Le blog du Temps de l'Immaculée.

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La femme qui a le plus compté pour Antoine de Saint-Exupéry

12/11/2025

La femme qui a le plus compté pour Antoine de Saint-Exupéry

Ce sont les circonstances qui ont favorisĂ© la proximitĂ© entre mĂšre et fils, proximitĂ© Ă©mouvante et fĂ©conde, bien qu’excessivement fusionnelle parfois. AprĂšs la mort brutale de son pĂšre, en 1904 - il a 4 ans -, puis de son frĂšre cadet en 1917 - il en a alors 17 -, voilĂ  Antoine devenu le seul homme de la maison. Veuve et mĂšre Ă©prouvĂ©e, Marie s’appuie sur ce fils un brin capricieux mais si aimant, qu’elle avait implorĂ© saint Antoine de lui donner, aprĂšs la naissance de deux filles.

 

Une relation privilégiée
Empreinte d’une touchante dĂ©licatesse, leur correspondance, partiellement dĂ©voilĂ©e au grand public, ne laisse aucun doute : ces deux-lĂ  s’aimaient d’amour tendre et Antoine n’aurait pas rejoint la cohorte de nos grands Ă©crivains et poĂštes français experts en humanitĂ© s’il n’avait Ă©tĂ© profondĂ©ment influencĂ© par sa mĂšre.

 

Enfant, il lui assurait fiĂšrement : "Vous ĂȘtes fatiguĂ©e, maman, appuyez-vous sur moi, je suis votre chevalier !". Adolescent, il ne cesse de lui rĂ©pĂ©ter combien il lui est attachĂ©, combien il l’aime "du fond du cƓur". Homme mĂ»r, dĂ©sespĂ©rĂ© par l’affaissement moral et spirituel de la France occupĂ©e, il lui Ă©crit quatre ans avant sa mort : "J’ai infiniment besoin de votre tendresse, maman chĂ©rie, ma petite maman. Pourquoi faut-il que tout ce que j’aime sur terre soit menacĂ© ? (
) La seule fontaine rafraĂźchissante, je la trouve dans certains souvenirs d’enfance."

Quelle mĂšre ne rĂȘverait se d’entendre dire "Dites-vous bien que de toutes les tendresses la vĂŽtre est la plus prĂ©cieuse et que l'on revient dans vos bras aux minutes lourdes. Et que l'on a besoin de vous, comme un petit enfant, souvent. Et que vous ĂȘtes un grand rĂ©servoir de paix et que votre image rassure autant que lorsque vous donniez du lait Ă  vos tout-petits." ? (Lettre de 1930).

 

Une influence bienfaisante et protectrice
De fait, Marie a transmis Ă  son fils son amour du beau, son attachement aux valeurs morales (courage, obĂ©issance, sens du devoir), son goĂ»t pour le silence et l’intĂ©rioritĂ©, sa foi en la dignitĂ© de tout ĂȘtre, quel qu’il soit. Convaincue du talent d’Antoine, elle ne cessa de l’encourager Ă  Ă©crire et eut la primeur de presque tous ses manuscrits. La quintessence de l’Ɠuvre de Saint-ExupĂ©ry, son humanisme tourmentĂ©, ses appels dĂ©sespĂ©rĂ©s pour la sauvegarde de la civilisation, sa quĂȘte des cimes lui viennent de sa mĂšre, sa fĂ©e tutĂ©laire. Ne lui doit-il pas d’avoir eu souvent la vie sauve, lui qui bravait parfois le danger avec un zeste d’inconscience ou la fougue d’un conquĂ©rant ? 

Ceux pour qui la communion des saints est une rĂ©alitĂ© tangible n’en douteront pas : Marie prie sans cesse pour son fils, le recommande au Tout-Puissant au cours de messes en semaine, le confie Ă  ses deux enfants appelĂ©s auprĂšs du PĂšre, François et Marie-Madeleine ("que nos anges veillent sur toi" lui Ă©crit-elle en septembre 1939, au dĂ©but de la guerre). 

Quand Antoine, en 1935, s’écrase en avion dans le dĂ©sert libyen et manque d’y laisser sa peau, sa mĂšre exhorte ses proches convaincus de sa mort Ă  prier encore et Ă  croire au miracle. ExaucĂ©e, elle se rend Ă  Assise dans le couvent de Saint-Damien pour rendre grĂące Ă  Dieu et remercier le Poverello pour son intercession. Le pilote lui avoue d’ailleurs que c’est avant tout son image qui lui a permis de tenir pendant ces trois jours d’errance oĂč la chaleur et la soif faillirent avoir raison de lui. Ne l’a-t-il pas toujours considĂ©rĂ©e comme "son ange gardienne" ?

 

Médiatrice auprÚs du PÚre
Marie ne s’est pas contentĂ©e d’implorer le Seigneur pour la protection de son fils. Meurtrie que ce dernier ait perdu Sa trace aprĂšs la mort de son petit frĂšre, elle ne cessa jamais de prier pour qu’il retrouve la foi. En 1940, elle adresse Ă  Antoine ces mots bouleversants : "Je voudrais que tu sois en paix, je dis au bon Dieu que je prends tout sur moi, tout ce qui dans ta vie a pu ĂȘtre imparfait, je Lui dis aussi que tu as fait beaucoup de bien, que tes livres ont rĂ©veillĂ© beaucoup d'Ăąmes."

Telle sainte Monique, la mĂšre de saint Augustin, elle ne perdit jamais l’espoir d’ĂȘtre exaucĂ©e un jour
 et ce jour vint. Plus d’un an aprĂšs la disparition de son fils, en septembre 1945, elle eut une vision qu’elle transcrivit dans un poĂšme : Antoine dans la maison du PĂšre accueilli par tous ses proches morts avant lui


Ce que le livre posthume de l’écrivain poĂšte Citadelle lui faisait pressentir se rĂ©vĂ©lait donc vrai : Ă  la toute fin de sa traversĂ©e terrestre, l’auteur du Petit Prince avait retrouvĂ© le Dieu de son enfance ! Dans cet ultime manuscrit, Antoine n’écrivait-il pas, sans doute en mĂ©moire de sa foi en la vertu des priĂšres maternelles : "Je ne connais qu'un acte fertile qui est la priĂšre, mais je connais aussi que tout acte est priĂšre s'il est don de soi pour devenir." ? L’une des nombreuses apostrophes adressĂ©es au CrĂ©ateur par un vieux souverain du dĂ©sert, personnage-clĂ© de ce recueil : "Seigneur, je vais Ă  toi, selon ta grĂące, le long de la pente qui fait devenir" ne fait-elle pas Ă©cho Ă  une exhortation de sa mĂšre, aprĂšs la parution de Courrier Sud en 1929, soit 15 ans plus tĂŽt "Abandonne-toi au Seigneur, rĂ©pĂšte-Lui chaque jour : Seigneur je vais Ă  Toi selon Ta grĂące. Ta foi n'est pas Ă©teinte puisque tu n'as pas perdu l'essentiel : le goĂ»t de Dieu." ? Cette lecture avait convaincu Marie que son fils Ă©tait revenu Ă  Dieu. Sa vision acheva de l’en convaincre et lui rendit la paix, paix qu’elle avait implorĂ© le PĂšre de lui donner : "Mon Dieu, vous m'avez tout repris/ Donnez-moi la paix Ă  ce prix."

 

Raphaëlle Coquebert dans ALETEIA

 

Lettres à sa mÚre, Antoine de Saint-Exupéry, Gallimard, 1997, 8 euros.

 

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : au fond, une évidence

11/11/2025

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : au fond, une évidence

Elle est la Vierge ImmaculĂ©e, pleine de grĂące dĂšs sa conception, la plus belle de toutes les crĂ©atures. Par son oui, libre et amoureux, elle est « cause de salut pour elle-mĂȘme et pour tout le genre humain », comme l’affirmait avec force saint IrĂ©nĂ©e ; elle est la Fille obĂ©issante du PĂšre, la MĂšre du Fils de Dieu, l’Epouse de l’Esprit Saint qui la prit sous son ombre quand elle eut consenti Ă  l’Incarnation
 Comment, si tout cela est vrai (et c’est bien ce que l’Eglise nous demande de croire), Marie ne serait-elle pas co-rĂ©demptrice et mĂ©diatrice de toutes grĂąces ? Par elle, grĂące Ă  elle, JĂ©sus-Christ, notre unique Salut, est entrĂ© dans le monde pour y rĂ©aliser l’Ɠuvre de la RĂ©demption. Marie a consenti Ă  son sacrifice, elle s’y est associĂ©e librement et sans rĂ©serve, elle donne son Fils par tout son ĂȘtre, de toute son Ăąme et de tout son corps.

 

Et d’ailleurs s’il est demandĂ© Ă  chacun de nous-autres, pauvres pĂ©cheurs, d’achever dans sa chair ce qui manque Ă  la passion du Christ, c’est-Ă -dire de coopĂ©rer Ă  l’Ɠuvre de la RĂ©demption, combien plus peut-on dire que Marie la toute sainte y a coopĂ©rĂ© de maniĂšre unique et prééminente ? Si on ne peut dire qu’elle est co-rĂ©demptrice, notre propre coopĂ©ration au salut n’existe plus


 

Mater Populi Fidelis, la note du DicastĂšre pour la Doctrine de la foi qui refuse d’attribuer explicitement ces titres de co-rĂ©demptrice et de mĂ©diatrice de toutes les grĂąces Ă  la TrĂšs Sainte Vierge Marie, suggĂšre qu’ils ne sont pas erronĂ©s, mais qu’il ne faut pas les dire. Notamment parce qu’ils exigent quelques explications. Nul ne conteste ce dernier point, mais est-ce vraiment une raison acceptable pour refuser de proclamer une vĂ©ritĂ© ? Nous savons bien que le mystĂšre nous dĂ©passe et que son expression exige des explications claires. Le dogme se dĂ©finit


 

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : une évidence « inopportune » ?
La Note affirme donc que la proclamation de ces titres est « toujours inopportune ».

Comme si la chose n’était pas importante, comme s’il n’était pas urgent de dire et redire, sur tous les tons, avec amour et parce qu’il nous faut honorer pĂšre et mĂšre, le rĂŽle incomparable, quoiqu’évidemment subordonnĂ©, jouĂ© par la Vierge dans l’économie du salut
 S’il est une co-rĂ©demptrice et une mĂ©diatrice de toutes les grĂąces, c’est cela prĂ©cisĂ©ment qui nous dit que nous devons aller Ă  JĂ©sus par Marie. C’est le secret de Marie qu’enseigne encore et toujours saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Totus Tuus disait Ă  sa suite la devise de Jean-Paul II


 

Marie est MĂšre de Dieu. En faisant l’offrande de son Fils au temple, elle a consenti Ă  toute la volontĂ© de Dieu, de la Sainte TrinitĂ©, au sujet de son plan de salut. Au glaive qui transpercerait son Ăąme et aux clous et Ă  la lance qui transperceraient le corps de JĂ©sus.

 

Marie est MĂ©diatrice. Au jour des noces de Cana, alors que l’heure de la mort de notre Seigneur n’était pas encore venue, elle a prĂ©sentĂ© les besoins des Ă©poux Ă  son Fils, et elle a obtenu la grĂące du bon vin, figure du sang qui allait ĂȘtre versĂ© par le CrucifiĂ©.

 

Marie la toute innocente est Avocate au pied de la Croix. Elle a vu le plus innocent des hommes torturĂ© et souffrant avant de subir cette mort Ă  laquelle elle a consenti. Dans n’importe quel procĂšs humain, elle aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme partie civile, en droit de dĂ©noncer l’iniquitĂ© de la crucifixion, et demander rĂ©paration. Mais non, elle plaide pour nous, pauvres pĂ©cheurs qui lui demandons, dans chaque Ave Maria, grĂące pour les malfaiteurs que nous sommes. Pour que nos fautes dont elle a si cruellement souffert soient effacĂ©es et rĂ©parĂ©es.

 

 

Marie Co-rĂ©demptrice et mĂ©diatrice parce qu’elle est MĂšre
Marie est MĂšre au pied de la Croix, elle a compati aux souffrances de son fils. Toute femme ayant donnĂ© la vie comprend qu’une mĂšre souffre presque autant que son enfant de la douleur et des souffrances qui le frappent. Marie a Ă©tĂ© vĂ©ritablement associĂ©e au sacrifice rĂ©dempteur. Elle y a participĂ© d’une maniĂšre inconcevable pour le commun des mortels, car il n’y a en elle, pleine de grĂące, qu’amour de Dieu.

 

Marie est MĂšre de tous les hommes depuis l’instant oĂč JĂ©sus a exprimĂ© cette derniĂšre volontĂ©. Quelle mĂšre serait-elle si elle ne donnait pas Ă  ses enfants qui l’implorent les grĂąces obtenues par son Fils du fait de son indispensable « oui » Ă  elle ?

 

Elle est MĂšre de l’Eglise qui nous distribue et communique son Fils lui-mĂȘme. Hors de l’Eglise, point de salut. Ne pourrait-on pas dire dĂšs lors : « Fors Marie, point de salut ? » On n’a pas l’une sans l’autre


 

Elle est Reine du Ciel et Reine de l’Univers – ce Cosmos dont je me plais Ă  penser qu’il fut sa dot, de telle sorte que le CrĂ©ateur le conçut merveilleusement beau


 

Elle est la Reine-MĂšre de Notre Seigneur qui est notre Roi
 N’est-il pas vrai que dans l’Ancien Testament, c’est la mĂšre du roi qui est assise Ă  sa droite et que mĂȘme le roi se lĂšve Ă  son entrĂ©e ? N’est-ce pas elle qui est chargĂ©e de prĂ©senter les demandes du peuple, et que le Roi les honore non par devoir, mais par amour filial ?

 

« Faites tout ce qu’Il vous dira », dit la Vierge MĂšre Ă  Cana, car elle sait qu’elle sera elle-mĂȘme entendue, Ă©coutĂ©e, exaucĂ©e.

Par amour filial Ă  notre tour, et parce qu’elle nous donne Dieu lui-mĂȘme, nous honorons en elle la Co-rĂ©demptrice et la MĂ©diatrice de toutes grĂąces.

 

Jeanne Smits RITV

La sainteté, une folie raisonnable

10/11/2025

La sainteté, une folie raisonnable

Célébrer les saints, honorer les morts
Avec la pĂ©dagogie qu’on lui connaĂźt, l’Église, en ce dĂ©but du mois de novembre, ne lie donc point par hasard la fĂȘte de la Toussaint avec celle de la commĂ©moraison des fidĂšles dĂ©funts.

 

CĂ©lĂ©brer les saints qui, ici-bas, ont vĂ©cu en amis de JĂ©sus et ont manifestĂ© de maniĂšre significative la puissance de la victoire du Christ dans leur Ăąme ; honorer les morts qui, entrĂ©s dans leur Ă©ternitĂ©, rĂ©clament nos priĂšres pour se laisser, Ă  leur tour et Ă  la suite des saints, possĂ©der par Dieu tout entier. Une mĂ©ditation s’impose : si la mort fait partie de la vie, il s’agit de ne pas oublier trop vite aussi que la saintetĂ© doit faire partie de la vie chrĂ©tienne. Ou, Ă  dĂ©faut qu’elle n’en tienne la meilleure place, ambitionner Ă  tout le moins de commencer Ă  l’avoir pour but.

 

« Que demandez-vous Ă  l’Église de Dieu ? » interroge le ministre au commencement du rituel du baptĂȘme, « La Foi ! » rĂ©pondent les parrain et marraine. « Que vous procure la foi ? », « La vie Ă©ternelle ! ». Ainsi, cet ĂȘtre de sang et de boue qu’est l’homme se trouve appelĂ©, dĂšs le frĂ©missement de la vie en lui, au plus glorieux des hĂ©ritages. Dieu veut que l’humanitĂ© dans son ensemble relĂšve la tĂȘte vers la lumiĂšre, cette « lumiĂšre vĂ©ritable » (Jn 1, 9) qui brille dans la personne de son fils, jaillit de son Évangile et Ă©clate dans l’enseignement constant de son Église.

 

« La foi, expliquait, espiĂšgle, Gustave Thibon, c’est la noblesse de l’homme qui, une fois dĂ©grisĂ©, tient ses promesses d’ivrogne. » Oui, il y a dans l’hygiĂšne de vie chrĂ©tienne – celle-lĂ  qui fait les saints – quelque chose de profondĂ©ment contre-intuitif et d’apparence dĂ©raisonnable. Cette foi, qui donne droit Ă  la vie Ă©ternelle, paraĂźt, Ă  vue humaine, insensĂ©e.

 

Elle fait rire les mondains et suscite l’ironie des puissants, comme on a pu le voir derniĂšrement Ă  l’occasion du succĂšs du film SacrĂ© CƓur, contre tous les pronostics et les coups bas de l’entre-soi « mĂ©diatiquement correct ». À ce monde du spectacle, saint Paul pourrait Ă  nouveau lancer ses percutantes envolĂ©es sur la folie raisonnable du message divin. Sa premiĂšre lettre aux Corinthiens en est truffĂ©e :

 

« Dieu a choisi ce qui est folie pour le monde afin de confondre les sages. » (1 Co 1, 27)

« Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous se croit sage selon ce monde, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. » (1 Co 3, 18-19)

« Nous sommes fous à cause du Christ. » (1 Co 4, 10)

« Car ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes. » (1 Co 1, 25)

 

Tel est l’enjeu de notre propre conversion : devenir raisonnablement fou. S’interdire d’apprĂ©hender la saintetĂ© comme une affaire de dĂ©veloppement personnel, s’empĂȘcher de croire que l’amitiĂ© avec Dieu est question de recette. On ne s’initie pas Ă  la saintetĂ© selon la mĂȘme logique cognitive de l’apprentissage d’une langue Ă©trangĂšre. Pas d’application DuoSancto comme Duolingo.

 

 

De mĂȘme, pas de croissance dans la grĂące Ă  la maniĂšre d’une prise de masse musculaire. Pratiquer les commandements rĂ©clame tout autre chose qu’une docilitĂ© scrupuleuse Ă  des exercices quotidiens, tels qu’ils peuvent ĂȘtre prĂ©conisĂ©s par le youtubeur Tibo InShape. 

 

Aimer Dieu follement avec toute sa raison
Qu’est-ce que la saintetĂ©, sinon d’aimer Dieu follement avec toute sa raison ? L’aimer et lui plaire certes, mais avec une prĂ©cision de taille : « en tĂąchant d’anĂ©antir son amour-propre pour faire vivre et rĂ©gner l’amour de Dieu » (saint François de Sales).

 

ReconnaĂźtre l’incohĂ©rence de ses certitudes pour vivre de l’amour de Dieu, c’est cet « anĂ©antissement de l’amour-propre » dont Bruno Guillot a fait l’expĂ©rience saisissante, jusqu’à modifier le cours de sa vie : Belge converti au salafisme, imam repenti redevenu catholique, vous pourrez lire son formidable tĂ©moignage dans ce numĂ©ro.

 

« Faire vivre et rĂ©gner l’amour de Dieu », c’est encore tout le projet du CongrĂšs Mission qui se tient actuellement Ă  Paris-Bercy et qui s’attache Ă  rassembler, sans exclusive, tous ceux qui aspirent Ă  diffuser le message d’amour et de vĂ©ritĂ© de l’Église. Comme quoi, la saintetĂ© n’a pas dit son dernier mot. Et vous ?

 

PĂšre Danziec dans l'Homme Nouveau

LĂ©on XIV convoque un consistoire extraordinaire: un nouveau souffle d'unitĂ© pour l'Église

09/11/2025

LĂ©on XIV convoque un consistoire extraordinaire: un nouveau souffle d'unitĂ© pour l'Église

C’est prĂ©cisĂ©ment ce dernier type de consistoire qui caractĂ©rise la convocation que le pape LĂ©on XIV entend tenir au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine. Dans une communication confidentielle adressĂ©e le 6 novembre par le SecrĂ©tariat d’État aux membres du SacrĂ© CollĂšge , il est indiquĂ© que « le Saint-PĂšre LĂ©on XIV entend convoquer un consistoire extraordinaire les 7 et 8 janvier 2026 ». La note, signĂ©e avec la formule de respect habituelle, prĂ©cise simplement que le doyen du CollĂšge des cardinaux communiquera en temps voulu les dĂ©tails officiels. Rien n'a encore Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© quant au thĂšme de la rĂ©union, mais cette annonce suffit Ă  susciter attente et interrogations .

 

AprĂšs des annĂ©es oĂč la gouvernance de l'Église s'est exercĂ©e par des cercles restreints  et des instances parallĂšles – comme le Conseil des Neuf Cardinaux instituĂ© par le pape François et surnommĂ© au Vatican « le Conseil du Roi » –, LĂ©on XIV semble dĂ©sormais dĂ©terminĂ© Ă  redonner au CollĂšge des Cardinaux son rĂŽle originel : conseiller le pape de maniĂšre collĂ©giale et universelle . Le 21 avril 2025 , le Conseil a Ă©tĂ© dissous et les thĂ©ologiennes invitĂ©es Ă  s'exprimer sur l' ordination des femmes et autres sujets mineurs sont rentrĂ©es chez elles.

 

Avant François, BenoĂźt XVI prĂ©fĂ©rait remplacer ces instances par des rĂ©unions informelles Ă  la veille de la crĂ©ation de nouveaux cardinaux, tandis que saint Jean-Paul II convoqua six consistoires extraordinaires : trois concernant la rĂ©forme de la Curie et les finances du Vatican , et trois consacrĂ©s Ă  la doctrine et des thĂšmes pastoraux de grande portĂ©e — de la dĂ©fense de la vie Ă  la prĂ©paration du JubilĂ© de l’an 2000 , et enfin la rĂ©flexion sur la mission de l’Église au XXIe siĂšcle Ă  la lumiĂšre de l’ encyclique Novo Millennio Ineunte (2001). Le premier consistoire extraordinaire du pape François remonte aux 20 et 21 fĂ©vrier 2014 , lorsque les cardinaux se sont rĂ©unis pour discuter de la famille , en prĂ©paration des deux synodes de 2014 et 2015. Les 29 et 30 aoĂ»t 2022 , malgrĂ© la mention d’une « rĂ©union de cardinaux » par le Bureau de presse du Saint-SiĂšge, il s’agissait en rĂ©alitĂ© d’un consistoire extraordinaire convoquĂ© pour « informer les cardinaux » de la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium concernant la rĂ©forme de la Curie romaine . À cette occasion, plusieurs cardinaux ont dĂ©plorĂ© d’avoir Ă©tĂ© convoquĂ©s seulement aprĂšs la publication du document, un texte qui restructurait l’ensemble de la Curie .         

                

Un signe de mĂ©thode , avant mĂȘme toute question de contenu. 
Ce geste de LĂ©on XIV revĂȘt une signification qui dĂ©passe le sujet qui sera abordĂ©. La forme mĂȘme du consistoire symbolise un retour Ă  la collĂ©gialitĂ© ecclĂ©siale , aprĂšs une longue pĂ©riode durant laquelle de nombreux cardinaux ont dĂ©plorĂ© leur exclusion des processus dĂ©cisionnels . Ce n'est pas un hasard si, lors des congrĂ©gations gĂ©nĂ©rales prĂ©cĂ©dant le conclave , plusieurs cardinaux avaient exprimĂ© le dĂ©sir d'un pape capable d'Ă©couter et d' associer l'ensemble du cardinalat .

 

LĂ©on XIV semble dĂ©terminĂ© Ă  rĂ©pondre Ă  cette attente, en choisissant de convoquer tous les cardinaux , et non seulement un petit groupe de conseillers de confiance ou de « thĂ©ologiens ». Dans l'attente du thĂšme, on a le sentiment que ce consistoire extraordinaire pourrait marquer un tournant , non pas tant par ce qui sera dit , mais par ce qu'il reprĂ©sente . Une Église qui retrouve le droit de dĂ©libĂ©rer ensemble , en prĂ©sence de son Pasteur , est dĂ©jĂ  une Église qui respire Ă  nouveau pleinement .        

 

Source : Silere non Possum (Italie)

 

Un constat glaçant sur la liberté religieuse mondiale

08/11/2025

Un constat glaçant sur la liberté religieuse mondiale

Un droit fondamental bafoué : Le Rapport 2025 de l'AED
Le Rapport 2025 sur la libertĂ© religieuse dans le monde, rĂ©alisĂ© par la fondation pontificale Aide Ă  l'Église en DĂ©tresse (AED), dresse un Ă©tat des lieux dramatique de la situation entre janvier 2023 et dĂ©cembre 2024.

 

Deux tiers de l'humanité menacés
PortĂ©e et Aggravation : Sur 196 pays Ă©tudiĂ©s, plus de 5,4 milliards de personnes (soit prĂšs des deux tiers de l'humanitĂ©) vivent dans un État oĂč la libertĂ© religieuse est gravement menacĂ©e.

Pays de PersĂ©cution : 24 pays sont classĂ©s dans la catĂ©gorie la plus grave, celle de la persĂ©cution, oĂč les violations sont "graves et systĂ©miques". Cela concerne plus de 1,4 milliard de personnes dans des pays comme la Chine, la CorĂ©e du Nord, l'Inde, le Nigeria et le Nicaragua.

Pays de Discrimination : 38 pays sont classĂ©s dans la catĂ©gorie des discriminations, oĂč les groupes religieux (soit 1,3 milliard de personnes) font face Ă  des restrictions de culte et d'expression, notamment l'Égypte, l'Éthiopie et la Turquie.

Situation en DĂ©clin : L'Ă©tat global de la libertĂ© religieuse ne s'est pas amĂ©liorĂ© depuis le prĂ©cĂ©dent rapport, avec une aggravation de la situation dans 75% des pays de persĂ©cution. Seuls le Sri Lanka et le Kazakhstan ont montrĂ© une lĂ©gĂšre amĂ©lioration, tout en restant des pays oĂč les droits sont encore profondĂ©ment bafouĂ©s.

 

Le bilan particuliÚrement lourd pour les Chrétiens
Le christianisme reste la confession la plus touchée par la violence et la répression :

 

Chiffres alarmants : Un chrĂ©tien sur six dans le monde vit dans un pays oĂč les persĂ©cutions antichrĂ©tiennes reprĂ©sentent une menace forte.

Exemples de Violences :

Au NigĂ©ria, plus de 1 600 victimes chrĂ©tiennes ont Ă©tĂ© recensĂ©es depuis 2023, la majoritĂ© Ă©tant victimes des violences menĂ©es par Boko Haram et l'État islamique.

En Chine, le rapport fait état de morts sous la torture, de la surveillance électronique des églises et de l'interdiction formelle faite aux mineurs d'assister à la messe.

En Irak, des centaines de chrĂ©tiens auraient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, avec des interdictions similaires de pratique religieuse pour les mineurs.

 

L'Europe n'est pas épargnée par les actes antichrétiens
Bien que l'Occident ne soit pas classé dans les catégories de violations graves, le rapport note une augmentation significative des attaques contre les sites et les fidÚles chrétiens :

 

La France en tĂȘte : Avec environ 1 000 actes anti-chrĂ©tiens enregistrĂ©s en 2023, la France est identifiĂ©e par AmĂ©lie Berthelin de l'AED comme le pays d'Europe le plus touchĂ© par ce type d'actes.

Autres pays concernĂ©s : La GrĂšce (plus de 600 cas de vandalisme d'Ă©glises), l'Italie, l'Espagne, les États-Unis et la Croatie sont Ă©galement citĂ©s pour des profanations de lieux de culte, des agressions de membres du clergĂ© et des perturbations d'offices religieux.

 

Un appel Ă  la conscience et Ă  l'action
Face Ă  cette "souffrance cachĂ©e", l'AED passe Ă  l'action en lançant, pour la premiĂšre fois de son histoire, une pĂ©tition mondiale pour la protection du droit Ă  la libertĂ© religieuse. L'objectif est double : susciter une rĂ©elle prise de conscience auprĂšs des signataires et, surtout, interpeller les responsables politiques afin qu'ils "prennent Ă  leur tour la mesure de l’enjeu". L'urgence de la situation globale ne fait que souligner la nĂ©cessitĂ© de cet engagement.

À Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline dĂ©nonce un climat politique et social inquiĂ©tant

07/11/2025

À Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline dĂ©nonce un climat politique et social inquiĂ©tant

Le 4 novembre 2025, lors de l’ouverture de l’AssemblĂ©e plĂ©niĂšre d’automne des Ă©vĂȘques de France Ă  Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline a pris la parole devant l’ensemble de l’épiscopat. S’inscrivant dans la continuitĂ© du magistĂšre de ses prĂ©dĂ©cesseurs, le cardinal Aveline a alertĂ© sur la fragilitĂ© du climat social et politique en France, affirmant que « la dĂ©mocratie elle-mĂȘme semble ĂȘtre en danger, comme le rĂ©vĂšlent la recrudescence de l’antisĂ©mitisme et l’attrait exercĂ© par des populismes devenus menaçants ». Ces mots, prononcĂ©s avec gravitĂ©, traduisent une inquiĂ©tude face Ă  la montĂ©e des divisions et Ă  la perte du sens spirituel dans la vie publique. Pour lui, la dĂ©rive du dĂ©bat dĂ©mocratique et la banalisation des discours de haine tĂ©moignent d’une crise plus profonde. Citant le patriarche BartholomĂ©e, il a rappelĂ© : « Lorsque Dieu disparaĂźt du regard humain, la terre devient un bien Ă  exploiter, l’autre un rival Ă  craindre et la vie elle-mĂȘme une marchandise. »

 

Le cardinal a Ă©galement appelĂ© Ă  une attention particuliĂšre envers les jeunes gĂ©nĂ©rations, dont il a voulu comprendre les aspirations : « Ce dĂ©sir d’identitĂ© taraude le cƓur de nombreux jeunes et nous devons le considĂ©rer positivement, le comprendre et le nourrir, afin qu’il ne soit pas rĂ©cupĂ©rĂ© pour servir d’alibi Ă  de dangereuses crispations identitaires. » Selon lui, ce besoin d’enracinement ne doit pas ĂȘtre jugĂ© mais accompagnĂ©, pour qu’il devienne un chemin d’ouverture et non de fermeture.

 

Pour Ă©clairer la mission de l’Église dans ce contexte, le cardinal Aveline s’est rĂ©fĂ©rĂ© Ă  Jean-Paul II, citant l’encyclique Dominum et vivificantem (1986) : « Il est beau et salutaire de penser que, partout oĂč l’on prie dans le monde, l’Esprit Saint, souffle vital de la priĂšre, est prĂ©sent. » Il a ajoutĂ© : « Je dois au pape Jean-Paul II d’avoir mieux compris, pour tout ce qui concerne la mission, l’urgence d’une solide thĂ©ologie trinitaire et notamment d’une pneumatologie (c’est-Ă -dire la partie de la thĂ©ologie qui Ă©tudie la personne et l’action du Saint-Esprit). » Le prĂ©lat a ensuite rĂ©sumĂ© cette vision en une formule marquante : « L’Église s’essouffle vite si elle prĂ©tend souffler Ă  la place de l’Esprit. » Cette image, simple et percutante, illustre la conviction que la fĂ©conditĂ© pastorale naĂźt de la docilitĂ© Ă  l’Esprit Saint et non d’une activitĂ© purement humaine.

 

Évoquant enfin la pensĂ©e de BenoĂźt XVI, le cardinal Aveline a rappelĂ© le dialogue que le cardinal Ratzinger avait menĂ© avec le philosophe JĂŒrgen Habermas en 2004 : « Peut-ĂȘtre nous faudra-t-il [
] avoir le courage de dĂ©noncer, grĂące Ă  la raison, les pathologies de la religion, lorsque celle-ci prĂ©fĂšre la contrainte Ă  la libertĂ©, et, dans le mĂȘme temps, dĂ©noncer, grĂące Ă  la religion, les pathologies de la raison, lorsque celle-ci choisit d’ignorer la dimension spirituelle de l’humain. » Cette rĂ©fĂ©rence, a-t-il expliquĂ©, souligne la nĂ©cessitĂ© d’un Ă©quilibre entre foi et raison pour prĂ©server la libertĂ© et la dignitĂ© de l’homme.Par ces rĂ©fĂ©rences Ă  Jean-Paul II et Ă  BenoĂźt XVI, le cardinal Aveline a voulu replacer la rĂ©flexion de l’Église de France dans la continuitĂ© d’une tradition spirituelle et intellectuelle solide. À Lourdes, son intervention a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’un engagement lucide face aux tensions sociales et d’une fidĂ©litĂ© renouvelĂ©e Ă  l’Esprit Saint, source du vĂ©ritable discernement chrĂ©tien.

 

Source : Philippe Marie dans Tribune Chrétienne

La carriĂšre internationale du film SacrĂ©-CƓur a dĂ©jĂ  commencĂ©

07/11/2025

La carriĂšre internationale du film SacrĂ©-CƓur a dĂ©jĂ  commencĂ©

Il fallait sans doute cela pour rĂ©veiller les consciences. Il fallait un film capable de dĂ©placer les foules, croyantes ou non, un film qui parle d’amour, du seul vĂ©ritable amour, celui qui se donne sans retour : l’amour du Christ. SacrĂ©-CƓur, produit et co-rĂ©alisĂ© par Steven et Sabrina Gunnell,distribuĂ© par SAJE Distribution, a su toucher le cƓur du public comme peu d’Ɠuvres contemporaines.

 

En plein triomphe en France oĂč le film s’apprĂȘte Ă  franchir le cap des 400 000 entrĂ©es, Hubert de Torcy, patron de SAJE films, a confiĂ© Ă  Tribune ChrĂ©tienne que le film  reçoit Ă©galement un accueil triomphal en Afrique et dans l’ocĂ©an Indien, avec des sorties programmĂ©es jusqu’en AmĂ©rique et en Asie : c’est une vĂ©ritable aventure missionnaire du grand Ă©cran qui ne fait que commencer et de se poursuivre. « En Belgique et en Suisse, les salles sont combles comme en France. À Monaco, le film est mĂȘme prolongĂ© devant la demande du public ».Le film, vĂ©ritable phĂ©nomĂšne, a entamĂ© sa diffusion en Afrique et dans l’ocĂ©an Indien la semaine derniĂšre. Les premiers rĂ©sultats confirment un accueil exceptionnel. « À l’üle Maurice, nous avons dĂ©passĂ© les 7 000 entrĂ©es en deux semaines. En CĂŽte d’Ivoire, c’est un vĂ©ritable carton avec plus de 2 300 entrĂ©es en un seul week-end ! » explique le distributeur français.

 

« Voici ce CƓur qui a tant aimĂ© les hommes qu’il n’a rien Ă©pargnĂ© jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur tĂ©moigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrĂ©vĂ©rences et leurs sacrilĂšges, et par les froideurs et les mĂ©pris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. »

Sainte Marguerite-Marie-Alacoque (1647-1690)

 

Et la vĂ©ritable success story de SacrĂ©-CƓur s’étend dĂ©sormais au SĂ©nĂ©gal, au Burkina Faso, au Togo, au Cameroun et en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Pour le responsable de SAJE Distribution, cette expansion tĂ©moigne d’une vĂ©ritable soif spirituelle. « Tout cela est trĂšs rĂ©jouissant. On sent que le public, partout, a besoin d’histoires vraies, lumineuses, porteuses d’espĂ©rance », souligne-t-il.Il nous confie Ă©galement que «  le film poursuivra sa route au Liban courant dĂ©cembre, avant d’arriver au Canada Ă  la mĂȘme pĂ©riode. »

 

Et l’aventure ne s’arrĂȘte pas lĂ  : « Nous prĂ©parons une version pour les États-Unis, dont la sortie est prĂ©vue Ă  l’occasion des fĂȘtes du SacrĂ©-CƓur, en juin 2026 », prĂ©cise le distributeur. Des accords sont Ă©galement en discussion avec des partenaires en Allemagne et en Espagne, tandis que l’AmĂ©rique latine se prĂ©pare Ă  accueillir le film : « Des contacts sont dĂ©jĂ  Ă©tablis au Mexique, en Colombie et au Chili ».Et la demande s’élargit encore : « De nombreuses sollicitations nous parviennent des Philippines, mais aussi de CorĂ©e du Sud », confie-t-il, avant d’ajouter avec un sourire : « Ce n’est que le dĂ©but de l’aventure internationale de SacrĂ©-CƓur. »

 

Partout oĂč il est projetĂ©, SacrĂ©-CƓur rassemble et touche les Ăąmes. De Bruxelles Ă  Abidjan, de GenĂšve Ă  Port-Louis, les spectateurs sortent bouleversĂ©s par ce film qui remet le Christ au centre des vies et des histoires humaines. Il y avait longtemps qu’un film n’avait pas su dire l’amour vrai avec autant de simplicitĂ© et de force. Dans les regards des spectateurs Ă©mus, dans les applaudissements qui montent Ă  la fin des sĂ©ances, on devine qu’il se passe quelque chose de plus grand qu’un simple succĂšs de cinĂ©ma : un rĂ©veil des cƓurs. Rappelons que les Visitandines de Nantes peinent Ă  rĂ©pondre Ă  l’avalanche de commandes de leur « Sauvegarde du SacrĂ© CƓur » ( photo).

 

Le film ne se contente pas d’émouvoir, il appelle Ă  aimer, Ă  croire, Ă  espĂ©rer. Et de mĂȘme qu’il y eut, dans les annĂ©es 90 , une « gĂ©nĂ©ration Grand Bleu », marquĂ©e par le rĂȘve et la mer, il semble qu’émerge aujourd’hui une gĂ©nĂ©ration SacrĂ©-CƓur, toute tournĂ©e vers le CƓur du CƓur de l’amour, une gĂ©nĂ©ration qui cherche, dans l’obscuritĂ© du monde, la lumiĂšre du monde.

 

Philippe Marie dans Tribune Chrétienne

Enseignement catholique le coup de menton du ministre

06/11/2025

Enseignement catholique  le coup de menton du ministre

Le temps d'enseignement est sacré : pas de priÚre sur les heures de cours.

Devant la commission des affaires culturelles de l’AssemblĂ©e nationale, le 4 novembre dernier, la position d'Édouard Geffray a Ă©tĂ© limpide : le temps d'enseignement, financĂ© par l'État, doit ĂȘtre exclusivement consacrĂ© Ă  l'enseignement. Chaque minute payĂ©e par le contribuable a pour unique vocation la transmission des savoirs inscrits aux programmes, sans exception.

Cette mise au point est une rĂ©ponse directe Ă  Guillaume PrĂ©vost, le nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique. Ce dernier avait rĂ©cemment suscitĂ© la polĂ©mique en dĂ©fendant la possibilitĂ© pour les enseignants de prier avec leurs Ă©lĂšves, invoquant la « libertĂ© pĂ©dagogique et la libertĂ© de conscience ». 

Pour asseoir son propos, le ministre a utilisĂ© une formule simple et directe, se plaçant sur le terrain du contrat qui lie l'État aux Ă©tablissements privĂ©s :
« Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payĂ©e par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas Ă  autre chose. Et donc je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une priĂšre ».

L'argument du ministre est particuliĂšrement puissant car il dĂ©place le dĂ©bat. En ramenant la question Ă  une logique de service rendu contre financement public (« une minute payĂ©e
 c’est une minute d’enseignement »), il contourne un dĂ©bat philosophique ou thĂ©ologique potentiellement sans fin sur la laĂŻcitĂ©. Il transforme l'enjeu en une question quasi managĂ©riale de respect du contrat d'association avec l'État. Pour une institution "sous contrat", un tel argument fondĂ© sur le bon sens et les obligations contractuelles devient difficile Ă  contester.

L'éducation à la sexualité : un menu unique, obligatoire pour tous

La fermeté du ministre ne s'est pas limitée à la question de la priÚre. Concernant le nouveau programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), la ligne est tout aussi stricte. Son application est qualifiée d'obligatoire « partout », sans aucune possibilité d'adaptation ou de sélection.

LĂ  encore, Édouard Geffray rĂ©pond aux propositions de Guillaume PrĂ©vost. Bien qu'il se soit engagĂ© Ă  appliquer le programme, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique avait Ă©voquĂ© la mise en place d'un « projet de rĂ©seau » spĂ©cifique Ă  ses Ă©tablissements sur ce sujet, suggĂ©rant une marge de manƓuvre.

La rĂ©plique du ministre, qu'il a lui-mĂȘme qualifiĂ©e de rĂ©ponse « en loi et en bon sens », ne laisse aucune place Ă  l'interprĂ©tation et rĂ©affirme l'autoritĂ© du programme national :
« Un programme, c’est un programme, c’est obligatoire partout. Ce n’est ni discutable, ni nĂ©gociable, ni amendable. On ne fait pas son marchĂ© dans un programme, on ne commence pas Ă  dire je le fais, je ne le fais pas, etc. ». 

Cette dĂ©claration rĂ©affirme sans dĂ©tour l'autoritĂ© de l'État sur les contenus pĂ©dagogiques fondamentaux. En refusant un « projet de rĂ©seau » spĂ©cifique, Édouard Geffray ne dĂ©fend pas seulement le programme EVARS ; il protĂšge le principe mĂȘme d'un curriculum national unifiĂ©. Accepter une exception crĂ©erait un dangereux prĂ©cĂ©dent, ouvrant la porte Ă  d'autres rĂ©seaux ou Ă©tablissements qui pourraient rĂ©clamer un traitement « Ă  la carte » sur d'autres sujets. C'est un rappel que le contrat avec l'État n'est pas un buffet oĂč l'on choisit ce qui convient. L'insistance martelĂ©e du ministre est le coup de grĂące Ă  toute ambiguĂŻtĂ© : « Je veux m’assurer que ce soit partout. Et j’ai bien dit partout. » 

Partout ? On lui souhaite bon courage ! Les enseignants musulmans feront à raison ce qu'ils veulent et le ministre – nous le savons tous – regardera ailleurs.
À la rentrĂ©e 2023, l'Enseignement catholique scolarisait 2 060 000 Ă©lĂšves. Forte de ce nombre, la hiĂ©rarchie catholique aurait tort de ne pas Ă©lever le ton pour dĂ©fendre son nouveau secrĂ©taire de l'Enseignement catholique. l'Ă©phĂ©mĂšre et faible gouvernement en place a d'autres chats Ă  fouetter !

Vive le Christ Roi !

 

 

Sources : Le Figaro, le Salon Beige et La Croix 

 

 

Tradis hors des Ă©glises ? Mise en garde du cardinal MĂŒller

05/11/2025

Tradis hors des Ă©glises ? Mise en garde du cardinal MĂŒller

Le cardinal Gerhard MĂŒller a averti que certains Ă©vĂȘques contraignent de fait les catholiques conservateurs Ă  rester chez eux ou Ă  se rĂ©fugier auprĂšs de la FraternitĂ© Saint-Pie-X. Dans un entretien approfondi avec Raymond Arroyo d'EWTN, l'ancien prĂ©fet de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi a dĂ©clarĂ© : « J'ai entendu dire par certains Ă©vĂȘques que les catholiques qui ne souhaitent pas la nouvelle forme de la liturgie peuvent soit rester chez eux, soit rejoindre les Lefebvristes [FSSPX]. » Il a plaidĂ© pour un dialogue, affirmant : « Nous devons faire preuve d'une grande ouverture, dialoguer avec les fidĂšles dans un esprit synodal, afin de parler ensemble. »


Le cardinal MĂŒller a ajoutĂ© que ce n'est pas la messe en latin qui divise l'Église, mais plutĂŽt la bĂ©nĂ©diction des couples homosexuels, qui, selon lui, « relativise le sacrement du mariage, qui est une vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e ». Il a critiquĂ© ce qu'il perçoit comme un relativisme thĂ©ologique croissant dans l'approche du Vatican en matiĂšre de dialogue interreligieux et a condamnĂ© l'Ă©tablissement d'une salle de priĂšre musulmane au sein du Vatican. « Le Vatican est le siĂšge de l'Église catholique, et y autoriser le culte non catholique revient Ă  se relativiser soi-mĂȘme », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Cette dĂ©cision semble motivĂ©e par un dĂ©sir de paraĂźtre "ouvert" plutĂŽt que par une rĂ©flexion thĂ©ologique. »

 

Il s'est Ă©galement interrogĂ© sur la consultation des autoritĂ©s compĂ©tentes, dĂ©clarant : « J'ignore si un cardinal, la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi ou le Pape ont Ă©tĂ© consultĂ©s. Les musulmans pourraient y voir une victoire symbolique, la reconnaissance de leur prĂ©tendue supĂ©rioritĂ©. » Le cardinal MĂŒller a rĂ©affirmĂ© que les fondements de la doctrine catholique puisent leurs racines dans la philosophie grecque et romaine, telle que l'interprĂ©taient les PĂšres de l'Église, qui « reconnaissaient la part de vĂ©ritĂ© dans la philosophie, mais jamais dans les religions paĂŻennes grecques ou romaines. Ils n'ont jamais acceptĂ© les anciennes religions. »

 

Mettant en garde contre toute confusion entre les confessions, il a dĂ©clarĂ© : « Les diffĂ©rentes religions ont des conceptions diffĂ©rentes de la paix, de la libertĂ© et de la dignitĂ© de la personne. Nous ne pouvons les mĂ©langer. Nous ne sommes pas tous frĂšres. » Concernant l’ordination des femmes, il a affirmĂ© clairement : « Il est contraire Ă  la foi catholique que les femmes puissent recevoir le sacrement de l’Ordre. Seuls les hommes peuvent devenir Ă©vĂȘques, prĂȘtres ou diacres. »

 

Depuis le concile Vatican II, les divisions entre courants conservateurs et libĂ©raux au sein de l'Église catholique se sont accentuĂ©es, notamment quant Ă  l'interprĂ©tation de ses rĂ©formes. La mise en Ɠuvre de Fiducia Supplicans , qui a ouvert la voie Ă  la bĂ©nĂ©diction des couples de mĂȘme sexe, et le maintien de Traditionis Custodes , qui restreint la messe traditionnelle en latin, ont exacerbĂ© ces tensions. Nombreux sont ceux qui perçoivent dĂ©sormais un conflit naissant entre ceux qui cherchent Ă  prĂ©server la continuitĂ© doctrinale et liturgique et ceux qui promeuvent une approche plus pastorale et inclusive.


Source : Le Catholic Herald

 

Le cardinal MĂŒller, thĂ©ologien renommĂ© et l'une des figures les plus influentes du conservatisme au sein de l'Église, continue de dĂ©fendre ce qu'il appelle les « vĂ©ritĂ©s immuables de la foi » face Ă  ce qu'il perçoit comme un relativisme croissant. En 2019, il a pris la dĂ©fense de ceux qui avaient jetĂ© les statues de la Pachamama dans le Tibre, dĂ©clarant : « La grande erreur a Ă©tĂ© d'introduire les idoles dans l'Église, et non de les en expulser. » Il s'est Ă©galement montrĂ© un critique virulent du Chemin synodal allemand, qui vise Ă  libĂ©raliser la doctrine de l'Église. En 2024, il a cĂ©lĂ©brĂ© la messe pontificale solennelle traditionnelle en latin lors de la clĂŽture du pĂšlerinage de Chartres, en France.

Honorer les morts, un signe de foi

04/11/2025

Honorer les morts, un signe de foi

Le 29 octobre dernier, Ă  l’occasion d’un Ă©vĂ©nement organisĂ© Ă  l’universitĂ© du Mississipi et dĂ©diĂ© Ă  la mĂ©moire de Charlie Kirk, le vice-prĂ©sident amĂ©ricain en personne se confiait sur le gĂ©nie du christianisme. Avec conviction et assurance, JD Vance affirmait en effet Ă  la tribune :

 

« L’un de mes versets prĂ©fĂ©rĂ©s de la Bible est : “C’est Ă  leurs fruits que vous les reconnaitrez”. Je pense que les fruits de la foi chrĂ©tienne sont la civilisation la plus morale, la plus juste et la plus prospĂšre de l’histoire. Je n’ai aucune honte Ă  penser que les valeurs chrĂ©tiennes sont un fondement important dans ce pays. »

 

La religion chrĂ©tienne civilise les mƓurs

 

Il y aurait beaucoup Ă  Ă©crire sur ce que, non seulement les Etats-Unis mais aussi les pays du monde entier doivent Ă  l’Eglise. Pour cela, il suffirait de se plonger dans le superbe livre de l’historien Christophe DickĂšs, sobrement intitulĂ© Pour l’Eglise, mais prolongĂ© d’un sous-titre significatif : Ce que le monde lui doit (Perrin, 2024). Pourtant, c’est peu de le dire, entre des scandales en tout genre qui Ă©claboussent l’institution ecclĂ©siale et un personnel ecclĂ©siastique en manque de repĂšres et de figures fĂ©dĂ©ratrices, l’Eglise peine Ă  s’imposer dans le paysage politico-mĂ©diatique actuel. Le message de l’Evangile ne porte-t-il pas en lui les mĂȘmes vertus dynamiques d’il y a 2000 ans ? Au contact de l’enseignement du Christ, tout homme est censĂ© trouver Ă  sa disposition une rampe de lancement inouĂŻe : celle seule qui est en capacitĂ© de tirer ce qu’il y a de meilleur en lui. Encore faut-il prendre du temps pour son Ăąme.

 

Aussi, lorsque JD Vance affirme voir dans le christianisme un gĂ©nie particulier, le responsable politique n’a pas pour ambition de se cantonner Ă  un prosĂ©lytisme civilisationnel. En homme de foi, il sait qu’une telle attitude se rĂ©vĂ©lerait vite sĂšche et stĂ©rile. Il prĂ©cise donc, Ă  bon droit, que le Nouveau Monde, avant d’avoir Ă©tĂ© civilisĂ© par la croix, l’Evangile et l’enseignement de l’Eglise, Ă©tait en proie Ă  un paganisme Ă©hontĂ© qui pratiquait les sacrifices humains. Cette rĂ©alitĂ© historique, qui s’oppose en tout point au mythe rousseauiste du “bon sauvage” (l’homme nait naturellement bon, c’est la sociĂ©tĂ© qui le corrompt ensuite), avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© filmĂ©e par la camĂ©ra de Mel Gibson, dans Apocalypto (2006). Oui, la religion chrĂ©tienne a fait Ɠuvre de civilisation. Comment ? En commençant par infuser la charitĂ© dans les mƓurs des hommes.

 

Le christianisme confùre à l’existence un sens et se propose d’en anoblir le cours.

 

Alors que nous entrons de plein pied dans le mois de la grisaille et de la mĂ©lancolie, ce fameux mois de Novembre, qui selon les vers d’Emile Verhaeren « en son manteau grisĂątre, se blottit de peur au fond de l’ñtre », nous donne l’occasion de mĂ©diter sur une rĂ©alitĂ© Ă  laquelle la tradition culturelle et cultuelle de l’Eglise nous invite Ă  nous Ă©lever : la mort, la vie, la filiation et la saintetĂ©.

 

L’Eglise civilise nos coutumes en nous rappelant sans cesse – dans sa liturgie, dans ses priĂšres et dans son patrimoine esthĂ©tique – que nous ne venons pas de nulle part. Se mĂ©prendre sur la piĂ©tĂ© filiale qui doit ĂȘtre la nĂŽtre Ă  l’endroit de ceux qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s ici-bas ne relĂšve pas seulement de l’ingratitude. L’attitude adolescente de “rĂ©voltĂ© qui ne doit rien Ă  personne” est surtout dangereusement mortifĂšre. Comment se donner soi-mĂȘme si l’on n’a pas appris Ă  remercier ? Comment cĂ©lĂ©brer le prĂ©sent si l’on se refuse Ă  honorer le passĂ© ? Dans un entretien donnĂ© au Figaro Magazine, le directeur du dĂ©partement Opinion de l’Ifop, JĂ©rĂŽme Fourquet, constatait, lucide :

 

« La citrouille d’Halloween n’a pas encore remplacĂ© le chrysanthĂšme mais on s’en approche. (
) Le substrat chrĂ©tien est en voie d’effacement. »

 

« Le héros est un homme qui se croit au-dessus des autres, le saint est un homme qui se sait avec les autres » Georges Bernanos

 

Au-delĂ  du sujet de la piĂ©tĂ© filiale, comprenons que le corpus du christianisme s’avĂšre proprement en mesure de rĂ©chauffer l’enthousiasme de la vie. En confĂ©rant Ă  l’existence un sens, il propose Ă  tout homme de se dĂ©passer sans cesse pour en anoblir le cours.

 

Entre la civilisation païenne et la civilisation chrétienne, la différence est de taille. La premiÚre conduit au transhumanisme et la deuxiÚme conduit, plus humblement quoique plus avantageusement, à devenir plus humain. Dans un recueil de textes épars de Bernanos, Les Prédestinés, la sainteté est une aventure (Le Passeur Editeur), ce contraste est souligné :

 

« Le monde admire les héros et persécute les saints. Le monde réclame des idoles, car il a peur des témoins. »

 

Et l’auteur d’expliquer que les saints ne sont pas des hĂ©ros, Ă  la maniĂšre des hĂ©ros de Plutarque. Pour Bernanos, le hĂ©ros donne l’illusion de dĂ©passer l’humanitĂ© quand le saint, lui ne la dĂ©passe pas mais l’assume. Il s’efforce mĂȘme de la rĂ©aliser le mieux possible :

 

« Le hĂ©ros est un destin, le saint est une vocation. Le hĂ©ros est seul, le saint est solidaire. Le hĂ©ros se fait admirer, le saint se fait aimer. Le hĂ©ros est un homme qui se croit au-dessus des autres, le saint est un homme qui se sait avec les autres, dans la mĂȘme misĂšre, dans la mĂȘme espĂ©rance. [
] Le hĂ©ros est un homme qui se fait dieu, le saint est un homme qui laisse Dieu se faire homme en lui. [
] Le hĂ©ros finit toujours par se trahir lui-mĂȘme, car il porte en lui la contradiction de vouloir ĂȘtre plus qu’homme sans Dieu. Le saint, lui, ne se trahit jamais, car il n’a rien Ă  dĂ©fendre que la vĂ©ritĂ© de Dieu en lui. »

 

En ce mois de novembre, honorer nos dĂ©funts consistera pour les plus initiĂ©s – les plus catĂ©chisĂ©s, j’entends – Ă  prier pour le repos de leur Ăąme, Ă  faire cĂ©lĂ©brer des messes Ă  leur mĂ©moire pour appeler sur chacun d’eux la misĂ©ricorde de Dieu. Mais il y aura toujours tout Ă  gagner que de visiter les cimetiĂšres, de fleurir les tombes de ses aĂŻeuls et de se rappeler Ă  leur bon souvenir. Tous ces gestes, tous ces rites, justement parce qu’ils peuvent paraĂźtre les plus inutiles ont leur pesant de noblesse. Ils permettent de s’inscrire sur le temps long, et nous rappeler que le pari de la foi ouvre la voie Ă  la plus belle des expĂ©riences : l’élargissement de notre horizon.

 

MĂ©ditation sur l’obĂ©issance Ă  Dieu

03/11/2025

MĂ©ditation sur l’obĂ©issance Ă  Dieu

«Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S’adressant au premier, il dit : Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler Ă  la vigne. Je ne veux pas, rĂ©pondit-il ; ensuite pris de remords, il y alla. S’adressant au second, il dit la mĂȘme chose ; l’autre rĂ©pondit : Entendu, Seigneur, et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volontĂ© du pĂšre ? » (Mt 21, 28-31).

 

Cette parabole du Sauveur peut servir d’exergue Ă  ce modeste propos. Notre vie d’ici-bas doit se mouler sur celle de notre Seigneur et Sauveur. Or que nous dit-il ? Citons-le un peu, et d’abord en saint Jean : « Ma nourriture est de faire la volontĂ© de Celui qui m’a envoyĂ© et de mener son Ɠuvre Ă  bonne fin » (Jn 4, 34). « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volontĂ©, mais la volontĂ© de Celui qui m’a envoyĂ© » (Jn 6, 38). De leur cĂŽtĂ©, les synoptiques ont conservĂ©, entre autres, une maxime du Sauveur sur la nĂ©cessitĂ© d’adhĂ©rer Ă  la volontĂ© divine pour rĂ©pondre Ă  notre vocation d’enfants de Dieu, vocation si fortement marquĂ©e dans le Prologue de saint Jean : « Quiconque fait la volontĂ© de Dieu, celui-lĂ  m’est un frĂšre et une sƓur et une mĂšre » (Mc 3, 35 ; cf. Mt 12, 49). Mais on pourrait multiplier les citations de ce genre. Saint Paul rĂ©sumera toute la vie du divin MaĂźtre dans cette formule de son ÉpĂźtre aux Philippiens qui est devenue cĂ©lĂšbre (citĂ©e ici dans la traduction de Crampon) : « Bien qu’il fĂ»t dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son Ă©galitĂ© avec Dieu ; mais il s’est anĂ©anti lui-mĂȘme en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s’est abaissĂ© lui-mĂȘme, se faisant obĂ©issant jusqu’à la mort, et Ă  la mort de la croix » (Ph 2, 6-8). La perfection de notre union Ă  notre Sauveur se mesurera Ă  celle de notre imitation de sa vie suivant notre vocation ; ainsi accomplirons-nous le commandement que le PĂšre nous a donnĂ© au travers du saint patriarche Abraham qui est, selon l’Écriture, le pĂšre spirituel de toutes les Ăąmes de foi : « Marche devant ma face et sois parfait » (Gn 17, 1).

Ces considĂ©rations sont remplies de consĂ©quences pour notre vie de chaque jour. L’important pour nous rendre Dieu proche n’est pas d’accomplir ici-bas des Ɠuvres extraordinaires, et surtout pas celles qui nous vaudront des admirateurs (qui nous vaudront aussi, hĂ©las, des jaloux !). L’amitiĂ© avec Dieu n’exige pas davantage la multiplication des exercices religieux ni les macĂ©rations en tout genre ; elle n’implique mĂȘme pas que nous consacrions notre vie aux Ɠuvres de misĂ©ricorde, mĂȘme si celles-ci sont mises en avant par Notre Seigneur lui-mĂȘme dans le tableau qu’il nous fait du jugement dernier. Tout cela est trĂšs bon, excellent mĂȘme, mais tout cela ne fait pas forcĂ©ment de nous des amis de Dieu et de Notre Seigneur ; bref, tout cela ne nous mĂšne pas sĂ»rement Ă  cette perfection que le Tout-Puissant et son Verbe IncarnĂ© dĂ©sirent de nous. On connaĂźt le cĂ©lĂšbre passage de saint Paul (1 Cor 13, 3) : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumĂŽnes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charitĂ©, cela ne me sert de rien. » C’est l’amour surnaturel de charitĂ© qui fait de nous des amis de Dieu ; c’est son intensitĂ© en nous qui marque l’intensitĂ© de notre union avec le Sauveur et son PĂšre.

 

Mais cette intensitĂ© d’union avec Dieu et avec Notre Seigneur est en lien indissoluble avec l’obĂ©issance Ă  la volontĂ© divine qui nous a Ă©tĂ© manifestĂ©e. Dans cette obĂ©issance, notre libertĂ© elle-mĂȘme se dĂ©ploie et notre volontĂ© se fortifie. Le Seigneur JĂ©sus, en effet, n’a pas voulu ĂȘtre autre chose qu’une obĂ©issance Ă  son PĂšre, comme le note l’ÉpĂźtre aux HĂ©breux (10, 5s), se faisant l’écho de l’ÉpĂźtre aux Philippiens citĂ©e plus haut : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonnĂ© un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les pĂ©chĂ©s. Alors j’ai dit : “Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ĂŽ Dieu, ta volontĂ©â€. » Le Christ est tout pour nous, et nous ne plairons au PĂšre que dans la mesure oĂč il retrouvera son Fils divin en nous ; et il ne le retrouvera que s’il trouve en nous les dispositions de son CƓur sacrĂ©, et avant tout celle-ci qui est prĂ©judicielle : notre souci d’accomplir constamment sa divine volontĂ©.

 

« Dans le plan de Dieu, notait un spiritain, notre programme de vie est fixĂ©, notre route est tracĂ©e ; notre tĂąche de manƓuvre consiste Ă  laisser Dieu agir, Ă  Ă©couter et comprendre, Ă  nous laisser conduire pas Ă  pas. La meilleure prĂ©occupation, touchant notre avenir et notre salut, est de nous en rapporter entiĂšrement Ă  Dieu. Personne ne peut mieux que lui pourvoir Ă  notre bien. Il est la BontĂ© mĂȘme. Il est notre PĂšre, nous sommes ses enfants. Notre plus grand ennemi est une trop grande bonne volontĂ©. Conduits par le moi, nous nous Ă©garons [
]. Dire “Oui, PĂšre !” au moment prĂ©sent, voilĂ  la saintetĂ©. Et le dire aussi par rapport Ă  l’avenir. Personne ne peut faire Ă  Dieu de plus bel hommage que de remettre, les yeux fermĂ©s, tout son avenir entre ses mains. C’est un sacrifice d’agrĂ©able odeur qui monte vers le trĂŽne du TrĂšs-Haut. Quoi que l’avenir me rĂ©serve, joies ou peines, croix ou consolations, je dis rĂ©solument : “Oui, PĂšre !” Je me fie Ă  Vous. “Ita, Pater !” telle est la signature au bas de mon programme de vie. Et je sais que par lĂ  je ne signe pas un arrĂȘt de mort, mais que je m’ouvre les perspectives du plus grand bonheur. Et pourtant je signe aussi un arrĂȘt de mort car nous devons ĂȘtre ensevelis avec le Christ pour ressusciter avec lui » (1).

Demandons Ă  la Vierge Marie cette grĂące de suivre le Christ JĂ©sus selon la voie qu’il a tracĂ©e pour nous. Avec elle, accompagnons-le dans l’obĂ©issance du Calvaire, et rĂ©jouissons-nous pour toujours de sa victoire.

 

Par un moine de Triors

 

(1) Richard Graef, cssp : Oui, PĂšre ! (Ita Pater), Éditions Le Laurier, rééd. 2004.

 

Source : LA NEF 

 

 

Commémoration de tous les fidÚles défunts

02/11/2025

Commémoration de tous les fidÚles défunts

La journĂ©e des dĂ©funts est Ă  la fois une journĂ©e de commĂ©moraison et une journĂ©e d’intercession. On fait mĂ©moire de ceux qui nous ont quittĂ©s, et l’on prie pour eux. Cette priĂšre s’enracine dans la conviction profonde que la mort ne rompt pas la communion entre les membres du Corps du Christ. L’Église enseigne que les Ăąmes appelĂ©es Ă  la vision de Dieu passent par une purification nĂ©cessaire pour ĂȘtre pleinement unies Ă  Lui. Notre priĂšre, nos sacrifices et nos Ɠuvres de charitĂ© peuvent les soutenir dans cette ultime Ă©tape, en vertu du mystĂšre de la communion des saints. Celle-ci exprime le lien spirituel et indestructible entre les vivants et les morts : dans le Christ, une vĂ©ritable solidaritĂ© unit les membres de l’Église terrestre, les Ăąmes du purgatoire et les saints du ciel.

 

Le 2 novembre, chaque fidĂšle est donc invitĂ© Ă  se recueillir, Ă  visiter les cimetiĂšres, et Ă  prier pour les dĂ©funts. Prier pour les morts, c’est poser un acte de foi et d’amour, une affirmation silencieuse de l’espĂ©rance chrĂ©tienne : la vie n’est pas dĂ©truite, elle est transformĂ©e. Pour que la Toussaint, instituĂ©e en France en 835, conserve son sens propre de fĂȘte de la gloire cĂ©leste, saint Odilon, abbĂ© de Cluny, dĂ©cida vers l’an 1000 d’instaurer, dans tous les monastĂšres de l’ordre, une messe solennelle pour les dĂ©funts le lendemain, le 2 novembre. Cette commĂ©moration, d’abord limitĂ©e Ă  la famille monastique, s’étendit rapidement Ă  toute la chrĂ©tientĂ© sous l’influence du puissant rĂ©seau clunisien. À cette Ă©poque, la doctrine du purgatoire n’était pas encore pleinement formulĂ©e, mais les moines de Cluny exprimaient dĂ©jĂ  la foi de l’Église : celle d’un Dieu misĂ©ricordieux, qui purifie et sauve. Le saint curĂ© d’Ars rĂ©sumera plus tard ce mystĂšre avec des mots simples : « Le purgatoire est l’infirmerie du Bon-Dieu. »

 

Au XVᔉ siĂšcle, les Dominicains d’Espagne introduisirent la pratique de cĂ©lĂ©brer trois messes le jour des dĂ©funts, en signe d’intercession renouvelĂ©e. Ce privilĂšge fut Ă©tendu Ă  toute l’Église par le pape BenoĂźt XV en 1915, en mĂ©moire des innombrables victimes de la PremiĂšre Guerre mondiale, afin que les prĂȘtres puissent offrir le Saint Sacrifice pour les Ăąmes de tous les dĂ©funts. Aujourd’hui encore, l’Église continue de prier avec ferveur pour ses enfants dĂ©funts. Le sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon, en Normandie, demeure un lieu privilĂ©giĂ© oĂč des fidĂšles du monde entier confient leurs proches Ă  la misĂ©ricorde divine. Les communautĂ©s paroissiales organisent des liturgies, et de nombreux fidĂšles se rendent dans les cimetiĂšres pour prier au pied des tombes, souvent en famille, un chapelet Ă  la main.

 

Ce geste humble est un acte de foi : croire que nos morts vivent en Dieu, croire que notre priĂšre peut les accompagner vers la lumiĂšre Ă©ternelle, croire enfin que la mort ne sĂ©pare pas ceux que le Christ a unis. La sainte MĂšre Église, fidĂšle Ă  sa mission d’intercession, implore Dieu « pour les Ăąmes de tous ceux qui se sont endormis dans l’espĂ©rance de la rĂ©surrection, mais aussi en faveur de tous les hommes depuis la crĂ©ation du monde, dont le Seigneur seul connaĂźt la foi », afin qu’ils rejoignent « la communautĂ© des habitants du ciel » et jouissent du bonheur Ă©ternel.

 

Et, selon la belle parole de saint Ambroise :
« Nos morts ont Ă©tĂ© envoyĂ©s non pas loin de nous, mais avant nous — eux que la mort ne prendra pas mais que l’éternitĂ© recevra. » Ainsi, la commĂ©moration du 2 novembre n’est pas une journĂ©e de tristesse, mais une fĂȘte d’espĂ©rance, celle de la fidĂ©litĂ© de Dieu et de la communion sans fin entre les vivants et les morts dans le Christ ressuscitĂ©.

 

 

Avec nominis

Vivre au milieu des saints

01/11/2025

Vivre au milieu des saints

Nous vivrons avec des gens qui ont un cƓur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des rĂąleurs, des malcontents, des mĂ©prisants
 Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent Ă  promouvoir l’autre plutĂŽt qu’eux-mĂȘmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des misĂ©ricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cƓur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honorĂ© comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimĂ© le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persĂ©cution. Bref, quel paradis partagĂ© avec de tels frĂšres et sƓurs, Ă  contempler l’auteur de toute beautĂ©, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

 

Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit JĂ©sus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la mĂ©ditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible aprĂšs la mort, a imaginĂ© qu’il y avait un Purgatoire : un lieu oĂč l’ñme trop tournĂ©e vers elle-mĂȘme apprend Ă  s’ouvrir, Ă  devenir gĂ©nĂ©reuse, Ă  entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit Ă  la vie du ciel. Sans doute que ce sont eux aussi, et pas seulement les martyrs, ceux qui « viennent de la grande Ă©preuve » et « ont blanchi leur robe par le sang de l’Agneau » (Ap 7,14)

 

Revenons Ă  la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ? En rĂ©alitĂ© nous pouvons dĂ©jĂ  commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est dĂ©jĂ  prĂ©sent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisĂ©s, ni les saints inconnus que nous fĂȘtons en cette fĂȘte de Toussaint qui mĂ©ritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrĂ©tiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les dĂ©fauts de l’Église, ce n’est pas trop ça
 Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persĂ©vĂ©rant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la saintetĂ©. Le saint n’est pas celui qui est irrĂ©prochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus dĂ©terminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa misĂ©ricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner Ă  notre Ăąme sa beautĂ©, son ardeur Ă  aimer. En cette fĂȘte de tous les saints, dĂ©sirons Ă  notre tour ĂȘtre saints : dĂ©sirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.

 

Abbé Christophe Cossement

 

NDLR sur l'image : Des hautes montagnes en Galilée ... quand l'I.A. a la foi, tout est possible, je ne l'ai pas brimée !

Personne n'est en sécurité dans la nouvelle Syrie

01/11/2025

Personne n'est en sécurité dans la nouvelle Syrie

La Fondation pontificale Aide Ă  l'Église en DĂ©tresse, qui se consacre Ă  l'assistance aux chrĂ©tiens persĂ©cutĂ©s dans le monde entier, a rĂ©cemment publiĂ© son Rapport 2025 sur la libertĂ© religieuse , Ă©galement relayĂ© par La Nuova Bussola Quotidiana. Pour marquer la parution de ce document, qui analyse le niveau de libertĂ© religieuse dans 196 pays, la section italienne de la Fondation a organisĂ© Ă  Florence, en collaboration avec le diocĂšse local et l'association Agata Smeralda, la rencontre publique « TĂ©moins d'espĂ©rance de la Syrie blessĂ©e ». L'invitĂ© d'honneur Ă©tait Son Excellence Monseigneur Jacques Mourad, moine syriaque catholique et ancien abbĂ© du monastĂšre Saint-Élian, archevĂȘque de Homs Ă  partir de 2023. Monseigneur Mourad a un parcours singulier : nĂ© et Ă©levĂ© Ă  Alep, il est issu d’une famille de syriaques catholiques qui a fui Mardin (aujourd’hui en Turquie) en 1915 en raison des persĂ©cutions des Jeunes-Turcs contre les chrĂ©tiens, notamment les ArmĂ©niens (le tristement cĂ©lĂšbre gĂ©nocide), mais aussi les syriaques catholiques, les ChaldĂ©ens, les orthodoxes grecs et les Assyriens.

 

AprĂšs des Ă©tudes de thĂ©ologie au Liban, il entre dans la communautĂ© monastique de Mar Moussa, fondĂ©e par le pĂšre jĂ©suite italien Paolo Dall’Oglio, enlevĂ© en 2013, vraisemblablement par des militants de l’État islamique. OrdonnĂ© prĂȘtre, Mourad rĂ©pond Ă  la demande de son Ă©vĂȘque de restaurer l’ancien monastĂšre de Mar-Élian, dans la rĂ©gion de Homs, dont il devient l’abbĂ©. En 2015, il est lui-mĂȘme victime d’un enlĂšvement par l’État islamique, mais parvient Ă  s’échapper aprĂšs quatre mois de captivitĂ©.

 

En marge de la réunion publique, Monseigneur Mourad a accordé un long entretien à Nuova Bussola Quotidiana au sujet de la Syrie et de son expérience personnelle en tant que chrétien.

 

Monseigneur Mourad, dans un entretien accordé à l'Agence Fides le 31 janvier, vous aviez évoqué la profonde confusion qui régnait en Syrie aprÚs la prise de pouvoir par l'ancien groupe d'Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Sham. Quelle a été la situation aujourd'hui, prÚs d'un an plus tard ?

Il est difficile de se prononcer, car la situation est complexe et surtout parce que le nouveau gouvernement manque de clarté : ceux qui sont au pouvoir adoptent une stratégie de manipulation, c'est-à-dire qu'ils disent une chose et en font une autre. Les relations avec la population sont marquées par une absence totale de franchise. Pour les nouveaux dirigeants, la population syrienne, composée en grande partie de résistants ayant souffert et été persécutés sous le régime d'Assad, est une population de « flul » (alliés, terme sous-entendu par l'ancien régime) à persécuter.

 

C'est ainsi que le peuple syrien a souffert et souffre encore aujourd'hui


Bien sĂ»r. Le peuple subit innocemment les reprĂ©sailles contre Assad, et le paradoxe est que le nouveau gouvernement utilise, encore plus raffinĂ©, les mĂȘmes mĂ©thodes criminelles dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es par l'ancien rĂ©gime. De plus, le peuple syrien est appauvri : le nouveau gouvernement a licenciĂ© la plupart des fonctionnaires, les laissant sans salaire. Les rares qui ont pu conserver leur emploi sont payĂ©s en livres syriennes, tandis que les nouveaux arrivants le sont en dollars : 60 dollars par mois pour les premiers, 500 dollars pour les seconds. Le gouvernement a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© que la situation allait changer le mois prochain et que tous seraient payĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. EspĂ©rons-le.

 

Selon certaines sources, des élections législatives ont eu lieu en Syrie le 5 octobre, mais la majorité de la population n'a pas pu y participer. Avez-vous voté personnellement ?

Non ! Personne n'a voté. Seul un petit groupe d'électeurs sélectionnés par le gouvernement s'est rendu aux urnes pour voter pour les candidats désignés par le gouvernement. Il n'y a pas eu d'élections : une mascarade pour les médias.

 

Vous étiez un ami et un confrÚre du pÚre Dall'Oglio, disparu depuis 2013. Avez-vous des informations sur ce qui a pu lui arriver ?

Aucune nouvelle. À mon avis, l'histoire du pĂšre Dall'Oglio illustre une grave injustice ; elle symbolise toutes les personnes enlevĂ©es depuis des dĂ©cennies en Syrie et la douleur de leurs familles. Le fait est que les enlĂšvements se poursuivent encore aujourd'hui, avec une grande violence. Il faudra beaucoup de temps pour que la situation s'amĂ©liore.

 

Et peut-ĂȘtre aurons-nous aussi besoin de nouveaux dirigeants


Ce qui m'inquiÚte, c'est que ce gouvernement soit acceptable pour la communauté internationale.

 

À votre avis, pourquoi ?

Je crois que Trump souhaite ménager Israël, faire ce qu'Israël veut.

 

Nul n'ignore que Hayat Tahrir al-Sham a pris le pouvoir en Syrie grĂące Ă  l'aval de la Turquie, d'IsraĂ«l et des États-Unis



et aussi de la Russie, qui a convaincu Assad de quitter le pays et de se réfugier à Moscou.

 

Y a-t-il quelqu'un en sécurité en Syrie actuellement ?

Non. Les musulmans sont autant en danger que les chrétiens, sinon plus. Les Druzes sont persécutés, les Alaouites sont persécutés, les Chiites sont persécutés


 

Les Kurdes ?

Non, on ne les a pas persĂ©cutĂ©s, car ce sont des combattants courageux et armĂ©s. N’oublions pas que ce sont les Kurdes qui ont vaincu Daech dans le nord-est de la Syrie.

 

En 2015, vous avez Ă©tĂ© enlevĂ© par des militants de l’État islamique. Avez-vous reconnu certains de vos ravisseurs parmi les nouveaux dirigeants syriens ?

Non, ceux qui sont actuellement au pouvoir sont membres de Hayat Tahrir al-Sham, un groupe issu d'al-Nosra, la branche syrienne d'al-QaĂŻda. L'EI et al-Nosra sont ennemis et s'affrontent.

 

Pourtant, dans le chaos de la nouvelle Syrie, il semble y avoir une place pour l'EI, dont les objectifs ne paraissent pas si Ă©loignĂ©s de ceux du gouvernement de HTS : par exemple, l'Ă©limination des minoritĂ©s religieuses semble ĂȘtre un point commun aux deux groupes.

La diffĂ©rence rĂ©side dans le fait que l'EI poursuit le projet du califat islamique, un royaume oĂč la communautĂ© des croyants en Allah, l' umma islamya,  serait soumise Ă  un seul dirigeant. Al-Nosra, et donc HTS, visent quant Ă  eux Ă  rĂ©pandre la loi islamique dans le monde entier, tout en respectant les diffĂ©rentes nations.

 

Pour revenir Ă  vos quatre mois et vingt jours de captivitĂ©, quelle a Ă©tĂ© la plus grande souffrance que vous ayez endurĂ©e entre les mains de vos ravisseurs ? 

Sans aucun doute, une souffrance psychologique. Les deux premiers jours, j'ai Ă©tĂ© sauvagement battu, mais la souffrance psychologique est plus intense et dangereuse que la souffrance physique. Je dois admettre que Daech a une mĂ©thode Ă©prouvĂ©e et efficace pour exercer une pression psychologique. Au dĂ©but, ils m'ont menacĂ© de dĂ©capitation si je ne me convertissais pas Ă  l'islam – pour eux, convertir un prĂȘtre catholique aurait Ă©tĂ© un grand succĂšs. Quand ils ont compris que cette mĂ©thode ne fonctionnait pas, ils m'ont envoyĂ© un homme trĂšs gentil et respectueux qui m'a racontĂ© l'histoire d'un pasteur anglican converti Ă  l'islam, devenu un enseignant respectĂ© et pĂšre de quatre femmes. Cela n'a pas fonctionnĂ© non plus.

 

Avez-vous déjà été tenté de céder ?

Bien sĂ»r, c'est normal. Non seulement de cĂ©der, mais aussi de se sentir abandonnĂ© de Dieu. Quand je me sentais ainsi, je rĂ©citais le chapelet mentalement, car je n'en avais pas sur moi quand ils m'ont kidnappĂ©. Quand ils m'ont battu violemment pour la premiĂšre fois, j'ai cĂ©dĂ© Ă  la douleur physique et au sentiment d'abandon, et c'est la seule fois oĂč j'ai pleurĂ©. Puis je me suis endormie, j'ai dormi deux heures, et je me suis rĂ©veillĂ©e en chantant la priĂšre de sainte ThĂ©rĂšse d'Avila –  que rien ne te trouble, que rien ne t'effraie  â€“ en arabe, une langue dans laquelle je ne l'avais jamais rĂ©citĂ©e. J'y ai vu un signe que le Seigneur ne m'avait pas abandonnĂ©e, un don gratuit qui m'a donnĂ© la force d'avancer.

 

Que pouvons-nous faire, nous autres Occidentaux, pour la Syrie ?

Prier. Nous devons tous nous unir dans la priÚre : je suis convaincue que la priÚre est la véritable force capable de sauver le monde. Alors que j'étais prisonniÚre et que je priais pour tous, j'ai eu la grùce d'entendre les priÚres de tant de personnes qui imploraient Dieu pour moi. Si j'ai réussi à échapper à mes ravisseurs, c'est grùce à la puissance de la priÚre.

 

Avez-vous peur aujourd'hui ?

Non. J'en suis arrivé à la conclusion que, si je meurs pour la foi, je ne suis ni le premier ni le dernier. De plus, comme le dit saint Paul en parlant de sa propre mort, nous sommes avec Jésus ; que pouvons-nous désirer de plus ? Si la mort est le chemin qui mÚne à Jésus, c'est magnifique.

 

 

Elisa Gestri sur la NBQ 

LĂ  oĂč le Christ n'est pas roi, le chaos rĂšgne .

30/10/2025

LĂ  oĂč le Christ n'est pas roi, le chaos rĂšgne .

"On parle beaucoup des crises de notre époque : divisions politiques, incertitudes économiques, menace de guerre. Pourtant, sous ce tumulte se cache une crise plus profonde, souvent négligée : une crise spirituelle. Comme l'observait mon héros Chesterton, nous avons tendance à nous préoccuper des mauvais dangers. Nous craignons les guerres et les effondrements financiers, alors que la véritable menace est la corruption morale et spirituelle qui ronge l'ùme.

 

À la base, notre monde moderne a nĂ©gligĂ© la dimension spirituelle. Ce n'est pas tant le chaos qui nous entoure que le vide intĂ©rieur qui dĂ©stabilise la sociĂ©tĂ©. Les gens se perdent car ils ne savent plus pourquoi ils sont lĂ  – un problĂšme profondĂ©ment spirituel. Nous avons besoin d'idĂ©aux plus Ă©levĂ©s et d'une boussole morale, et non de simples slogans politiques. Lorsque l'humanitĂ© dĂ©tourne le regard de Dieu, un vide se crĂ©e, comblĂ© par des substituts : idĂ©ologies, modes et obsessions qui masquent le malaise sans jamais le guĂ©rir.

 

À une Ă©poque oĂč la foi Ă©tait encore vivante, l'impossible se produisit : le christianisme conquit l'Empire romain, Ă©difia des cathĂ©drales, engendra l'art, la littĂ©rature et des systĂšmes juridiques. Mais le monde moderne, qui se prĂ©tend rationnel et Ă©clairĂ©, a abandonnĂ© les miracles et vit dans une pauvretĂ© spirituelle. Il nie le surnaturel et se plaint ensuite de son absence. C'est lĂ  la tragĂ©die du monde moderne. Il dit : « Montrez-moi un miracle, et alors je croirai. » Mais en rĂ©alitĂ©, c'est l'inverse : croyez, et alors vous verrez le miracle. Le miracle n'est pas que Dieu apparaisse dans toute Sa splendeur et Sa majestĂ© ; le miracle, c'est qu'Il Se soit tenu dans un atelier, en train de scier des planches.

 

« L'idolĂątrie ne se commet pas seulement en Ă©rigeant de faux dieux, mais aussi en Ă©rigeant de faux dĂ©mons ; en faisant craindre aux hommes la guerre, l'alcool ou les lois Ă©conomiques, alors qu'ils devraient craindre la corruption spirituelle et la lĂąchetĂ©. » – G.K. Chesterton

 

Cette remarque spirituelle de 1909 rĂ©sonne aujourd'hui comme une prophĂ©tie. Nous identifions toutes sortes d'ennemis terrestres – du changement climatique aux Ă©pidĂ©mies virales – et nous nous mobilisons contre eux, tout en ignorant les ennemis invisibles de l'Ăąme : l'absurditĂ© de la vie, la dĂ©cadence morale et le dĂ©sespoir. C'est comme si l'humanitĂ© s'affairait Ă  Ă©teindre un petit feu dans le jardin, tandis que les fondations de la maison – le socle spirituel – s'affaissent lentement.

 

L'un des aspects les plus remarquables et radicaux de l'envoi des apÎtres par Jésus est son commandement : « Si quelqu'un ne vous reçoit pas et ne vous écoute pas, secouez la poussiÚre de vos pieds en témoignage contre lui. » Nous voyons ici quelque chose de presque impensable de nos jours : la certitude absolue de la foi. C'est un point crucial : le catholicisme n'est pas une opinion parmi d'autres sur Dieu et le monde. Il est la vérité, toute la vérité et rien que la vérité (je connais cette réplique d'une série télévisée américaine). Et la vérité n'est pas sujette à débat, à synodalité ou à compromis. Les apÎtres n'ont pas reçu l'ordre de débattre, de négocier indéfiniment ni de s'adapter aux désirs de leurs auditeurs. Si quelqu'un n'accepte pas ce que proclament les apÎtres, il passe à autre chose.

 

C'est tout le contraire du christianisme moderne, qui s'excuse souvent lui-mĂȘme et se contorsionne par tous les moyens pour rester acceptable et pertinent aux yeux du monde sĂ©culier. L'injonction de secouer la poussiĂšre de ses pieds n'est pas un appel au mĂ©pris, mais un signe de la vĂ©ritĂ© objective de la foi. Refuser le Christ n'est pas une question d'interprĂ©tation, mais un rejet tragique de la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Un avertissement retentit ici pour l'Église occidentale : n'ayez pas peur d'ĂȘtre impopulaire. Les apĂŽtres ne l'Ă©taient pas non plus. Et pourtant, ils ont changĂ© le monde.

 

Les apĂŽtres appellent Ă  la repentance, Ă  la conversion. Non pas Ă  une spiritualitĂ© vague, ni Ă  un message gĂ©nĂ©ral d'amour, de paix et de comprĂ©hension, mais Ă  la conversion – l'appel Ă  un mode de vie radicalement nouveau. La religion n'est pas une simple prĂ©fĂ©rence personnelle sans consĂ©quences. Le christianisme n'est pas un mode de vie spirituel optionnel. C'est le chemin du salut. Et c'est pourquoi la mission des apĂŽtres est la mission de l'Église Ă  travers les Ăąges. L'Église n'est pas une institution neutre qui prĂ©serve le patrimoine culturel. Elle est une dĂ©fenseure de la vĂ©ritĂ©, une Église qui ne se soumet pas aux caprices du temps mais accomplit sa mission sans compromis. L'Église qui prend sa mission au sĂ©rieux sera persĂ©cutĂ©e. L'Église qui cherche Ă  plaire au monde sera ignorĂ©e.

 

Et puis, point culminant de l'aventure, les apĂŽtres sortent et chassent les esprits impurs. C'est l'apogĂ©e du combat : la vĂ©ritable bataille n'est pas contre les hommes, ni contre les cultures, ni contre les dirigeants. La vĂ©ritable bataille est contre les puissances des tĂ©nĂšbres. La mission de JĂ©sus est la dĂ©faite du mal. C'est donc aussi la mission de l'Église. Le christianisme n'est pas une thĂ©orie, ni une simple morale, ni une affaire purement humaine. C'est une guerre contre le mal lui-mĂȘme. Le monde moderne a tendance Ă  psychologiser le mal, Ă  le rĂ©duire Ă  des facteurs sociaux, Ă  le traiter comme une abstraction. Mais le christianisme est bien plus rĂ©aliste : le mal est une rĂ©alitĂ©.

 

Puisque la racine de la crise est spirituelle, la solution doit l'ĂȘtre aussi. C'est, au fond, un combat pour l'Ăąme. On peut voter des centaines de lois et inventer des merveilles technologiques, mais si l'Ăąme est malade, les symptĂŽmes ne cesseront de rĂ©apparaĂźtre. Nous le constatons clairement : la prospĂ©ritĂ© et la science ont accompli beaucoup, mais le malaise intĂ©rieur et la confusion morale n'ont pas diminuĂ©. En rĂ©alitĂ©, Ă  mesure que les gens font moins confiance Ă  Dieu, ils font confiance Ă  tout le reste. Chesterton a bien saisi ce paradoxe : quand les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien ; ils croient en n'importe quoi.

 

On le constate partout. LĂ  oĂč les bancs des Ă©glises se vident, les gourous du dĂ©veloppement personnel, les sites d'horoscope et les « spiritualitĂ©s » Ă  la mode pullulent. La soif humaine de sens demeure, mĂȘme quand on rejette le Christ. Mais les substituts – qu'il s'agisse d'une foi aveugle dans le marchĂ©, d'un culte de la science Ă©rigĂ© en sauveur tout-puissant ou d'expĂ©riences Ă©sotĂ©riques – ne peuvent remplacer le Christ. Ils sont comme du sel sans saveur.

 

Ainsi, quand on abandonne le Christ, la crise ne fait que s'aggraver. On le voit autour de nous : Ă  mesure que la foi chrĂ©tienne disparaĂźt, les normes morales s'estompent et les communautĂ©s se dĂ©sagrĂšgent. Une sociĂ©tĂ© qui perd son Ăąme perd aussi sa solidaritĂ© et son cap. Au lieu de la charitĂ© de l'Évangile, nous hĂ©ritons d'une culture froide d'affirmation de soi radicale, oĂč chacun a sa propre « vĂ©ritĂ© » et oĂč plus rien n'est sacrĂ©. Cela engendre la solitude, la polarisation et le dĂ©sespoir – une crise spirituelle qui amplifie toutes les autres. Cela mĂšne inĂ©vitablement Ă  la dĂ©cadence et, finalement, Ă  la destruction. Consultez vos livres d'histoire.

 

Comment cela se fait-il ? Laissez-moi vous parler de mon voisin. J'aime aller chez lui. Pourquoi ? Parce qu'il fait du bon café : une machine à café italienne de type barista haut de gamme. J'étais justement là quand il a déballé cette machine. Et j'ai essayé de la faire fonctionner. Mais nous n'y sommes pas parvenus. Elle a d'abord produit de la vapeur, puis un bruit infernal, et enfin un café fade. Une expérience trÚs décevante, en somme. Le lendemain, il a eu une idée de génie : il a pris le mode d'emploi et a suivi les instructions. Résultat : un café délicieux. C'est tout simple : le fabricant de cette machine sait comment elle fonctionne. Il l'a conçue. Suivez ses instructions et vous obtiendrez le résultat escompté. Ignorez-les, et vous obtiendrez soit un café médiocre, soit une machine qui ne fonctionne pas du tout, soit, pire encore, vous la détruirez.

 

Pourquoi cet Ă©vĂȘque vous parle-t-il de machines Ă  cafĂ© ? Comment un ĂȘtre humain peut-il s'Ă©panouir pleinement ? Nous avons un CrĂ©ateur, nous sommes conçus par un Concepteur. Comment connaĂźtre notre raison d'ĂȘtre et comment la rĂ©aliser ? Nous a-t-Il donnĂ© des instructions ? Oui. Il nous a donnĂ© l'Ancien Testament (principalement le diagnostic de nos erreurs) et le remĂšde : le Nouveau Testament : JĂ©sus-Christ, les ApĂŽtres, l'Église, la Tradition, l'enseignement de l'Église. Suivez ces instructions et vous dĂ©couvrirez votre raison d'ĂȘtre et comment atteindre votre but : la vie Ă©ternelle. Ignorez les instructions de notre CrĂ©ateur et tout ira mal. Comme une machine dĂ©faillante qui tombe en panne. LĂ  oĂč le Christ est absent, les choses tournent mal. LĂ  oĂč le Christ n'est pas Roi, le chaos rĂšgne. Et cela, mes chers amis, c'est ce que nous appelons la modernitĂ©.

 

Sans Dieu, il nous incombe de guĂ©rir le monde de ses dĂ©fauts. Que les choses aillent mal depuis la nuit des temps est une Ă©vidence. Sans le Christ, quel est le remĂšde ? Le monde croit au progrĂšs. Mais pourquoi se soucier du progrĂšs quand la condition humaine est le problĂšme ? Le problĂšme, c'est que la modernitĂ© ne le perçoit pas comme tel. Elle pense que le problĂšme, c'est la sociĂ©tĂ©, les structures, les autres, l'Ă©conomie, la politique, et que nous ne pouvons agir que sur ces aspects. C'est ce que pensaient les rĂ©volutionnaires français, les bolcheviks, et c'est ce que le Printemps arabe Ă©tait censĂ© accomplir. Et nous savons oĂč cela mĂšne : au chaos et Ă  la destruction. L'histoire biblique de la tour de Babel l'a dĂ©jĂ  clairement dĂ©montrĂ© : la tentative humaine de reconquĂ©rir le paradis. Nous savons comment cela s'est terminĂ©. Et nous continuons de croire que c'est possible : l'Union europĂ©enne, le Nouvel Ordre Mondial, la grande rĂ©initialisation.

 

Avant le siĂšcle des LumiĂšres, personne ne croyait au progrĂšs (le christianisme Ă©tait dominant ; les idĂ©es utopiques n'avaient aucune chance). Les LumiĂšres ne croyaient pas en Dieu. L'homme Ă©tait fondamentalement bon ; le problĂšme rĂ©sidait dans les structures de la sociĂ©tĂ©. Voltaire avait cette idĂ©e du « bon sauvage ». LĂ  oĂč l'argent et le christianisme ne risquaient pas de perturber la vie en sociĂ©tĂ©, il devait y avoir harmonie, amour, paix et comprĂ©hension. Or, cela s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre une erreur. Voltaire a Ă©galement Ă©crit un livre sur l'Ă©ducation des enfants. Avait-il lui-mĂȘme des enfants ? Oui, cinq. Savez-vous comment il les a Ă©levĂ©s ? Il ne les a pas Ă©levĂ©s. Juste aprĂšs leur naissance, il les a tous abandonnĂ©s Ă  l'orphelinat. Je n'en dirai pas plus.

 

Nous croyons encore au progrÚs : progrÚs technologique, progrÚs scientifique. Si les LumiÚres croyaient aussi au progrÚs moral, depuis le XXe siÚcle (Hitler, Staline, Mao, Pol Pot), nous n'y croyons plus. Mais puisque nous ne croyons ni à la vie aprÚs la mort ni au progrÚs moral, que reste-t-il : la folie, l'absurdité, l'antithÚse d'une société utopique. Comment cela se fait-il ?

Deux raisons :

  1. Nous avons rayé Dieu de l'équation.
  2. 2. Le bon sens n'est plus aussi répandu, comme Chesterton l'avait déjà constaté il y a un siÚcle.

L'Église catholique a toujours adhĂ©rĂ© Ă  la philosophie de Thomas d'Aquin. Pourquoi ? Parce qu'elle repose sur le bon sens. La philosophie de saint Thomas se fonde sur la conviction universelle qu'un Ɠuf est un Ɠuf. Cela peut paraĂźtre Ă©vident, mais dans un monde complexe, ce n'est plus le cas. L'hĂ©gĂ©lien pourrait affirmer qu'un Ɠuf est en rĂ©alitĂ© une poule, car il participe Ă  un processus de devenir infini. Le partisan de Berkeley pourrait prĂ©tendre que les Ɠufs pochĂ©s n'existent que comme un rĂȘve, puisqu'il est tout aussi simple de dire que le rĂȘve a engendrĂ© les Ɠufs que l'inverse. Le pragmatiste pourrait croire que l'on apprĂ©cie au mieux les Ɠufs brouillĂ©s en oubliant qu'il s'agissait d'Ɠufs et en ne retenant que le rĂ©sultat.

 

Mais aucun disciple de saint Thomas n'a besoin de se creuser la tĂȘte pour conclure qu'un Ɠuf est simplement un Ɠuf. Le thomiste sait que les Ɠufs ne sont ni des poules, ni des rĂȘves, ni de simples suppositions pratiques, mais des rĂ©alitĂ©s confirmĂ©es par l'autoritĂ© des sens. Ainsi parlait l'apĂŽtre Ă  l'esprit brillant, G.K. Chesterton.

 

Il semble que les thomistes et les chestertoniens – ces personnes pour qui il est Ă©vident qu'un garçon est un garçon et une fille est une fille – soient rares. Ce sont des faits biologiques perceptibles par les sens. Un garçon n'existe pas comme un rĂȘve ; ce n'est pas le rĂȘve qui est la cause de son ĂȘtre, ni son ĂȘtre la cause du rĂȘve. On peut recourir Ă  autant de chirurgie esthĂ©tique qu'on veut et oublier Ă  quoi ressemblait le corps Ă  l'origine, cela ne change rien au fait qu'il reste un garçon. Et un bĂ©bĂ© est un bĂ©bé 

 

Il y a deux vĂ©ritĂ©s fondamentales que Chesterton dĂ©fend : la famille et la foi. La sociĂ©tĂ© moderne tout entiĂšre s'attaque Ă  ces deux vĂ©ritĂ©s. S'attaquer Ă  la famille, c'est s'attaquer Ă  la vie elle-mĂȘme, et s'attaquer Ă  la foi, c'est s'attaquer au CrĂ©ateur de la vie.

 

Chaque enfant est JĂ©sus : un visiteur du ciel, confiĂ© un temps Ă  ses parents. Le mariage est un sacrement. Il rĂ©vĂšle une vĂ©ritĂ© religieuse : l'amour est inconditionnel et source de vie. S'attaquer Ă  la famille, c'est avant tout s'attaquer Ă  une vĂ©ritĂ© religieuse. Et c'est s'attaquer Ă  la religion qui a rĂ©vĂ©lĂ© cette vĂ©ritĂ© : l'Église catholique romaine. DĂ©fendre la foi, c'est dĂ©fendre la famille. Mais c'est aussi dĂ©fendre la foi elle-mĂȘme : ses prĂ©ceptes, ses pratiques, sa puretĂ©. Les attaques viennent de toutes parts, subtiles ou manifestes. Chesterton affirme : « Ce qui est rĂ©ellement Ă  l'Ɠuvre dans le monde aujourd'hui, c'est l'anticatholicisme, et rien d'autre. »

 

Chesterton : « Les adversaires du christianisme croiraient n'importe quoi, sauf le christianisme. » Et en effet, nous avons constatĂ© que les sectes et les cultes les plus Ă©tranges sont pris au sĂ©rieux, tandis que l'Église est tournĂ©e en ridicule. Chaque hĂ©rĂ©sie s'est appropriĂ©e un fragment de vĂ©ritĂ© et a rejetĂ© le reste. Ainsi, les luthĂ©riens sont devenus obsĂ©dĂ©s par la « foi seule », les calvinistes par la souverainetĂ© de Dieu, les baptistes par la Bible, les adventistes du septiĂšme jour par le sabbat, et ainsi de suite.

 

L'Église catholique a Ă©tĂ© attaquĂ©e pour ĂȘtre trop austĂšre ou trop ostentatoire, trop matĂ©rialiste ou trop spirituelle, trop mondaine ou trop dĂ©tachĂ©e du monde, trop complexe ou trop simpliste. On reproche aux catholiques d'ĂȘtre cĂ©libataires, mais aussi d'avoir trop d'enfants ; on leur reproche d'ĂȘtre injustes envers les femmes, mais aussi parce que « seules les femmes » assistent Ă  la messe. Les modernistes dĂ©plorent la mort de l'Église catholique, et s'indignent encore plus de son pouvoir et de son influence. Les laĂŻcs admirent l'art italien tout en mĂ©prisant la religion italienne. Le monde reproche aux catholiques leurs pĂ©chĂ©s – et pire encore, de les confesser. Les protestants affirment que les catholiques ne prennent pas la Bible au sĂ©rieux, puis les critiquent pour leur interprĂ©tation littĂ©rale de l'Eucharistie.

 

En fin de compte, toute attaque contre l'Église est une attaque contre le sacerdoce et l'Eucharistie. Toute attaque contre l'Église est une attaque contre le Christ : Dieu venu comme un enfant, fondateur de l'Église, qui a prĂ©sentĂ© le pain et le calice en disant : « Ceci est mon corps. Ceci est mon sang. » Chesterton a dĂ©fendu l'Église alors mĂȘme qu'il en Ă©tait encore un Ă©tranger. Ironie du sort, aujourd'hui, nous devons parfois dĂ©fendre l'Église contre des personnes de l'intĂ©rieur – contre des catholiques, mĂȘme Ă  Rome – qui cherchent Ă  saper leur propre foi. Dieu merci, les choses semblent se normaliser.

 

Pourtant, ce combat n'est pas perdu d'avance. Au contraire, le premier pas vers la guérison est la reconnaissance : admettre que ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas seulement politique ou économique, mais une urgence morale et spirituelle. Ce n'est qu'alors que nous pourrons choisir les armes appropriées. Aussi, nous devons nous interroger : comment mener un combat spirituel ? La foi est une affaire personnelle. Jésus a le plus souffert sur la croix, sachant qu'il ne sauverait pas tout le monde, que tous ne croiraient pas en lui (« Mon peuple, voyez ce que j'ai fait pour vous ; qu'aurais-je pu faire de plus ? C'est pourquoi Jésus connaßt Jérusalem »). Il est vrai que nous avons le libre arbitre. Il nous appartient de coopérer au plan de salut de Jésus. Le monde séculier cherche à résoudre les problÚmes ; les chrétiens aspirent au salut.

 

En temps de crise, certains dĂ©plorent l'Ă©chec du christianisme, la perte d'influence de l'Église. Mais l'idĂ©al chrĂ©tien a-t-il jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement mis Ă  l'Ă©preuve et jugĂ© insuffisant ? Notre monde ne souffre pas parce que nous avons suivi le Christ de trop prĂšs, mais parce que nous ne l'avons pas suivi du tout. MĂȘme au sein de l'Église, le problĂšme persiste. L'Église aprĂšs Vatican II
 Non pas le Concile lui-mĂȘme, mais l'interprĂ©tation qu'on en a faite : le prĂ©tendu « Esprit de Vatican II ». Le document de Vatican II en lui-mĂȘme n’est pas fondamentalement erronĂ©. Sacrosanctum Concilium souligne l'importance du latin, du chant grĂ©gorien ; il n'est nullement question de supprimer la balustrade de l'autel ni de remplacer le maĂźtre-autel par une table de cuisine. Mais les mĂ©dias et des personnalitĂ©s comme KĂŒng et Schillebeeckx ont dĂ©tournĂ© le Concile et l'ont transformĂ© en quelque chose de complĂštement diffĂ©rent. J'ai eu des centaines de discussions avec ces personnes et je leur pose toujours la mĂȘme question : « Avez-vous lu les documents ? » La rĂ©ponse est invariablement : « Non, mais
 » Non, non, pas de « mais », lisez-les et revenez ensuite. Ils ne le font jamais. Certes, Vatican II avait ses dĂ©fauts et son langage pastoral laissait place Ă  diverses interprĂ©tations, mais ne confondons pas le concile lui-mĂȘme avec le concile des mĂ©dias et de ceux qui cherchaient Ă  modifier la doctrine de l'Église. Le rĂ©sultat ? De la mauvaise foi. C'est alors qu'on sait que quelque chose cloche vraiment.

 

Le problĂšme, bien sĂ»r, c'est qu'il ne s'agissait pas d'un concile dogmatique. La seule raison d'ĂȘtre des conciles Ă©tait de clarifier les choses. D'ailleurs, nous devrions ĂȘtre reconnaissants envers Arius et les autres hĂ©rĂ©tiques. Sans eux, nous n'aurions pas la confession de foi telle que formulĂ©e par le concile de NicĂ©e. Les conciles Ă©taient lĂ  pour clore les dĂ©bats : si vous croyez ceci, vous ĂȘtes dedans, sinon, vous ĂȘtes dehors. Roma locuta, causa finita. Plus de Sed Contra.

 

Aggionamento. Nous pensions devoir suivre le courant de la sociĂ©tĂ© sĂ©culiĂšre. Nous voulions ĂȘtre pertinents Ă  notre Ă©poque ; l'Église de Nice au lieu de l'Église de NicĂ©e. RĂ©unions mondaines. Nous avons rĂ©duit les dix commandements Ă  un seul : aime ton prochain, sois bon. Cela se reflĂšte dans le Novus Ordo : l'autel a Ă©tĂ© remplacĂ© par une table [contrairement Ă  Sacrosanctum Concilium]. L'autel symbolise le sacrifice. L'Eucharistie est un sacrifice sous la forme d'un repas, et non un repas sous la forme d'un sacrifice. JĂ©sus a rompu le pain lors de la CĂšne, mais cela faisait rĂ©fĂ©rence au sacrifice sur la croix ! Et non au simple fait de « rompre et partager » ! Certes, nous sommes trĂšs sociables, mais qui parle de la vie aprĂšs la mort, du jugement, des quatre derniĂšres Ă©tapes humaines ?

 

Le problĂšme n'est pas que l'Évangile soit dĂ©passĂ©, mais que nous l'ayons troquĂ© contre des substituts plus faciles. Les demi-vĂ©ritĂ©s ne peuvent guĂ©rir l'Ăąme. Seule la vĂ©ritĂ© radicale et intĂ©grale du Christ le peut. Il ne s'agit pas d'un idĂ©al « mĂ©diĂ©val ». La crise de notre temps – solitude, injustice, amertume – appelle de vĂ©ritables chrĂ©tiens qui apportent un amour courageux et l'espĂ©rance lĂ  oĂč rĂšgnent le cynisme et le dĂ©sespoir.

 

Certains se dĂ©tournent de la foi Ă  cause des manquements des chrĂ©tiens : scandales, hypocrisie, compromis. Certes, ces manquements ont nui Ă  la crĂ©dibilitĂ© de l’Église. Mais cela ne remet pas en cause la vĂ©ritĂ© de son message. L’Église n’est pas sainte parce que ses fidĂšles ne pĂšchent jamais, mais parce qu’elle offre aux pĂ©cheurs un chemin vers la saintetĂ©. Les manquements des chrĂ©tiens prouvent non pas que le Christ a failli, mais que nous avons failli Ă  le suivre.

 

La sortie de crise commence par un authentique retour au Christ. La foi ne doit pas ĂȘtre un accessoire culturel, mais la source de la vie. Lorsque les chrĂ©tiens vivent leur foi avec sĂ©rieux – non par obligation, mais par amour – elle rayonne. L’ñme du monde ne peut ĂȘtre guĂ©rie que lorsque nos propres Ăąmes s’embrasent Ă  nouveau de foi, d’espĂ©rance et d’amour.

 

Ceci nous amĂšne au rĂŽle de l’Église. Certaines communautĂ©s tentent encore d’enrayer le dĂ©clin en s’adaptant Ă  leur Ă©poque : modernisation, simplification, perfectionnement jusqu’à ce que rien ne choque. D’autres font le contraire : nager Ă  contre-courant, s’accrocher Ă  la tradition et Ă  l’orthodoxie mĂȘme si elles semblent « dĂ©passĂ©es ». Lequel fonctionne vraiment ?

 

Chesterton, converti au catholicisme, Ă©tait catĂ©gorique : adapter l’Église Ă  chaque mode est vain. « Nous ne voulons pas, comme le disent les journaux, une Église qui suit le monde. Nous voulons une Église qui fasse bouger le monde. » Autrement dit : une Église gagne en crĂ©dibilitĂ© non pas en se faisant l’écho du monde, mais en le corrigeant. Nous avons besoin d’une foi qui nous interpelle lorsque nous avons tort, et non d’une foi qui se contente de nous rassurer lorsque nous sommes dĂ©jĂ  d’accord.

 

Et de fait, que constatons-nous ? Les Églises dites « libĂ©rales » – celles qui diluent ou relativisent la doctrine pour paraĂźtre pertinentes – sont en dĂ©clin. Leurs bancs se vident et vieillissent. Les sociologues rĂ©sument la situation ainsi : « Les Églises libĂ©rales n’ont pas d’enfants. » Elles ne peuvent inspirer les nouvelles gĂ©nĂ©rations. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 2000, on constatait le dĂ©clin de ces communautĂ©s, frĂ©quentĂ©es principalement par des personnes ĂągĂ©es. Les jeunes ne sont pas attirĂ©s par un christianisme tiĂšde et sĂ©cularisĂ©. Un humanisme rĂ©chauffĂ© n’a aucun pouvoir d’inspiration.

 

ParallĂšlement, les Églises orthodoxes – celles qui proclament avec audace leurs convictions, ancrĂ©es dans la tradition – attirent les jeunes. Ce sont des Églises qui dĂ©fendent des valeurs, et cela se remarque. Une Église qui ose ĂȘtre une oasis dans le dĂ©sert, offrant l'eau vive aux assoiffĂ©s, attire les chercheurs de vĂ©ritĂ©. Ce n'est pas une illusion : des enquĂȘtes rĂ©centes confirment que les jeunes gĂ©nĂ©rations, de façon surprenante, connaissent un modeste retour Ă  la foi, et que les communautĂ©s orthodoxes en sont les principales bĂ©nĂ©ficiaires.

En bref : les Églises qui restent fidĂšles – que ce soit par une liturgie empreinte de recueillement, une doctrine claire ou un enseignement moral intransigeant – sont prĂ©cisĂ©ment celles qui suscitent un renouveau, surtout chez les jeunes. J'en rencontre beaucoup. Ils ne veulent pas ĂȘtre dorlotĂ©s, mais interpellĂ©s. Ils veulent savoir s'il existe des convictions et des valeurs auxquelles croire et qu'il faut mettre en pratique. Ils veulent connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Ils arrivent dans nos Églises de façon totalement inattendue. Ils sont peu nombreux, mais ils sont lĂ . Et cela se produit partout (4 caractĂ©ristiques : 1. un environnement laĂŻque ; 2. le dĂ©sir de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ; 3. un trĂšs jeune Ăąge ; 4. tous de jeunes hommes/garçons).

 

Paradoxalement, au milieu de ce dĂ©clin, des signes d'espoir apparaissent chez les jeunes. Dans certains endroits, la gĂ©nĂ©ration Z semble lĂ©gĂšrement plus religieuse que les Milleniaux qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e. Aux Pays-Bas, par exemple, des enquĂȘtes montrent que 30 % des jeunes adultes ĂągĂ©s de 15 Ă  35 ans se dĂ©clarent religieux. Cela peut paraĂźtre peu, mais ce chiffre semblait avoir considĂ©rablement diminuĂ©. De plus, les communautĂ©s chrĂ©tiennes orthodoxes – catholiques, orthodoxes et Ă©vangĂ©liques – sont en pleine expansion.

 

Pourquoi ? Parce que les jeunes recherchent la profondeur et la clartĂ©. Ils ont grandi dans une culture oĂč « chacun a sa propre vĂ©ritĂ© », mais ils ont constatĂ© que cela les laissait insatisfaits. Ils aspirent Ă  une VĂ©ritĂ© qui les dĂ©passe, un fondement solide sur un sol instable. Ils ne veulent pas d'une foi superficielle, mais de la foi authentique. Et ils ont soif de communautĂ©. Dans une culture atomisĂ©e et individualiste, une authentique communautĂ© chrĂ©tienne rayonne comme une famille. C'est pourquoi les groupes de jeunes, les pĂšlerinages et les paroisses traditionnelles, frĂ©quentĂ©es par de jeunes familles, sont en plein essor. Loin d'ĂȘtre rebutĂ©s par une foi exigeante, beaucoup y sont attirĂ©s. Ils aspirent au mystĂšre, Ă  la beautĂ© et au dĂ©fi – et non Ă  une pĂąle copie de la culture profane.

 

Nous sommes partis du principe que la crise actuelle est, au fond, spirituelle. Et en effet, les rĂ©ponses les plus profondes doivent l'ĂȘtre aussi. L'apĂŽtre Paul nous le rappelle dans sa lettre aux ÉphĂ©siens : « Car nous n'avons pas Ă  lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de tĂ©nĂšbres, contre les esprits mauvais rĂ©pandus dans l'air. » Autrement dit, le combat le plus profond du chrĂ©tien n'est pas contre des ĂȘtres de chair et de sang, mais contre les puissances invisibles du mal. Il ne s'agit pas d'une superstition mĂ©diĂ©vale, mais d'une rĂ©alitĂ© concrĂšte de la vie chrĂ©tienne. Nous vivons, comme l'a dit C.S. Lewis, en territoire ennemi, oĂč les tĂ©nĂšbres rĂŽdent encore malgrĂ© la victoire dĂ©cisive remportĂ©e par le Christ sur la croix.

 

Pourtant, ce combat spirituel paraĂźt Ă©trange, voire irrĂ©el, Ă  beaucoup. À notre Ă©poque moderne et Ă©clairĂ©e, parler de diables et d'anges semble dĂ©suet. Le mal est expliquĂ© par la psychologie ou la sociologie, sans intervention surnaturelle. Mais peut-ĂȘtre que ce scepticisme est prĂ©cisĂ©ment ce que Satan souhaite. Nous pouvons tomber dans deux piĂšges opposĂ©s concernant le diable : soit nous nions totalement son existence, soit nous dĂ©veloppons une obsession malsaine Ă  son sujet. Comme l'observait Lewis dans The Screwtape Letters (Tactique du diable), le diable se rĂ©jouit tout autant des deux extrĂȘmes. Le chrĂ©tien sage reste vigilant sans hystĂ©rie : il reconnaĂźt le mal avec luciditĂ©, sans paranoĂŻa.

 

Le prince des tĂ©nĂšbres n'est pas l'Ă©gal de Dieu. Il n'est pas un anti-dieu Ă©ternel, mais un ange dĂ©chu – une crĂ©ature jadis bonne, dĂ©sormais en rĂ©volte. Il est limitĂ©. Intelligent et dangereux comparĂ© Ă  nous, certes, mais fini et, en fin de compte, soumis Ă  la puissance de Dieu. Il y a bien une guerre dans l'univers, mais non entre deux dieux Ă©gaux. C'est la rĂ©bellion d'une crĂ©ature contre son CrĂ©ateur. Cette perspective permet d'Ă©viter Ă  la fois la surestimation et la sous-estimation de l'ennemi.

 

Paul met en garde contre les « ruses du diable ». Ces ruses évoquent la tromperie et la subtilité. Le diable n'apparaßt généralement pas avec des cornes et des collants rouges. Son but est de nous éloigner de Dieu, et il y parvient par le mensonge et les tentations déguisées en pensées et humeurs ordinaires.

 

Avez-vous remarquĂ© avec quelle rapiditĂ© votre humeur peut basculer de la foi et de la joie au doute ou au dĂ©couragement, parfois sans raison apparente ? Une force obscure peut ĂȘtre Ă  l'Ɠuvre, avide d'exploiter ces moments de faiblesse. Le diable connaĂźt nos vulnĂ©rabilitĂ©s. Il murmure : « Ta priĂšre est vaine ; abandonne. » Il rĂ©veille de vieux remords pour nous dĂ©moraliser. Sa tactique ne consiste gĂ©nĂ©ralement pas Ă  renier Dieu ouvertement, mais Ă  Ă©roder progressivement notre confiance en sa bontĂ©.

 

Prenons l'exemple d'une dispute au sein de l'Église. En apparence, il s'agit d'un simple dĂ©saccord humain. Mais bientĂŽt, l'orgueil ou le ressentiment s'insinuent. L'autre personne commence Ă  ressembler Ă  l'ennemi. Les paroles de Paul nous rappellent que cette personne n'est pas le vĂ©ritable ennemi. Le vĂ©ritable ennemi rit lorsque les chrĂ©tiens se dĂ©chirent.

 

Prenons par exemple les tentations modernes. Souvent, le diable n'a mĂȘme pas besoin de nous effrayer ; il prĂ©fĂšre nous endormir. Il nous noie sous un flot de divertissements, de distractions et de confort, jusqu'Ă  ce que Dieu devienne insignifiant. GrĂąces soient rendues Ă  Dieu, car il ne nous a pas laissĂ©s sans dĂ©fense. Paul prescrit l'armure de Dieu (Eph 6,13-17). L'image est celle d'un soldat romain, mais les armes sont des vertus spirituelles, non de l'acier. Examinons-les :


‱ La ceinture de vĂ©ritĂ© : La ceinture d'un soldat maintenait tout en place. De mĂȘme, la vĂ©ritĂ© nous empĂȘche de sombrer dans la confusion. Dans un monde de relativisme et de mensonge, l'honnĂȘtetĂ© et l'amour de la vĂ©ritĂ© sont notre premiĂšre dĂ©fense.
‱ La cuirasse de justice : La cuirasse protĂšge le cƓur. La justice dĂ©signe Ă  la fois le don de la justification par le Christ et notre intĂ©gritĂ© morale.
‱ Les chaussures de la disponibilitĂ© Ă  proclamer l'Évangile de paix : Les chaussures donnent stabilitĂ© et mouvement. Notre disponibilitĂ© Ă  vivre et Ă  partager l'Évangile nous rend fermes sur nos appuis.
‱ Le bouclier de la foi : Par la foi, nous Ă©teignons les « flĂšches enflammĂ©es du Malin ». La foi est la confiance dans les promesses de Dieu.
‱ Le casque du salut : Le casque protĂšge l'esprit. Le salut est notre assurance d'appartenir au Christ et notre espĂ©rance de la vie Ă©ternelle.
‱ L'Ă©pĂ©e de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu : La seule arme offensive. « Croyez-vous que je sois venu apporter la paix ? Non, la division. »


Paul ajoute ensuite ce qui donne vie Ă  tous : la priĂšre. La priĂšre est le lien qui nous unit Ă  notre Commandant. Elle nous maintient connectĂ©s Ă  son commandement. Sans priĂšre, mĂȘme la meilleure armure nous laisse isolĂ©s.

Ayez le courage d'aller à contre-courant. N'ayez pas honte de l'orthodoxie ni des valeurs « traditionnelles ». Ce sont précisément elles qui donnent de la crédibilité.

BĂątissez des communautĂ©s de vrais catholiques. Une paroisse ou une famille oĂč le Christ est vĂ©ritablement roi est une rĂ©ponse puissante Ă  la crise du sens. Unissez les communautĂ©s.

 

Le combat n'est pas encore gagnĂ©. Mais il n'est pas perdu non plus. L'histoire montre que la VĂ©ritĂ©, mĂȘme Ă©touffĂ©e ou oubliĂ©e, finit toujours par triompher. Et dans nos heures les plus sombres, la lumiĂšre du Christ peut briller de tout son Ă©clat.

Le monde est plein de fous qui disent que les temps sont sombres. Mais moi, je dis : c'est prĂ©cisĂ©ment dans les tĂ©nĂšbres qu'une simple bougie – le petit reste – brille le plus fort.

     

Alors, levons haut la flamme de la foi. Non avec amertume, mais avec joie ; non avec rĂ©signation, mais avec espĂ©rance. Car le Christ seul est la rĂ©ponse qui peut transformer la crise. Il est le mĂȘme hier, aujourd'hui et Ă©ternellement.          

                                                                 

Parfois, l'armure nous paraĂźt lourde. Parfois, nous nous sentons las. Pourtant, le combat est celui du Seigneur. Notre rĂŽle est de rester fidĂšles, de prier, de tenir bon. Souvenez-vous : le plus faible des saints, revĂȘtu de l'armure de Dieu, est plus fort que l'enfer. Efforcez-vous de devenir un saint. Si ce n'est pas votre but dans la vie, vous l'aurez gĂąchĂ©e.

 

Merci de votre attention. Viva Christe Re !"

 

Mgr Robert Mutsaerts

Au tribunal administratif de Marseille, une ordonnance qui doit faire date

29/10/2025

Au tribunal administratif de Marseille, une ordonnance qui doit faire date

Ils ont pu démontrer que Benoßt Payan avait méconnu les libertés publiques et porté atteinte aux droits des croyants catholiques.

 

Tout n’a pas pu ĂȘtre sauvĂ© puisque des reprĂ©sentations du film Ă©taient programmĂ©es du 22 au 28 octobre seulement, et que l’audience et l’ordonnance reconnaissant le bon droit des requĂ©rants n’ont pu intervenir que le 25 octobre. En pratique, cela ne laissait place qu’à deux projections Ă  la Buzine, dont la premiĂšre, le 25, n’a pas pu bĂ©nĂ©ficier d’une publicitĂ© correcte, faute de temps mais le symbole est lĂ , et il est fort.

 

Comme lors de la levĂ©e des restrictions excessives imposĂ©es au culte catholique au sortir du confinement covid de 2020, oĂč l’AGRIF Ă©tait au nombre des requĂ©rants victorieux, cette association de dĂ©fense des droits des chrĂ©tiens et des français en France est intervenue au soutien de StĂ©phane Ravier et des rĂ©alisateurs.

 

 

StĂ©phane Ravier et les Gunnell soutenus par l’AGRIF devant le tribunal administratif
L’Alliance gĂ©nĂ©rale contre le racisme et pour le respect de l’identitĂ© française et chrĂ©tienne (AGRIF) a cette fois agi en soutien des requĂ©rants, s’associant Ă  leur dĂ©marche et en la soutenant financiĂšrement par la prise en charge de 50 % des frais. StĂ©phane Ravier, qui s’est fortement mobilisĂ© en faveur du droit de projeter SacrĂ© CƓur comme n’importe quelle autre Ɠuvre cinĂ©matographique et sans lui laisser infliger une discrimination anti-chrĂ©tienne, a d’ailleurs envoyĂ© ce message Ă  l’AGRIF : « Encore un grand merci pour votre rĂ©activitĂ© le soir oĂč nous vous avons appelĂ© Ă  l’aide. TrĂšs belle opĂ©ration ! Elle eut Ă©tĂ© impossible sans votre gĂ©nĂ©reux engagement. »

 

En effet, face Ă  de telles dĂ©cisions de la part des pouvoirs publics, il faut avoir les capacitĂ©s et aussi les moyens matĂ©riels d’intervenir. L’AGRIF, association privĂ©e qui ne reçoit pas de subvention de l’Etat, a une fois de plus dĂ©montrĂ© ici la nĂ©cessitĂ© de son existence et l’efficacitĂ© de ses interventions de diverses natures.

 

En cette occurrence, c’est un rĂ©fĂ©rĂ©-libertĂ© qui a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par l’avocat des requĂ©rants, Me Belmont, qui a pu faire reconnaĂźtre l’urgence d’obtenir une dĂ©cision de la part du juge administratif – dĂ©cision de surcroĂźt favorable, qui joue en faveur des droits des chrĂ©tiens en France dans leur ensemble.

 

Au chĂąteau de La Buzine Ă  Marseille, on projette bien un film sur le DalaĂŻ-Lama !
BenoĂźt Payan s’était appuyĂ© sur des conseils d’avocats pour censurer cette Ɠuvre artistique portant sur la foi chrĂ©tienne qu’est SacrĂ© CƓur. Comme le note le communiquĂ© co-signĂ© par « Marseille d’abord », la formation du sĂ©nateur StĂ©phane Ravier, et l’AGRIF, « Ă©tonnamment, la municipalitĂ© n’a rien trouvĂ© Ă  redire lors de la projection du film Kundun qui retraçait la vie du DalaĂŻ-Lama, chef spirituel du bouddhisme tibĂ©tain ».

 

Les requĂ©rants signalaient Ă©galement que SacrĂ© CƓur a bel et bien obtenu un visa d’exploitation du Centre national du cinĂ©ma (CNC), qui l’autorise Ă  ĂȘtre diffusĂ© dans toutes les salles de France, y compris les 386 salles gĂ©rĂ©es en rĂ©gie municipale, comme l’est celle du chĂąteau de la Busine.

 

Leur communiquĂ© souligne encore que « ce mĂȘme maire n’hĂ©site pas Ă  se rendre Ă  des prĂȘches islamiques pour y promettre la construction de nouvelles et plus grandes mosquĂ©es ».

 

Devant le juge administratif de Marseille, l’avocat de la commune a conclu au rejet de la requĂȘte de StĂ©phane Ravier et des Ă©poux Gunnell, soutenant que le film Ă©tait diffusĂ© dans un autre cinĂ©ma de la ville et qu’il n’y avait donc pas d’urgence. Aucune libertĂ© fondamentale n’était affectĂ©e, prĂ©tendait-on, puisqu’il n’y avait pas d’interdiction individuelle ou gĂ©nĂ©rale de la diffusion du film.

 

L’avocat Mendes Constante avançait Ă©galement que, s’agissant d’un cinĂ©ma communal gĂ©rĂ© en rĂ©gie directe et constituant un service public local, le principe de neutralitĂ© du service public devait s’appliquer, y compris dans le domaine culturel, pour faire obstacle Ă  la diffusion d’un « film confessionnel et prosĂ©lyte ».

 

Le vice-président du tribunal administratif a donné raison aux premiers.

 

ReconnaĂźtre le bon droit de SacrĂ© CƓur, une urgence
Pour ce qui est de l’urgence, le juge a dĂ©cidĂ© : « Il rĂ©sulte de l’instruction que la dĂ©cision en litige a pour effet de dĂ©programmer une Ɠuvre cinĂ©matographique, restreignant ainsi sa diffusion, limitĂ©e Ă  un seul autre cinĂ©ma Ă  Marseille lors d’une sĂ©ance unique Ă  la date de la prĂ©sente ordonnance, avec pour consĂ©quence nĂ©cessaire d’empĂȘcher une partie du public d’y avoir accĂšs », alors mĂȘme que les sĂ©ances ne peuvent ĂȘtre reportĂ©es au chĂąteau de La Buzine oĂč les sĂ©ances sont programmĂ©es Ă  date prĂ©cise.

 

Et de souligner que la commune de Marseille « ne fait Ă©tat d’aucune circonstance tirĂ©e notamment de l’ordre public, susceptible de justifier l’atteinte aux libertĂ©s fondamentales invoquĂ©es par les requĂ©rants ».

 

Le juge a tout particuliĂšrement tirĂ© argument du devoir de neutralitĂ© de l’Etat par rapport aux religions, ce qui comporte notamment le droit de « garantir le libre exercice des cultes ». En outre, l’administration doit « se conformer aux principes d’égalitĂ© » et garantir Ă  chacun « un traitement impartial », souligne l’ordonnance de rĂ©fĂ©rĂ©.

 

La commune, dit-elle encore, a simplement le devoir de ne pas marquer de prĂ©fĂ©rence religieuse Ă  l’égard d’un culte donnĂ©, ni d’accorder une « subvention directe ou indirecte Ă  une Ɠuvre » au caractĂšre religieux affirmĂ©. Dans le cas de SacrĂ© CƓur, note le juge, les conditions tarifaires pratiquĂ©es pour accĂ©der Ă  l’Ɠuvre ne prĂ©sentent aucune particularitĂ©.

 

Par consĂ©quent, mĂȘme si le maire de Marseille, BenoĂźt Payan, n’a pas prononcĂ© d’interdiction gĂ©nĂ©rale ou particuliĂšre Ă  la diffusion de ce film, souligne le juge, « il a portĂ© une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă  la libertĂ© d’expression et Ă  la libertĂ© de crĂ©ation et Ă  la libertĂ© de diffusion artistique, libertĂ©s fondamentales » selon le code de justice administrative. Savourez ces mots : pour une fois ils sont prononcĂ©s au service du vrai, du bien et du beau.

 

Et savourez encore ceux-ci, par lesquels le juge ordonne la reconnaissance des droits de SacrĂ© CƓur :

« Article 1er : L’exĂ©cution de la dĂ©cision du maire de Marseille annulant les projections du film “SacrĂ©-Coeur” au cinĂ©ma du chĂąteau de La Buzine est suspendue.

« Article 2 : Il est enjoint au maire de Marseille d’autoriser la projection du film “SacrĂ©-Coeur” au cinĂ©ma du chĂąteau de La Buzine telle qu’elle avait Ă©tĂ© initialement programmĂ©e, Ă  compter de la notification de la prĂ©sente ordonnance et jusqu’au 28 octobre 2025. »

 

Le tribunal administratif reconnaßt le devoir de garantir les droits des chrétiens
Pendant ce temps, le beau film sur le message du SacrĂ© CƓur Ă  sainte Marguerite Marie Alacoque et son appel Ă  reconnaĂźtre l’amour que porte Ă  la France le Christ crucifiĂ© poursuit son Ă©tonnant chemin en France. Le nombre de salles oĂč il est projetĂ© ne cesse de progresser, atteignant Ă  l’heure d’écrire 467 sĂ©ances Ă  travers le pays. Et l’aventure semble devoir continuer. Qui l’eĂ»t cru ?

 

Lundi matin, SacrĂ© CƓur avait dĂ©jĂ  fait prĂšs de 250.000 entrĂ©es. Il pourrait, dit-on, dĂ©passer les 400.000 au box office, ce qui serait plus qu’un exploit, puisque la plus grande partie des films qui sortent en France ne dĂ©passent guĂšre les 200.000 spectateurs en salles. C’est un succĂšs contre vents et marĂ©es, un succĂšs portĂ© certes par l’adversitĂ© et par les tentatives de bĂąillonnement, comme le refus de la SNCF et de la RATP de faire de la publicitĂ© Ă  ce film – l’affaire de Marseille a certainement aussi aidĂ© – mais un succĂšs qui dit avant tout autre chose.

 

Il crie Ă  la face du monde que nous avons besoin d’amour et d’espĂ©rance, que cette espĂ©rance et que cet amour ont un nom et un visage, et surtout un CƓur qui bat, et qui veut ouvrir, autant que faire se peut, les portes du Ciel aux pauvres crĂ©atures que nous sommes.

 

Jeanne Smits dans RITV