă une vie de persĂ©vĂ©rance. La pĂ©dagogie de l'Ăvangile n'est pas celle de l'Ă©motion passagĂšre, mais celle de la fidĂ©litĂ© ordinaire, ancrĂ©e dans la doctrine, la priĂšre, les sacrements, et vĂ©cue dans la perspective des fins derniĂšres. L'enjeu n'est pas la communautĂ©, ni le sacrement lui-mĂȘme, mais bien le Salut.
Pour compléter cet article, je vous ajoute ci-aprÚs le commentaire de bon sens d'un participant du Forum Catholique sur cet article de France Catholique :
Je note les excellentes intuitions de lâabbĂ© Vallançon qui me paraissent en grande partie en phase avec ce que je peux observer Ă mon niveau. Il y aurait bien sĂ»r beaucoup dâautres points Ă Ă©voquer.
On a effectivement parfois tendance Ă en faire trop sur lâintĂ©gration dans la vie communautaire. Tous les nĂ©ophytes ne sont pas forcĂ©ment demandeurs dans ce domaine, loin de lĂ . Simplement, ceux qui ont besoin de soutien de la communautĂ© doivent le trouver au moment oĂč ils en ont besoin. Les dĂ©ceptions dans ce domaine peuvent hĂ©las faire des dĂ©gĂąts.
Je pense aussi quâil faut insister sur non seulement lâobligation, mais mĂȘme la nĂ©cessitĂ© absolue de la prĂ©sence Ă la messe dominicale.
Chaque catĂ©chumĂšne fermement engagĂ© dans la voie du baptĂȘme doit savoir que dĂ©sormais, quelque soient les difficultĂ©s, doutes, questionnements quâil traversera durant sa vie, il assistera Ă la messe chaque dimanche, mĂȘme sâil se trouve dans un Ă©tat oĂč il ne peut communier. Ce qui peut arriver et arrivera dans la plupart des cas durant des pĂ©riodes plus ou moins longues, et câest la marge de « respiration » dans la vie chrĂ©tienne quâil faut permettre. En effet certains commandements peuvent nĂ©cessiter beaucoup du temps et de la maturitĂ© humaine pour pouvoir ĂȘtre observĂ©s avec rĂ©gularitĂ©, surtout dans la sociĂ©tĂ© actuelle. Lâacquisition de certaines vertus sâeffectue sur le temps long et chaque fidĂšle soit se sentir libre dâavancer Ă son rythme. Cela signifie sortir de lâidĂ©ologie (rĂ©cente) de la « communion frĂ©quente » (comprendre: systĂ©matique) et insister dans ce domaine sur la qualitĂ© plus que sur la quantitĂ©/systĂ©maticitĂ©. Avant le XXe siĂšcle on ne communiait que rarement, en tout cas pas tous les dimanches, et ce nâĂ©tait pas seulement un fruit dâune dĂ©rive jansĂ©niste (saint Louis IX par exemple ne communiait que cinq ou six fois dans lâannĂ©e!).
Mais en cas de « nuit des sens » ou de crise spirituelle prolongĂ©e, entendre la Parole de Dieu et assister au saint sacrifice au moins le dimanche est le dernier lien qui ne doit ĂȘtre rompu Ă aucun prix, et quâil faut conserver toute la vie, chaque jour, jusquâĂ la mort.
Je note aussi avec tristesse que mĂȘme dans les milieux trĂšs pratiquants on nâapprend plus aux fidĂšles lâart de la priĂšre et quâil nây ait pas de rĂ©elle formation Ă la vie spirituelle. La tradition de lâEglise est pourtant extrĂȘmement riche sur ce point mais en dehors de quelques slogans sur la nĂ©cessitĂ© du chapelet quotidien, personne ne songe Ă y puiser les principes fondamentaux de la vie intĂ©rieure.
15/11/2025
LâarchevĂȘque Miguel Maury BuendĂa, nonce apostolique en Grande-Bretagne, a rĂ©cemment prononcĂ© un discours devant lâassemblĂ©e plĂ©niĂšre de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques catholiques dâAngleterre et du Pays de Galles, informant les Ă©vĂȘques que le Vatican se montrerait « gĂ©nĂ©reux » lorsquâon lui demanderait de dĂ©roger aux restrictions imposĂ©es Ă la liturgie traditionnelle, a dĂ©clarĂ© un haut dignitaire ecclĂ©siastique au journal The Pillar.
Selon une source prĂ©sente lors du discours, le nonce a expliquĂ© que mĂȘme si le pape LĂ©on « nâest pas disposĂ© Ă changer [ Traditionis custodes ] , mais comme il existe de nombreux rites diffĂ©rents dans lâĂglise, il nây a aucune raison dâexclure la messe traditionnelle en latin ».
« Les dĂ©tails Ă©taient un peu flous », a dĂ©clarĂ© une source. Mais le nonce a bien indiquĂ© que, mĂȘme si les curĂ©s des paroisses auraient toujours besoin de lâapprobation de leurs Ă©vĂȘques pour cĂ©lĂ©brer le rite extraordinaire dans les Ă©glises paroissiales, et que les Ă©vĂȘques diocĂ©sains devraient toujours en faire la demande au DicastĂšre pour le Culte Divin, « LĂ©on demandera au cardinal Arthur [Roche, prĂ©fet du dicastĂšre] de faire preuve de clĂ©mence ».
Plus tĂŽt cette semaine, la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques d'Angleterre et du Pays de Galles a rencontrĂ© le nonce apostolique dans le cadre de son assemblĂ©e plĂ©niĂšre. Ă l'issue de cette rencontre, des informations ont commencĂ© Ă circuler selon lesquelles le nonce aurait transmis au pape LĂ©on XIV l'intention d'autoriser plus largement la cĂ©lĂ©bration des offices liturgiques antĂ©rieurs au concile Vatican II.
Selon un ecclésiastique présent lors du discours du nonce, bien que le pape Léon n'ait pas été enclin à abroger le motu proprio de l'Úre François, « l'impression [que le nonce a donnée] était que le pape voulait que la porte reste ouverte et non pas qu'elle soit rétrécie ou fermée ».
« Ce n'était qu'un point parmi d'autres », a déclaré le nonce, a-t-on rapporté au journal The Pillar , et non le thÚme central de son discours.
Depuis l'élection du pape Léon XIV en début d'année, des spéculations circulent quant à la possibilité qu'il décide de revenir sur les exigences de Traditionis custodes , un motu proprio de 2021 émis par le pape François qui restreignait fortement la célébration de l'ancienne forme de la liturgie.
Parmi les nouvelles restrictions mises en place par le document, les Ă©vĂȘques peuvent dĂ©signer des lieux pour la poursuite de la cĂ©lĂ©bration de la liturgie prĂ©-Vatican II, mais pas dans les Ă©glises paroissiales ni par la crĂ©ation de nouvelles paroisses personnelles.
Toute exception Ă cette rĂšgle requiert l'autorisation directe du DicastĂšre pour le Culte Divin. Les dĂ©rogations doivent ĂȘtre renouvelĂ©es tous les deux ans.
Ces restrictions ont provoqué un tollé, suscitant l'indignation tant des fidÚles assistant à la messe traditionnelle en latin que des critiques qui s'opposaient à l'ecclésiologie sous-jacente aux nouvelles rÚgles et à l' interprétation qu'en faisait le dicastÚre.
Les rĂ©actions des Ă©vĂȘques Ă l' encyclique Traditionis custodes ont Ă©tĂ© trĂšs diverses, donnant lieu Ă une mosaĂŻque de politiques. Dans certains diocĂšses, la messe traditionnelle en latin continue d'ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e presque comme avant la publication du motu proprio, tandis que dans d'autres, elle a Ă©tĂ© de facto interdite.
Certains diocÚses ont bénéficié d'une dispense initiale des normes de Traditionis custodes pour une période de transition de deux ans, mais sous le pape François, il était largement admis qu'aucune autre prolongation ne serait accordée.
Cependant, depuis l'accession au trĂŽne pontifical de LĂ©on XIII en mai, le DicastĂšre pour le Culte Divin a commencĂ© Ă Ă©tendre ces dispenses et Ă en examiner de nouvelles, ce qui a alimentĂ© les spĂ©culations selon lesquelles le nouveau pape pourrait ĂȘtre disposĂ© Ă assouplir ou Ă annuler les exigences créées par son prĂ©dĂ©cesseur.
Une source proche de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques d'Angleterre et du Pays de Galles a dĂ©clarĂ© qu'il ressort des propos du nonce que le pape souhaite que la porte Ă la cĂ©lĂ©bration de l'ancienne liturgie reste ouverte.
L'approche gĂ©nĂ©rale du pape semble ĂȘtre « Todos, todos, todos â y compris les fidĂšles de la messe tridentine », a dĂ©clarĂ© la source.
14/11/2025
En 2015, lors d'un vol retour des Philippines vers le Vatican, le pape François déclara aux journalistes : « Il y a un livre⊠il s'intitule Le Maßtre de la Terre. L'auteur est Benson⊠Je vous suggÚre de le lire. Sa lecture vous permettra de bien comprendre ce que j'entends par colonisation idéologique. » Il poursuivit en qualifiant le roman de prophétique, notamment au regard des évolutions modernes telles que la laïcité, le relativisme et la notion de « progrÚs » déconnectée de tout ancrage spirituel ou moral.
Le livre en question, Le MaĂźtre de la Terre (1907), est un roman dystopique et apocalyptique Ă©crit par le pĂšre Robert Hugh Benson, un Anglais converti. Il imagine un monde du XXIe siĂšcle oĂč le christianisme a largement dĂ©clinĂ© tandis que l'humanisme sĂ©culier â ou « humanitarisme » â a pris le pouvoir, les Ă©lites politiques et culturelles s'unissant autour d'un leader charismatique mondial. L'Ăglise â et la papautĂ© â survivent, de justesse, et c'est lĂ le nĆud du conflit au cĆur de l'intrigue.
CâĂ©tait pour le moins un choix inhabituel de la part dâun pape. Mais le pape François a rĂ©itĂ©rĂ© sa suggestion lors dâun discours prononcĂ© Ă Budapest en 2023, mettant en garde son auditoire issu du monde universitaire et culturel contre un avenir dominĂ© par la technologie â et la menace que cela reprĂ©sente pour la culture et, en fin de compte, pour ce que signifie ĂȘtre humain.
Le prédécesseur du pape François, alors cardinal Joseph Ratzinger, avait également cité « Le Maßtre de la Terre » lors d'une conférence à Milan en février 1992, le qualifiant d'ouvrage qui « donne matiÚre à réflexion ». Son successeur, le pape Léon XIV, s'exprimant en septembre 2023 en tant que cardinal Robert Prevost, a lui aussi recommandé le roman de Benson, affirmant qu'il met en garde contre ce qui pourrait arriver à un monde sans foi.
Il n'est peut-ĂȘtre pas surprenant que ce roman ait suscitĂ© autant d'attention, puisque son intrigue est centrĂ©e sur un pontife assiĂ©gĂ© Ă une Ă©poque oĂč la religion est attaquĂ©e par des Ă©lites laĂŻques technologiquement supĂ©rieures.
Fils d'un ancien archevĂȘque anglican de Canterbury, Benson se convertit au catholicisme le 11 septembre 1903, Ă l'Ăąge de 31 ans. Il avait publiĂ© plusieurs Ćuvres de fiction avant Le Seigneur du monde , principalement des romans historiques. Son roman de 1907 marquait donc une rupture Ă bien des Ă©gards et soulĂšve la question : d'oĂč lui venait cette inspiration ?
« Ă la fin du XIXe siĂšcle, la littĂ©rature apocalyptique connaissait une sorte de renaissance, Ă l'image de l'essor de la science-fiction », explique l'auteure et critique Kristen Van Uden Theriault. Dans un entretien accordĂ© au Register, elle prĂ©cise que cette pĂ©riode a vu naĂźtre une littĂ©rature dystopique largement imprĂ©gnĂ©e d'une perspective laĂŻque positive, tout en distillant des avertissements prophĂ©tiques sur les dangers d'un progrĂšs technologique effrĂ©nĂ©, du collectivisme et du totalitarisme. Elle cite deux Ćuvres marquantes qui intĂšgrent une dimension religieuse Ă la littĂ©rature dystopique :⯠le Conte allĂ©gorique de l'AntĂ©christ de Vladimir Soloviev (1900) et Le MaĂźtre de la Terre de Benson⯠.
Elle perçoit également un lien fascinant entre ce genre et saint John Henry Newman. Newman, contemporain de Benson et lui aussi un converti de renom de l'anglicanisme, avait beaucoup écrit sur l'Antéchrist, s'intéressant principalement à la montée des idéologies erronées qui ont préparé le monde à son avÚnement.
« Benson et Newman reconnaissaient tous deux les dangers des idĂ©ologies modernes â Ă savoir le communisme, le socialisme et le modernisme, mais aussi le libĂ©ralisme, que lâon peut caractĂ©riser comme la version tempĂ©rĂ©e et lente de ces homologues plus radicaux », a poursuivi ThĂ©riault.
Au cĆur de la mise en garde de Newman, suggĂ©rait-elle, se trouve « la tyrannie du subjectivisme » : le dĂ©sir de rĂ©duire la religion Ă une affaire de conscience personnelle plutĂŽt que de la percevoir comme une vĂ©ritĂ© objective. Elle affirme que le systĂšme fictif de lâhumanitarisme de Benson â un substitut athĂ©e Ă la religion â « incarne les forces sociales contre lesquelles Newman nous avait mis en garde. Lâordre social, qui ressemblait jadis Ă la hiĂ©rarchie cĂ©leste, est dĂ©sormais façonnĂ© Ă lâimage de lâhomme dĂ©chu. »
Alors, Ă©tant donnĂ© que le roman se dĂ©roule au XXIe siĂšcle, dans quelle mesure le juge-t-elle prophĂ©tique aujourd'hui ? ThĂ©riault le considĂšre comme « prĂ©monitoire Ă bien des Ă©gards ». Elle cite les prĂ©dictions de Benson concernant un organisme de gouvernance international â semblable Ă la SociĂ©tĂ© des Nations, puis aux Nations Unies â et l'euthanasie institutionnalisĂ©e, notamment au regard de la loi canadienne sur l'aide mĂ©dicale Ă mourir.
« Plus profondément, sa description d'une société sans Dieu, guidée par le plaisir, le scientisme et le rejet de Dieu, résonne comme une description de notre siÚcle. La vie ne vaut rien dans le paysage apocalyptique infernal de Benson, tout comme dans notre culture de mort contemporaine », ajoute-t-elle.
Ă la fin du roman de Benson, l'Ăglise n'est plus qu'un vestige et l'AntĂ©christ semble triompher. Pourtant, ThĂ©riault estime que le message du livre demeure « celui de tous les Ă©crits vĂ©ritablement catholiques sur l'AntĂ©christ : un message d'espoir. MalgrĂ© les machinations perfides de l'AntĂ©christ, nous savons qui l'emporte Ă la fin. »
En tant que roman suscitant un dĂ©bat thĂ©ologique, il fonctionne â mais en tant qu'Ćuvre de fiction, comment rĂ©siste-t-il Ă l'Ă©preuve du temps aujourd'hui ?
« Au début du XXe siÚcle, les romans dystopiques et futuristes pullulaient : un amas sombre, déprimant et mal écrit », observait la romanciÚre et universitaire Eleanor Bourg Nicholson . Pourtant, elle trouve le roman de Benson différent.
« Ă la fois spĂ©culatif et mystique, [cet ouvrage] se distingue pour deux raisons : premiĂšrement, il prĂ©sente des personnages rĂ©els et vivants â des hommes et des femmes crĂ©dibles et auxquels on peut sâidentifier â et non pas une simple allĂ©gorie prosĂ©lyte ; et deuxiĂšmement, parce quâil aborde avec audace la rĂ©alitĂ© sombre et oppressante que le monde doit et va finir, et quâil perçoit cette rĂ©alitĂ© Ă travers le prisme de la foi. »
L'un des grands atouts du genre spĂ©culatif, expliquait-elle, rĂ©side dans la possibilitĂ© qu'il offre aux lecteurs de se confronter Ă des questions morales profondes. « Quelle est la relation de l'homme avec Dieu ? Quel est le but de la religion ? Quel est le sens mĂȘme de l'existence humaine ? La vie et la mort, le salut et la damnation â ces thĂšmes se retrouvent au cĆur de nombreuses Ćuvres de ce genre, et ils sont assurĂ©ment au cĆur mĂȘme du MaĂźtre de la Terre. » C'est peut-ĂȘtre lĂ , Ă elle seule, ce qui explique son attrait auprĂšs des papes et des prĂ©lats.
Nicholson perçoit Ă©galement une dimension prophĂ©tique dans le livre, dont elle constate que nombre d'Ă©lĂ©ments se retrouvent dans la vie moderne. « Benson conçoit l'AntĂ©christ comme un homme politique affable et inoffensif, une figure charismatique promouvant la "paix" â quelqu'un que l'on peut facilement imaginer sĂ©duire le public de nos jours », a-t-elle observĂ©.
S'adressant au Register, l'auteur et Ă©diteur Joseph Pearce considĂšre lui aussi Benson comme « un visionnaire », soulignant que son roman inattendu a ouvert la voie Ă des Ćuvres ultĂ©rieures telles que Le Meilleur des mondes d'Huxley et 1984 d'Orwell.
« Benson était en avance sur son temps, un pionnier, un avant-gardiste au sens le plus profond du terme », a déclaré Pearce, ajoutant : « Ce livre a manifestement exercé une influence considérable sur le XXe siÚcle et semble résonner de façon tout aussi inquiétante à notre époque. La pérennité de la pertinence est l'une des marques d'un grand livre, et celui-ci en est assurément un. »
Benson a bien écrit, sinon une suite à proprement parler, du moins un livre avec un thÚme similaire mais une perspective totalement différente, a noté Pearce.
Il semble qu'il ait Ă©crit son roman futuriste suivant, L'Aube de toutes choses, pour donner une tournure plus optimiste Ă l'atmosphĂšre sombre du MaĂźtre de la Terre. Mais je ne pense pas que l'Apocalypse soit sombre d'un point de vue chrĂ©tien. Dans la mesure oĂč le roman se termine sur une note apocalyptique, il annonce le Second AvĂšnement promis par les Ăcritures.
« Comment cela pourrait-il ĂȘtre autre chose que la plus heureuse des fins ? »
KV Turley est le correspondant du Register au Royaume-Uni. Il écrit depuis Londres.
13/11/2025
Le fait de choisir cette maniĂšre de commĂ©morer la naissance des USA tĂ©moigne dâune approche proprement surnaturelle, alors quâaucune dĂ©marche de cette sorte nâa jamais Ă©tĂ© entreprise aux Etats-Unis. On peut dire quâelle va Ă lâessentiel, tel que lâexprime le psaume 127 « Si Yahweh ne bĂątit pas la maison, en vain travaillent ceux qui la bĂątissent ; si Yahweh ne garde pas la citĂ©, en vain la sentinelle veille Ă ses portes. »
ConsĂ©cration au SacrĂ©-CĆur dans le contexte de Quas Primas
Mgr Rhoades a prĂ©sentĂ© la motion en prĂ©cisant que la consĂ©cration serait accompagnĂ©e de ressources publiĂ©es par la commission sur la libertĂ© religieuse dont il est le prĂ©sident : une catĂ©chĂšse visant Ă rappeler le sens et la richesse de la doctrine du SacrĂ©-CĆur, des priĂšres et des activitĂ©s Ă mettre en place dans les diocĂšses en prĂ©paration de lâacte solennel lui-mĂȘme. Il a notamment appelĂ© Ă faire une neuvaine dont le texte sera Ă©tabli la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques, et Ă des initiatives locales qui pourraient consister pour les fidĂšles Ă rĂ©aliser « 250 actes de misĂ©ricorde » ou « 250 heures dâadoration eucharistique » qui pourraient elles-mĂȘmes ĂȘtre organisĂ©es par les paroisses.
Sâagissant dâun acte qui aura pour cadre le « demi-cinq-centenaire des Etats-Unis », Mgr Rhoades a Ă©galement appelĂ© Ă une rĂ©flexion sur lâamour du pays et sur le patriotisme qui sâinscrivent de maniĂšre « justement ordonnĂ©e » dans la vie du catholique.
Il a fait mention explicite de lâencyclique Quas Primas : « Il y a cent ans, en 1925, dans son encyclique instituant la fĂȘte du Christ-Roi, le pape Pie XI â sâinspirant de lâenseignement du pape LĂ©on XIII â faisait rĂ©fĂ©rence Ă la pieuse coutume de se consacrer soi-mĂȘme, les familles et mĂȘme les nations au SacrĂ©-CĆur de JĂ©sus comme moyen de reconnaĂźtre la royautĂ© du Christ. »
Les Etats-Unis consacrĂ©s au SacrĂ© CĆur pour leur 250e anniversaire
Mgr Rhoades a repris cette demande au cours des questions posĂ©es par certains confrĂšres Ă©vĂȘques avant le vote, soulignant quâon inviterait les individus et les familles Ă se consacrer eux-mĂȘmes au SacrĂ©-CĆur, ainsi quâon peut le voir sur lâenregistrement de la session de lâassemblĂ©e de lâUSCCB Ă partir de 3 h 58 min 20 sec.
Parmi les questions, celle de lâarchevĂȘque de Miami nâa pas reçu de rĂ©ponse : Mgr Thomas Wenski, ayant fait observer que la consĂ©cration solennelle Ă©tait un Ă©vĂ©nement national qui implique chaque AmĂ©ricain, a notĂ© quâil serait bon que les fidĂšles puissent y assister. Notant que la rĂ©union des Ă©vĂȘques en juin prochain aura lieu Ă Orlando (Floride) il a suggĂ©rĂ© que la cĂ©rĂ©monie sây dĂ©roule en lâĂ©glise de Marie, Reine de lâUnivers avec le concours des catholiques et en invitant les autoritĂ©s civiles â y compris le prĂ©sident des Etats-Unis et son vice-prĂ©sident. Mgr Rhoades, ayant consultĂ© ses voisins de gauche et de droite Ă la tribune, a expliquĂ© quâil avait « mal entendu » les propos de Mgr Wenski et quâil y serait rĂ©pondu ultĂ©rieurement⊠De la surditĂ© sĂ©lective ?
La motion a été adoptée par 215 voix pour, 8 contre et 7 abstentions.
Et vu la tournure de la chose, on ne peut que se réjouir de cette quasi-unanimité.