Le blog du Temps de l'Immaculée.

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En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

08/12/2025

En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

"La RĂ©vĂ©lation annonce une lumiĂšre qui brille dans les tĂ©nĂšbres et que les tĂ©nĂšbres ne pourront arrĂȘter, une lumiĂšre vĂ©ritable qui Ă©claire, rĂ©jouit et rĂ©chauffe les cƓurs. En ce jour de l’ImmaculĂ©e Conception, nous fĂȘtons la clartĂ© qui commence Ă  poindre comme une espĂ©rance invincible. À Lyon, la ville se pare de milliers de lumiĂšres en l’honneur de la Vierge ImmaculĂ©e qui est honorĂ©e en son sanctuaire de FourviĂšre. À Rome, le Pape se rendra comme chaque annĂ©e place d’Espagne devant la statue de l’ImmaculĂ©e Conception que le bienheureux Pie IX avait fait Ă©riger Ă  la suite de la proclamation du dogme en 1854. Comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, LĂ©on XIV accomplira ce pĂšlerinage pour confier Ă  Marie Rome et tous ses habitants. À Lourdes, nous faisons mĂ©moire de la parole que la belle dame prononça lors de la seiziĂšme apparition, le 25 mars 1858 : "Je suis l’ImmaculĂ©e Conception."

 

"Pleine de grĂące"
"Partout dans le monde, les fidĂšles du Christ se rassemblent pour cĂ©lĂ©brer joyeusement celle qui "est resplendissante de beautĂ©" (PrĂ©face de la messe du 8 dĂ©cembre). À Nazareth, l’ange Gabriel en fut le premier Ă©merveillĂ© : "Je te salue, ComblĂ©e-de-grĂąces, le Seigneur est avec toi" (Lc 1, 28). Cette salutation est devenue la priĂšre quotidienne des croyants. Dans le chapelet, ils rĂ©pĂštent inlassablement ces paroles avec confiance. L’admiration de l’ange Gabriel se communique ainsi aux fidĂšles. À chaque "Je vous salue Marie", le ciel et la terre se rejoignent pour saluer celle qui est remplie de grĂące.

 

"Que disons-nous lorsque nous appelons Marie "pleine de grĂące" ? Nous n’admirons pas une hĂ©roĂŻne qui aurait poussĂ© Ă  son maximum les capacitĂ©s humaines par ses exploits d’ascĂšse et de vertus. Nous ne chantons pas celle qui aurait atteint par ses efforts la plus grande perfection humaine. Avec l’ange du Seigneur, nous nous tournons vers la femme qui dĂšs le moment de sa conception a reçu la grĂące divine au point d’ĂȘtre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© et de toutes ses consĂ©quences. Marie est d’abord toute rĂ©ceptive Ă  l’action divine. Elle reçoit le don de Dieu en y opposant aucune rĂ©sistance, ni aucun doute. Bien plus, elle l’accueille avec foi et gratitude. Au jour de l’Annonciation, elle est toute bouleversĂ©e, elle ne comprend pas tout, mais elle offre Ă  Dieu une parfaite obĂ©issance. La jeune Marie manifeste cette docilitĂ© Ă  la grĂące lorsqu’elle rĂ©pond Ă  l’ange : "Que tout m’advienne selon ta parole."

 

"Le dĂ©sir de l’imiter"
"En l’appelant "pleine de grĂące", grandit en nous le dĂ©sir de l’imiter, de nous laisser modeler par l’Esprit-Saint et ainsi d’ĂȘtre "saints et immaculĂ©s dans l’amour" (Ep 1, 4). Nous choisissons de ne pas nous appuyer sur nos propres forces mais sur la grĂące de Dieu qui seule peut transformer les cƓurs les plus endurcis. Saluer Marie comme pleine de grĂące conduit enfin Ă  dĂ©sirer ardemment l’auteur de la grĂące. La beautĂ© de la Servante nous pousse Ă  adorer son CrĂ©ateur et Sauveur. Au cƓur de chaque "Je vous salue Marie", le nom de JĂ©sus est proclamĂ© : "Et JĂ©sus le fruit de vos entrailles est bĂ©ni." C’est une vĂ©ritable profession de foi !

"L’ImmaculĂ©e Conception de Marie est l’aurore qui annonce avec certitude la lumiĂšre du Christ qui Ă©claire tout homme. Lui-mĂȘme se tient Ă  la porte de nos cƓurs et frappe. Il nous donne sa grĂące. Il n’attend qu’une seule chose ! Que nous rĂ©pondions Ă  son appel comme Marie : "Que tout m’advienne selon ta parole" (Lc 1, 38) ! C’est ainsi que nous deviendrons toujours davantage des fils de la lumiĂšre capables de transmettre Ă  tous l’EspĂ©rance qui ne déçoit pas."

 

Source : Aleteia

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

07/12/2025

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

Pourtant, tous les sondages sĂ©rieux montrent l’inverse : non seulement la demande d’euthanasie n’est pas une attente du pays mais elle baisse.

 

C’est prĂ©cisĂ©ment pour briser ce rĂ©cit politico-mĂ©diatique, portĂ© par une Ă©lite et un audiovisuel public qui verrouillent le dĂ©bat, que nous lançons une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

 

Elle met en lumiĂšre ce que beaucoup sentent confusĂ©ment : une manipulation de l’opinion, une tentative d’imposer Ă  marche forcĂ©e une loi qui ferait basculer notre sociĂ©tĂ© dans une logique d’abandon des plus fragiles.

 

Notre objectif est simple : rendre la parole Ă  cette majoritĂ© silencieuse, souvent peu mobilisĂ©e (supprimer “sur ces sujets”) mais lucide face aux dĂ©rives de ce dĂ©bat confisquĂ©. Vous pouvez nous (supprimer “y”) aider.

 

Alors que les discussions reprennent au SĂ©nat dĂšs janvier (en commission la semaine du 12, en sĂ©ance Ă  partir du 20 et vote solennel le 28 janvier), chaque signature compte rĂ©ellement. Une pĂ©tition ne change pas seule le cours des choses, mais elle peut inflĂ©chir des votes, convaincre des indĂ©cis, soutenir des initiatives alternatives en cours et rappeler qu’une autre voie existe : celle du soin, de la solidaritĂ©, et du refus de faire de la mort une rĂ©ponse politique.

 

👉 Signez et faites signer autour de vous : https://stop-euthanasie.fr

 

 

En brisant le mythe idĂ©ologique du consensus, nous pouvons empĂȘcher que la France franchisse une ligne qui ne se franchit qu’une fois.

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

06/12/2025

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

Rome – « Je prĂ©fĂšre ne pas en dire plus. » « « Je vais en Afrique pour confirmer dans la foi et visiter les lieux saints d'Augustin. » « Je crois fermement au secret du conclave. » La premiĂšre confĂ©rence de presse de LĂ©on XIV dans l'avion est un manifeste pour la presse, habituĂ©e ces derniĂšres annĂ©es Ă  des dĂ©clarations telles que « T'es une tapette », « Ils aboient aux portes de la Russie », « Si tu offenses ma mĂšre, tu auras un coup de poing », « Ce qui s'est passĂ© au conclave, c'Ă©tait
 »  Le pape amĂ©ricain change de ton et redonne Ă  la papautĂ© ses lettres de noblesse, de spiritualitĂ© et de courtoisie. 


Le premier voyage apostolique international de LĂ©on XIV s'est rĂ©cemment achevĂ© au Liban , derniĂšre Ă©tape d'une visite marquĂ©e par des gestes publics de rĂ©confort et un message d'espĂ©rance adressĂ© aux fidĂšles libanais. Entre Beyrouth , Annaya et Harissa , le Pape a rencontrĂ© des communautĂ©s meurtries – priant Ă©galement devant le mĂ©morial de la terrible explosion d'aoĂ»t 2020 – et a conclu son voyage en cĂ©lĂ©brant la messe et en lançant au peuple une invitation Ă  une fraternitĂ© possible, par-delĂ  toutes les frontiĂšres nationales et religieuses. En Turquie, l'accueil des Églises a donnĂ© au voyage une dimension ƓcumĂ©nique concrĂšte, tandis qu'au Liban, notamment parmi les jeunes, l'enthousiasme Ă©tait palpable , unanime , irrĂ©sistible : des milliers de jeunes ont entourĂ© le Pontife comme on le fait avec celui qui rouvre l'avenir, non seulement par ses paroles, mais aussi par sa prĂ©sence. LĂ©on XIV a vĂ©cu ces journĂ©es visiblement Ă©mu, non par un triomphe personnel, mais par la preuve de son appartenance : un peuple qui ne rĂ©clame pas de symbole, mais se reconnaĂźt en un pĂšre.

 

Le comportement de la presse

La presse internationale a accueilli l'Ă©vĂ©nement avec une froideur surprenante, voire une attention distraite, bien loin de l'implication qui a gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ© les apparitions publiques du Pape ces treize derniĂšres annĂ©es. MĂȘme sa visite Ă  la mosquĂ©e a Ă©tĂ© marquĂ©e par un comportement mĂ©diatique typique de ces journalistes plus enclins Ă  la manipulation qu'Ă  l'information.

 

D'un cÎté, certains ont tenté de déformer les propos du Pontife pour leur donner un ton anti-islamique; de l'autre, d'autres ont préféré garder le silence, voire remettre en question la véracité des propos rapportés de l'imam. Mais SilÚre non possum confirme sans l'ombre d'un doute que la seule réponse du Pape à l'invitation de l'imam à se joindre à la priÚre fut un simple « Non, merci » : une réponse directe, dénuée de toute connotation polémique, suivie du choix explicite de poursuivre sa visite au lieu de culte musulman.

 

Ce refus calme et contextualisĂ© n'indique pas une rupture, mais une cohĂ©rence ecclĂ©siologique et un respect interreligieux . Dans la tradition islamique, en effet, la priĂšre d'un non-musulman dans une mosquĂ©e peut ĂȘtre perçue comme un geste dĂ©placĂ©, voire comme une parodie involontaire du sacrĂ© . LĂ©on XIV, en tant que chef de l'Église catholique, a donc choisi une posture non mimĂ©tique, Ă©vitant les gestes qui auraient pu paraĂźtre inauthentiques, tout en manifestant une prĂ©sence dialogique rĂ©elle, poursuivant la rencontre avec les fidĂšles musulmans comme un signe incontestable de considĂ©ration , et non de confusion religieuse.

 

Des moments de joie, parfois mĂȘme lĂ©gers et ironiques, ont marquĂ© plusieurs Ă©tapes du voyage, vĂ©cus par le Pape avec une simplicitĂ© authentique qui a confĂ©rĂ© aux rencontres un climat de sĂ©rĂ©nitĂ© manifeste, jamais construite autour d'une table. LĂ©on XIV est apparu Ă  plusieurs reprises visiblement Ă©mu par la profondeur des tĂ©moignages reçus et par la portĂ©e rĂ©elle de ses paroles, qui dĂ©passaient le cadre protocolaire pour atteindre le cƓur mĂȘme de ses discours : des paroles vraies, ancrĂ©es dans la vie. Capable de produire un impact perceptible sur les personnes qu'il rencontrait, le Pape proposait aux jeunes des idĂ©es concrĂštes pour la vie quotidienne de leur foi : non pas des slogans vagues, mais des suggestions pratiques, ancrĂ©es dans les questions existentielles qui marquent leur gĂ©nĂ©ration. Une approche qui actualise le langage de la proximitĂ© pastorale sans perdre la cohĂ©rence doctrinale, parlant de l' Évangile incarnĂ©, et non d'abstractions spirituelles.

 

Pourtant, la presse internationale a largement optĂ© pour une couverture mĂ©diatique minimale, nettement infĂ©rieure Ă  celle rĂ©servĂ©e aux dĂ©clarations du Pape François, avec lequel de nombreux correspondants avaient tissĂ© une relation lucrative et gratifiante. Le cortĂšge apostolique suivant le Pontife comprenait de nombreux journalistes accrĂ©ditĂ©s au Vatican, dont la prĂ©sence semble souvent dĂ©terminĂ©e non par la compĂ©tence professionnelle, mais par les liens Ă©troits – personnels ou Ă©ditoriaux – que leurs journaux respectifs entretiennent depuis des annĂ©es avec le Bureau de presse du Vatican. Un dĂ©tail significatif : un nombre croissant de journalistes choisissent de ne plus prendre l’avion, non seulement en raison d’un climat interne Ă©touffant, mais aussi Ă  cause d’un modĂšle opĂ©rationnel qui relĂšve davantage de la logistique préétablie que du journalisme. 

 

Les dĂ©placements lors des voyages apostoliques se font en groupe, dans des minibus affrĂ©tĂ©s par le Saint-SiĂšge, et les nuitĂ©es sont effectuĂ©es dans des hĂŽtels de luxe partenaires, choisis selon des critĂšres de confort et d’intĂ©gration systĂ©mique, plutĂŽt que d’autonomie professionnelle. Bien que les correspondants aient accĂšs aux Ă©vĂ©nements papaux depuis des points de vue privilĂ©giĂ©s, l’indĂ©pendance reste l’exception dans les articles publiĂ©s. La couverture se rĂ©duit souvent Ă  un simple copier - coller des informations diffusĂ©es par le Bureau de presse du Vatican, produisant un rĂ©cit dĂ©nuĂ© d’émotion et incapable de prĂ©senter une analyse authentique des faits. Le contraste avec le passĂ© est saisissant : autrefois, le moindre Ă©ternuement du pape François aurait suscitĂ© un tel intĂ©rĂȘt. Avec une couverture mĂ©diatique amplifiĂ©e, il n'y a mĂȘme plus de place pour un seul article. Ce modĂšle – pratique pour ceux qui le mettent en Ɠuvre, peu utile pour ceux qui le lisent – ​​produit un effet secondaire bien connu des rĂ©dactions : l'accoutumance au privilĂšge logistique engendre un discours dĂ©fensif et parfois un ressentiment narratif lorsque le protagoniste cesse d'alimenter ce besoin d'exclusivitĂ©. Le problĂšme n'est donc pas la critique du pontificat, lĂ©gitime et nĂ©cessaire si elle s'appuie sur les faits, mais le ton rĂ©actif qui Ă©merge lorsque l'histoire ne dĂ©coule plus d'une relation fonctionnelle, mais d'une perte de valeur symbolique. Le problĂšme de fond demeure : si l'histoire du Pape devient « ennuyeuse », ce n'est pas par manque de contenu, mais par appauvrissement du regard journalistique, qui privilĂ©gie la fonction au phĂ©nomĂšne, le positionnement Ă  la rencontre, la commoditĂ© du format Ă  la complexitĂ© du rĂ©el. Or, le journalisme, lorsqu'il cesse de tĂ©moigner et se contente de reproduire, ne gagne pas en rigueur : il devient simplement l'Ă©cho du pouvoir.

 

Vol pour Rome :  les derniers dĂ©tails

MĂȘme sur le  vol  retour vers Rome, comme nous l'avons mentionnĂ© en introduction, LĂ©on XIV a bouleversĂ© les normes Ă©tablies des experts du Vatican, habituĂ©s depuis des annĂ©es aux dĂ©clarations parfois indiscrĂštes du pape François : de ses confidences politiques improvisĂ©es Ă  l'acceptation de formules familiĂšres, du passage controversĂ© sur les homosexuels lors du voyage apostolique au fameux « si vous offensez ma mĂšre, je vous frappe ». InterrogĂ© par l'experte du Vatican Cindy Wooden – heureusement proche de la retraite, tandis que l'arrivĂ©e d'un jeune expert amĂ©ricain, et surtout catholique, est dĂ©jĂ  espĂ©rĂ©e – qui souhaitait des prĂ©cisions sur le conclave, LĂ©on a rĂ©pondu en ramenant la question Ă  un tout autre niveau : « Concernant le conclave, je crois absolument au secret du conclave, mĂȘme si je sais que certaines choses ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es lors d'interviews publiques. » Non pas l'accroche espĂ©rĂ©e, non pas l'indiscrĂ©tion, mais un rappel des limites, des frontiĂšres, du sens d'une institution qui ne peut ĂȘtre dissĂ©quĂ©e Ă  des fins de divertissement.

 

Bien plus qu'une simple rĂ©ponse : une perturbation dĂ©libĂ©rĂ©e du cadre de pensĂ©e de ceux qui, ces derniĂšres annĂ©es, ont spĂ©culĂ© sur chaque parole papale. LĂ©on XIV a renversĂ© la position du Pontificat face aux « prĂ©dateurs du micro », cette horde de journalistes Ă  sensation qui, prĂȘts Ă  Ă©craser les personnes et le bien de l'Église pour alimenter une simple impression, se sont retrouvĂ©s dĂ©trĂŽnĂ©s par un pape qui ne rĂ©cite pas leur texte. 

 

InterrogĂ© sur son prochain voyage apostolique, LĂ©on XIV ne se lance pas dans une hypothĂšse gĂ©opolitique ni ne laisse place Ă  la moindre thĂ©orie du complot : il dit Afrique. Mais surtout, il explique la raison, passĂ©e inaperçue des vaticanistes : « pour affermir la foi ». Non pas pour flatter les inepties des journalistes athĂ©es qui pullulent au Bureau de presse du Saint-SiĂšge, mais pour rĂ©affirmer le seul mandat d'un pape : ĂȘtre un gardien de la foi, et non un aliment pour les mĂ©dias sensationnalistes.  Et il ajoute, avec la prĂ©cision de quelqu'un qui possĂšde une vĂ©ritable spiritualitĂ© :  Â« J'aimerais aller en AlgĂ©rie pour visiter les lieux de saint Augustin. » PrĂ©vost reste profondĂ©ment attachĂ© Ă  Augustin, un homme qu'il suit depuis le dĂ©but de sa vocation. MĂȘme l'ironie se fait tranchante face Ă  un journalisme autorĂ©fĂ©rentiel. Le pape explique : « Je ne sais pas si j'ai dit "waouh" hier soir. Mon visage est trĂšs expressif, et j'aime souvent observer comment les journalistes l'interprĂštent. Parfois, vous m'inspirez de bonnes idĂ©es, car vous pensez pouvoir lire dans mes pensĂ©es ou sur mon visage. Mais vous n'avez pas toujours raison. Vous n'avez pas toujours raison. » Une pique claire Ă  l'encontre de ceux qui
 Les journalistes qui, ces derniers mois, depuis son Ă©lection, ont tentĂ© de le cataloguer selon sa façon de s'habiller, de parler et de s'exprimer, ont mis fin aux spĂ©culations. Prevost se rĂ©vĂšle ĂȘtre un homme d'une grande spiritualitĂ©, qui  refuse toute manipulation. Le Pape fait taire les rumeurs et rĂ©vĂšle ce qu'a toujours Ă©tĂ© le Successeur de Pierre – et ce que de nombreux journalistes ont eu intĂ©rĂȘt Ă  nous faire oublier – : un homme de priĂšre, de paternitĂ© spirituelle et de foi inĂ©branlable. Un Pape, et non un commentateur de second plan.

La Cop 30 : derriĂšre le climat, une bataille spirituelle

06/12/2025

La Cop 30 : derriĂšre le climat, une bataille spirituelle

Tiens, que se serait-il passĂ© si un État ayant encore quelque souvenance de ses racines chrĂ©tiennes avait offert une reprĂ©sentation, non d’« esprit » mais d’« ange » gardien ? Je vous laisse imaginer. Mais esprit et ange, c’est la mĂȘme chose – sauf qu’il y en a des bons et des mauvais.

 

L’esprit de la COP30
En l’occurrence, cet « esprit gardien » est censĂ© reprĂ©senter l’esprit de la COP, avec des Ă©lĂ©ments tirĂ©s des cultures chinoise et brĂ©silienne : le dragon, symbole oriental de la force, du pouvoir cosmique et de la protection, et le jaguar, symbole amazonien de la force, du territoire, de la nature et des ancĂȘtres. Un ĂȘtre hybride donc, une chimĂšre qui efface et contredit les frontiĂšres entre les espĂšces.

Il est accompagnĂ©, Ă  quelques mĂštres, d’une statue de « MĂšre BrĂ©sil », une jeune femme portant sur son genou droit un jeune enfant, et sur son genou gauche, un jaguar cornu. Tout au plus peut-on dire que cette statue est nettement plus avenante que la trĂšs moche « Pachamama » enceinte, promenĂ©e dans Rome et jusque dans les jardins du Vatican Ă  l’occasion du synode sur l’Amazonie. Mais elle n’est pas sans rappeler une affiche qui avait Ă©tĂ© installĂ©e Ă  l’église Santa Maria in Traspontina lors du synode d’Amazonie montrant une photo d’une indigĂšne tenant son enfant par le bras gauche tout en allaitant un cochonnet sauvage, avec la mention « tout est liĂ© » 

 

La COP30 sous le signe du dragon
Revenons au dragon. Dans la symbolique occidentale, celui-ci reprĂ©sente clairement le mal, un monstre Ă  combattre, et il est associĂ© au dĂ©mon – mĂȘme si aujourd’hui la littĂ©rature et la cinĂ©matographie enfantines tentent d’effacer aussi cette rĂ©fĂ©rence en faisant du dragon un animal sympathique et bienveillant. La statue offerte par le PC chinois accentue la perspective dĂ©moniaque puisqu’elle est coiffĂ©e de cornes de bouc : la bĂȘte aux crocs effrayants tient entre ses griffes un globe terrestre avec en son centre l’Amazonie.

Mais ce ne sont pas exactement des griffes : le dragon a un buste humain ponctuĂ© de plaques de dragon façon stĂ©gosaure, recouvert des taches de jaguar, et ce sont des mains d’homme qui enserrent le globe.

Pour Alex Newman, envoyĂ© spĂ©cial de The New American Ă  la COP30, cette statue montre bien que ce qui se joue actuellement est une « bataille spirituelle » : « Elle ressemble Ă  une bataille politique. Elle ressemble Ă  une bataille contre le changement climatique et pour l’environnement, mais c’est littĂ©ralement une bataille spirituelle. »

 

La Chine communiste offre une statue de dragon ; et une autre de femme.
Il ajoute, dans une vidĂ©o qui permet d’examiner la statue sous toutes les coutures : « Ce qui se passe tout au long de ce processus, c’est qu’ils utilisent ce prĂ©texte du changement climatique. Pour dĂ©manteler non seulement les infrastructures Ă©nergĂ©tiques aux États-Unis et dans le monde occidental en gĂ©nĂ©ral, mais aussi toute notre Ă©conomie ; ils l’utilisent pour fermer nos industries et les transfĂ©rer vers la Chine communiste, vers des endroits oĂč ils n’ont pas les traditions, les libertĂ©s, les protections constitutionnelles qui sont les nĂŽtres. Nous avons pensĂ© que c’était un symbole trĂšs appropriĂ©. » (1)

On peut relire Ă  cette occasion le 12e chapitre de l’Apocalypse, ce mystĂ©rieux rĂ©cit qui met lui aussi en scĂšne un dragon et une femme ayant donnĂ© le jour Ă  un enfant mĂąle, mais qui les oppose comme le mal s’oppose au bien et cherche Ă  l’anĂ©antir.

 

Jeanne Smits in RITV

 

 

(1) NDLR : sans oublier la destruction de notre paysannerie. 

ColĂšre paysanne : le point de non-retour ?

05/12/2025

ColĂšre paysanne : le point de non-retour ?

La rĂ©volte paysanne s'amplifie et se durcit. Premier signal fort : l’élection le 19 novembre de Bertrand Venta Ă  la prĂ©sidence de la Coordination Rurale. PortĂ© par une base militante du Sud-Ouest et une ligne "dure", ce rĂ©sultat (prĂšs de 30 % des voix aux Ă©lections des Chambres d'agriculture) tĂ©moigne d'une volontĂ© claire d'en dĂ©coudre avec l’immobilisme.


Le conflit se cristallise dĂ©sormais autour de la gestion calamiteuse des crises sanitaires, notamment la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). La politique de l'abattage total d'un troupeau pour un seul cas dĂ©tectĂ©, mĂȘme sur des bĂȘtes vaccinĂ©es, ne passe plus. Cette aberration a provoquĂ© une alliance de circonstance inĂ©dite entre la Coordination Rurale et la ConfĂ©dĂ©ration Paysanne. Ces deux syndicats deviennent ainsi majoritaires. L’exemple rĂ©cent de Pouilley-Français, dans le Doubs, est Ă©difiant : pour une vache malade, l’État n'a pas hĂ©sitĂ© Ă  dĂ©ployer 175 gendarmes, usant de gaz lacrymogĂšnes et de tirs de LBD contre 300 manifestants venus protĂ©ger le cheptel. Comme si la dĂ©tresse de l’éleveur qui voit tuer ses 81 bĂȘtes ne suffisait pas 



Face Ă  cette fronde, l’exĂ©cutif semble fĂ©brile. La presse rapporte un incident rĂ©vĂ©lateur : le limogeage du prĂ©fet du Pas-de-Calais, sanctionnĂ© pour avoir laissĂ© Emmanuel Macron marcher 500 mĂštres sous la pluie lors d'une manifestation anti-Mercosur. Mais au-delĂ  de cette anecdotique nervositĂ© prĂ©sidentielle, c'est bien la recommandation de la Cour des comptes du 22/05/23 qui est visĂ©e, Ă  savoir la rĂ©duction du cheptel bovin pour respecter les engagements climatiques, avec une baisse d'environ 2 millions de tĂȘtes d'ici 2035 et 3,5 millions d'ici 2050 (*).


Cette colĂšre est relayĂ©e sur ce site car elle dĂ©passe largement le cadre corporatiste ; c'est aussi notre combat pour l'Ăąme du cher pays que nous laisserons Ă  nos enfants. Alors que l'État rĂ©pond par la force policiĂšre Ă  la dĂ©tresse rurale, la question de la sortie des traitĂ©s europĂ©ens pour la reprise en main de notre souverainetĂ© alimentaire se pose aujourd’hui avec acuitĂ©.

 

Kyrie Eleison !

 

SMR


(*) Sources :  AA Picardie  Novethic

Retour sur la visite de Léon XIV à la Mosquée Bleue d'Istanbul

04/12/2025

Retour sur la visite de Léon XIV à la Mosquée Bleue d'Istanbul

Le nom de Léon indiquait également le type de papauté auquel nous pouvions nous attendre. Le dernier Léon, Léon XIII, qui a joui d'un pontificat plus long que prévu à la fin du XIXe siÚcle et au tout début du XXe siÚcle, était décrit comme ayant un tempérament intellectuel, diplomate et prudent. Il avait 67 ans lorsqu'il est monté sur le trÎne, tandis que Léon XIV avait 69 ans. Léon XIII est arrivé à la chaire de Saint-Pierre au début d'une période de profonds changements sociaux, marquée par l'industrie de masse, l'expansion urbaine, le commerce mondial et les mouvements ouvriers, une période souvent décrite comme la deuxiÚme révolution industrielle. Léon XIV est arrivé au pouvoir au début de ce que l'on pourrait appeler une deuxiÚme révolution numérique, une Úre d'accélération des progrÚs technologiques sous l'impulsion de l'intelligence artificielle.

 

Il est peu probable, voire indĂ©sirable, que ce pontificat soit le reflet exact d'un pontificat prĂ©cĂ©dent, mais le nom choisi par le pape Ă©tait en soi le symbole d'un retour Ă  une pĂ©riode associĂ©e Ă  un pontificat stable. LĂ©on XIV n'a pas encore rĂ©digĂ© sa propre Rerum Novarum, mĂȘme si nous pouvons nous attendre Ă  la voir paraĂźtre dans les annĂ©es Ă  venir, mais le nom qu'il a choisi pour son pontificat est trĂšs rĂ©vĂ©lateur du type de pontificat qu'il souhaite mener.

 

Mais le moment symbolique le plus marquant de la papautĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent est peut-ĂȘtre survenu lors de son premier voyage apostolique Ă  l'Ă©tranger. Le Saint-PĂšre est arrivĂ© en Turquie, berceau du christianisme qui, sous la domination islamique, a vu sa population chrĂ©tienne presque disparaĂźtre, pour commĂ©morer le 1700e anniversaire du concile de NicĂ©e. Le troisiĂšme jour de sa visite, le pape s'est rendu Ă  la MosquĂ©e bleue, une mosquĂ©e impĂ©riale emblĂ©matique situĂ©e au cƓur d'Istanbul et symbole de l'identitĂ© islamique du pays.

 

L'histoire des visites des papes dans les mosquĂ©es remonte Ă  ce siĂšcle. Le pape Saint Jean-Paul II a Ă©tĂ© le premier Ă  le faire en 2001, lorsqu'il a visitĂ© la mosquĂ©e des Omeyyades Ă  Damas, en Syrie, lors de son pĂšlerinage jubilaire en GrĂšce, en Syrie et Ă  Malte. MĂȘme lors de sa visite dans la nation chrĂ©tienne qu'est la GrĂšce, l'opposition avait Ă©tĂ© vive, de nombreux dirigeants orthodoxes grecs s'opposant Ă  ce voyage. La controverse s'est poursuivie Ă  son arrivĂ©e en Syrie, oĂč la dĂ©cision du pape de visiter la mosquĂ©e a rencontrĂ© une rĂ©sistance particuliĂšre. Un haut dignitaire religieux du Liban voisin, Cheikh al-Hout, a tentĂ© d'imposer ses conditions, dĂ©clarant Ă  la presse : « Dans un État musulman, les crucifix ne doivent pas ĂȘtre exposĂ©s en public, et encore moins Ă  l'intĂ©rieur d'un lieu saint islamique. Le pape doit respecter ces conditions comme tout le monde. » Heureusement, le prĂ©lat local, l'archevĂȘque Isidore Battikha, n'avait pas de tels scrupules et a informĂ© la presse que « la croix serait bien visible sur les vĂȘtements liturgiques du pape lorsqu'il entrerait dans la mosquĂ©e ». En fin de compte, le voyage a Ă©galement permis au souverain pontife de s'arrĂȘter pour prier Ă  l'intĂ©rieur de la mosquĂ©e.

 

Tout comme LĂ©on XIV, les papes BenoĂźt XVI et François ont Ă©galement visitĂ© la MosquĂ©e bleue. La visite de BenoĂźt XVI en 2006 a Ă©tĂ© Ă©clipsĂ©e par les retombĂ©es de la confĂ©rence de Ratisbonne, au cours de laquelle le pape avait citĂ© l'empereur byzantin et moine chrĂ©tien Manuel II PalĂ©ologue critiquant l'islam. En entrant dans la mosquĂ©e, BenoĂźt XVI s'est arrĂȘtĂ© pendant environ deux minutes en silence. Le quotidien turc Milliyet a rapportĂ© ce moment avec le titre « Comme un musulman ». Le porte-parole du Vatican, le pĂšre Federico Lombardi, a commentĂ© plus tard que « le pape s'Ă©tait arrĂȘtĂ© pour mĂ©diter et avait certainement tournĂ© ses pensĂ©es vers Dieu ».

 

Le pape François a semblĂ© aller plus loin lors de sa visite en 2014. Debout aux cĂŽtĂ©s du grand mufti d'Istanbul de l'Ă©poque, Rahmi Yaran, la tĂȘte baissĂ©e, les mains jointes, François a priĂ© en silence pendant plusieurs minutes. Le grand mufti a rĂ©pondu ensuite en disant : « Que Dieu l'accepte ».

 

Compte tenu de la tendance actuelle Ă  l'expression extĂ©rieure de la cordialitĂ© interconfessionnelle, on aurait pu raisonnablement s'attendre Ă  ce que le pape LĂ©on fasse de mĂȘme. En effet, le compte rendu de l'Ă©vĂ©nement par le Vatican lui-mĂȘme indiquait initialement que LĂ©on s'Ă©tait arrĂȘtĂ© pour prier.  

 

En entrant dans la Mosquée bleue, l'un de ses imams, Asgin Tunca, a invité le pape à prier en disant : « Ce n'est pas ma maison, ni votre maison, c'est la maison d'Allah. » Cependant, le pape Léon a répondu à l'invitation en déclinant poliment. Le Vatican a ensuite corrigé son affirmation antérieure selon laquelle le pape avait prié, en déclarant qu'il avait visité la mosquée « dans un esprit de réflexion et d'écoute attentive, avec un profond respect pour le lieu et pour la foi de ceux qui s'y rassemblent pour prier ».

 

Tout comme le port de la mozzetta ou le choix du nom papal LĂ©on, la dĂ©cision de ne pas prier dans la mosquĂ©e Ă©tait en soi symbolique. Il ne s'agissait pas, comme pourraient le prĂ©tendre ceux qui prĂ©sentent le christianisme comme opposĂ© Ă  l'islam, d'un rejet de la croyance musulmane. Il s'agit plutĂŽt de reconnaĂźtre que le rĂŽle du pontife romain n'est pas de renforcer la coopĂ©ration avec les religions autres que le christianisme. Les catholiques fidĂšles, avec une certaine justification, ont Ă©tĂ© scandalisĂ©s par le fait que les dirigeants de l'Église aient permis que le dialogue interreligieux dĂ©bouche sur une priĂšre commune, et il semble que LĂ©on ait pris acte de ces inquiĂ©tudes, choisissant de faire passer les obligations de sa fonction avant l'image qu'il renvoie afin de satisfaire une presse laĂŻque.

 

Les indices de ce changement d'orientation sont exposĂ©s dans le livre Leo XIV : Citizen of the World, Missionary of the 21st Century (LĂ©on XIV : citoyen du monde, missionnaire du XXIe siĂšcle) de la correspondante chevronnĂ©e au Vatican Elise Ann Allen. Dans cet ouvrage, qui s'appuie sur de longs entretiens, il dĂ©clare franchement Ă  Allen : « Je ne considĂšre pas que mon rĂŽle principal soit d'essayer de rĂ©soudre les problĂšmes du monde ». En d'autres termes, le pape s'intĂ©resse Ă  ce qui concerne l'Église, Ă  sa mission qui consiste Ă  amener les gens Ă  connaĂźtre JĂ©sus.

Si le dialogue interreligieux est en vogue, parce que la sociĂ©tĂ© laĂŻque est convaincue qu'il conduira Ă  une plus grande harmonie, les diktats laĂŻques font rarement bon christianisme. Il y a deux cents ans, la sociĂ©tĂ© laĂŻque affirmait que les gens pouvaient ĂȘtre rĂ©duits en esclavage. Il y a cinquante ans, elle affirmait que les enfants Ă  naĂźtre ne mĂ©ritaient pas la pleine dignitĂ© humaine. Aujourd'hui, elle dĂ©bat pour savoir si les personnes atteintes d'une maladie physique ou mentale ne seraient pas mieux mortes. Que l'on soit d'accord ou non sur tous les points, le christianisme offre un cadre moral plus long et plus cohĂ©rent que tout autre.

 

De mĂȘme, le respect d'une autre religion n'est pas une capitulation. De l'avis gĂ©nĂ©ral, les musulmans n'ont pas Ă©tĂ© offensĂ©s. Un hybride entre l'islam et le christianisme serait un affront aux fondements des deux religions.

 

Le livre d'Allen donne Ă©galement un aperçu de ce qui pourrait bien ĂȘtre une prioritĂ© centrale pour cette papautĂ© : rĂ©parer le scandale de la dĂ©sunion entre les chrĂ©tiens. Dans son ouvrage, il indique clairement qu'il espĂšre « jeter des ponts » avec le patriarche de Moscou et le patriarche de Constantinople, car « nous croyons tous en JĂ©sus-Christ, le Fils de Dieu et notre Sauveur ». Il n'a pas hĂ©sitĂ© Ă  prier Ă  la cathĂ©drale apostolique armĂ©nienne d'Istanbul, oĂč il s'est joint Ă  BartholomĂ©e Ier et Ă  plus de 400 membres du Saint-Synode du Patriarcat ƓcumĂ©nique pour la Divine Liturgie de la fĂȘte de Saint-AndrĂ©.

 

Si la dĂ©cision du pape LĂ©on de ne pas prier dans un lieu non destinĂ© au culte chrĂ©tien peut dĂ©stabiliser les impulsions laĂŻques qui cherchent Ă  brouiller les frontiĂšres entre les religions, elle indique clairement que ses prioritĂ©s ne sont pas de ce monde. Il se prĂ©occupe de l'Église, tant en communion qu'en sĂ©paration. Son voyage dans les anciennes terres chrĂ©tiennes de Turquie l'a clairement montrĂ©.

 

Thomas Edwards sur le Catholic Herald 

Un retour de l'arianisme parmi les croyants eux-mĂȘmes

03/12/2025

Un retour de l'arianisme parmi les croyants eux-mĂȘmes

[
] c’est sur votre terre que furent cĂ©lĂ©brĂ©s les huit premiers Conciles ƒcumĂ©niques. Cette annĂ©e marque le 1700e anniversaire du premier Concile de NicĂ©e, « pierre angulaire du cheminement de l’Église et de l’humanitĂ© tout entiĂšre » (François, Discours Ă  la Commission thĂ©ologique internationale, 28 novembre 2024), un Ă©vĂ©nement toujours actuel qui nous lance certains dĂ©fis que je voudrais mentionner.

 

Le premier est l’importance de saisir l’essence de la foi et le fait d’ĂȘtre chrĂ©tiens. Autour du Symbole de la foi, l’Église Ă  NicĂ©e a retrouvĂ© l’unitĂ© (cf. Spes non confundit. Bulle d’indiction du JubilĂ© ordinaire de l’annĂ©e 2025, n. 17). Il ne s’agit donc pas seulement d’une formule doctrinale, mais d’une invitation Ă  rechercher toujours, au sein mĂȘme des diffĂ©rentes sensibilitĂ©s, spiritualitĂ©s et cultures, l’unitĂ© et l’essentialitĂ© de la foi chrĂ©tienne centrĂ©es sur le Christ et sur la Tradition de l’Église. NicĂ©e nous invite encore aujourd’hui Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  cette question : qui est JĂ©sus pour nous ? Que signifie, dans son essence mĂȘme, ĂȘtre chrĂ©tien ? Le Symbole de la foi, professĂ© de maniĂšre unanime et commune, devient ainsi un critĂšre pour le discernement, une boussole, un pivot autour duquel doivent s’articuler notre croyance et notre action. Et Ă  propos du lien entre la foi et les Ɠuvres, je voudrais remercier les organisations internationales, notamment Caritas Internationalis et Kirche in Not, pour leur soutien aux activitĂ©s caritatives de l’Église et surtout pour l’aide apportĂ©e aux victimes du tremblement de terre en 2023.

 

Le second dĂ©fi concerne l’urgence de redĂ©couvrir dans le Christ le visage de Dieu le PĂšre. NicĂ©e affirme la divinitĂ© de JĂ©sus et son Ă©galitĂ© avec le PĂšre. En JĂ©sus, nous trouvons le vrai visage de Dieu et sa parole dĂ©finitive sur l’humanitĂ© et sur l’histoire. Cette vĂ©ritĂ© remet constamment en question nos reprĂ©sentations de Dieu, lorsqu’elles ne correspondent pas Ă  ce que JĂ©sus nous a rĂ©vĂ©lĂ©, et nous invite Ă  un constant discernement critique sur les formes de notre foi, de notre priĂšre, de notre vie pastorale et de notre spiritualitĂ© en gĂ©nĂ©ral. Mais il existe encore un autre dĂ©fi, que je qualifierais de “retour de l’arianisme”, prĂ©sent dans la culture actuelle et parfois parmi les croyants eux-mĂȘmes : lorsque l’on regarde JĂ©sus avec une admiration humaine, peut-ĂȘtre mĂȘme avec un esprit religieux, mais sans le considĂ©rer vraiment comme le Dieu vivant et vrai prĂ©sent parmi nous. Son identitĂ© de Dieu, Seigneur de l’histoire, est en quelque sorte occultĂ©e et on se limite Ă  le considĂ©rer comme un grand personnage historique, un maĂźtre sage, un prophĂšte qui a luttĂ© pour la justice, mais rien de plus. NicĂ©e nous le rappelle : JĂ©sus-Christ n’est pas une figure du passĂ©, il est le Fils de Dieu prĂ©sent parmi nous, qui guide l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis.

 

Enfin, un troisiĂšme dĂ©fi : la mĂ©diation de la foi et le dĂ©veloppement de la doctrine. Dans un contexte culturel complexe, le Symbole de NicĂ©e a rĂ©ussi Ă  transmettre l’essence de la foi Ă  travers les catĂ©gories culturelles et philosophiques de son Ă©poque. Cependant, quelques dĂ©cennies plus tard, lors du premier Concile de Constantinople, nous voyons que celui-ci est approfondi et Ă©toffĂ© et, c’est prĂ©cisĂ©ment grĂące Ă  l’approfondissement de la doctrine, qu’une nouvelle formulation est Ă©laborĂ©e : le Symbole de NicĂ©e-Constantinople, celui qui est couramment professĂ© dans nos cĂ©lĂ©brations dominicales. LĂ  encore, nous en retirons une grande leçon : il est toujours nĂ©cessaire de transmettre la foi chrĂ©tienne Ă  travers des langages et des catĂ©gories du contexte dans lequel nous vivons, comme l’ont fait les PĂšres Ă  NicĂ©e et lors des autres Conciles. En mĂȘme temps, nous devons distinguer le cƓur de la foi des formules et des formes historiques qui l’expriment, lesquelles restent toujours partielles et provisoires et peuvent changer au fur et Ă  mesure que nous approfondissons la doctrine. Rappelons que le nouveau docteur de l’Église, saint John Henry Newman, insiste sur le dĂ©veloppement de la doctrine chrĂ©tienne, car celle-ci n’est pas une idĂ©e abstraite et statique, mais elle reflĂšte le mystĂšre mĂȘme du Christ : il s’agit donc du dĂ©veloppement interne d’un organisme vivant, qui met en lumiĂšre et explicite mieux le noyau fondamental de la foi. [
]

 

 

Le secret spirituel de Léon XIV : l'éloge de la simplicité

03/12/2025

Le secret spirituel de Léon XIV : l'éloge de la simplicité

Un article de Tribune ChrĂ©tienne met en lumiĂšre un paradoxe touchant : le chef de l’Église catholique se nourrit spirituellement de La Pratique de la prĂ©sence de Dieu de FrĂšre Laurent de la RĂ©surrection. Ce moine carme, qui passait ses journĂ©es Ă  la cuisine et Ă  la cordonnerie, a laissĂ© un hĂ©ritage fulgurant : la capacitĂ© de transformer les tĂąches les plus banales en priĂšre continue.

 

Pour LĂ©on XIV, cette spiritualitĂ© de l’instant prĂ©sent est une ancre. Il ne s’agit pas de multiplier les dĂ©votions complexes, mais d’entretenir une « conversation simple et constante » avec le Ciel, oĂč chaque action est offerte par amour. Cette approche fait Ă©cho Ă  la maxime de saint Augustin, dont le Pape souhaite visiter la terre natale en AlgĂ©rie : « Aime, et fais ce que tu veux. »

 

L’auteur de l’article souligne avec justesse que cette simplicitĂ© Ă©vangĂ©lique n’est pas une fuite du monde, mais le moteur de la diplomatie pontificale. Que ce soit au Liban ou lors de son passage marquant Ă  la MosquĂ©e Bleue en Turquie, l’attitude du Pape reflĂšte cette « prĂ©sence » : un dialogue ouvert, respectueux, qui cherche Ă  transformer la mĂ©fiance en rencontre sans jamais diluer sa propre identitĂ© chrĂ©tienne.

 

En bref le Saint PĂšre nous rappelle que la vĂ©ritable grandeur spirituelle rĂ©side dans l’ordinaire. En adoptant la voie de FrĂšre Laurent, LĂ©on XIV offre au monde une leçon d’humilitĂ© : la paix, intĂ©rieure comme gĂ©opolitique, commence par une fidĂ©litĂ© silencieuse dans les petites choses du quotidien.

“SI EUX SE TAISENT, LES PIERRES CRIERONT”

02/12/2025

“SI EUX SE TAISENT, LES PIERRES CRIERONT”

Au terme de sa vie publique, les disciples de JĂ©sus reprennent les paroles mĂȘmes des anges apparaissant aux bergers au moment de sa naissance. LĂ  comme Ă  la NativitĂ©, la proclamation de la royautĂ© de JĂ©sus est une louange et non pas une revendication. Tous les baptisĂ©s sont appelĂ©s, Ă  la suite des anges et des disciples, Ă  louer le Christ comme Ă©tant le roi. Le roi et pas simplement leur roi. Il est effectivement roi de l’univers. Dans les jours oĂč nous faisons mĂ©moire de la publication, le 11 dĂ©cembre 1925, de l’encyclique Quas primas dans laquelle Pie XI instaure la fĂȘte du Christ-Roi, il est bon de mĂ©diter sur l’actualitĂ© d’une telle doctrine. Beaucoup d’élĂ©ments de celle-ci ayant dĂ©jĂ  Ă©tĂ© enseignĂ©s cette annĂ©e, je me contenterai de relever ce que devient une sociĂ©tĂ© qui refuse explicitement de reconnaĂźtre la royautĂ© du Christ sur elle. En effet, la rĂ©ponse du Christ aux pharisiens peut se comprendre comme le dĂ©ploiement de la justice immanente. Autrement dit, si le Christ n’est pas reconnu positivement comme roi, sa royautĂ© se manifestera en creux, nĂ©gativement
 mode paradoxal de son affirmation. Les « pierres » sont donc les Ă©vĂ©nements.

 

Lorsqu’une sociĂ©tĂ©, comme la France, apostasie sa foi chrĂ©tienne, elle renonce Ă  recevoir la mesure ultime de sa vie de Dieu. JĂ©sus est le Verbe fait chair et, Ă  ce titre, il a tout en commun avec le PĂšre et « par suite la souverainetĂ© suprĂȘme et absolue sur toutes les crĂ©atures » (Quas primas, n° 5) La royautĂ© universelle du Christ repose donc sur l’union du Verbe Ă  la nature humaine.

 

Or « Dieu a tout créé par le Verbe Ă©ternel, son Fils bien-aimĂ©. C’est en Lui ‘’qu’ont Ă©tĂ© créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre’’ » (CEC, n° 291) La nature dans son ensemble et la nature humaine reçoivent leur consistance et leur bontĂ© de la Sagesse crĂ©atrice qui en est la source. Toute la dynamique de l’agir humain, individuel et collectif, est donc fondĂ© sur les grandes inclinations vers des biens fondamentaux, inclinations immanentes Ă  la nature de l’homme. Telle est ce que l’on nomme la loi morale naturelle. Nous comprenons ainsi qu’une des modalitĂ©s essentielles du rĂšgne du Christ sur la sociĂ©tĂ© est le respect de la loi naturelle par le gouvernement, le lĂ©gislateur et le peuple. Que devient une sociĂ©tĂ© qui refuse explicitement de rendre un culte public Ă  Dieu, et par lĂ  de Le reconnaĂźtre comme le fondement ultime de toute autoritĂ© sociale et politique ? Cette sociĂ©tĂ© se coupe de sa source et plonge inĂ©luctablement dans l’injustice systĂ©mique et le dĂ©sordre.

 

Notre rĂ©gime politique est fondĂ© sur un tel refus, Ă  savoir le laĂŻcisme. Dire cela ne veut pas dire que le rĂ©gime antĂ©rieur Ă©tait parfait, loin s’en faut ! En effet, il ne suffit pas de reconnaĂźtre officiellement la royautĂ© du Christ pour que la sociĂ©tĂ© soit indemne de toute injustice. La royautĂ© sociale du Christ n’est pas encore l’avĂšnement plĂ©nier du Royaume de Dieu qui se rĂ©vĂ©lera Ă  la fin des temps.

 

Le laĂŻcitĂ© maçonnique est synonyme de libre-pensĂ©e, c’est-Ă -dire qu’elle repose sur l’affirmation de la souverainetĂ© absolue de la raison et de la libertĂ© humaines. Les lois permissives qui dĂ©ferlent depuis prĂšs de soixante ans ne sont que la consĂ©quence directe du refus de reconnaĂźtre la loi morale naturelle comme mesure du juste et du bien. Et ce refus a pour racine la volontĂ© politique de construire une sociĂ©tĂ© sans Dieu. La foi chrĂ©tienne, au mĂȘme titre que toutes les autres croyances ou options spirituelles, est cantonnĂ©e dans la sphĂšre privĂ©e ou associative. Tout ce qui relĂšve des institutions publiques doit ĂȘtre neutre religieusement et donc aussi Ă  terme neutre anthropologiquement et moralement. Cette neutralitĂ© Ă©thique de l’Etat, rĂ©sultat logique de la laĂŻcitĂ© maçonnique, ne peut engendrer que le nihilisme libertaire. Il est urgent que les catholiques se libĂšrent de cette cage mentale pour honorer et promouvoir Ă  temps et Ă  contretemps le bien et le juste. Nietzsche, qui n’est certes pas un pĂšre de l’Eglise, l’avait dit. Si « Dieu est mort », le monde humain est comme la Terre sortie de son orbite. Si au commencement n’est pas le Logos, alors tout est condamnĂ© Ă  retourner au Chaos.        

 

L’État doit prùs d’un milliard à l’Enseignement catholique !

02/12/2025

L’État doit prùs d’un milliard à l’Enseignement catholique !

L’Enseignement catholique a dĂ©cidĂ© de hausser le ton et dĂ©nonce ouvertement un manque de prĂšs d’un milliard d’euros dans les financements publics qui lui sont dus. Une Ă©tude de la FĂ©dĂ©ration nationale des organismes de gestion de l’enseignement catholique (Fnogec) rĂ©vĂšle en effet un dĂ©ficit massif : 900 millions d’euros par an, soit 450 euros manquants par Ă©lĂšve sous contrat.

En cause : le non-respect du forfait d’externat, pourtant prĂ©vu par la loi DebrĂ© de 1959, qui impose un financement Ă  paritĂ© entre Ă©lĂšves du public et du privĂ© sous contrat. 

 

Depuis plusieurs annĂ©es, de nombreuses collectivitĂ©s locales considĂšrent ces versements comme une simple subvention, donc facultative. Or il s’agit d’une obligation lĂ©gale, rappelĂ©e avec force par Pierre-Vincent GuĂ©ret, prĂ©sident de la Fnogec, qui insiste : « Ce n’est pas une aide discrĂ©tionnaire mais une contrepartie Ă  une mission de service public. »

 

Les communes, dĂ©partements et rĂ©gions doivent financer les dĂ©penses de fonctionnement et les personnels non enseignants. Pourtant, l’étude pointe des Ă©carts spectaculaires du simple au triple pour dĂ©partements et rĂ©gions. En Corse, un lycĂ©en du privĂ© reçoit 459 €, contre 1 123 € en Bourgogne-Franche-ComtĂ©. Ces disparitĂ©s crĂ©ent une vĂ©ritable « loterie du code postal ». 

 

Ce sous-financement chronique fragilise particuliĂšrement les petites Ă©coles rurales, dont le modĂšle Ă©conomique Ă©tait dĂ©jĂ  tendu. Guillaume PrĂ©vost, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique, s’alarme : « Le risque est qu’on cherche Ă  fermer nos Ă©coles pour maintenir l’école publique dans un contexte de baisse dĂ©mographique. » Faute de moyens, certaines communes renoncent aussi Ă  desservir les Ă©tablissements catholiques dans leurs plans de transports scolaires, pĂ©nalisant les familles et renforçant les inĂ©galitĂ©s territoriales. 

 

Les consĂ©quences sociales sont tout aussi prĂ©occupantes. Alors que l’Enseignement catholique est souvent critiquĂ© sur la question de la mixitĂ©, il souligne qu’un financement conforme Ă  la loi permettrait prĂ©cisĂ©ment de la renforcer. Avec 450 euros supplĂ©mentaires par Ă©lĂšve, les Ă©tablissements pourraient diminuer les contributions demandĂ©es aux familles, aujourd’hui alourdies pour compenser le dĂ©sengagement public. 

Face Ă  cette situation, Guillaume PrĂ©vost adopte une nouvelle stratĂ©gie : interpeller les parlementaires, exiger la transparence des modes de calcul et se prĂ©parer Ă  un recours juridique, y compris devant le Conseil d’État ou via une question prioritaire de constitutionnalitĂ©.  

Dans leur message rĂ©cent, les Ă©vĂȘques de France appelaient Ă  « conjuguer enracinement chrĂ©tien et ouverture Ă  tous », soulignant la mission Ă©ducative unique de ces Ă©tablissements et leur service des plus fragiles.  

 

Ce dĂ©bat dĂ©passe le seul cadre du privĂ© car les Ă©carts rĂ©vĂ©lĂ©s interrogent aussi l’égalitĂ© de traitement entre Ă©lĂšves du public selon leur territoire. « Les chiffres montrent que les enfants du public eux-mĂȘmes ont du souci Ă  se faire », rappelle la Fnogec.

 

 

Marie Etcheverry dans l'Homme Nouveau

Rorate Céli, chant pour les dimanches de l’Avent.

01/12/2025

Rorate Céli, chant pour les dimanches de l’Avent.

Le texte de ce poĂšme reprend celui du beau chant d’entrĂ©e du quatriĂšme dimanche de l’Avent qu’il utilise comme refrain : Rorate CĂŠli desuper et nubes pluant Justum (Cieux rĂ©pandez votre rosĂ©e, que des nuĂ©es descende le Juste, (c’est-Ă -dire leSauveur).

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire de cet introĂŻt et de cette prose, c’est le prophĂšte IsaĂŻe, qui est tout spĂ©cialement mis Ă  l’honneur pendanttout le temps de l’Avent. IsaĂŻe est par excellence le prophĂšte de l’Emmanuel, le prophĂšte du Dieu qui vient Ă  notre rencontre, leprophĂšte de la consolation promise par Dieu Ă  IsraĂ«l.

 

Le chant du Rorate CĂŠli est donc composĂ© d’un refrain et de quatre longs versets qui s’inspirent largement mais librement deplusieurs textes d’IsaĂŻe. Le poĂšte, en effet, s’est comme Ă©vadĂ©, libĂ©rĂ© de la littĂ©ralitĂ© du texte sacrĂ©, tout en s’en inspirant profondĂ©ment, mais en laissant Ă©galement passage Ă  l’Esprit Saint, ce qui donne au final une Ɠuvre originale de toute beautĂ©,relevĂ©e encore par la pure merveille de sa mĂ©lodie.

 

Ce chant nous parle au cƓur puisqu’il parle du salut, puisqu’il parle de Dieu qui nous sauve, puisqu’il nous parle aussi dumystĂšre du pĂ©chĂ© et de la souffrance qui nous touche tous, puisqu’il nous parle de l’exil d’ici bas et de la nostalgie d’unbonheur sans fin qui nous est promis, puisqu’il nous parle d’amour, cet amour passionnĂ© que Dieu ressent envers nous, nous qui sommes reprĂ©sentĂ©s dans le texte par Sion, la ville bien- aimĂ©e, comparĂ©e Ă  une Ă©pouse, l’épouse de Dieu lui-mĂȘme.

 

Il peut ĂȘtre bon et nourrissant pour nos Ăąmes, en cette pĂ©riode de l’Avent, de relire quelques passages du prophĂšte IsaĂŻe quinous parlent de cet amour conjugal du Seigneur Ă  notre Ă©gard, amour qui va se concrĂ©tiser dans la venue du Fils de Dieu dans lachair, par le ministĂšre virginal et maternel de Marie.

 

VoilĂ  ce que dit IsaĂŻe au chapitre 62, versets 3 Ă  5 : « Tu seras une couronne brillante dans la main du Sei- gneur, un diadĂšmeroyal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : DĂ©laissĂ©e ! À ton pays, nul ne dira : DĂ©solation ! Toi, tu seras appelĂ©e Ma PrĂ©fĂ©rence, cette terre se nommera L’ÉpousĂ©e. Car le Seigneur t’a prĂ©fĂ©rĂ©e, et cette terre deviendra L’ÉpousĂ©e. Comme un jeune homme Ă©pouse une vierge, ton BĂątisseur t’épousera. Comme la jeune mariĂ©e fait la joie de son mari, tu seras la joie deton Dieu. »

 

L’auteur du Rorate CĂŠli est donc tout pĂ©nĂ©trĂ© de cette beautĂ© lumineuse des textes d’IsaĂŻe, qu’il ne se borne pas Ă  citer mot Ă  mot, mais qu’il vit littĂ©ralement, dans l’ardeur de sa vie spirituelle, de sa propre expĂ©rience mystique. Et il nous invite Ă  vivre Ă notre tour cette expĂ©rience du salut qui vient toucher notre existence dans l’acte mĂȘme de notre chant s’élevant vers Dieu.

 

On peut maintenant proposer une traduction de ce texte magnifique :

 

Refrain
Et d’abord le refrain : « Cieux rĂ©pandez votre rosĂ©e, que des nuĂ©es descende le Juste » (IsaĂŻe 45, 8).

 

Il est Ă  noter que ce qui semble de prime abord ĂȘtre une priĂšre ardente du Peuple de Dieu est en fait un ordre du Seigneur lui-mĂȘme dans le texte du prophĂšte : « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : je façonne la lumiĂšre et je crĂ©e les tĂ©nĂšbres, je fais la paix et je crĂ©e le malheur. C’est moi, le Seigneur, qui fais tout cela. Cieux, distillez d’en haut votre rosĂ©e, que, des nuages, pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut, et qu’alors germe aussi la justice. Moi, le Seigneur, je crĂ©e tout cela. »

 

Et cet ordre de Dieu s’adressant Ă  sa crĂ©ation, devient pour nous une promesse, une promesse que l’Église, dans sa liturgie, etdonc dans nos Ăąmes, a su transposer dans le domaine du salut. La rosĂ©e qui vient des cieux, c’est alors le Messie lui-mĂȘme,ou si l’on prĂ©fĂšre la Vierge Marie devenue mĂšre ; et la justice (le texte latin porte le juste, et le juste dans l’ancien Testament, c’est le saint) c’est sĂ»rement le Christ, le fils de Marie qui est aussi le Fils bien-aimĂ© du PĂšre, le Sauveur.

 

Au fond, on peut penser que ce refrain, c’est en rĂ©alitĂ© la rĂ©ponse divine Ă  chacune des demandes exprimĂ©es dans les trois premiĂšres strophes(on verra que la qua- triĂšme strophe fait aussi parler le Seigneur.)

 

Il est vrai que la mĂ©lodie de rorĂĄte monte vers le ciel comme une priĂšre. Les deux interprĂ©tations se complĂštent admirablement : notre priĂšre rejoint l’intention divine de commander la descente du Verbe dans notre chair pour nous sauver du pĂ©chĂ©. Et de fait la mĂ©lodie redescend alors du sommet (le RĂ© aigu) comme pour par- courir la distance infinie qui sĂ©pare lemonde de Dieu de notre pauvre terre, jusqu’au RĂ© grave sur justum qui dĂ©signe le Verbe IncarnĂ©, JĂ©sus, fils de l’humbleMarie.

 

PremiĂšre strophe
Voyons maintenant la premiĂšre strophe :

 

 

 

Traduction : « Ne t’irrite pas Seigneur, ne garde pas le souvenir de nos pĂ©chĂ©s. Voici que la citĂ© du Saint (c’est-Ă -dire Dieu qui rĂ©side dans le sanctuaire) est devenue dĂ©serte, Sion est devenue dĂ©serte, JĂ©rusalem une dĂ©solation, elle qui Ă©tait ta maison, le sĂ©jour de ta saintetĂ© et de ta gloire, oĂč nos pĂšres ont chantĂ© tes louanges. »

 

La rĂ©fĂ©rence, ici, de ce texte douloureux qui ressemble Ă  une lamentation, c’est IsaĂŻe 64, versets 8 Ă  10, et le texte du prophĂštes’achĂšve ainsi : « Peux-tu rester insensible Ă  cela, Seigneur, te taire et nous humilier Ă  l’excĂšs ? »

 

Sion, dans l’inteprĂ©tation qu’en fait la liturgie, c’est tantĂŽt l’Église, tantĂŽt la Vierge Marie, tantĂŽt notre Ăąme elle-mĂȘme. En cettepĂ©riode trouble que nous traversons Ă  bien des points de vue, dans la sociĂ©tĂ© comme dans l’Église, et dans les difficultĂ©s denotre vie spirituelle, nous pouvons nous appliquer ces versets poignants, demander pardon pour les pĂ©chĂ©s, les fautes quenous voyons en nous ou autour de nous.

Au plan mĂ©lodique, les quatre strophes sont bĂąties sur le mĂȘme modĂšle : il s’agit d’un simple rĂ©citatif qui monte du Fa initialpour aller s’accrocher d’abord sur le La, non sans faire entendre rĂ©guliĂšrement le Sib, donc un demi-ton plein de tendresse etde supplication. Puis la mĂ©lodie monte jusqu’au Do Ă  partir du La, et le rĂ©citatif devient alors plus intense et se charge d’unebelle Ă©motion : c’est le sommet de chaque strophe qui va toucher le RĂ© aigu, prĂ©cisĂ©ment ce RĂ© d’oĂč descend la mĂ©lodie de cĂŠlidans le refrain : notre priĂšre ardente touche le ciel qui rĂ©pond par la descente du Verbe.

 

Un apaisement se produit alors, et lastrophe, sans cesser d’ĂȘtre une priĂšre douloureuse, revient au La et finit par se poser dans la paix et la confiance, sur le RĂ©grave qui correspond Ă  celui de la finale du refrain : notre priĂšre est exaucĂ©e dans la venue du Juste, JĂ©sus, fils de Marie. Ces strophes si expressives dans leur simplicitĂ© quasi syllabique, sont donc pleines de sens jusque dans leur agencement mĂ©lodique.

 

DeuxiĂšme strophe
Voyons maintenant la deuxiĂšme strophe :

 

 

Traduction : « Nous avons pĂ©chĂ© et nous sommes devenus comme l’immondice, et tous nous sommes tombĂ©s comme des feuilles mortes. Et nos fautes, comme un ouragan, nous ont emportĂ©s. Tu nous as cachĂ© ton vi- sage, et tu nous as brisĂ©s par la mainmĂȘme de nos iniquitĂ©s. »

 

C’est la strophe la plus consternante, celle qui dĂ©crit notre situation morale de pĂ©cheurs en des termes vi- goureux. Prendreconscience de son pĂ©chĂ©, mais sans jamais dĂ©sespĂ©rer, c’est une grĂące, c’est mĂȘme la grĂące de l’aurore du salut.

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire de cette strophe, c’est encore IsaĂŻe, bien sĂ»r, et c’est encore le chapitre 64, mais le compositeur estremontĂ© plus haut dans le texte sacrĂ© qu’il cite toujours librement, pour y puiser ces mots douloureux, empruntĂ©s aux versets4 Ă  6 :

« Tu Ă©tais irritĂ©, mais nous avons encore pĂ©chĂ©, et nous nous sommes Ă©garĂ©s. Tous, nous Ă©tions comme des gens impurs, ettous nos actes justes n’étaient que linges souillĂ©s. Tous, nous Ă©tions dessĂ©chĂ©s comme des feuilles, et nos fautes, comme levent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se rĂ©veille pour prendre appui sur toi. Car tu nous ascachĂ© ton visage, tu nous as livrĂ©s au pouvoir de nos fautes.

 

La plus grande souffrance, et c’est bien celle de notre Ă©poque, c’est d’ĂȘtre privĂ©e de la vue du visage de Dieu, c’est-Ă -dire, de se heurter au silence du Seigneur qui s’est retirĂ© devant notre impĂ©nitence. Perdre de vue le visage d’amour de Dieu dans notre vie, c’est synonyme de pĂ©chĂ©, et c’est s’égarer et ĂȘtre livrĂ© au triste pouvoir de ses fautes. Notre monde qui ne veut plus de Dieu vit cette pĂ©nible expĂ©rience. Avec la fin de cette strophe, on peut dire que nous sommes au plusprofond de la misĂšre humaine.

 

TroisiĂšme strophe
Vient alors la troisiĂšme strophe qui est celle de la priĂšre de supplication :

 

 

Traduction : « Vois Seigneur l’abattement de ton peuple et envoie celui qui doit ĂȘtre envoyĂ©. Envoie l’Agneau, souverain de l’univers, qu’il vienne du rocher du dĂ©sert vers la montagne de la fille de Sion, afin qu’il ĂŽte le joug de notre captivitĂ©. »

 

Le cƓur de cette strophe, c’est la demande de l’envoi de l’Agneau, et lĂ  encore le texte de rĂ©fĂ©rence est celui d’IsaĂŻe, au chapitre 16, verset 1 :

« Envoyez au maßtre du pays un agneau, depuis La Roche au désert, vers la montagne de la fille de Sion. »

 

Le compositeur a introduit au dĂ©but de sa strophe la parole du Seigneur s’adressant Ă  MoĂŻse au dĂ©but du livre de l’Exode(chapitre 3, versets 7 et 8) qu’il transcrit sous forme de priĂšre en la faisant devenir notre propre cri de dĂ©tresse :

« Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misĂšre de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups dessurveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le dĂ©livrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cepays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. »

 

L’envoyĂ© de Dieu sera MoĂŻse, mais MoĂŻse n’est que l’annonciateur du vĂ©ritable envoyĂ©, le Fils qui viendra nous sauver,l’Agneau de Dieu qui sera immolĂ© pour nos pĂ©chĂ©s et qui viendra ĂŽter de nos Ă©paules le joug de la captivitĂ©. L’image du joug est trĂšs prĂ©sente dans l’Ancien Testament, et elle dĂ©signe toujours une forme d’esclavage. JĂ©sus la reprendra pour montrercombien son joug Ă  lui, Ă  l’inverse de celui du pĂ©chĂ©, est doux Ă  porter et libĂ©rateur pour celui qui le porte (Matthieu, 11, 29) :

« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cƓur, et vous trouverez le repos pour votre Ăąme. »

 

 

QuatriĂšme strophe :

 


 

Traduction : « Console-toi, console-toi, mon peuple, bientĂŽt viendra ton salut. Pourquoi te laisses-tu consumer par la tristesse, parce que la douleur se renouvelle en toi ? Oh mais je te sauverai, ne crains pas. Je suis le Seigneur, ton Dieu, le Saint d’IsraĂ«l, ton sauveur. »

 

C’est la rĂ©ponse du Seigneur Ă  la demande ardente de son peuple, contenue dans les trois premiĂšres strophes, et cette rĂ©ponsen’est pas moins ardente que la demande. Il y a dans ce texte, Ă  lui seul, une intensitĂ© poignante, une tendresse bouleversante. Et c’est ici aussi que la mĂ©lodie vient Ă©pouser au mieux ce texte pour lui donner un surcroĂźt merveilleuxd’intensitĂ©, de proximitĂ© amoureuse, de confiance absolue, au sein de la plus entiĂšre dĂ©solation intime.

 

À travers ce chant, le Seigneur se penche sur toute souffrance humaine, il lui donne un sens, une issue, dans l’amour brĂ»lant qu’il Ă©prouve pour ses crĂ©atures. C’est par excellence le chant de la consolation.

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire est prĂ©cisĂ©ment le dĂ©but du chapitre 40 du prophĂšte IsaĂŻe que l’on appelle justement le livre dela Consolation, parce qu’il commence par ces mots qu’a repris le compositeur :

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cƓur de JĂ©rusalem. »

Le reste de cette strophe est une compilation de différents mots tous empruntés toujours au prophÚte Isaïe, mais épars dans sonlivre. Par exemple, Isaïe, 41, 14 :

« Ne crains pas (noli timere), Jacob, pauvre vermisseau, IsraĂ«l, pauvre mortel. Je viens Ă  ton aide (salvabo te), oracle duSeigneur ; ton rĂ©dempteur, c’est le Saint d’IsraĂ«l. »

Ou encore IsaĂŻe, 51, 14-15 :

« BientÎt il viendra (cito véniet), le prostré sera libéré, il ne mourra pas dans un cachot, et le pain ne lui manquera pas ! Moi, je suis le Seigneur, ton Dieu. »

Ce chant de l’Avent est un chant de dĂ©sir, un chant qui est tout chargĂ© de l’attente de l’humanitĂ©, cette attente qui s’exprime Ă  travers les nombreux « Viens », « Viens Seigneur JĂ©sus », de la liturgie de l’Avent. « Viens », nous sommes tous des mendiants de joie et de bonheur, des pauvres qui ont besoin d’aimer et d’ĂȘtre aimĂ©s, des ĂȘtres assoiffĂ©s d’éternitĂ© et d’infini.

 

Dieu vient combler cet abĂźme et le dĂ©border de toutes parts, par son amour, sa folie d’amour pour nous, qui le pousse hors de lui-mĂȘme, le force Ă  quitter l’éclat de sa lumiĂšre dans sa vie divine et Ă  descendre jusque dans la rĂ©gion des tĂ©nĂšbres oĂč nousvivons, pour nous Ă©clairer, nous rĂ©chauffer, nous transformer au contact de ce feu d’amour qui nous touche.

 

Il y a tout cela dans le petit enfant de la crĂšche, petit ĂȘtre abandonnĂ© et sans dĂ©fense dans la jungle de l’humanitĂ©, mais fort d’un amour qui ira combattre nos rĂ©sistances et nos haines jusque sur la croix. Cette rosĂ©e si dĂ©licate qui est venue rafraĂźchir notre humanitĂ© dessĂ©chĂ©e, c’est la Vierge Marie qui l’a demandĂ©e et obtenue pour nous.

 

Ce chant est profondĂ©ment marial. Il nous parle aussi dupĂ©chĂ©, cette notion que l’on nĂ©glige tant dans nos vies aujourd’hui. Se reconnaĂźtre pĂ©cheur, c’est accĂ©der au sens renouvelĂ© de Dieu et de son amour, c’est appeler sur soi la misĂ©ricorde, c’est obliger Dieu Ă  ĂȘtre ce qu’il est, un Dieu de bontĂ©, un Dieu quise penche, un Dieu qui se donne et qui donne tout avec lui, le salut, le bonheur, l’amour.

 

Un moine de Triors (via l'Homme Nouveau)

 

 

 

Une belle interprétation de Harpa Dei, un peu sirupeuse et qui en fera hurler certains, mais j'assume !

 

Les racines bibliques du jubilé

29/11/2025

Les racines bibliques du jubilé

Une année de confiance et de priÚre
À l’instar du prĂ©cepte sabbatique, la prescription de l’annĂ©e jubilaire invite le peuple Ă©lu Ă  la confiance et Ă  la priĂšre. Sans commander d’Ɠuvres religieuses spĂ©cifiques, mais en demandant l’abstention de toute activitĂ© agricole (ensemencement, moisson, vendange) le Seigneur appelle IsraĂ«l Ă  se reposer sur la bĂ©nĂ©diction promise pour la sixiĂšme annĂ©e (Lv 25, 21). L’annĂ©e commençait et se terminait dĂ©but automne (au moment de la fĂȘte des expiations : Yom Kippour), juste aprĂšs la fin des rĂ©coltes, avant les semailles, qui Ă©taient donc reportĂ©es Ă  l’annĂ©e suivante.

 

Une année de grùce
Mais surtout, l’annĂ©e jubilaire Ă©tait une annĂ©e de « grĂące », c’est Ă  dire d’amnistie et de libĂ©ration : tous les cinquante ans, toutes les dettes, hypothĂšques et autres aliĂ©nations Ă©taient annulĂ©es, les servages affranchis. Chaque famille d’IsraĂ«l rentrait dans la possession du bien qui lui avait Ă©tĂ© historiquement Ă©chu lors de la grande rĂ©partition de JosuĂ©. Puisque chaque portion de sol agricole revenait Ă  la famille qui la dĂ©tenait originellement, la propriĂ©tĂ© Ă©tait finalement inaliĂ©nable, puisqu’elle avait Ă©tĂ© confiĂ©e en quelque sorte par Dieu. Le LĂ©vitique prĂ©voyait ainsi que les prix des transactions fonciĂšres soient fixĂ©s selon le nombre d’annĂ©es restant avant le jubilĂ©. Flavius JosĂšphe ajoute qu’au moment de la rĂ©trocession des biens, vendeurs et acheteurs pouvaient convenir d’une indemnisation sur la base des dĂ©penses et des fruits de la propriĂ©tĂ©. En revanche, il semble que le jubilĂ© n’avait pas d’effet dans les villes entourĂ©es de murs, oĂč les maisons pouvaient ĂȘtre dĂ©finitivement acquises, sauf celles des LĂ©vites.

 

La pratique du jubilĂ© dans le monde de l’Ancien Testament
De nombreux passages de la Bible montrent l’importance de la pratique du jubilĂ© Ă  l’époque de la monarchie d’IsraĂ«l :

– « L’hĂ©ritage des enfants d’IsraĂ«l ne passera pas d’une tribu Ă  une autre tribu, et les enfants d’IsraĂ«l s’attacheront chacun Ă  l’hĂ©ritage de la tribu de ses pĂšres » (Nb 36, 4)

– « Si c’est dĂšs l’annĂ©e du jubilĂ© qu’il consacre son champ, on s’en tiendra Ă  ton estimation ; mais si c’est aprĂšs le jubilĂ© qu’il consacre son champ, le prĂȘtre en Ă©valuera le prix Ă  raison du nombre d’annĂ©es qui restent jusqu’au jubilĂ©, et il sera fait une rĂ©duction sur ton estimation. » (Lv 27, 16)

– « Si le prince fait un don Ă  quelqu’un de ses fils, ce don sera l’hĂ©ritage de ses fils ; ils le possĂ©deront comme un hĂ©ritage. Mais s’il fait Ă  l’un de ses serviteurs un don pris sur son hĂ©ritage, ce don appartiendra au serviteur jusqu’à l’annĂ©e de la libĂ©ration ; puis il retournera au prince ; c’est Ă  ses fils seulement que restera son hĂ©ritage. Le prince ne prendra l’hĂ©ritage de personne en l’expulsant violemment de sa propriĂ©té ; c’est de sa propriĂ©tĂ© qu’il donnera un hĂ©ritage Ă  ses fils, afin que mon peuple ne soit pas chassĂ©, chacun de sa possession. » (Ez 46, 16)

Mais la loi n’est pas toujours respectĂ©e, puisque JĂ©rĂ©mie raconte comment les princes du temps de SĂ©dĂ©cias firent mine de l’appliquer, puis se dĂ©dirent : « La parole qui fut adressĂ©e Ă  JĂ©rĂ©mie[343] de la part de Yahweh, aprĂšs que le roi SĂ©dĂ©cias eut fait un accord avec tout le peuple de JĂ©rusalem pour publier Ă  leur adresse un affranchissement, afin que chacun renvoyĂąt libre son esclave et chacun sa servante, hĂ©breu ou hĂ©breuse, et qu’il n’y eĂ»t personne qui retĂźnt en servitude un JudĂ©en son frĂšre. Tous les chefs et tout le peuple, qui Ă©taient entrĂ©s dans cet accord, consentirent Ă  renvoyer libres chacun son esclave et chacun sa servante, pour ne plus les retenir en servitude ; ils y consentirent et les renvoyĂšrent. Mais ensuite ils changĂšrent d’avis et firent revenir les esclaves, hommes et femmes, qu’ils avaient renvoyĂ©s libres, et les obligĂšrent Ă  redevenir esclaves et servantes. » (Jr 34, 8-11)

Dans le Second livre des Rois, c’est l’impie Achab, Ă©poux de JĂ©zabel, roi d’IsraĂ«l, qui prend la vigne de Naboth, un bien inaliĂ©nable, et va jusqu’à le tuer pour en obtenir la possession perpĂ©tuelle. Les prophĂštes avertissent ainsi contre ceux qui, au mĂ©pris de la loi du jubilĂ©, ajoutent maison Ă  maison et champ Ă  champ, dans une logique d’accroissement perpĂ©tuel.

Il semble cependant que la pratique du jubilĂ© ne survĂ©cut pas aux temps de l’exil (du Royaume du Nord, en 722, puis du Sud, en 586) : il n’en est pas fait mention dans le livre de NĂ©hĂ©mie au moment oĂč ce dernier parle de l’annĂ©e sabbatique (Ne 10, 31). La notion dernier jubilĂ© demeura cependant profondĂ©ment inscrite dans les esprits, puisqu’elle est mentionnĂ©e Ă  plusieurs reprises par l’historien Flavius JosĂšphe Ă  la fin du Ier siĂšcle de notre Ăšre[2]

 

Que veut dire « jubilé » ?
Au dĂ©but de l’automne, lors de la cinquantiĂšme annĂ©e, l’ouverture du jubilĂ© Ă©tait annoncĂ©e par le son d’une corne appelĂ©e yobel. Ce cor avait retenti en deux circonstances historiques exceptionnelles : au pied du SinaĂŻ, pour appeler le peuple Ă  s’approcher de la montagne de Dieu ; autour de JĂ©richo, lorsque les prĂȘtres terminĂšrent le dernier tour autour de la ville.

Le mot qui signifiait sans doute initialement « bĂ©lier », l’animal dont la corne Ă©tait employĂ©e comme instrument, en vint par une suite de mĂ©tonymies Ă  dĂ©signer la solennitĂ© que ce dernier annonçait, et mĂȘme l’esprit qui y Ă©tait associĂ©, puisque Flavius JosĂšphe conclut que le mot signifie au Ier siĂšcle « libertĂ© ».

 

De l’Ancien au Nouveau Testament : prophĂ©tie et accomplissement
Le prophĂšte Daniel annonçait dans un oracle cĂ©lĂšbre[3] l’affranchissement final d’IsraĂ«l au terme de soixante-dix semaines, soit dix pĂ©riodes jubilaires. Cette prophĂ©tie devait s’accomplir 490 ans aprĂšs la reconstruction du Temple, lorsque le Seigneur y serait de retour.

Aux premiers temps de son ministĂšre public, de passage dans la synagogue de Nazareth, JĂ©sus fait la lecture du passage d’IsaĂŻe 61 qui annonce la venue du messie en utilisant les termes qui se rapportent Ă  l’annĂ©e jubilaire : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacrĂ© par son onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, et il m’a envoyĂ© guĂ©rir ceux qui ont le cƓur brisĂ©, annoncer aux captifs la dĂ©livrance, aux aveugles le retour Ă  la vue, pour rendre libres les opprimĂ©s, publier l’annĂ©e favorable du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Refermant le livre, JĂ©sus ajoute : « Aujourd’hui vos oreilles ont entendu l’accomplissement de cet oracle » (Lc 4, 20). Il prĂ©sente ainsi sa mission comme un accomplissement de la prophĂ©tie jubilaire : une annĂ©e de grĂące et de libertĂ©, un affranchissement des liens du pĂ©chĂ©.

 

Conclusion
De la corne de bĂ©lier aux savants calculs d’hypothĂšque Ă  la mode hĂ©braĂŻque, le concept de jubilĂ© nous plonge dans les racines de notre foi et jusqu’au cƓur des pratiques de l’Ancien Testament. Lorsque l’Église reprit l’institution jubilaire, elle n’entendit certes pas ressusciter toutes les modalitĂ©s pratiques de la loi ancienne : elle en conserva l’esprit, tel que le Christ lui-mĂȘme avait voulu le sanctifier en en faisant l’annonce prophĂ©tique de sa mission. En rĂ©alitĂ©, dans le monde du Nouveau Testament et pour le chrĂ©tien, chaque annĂ©e et chaque jour sont une « annĂ©e de grĂące pour le Seigneur », un temps de libĂ©ration et d’affranchissement : nous vivons dĂ©sormais dans le temps de l’Esprit et de la PentecĂŽte[4].

 

Références
↑1    Les auteurs dĂ©battent sur le fait de savoir si l’annĂ©e jubilaire Ă©tait la cinquantiĂšme annĂ©e, suivant donc immĂ©diatement l’annĂ©e sabbatique qui concluait la septiĂšme semaine, ou si les deux Ă©taient identifiĂ©es.
↑2    Flavius JosĂšphe, AntiquitĂ©s JudaĂŻques, III, 12, 3.
↑3    Dn 9, 24.
↑4    La fĂȘte juive de la PentecĂŽte, placĂ©e, justement le cinquantiĂšme jour aprĂšs la PĂąque, le dĂ©part de la servitude, avait une vĂ©ritable tonalitĂ© jubilaire.

 

 

Abbé Paul Roy, FSSP

Source : Claves

L’arianisme est-il vraiment une hĂ©rĂ©sie du passĂ© ?

28/11/2025

L’arianisme est-il vraiment une hĂ©rĂ©sie du passĂ© ?

Au dĂ©but du IVe siĂšcle, Ă©merge une menace mortelle pour le jeune christianisme, Ă  peine sorti de la terrible pĂ©riode des persĂ©cutions romaines. NĂ© sous l’impulsion d’un prĂȘtre d’Alexandrie, Arius, l’arianisme prĂ©sente aux chrĂ©tiens impĂ©riaux le visage sĂ©duisant d’un ascĂ©tisme philosophique, propre Ă  nourrir les aspirations intellectuelles et spirituelles de la nature humaine (cf. FC n° 3904 du 30 mai 2025). Et pourtant, cette doctrine, qui repose sur l’exagĂ©ration de principes fondamentaux de la religion – l’éternitĂ©, la toute-puissance et la transcendance du dieu –, introduit une distorsion gravissime dans la foi chrĂ©tienne et le message rĂ©vĂ©lĂ©.

 

La divinité du Christ niée

En assĂ©nant sans nuance que la plĂ©nitude divine est incommunicable et que le Fils – engendré – ne peut ĂȘtre l’égal du PĂšre, Arius dĂ©truit simultanĂ©ment les trois mystĂšres essentiels de la foi. La Sainte TrinitĂ© bien sĂ»r, puisque les personnes du Verbe et de l’Esprit ne peuvent plus ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme divines et partageant une unique substance avec le PĂšre. L’Incarnation ensuite, car le Christ n’est plus qu’une crĂ©ature hors du commun. La RĂ©demption enfin, car les actes et le sacrifice de JĂ©sus sont alors loin d’avoir cette valeur salvifique infinie qui rachĂšte le pĂ©chĂ© du genre humain et toute la crĂ©ation avec lui. Une fois niĂ©e la divinitĂ© du Fils, le christianisme se trouve vidĂ© de sa substance.

 

Les divers courants de cette hĂ©rĂ©sie polymorphe ont profondĂ©ment fragilisĂ© les Églises d’Orient puis d’Occident au tournant de l’AntiquitĂ©, favorisant l’émergence de l’islam, qui apparaĂźt Ă  bien des Ă©gards comme un ultime sursaut de la vieille rengaine arienne.

 

Pour le christianisme contemporain, l’arianisme peut cependant apparaĂźtre comme un enjeu du passĂ©, Ă  peine digne d’ĂȘtre remĂ©morĂ©, Ă  l’heure des dĂ©fis de la sĂ©cularisation et de la nouvelle Ă©vangĂ©lisation.

 

Notre conviction est pourtant que l’erreur d’Arius n’est jamais loin, au point que certains parlent encore avec raison de nĂ©o-arianisme – comme le cardinal Koch, prĂ©sident du dicastĂšre pour la promotion de l’UnitĂ© des chrĂ©tiens, dans un entretien au Tagespost en 2024.

 

Notre Ă©poque partage en effet avec l’antique hĂ©rĂ©sie ses racines rationalistes et gnostiques : on y trouve en germe la rĂ©action de rejet face Ă  toute forme de mystĂšre, la tentation de niveler toutes les vĂ©ritĂ©s surnaturelles en les mettant au niveau de notre propre raison, aplatissement qui favorise paradoxalement la recherche dĂ©sordonnĂ©e de spiritualitĂ©s Ă©sotĂ©riques et de voies religieuses de traverse.

 

Cette tentation rejoint les diffĂ©rentes formes contemporaines de dualisme, au terme duquel le corps et l’esprit sont deux principes antagonistes, le second Ă©tant attachĂ© au premier pour son malheur et tĂąchant par tous les moyens de s’en libĂ©rer.

 

Cette mentalitĂ© est d’abord nourrie par le rejet d’un matĂ©rialisme trop strict : le temps est loin oĂč l’on pensait que l’univers et l’homme n’étaient que matiĂšre et pourraient ĂȘtre un jour entiĂšrement maĂźtrisĂ©s par les sciences. Elle s’alimente paradoxalement aussi par l’omniprĂ©sence des technologies et la fascination pour l’intelligence artificielle, sorte d’esprit terrestre surpuissant et sans corps, et par l’influence des spiritualitĂ©s orientales : yoga, mĂ©ditation transcendantale
 dans lesquelles on cherche Ă  libĂ©rer l’ñme des nĂ©cessitĂ©s corporelles.

 

L’arianisme contemporain se retrouve encore, selon le cardinal Koch, dans une tendance Ă  ne considĂ©rer le Christ que sous l’angle de sa nature humaine, Ă  refuser de voir en lui le Fils Ă©ternel, vrai Dieu incarnĂ©, Ă  refuser aussi de reconnaĂźtre comme divine l’Église fondĂ©e par lui pour prolonger auprĂšs de nous son action.

 

L’Église de 2025 face à la tentation arienne

Ces diverses tentations contemporaines sont-elles une vĂ©ritable rĂ©surgence du vieil arianisme ? Elles constituent, quoi qu’il en soit, un vrai dĂ©fi pour l’Église et posent la question de la vĂ©ritĂ© dogmatique : au siĂšcle du relativisme triomphant – grand thĂšme de combat de BenoĂźt XVI, – peut-on encore dĂ©fendre le vrai contre le faux, est-on capable comme Athanase Ă  NicĂ©e de se battre pour la vĂ©ritĂ©, au moins en idĂ©e ?

 

Comme Ă  NicĂ©e cependant, la tentation arienne peut ĂȘtre pour l’Église l’occasion de retrouver son essence profonde : la meilleure rĂ©ponse au nivellement contemporain n’est-elle pas de reprendre conscience qu’« à l’origine du fait d’ĂȘtre chrĂ©tien, il n’y a pas une dĂ©cision Ă©thique ou une grande idĂ©e, mais la rencontre avec un Ă©vĂ©nement, avec une Personne » (BenoĂźt XVI, Deus Caritas est), et que cette personne humaine et divine nous ouvre seule le chemin du Ciel ? Le christianisme, autrement dit, n’est pas autre chose qu’un regard, une fascination pour le Christ, et la premiĂšre mission de l’Église est donc d’« annoncer l’Évangile et tĂ©moigner de la personne de JĂ©sus-Christ dans toutes les parties du monde et jusqu’aux extrĂ©mitĂ©s de la terre » (LĂ©on XIV). Sans ce retour Ă  un vrai christo-centrisme, le catholicisme contemporain risque de devenir une spiritualitĂ© fade et creuse parmi tant d’autres.

 

Ainsi, face Ă  l’arianisme et Ă  toutes les erreurs contemporaines, les catholiques cĂ©lĂ©brant le dix-septiĂšme centenaire de NicĂ©e pourraient se dĂ©courager et dĂ©sespĂ©rer de trouver une rĂ©ponse adĂ©quate. Que cet anniversaire soit donc l’occasion de refaire de l’Incarnation du Verbe Ă©ternel le cƓur de notre prĂ©dication : « Notre Dieu s’est fait homme pour que nous devenions Dieu » (saint Athanase, Sur l’Incarnation du Verbe). 

 


Retrouvez cette chronique sur sur claves.org, le site de formation chrétienne de la Fraternité Saint-Pierre.

Quand l’idĂ©ologie crĂ©e un Dieu de chiffons : la crĂšche dĂ©figurĂ©e de Bruxelles

28/11/2025

Quand l’idĂ©ologie crĂ©e un Dieu de chiffons : la crĂšche dĂ©figurĂ©e de Bruxelles

La seule bonne nouvelle dans toute cette affaire, c’est que la crĂšche est bel et bien installĂ©e depuis le 26 novembre sur la Grand-Place de Bruxelles, l’un des rares lieux publics oĂč le signe chrĂ©tien continue d’ĂȘtre assumĂ© sans dĂ©tour. Et l’on aimerait la voir aussi sur la place de l’HĂŽtel-de-Ville Ă  Paris, tĂ©moignage simple et courageux d’un hĂ©ritage chrĂ©tien assumĂ©. Rappelons cependant qu’on ne reprĂ©sente pas la beautĂ© divine, ni le mystĂšre de la naissance du Christ, avec des chiffons. Non par mĂ©pris de la matiĂšre simple ou des moyens pauvres, mais parce que la crĂšche n’est pas un bricolage.

 

Elle est un signe donnĂ© au monde, un premier Ă©clat de la lumiĂšre de Dieu qui se laisse voir. Il ne s’agit pas d’un objet dĂ©coratif mais d’un lieu oĂč la foi contemple la tendresse de Dieu dans la fragilitĂ© d’un enfant. Utiliser des silhouettes informes de tissu revient non pas Ă  exprimer la simplicitĂ© de NoĂ«l, mais Ă  appauvrir le sens profond de cet Ă©vĂ©nement, Ă  confondre pauvretĂ© matĂ©rielle et laideur symbolique, Ă  oublier que le Dieu qui se fait proche demeure le Dieu de majestĂ©.

 

Des personnages de tissu sans visage, un patchwork de couleurs censĂ©es reprĂ©senter toutes les teintes de peau, une structure transparente qui Ă©voque davantage une installation d’art contemporain qu’un lieu d’adoration, c’est selon un membre de l’organisation, “un mĂ©lange inclusif de toutes les couleurs de peau, pour que tout le monde s’y retrouve.”

 

Depuis quand faut-il diluer le mystĂšre de NoĂ«l sous les apparences de la laideur pour le rendre acceptable par tous par seul soucis  Â» de ne discriminer personne ?  Â» La conceptrice de cette crĂšche ,Victoria-Maria Geyer, se justifie en expliquant  Â» qu’il y a eu une longue concertation avec l’archevĂ©chĂ© de Bruxelles ».Oui, JĂ©sus est nĂ© dans une Ă©table, oui il a choisi la petitesse, le froid, la prĂ©caritĂ©. Mais cette pauvretĂ© n’a jamais Ă©tĂ© synonyme de laideur ou d’indignitĂ©. S’il s’est fait proche des plus humbles, c’est pour rĂ©vĂ©ler la beautĂ© de leur humanitĂ©, pas pour rĂ©duire le divin Ă  une apparence confuse et sans visage. L’humilitĂ© du Christ n’est pas la dĂ©figuration, la pauvretĂ© n’est pas l’effacement et la discrimination de vient pas de la diffĂ©rence mais de l’intolĂ©rance.

 

Le Seigneur fait homme est nĂ© dans une famille juive, il Ă©tait Juif Lui-mĂȘme et son identitĂ© d’homme ne peut ĂȘtre reniĂ© car c’est lĂ  que rĂ©side la vraie discrimination, dans la nĂ©gation d’une identitĂ©.

 

La crĂšche reprĂ©sentant la Sainte Famille a toujours cherchĂ© Ă  montrer que la tendresse de Dieu s’offre dans une lumiĂšre douce, dans une prĂ©sence identifiable, dans un visage d’enfant. Le priver de visage, c’est contredire la rĂ©alitĂ© mĂȘme de sa venue parmi nous.

 

Il ne faut pas confondre l’abaissement volontaire de Dieu avec une nĂ©gation de sa majestĂ©. Il s’est fait pauvre pour nous rejoindre dans notre misĂšre, mais il reste celui dont les anges chantent la gloire divine. Dans la crĂšche, cette tension est toujours prĂ©sente : la paille et la gloire, la pauvretĂ© et la beautĂ©, la fragilitĂ© et la splendeur discrĂšte qui Ă©mane du Sauveur. ReprĂ©senter la Sainte Famille par des chiffons multicolores revient Ă  dissoudre cette vĂ©ritĂ©. Ce n’est plus la crĂšche de BethlĂ©em, mais un symbole flou, interchangeable, neutre qui n’est plus porteur du mystĂšre divin.

 

L’inclusivitĂ©, lorsqu’elle devient une idĂ©ologie, finit par avaler ce qu’elle prĂ©tend protĂ©ger. À force de vouloir que chacun “s’y retrouve”, on gomme tout, jusqu’à la singularitĂ© du mystĂšre cĂ©lĂ©brĂ©.

 

Une crĂšche chrĂ©tienne devient alors un signe vide. Elle n’annonce plus rien, elle n’évoque plus personne, elle n’ouvre plus aucun chemin spirituel. Elle ne tĂ©moigne plus de la venue d’un enfant, mais de la prudence d’une Ă©poque qui a peur d’affirmer quelque chose de clair : La MajestĂ© de Dieu qui a rencontrĂ© la misĂšre humaine.

 

Pourtant, malgrĂ© tout, Bruxelles ose maintenir une crĂšche au cƓur de sa place principale. Dans un contexte europĂ©en oĂč tant de villes effacent peu Ă  peu les symboles chrĂ©tiens par peur ou par calcul au motif de la seule laĂŻcitĂ© , cette simple prĂ©sence demeure une petite victoire . Et l’on aimerait sincĂšrement que Paris ait la mĂȘme audace, l’audace tranquille de proposer une crĂšche Ă  l’HĂŽtel-de-Ville, non pour imposer quoi que ce soit, mais pour rappeler un hĂ©ritage, une mĂ©moire, une espĂ©rance, celle de NoĂ«l.

 

Philippe Marie dans Tribune Chrétienne

“Donner la vie signifie donc faire confiance au Dieu de la vie”

27/11/2025

“Donner la vie signifie donc faire confiance au Dieu de la vie”

La PĂąque du Christ Ă©claire le mystĂšre de la vie et nous permet de le regarder avec espĂ©rance. Cela n’est pas toujours facile ni Ă©vident. Partout dans le monde, beaucoup de vies semblent difficiles, douloureuses, pleines de problĂšmes et d’obstacles Ă  surmonter. Et pourtant, l’ĂȘtre humain reçoit la vie comme un don : il ne la demande pas, il ne la choisit pas, il en fait l’expĂ©rience dans son mystĂšre, du premier jour jusqu’au dernier. La vie a une spĂ©cificitĂ© extraordinaire : elle nous est offerte, nous ne pouvons pas nous la donner nous-mĂȘmes, mais elle doit ĂȘtre nourrie constamment : il faut un soin qui la maintienne, la dynamise, la prĂ©serve, la relance.

 

On peut dire que la question de la vie est l’une des questions abyssales du cƓur humain. Nous sommes entrĂ©s dans l’existence sans avoir rien fait pour le dĂ©cider. De cette Ă©vidence jaillissent comme un fleuve en crue les questions de tous les temps : qui sommes-nous ? D’oĂč venons-nous ? OĂč allons-nous ? Quel est le sens ultime de tout ce voyage ?

 

Vivre, en effet, implique un sens, une direction, une espĂ©rance. Et l’espĂ©rance agit comme une force profonde qui nous fait avancer dans les difficultĂ©s, qui nous empĂȘche d’abandonner dans la fatigue du voyage, qui nous rend certains que le pĂšlerinage de l’existence nous conduit Ă  la maison. Sans l’espĂ©rance, la vie risque d’apparaĂźtre comme une parenthĂšse entre deux nuits Ă©ternelles, une brĂšve pause entre l’avant et l’aprĂšs de notre passage sur terre. EspĂ©rer dans la vie, c’est plutĂŽt anticiper le but, croire comme certain ce que nous ne voyons ni ne touchons encore, faire confiance et nous en remettre Ă  l’amour d’un PĂšre qui nous a créés parce qu’il nous a voulus avec amour et qu’il nous veut heureux.

 

TrĂšs chers amis, il existe dans le monde une maladie rĂ©pandue : le manque de confiance dans la vie. Comme si l’on s’était rĂ©signĂ© Ă  une fatalitĂ© nĂ©gative, Ă  un renoncement. La vie risque de ne plus reprĂ©senter une opportunitĂ© reçue en don, mais une inconnue, presque une menace dont il faut se prĂ©server pour ne pas ĂȘtre déçu. C’est pourquoi le courage de vivre et de gĂ©nĂ©rer la vie, de tĂ©moigner que Dieu est par excellence « l’amant de la vie », comme l’affirme le Livre de la Sagesse (11, 26), est aujourd’hui un appel plus que jamais urgent.

 

Dans l’Évangile, JĂ©sus confirme constamment sa diligence Ă  guĂ©rir les malades, Ă  soigner les corps et les esprits blessĂ©s, Ă  redonner vie aux morts. Ce faisant, le Fils incarnĂ© rĂ©vĂšle le PĂšre : il restitue leur dignitĂ© aux pĂ©cheurs, accorde la rĂ©mission des pĂ©chĂ©s et inclut tout le monde, spĂ©cialement les dĂ©sespĂ©rĂ©s, les exclus, les Ă©loignĂ©s, dans sa promesse de salut.

 

EngendrĂ© par le PĂšre, Christ est la vie et il a engendrĂ© la vie sans compter jusqu’à nous donner la sienne, et il nous invite Ă©galement Ă  donner notre vie. Engendrer signifie donner la vie Ă  quelqu’un d’autre. L’univers des vivants s’est Ă©tendu grĂące Ă  cette loi qui, dans la symphonie des crĂ©atures, connaĂźt un admirable “crescendo” culminant dans le duo de l’homme et de la femme : Dieu les a créés Ă  son image et leur a confiĂ© la mission de donner la vie Ă  son image, c’est-Ă -dire par amour et dans l’amour.

 

DĂšs le dĂ©but, l’Écriture Sainte nous rĂ©vĂšle que la vie, dans sa forme la plus Ă©levĂ©e, celle de l’ĂȘtre humain, reçoit le don de la libertĂ© et devient un drame. Ainsi, les relations humaines sont Ă©galement marquĂ©es par la contradiction, jusqu’au fratricide. CaĂŻn perçoit son frĂšre Abel comme un concurrent, une menace, et dans sa frustration, il ne se sent pas capable de l’aimer et de l’estimer. Et voilĂ  la jalousie, l’envie, le sang (Gn 4, 1-16). La logique de Dieu, en revanche, est tout autre. Dieu reste fidĂšle pour toujours Ă  son dessein d’amour et de vie ; il ne se lasse pas de soutenir l’humanitĂ© mĂȘme lorsque, Ă  l’instar de CaĂŻn, elle obĂ©it Ă  l’instinct aveugle de la violence dans les guerres, les discriminations, les racismes, les multiples formes d’esclavage.

 

Donner la vie signifie donc faire confiance au Dieu de la vie et promouvoir l’humain dans toutes ses expressions : tout d’abord dans la merveilleuse aventure de la maternitĂ© et de la paternitĂ©, mĂȘme dans des contextes sociaux oĂč les familles ont du mal Ă  supporter le poids du quotidien, souvent freinĂ©es dans leurs projets et leurs rĂȘves. Dans cette mĂȘme logique, donner la vie signifie s’engager pour une Ă©conomie solidaire, rechercher le bien commun dont tous puissent profiter Ă©quitablement, respecter et prendre soin de la crĂ©ation, offrir du rĂ©confort par l’écoute, la prĂ©sence, l’aide concrĂšte et dĂ©sintĂ©ressĂ©e.

 

FrĂšres et sƓurs, la RĂ©surrection de JĂ©sus-Christ est la force qui nous soutient dans cette Ă©preuve, mĂȘme lorsque les tĂ©nĂšbres du mal obscurcissent notre cƓur et notre esprit. Lorsque la vie semble s’ĂȘtre Ă©teinte, bloquĂ©e, voici que le Seigneur RessuscitĂ© passe encore, jusqu’à la fin des temps, et marche avec nous et pour nous. Il est notre espĂ©rance.

 

 

Du miel d’Azille pour NoĂ«l !

26/11/2025

Du miel d’Azille pour NoĂ«l !

Afin de financer elles-mĂȘmes les travaux d’isolation et de toiture, les religieuses se sont lancĂ© comme dĂ©fi de vendre une part importante de leur production de miels et de sirops, soit au moins 2 500 produits, avant le 30 novembre. En lien avec l’équipe Divine Box, elles proposent donc cinq parfums de miels diffĂ©rents, rĂ©alisĂ©s avec les apiculteurs de leurs environs, ainsi qu’un sirop de thym, que tout un chacun peut se procurer aisĂ©ment sur le site Internet de Divine Box.

Les chanoinesses se sont donnĂ© jusqu’au 30 novembre pour vendre leur produits. Les commandes seront donc expĂ©diĂ©es par la suite, pour une rĂ©ception avant NoĂ«l. Une belle idĂ©e de cadeaux ou de petit-dĂ©jeuner gourmand pour rĂ©galer ses proches pendant les vacances.

 

Pour voir et Ă©couter les chanoinesses prĂ©senter ce dĂ©fi un peu particulier, c’est ici.

Pour commander : https://divinebox.fr/azille/