Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Honorer les morts, un signe de foi

04/11/2025

Honorer les morts, un signe de foi

Le 29 octobre dernier, Ă  l’occasion d’un Ă©vĂ©nement organisĂ© Ă  l’universitĂ© du Mississipi et dĂ©diĂ© Ă  la mĂ©moire de Charlie Kirk, le vice-prĂ©sident amĂ©ricain en personne se confiait sur le gĂ©nie du christianisme. Avec conviction et assurance, JD Vance affirmait en effet Ă  la tribune :

 

« L’un de mes versets prĂ©fĂ©rĂ©s de la Bible est : “C’est Ă  leurs fruits que vous les reconnaitrez”. Je pense que les fruits de la foi chrĂ©tienne sont la civilisation la plus morale, la plus juste et la plus prospĂšre de l’histoire. Je n’ai aucune honte Ă  penser que les valeurs chrĂ©tiennes sont un fondement important dans ce pays. »

 

La religion chrĂ©tienne civilise les mƓurs

 

Il y aurait beaucoup Ă  Ă©crire sur ce que, non seulement les Etats-Unis mais aussi les pays du monde entier doivent Ă  l’Eglise. Pour cela, il suffirait de se plonger dans le superbe livre de l’historien Christophe DickĂšs, sobrement intitulĂ© Pour l’Eglise, mais prolongĂ© d’un sous-titre significatif : Ce que le monde lui doit (Perrin, 2024). Pourtant, c’est peu de le dire, entre des scandales en tout genre qui Ă©claboussent l’institution ecclĂ©siale et un personnel ecclĂ©siastique en manque de repĂšres et de figures fĂ©dĂ©ratrices, l’Eglise peine Ă  s’imposer dans le paysage politico-mĂ©diatique actuel. Le message de l’Evangile ne porte-t-il pas en lui les mĂȘmes vertus dynamiques d’il y a 2000 ans ? Au contact de l’enseignement du Christ, tout homme est censĂ© trouver Ă  sa disposition une rampe de lancement inouĂŻe : celle seule qui est en capacitĂ© de tirer ce qu’il y a de meilleur en lui. Encore faut-il prendre du temps pour son Ăąme.

 

Aussi, lorsque JD Vance affirme voir dans le christianisme un gĂ©nie particulier, le responsable politique n’a pas pour ambition de se cantonner Ă  un prosĂ©lytisme civilisationnel. En homme de foi, il sait qu’une telle attitude se rĂ©vĂ©lerait vite sĂšche et stĂ©rile. Il prĂ©cise donc, Ă  bon droit, que le Nouveau Monde, avant d’avoir Ă©tĂ© civilisĂ© par la croix, l’Evangile et l’enseignement de l’Eglise, Ă©tait en proie Ă  un paganisme Ă©hontĂ© qui pratiquait les sacrifices humains. Cette rĂ©alitĂ© historique, qui s’oppose en tout point au mythe rousseauiste du “bon sauvage” (l’homme nait naturellement bon, c’est la sociĂ©tĂ© qui le corrompt ensuite), avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© filmĂ©e par la camĂ©ra de Mel Gibson, dans Apocalypto (2006). Oui, la religion chrĂ©tienne a fait Ɠuvre de civilisation. Comment ? En commençant par infuser la charitĂ© dans les mƓurs des hommes.

 

Le christianisme confùre à l’existence un sens et se propose d’en anoblir le cours.

 

Alors que nous entrons de plein pied dans le mois de la grisaille et de la mĂ©lancolie, ce fameux mois de Novembre, qui selon les vers d’Emile Verhaeren « en son manteau grisĂątre, se blottit de peur au fond de l’ñtre », nous donne l’occasion de mĂ©diter sur une rĂ©alitĂ© Ă  laquelle la tradition culturelle et cultuelle de l’Eglise nous invite Ă  nous Ă©lever : la mort, la vie, la filiation et la saintetĂ©.

 

L’Eglise civilise nos coutumes en nous rappelant sans cesse – dans sa liturgie, dans ses priĂšres et dans son patrimoine esthĂ©tique – que nous ne venons pas de nulle part. Se mĂ©prendre sur la piĂ©tĂ© filiale qui doit ĂȘtre la nĂŽtre Ă  l’endroit de ceux qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s ici-bas ne relĂšve pas seulement de l’ingratitude. L’attitude adolescente de “rĂ©voltĂ© qui ne doit rien Ă  personne” est surtout dangereusement mortifĂšre. Comment se donner soi-mĂȘme si l’on n’a pas appris Ă  remercier ? Comment cĂ©lĂ©brer le prĂ©sent si l’on se refuse Ă  honorer le passĂ© ? Dans un entretien donnĂ© au Figaro Magazine, le directeur du dĂ©partement Opinion de l’Ifop, JĂ©rĂŽme Fourquet, constatait, lucide :

 

« La citrouille d’Halloween n’a pas encore remplacĂ© le chrysanthĂšme mais on s’en approche. (
) Le substrat chrĂ©tien est en voie d’effacement. »

 

« Le héros est un homme qui se croit au-dessus des autres, le saint est un homme qui se sait avec les autres » Georges Bernanos

 

Au-delĂ  du sujet de la piĂ©tĂ© filiale, comprenons que le corpus du christianisme s’avĂšre proprement en mesure de rĂ©chauffer l’enthousiasme de la vie. En confĂ©rant Ă  l’existence un sens, il propose Ă  tout homme de se dĂ©passer sans cesse pour en anoblir le cours.

 

Entre la civilisation païenne et la civilisation chrétienne, la différence est de taille. La premiÚre conduit au transhumanisme et la deuxiÚme conduit, plus humblement quoique plus avantageusement, à devenir plus humain. Dans un recueil de textes épars de Bernanos, Les Prédestinés, la sainteté est une aventure (Le Passeur Editeur), ce contraste est souligné :

 

« Le monde admire les héros et persécute les saints. Le monde réclame des idoles, car il a peur des témoins. »

 

Et l’auteur d’expliquer que les saints ne sont pas des hĂ©ros, Ă  la maniĂšre des hĂ©ros de Plutarque. Pour Bernanos, le hĂ©ros donne l’illusion de dĂ©passer l’humanitĂ© quand le saint, lui ne la dĂ©passe pas mais l’assume. Il s’efforce mĂȘme de la rĂ©aliser le mieux possible :

 

« Le hĂ©ros est un destin, le saint est une vocation. Le hĂ©ros est seul, le saint est solidaire. Le hĂ©ros se fait admirer, le saint se fait aimer. Le hĂ©ros est un homme qui se croit au-dessus des autres, le saint est un homme qui se sait avec les autres, dans la mĂȘme misĂšre, dans la mĂȘme espĂ©rance. [
] Le hĂ©ros est un homme qui se fait dieu, le saint est un homme qui laisse Dieu se faire homme en lui. [
] Le hĂ©ros finit toujours par se trahir lui-mĂȘme, car il porte en lui la contradiction de vouloir ĂȘtre plus qu’homme sans Dieu. Le saint, lui, ne se trahit jamais, car il n’a rien Ă  dĂ©fendre que la vĂ©ritĂ© de Dieu en lui. »

 

En ce mois de novembre, honorer nos dĂ©funts consistera pour les plus initiĂ©s – les plus catĂ©chisĂ©s, j’entends – Ă  prier pour le repos de leur Ăąme, Ă  faire cĂ©lĂ©brer des messes Ă  leur mĂ©moire pour appeler sur chacun d’eux la misĂ©ricorde de Dieu. Mais il y aura toujours tout Ă  gagner que de visiter les cimetiĂšres, de fleurir les tombes de ses aĂŻeuls et de se rappeler Ă  leur bon souvenir. Tous ces gestes, tous ces rites, justement parce qu’ils peuvent paraĂźtre les plus inutiles ont leur pesant de noblesse. Ils permettent de s’inscrire sur le temps long, et nous rappeler que le pari de la foi ouvre la voie Ă  la plus belle des expĂ©riences : l’élargissement de notre horizon.

 

MĂ©ditation sur l’obĂ©issance Ă  Dieu

03/11/2025

MĂ©ditation sur l’obĂ©issance Ă  Dieu

«Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S’adressant au premier, il dit : Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler Ă  la vigne. Je ne veux pas, rĂ©pondit-il ; ensuite pris de remords, il y alla. S’adressant au second, il dit la mĂȘme chose ; l’autre rĂ©pondit : Entendu, Seigneur, et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volontĂ© du pĂšre ? » (Mt 21, 28-31).

 

Cette parabole du Sauveur peut servir d’exergue Ă  ce modeste propos. Notre vie d’ici-bas doit se mouler sur celle de notre Seigneur et Sauveur. Or que nous dit-il ? Citons-le un peu, et d’abord en saint Jean : « Ma nourriture est de faire la volontĂ© de Celui qui m’a envoyĂ© et de mener son Ɠuvre Ă  bonne fin » (Jn 4, 34). « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volontĂ©, mais la volontĂ© de Celui qui m’a envoyĂ© » (Jn 6, 38). De leur cĂŽtĂ©, les synoptiques ont conservĂ©, entre autres, une maxime du Sauveur sur la nĂ©cessitĂ© d’adhĂ©rer Ă  la volontĂ© divine pour rĂ©pondre Ă  notre vocation d’enfants de Dieu, vocation si fortement marquĂ©e dans le Prologue de saint Jean : « Quiconque fait la volontĂ© de Dieu, celui-lĂ  m’est un frĂšre et une sƓur et une mĂšre » (Mc 3, 35 ; cf. Mt 12, 49). Mais on pourrait multiplier les citations de ce genre. Saint Paul rĂ©sumera toute la vie du divin MaĂźtre dans cette formule de son ÉpĂźtre aux Philippiens qui est devenue cĂ©lĂšbre (citĂ©e ici dans la traduction de Crampon) : « Bien qu’il fĂ»t dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son Ă©galitĂ© avec Dieu ; mais il s’est anĂ©anti lui-mĂȘme en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s’est abaissĂ© lui-mĂȘme, se faisant obĂ©issant jusqu’à la mort, et Ă  la mort de la croix » (Ph 2, 6-8). La perfection de notre union Ă  notre Sauveur se mesurera Ă  celle de notre imitation de sa vie suivant notre vocation ; ainsi accomplirons-nous le commandement que le PĂšre nous a donnĂ© au travers du saint patriarche Abraham qui est, selon l’Écriture, le pĂšre spirituel de toutes les Ăąmes de foi : « Marche devant ma face et sois parfait » (Gn 17, 1).

Ces considĂ©rations sont remplies de consĂ©quences pour notre vie de chaque jour. L’important pour nous rendre Dieu proche n’est pas d’accomplir ici-bas des Ɠuvres extraordinaires, et surtout pas celles qui nous vaudront des admirateurs (qui nous vaudront aussi, hĂ©las, des jaloux !). L’amitiĂ© avec Dieu n’exige pas davantage la multiplication des exercices religieux ni les macĂ©rations en tout genre ; elle n’implique mĂȘme pas que nous consacrions notre vie aux Ɠuvres de misĂ©ricorde, mĂȘme si celles-ci sont mises en avant par Notre Seigneur lui-mĂȘme dans le tableau qu’il nous fait du jugement dernier. Tout cela est trĂšs bon, excellent mĂȘme, mais tout cela ne fait pas forcĂ©ment de nous des amis de Dieu et de Notre Seigneur ; bref, tout cela ne nous mĂšne pas sĂ»rement Ă  cette perfection que le Tout-Puissant et son Verbe IncarnĂ© dĂ©sirent de nous. On connaĂźt le cĂ©lĂšbre passage de saint Paul (1 Cor 13, 3) : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumĂŽnes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charitĂ©, cela ne me sert de rien. » C’est l’amour surnaturel de charitĂ© qui fait de nous des amis de Dieu ; c’est son intensitĂ© en nous qui marque l’intensitĂ© de notre union avec le Sauveur et son PĂšre.

 

Mais cette intensitĂ© d’union avec Dieu et avec Notre Seigneur est en lien indissoluble avec l’obĂ©issance Ă  la volontĂ© divine qui nous a Ă©tĂ© manifestĂ©e. Dans cette obĂ©issance, notre libertĂ© elle-mĂȘme se dĂ©ploie et notre volontĂ© se fortifie. Le Seigneur JĂ©sus, en effet, n’a pas voulu ĂȘtre autre chose qu’une obĂ©issance Ă  son PĂšre, comme le note l’ÉpĂźtre aux HĂ©breux (10, 5s), se faisant l’écho de l’ÉpĂźtre aux Philippiens citĂ©e plus haut : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonnĂ© un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les pĂ©chĂ©s. Alors j’ai dit : “Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ĂŽ Dieu, ta volontĂ©â€. » Le Christ est tout pour nous, et nous ne plairons au PĂšre que dans la mesure oĂč il retrouvera son Fils divin en nous ; et il ne le retrouvera que s’il trouve en nous les dispositions de son CƓur sacrĂ©, et avant tout celle-ci qui est prĂ©judicielle : notre souci d’accomplir constamment sa divine volontĂ©.

 

« Dans le plan de Dieu, notait un spiritain, notre programme de vie est fixĂ©, notre route est tracĂ©e ; notre tĂąche de manƓuvre consiste Ă  laisser Dieu agir, Ă  Ă©couter et comprendre, Ă  nous laisser conduire pas Ă  pas. La meilleure prĂ©occupation, touchant notre avenir et notre salut, est de nous en rapporter entiĂšrement Ă  Dieu. Personne ne peut mieux que lui pourvoir Ă  notre bien. Il est la BontĂ© mĂȘme. Il est notre PĂšre, nous sommes ses enfants. Notre plus grand ennemi est une trop grande bonne volontĂ©. Conduits par le moi, nous nous Ă©garons [
]. Dire “Oui, PĂšre !” au moment prĂ©sent, voilĂ  la saintetĂ©. Et le dire aussi par rapport Ă  l’avenir. Personne ne peut faire Ă  Dieu de plus bel hommage que de remettre, les yeux fermĂ©s, tout son avenir entre ses mains. C’est un sacrifice d’agrĂ©able odeur qui monte vers le trĂŽne du TrĂšs-Haut. Quoi que l’avenir me rĂ©serve, joies ou peines, croix ou consolations, je dis rĂ©solument : “Oui, PĂšre !” Je me fie Ă  Vous. “Ita, Pater !” telle est la signature au bas de mon programme de vie. Et je sais que par lĂ  je ne signe pas un arrĂȘt de mort, mais que je m’ouvre les perspectives du plus grand bonheur. Et pourtant je signe aussi un arrĂȘt de mort car nous devons ĂȘtre ensevelis avec le Christ pour ressusciter avec lui » (1).

Demandons Ă  la Vierge Marie cette grĂące de suivre le Christ JĂ©sus selon la voie qu’il a tracĂ©e pour nous. Avec elle, accompagnons-le dans l’obĂ©issance du Calvaire, et rĂ©jouissons-nous pour toujours de sa victoire.

 

Par un moine de Triors

 

(1) Richard Graef, cssp : Oui, PĂšre ! (Ita Pater), Éditions Le Laurier, rééd. 2004.

 

Source : LA NEF 

 

 

Commémoration de tous les fidÚles défunts

02/11/2025

Commémoration de tous les fidÚles défunts

La journĂ©e des dĂ©funts est Ă  la fois une journĂ©e de commĂ©moraison et une journĂ©e d’intercession. On fait mĂ©moire de ceux qui nous ont quittĂ©s, et l’on prie pour eux. Cette priĂšre s’enracine dans la conviction profonde que la mort ne rompt pas la communion entre les membres du Corps du Christ. L’Église enseigne que les Ăąmes appelĂ©es Ă  la vision de Dieu passent par une purification nĂ©cessaire pour ĂȘtre pleinement unies Ă  Lui. Notre priĂšre, nos sacrifices et nos Ɠuvres de charitĂ© peuvent les soutenir dans cette ultime Ă©tape, en vertu du mystĂšre de la communion des saints. Celle-ci exprime le lien spirituel et indestructible entre les vivants et les morts : dans le Christ, une vĂ©ritable solidaritĂ© unit les membres de l’Église terrestre, les Ăąmes du purgatoire et les saints du ciel.

 

Le 2 novembre, chaque fidĂšle est donc invitĂ© Ă  se recueillir, Ă  visiter les cimetiĂšres, et Ă  prier pour les dĂ©funts. Prier pour les morts, c’est poser un acte de foi et d’amour, une affirmation silencieuse de l’espĂ©rance chrĂ©tienne : la vie n’est pas dĂ©truite, elle est transformĂ©e. Pour que la Toussaint, instituĂ©e en France en 835, conserve son sens propre de fĂȘte de la gloire cĂ©leste, saint Odilon, abbĂ© de Cluny, dĂ©cida vers l’an 1000 d’instaurer, dans tous les monastĂšres de l’ordre, une messe solennelle pour les dĂ©funts le lendemain, le 2 novembre. Cette commĂ©moration, d’abord limitĂ©e Ă  la famille monastique, s’étendit rapidement Ă  toute la chrĂ©tientĂ© sous l’influence du puissant rĂ©seau clunisien. À cette Ă©poque, la doctrine du purgatoire n’était pas encore pleinement formulĂ©e, mais les moines de Cluny exprimaient dĂ©jĂ  la foi de l’Église : celle d’un Dieu misĂ©ricordieux, qui purifie et sauve. Le saint curĂ© d’Ars rĂ©sumera plus tard ce mystĂšre avec des mots simples : « Le purgatoire est l’infirmerie du Bon-Dieu. »

 

Au XVᔉ siĂšcle, les Dominicains d’Espagne introduisirent la pratique de cĂ©lĂ©brer trois messes le jour des dĂ©funts, en signe d’intercession renouvelĂ©e. Ce privilĂšge fut Ă©tendu Ă  toute l’Église par le pape BenoĂźt XV en 1915, en mĂ©moire des innombrables victimes de la PremiĂšre Guerre mondiale, afin que les prĂȘtres puissent offrir le Saint Sacrifice pour les Ăąmes de tous les dĂ©funts. Aujourd’hui encore, l’Église continue de prier avec ferveur pour ses enfants dĂ©funts. Le sanctuaire de Notre-Dame de Montligeon, en Normandie, demeure un lieu privilĂ©giĂ© oĂč des fidĂšles du monde entier confient leurs proches Ă  la misĂ©ricorde divine. Les communautĂ©s paroissiales organisent des liturgies, et de nombreux fidĂšles se rendent dans les cimetiĂšres pour prier au pied des tombes, souvent en famille, un chapelet Ă  la main.

 

Ce geste humble est un acte de foi : croire que nos morts vivent en Dieu, croire que notre priĂšre peut les accompagner vers la lumiĂšre Ă©ternelle, croire enfin que la mort ne sĂ©pare pas ceux que le Christ a unis. La sainte MĂšre Église, fidĂšle Ă  sa mission d’intercession, implore Dieu « pour les Ăąmes de tous ceux qui se sont endormis dans l’espĂ©rance de la rĂ©surrection, mais aussi en faveur de tous les hommes depuis la crĂ©ation du monde, dont le Seigneur seul connaĂźt la foi », afin qu’ils rejoignent « la communautĂ© des habitants du ciel » et jouissent du bonheur Ă©ternel.

 

Et, selon la belle parole de saint Ambroise :
« Nos morts ont Ă©tĂ© envoyĂ©s non pas loin de nous, mais avant nous — eux que la mort ne prendra pas mais que l’éternitĂ© recevra. » Ainsi, la commĂ©moration du 2 novembre n’est pas une journĂ©e de tristesse, mais une fĂȘte d’espĂ©rance, celle de la fidĂ©litĂ© de Dieu et de la communion sans fin entre les vivants et les morts dans le Christ ressuscitĂ©.

 

 

Avec nominis

Vivre au milieu des saints

01/11/2025

Vivre au milieu des saints

Nous vivrons avec des gens qui ont un cƓur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des rĂąleurs, des malcontents, des mĂ©prisants
 Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent Ă  promouvoir l’autre plutĂŽt qu’eux-mĂȘmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des misĂ©ricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cƓur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honorĂ© comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimĂ© le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persĂ©cution. Bref, quel paradis partagĂ© avec de tels frĂšres et sƓurs, Ă  contempler l’auteur de toute beautĂ©, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

 

Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit JĂ©sus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la mĂ©ditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible aprĂšs la mort, a imaginĂ© qu’il y avait un Purgatoire : un lieu oĂč l’ñme trop tournĂ©e vers elle-mĂȘme apprend Ă  s’ouvrir, Ă  devenir gĂ©nĂ©reuse, Ă  entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit Ă  la vie du ciel. Sans doute que ce sont eux aussi, et pas seulement les martyrs, ceux qui « viennent de la grande Ă©preuve » et « ont blanchi leur robe par le sang de l’Agneau » (Ap 7,14)

 

Revenons Ă  la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ? En rĂ©alitĂ© nous pouvons dĂ©jĂ  commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est dĂ©jĂ  prĂ©sent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisĂ©s, ni les saints inconnus que nous fĂȘtons en cette fĂȘte de Toussaint qui mĂ©ritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrĂ©tiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les dĂ©fauts de l’Église, ce n’est pas trop ça
 Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persĂ©vĂ©rant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la saintetĂ©. Le saint n’est pas celui qui est irrĂ©prochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus dĂ©terminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa misĂ©ricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner Ă  notre Ăąme sa beautĂ©, son ardeur Ă  aimer. En cette fĂȘte de tous les saints, dĂ©sirons Ă  notre tour ĂȘtre saints : dĂ©sirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.

 

Abbé Christophe Cossement

 

NDLR sur l'image : Des hautes montagnes en Galilée ... quand l'I.A. a la foi, tout est possible, je ne l'ai pas brimée !

Personne n'est en sécurité dans la nouvelle Syrie

01/11/2025

Personne n'est en sécurité dans la nouvelle Syrie

La Fondation pontificale Aide Ă  l'Église en DĂ©tresse, qui se consacre Ă  l'assistance aux chrĂ©tiens persĂ©cutĂ©s dans le monde entier, a rĂ©cemment publiĂ© son Rapport 2025 sur la libertĂ© religieuse , Ă©galement relayĂ© par La Nuova Bussola Quotidiana. Pour marquer la parution de ce document, qui analyse le niveau de libertĂ© religieuse dans 196 pays, la section italienne de la Fondation a organisĂ© Ă  Florence, en collaboration avec le diocĂšse local et l'association Agata Smeralda, la rencontre publique « TĂ©moins d'espĂ©rance de la Syrie blessĂ©e ». L'invitĂ© d'honneur Ă©tait Son Excellence Monseigneur Jacques Mourad, moine syriaque catholique et ancien abbĂ© du monastĂšre Saint-Élian, archevĂȘque de Homs Ă  partir de 2023. Monseigneur Mourad a un parcours singulier : nĂ© et Ă©levĂ© Ă  Alep, il est issu d’une famille de syriaques catholiques qui a fui Mardin (aujourd’hui en Turquie) en 1915 en raison des persĂ©cutions des Jeunes-Turcs contre les chrĂ©tiens, notamment les ArmĂ©niens (le tristement cĂ©lĂšbre gĂ©nocide), mais aussi les syriaques catholiques, les ChaldĂ©ens, les orthodoxes grecs et les Assyriens.

 

AprĂšs des Ă©tudes de thĂ©ologie au Liban, il entre dans la communautĂ© monastique de Mar Moussa, fondĂ©e par le pĂšre jĂ©suite italien Paolo Dall’Oglio, enlevĂ© en 2013, vraisemblablement par des militants de l’État islamique. OrdonnĂ© prĂȘtre, Mourad rĂ©pond Ă  la demande de son Ă©vĂȘque de restaurer l’ancien monastĂšre de Mar-Élian, dans la rĂ©gion de Homs, dont il devient l’abbĂ©. En 2015, il est lui-mĂȘme victime d’un enlĂšvement par l’État islamique, mais parvient Ă  s’échapper aprĂšs quatre mois de captivitĂ©.

 

En marge de la réunion publique, Monseigneur Mourad a accordé un long entretien à Nuova Bussola Quotidiana au sujet de la Syrie et de son expérience personnelle en tant que chrétien.

 

Monseigneur Mourad, dans un entretien accordé à l'Agence Fides le 31 janvier, vous aviez évoqué la profonde confusion qui régnait en Syrie aprÚs la prise de pouvoir par l'ancien groupe d'Al-Qaïda, Hayat Tahrir al-Sham. Quelle a été la situation aujourd'hui, prÚs d'un an plus tard ?

Il est difficile de se prononcer, car la situation est complexe et surtout parce que le nouveau gouvernement manque de clarté : ceux qui sont au pouvoir adoptent une stratégie de manipulation, c'est-à-dire qu'ils disent une chose et en font une autre. Les relations avec la population sont marquées par une absence totale de franchise. Pour les nouveaux dirigeants, la population syrienne, composée en grande partie de résistants ayant souffert et été persécutés sous le régime d'Assad, est une population de « flul » (alliés, terme sous-entendu par l'ancien régime) à persécuter.

 

C'est ainsi que le peuple syrien a souffert et souffre encore aujourd'hui


Bien sĂ»r. Le peuple subit innocemment les reprĂ©sailles contre Assad, et le paradoxe est que le nouveau gouvernement utilise, encore plus raffinĂ©, les mĂȘmes mĂ©thodes criminelles dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es par l'ancien rĂ©gime. De plus, le peuple syrien est appauvri : le nouveau gouvernement a licenciĂ© la plupart des fonctionnaires, les laissant sans salaire. Les rares qui ont pu conserver leur emploi sont payĂ©s en livres syriennes, tandis que les nouveaux arrivants le sont en dollars : 60 dollars par mois pour les premiers, 500 dollars pour les seconds. Le gouvernement a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© que la situation allait changer le mois prochain et que tous seraient payĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. EspĂ©rons-le.

 

Selon certaines sources, des élections législatives ont eu lieu en Syrie le 5 octobre, mais la majorité de la population n'a pas pu y participer. Avez-vous voté personnellement ?

Non ! Personne n'a voté. Seul un petit groupe d'électeurs sélectionnés par le gouvernement s'est rendu aux urnes pour voter pour les candidats désignés par le gouvernement. Il n'y a pas eu d'élections : une mascarade pour les médias.

 

Vous étiez un ami et un confrÚre du pÚre Dall'Oglio, disparu depuis 2013. Avez-vous des informations sur ce qui a pu lui arriver ?

Aucune nouvelle. À mon avis, l'histoire du pĂšre Dall'Oglio illustre une grave injustice ; elle symbolise toutes les personnes enlevĂ©es depuis des dĂ©cennies en Syrie et la douleur de leurs familles. Le fait est que les enlĂšvements se poursuivent encore aujourd'hui, avec une grande violence. Il faudra beaucoup de temps pour que la situation s'amĂ©liore.

 

Et peut-ĂȘtre aurons-nous aussi besoin de nouveaux dirigeants


Ce qui m'inquiÚte, c'est que ce gouvernement soit acceptable pour la communauté internationale.

 

À votre avis, pourquoi ?

Je crois que Trump souhaite ménager Israël, faire ce qu'Israël veut.

 

Nul n'ignore que Hayat Tahrir al-Sham a pris le pouvoir en Syrie grĂące Ă  l'aval de la Turquie, d'IsraĂ«l et des États-Unis



et aussi de la Russie, qui a convaincu Assad de quitter le pays et de se réfugier à Moscou.

 

Y a-t-il quelqu'un en sécurité en Syrie actuellement ?

Non. Les musulmans sont autant en danger que les chrétiens, sinon plus. Les Druzes sont persécutés, les Alaouites sont persécutés, les Chiites sont persécutés


 

Les Kurdes ?

Non, on ne les a pas persĂ©cutĂ©s, car ce sont des combattants courageux et armĂ©s. N’oublions pas que ce sont les Kurdes qui ont vaincu Daech dans le nord-est de la Syrie.

 

En 2015, vous avez Ă©tĂ© enlevĂ© par des militants de l’État islamique. Avez-vous reconnu certains de vos ravisseurs parmi les nouveaux dirigeants syriens ?

Non, ceux qui sont actuellement au pouvoir sont membres de Hayat Tahrir al-Sham, un groupe issu d'al-Nosra, la branche syrienne d'al-QaĂŻda. L'EI et al-Nosra sont ennemis et s'affrontent.

 

Pourtant, dans le chaos de la nouvelle Syrie, il semble y avoir une place pour l'EI, dont les objectifs ne paraissent pas si Ă©loignĂ©s de ceux du gouvernement de HTS : par exemple, l'Ă©limination des minoritĂ©s religieuses semble ĂȘtre un point commun aux deux groupes.

La diffĂ©rence rĂ©side dans le fait que l'EI poursuit le projet du califat islamique, un royaume oĂč la communautĂ© des croyants en Allah, l' umma islamya,  serait soumise Ă  un seul dirigeant. Al-Nosra, et donc HTS, visent quant Ă  eux Ă  rĂ©pandre la loi islamique dans le monde entier, tout en respectant les diffĂ©rentes nations.

 

Pour revenir Ă  vos quatre mois et vingt jours de captivitĂ©, quelle a Ă©tĂ© la plus grande souffrance que vous ayez endurĂ©e entre les mains de vos ravisseurs ? 

Sans aucun doute, une souffrance psychologique. Les deux premiers jours, j'ai Ă©tĂ© sauvagement battu, mais la souffrance psychologique est plus intense et dangereuse que la souffrance physique. Je dois admettre que Daech a une mĂ©thode Ă©prouvĂ©e et efficace pour exercer une pression psychologique. Au dĂ©but, ils m'ont menacĂ© de dĂ©capitation si je ne me convertissais pas Ă  l'islam – pour eux, convertir un prĂȘtre catholique aurait Ă©tĂ© un grand succĂšs. Quand ils ont compris que cette mĂ©thode ne fonctionnait pas, ils m'ont envoyĂ© un homme trĂšs gentil et respectueux qui m'a racontĂ© l'histoire d'un pasteur anglican converti Ă  l'islam, devenu un enseignant respectĂ© et pĂšre de quatre femmes. Cela n'a pas fonctionnĂ© non plus.

 

Avez-vous déjà été tenté de céder ?

Bien sĂ»r, c'est normal. Non seulement de cĂ©der, mais aussi de se sentir abandonnĂ© de Dieu. Quand je me sentais ainsi, je rĂ©citais le chapelet mentalement, car je n'en avais pas sur moi quand ils m'ont kidnappĂ©. Quand ils m'ont battu violemment pour la premiĂšre fois, j'ai cĂ©dĂ© Ă  la douleur physique et au sentiment d'abandon, et c'est la seule fois oĂč j'ai pleurĂ©. Puis je me suis endormie, j'ai dormi deux heures, et je me suis rĂ©veillĂ©e en chantant la priĂšre de sainte ThĂ©rĂšse d'Avila –  que rien ne te trouble, que rien ne t'effraie  â€“ en arabe, une langue dans laquelle je ne l'avais jamais rĂ©citĂ©e. J'y ai vu un signe que le Seigneur ne m'avait pas abandonnĂ©e, un don gratuit qui m'a donnĂ© la force d'avancer.

 

Que pouvons-nous faire, nous autres Occidentaux, pour la Syrie ?

Prier. Nous devons tous nous unir dans la priÚre : je suis convaincue que la priÚre est la véritable force capable de sauver le monde. Alors que j'étais prisonniÚre et que je priais pour tous, j'ai eu la grùce d'entendre les priÚres de tant de personnes qui imploraient Dieu pour moi. Si j'ai réussi à échapper à mes ravisseurs, c'est grùce à la puissance de la priÚre.

 

Avez-vous peur aujourd'hui ?

Non. J'en suis arrivé à la conclusion que, si je meurs pour la foi, je ne suis ni le premier ni le dernier. De plus, comme le dit saint Paul en parlant de sa propre mort, nous sommes avec Jésus ; que pouvons-nous désirer de plus ? Si la mort est le chemin qui mÚne à Jésus, c'est magnifique.

 

 

Elisa Gestri sur la NBQ 

LĂ  oĂč le Christ n'est pas roi, le chaos rĂšgne .

30/10/2025

LĂ  oĂč le Christ n'est pas roi, le chaos rĂšgne .

"On parle beaucoup des crises de notre époque : divisions politiques, incertitudes économiques, menace de guerre. Pourtant, sous ce tumulte se cache une crise plus profonde, souvent négligée : une crise spirituelle. Comme l'observait mon héros Chesterton, nous avons tendance à nous préoccuper des mauvais dangers. Nous craignons les guerres et les effondrements financiers, alors que la véritable menace est la corruption morale et spirituelle qui ronge l'ùme.

 

À la base, notre monde moderne a nĂ©gligĂ© la dimension spirituelle. Ce n'est pas tant le chaos qui nous entoure que le vide intĂ©rieur qui dĂ©stabilise la sociĂ©tĂ©. Les gens se perdent car ils ne savent plus pourquoi ils sont lĂ  – un problĂšme profondĂ©ment spirituel. Nous avons besoin d'idĂ©aux plus Ă©levĂ©s et d'une boussole morale, et non de simples slogans politiques. Lorsque l'humanitĂ© dĂ©tourne le regard de Dieu, un vide se crĂ©e, comblĂ© par des substituts : idĂ©ologies, modes et obsessions qui masquent le malaise sans jamais le guĂ©rir.

 

À une Ă©poque oĂč la foi Ă©tait encore vivante, l'impossible se produisit : le christianisme conquit l'Empire romain, Ă©difia des cathĂ©drales, engendra l'art, la littĂ©rature et des systĂšmes juridiques. Mais le monde moderne, qui se prĂ©tend rationnel et Ă©clairĂ©, a abandonnĂ© les miracles et vit dans une pauvretĂ© spirituelle. Il nie le surnaturel et se plaint ensuite de son absence. C'est lĂ  la tragĂ©die du monde moderne. Il dit : « Montrez-moi un miracle, et alors je croirai. » Mais en rĂ©alitĂ©, c'est l'inverse : croyez, et alors vous verrez le miracle. Le miracle n'est pas que Dieu apparaisse dans toute Sa splendeur et Sa majestĂ© ; le miracle, c'est qu'Il Se soit tenu dans un atelier, en train de scier des planches.

 

« L'idolĂątrie ne se commet pas seulement en Ă©rigeant de faux dieux, mais aussi en Ă©rigeant de faux dĂ©mons ; en faisant craindre aux hommes la guerre, l'alcool ou les lois Ă©conomiques, alors qu'ils devraient craindre la corruption spirituelle et la lĂąchetĂ©. » – G.K. Chesterton

 

Cette remarque spirituelle de 1909 rĂ©sonne aujourd'hui comme une prophĂ©tie. Nous identifions toutes sortes d'ennemis terrestres – du changement climatique aux Ă©pidĂ©mies virales – et nous nous mobilisons contre eux, tout en ignorant les ennemis invisibles de l'Ăąme : l'absurditĂ© de la vie, la dĂ©cadence morale et le dĂ©sespoir. C'est comme si l'humanitĂ© s'affairait Ă  Ă©teindre un petit feu dans le jardin, tandis que les fondations de la maison – le socle spirituel – s'affaissent lentement.

 

L'un des aspects les plus remarquables et radicaux de l'envoi des apÎtres par Jésus est son commandement : « Si quelqu'un ne vous reçoit pas et ne vous écoute pas, secouez la poussiÚre de vos pieds en témoignage contre lui. » Nous voyons ici quelque chose de presque impensable de nos jours : la certitude absolue de la foi. C'est un point crucial : le catholicisme n'est pas une opinion parmi d'autres sur Dieu et le monde. Il est la vérité, toute la vérité et rien que la vérité (je connais cette réplique d'une série télévisée américaine). Et la vérité n'est pas sujette à débat, à synodalité ou à compromis. Les apÎtres n'ont pas reçu l'ordre de débattre, de négocier indéfiniment ni de s'adapter aux désirs de leurs auditeurs. Si quelqu'un n'accepte pas ce que proclament les apÎtres, il passe à autre chose.

 

C'est tout le contraire du christianisme moderne, qui s'excuse souvent lui-mĂȘme et se contorsionne par tous les moyens pour rester acceptable et pertinent aux yeux du monde sĂ©culier. L'injonction de secouer la poussiĂšre de ses pieds n'est pas un appel au mĂ©pris, mais un signe de la vĂ©ritĂ© objective de la foi. Refuser le Christ n'est pas une question d'interprĂ©tation, mais un rejet tragique de la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Un avertissement retentit ici pour l'Église occidentale : n'ayez pas peur d'ĂȘtre impopulaire. Les apĂŽtres ne l'Ă©taient pas non plus. Et pourtant, ils ont changĂ© le monde.

 

Les apĂŽtres appellent Ă  la repentance, Ă  la conversion. Non pas Ă  une spiritualitĂ© vague, ni Ă  un message gĂ©nĂ©ral d'amour, de paix et de comprĂ©hension, mais Ă  la conversion – l'appel Ă  un mode de vie radicalement nouveau. La religion n'est pas une simple prĂ©fĂ©rence personnelle sans consĂ©quences. Le christianisme n'est pas un mode de vie spirituel optionnel. C'est le chemin du salut. Et c'est pourquoi la mission des apĂŽtres est la mission de l'Église Ă  travers les Ăąges. L'Église n'est pas une institution neutre qui prĂ©serve le patrimoine culturel. Elle est une dĂ©fenseure de la vĂ©ritĂ©, une Église qui ne se soumet pas aux caprices du temps mais accomplit sa mission sans compromis. L'Église qui prend sa mission au sĂ©rieux sera persĂ©cutĂ©e. L'Église qui cherche Ă  plaire au monde sera ignorĂ©e.

 

Et puis, point culminant de l'aventure, les apĂŽtres sortent et chassent les esprits impurs. C'est l'apogĂ©e du combat : la vĂ©ritable bataille n'est pas contre les hommes, ni contre les cultures, ni contre les dirigeants. La vĂ©ritable bataille est contre les puissances des tĂ©nĂšbres. La mission de JĂ©sus est la dĂ©faite du mal. C'est donc aussi la mission de l'Église. Le christianisme n'est pas une thĂ©orie, ni une simple morale, ni une affaire purement humaine. C'est une guerre contre le mal lui-mĂȘme. Le monde moderne a tendance Ă  psychologiser le mal, Ă  le rĂ©duire Ă  des facteurs sociaux, Ă  le traiter comme une abstraction. Mais le christianisme est bien plus rĂ©aliste : le mal est une rĂ©alitĂ©.

 

Puisque la racine de la crise est spirituelle, la solution doit l'ĂȘtre aussi. C'est, au fond, un combat pour l'Ăąme. On peut voter des centaines de lois et inventer des merveilles technologiques, mais si l'Ăąme est malade, les symptĂŽmes ne cesseront de rĂ©apparaĂźtre. Nous le constatons clairement : la prospĂ©ritĂ© et la science ont accompli beaucoup, mais le malaise intĂ©rieur et la confusion morale n'ont pas diminuĂ©. En rĂ©alitĂ©, Ă  mesure que les gens font moins confiance Ă  Dieu, ils font confiance Ă  tout le reste. Chesterton a bien saisi ce paradoxe : quand les hommes cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien ; ils croient en n'importe quoi.

 

On le constate partout. LĂ  oĂč les bancs des Ă©glises se vident, les gourous du dĂ©veloppement personnel, les sites d'horoscope et les « spiritualitĂ©s » Ă  la mode pullulent. La soif humaine de sens demeure, mĂȘme quand on rejette le Christ. Mais les substituts – qu'il s'agisse d'une foi aveugle dans le marchĂ©, d'un culte de la science Ă©rigĂ© en sauveur tout-puissant ou d'expĂ©riences Ă©sotĂ©riques – ne peuvent remplacer le Christ. Ils sont comme du sel sans saveur.

 

Ainsi, quand on abandonne le Christ, la crise ne fait que s'aggraver. On le voit autour de nous : Ă  mesure que la foi chrĂ©tienne disparaĂźt, les normes morales s'estompent et les communautĂ©s se dĂ©sagrĂšgent. Une sociĂ©tĂ© qui perd son Ăąme perd aussi sa solidaritĂ© et son cap. Au lieu de la charitĂ© de l'Évangile, nous hĂ©ritons d'une culture froide d'affirmation de soi radicale, oĂč chacun a sa propre « vĂ©ritĂ© » et oĂč plus rien n'est sacrĂ©. Cela engendre la solitude, la polarisation et le dĂ©sespoir – une crise spirituelle qui amplifie toutes les autres. Cela mĂšne inĂ©vitablement Ă  la dĂ©cadence et, finalement, Ă  la destruction. Consultez vos livres d'histoire.

 

Comment cela se fait-il ? Laissez-moi vous parler de mon voisin. J'aime aller chez lui. Pourquoi ? Parce qu'il fait du bon café : une machine à café italienne de type barista haut de gamme. J'étais justement là quand il a déballé cette machine. Et j'ai essayé de la faire fonctionner. Mais nous n'y sommes pas parvenus. Elle a d'abord produit de la vapeur, puis un bruit infernal, et enfin un café fade. Une expérience trÚs décevante, en somme. Le lendemain, il a eu une idée de génie : il a pris le mode d'emploi et a suivi les instructions. Résultat : un café délicieux. C'est tout simple : le fabricant de cette machine sait comment elle fonctionne. Il l'a conçue. Suivez ses instructions et vous obtiendrez le résultat escompté. Ignorez-les, et vous obtiendrez soit un café médiocre, soit une machine qui ne fonctionne pas du tout, soit, pire encore, vous la détruirez.

 

Pourquoi cet Ă©vĂȘque vous parle-t-il de machines Ă  cafĂ© ? Comment un ĂȘtre humain peut-il s'Ă©panouir pleinement ? Nous avons un CrĂ©ateur, nous sommes conçus par un Concepteur. Comment connaĂźtre notre raison d'ĂȘtre et comment la rĂ©aliser ? Nous a-t-Il donnĂ© des instructions ? Oui. Il nous a donnĂ© l'Ancien Testament (principalement le diagnostic de nos erreurs) et le remĂšde : le Nouveau Testament : JĂ©sus-Christ, les ApĂŽtres, l'Église, la Tradition, l'enseignement de l'Église. Suivez ces instructions et vous dĂ©couvrirez votre raison d'ĂȘtre et comment atteindre votre but : la vie Ă©ternelle. Ignorez les instructions de notre CrĂ©ateur et tout ira mal. Comme une machine dĂ©faillante qui tombe en panne. LĂ  oĂč le Christ est absent, les choses tournent mal. LĂ  oĂč le Christ n'est pas Roi, le chaos rĂšgne. Et cela, mes chers amis, c'est ce que nous appelons la modernitĂ©.

 

Sans Dieu, il nous incombe de guĂ©rir le monde de ses dĂ©fauts. Que les choses aillent mal depuis la nuit des temps est une Ă©vidence. Sans le Christ, quel est le remĂšde ? Le monde croit au progrĂšs. Mais pourquoi se soucier du progrĂšs quand la condition humaine est le problĂšme ? Le problĂšme, c'est que la modernitĂ© ne le perçoit pas comme tel. Elle pense que le problĂšme, c'est la sociĂ©tĂ©, les structures, les autres, l'Ă©conomie, la politique, et que nous ne pouvons agir que sur ces aspects. C'est ce que pensaient les rĂ©volutionnaires français, les bolcheviks, et c'est ce que le Printemps arabe Ă©tait censĂ© accomplir. Et nous savons oĂč cela mĂšne : au chaos et Ă  la destruction. L'histoire biblique de la tour de Babel l'a dĂ©jĂ  clairement dĂ©montrĂ© : la tentative humaine de reconquĂ©rir le paradis. Nous savons comment cela s'est terminĂ©. Et nous continuons de croire que c'est possible : l'Union europĂ©enne, le Nouvel Ordre Mondial, la grande rĂ©initialisation.

 

Avant le siĂšcle des LumiĂšres, personne ne croyait au progrĂšs (le christianisme Ă©tait dominant ; les idĂ©es utopiques n'avaient aucune chance). Les LumiĂšres ne croyaient pas en Dieu. L'homme Ă©tait fondamentalement bon ; le problĂšme rĂ©sidait dans les structures de la sociĂ©tĂ©. Voltaire avait cette idĂ©e du « bon sauvage ». LĂ  oĂč l'argent et le christianisme ne risquaient pas de perturber la vie en sociĂ©tĂ©, il devait y avoir harmonie, amour, paix et comprĂ©hension. Or, cela s'est avĂ©rĂ© ĂȘtre une erreur. Voltaire a Ă©galement Ă©crit un livre sur l'Ă©ducation des enfants. Avait-il lui-mĂȘme des enfants ? Oui, cinq. Savez-vous comment il les a Ă©levĂ©s ? Il ne les a pas Ă©levĂ©s. Juste aprĂšs leur naissance, il les a tous abandonnĂ©s Ă  l'orphelinat. Je n'en dirai pas plus.

 

Nous croyons encore au progrÚs : progrÚs technologique, progrÚs scientifique. Si les LumiÚres croyaient aussi au progrÚs moral, depuis le XXe siÚcle (Hitler, Staline, Mao, Pol Pot), nous n'y croyons plus. Mais puisque nous ne croyons ni à la vie aprÚs la mort ni au progrÚs moral, que reste-t-il : la folie, l'absurdité, l'antithÚse d'une société utopique. Comment cela se fait-il ?

Deux raisons :

  1. Nous avons rayé Dieu de l'équation.
  2. 2. Le bon sens n'est plus aussi répandu, comme Chesterton l'avait déjà constaté il y a un siÚcle.

L'Église catholique a toujours adhĂ©rĂ© Ă  la philosophie de Thomas d'Aquin. Pourquoi ? Parce qu'elle repose sur le bon sens. La philosophie de saint Thomas se fonde sur la conviction universelle qu'un Ɠuf est un Ɠuf. Cela peut paraĂźtre Ă©vident, mais dans un monde complexe, ce n'est plus le cas. L'hĂ©gĂ©lien pourrait affirmer qu'un Ɠuf est en rĂ©alitĂ© une poule, car il participe Ă  un processus de devenir infini. Le partisan de Berkeley pourrait prĂ©tendre que les Ɠufs pochĂ©s n'existent que comme un rĂȘve, puisqu'il est tout aussi simple de dire que le rĂȘve a engendrĂ© les Ɠufs que l'inverse. Le pragmatiste pourrait croire que l'on apprĂ©cie au mieux les Ɠufs brouillĂ©s en oubliant qu'il s'agissait d'Ɠufs et en ne retenant que le rĂ©sultat.

 

Mais aucun disciple de saint Thomas n'a besoin de se creuser la tĂȘte pour conclure qu'un Ɠuf est simplement un Ɠuf. Le thomiste sait que les Ɠufs ne sont ni des poules, ni des rĂȘves, ni de simples suppositions pratiques, mais des rĂ©alitĂ©s confirmĂ©es par l'autoritĂ© des sens. Ainsi parlait l'apĂŽtre Ă  l'esprit brillant, G.K. Chesterton.

 

Il semble que les thomistes et les chestertoniens – ces personnes pour qui il est Ă©vident qu'un garçon est un garçon et une fille est une fille – soient rares. Ce sont des faits biologiques perceptibles par les sens. Un garçon n'existe pas comme un rĂȘve ; ce n'est pas le rĂȘve qui est la cause de son ĂȘtre, ni son ĂȘtre la cause du rĂȘve. On peut recourir Ă  autant de chirurgie esthĂ©tique qu'on veut et oublier Ă  quoi ressemblait le corps Ă  l'origine, cela ne change rien au fait qu'il reste un garçon. Et un bĂ©bĂ© est un bĂ©bé 

 

Il y a deux vĂ©ritĂ©s fondamentales que Chesterton dĂ©fend : la famille et la foi. La sociĂ©tĂ© moderne tout entiĂšre s'attaque Ă  ces deux vĂ©ritĂ©s. S'attaquer Ă  la famille, c'est s'attaquer Ă  la vie elle-mĂȘme, et s'attaquer Ă  la foi, c'est s'attaquer au CrĂ©ateur de la vie.

 

Chaque enfant est JĂ©sus : un visiteur du ciel, confiĂ© un temps Ă  ses parents. Le mariage est un sacrement. Il rĂ©vĂšle une vĂ©ritĂ© religieuse : l'amour est inconditionnel et source de vie. S'attaquer Ă  la famille, c'est avant tout s'attaquer Ă  une vĂ©ritĂ© religieuse. Et c'est s'attaquer Ă  la religion qui a rĂ©vĂ©lĂ© cette vĂ©ritĂ© : l'Église catholique romaine. DĂ©fendre la foi, c'est dĂ©fendre la famille. Mais c'est aussi dĂ©fendre la foi elle-mĂȘme : ses prĂ©ceptes, ses pratiques, sa puretĂ©. Les attaques viennent de toutes parts, subtiles ou manifestes. Chesterton affirme : « Ce qui est rĂ©ellement Ă  l'Ɠuvre dans le monde aujourd'hui, c'est l'anticatholicisme, et rien d'autre. »

 

Chesterton : « Les adversaires du christianisme croiraient n'importe quoi, sauf le christianisme. » Et en effet, nous avons constatĂ© que les sectes et les cultes les plus Ă©tranges sont pris au sĂ©rieux, tandis que l'Église est tournĂ©e en ridicule. Chaque hĂ©rĂ©sie s'est appropriĂ©e un fragment de vĂ©ritĂ© et a rejetĂ© le reste. Ainsi, les luthĂ©riens sont devenus obsĂ©dĂ©s par la « foi seule », les calvinistes par la souverainetĂ© de Dieu, les baptistes par la Bible, les adventistes du septiĂšme jour par le sabbat, et ainsi de suite.

 

L'Église catholique a Ă©tĂ© attaquĂ©e pour ĂȘtre trop austĂšre ou trop ostentatoire, trop matĂ©rialiste ou trop spirituelle, trop mondaine ou trop dĂ©tachĂ©e du monde, trop complexe ou trop simpliste. On reproche aux catholiques d'ĂȘtre cĂ©libataires, mais aussi d'avoir trop d'enfants ; on leur reproche d'ĂȘtre injustes envers les femmes, mais aussi parce que « seules les femmes » assistent Ă  la messe. Les modernistes dĂ©plorent la mort de l'Église catholique, et s'indignent encore plus de son pouvoir et de son influence. Les laĂŻcs admirent l'art italien tout en mĂ©prisant la religion italienne. Le monde reproche aux catholiques leurs pĂ©chĂ©s – et pire encore, de les confesser. Les protestants affirment que les catholiques ne prennent pas la Bible au sĂ©rieux, puis les critiquent pour leur interprĂ©tation littĂ©rale de l'Eucharistie.

 

En fin de compte, toute attaque contre l'Église est une attaque contre le sacerdoce et l'Eucharistie. Toute attaque contre l'Église est une attaque contre le Christ : Dieu venu comme un enfant, fondateur de l'Église, qui a prĂ©sentĂ© le pain et le calice en disant : « Ceci est mon corps. Ceci est mon sang. » Chesterton a dĂ©fendu l'Église alors mĂȘme qu'il en Ă©tait encore un Ă©tranger. Ironie du sort, aujourd'hui, nous devons parfois dĂ©fendre l'Église contre des personnes de l'intĂ©rieur – contre des catholiques, mĂȘme Ă  Rome – qui cherchent Ă  saper leur propre foi. Dieu merci, les choses semblent se normaliser.

 

Pourtant, ce combat n'est pas perdu d'avance. Au contraire, le premier pas vers la guérison est la reconnaissance : admettre que ce à quoi nous sommes confrontés n'est pas seulement politique ou économique, mais une urgence morale et spirituelle. Ce n'est qu'alors que nous pourrons choisir les armes appropriées. Aussi, nous devons nous interroger : comment mener un combat spirituel ? La foi est une affaire personnelle. Jésus a le plus souffert sur la croix, sachant qu'il ne sauverait pas tout le monde, que tous ne croiraient pas en lui (« Mon peuple, voyez ce que j'ai fait pour vous ; qu'aurais-je pu faire de plus ? C'est pourquoi Jésus connaßt Jérusalem »). Il est vrai que nous avons le libre arbitre. Il nous appartient de coopérer au plan de salut de Jésus. Le monde séculier cherche à résoudre les problÚmes ; les chrétiens aspirent au salut.

 

En temps de crise, certains dĂ©plorent l'Ă©chec du christianisme, la perte d'influence de l'Église. Mais l'idĂ©al chrĂ©tien a-t-il jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement mis Ă  l'Ă©preuve et jugĂ© insuffisant ? Notre monde ne souffre pas parce que nous avons suivi le Christ de trop prĂšs, mais parce que nous ne l'avons pas suivi du tout. MĂȘme au sein de l'Église, le problĂšme persiste. L'Église aprĂšs Vatican II
 Non pas le Concile lui-mĂȘme, mais l'interprĂ©tation qu'on en a faite : le prĂ©tendu « Esprit de Vatican II ». Le document de Vatican II en lui-mĂȘme n’est pas fondamentalement erronĂ©. Sacrosanctum Concilium souligne l'importance du latin, du chant grĂ©gorien ; il n'est nullement question de supprimer la balustrade de l'autel ni de remplacer le maĂźtre-autel par une table de cuisine. Mais les mĂ©dias et des personnalitĂ©s comme KĂŒng et Schillebeeckx ont dĂ©tournĂ© le Concile et l'ont transformĂ© en quelque chose de complĂštement diffĂ©rent. J'ai eu des centaines de discussions avec ces personnes et je leur pose toujours la mĂȘme question : « Avez-vous lu les documents ? » La rĂ©ponse est invariablement : « Non, mais
 » Non, non, pas de « mais », lisez-les et revenez ensuite. Ils ne le font jamais. Certes, Vatican II avait ses dĂ©fauts et son langage pastoral laissait place Ă  diverses interprĂ©tations, mais ne confondons pas le concile lui-mĂȘme avec le concile des mĂ©dias et de ceux qui cherchaient Ă  modifier la doctrine de l'Église. Le rĂ©sultat ? De la mauvaise foi. C'est alors qu'on sait que quelque chose cloche vraiment.

 

Le problĂšme, bien sĂ»r, c'est qu'il ne s'agissait pas d'un concile dogmatique. La seule raison d'ĂȘtre des conciles Ă©tait de clarifier les choses. D'ailleurs, nous devrions ĂȘtre reconnaissants envers Arius et les autres hĂ©rĂ©tiques. Sans eux, nous n'aurions pas la confession de foi telle que formulĂ©e par le concile de NicĂ©e. Les conciles Ă©taient lĂ  pour clore les dĂ©bats : si vous croyez ceci, vous ĂȘtes dedans, sinon, vous ĂȘtes dehors. Roma locuta, causa finita. Plus de Sed Contra.

 

Aggionamento. Nous pensions devoir suivre le courant de la sociĂ©tĂ© sĂ©culiĂšre. Nous voulions ĂȘtre pertinents Ă  notre Ă©poque ; l'Église de Nice au lieu de l'Église de NicĂ©e. RĂ©unions mondaines. Nous avons rĂ©duit les dix commandements Ă  un seul : aime ton prochain, sois bon. Cela se reflĂšte dans le Novus Ordo : l'autel a Ă©tĂ© remplacĂ© par une table [contrairement Ă  Sacrosanctum Concilium]. L'autel symbolise le sacrifice. L'Eucharistie est un sacrifice sous la forme d'un repas, et non un repas sous la forme d'un sacrifice. JĂ©sus a rompu le pain lors de la CĂšne, mais cela faisait rĂ©fĂ©rence au sacrifice sur la croix ! Et non au simple fait de « rompre et partager » ! Certes, nous sommes trĂšs sociables, mais qui parle de la vie aprĂšs la mort, du jugement, des quatre derniĂšres Ă©tapes humaines ?

 

Le problĂšme n'est pas que l'Évangile soit dĂ©passĂ©, mais que nous l'ayons troquĂ© contre des substituts plus faciles. Les demi-vĂ©ritĂ©s ne peuvent guĂ©rir l'Ăąme. Seule la vĂ©ritĂ© radicale et intĂ©grale du Christ le peut. Il ne s'agit pas d'un idĂ©al « mĂ©diĂ©val ». La crise de notre temps – solitude, injustice, amertume – appelle de vĂ©ritables chrĂ©tiens qui apportent un amour courageux et l'espĂ©rance lĂ  oĂč rĂšgnent le cynisme et le dĂ©sespoir.

 

Certains se dĂ©tournent de la foi Ă  cause des manquements des chrĂ©tiens : scandales, hypocrisie, compromis. Certes, ces manquements ont nui Ă  la crĂ©dibilitĂ© de l’Église. Mais cela ne remet pas en cause la vĂ©ritĂ© de son message. L’Église n’est pas sainte parce que ses fidĂšles ne pĂšchent jamais, mais parce qu’elle offre aux pĂ©cheurs un chemin vers la saintetĂ©. Les manquements des chrĂ©tiens prouvent non pas que le Christ a failli, mais que nous avons failli Ă  le suivre.

 

La sortie de crise commence par un authentique retour au Christ. La foi ne doit pas ĂȘtre un accessoire culturel, mais la source de la vie. Lorsque les chrĂ©tiens vivent leur foi avec sĂ©rieux – non par obligation, mais par amour – elle rayonne. L’ñme du monde ne peut ĂȘtre guĂ©rie que lorsque nos propres Ăąmes s’embrasent Ă  nouveau de foi, d’espĂ©rance et d’amour.

 

Ceci nous amĂšne au rĂŽle de l’Église. Certaines communautĂ©s tentent encore d’enrayer le dĂ©clin en s’adaptant Ă  leur Ă©poque : modernisation, simplification, perfectionnement jusqu’à ce que rien ne choque. D’autres font le contraire : nager Ă  contre-courant, s’accrocher Ă  la tradition et Ă  l’orthodoxie mĂȘme si elles semblent « dĂ©passĂ©es ». Lequel fonctionne vraiment ?

 

Chesterton, converti au catholicisme, Ă©tait catĂ©gorique : adapter l’Église Ă  chaque mode est vain. « Nous ne voulons pas, comme le disent les journaux, une Église qui suit le monde. Nous voulons une Église qui fasse bouger le monde. » Autrement dit : une Église gagne en crĂ©dibilitĂ© non pas en se faisant l’écho du monde, mais en le corrigeant. Nous avons besoin d’une foi qui nous interpelle lorsque nous avons tort, et non d’une foi qui se contente de nous rassurer lorsque nous sommes dĂ©jĂ  d’accord.

 

Et de fait, que constatons-nous ? Les Églises dites « libĂ©rales » – celles qui diluent ou relativisent la doctrine pour paraĂźtre pertinentes – sont en dĂ©clin. Leurs bancs se vident et vieillissent. Les sociologues rĂ©sument la situation ainsi : « Les Églises libĂ©rales n’ont pas d’enfants. » Elles ne peuvent inspirer les nouvelles gĂ©nĂ©rations. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 2000, on constatait le dĂ©clin de ces communautĂ©s, frĂ©quentĂ©es principalement par des personnes ĂągĂ©es. Les jeunes ne sont pas attirĂ©s par un christianisme tiĂšde et sĂ©cularisĂ©. Un humanisme rĂ©chauffĂ© n’a aucun pouvoir d’inspiration.

 

ParallĂšlement, les Églises orthodoxes – celles qui proclament avec audace leurs convictions, ancrĂ©es dans la tradition – attirent les jeunes. Ce sont des Églises qui dĂ©fendent des valeurs, et cela se remarque. Une Église qui ose ĂȘtre une oasis dans le dĂ©sert, offrant l'eau vive aux assoiffĂ©s, attire les chercheurs de vĂ©ritĂ©. Ce n'est pas une illusion : des enquĂȘtes rĂ©centes confirment que les jeunes gĂ©nĂ©rations, de façon surprenante, connaissent un modeste retour Ă  la foi, et que les communautĂ©s orthodoxes en sont les principales bĂ©nĂ©ficiaires.

En bref : les Églises qui restent fidĂšles – que ce soit par une liturgie empreinte de recueillement, une doctrine claire ou un enseignement moral intransigeant – sont prĂ©cisĂ©ment celles qui suscitent un renouveau, surtout chez les jeunes. J'en rencontre beaucoup. Ils ne veulent pas ĂȘtre dorlotĂ©s, mais interpellĂ©s. Ils veulent savoir s'il existe des convictions et des valeurs auxquelles croire et qu'il faut mettre en pratique. Ils veulent connaĂźtre la vĂ©ritĂ©. Ils arrivent dans nos Églises de façon totalement inattendue. Ils sont peu nombreux, mais ils sont lĂ . Et cela se produit partout (4 caractĂ©ristiques : 1. un environnement laĂŻque ; 2. le dĂ©sir de connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ; 3. un trĂšs jeune Ăąge ; 4. tous de jeunes hommes/garçons).

 

Paradoxalement, au milieu de ce dĂ©clin, des signes d'espoir apparaissent chez les jeunes. Dans certains endroits, la gĂ©nĂ©ration Z semble lĂ©gĂšrement plus religieuse que les Milleniaux qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©e. Aux Pays-Bas, par exemple, des enquĂȘtes montrent que 30 % des jeunes adultes ĂągĂ©s de 15 Ă  35 ans se dĂ©clarent religieux. Cela peut paraĂźtre peu, mais ce chiffre semblait avoir considĂ©rablement diminuĂ©. De plus, les communautĂ©s chrĂ©tiennes orthodoxes – catholiques, orthodoxes et Ă©vangĂ©liques – sont en pleine expansion.

 

Pourquoi ? Parce que les jeunes recherchent la profondeur et la clartĂ©. Ils ont grandi dans une culture oĂč « chacun a sa propre vĂ©ritĂ© », mais ils ont constatĂ© que cela les laissait insatisfaits. Ils aspirent Ă  une VĂ©ritĂ© qui les dĂ©passe, un fondement solide sur un sol instable. Ils ne veulent pas d'une foi superficielle, mais de la foi authentique. Et ils ont soif de communautĂ©. Dans une culture atomisĂ©e et individualiste, une authentique communautĂ© chrĂ©tienne rayonne comme une famille. C'est pourquoi les groupes de jeunes, les pĂšlerinages et les paroisses traditionnelles, frĂ©quentĂ©es par de jeunes familles, sont en plein essor. Loin d'ĂȘtre rebutĂ©s par une foi exigeante, beaucoup y sont attirĂ©s. Ils aspirent au mystĂšre, Ă  la beautĂ© et au dĂ©fi – et non Ă  une pĂąle copie de la culture profane.

 

Nous sommes partis du principe que la crise actuelle est, au fond, spirituelle. Et en effet, les rĂ©ponses les plus profondes doivent l'ĂȘtre aussi. L'apĂŽtre Paul nous le rappelle dans sa lettre aux ÉphĂ©siens : « Car nous n'avons pas Ă  lutter contre la chair et le sang, mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de tĂ©nĂšbres, contre les esprits mauvais rĂ©pandus dans l'air. » Autrement dit, le combat le plus profond du chrĂ©tien n'est pas contre des ĂȘtres de chair et de sang, mais contre les puissances invisibles du mal. Il ne s'agit pas d'une superstition mĂ©diĂ©vale, mais d'une rĂ©alitĂ© concrĂšte de la vie chrĂ©tienne. Nous vivons, comme l'a dit C.S. Lewis, en territoire ennemi, oĂč les tĂ©nĂšbres rĂŽdent encore malgrĂ© la victoire dĂ©cisive remportĂ©e par le Christ sur la croix.

 

Pourtant, ce combat spirituel paraĂźt Ă©trange, voire irrĂ©el, Ă  beaucoup. À notre Ă©poque moderne et Ă©clairĂ©e, parler de diables et d'anges semble dĂ©suet. Le mal est expliquĂ© par la psychologie ou la sociologie, sans intervention surnaturelle. Mais peut-ĂȘtre que ce scepticisme est prĂ©cisĂ©ment ce que Satan souhaite. Nous pouvons tomber dans deux piĂšges opposĂ©s concernant le diable : soit nous nions totalement son existence, soit nous dĂ©veloppons une obsession malsaine Ă  son sujet. Comme l'observait Lewis dans The Screwtape Letters (Tactique du diable), le diable se rĂ©jouit tout autant des deux extrĂȘmes. Le chrĂ©tien sage reste vigilant sans hystĂ©rie : il reconnaĂźt le mal avec luciditĂ©, sans paranoĂŻa.

 

Le prince des tĂ©nĂšbres n'est pas l'Ă©gal de Dieu. Il n'est pas un anti-dieu Ă©ternel, mais un ange dĂ©chu – une crĂ©ature jadis bonne, dĂ©sormais en rĂ©volte. Il est limitĂ©. Intelligent et dangereux comparĂ© Ă  nous, certes, mais fini et, en fin de compte, soumis Ă  la puissance de Dieu. Il y a bien une guerre dans l'univers, mais non entre deux dieux Ă©gaux. C'est la rĂ©bellion d'une crĂ©ature contre son CrĂ©ateur. Cette perspective permet d'Ă©viter Ă  la fois la surestimation et la sous-estimation de l'ennemi.

 

Paul met en garde contre les « ruses du diable ». Ces ruses évoquent la tromperie et la subtilité. Le diable n'apparaßt généralement pas avec des cornes et des collants rouges. Son but est de nous éloigner de Dieu, et il y parvient par le mensonge et les tentations déguisées en pensées et humeurs ordinaires.

 

Avez-vous remarquĂ© avec quelle rapiditĂ© votre humeur peut basculer de la foi et de la joie au doute ou au dĂ©couragement, parfois sans raison apparente ? Une force obscure peut ĂȘtre Ă  l'Ɠuvre, avide d'exploiter ces moments de faiblesse. Le diable connaĂźt nos vulnĂ©rabilitĂ©s. Il murmure : « Ta priĂšre est vaine ; abandonne. » Il rĂ©veille de vieux remords pour nous dĂ©moraliser. Sa tactique ne consiste gĂ©nĂ©ralement pas Ă  renier Dieu ouvertement, mais Ă  Ă©roder progressivement notre confiance en sa bontĂ©.

 

Prenons l'exemple d'une dispute au sein de l'Église. En apparence, il s'agit d'un simple dĂ©saccord humain. Mais bientĂŽt, l'orgueil ou le ressentiment s'insinuent. L'autre personne commence Ă  ressembler Ă  l'ennemi. Les paroles de Paul nous rappellent que cette personne n'est pas le vĂ©ritable ennemi. Le vĂ©ritable ennemi rit lorsque les chrĂ©tiens se dĂ©chirent.

 

Prenons par exemple les tentations modernes. Souvent, le diable n'a mĂȘme pas besoin de nous effrayer ; il prĂ©fĂšre nous endormir. Il nous noie sous un flot de divertissements, de distractions et de confort, jusqu'Ă  ce que Dieu devienne insignifiant. GrĂąces soient rendues Ă  Dieu, car il ne nous a pas laissĂ©s sans dĂ©fense. Paul prescrit l'armure de Dieu (Eph 6,13-17). L'image est celle d'un soldat romain, mais les armes sont des vertus spirituelles, non de l'acier. Examinons-les :


‱ La ceinture de vĂ©ritĂ© : La ceinture d'un soldat maintenait tout en place. De mĂȘme, la vĂ©ritĂ© nous empĂȘche de sombrer dans la confusion. Dans un monde de relativisme et de mensonge, l'honnĂȘtetĂ© et l'amour de la vĂ©ritĂ© sont notre premiĂšre dĂ©fense.
‱ La cuirasse de justice : La cuirasse protĂšge le cƓur. La justice dĂ©signe Ă  la fois le don de la justification par le Christ et notre intĂ©gritĂ© morale.
‱ Les chaussures de la disponibilitĂ© Ă  proclamer l'Évangile de paix : Les chaussures donnent stabilitĂ© et mouvement. Notre disponibilitĂ© Ă  vivre et Ă  partager l'Évangile nous rend fermes sur nos appuis.
‱ Le bouclier de la foi : Par la foi, nous Ă©teignons les « flĂšches enflammĂ©es du Malin ». La foi est la confiance dans les promesses de Dieu.
‱ Le casque du salut : Le casque protĂšge l'esprit. Le salut est notre assurance d'appartenir au Christ et notre espĂ©rance de la vie Ă©ternelle.
‱ L'Ă©pĂ©e de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu : La seule arme offensive. « Croyez-vous que je sois venu apporter la paix ? Non, la division. »


Paul ajoute ensuite ce qui donne vie Ă  tous : la priĂšre. La priĂšre est le lien qui nous unit Ă  notre Commandant. Elle nous maintient connectĂ©s Ă  son commandement. Sans priĂšre, mĂȘme la meilleure armure nous laisse isolĂ©s.

Ayez le courage d'aller à contre-courant. N'ayez pas honte de l'orthodoxie ni des valeurs « traditionnelles ». Ce sont précisément elles qui donnent de la crédibilité.

BĂątissez des communautĂ©s de vrais catholiques. Une paroisse ou une famille oĂč le Christ est vĂ©ritablement roi est une rĂ©ponse puissante Ă  la crise du sens. Unissez les communautĂ©s.

 

Le combat n'est pas encore gagnĂ©. Mais il n'est pas perdu non plus. L'histoire montre que la VĂ©ritĂ©, mĂȘme Ă©touffĂ©e ou oubliĂ©e, finit toujours par triompher. Et dans nos heures les plus sombres, la lumiĂšre du Christ peut briller de tout son Ă©clat.

Le monde est plein de fous qui disent que les temps sont sombres. Mais moi, je dis : c'est prĂ©cisĂ©ment dans les tĂ©nĂšbres qu'une simple bougie – le petit reste – brille le plus fort.

     

Alors, levons haut la flamme de la foi. Non avec amertume, mais avec joie ; non avec rĂ©signation, mais avec espĂ©rance. Car le Christ seul est la rĂ©ponse qui peut transformer la crise. Il est le mĂȘme hier, aujourd'hui et Ă©ternellement.          

                                                                 

Parfois, l'armure nous paraĂźt lourde. Parfois, nous nous sentons las. Pourtant, le combat est celui du Seigneur. Notre rĂŽle est de rester fidĂšles, de prier, de tenir bon. Souvenez-vous : le plus faible des saints, revĂȘtu de l'armure de Dieu, est plus fort que l'enfer. Efforcez-vous de devenir un saint. Si ce n'est pas votre but dans la vie, vous l'aurez gĂąchĂ©e.

 

Merci de votre attention. Viva Christe Re !"

 

Mgr Robert Mutsaerts

Au tribunal administratif de Marseille, une ordonnance qui doit faire date

29/10/2025

Au tribunal administratif de Marseille, une ordonnance qui doit faire date

Ils ont pu démontrer que Benoßt Payan avait méconnu les libertés publiques et porté atteinte aux droits des croyants catholiques.

 

Tout n’a pas pu ĂȘtre sauvĂ© puisque des reprĂ©sentations du film Ă©taient programmĂ©es du 22 au 28 octobre seulement, et que l’audience et l’ordonnance reconnaissant le bon droit des requĂ©rants n’ont pu intervenir que le 25 octobre. En pratique, cela ne laissait place qu’à deux projections Ă  la Buzine, dont la premiĂšre, le 25, n’a pas pu bĂ©nĂ©ficier d’une publicitĂ© correcte, faute de temps mais le symbole est lĂ , et il est fort.

 

Comme lors de la levĂ©e des restrictions excessives imposĂ©es au culte catholique au sortir du confinement covid de 2020, oĂč l’AGRIF Ă©tait au nombre des requĂ©rants victorieux, cette association de dĂ©fense des droits des chrĂ©tiens et des français en France est intervenue au soutien de StĂ©phane Ravier et des rĂ©alisateurs.

 

 

StĂ©phane Ravier et les Gunnell soutenus par l’AGRIF devant le tribunal administratif
L’Alliance gĂ©nĂ©rale contre le racisme et pour le respect de l’identitĂ© française et chrĂ©tienne (AGRIF) a cette fois agi en soutien des requĂ©rants, s’associant Ă  leur dĂ©marche et en la soutenant financiĂšrement par la prise en charge de 50 % des frais. StĂ©phane Ravier, qui s’est fortement mobilisĂ© en faveur du droit de projeter SacrĂ© CƓur comme n’importe quelle autre Ɠuvre cinĂ©matographique et sans lui laisser infliger une discrimination anti-chrĂ©tienne, a d’ailleurs envoyĂ© ce message Ă  l’AGRIF : « Encore un grand merci pour votre rĂ©activitĂ© le soir oĂč nous vous avons appelĂ© Ă  l’aide. TrĂšs belle opĂ©ration ! Elle eut Ă©tĂ© impossible sans votre gĂ©nĂ©reux engagement. »

 

En effet, face Ă  de telles dĂ©cisions de la part des pouvoirs publics, il faut avoir les capacitĂ©s et aussi les moyens matĂ©riels d’intervenir. L’AGRIF, association privĂ©e qui ne reçoit pas de subvention de l’Etat, a une fois de plus dĂ©montrĂ© ici la nĂ©cessitĂ© de son existence et l’efficacitĂ© de ses interventions de diverses natures.

 

En cette occurrence, c’est un rĂ©fĂ©rĂ©-libertĂ© qui a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© par l’avocat des requĂ©rants, Me Belmont, qui a pu faire reconnaĂźtre l’urgence d’obtenir une dĂ©cision de la part du juge administratif – dĂ©cision de surcroĂźt favorable, qui joue en faveur des droits des chrĂ©tiens en France dans leur ensemble.

 

Au chĂąteau de La Buzine Ă  Marseille, on projette bien un film sur le DalaĂŻ-Lama !
BenoĂźt Payan s’était appuyĂ© sur des conseils d’avocats pour censurer cette Ɠuvre artistique portant sur la foi chrĂ©tienne qu’est SacrĂ© CƓur. Comme le note le communiquĂ© co-signĂ© par « Marseille d’abord », la formation du sĂ©nateur StĂ©phane Ravier, et l’AGRIF, « Ă©tonnamment, la municipalitĂ© n’a rien trouvĂ© Ă  redire lors de la projection du film Kundun qui retraçait la vie du DalaĂŻ-Lama, chef spirituel du bouddhisme tibĂ©tain ».

 

Les requĂ©rants signalaient Ă©galement que SacrĂ© CƓur a bel et bien obtenu un visa d’exploitation du Centre national du cinĂ©ma (CNC), qui l’autorise Ă  ĂȘtre diffusĂ© dans toutes les salles de France, y compris les 386 salles gĂ©rĂ©es en rĂ©gie municipale, comme l’est celle du chĂąteau de la Busine.

 

Leur communiquĂ© souligne encore que « ce mĂȘme maire n’hĂ©site pas Ă  se rendre Ă  des prĂȘches islamiques pour y promettre la construction de nouvelles et plus grandes mosquĂ©es ».

 

Devant le juge administratif de Marseille, l’avocat de la commune a conclu au rejet de la requĂȘte de StĂ©phane Ravier et des Ă©poux Gunnell, soutenant que le film Ă©tait diffusĂ© dans un autre cinĂ©ma de la ville et qu’il n’y avait donc pas d’urgence. Aucune libertĂ© fondamentale n’était affectĂ©e, prĂ©tendait-on, puisqu’il n’y avait pas d’interdiction individuelle ou gĂ©nĂ©rale de la diffusion du film.

 

L’avocat Mendes Constante avançait Ă©galement que, s’agissant d’un cinĂ©ma communal gĂ©rĂ© en rĂ©gie directe et constituant un service public local, le principe de neutralitĂ© du service public devait s’appliquer, y compris dans le domaine culturel, pour faire obstacle Ă  la diffusion d’un « film confessionnel et prosĂ©lyte ».

 

Le vice-président du tribunal administratif a donné raison aux premiers.

 

ReconnaĂźtre le bon droit de SacrĂ© CƓur, une urgence
Pour ce qui est de l’urgence, le juge a dĂ©cidĂ© : « Il rĂ©sulte de l’instruction que la dĂ©cision en litige a pour effet de dĂ©programmer une Ɠuvre cinĂ©matographique, restreignant ainsi sa diffusion, limitĂ©e Ă  un seul autre cinĂ©ma Ă  Marseille lors d’une sĂ©ance unique Ă  la date de la prĂ©sente ordonnance, avec pour consĂ©quence nĂ©cessaire d’empĂȘcher une partie du public d’y avoir accĂšs », alors mĂȘme que les sĂ©ances ne peuvent ĂȘtre reportĂ©es au chĂąteau de La Buzine oĂč les sĂ©ances sont programmĂ©es Ă  date prĂ©cise.

 

Et de souligner que la commune de Marseille « ne fait Ă©tat d’aucune circonstance tirĂ©e notamment de l’ordre public, susceptible de justifier l’atteinte aux libertĂ©s fondamentales invoquĂ©es par les requĂ©rants ».

 

Le juge a tout particuliĂšrement tirĂ© argument du devoir de neutralitĂ© de l’Etat par rapport aux religions, ce qui comporte notamment le droit de « garantir le libre exercice des cultes ». En outre, l’administration doit « se conformer aux principes d’égalitĂ© » et garantir Ă  chacun « un traitement impartial », souligne l’ordonnance de rĂ©fĂ©rĂ©.

 

La commune, dit-elle encore, a simplement le devoir de ne pas marquer de prĂ©fĂ©rence religieuse Ă  l’égard d’un culte donnĂ©, ni d’accorder une « subvention directe ou indirecte Ă  une Ɠuvre » au caractĂšre religieux affirmĂ©. Dans le cas de SacrĂ© CƓur, note le juge, les conditions tarifaires pratiquĂ©es pour accĂ©der Ă  l’Ɠuvre ne prĂ©sentent aucune particularitĂ©.

 

Par consĂ©quent, mĂȘme si le maire de Marseille, BenoĂźt Payan, n’a pas prononcĂ© d’interdiction gĂ©nĂ©rale ou particuliĂšre Ă  la diffusion de ce film, souligne le juge, « il a portĂ© une atteinte grave et manifestement illĂ©gale Ă  la libertĂ© d’expression et Ă  la libertĂ© de crĂ©ation et Ă  la libertĂ© de diffusion artistique, libertĂ©s fondamentales » selon le code de justice administrative. Savourez ces mots : pour une fois ils sont prononcĂ©s au service du vrai, du bien et du beau.

 

Et savourez encore ceux-ci, par lesquels le juge ordonne la reconnaissance des droits de SacrĂ© CƓur :

« Article 1er : L’exĂ©cution de la dĂ©cision du maire de Marseille annulant les projections du film “SacrĂ©-Coeur” au cinĂ©ma du chĂąteau de La Buzine est suspendue.

« Article 2 : Il est enjoint au maire de Marseille d’autoriser la projection du film “SacrĂ©-Coeur” au cinĂ©ma du chĂąteau de La Buzine telle qu’elle avait Ă©tĂ© initialement programmĂ©e, Ă  compter de la notification de la prĂ©sente ordonnance et jusqu’au 28 octobre 2025. »

 

Le tribunal administratif reconnaßt le devoir de garantir les droits des chrétiens
Pendant ce temps, le beau film sur le message du SacrĂ© CƓur Ă  sainte Marguerite Marie Alacoque et son appel Ă  reconnaĂźtre l’amour que porte Ă  la France le Christ crucifiĂ© poursuit son Ă©tonnant chemin en France. Le nombre de salles oĂč il est projetĂ© ne cesse de progresser, atteignant Ă  l’heure d’écrire 467 sĂ©ances Ă  travers le pays. Et l’aventure semble devoir continuer. Qui l’eĂ»t cru ?

 

Lundi matin, SacrĂ© CƓur avait dĂ©jĂ  fait prĂšs de 250.000 entrĂ©es. Il pourrait, dit-on, dĂ©passer les 400.000 au box office, ce qui serait plus qu’un exploit, puisque la plus grande partie des films qui sortent en France ne dĂ©passent guĂšre les 200.000 spectateurs en salles. C’est un succĂšs contre vents et marĂ©es, un succĂšs portĂ© certes par l’adversitĂ© et par les tentatives de bĂąillonnement, comme le refus de la SNCF et de la RATP de faire de la publicitĂ© Ă  ce film – l’affaire de Marseille a certainement aussi aidĂ© – mais un succĂšs qui dit avant tout autre chose.

 

Il crie Ă  la face du monde que nous avons besoin d’amour et d’espĂ©rance, que cette espĂ©rance et que cet amour ont un nom et un visage, et surtout un CƓur qui bat, et qui veut ouvrir, autant que faire se peut, les portes du Ciel aux pauvres crĂ©atures que nous sommes.

 

Jeanne Smits dans RITV

"Que l’Église en vienne Ă  comprendre et Ă  aimer le don de la liturgie sacrĂ©e"

28/10/2025

"Que l’Église en vienne Ă  comprendre et Ă  aimer le don de la liturgie sacrĂ©e"

Au nom du PĂšre, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

C’est pour moi une joie immense de cĂ©lĂ©brer la messe pontificale Ă  l’autel de la chaire de Saint-Pierre, point culminant du pĂšlerinage Summorum Pontificum de 2025. Au nom de toutes les personnes prĂ©sentes, j’exprime ma sincĂšre gratitude Ă  ceux qui ont travaillĂ© avec tant de diligence et d’efficacitĂ© pour rendre possible ce pĂšlerinage. J’offre cette messe pour les fidĂšles de l’Église Ă  travers le monde, qui s’efforcent de prĂ©server et de promouvoir la beautĂ© de l’Usus Antiquior du rite romain. Que l’offrande de la messe pontificale d’aujourd’hui nous encourage et nous fortifie tous dans l’amour de notre Seigneur eucharistique qui, par la tradition apostolique et avec un amour inĂ©branlable et incommensurable pour nous, renouvelle sacramentellement son sacrifice sur le Calvaire et nous nourrit du fruit incomparable de son sacrifice : la nourriture cĂ©leste de son corps, de son sang, de son Ăąme et de sa divinitĂ©.

 

En cĂ©lĂ©brant la Sainte Messe de la Bienheureuse Vierge Marie ce samedi, nous contemplons le CƓur douloureux et immaculĂ© de Notre Dame, Ă©levĂ© dans la gloire et qui ne cesse de battre d’amour pour nous, les enfants que son Divin Fils lui a confiĂ©s Ă  sa maternitĂ©, alors qu’il mourait sur la Croix. Lorsque Notre Seigneur a prononcĂ© les mots « Femme, voici ton fils
 Voici ta mĂšre » Ă  sa MĂšre et Ă  saint Jean l’apĂŽtre et Ă©vangĂ©liste, debout au pied de la croix, il a exprimĂ© une rĂ©alitĂ© essentielle du salut qu’il Ă©tait en train de gagner pour nous : la pleine coopĂ©ration de sa MĂšre, la Bienheureuse Vierge Marie, Ă  son Ɠuvre salvatrice.

 

Dieu le PĂšre, dans son plan d’amour pour notre salut Ă©ternel, a accordĂ© Ă  la Bienheureuse Vierge Marie, dĂšs le moment de sa conception, de participer Ă  la grĂące du salut que son Divin Fils allait accomplir au Calvaire. Par son ImmaculĂ©e Conception, Marie Ă©tait totalement pour le Christ et, dans le Christ, totalement pour nous dĂšs le premier instant de son existence. La mĂ©diation de notre salut par le CƓur douloureux et immaculĂ© de Marie est illustrĂ©e dans les derniĂšres paroles de la Vierge MĂšre du Sauveur rapportĂ©es dans les Évangiles. Elle les a adressĂ©es aux serveurs de vin lors des noces de Cana, qui Ă©taient venus la trouver, angoissĂ©s par le manque de vin pour les invitĂ©s des jeunes mariĂ©s. Elle a rĂ©pondu Ă  leur grande dĂ©tresse en les conduisant vers son Divin Fils, Ă©galement invitĂ© au festin de noces, avec cette instruction maternelle : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

 

Ces mots simples expriment le mystĂšre de la MaternitĂ© divine par laquelle la Vierge Marie est devenue la MĂšre de Dieu, amenant Dieu le Fils incarnĂ© dans le monde pour notre salut. Par ce mĂȘme mystĂšre, elle continue d’ĂȘtre le canal de toutes les grĂąces qui jaillissent sans cesse et de maniĂšre incommensurable du CƓur glorieux et transpercĂ© de son Divin Fils vers le cƓur de ses frĂšres et sƓurs, adoptĂ©s par le baptĂȘme, alors qu’ils cheminent sur terre vers leur demeure Ă©ternelle auprĂšs de Lui dans les cieux. Nous sommes les fils et les filles de Marie en son Fils, Dieu le Fils incarnĂ©. Avec une sollicitude maternelle, elle attire nos cƓurs vers son CƓur immaculĂ© et glorieux et les conduit vers Lui, vers son SacrĂ©-CƓur, et elle nous enseigne : « Faites tout ce qu’il vous dira. »

 

En la Bienheureuse Vierge Marie, nous voyons « la manifestation créée la plus parfaite » de la Sagesse Ă©ternelle de Dieu, Dieu le Fils, le Verbe Ă  l’Ɠuvre depuis le tout dĂ©but de la crĂ©ation et ordonnant toutes choses et, surtout, le cƓur humain en accord avec la perfection de Dieu, « Ă  la fois parce qu’elle est la « servante » particuliĂšrement fidĂšle du Seigneur et parce qu’en elle, en tant que MĂšre du Christ, le plan divin a trouvĂ© son accomplissement ». Elle est, selon les paroles inspirĂ©es du Livre de l’EcclĂ©siastique, « la mĂšre de l’amour, de la crainte, de la connaissance et de l’espĂ©rance sainte ». Nous sommes remplis d’espoir que Notre Seigneur, la Sagesse divine incarnĂ©e, entendant les priĂšres de la MĂšre de la grĂące divine qui est toujours en sa prĂ©sence, aura Ă©galement pitiĂ© de notre gĂ©nĂ©ration, rĂ©tablissant l’ordre d’amour Ă©crit par Dieu dans la crĂ©ation, Ă©crit par Dieu, avant tout, dans chaque cƓur humain. En nous efforçant, Ă  chaque instant de la journĂ©e, de reposer nos cƓurs dans le CƓur glorieux et transpercĂ© de JĂ©sus, nous annonçons au monde la vĂ©ritĂ© que le salut est venu dans le monde. Nous, unis dans notre cƓur au CƓur immaculĂ© et glorieux de Marie, attirons les autres vers le Christ, plĂ©nitude de la misĂ©ricorde et de l’amour de Dieu parmi nous, dans sa sainte Église.

 

Nous cĂ©lĂ©brons cette annĂ©e Ă  la fois le centenaire de l’apparition de l’Enfant JĂ©sus, avec Notre-Dame de Fatima, Ă  la vĂ©nĂ©rable servante de Dieu, sƓur LĂșcia dos Santos, le 10 dĂ©cembre 1925, et le centenaire de la publication de la lettre encyclique Quas Primas du pape Pie XI, qui a instituĂ© la fĂȘte du Christ Roi du Ciel et de la Terre dans l’Église universelle, le 11 dĂ©cembre 1925. Nous rendons ainsi tĂ©moignage Ă  la vĂ©ritĂ© que Notre Seigneur JĂ©sus-Christ est le Roi de tous les cƓurs par le mystĂšre de la Croix et que sa MĂšre vierge est la mĂ©diatrice par laquelle il amĂšne nos cƓurs Ă  demeurer toujours plus complĂštement dans son SacrĂ©-CƓur.

 

Dans l’apparition Ă  la vĂ©nĂ©rable servante de Dieu, sƓur LĂșciados Santos, Notre Seigneur nous a montrĂ© le CƓur douloureux et immaculĂ© de Notre Dame, couvert de nombreuses Ă©pines Ă  cause de notre indiffĂ©rence et de notre ingratitude, et Ă  cause de nos pĂ©chĂ©s. D’une maniĂšre particuliĂšre, Notre-Dame de Fatima dĂ©sire nous protĂ©ger du mal du communisme athĂ©e qui Ă©loigne les cƓurs du CƓur de JĂ©sus, seule source de salut, qui conduit les cƓurs Ă  se rebeller contre Dieu et contre l’ordre qu’Il a Ă©tabli dans Sa crĂ©ation et inscrit dans le cƓur de chaque homme.  À travers ses apparitions et le message qu’elle a confiĂ© aux petits bergers saints Francisco et Jacinta Marto, ainsi qu’à la vĂ©nĂ©rable LĂșcia dos Santos, qui s’adresse Ă  toute l’Église, Notre-Dame a dĂ©noncĂ© l’influence de la culture athĂ©e sur l’Église elle-mĂȘme, conduisant beaucoup Ă  l’apostasie, Ă  l’abandon des vĂ©ritĂ©s de la foi catholique.

 

En mĂȘme temps, Notre-Dame nous a demandĂ© de rĂ©parer avec amour nos offenses au SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus et Ă  son CƓur immaculĂ© par la dĂ©votion des premiers samedis, c’est-Ă -dire le premier samedi du mois, en confessant nos pĂ©chĂ©s, en recevant dignement la Sainte Communion, en priant cinq dizaines du Saint Rosaire et en tenant compagnie Ă  Notre-Dame en mĂ©ditant les mystĂšres du Saint Rosaire. Il ressort clairement du message de Notre-Dame que seule la foi, qui place l’homme dans une relation d’unitĂ© de cƓur avec le SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus, par l’intermĂ©diaire de son CƓur ImmaculĂ©, peut sauver l’homme des chĂątiments spirituels que la rĂ©bellion contre Dieu inflige nĂ©cessairement Ă  ses auteurs et Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ© et de l’Église. La dĂ©votion des premiers samedis est notre rĂ©ponse d’obĂ©issance Ă  notre MĂšre cĂ©leste qui ne manquera pas d’intercĂ©der pour toutes les grĂąces dont nous et notre monde avons dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin. La dĂ©votion n’est pas un acte isolĂ©, mais exprime un mode de vie, Ă  savoir la conversion quotidienne du cƓur au SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus sous la guidance et les soins maternels du CƓur douloureux et immaculĂ© de Marie, pour la gloire de Dieu et le salut des Ăąmes.

 

Lorsque nous rĂ©flĂ©chissons Ă  la rĂ©bellion contre le bon ordre et la paix dont Dieu dote chaque cƓur humain, conduisant le monde et mĂȘme l’Église Ă  une confusion, une division et une destruction toujours plus grandes des autres et de soi-mĂȘme, nous comprenons, comme l’a compris le pape Pie XI, l’importance de notre adoration du Christ sous son titre de Roi du Ciel et de la Terre. Cette adoration n’est pas une forme d’idĂ©ologie. Ce n’est pas l’adoration d’une idĂ©e ou d’un idĂ©al. C’est une communion avec le Christ Roi, en particulier Ă  travers la TrĂšs Sainte Eucharistie, par laquelle notre propre mission royale en Lui est comprise, embrassĂ©e et vĂ©cue. C’est la rĂ©alitĂ© dans laquelle nous sommes appelĂ©s Ă  vivre, la rĂ©alitĂ© de l’obĂ©issance Ă  la Loi de Dieu Ă©crite dans nos cƓurs et dans la nature mĂȘme de toutes choses. C’est la rĂ©alitĂ© de nos cƓurs, unis au CƓur ImmaculĂ© de Marie, reposant toujours plus complĂštement dans le TrĂšs Saint CƓur de JĂ©sus.

 

La messe pontificale est cĂ©lĂ©brĂ©e aujourd’hui selon la forme la plus ancienne du rite romain, l’Usus Antiquior. L’Église cĂ©lĂšbre le 18e anniversaire de la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum par lequel le pape BenoĂźt XVI a rendu possible la cĂ©lĂ©bration rĂ©guliĂšre de la messe selon cette forme utilisĂ©e depuis l’époque du pape saint GrĂ©goire le Grand. Ayant le privilĂšge de participer aujourd’hui au Saint Sacrifice de la messe, nous ne pouvons nous empĂȘcher de penser aux fidĂšles qui, tout au long des siĂšcles chrĂ©tiens, ont rencontrĂ© Notre Seigneur et ont approfondi leur vie en Lui, grĂące Ă  cette forme vĂ©nĂ©rable du rite romain. Beaucoup ont Ă©tĂ© inspirĂ©s Ă  pratiquer une saintetĂ© hĂ©roĂŻque, allant jusqu’au martyre. Ceux d’entre nous qui sont assez ĂągĂ©s pour avoir grandi en adorant Dieu selon l’Usus Antiquior ne peuvent s’empĂȘcher de considĂ©rer comment cela nous a inspirĂ©s Ă  garder notre regard fixĂ© sur JĂ©sus, en particulier dans la rĂ©ponse Ă  notre vocation dans la vie. Enfin, nous ne pouvons manquer de remercier Dieu pour la maniĂšre dont cette forme vĂ©nĂ©rable du rite romain a amenĂ© Ă  la foi et approfondi la vie de foi de tant de personnes qui ont dĂ©couvert pour la premiĂšre fois sa beautĂ© incomparable, grĂące Ă  la discipline Ă©tablie dans SummorumPontificum. Nous remercions Dieu que, grĂące Ă  Summorum Pontificum, toute l’Église en vienne Ă  comprendre et Ă  aimer toujours davantage le grand don de la liturgie sacrĂ©e telle qu’elle nous a Ă©tĂ© transmise, dans une ligne ininterrompue, par la Tradition sacrĂ©e, par les apĂŽtres et leurs successeurs. GrĂące Ă  la liturgie sacrĂ©e, notre adoration de Dieu « en esprit et en vĂ©ritĂ© », Notre Seigneur est avec nous de la maniĂšre la plus parfaite qui soit sur cette terre. C’est l’expression la plus excellente de notre vie en Lui. TĂ©moins aujourd’hui de la grande beautĂ© du rite de la messe, soyons inspirĂ©s et fortifiĂ©s pour reflĂ©ter cette beautĂ© dans la bontĂ© de notre vie quotidienne sous la protection maternelle de Notre-Dame.

 

Élevons maintenant nos cƓurs, unis au CƓur immaculĂ© de Marie, vers le CƓur glorieux et transpercĂ© de JĂ©sus, ouvert pour nous dans le sacrifice eucharistique par lequel Il rend sacramentellement prĂ©sent pour nous Son sacrifice au Calvaire. Élevons nos cƓurs, remplis de tant de joies et de douleurs, vers la source inĂ©puisable de la MisĂ©ricorde et de l’Amour divins, confiants que dans le CƓur eucharistique de JĂ©sus, nous serons confirmĂ©s dans la paix et fortifiĂ©s pour porter la croix de nos douleurs avec la confiance de la Vierge Marie. Ainsi, sous le regard maternel constant et misĂ©ricordieux de la Bienheureuse Vierge Marie, puissions-nous progresser fidĂšlement et de tout cƓur sur le chemin de notre pĂšlerinage terrestre vers notre demeure Ă©ternelle au Ciel.

 

Au nom du PĂšre, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

 

Raymond Leo Cardinal BURKE

4 Leçons Inattendues de Taybeh, le Dernier Village Chrétien de Cisjordanie

28/10/2025

4 Leçons Inattendues de Taybeh, le Dernier Village Chrétien de Cisjordanie

La vie Ă  Taybeh est marquĂ©e par une pression constante, une lutte sourde qui ne s'arrĂȘte pas avec les accords signĂ©s Ă  des kilomĂštres de lĂ . À travers les tĂ©moignages poignants de ses habitants relevĂ©s par Samuel Pruvost de Famille ChrĂ©tienne, ce village millĂ©naire nous offre quatre leçons surprenantes sur la rĂ©silience, la foi et la complexitĂ© d'un conflit oĂč la paix reste un horizon lointain.

 

Pour eux, le cessez-le-feu ne change presque rien
Si la trĂȘve Ă  Gaza est perçue comme une bonne nouvelle, son impact sur la vie pratique Ă  Taybeh est quasi nul. Pour les habitants, c'est un « poids psychologique » en moins, la fin des bombardements sur leurs « frĂšres », mais la rĂ©alitĂ© de leur isolement demeure inchangĂ©e. Le village reste encerclĂ© par les colonies juives d'Allosaurus, Kohav Hasor et Rimoni Ă  l'est, et Ofra et Amona Ă  l'ouest. Les restrictions de mouvement sont toujours en place, comme l'interdiction formelle de se rendre Ă  JĂ©rusalem depuis le 7 octobre 2023.


Cette stagnation est parfaitement résumée par Natalia, une jeune dentiste du village, dont les mots traduisent un soulagement teinté d'amertume :
« Le cessez-le-feu nous enlÚve un poids psychologique, parce que nos frÚres ne sont plus sous les bombes. Mais ça ne change rien du point de vue pratique. »
Pire encore, l'avenir immédiat suscite l'inquiétude. Sanad, le directeur de la radio Nabd El-Haya (« Le Pouls de la Vie »), craint que la situation n'empire avec l'arrivée potentielle en Cisjordanie des soldats stationnés à Gaza, réputés pour leur agressivité. Pour Taybeh, la fin des combats au loin ne signifie pas la fin de l'étau qui se resserre.

 

 La rĂ©sistance se fait par la biĂšre, l'emploi et les ondes radio
Face à une oppression qui s'exprime par un taux de chÎmage avoisinant les 60 % et des attaques de colons sur leurs oliveraies, la résilience de Taybeh prend des formes inattendues et créatives. C'est une résistance économique et culturelle menée pour simplement continuer d'exister.


Cette persĂ©vĂ©rance est incarnĂ©e par Madees, une quinquagĂ©naire nĂ©e Ă  Boston. Revenue pleine d'espoir en 1993 aprĂšs les accords d'Oslo, elle se prĂ©sente aujourd'hui fiĂšrement comme la « seule femme Ă  brasser de la biĂšre au Proche-Orient ». Sa brasserie familiale est un acte de foi en l'avenir. Dans le mĂȘme esprit, Abouna Bashar Fawadleh, le jeune curĂ© de la paroisse latine agissant en vĂ©ritable homme-orchestre, a créé plus de soixante-dix emplois pour freiner l'exode des familles, dont plus de dix sont parties depuis le 7 octobre. Enfin, la radio Nabd El-Haya diffuse en arabe, anglais et français, portant la voix de Taybeh bien au-delĂ  des collines qui l'enserrent.


Ces initiatives sont d'autant plus remarquables qu'elles naissent dans un contexte de privations profondes, comme le souligne Madees, dont l'optimisme d'antan a fait place à une lucidité amÚre :
« La vie Ă  Taybeh n’est pas comparable Ă  celle que vous avez en Europe : en Cisjordanie, vous n’avez pas de libertĂ©, vous ne pouvez pas aller prier Ă  JĂ©rusalem ni vous dĂ©tendre sur la plage Ă  Tel-Aviv ! »

 

Une amitiĂ© « impossible » entre un prĂȘtre et un colon
Au cƓur des tensions les plus vives, Abouna Jack Nobel Abed, curĂ© de la paroisse melkite catholique, dĂ©fend farouchement le droit de sa communautĂ© Ă  exister sur cette terre. Sa dĂ©termination est sans faille.
« Mais nos racines sont si profondes que ceux qui veulent nous dĂ©raciner subiront les feux de l’enfer ! »


Pourtant, cette posture intransigeante s'accompagne d'une philosophie surprenante : une « rĂ©sistance non violente » qui vise Ă  « faire tomber les murs qui sĂ©parent ». L'exemple le plus significatif est son amitiĂ© avec Jabo, un archĂ©ologue vivant dans la colonie voisine d'Ofra. Jabo a Ă©tĂ© tuĂ© l’annĂ©e derniĂšre dans le sud du Liban. Les deux hommes se retrouvaient pour discuter des textes bibliques, en Ă©vitant la politique. Abouna Jack Ă©tait le « seul arabe chrĂ©tien Ă  entrer dans la colonie ». Pour le premier anniversaire de son dĂ©cĂšs, la famille de Jabo a invitĂ© le prĂȘtre, preuve que ce lien unique, forgĂ© au cƓur de l'impossible, a laissĂ© une trace durable.

 

Le poids de l'histoire : vivre lĂ  oĂč JĂ©sus s'est rĂ©fugiĂ©
Taybeh n'est pas un village comme les autres. Ancienne citĂ© d'EphraĂŻm mentionnĂ©e dans l'Ancien Testament, son histoire est inscrite dans les pages de la Bible. C'est ici, dans cette « citĂ© refuge », que JĂ©sus lui-mĂȘme s'est retirĂ© avec ses disciples avant sa Passion, car il ne pouvait « circuler librement Ă  JĂ©rusalem » (Jn 11, 54). De ses 900 mĂštres d’altitude, on peut deviner les reliefs de la Jordanie, la vallĂ©e du Jourdain et le reflet lumineux de la mer Morte, un site stratĂ©gique depuis des millĂ©naires.

 

Ce parallÚle historique est saisissant : deux mille ans plus tard, les chrétiens palestiniens de Taybeh sont à leur tour interdits d'accÚs à la Ville sainte. Leur présence ici est un héritage vivant. Les oliviers de Nadim, qui remontent à l'époque romaine, en sont la preuve tangible, tout comme sa fiÚre déclaration face aux menaces :
« Mes ancĂȘtres vivent ici depuis six cents ans ! »

 

Cette richesse historique est malheureusement aussi une source de conflit. L'incendie criminel allumé par des colons prÚs des ruines de l'église byzantine Saint-Georges rappelle que chaque pierre, chaque arbre de cette terre est un enjeu. Vivre à Taybeh, c'est porter le poids et la fierté d'une histoire qui continue de s'écrire dans la douleur.

 

 

Taybeh est un lieu de paradoxes. C'est un refuge de foi et d'histoire profonde, mais aussi la ligne de front d'une lutte quotidienne pour la survie et la dignité. Ses habitants, par leurs initiatives économiques, leurs dialogues improbables et leur attachement viscéral à leur terre, montrent que la paix ne se décrÚte pas. Leur histoire pose une question essentielle qui résonne bien au-delà de leurs collines : quel avenir est possible pour une nation si son futur dépend d'un accord avec des voisins qui, eux, ne partiront jamais ?

Convertis de l'islam au christianisme les 3 révélations inattendues sur leur parcours

27/10/2025

Convertis de l'islam au christianisme  les 3 révélations inattendues sur leur parcours

Une vague de conversions plus profonde et spontanée qu'on ne l'imagine
Contrairement aux idĂ©es reçues, le nombre de musulmans demandant le baptĂȘme est significatif et en croissance constante. La ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques de France recense plus de 700 baptĂȘmes de personnes d'origine musulmane chaque annĂ©e, un chiffre que l'association Mission IsmĂ©rie estime mĂȘme Ă  1 700 pour l'annĂ©e 2025. Cette tendance est confirmĂ©e par la forte demande numĂ©rique : le mĂ©dia en ligne « La Rencontre », gĂ©rĂ© par l'association, a actuellement 500 demandes de contact en attente.
Le point le plus surprenant est que ce mouvement n'est pas le fruit d'une stratĂ©gie d'Ă©vangĂ©lisation active. Pour les observateurs, il s'agit d'une quĂȘte spirituelle personnelle et intĂ©rieure, un mystĂšre divin Ă  l'Ɠuvre. Comme le rĂ©sume Vincent Neymon, qui dirige Mission IsmĂ©rie, « c’est Ă©vident, Dieu travaille le cƓur des musulmans ».
« L’église constate que ce mouvement ne vient pas de ce qu’elle a mis en place, mais d’un Ă©lan intĂ©rieur de plus en plus grand. » - AbbĂ© Jean-RaphaĂ«l Dubrule

 


Le plus grand défi : trouver sa place dans sa nouvelle famille
Pour un converti, le dĂ©part de l'« oumma » (la communautĂ© musulmane) est souvent vĂ©cu comme une trahison, entraĂźnant le rejet de sa famille et parfois la perte de ses biens. Mais de maniĂšre contre-intuitive, le dĂ©fi le plus ardu se trouve souvent Ă  l'intĂ©rieur de l'Église elle-mĂȘme, qui devrait ĂȘtre leur nouveau foyer.
Les obstacles rencontrés dans les paroisses sont multiples et parfois dévastateurs :
‱ Des maladresses thĂ©ologiques graves. Certains prĂȘtres, voulant se montrer accueillants, assurent Ă  tort que le Coran et la Bible se ressemblent ou qu'Allah n'est pas diffĂ©rent de Dieu, sapant ainsi les fondements de la foi nouvelle du converti. Une erreur que Simon-Matthieu juge sĂ©vĂšrement : « C’est une incomprĂ©hension grave du sacrifice de la Croix et de la RĂ©demption, et c’est insuffler le doute dans le cƓur des catĂ©chumĂšnes. »
‱ Un accueil froid ou mĂ©fiant. Le parcours de Simon-Matthieu illustre ce risque : il a dĂ» changer de paroisse et en choisir une « assez Ă©loignĂ©e de chez moi, ce qui m’évitait des reprĂ©sailles ». Il a su qu'il avait trouvĂ© sa place quand, trĂšs simplement, « dĂšs le dĂ©but, on m’a demandĂ© de faire la quĂȘte ». Myriam tĂ©moigne aussi de la difficultĂ© persistante du « regard des gens » dans les Ă©glises oĂč elle n'est pas connue.
‱ Une diffĂ©rence culturelle mal comprise. Comme le souligne l'abbĂ© Dubrule, l'intĂ©gration de ces nouveaux convertis demande « un effort supplĂ©mentaire que les paroissiens ne saisissent pas toujours ».
Ce manque de préparation au sein des communautés peut avoir de lourdes conséquences, fermant la porte à ceux que Dieu envoie.
« Dieu fait son travail en se rĂ©vĂ©lant Ă  des musulmans, puis il nous les envoie. Le problĂšme, c’est que certaines paroisses leur ferment la porte sans le savoir. » - Responsable de la mission Ananie


Un cadeau inattendu : comment les convertis revitalisent l'Église
Face Ă  la solitude, Ă  l'incomprĂ©hension et aux difficultĂ©s matĂ©rielles, le risque pour ces nouveaux chrĂ©tiens est grand : « le risque est l’abandon ». Pourtant, lorsque ces dĂ©fis sont relevĂ©s et que l'accueil est authentique, l'arrivĂ©e de ces baptisĂ©s se rĂ©vĂšle ĂȘtre une source puissante de renouveau pour les communautĂ©s chrĂ©tiennes.
Portés par une foi ardente et un parcours souvent exigeant, ils insufflent une nouvelle énergie dans les paroisses. Leur « esprit missionnaire et communautaire » réveille des assemblées parfois installées dans leurs habitudes. En cherchant une nouvelle famille spirituelle, ils rappellent à tous l'importance fondamentale de la fraternité et de la ferveur.
« Ils enseignent l’amour de l’Église, qui souvent s’attiĂ©dit chez les catholiques. » - Vincent Neymon

Pour conclure, le parcours d'un converti de l'islam ne s'arrĂȘte pas au baptĂȘme ; il marque le dĂ©but d'un chemin d'intĂ©gration complexe qui met l'Église elle-mĂȘme au dĂ©fi. Face Ă  ces parcours, la question n'est plus seulement de savoir comment accueillir l'autre, mais comment se laisser transformer par son arrivĂ©e.

Assez de confusion !

25/10/2025

Assez de confusion !

Dans une interview exclusive avec Per Mariam, l'Ă©vĂȘque Athanasius Schneider a averti que l'Église catholique connaĂźt « une confusion de foi sans prĂ©cĂ©dent » et a demandĂ© au pape LĂ©on XIV un acte magistĂ©riel qui rĂ©affirmerait la doctrine et restaurerait la clartĂ© perdue au cours des derniĂšres dĂ©cennies.


« Le pape doit affermir toute l’Église dans la foi ; c’est sa premiĂšre tĂąche », a rappelĂ© Schneider, « une mission que Dieu lui-mĂȘme a confiĂ©e Ă  Pierre et Ă  ses successeurs. »


Le prĂ©lat, auxiliaire d'Astana (Kazakhstan), a soulignĂ© que l'Église est « plongĂ©e dans un brouillard doctrinal » qui affecte la foi, la morale et la liturgie, affaiblissant ainsi l'identitĂ© catholique. « Nous ne pouvons pas continuer Ă  avancer dans la confusion. Cela va Ă  l'encontre du Christ lui-mĂȘme et de l'Évangile. Le Christ est venu nous apporter la vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© signifie la clartĂ© », a-t-il affirmĂ© avec fermetĂ©.Pour Schneider, la solution rĂ©side dans un geste public du pape rĂ©affirmant l'intĂ©gritĂ© de la foi catholique. À cet Ă©gard, il a proposĂ© un document similaire au Credo du Peuple de Dieu promulguĂ© par saint Paul VI en 1968, en pleine crise postconciliaire.


AprĂšs plus de cinquante ans, la confusion s'est accrue, au lieu de diminuer, surtout durant le dernier pontificat. Un tel acte constituerait l'un des plus grands gestes de charitĂ© du pape envers ses enfants spirituels et ses frĂšres Ă©vĂȘques.

 


« Fiducia Supplicans » et la confusion autour des bĂ©nĂ©dictions pour les couples de mĂȘme sexe

InterrogĂ© sur le document Fiducia Supplicans et les rĂ©centes dĂ©clarations du pape LĂ©on XIV sur l'« accueil des personnes », Schneider s'est montrĂ© catĂ©gorique. Selon lui, le texte du DicastĂšre pour la doctrine de la foi « doit ĂȘtre aboli » car il introduit une ambiguĂŻtĂ© sur une question morale essentielle Ă  la vie de l'Église.


Le document fait expressĂ©ment rĂ©fĂ©rence aux “couples de mĂȘme sexe”. Bien qu’il affirme que ce ne sont pas leurs relations qui sont bĂ©nies, mais les personnes elles-mĂȘmes, elles sont indissociables. C’est un jeu de mots qui prĂȘte Ă  confusion et suggĂšre que l’Église approuve de telles unions.


L'Ă©vĂȘque a rappelĂ© que l'Église a toujours bĂ©ni les pĂ©cheurs qui cherchent sincĂšrement la conversion, mais n'a jamais bĂ©ni une situation contraire Ă  la loi de Dieu. « Nous ne pouvons pas bĂ©nir ce qui contredit la crĂ©ation et la volontĂ© divine », a-t-il soulignĂ©.


Dieu accepte tout le monde, mais appelle Ă  la repentance. Accepter les pĂ©cheurs sans les inviter Ă  changer n'est ni la voie de Dieu ni celle de l'Évangile.


Le prĂ©lat a expliquĂ© que le vĂ©ritable accueil chrĂ©tien consiste Ă  accompagner avec charitĂ© ceux qui souhaitent abandonner le pĂ©chĂ©, et non Ă  les confirmer dans leur erreur. « Nous devons leur dire : "Vous ĂȘtes les bienvenus, mais ce que vous vivez ne correspond pas Ă  la volontĂ© de Dieu. Nous vous aiderons Ă  Ă©chapper au mal, mĂȘme si cela prend du temps." VoilĂ  le vĂ©ritable amour », a-t-il soulignĂ©. Enfin, il a mis en garde contre la participation de clercs ou de fidĂšles Ă  des mouvements qui cherchent Ă  modifier la morale rĂ©vĂ©lĂ©e :


Nous ne pouvons pas participer à des organisations qui visent à modifier les commandements de Dieu. Soutenir leurs objectifs serait une trahison de l'Évangile et de la mission de l'Église de sauver les ñmes.


« Marcher ensemble » signifie pĂšlerinage vers le Christ, et non s’adapter au monde

Concernant le concept de « marcher ensemble », si souvent répété dans le processus synodal, Schneider a averti que sa véritable signification a été déformée et doit revenir à ses racines christologiques.


La synodalitĂ© signifie cheminer vers le Christ, qui est la Voie, la VĂ©ritĂ© et la Vie. L'Église ne peut pas parler pour elle-mĂȘme, mais transmet fidĂšlement ce que le Christ a rĂ©vĂ©lĂ©.


L'Ă©vĂȘque a expliquĂ© que l'Église est militante, appelĂ©e Ă  combattre l'erreur, le pĂ©chĂ© et la confusion spirituelle. « L'Église sur terre est une Église combattante. Nous luttons contre nos mauvais penchants, contre le diable et contre l'esprit du monde », a-t-il rappelĂ©, citant saint Paul et saint Jean.Pour Schneider, le sens de « marcher ensemble » ne consiste pas dans l’écoute sociologique ou l’adaptation au monde, mais dans la communion des fidĂšles qui cheminent vers la JĂ©rusalem cĂ©leste.


« Marcher ensemble signifie avancer comme un cortĂšge de croyants qui savent en qui ils ont cru, qui professent clairement la vĂ©ritĂ© et l’expriment dans la beautĂ© de la liturgie. »


Le prélat a également mis en garde contre la présence de « faux prophÚtes au sein de la communauté ecclésiale » qui égarent les fidÚles du droit chemin. Il a donc appelé à la vigilance et à la fermeté doctrinale.
« La synodalitĂ© doit servir Ă  proclamer plus clairement la beautĂ© de la vĂ©ritĂ© du Christ et Ă  Ă©viter toute ambiguĂŻtĂ©. L'Église doit adorer Dieu par une liturgie digne et sacrĂ©e, tĂ©moignage visible de sa foi », a-t-il insistĂ©.


Le Seigneur n'a pas dit : “Écoutez les gens et demandez-leur leur avis.” Il a dit : “Allez proclamer la vĂ©ritĂ©.” Le pape et les Ă©vĂȘques ont la lourde tĂąche de proclamer la vĂ©ritĂ© avec amour et fermetĂ©, pour libĂ©rer l'humanitĂ© du mal.

 

Source et ITW complĂšte sur INFOVATICANA

Le cardinal Burke dénonce les falsifications IA qui lui attribuent de faux propos sur Léon XIV

24/10/2025

Le cardinal Burke dénonce les falsifications IA qui lui attribuent de faux propos sur Léon XIV

Le cardinal Burke rétablit la vérité
Par l’IA, l’ùre de la post-vĂ©ritĂ© et le rĂšgne du mensonge a fait un saut qualitatif brusque : il a suffi de quelques mois pour que les pouvoirs qu’elle donnent aient Ă©tĂ© mis au service de la division, de la tromperie et de l’agit-prop. Les falsifications sont aujourd’hui lĂ©gion.

Aussi le cardinal Burke, dans le message qu’il lit intĂ©gralement et solennellement, dĂ©nonce-t-il le « pĂ©chĂ© grave » que constitue une telle manipulation mensongĂšre, y voyant la main du « pĂšre du mensonge ». « Ces productions falsifiĂ©es portent la marque indiscutable du Malin, qui cherche toujours Ă  semer la confusion parmi les fidĂšles et Ă  dresser les frĂšres les uns contre les autres au sein du Corps mystique du Christ », affirme-t-il.

 

Les falsifications IA et la « marque du Malin »
Certes ce sont ici des hommes qui utilisent l’IA pour le mal. Mais quel outil de rĂȘve pour Satan et ses anges mauvais, permettant des inspirations au mal d’un pouvoir inĂ©dit !

 

 

Voici le texte intĂ©gral du message du cardinal Burke, visible ici sur X. – J.S.

 

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Frùres et sƓurs dans le Christ,

Concernant les fausses vidĂ©os et images qui circulent en ligne, j’ai appris que certaines productions trompeuses sont diffusĂ©es, qui m’attribuent des propos d’opposition Ă  Sa SaintetĂ©, le pape LĂ©on XIV. Ces publications prĂ©tendent que j’aurais adressĂ© une prĂ©tendue « rĂ©primande » au Saint-PĂšre, concernant son enseignement et sa gouvernance de l’Eglise. Je dĂ©clare trĂšs clairement que ces affirmations sont totalement fausses. Je n’ai fait aucune dĂ©claration de ce genre, ni donnĂ© aucune allocution ou interview qui ressemble de prĂšs ou de loin Ă  ce qui est dĂ©crit.

Ces vidĂ©os sont des fabrications, des Ɠuvres trompeuses produites par la manipulation technologique de mon image afin de transmettre des messages que je n’ai jamais prononcĂ©s. L’utilisation dĂ©libĂ©rĂ©e du mensonge pour semer la division au sein de l’Eglise est un pĂ©chĂ© grave. Notre Seigneur lui-mĂȘme enseigne que le diable « a Ă©tĂ© meurtrier dĂšs le commencement, et qu’il n’a rien Ă  voir avec la vĂ©ritĂ©, car il n’y a pas de vĂ©ritĂ© en lui. Quand il ment, il parle selon sa propre nature, car il est menteur et pĂšre du mensonge » (Jn 8, 44). Ces productions falsifiĂ©es portent la marque indiscutable du Malin, qui cherche toujours Ă  semer la confusion parmi les fidĂšles et Ă  dresser les frĂšres les uns contre les autres au sein du Corps mystique du Christ.

Je dĂ©clare donc publiquement et sans Ă©quivoque mon obĂ©issance, mon amour filial et mon respect inĂ©branlable pour le Souverain Pontife, le pape LĂ©on XIV, Vicaire du Christ sur terre. L’unitĂ© de l’Eglise autour du Successeur de Saint Pierre est voulue par Notre Seigneur lui-mĂȘme et elle est essentielle Ă  l’intĂ©gritĂ© de notre foi catholique. J’exhorte tous les fidĂšles Ă  prĂȘter une attention particuliĂšre Ă  l’enseignement authentique du Saint-PĂšre, et non aux voix de la division qui dĂ©forment la vĂ©ritĂ© Ă  des fins mondaines et sĂšment les graines du scandale parmi les Ăąmes.

RĂ©pondons Ă  cette situation non pas par la colĂšre ou la dĂ©fiance, mais par la foi et la priĂšre. Le premier recours du chrĂ©tien dans chaque Ă©preuve est toujours le CƓur de JĂ©sus, qui vainc le mensonge par la puissance de sa vĂ©ritĂ© et de son amour. Je vous demande donc de prier avec ferveur pour ceux qui crĂ©ent et rĂ©pandent de telles tromperies, afin que, touchĂ©s par la grĂące divine, ils passent des tĂ©nĂšbres Ă  la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©, de l’esclavage du mensonge Ă  la libertĂ© de la conversion, et se rĂ©concilient avec Dieu, riche en misĂ©ricorde et abondant en amour constant.

 

Cardinal Raymond Burke
 

Traduction par Jeanne Smits sur RITV

Le rÎle des élites ecclésiastiques dans le suicide de l'Europe

24/10/2025

Le rÎle des élites ecclésiastiques dans le suicide de l'Europe

J'ai choisi, chers amis lecteurs, de ne pas publier ici l'article de Rod Dreher, du fait qu'il utilise avec agressivité des exemples - par ailleurs bien vus - pour illustrer ses propos. Ce n'est pas trÚs charitable, j'en fais donc une recension mais je vous laisse en juger si vous le voulez, c'est ici

Il faut savoir que Rod Dreher est un déçu du catholicisme, car venant du mĂ©thodisme, il s'est converti Ă  notre religion qu'il a finalement trouvĂ©e trop "fĂ©minine", pour enfin, Ă  la suite de ses recherches sur son dernier livre (1), se rapprocher de l'orthodoxie, plus radicale, plus combative. 
Par ailleurs, il faut garder à l'esprit que Rod Dreher est à l'origine de la conversion au catholicisme de son ami JD Vance, vice-président US (Wikipédia) et que de ce fait sa pensée révélée par son premier best-seller traduit en France (2) prend une importance non négligeable qui devrait rejaillir chez nous dans quelques années. Sa rencontre avec Thibault de Montbrial nous concerne tout particuliÚrement.

 

Voici donc dans les grandes lignes ce que nous dit Rod Dreher sur son blog :

Une anxiĂ©tĂ© diffuse mais profonde plane sur l'avenir de l'Europe. Au-delĂ  des gros titres et des crises politiques quotidiennes, beaucoup pressentent que le continent est Ă  la croisĂ©e des chemins, confrontĂ© Ă  des changements fondamentaux qui remettent en question son identitĂ© et sa survie mĂȘme. Cette inquiĂ©tude, souvent inexprimĂ©e, tĂ©moigne d'une rupture silencieuse avec les certitudes d'hier.


Plus que de simples turbulences passagĂšres, ces secousses rĂ©vĂšlent des failles structurelles profondes. Dreher et Montbrial explorent quatre constats qui, mis bout Ă  bout, dessinent les contours d'un effondrement : une menace sĂ©curitaire imminente, un vide spirituel bĂ©ant, une Église paralysĂ©e de l'intĂ©rieur et des Ă©lites accusĂ©es de trahison.


Thibault de Montbrial, expert en sécurité prévient : l'Europe doit se préparer à la violence de masse

L'un des avertissements les plus frappants a été formulé par Thibault de Montbrial, un avocat français de premier plan, profondément impliqué dans l'appareil de sécurité nationale. Selon lui, l'Europe occidentale doit se préparer à des violences de masse d'une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, pouvant s'apparenter à des guerres civiles.


Il est crucial de souligner que cette prĂ©diction ne provient pas d'un extrĂ©miste isolĂ©, mais d'une figure crĂ©dible et respectĂ©e de l'establishment de la sĂ©curitĂ© nationale. EngagĂ© professionnellement dans la lutte contre l'islamisme, Thibault de Montbrial vit lui-mĂȘme sous protection policiĂšre armĂ©e depuis neuf ans. Son analyse est si sensible que les services de renseignement français ont exigĂ© qu'il soit accompagnĂ© d'un agent armĂ© en civil pour ce dĂ©placement en Croatie, un fait qui ancre son analyse dans une rĂ©alitĂ© tangible et pĂ©rilleuse.


Mais cette menace sécuritaire n'est, selon les participants, que le symptÎme d'un mal plus profond.

 

Le vrai problĂšme n'est pas politique, mais culturel et spirituel
Pour Montbrial, les solutions purement politiques ou sĂ©curitaires sont insuffisantes car elles ne traitent pas le mal Ă  la racine. Le cƓur du problĂšme serait un effondrement culturel profond – ce que l'Ă©crivain Renaud Camus nomme « La Grande DĂ©culturation ». L'Europe, en perdant la connexion avec son passĂ© et son identitĂ©, a créé un vide existentiel.


Ce vide rend sa jeunesse particuliÚrement vulnérable au recrutement par des groupes, comme les islamistes, qui proposent un récit, une identité et une culture forte. Cette idée a été cristallisée par une formule percutante entendue durant le sommet, soulignant la racine religieuse de toute culture :
« au cƓur de la culture se trouve le culte, ou la religion. »


Cette perspective pose un choix binaire et radical pour l'avenir du continent : l'Europe se rechristianisera ou elle s'islamisera. Selon cette analyse, il n'existe pas de troisiĂšme voie stable.


Si la crise est spirituelle, l'institution historiquement chargĂ©e de l'Ăąme de l'Europe est elle-mĂȘme jugĂ©e incapable de rĂ©pondre au dĂ©fi.


Une chrétienté « féminisée » est incapable de se défendre


Un autre argument, soulevé par un catholique croate et partagé par plusieurs participants, est que le christianisme occidental souffre d'un « grave déséquilibre en faveur du féminin ». ConcrÚtement, cela se traduirait par une survalorisation de vertus comme la « compassion » et l'« accueil », au détriment des « vertus masculines » jugées nécessaires à la défense, à la résilience et à l'affirmation de soi.


Ce dĂ©sĂ©quilibre aurait transformĂ© l'Église en une institution qui peine Ă  attirer et Ă  retenir les hommes, qui sentent que leurs vertus naturelles y sont plus souvent rĂ©primĂ©es que dĂ©veloppĂ©es et mises au service du sacrĂ©. L'argument central a Ă©tĂ© rĂ©sumĂ© de maniĂšre lapidaire :
"The feminization of Western Christianity is leading to its suicide in Europe."
(La féminisation du christianisme occidental conduit à son suicide en Europe.)


Un contraste a Ă©tĂ© Ă©tabli avec le christianisme orthodoxe, dĂ©crit comme ayant rĂ©ussi Ă  rester « masculin sans ĂȘtre macho » et continuant de rĂ©vĂ©rer ses saints guerriers, maintenant ainsi un Ă©quilibre jugĂ© plus robuste.


Cette paralysie interne de l'Église est vue comme une partie d'un problùme plus large : celui de la faillite des institutions dirigeantes.


Les élites, y compris religieuses, sont accusées de trahir leur propre peuple
La critique la plus virulente a Ă©tĂ© dirigĂ©e contre les Ă©lites europĂ©ennes, y compris les plus hauts dirigeants de l'Église, incarnĂ©s ici par le pape lui-mĂȘme. Leur insistance sur l'accueil inconditionnel des migrants est perçue comme un abandon de leur propre troupeau, les EuropĂ©ens de souche, dont les inquiĂ©tudes et les souffrances (liĂ©es notamment Ă  la criminalitĂ© migratoire) seraient systĂ©matiquement ignorĂ©es.


Le roman Le Camp des Saints de Jean Raspail, souvent qualifiĂ© de pamphlet raciste, a Ă©tĂ© citĂ© par les participants comme une Ɠuvre « totalement prophĂ©tique ». L'analyse la plus choquante tirĂ©e du livre n'est pas la description de l'arrivĂ©e massive de migrants, mais l'identification des vĂ©ritables responsables : non pas les nouveaux arrivants, mais les Ă©lites occidentales – Ă©vĂȘques et prĂȘtres inclus. Ils capitulent non par faiblesse, mais par une forme de « haine de soi civilisationnelle », cherchant rĂ©demption dans la soumission Ă  l'Autre.


Le roman se conclut sur une scĂšne oĂč le gouvernement français ordonne Ă  sa propre armĂ©e de l'air de bombarder une poignĂ©e de patriotes français qui tentent de rĂ©sister, une allĂ©gorie puissante du thĂšme de la trahison des Ă©lites contre leur propre peuple.



Le tableau brossĂ© par ces quatre constats est sombre : un continent au bord de possibles conflits internes, vidĂ© de sa substance spirituelle, dotĂ© d'une Église affaiblie et dirigĂ© par des Ă©lites perçues comme dĂ©connectĂ©es, voire hostiles, aux peuples qu'elles sont censĂ©es guider.
Face Ă  ce diagnostic, la question demeure : l'Europe trouvera-t-elle la volontĂ© de redĂ©couvrir son Ăąme avant qu'il ne soit trop tard, ou le dĂ©clin est-il dĂ©sormais inĂ©luctable ? En observant les pĂšlerinages qui s'organisent partout et le nombre de baptĂȘmes d'adultes en grande augmentation, comment ne pas penser Ă  la prophĂ©tie de St Pie X sur la France :

Un jour viendra, et nous espĂ©rons qu’il n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©, oĂč la France, comme SaĂŒl sur le chemin de Damas, sera enveloppĂ©e d’une LumiĂšre CĂ©leste et entendra une voix qui lui rĂ©pĂ©tera : « Ma Fille, pourquoi Me persĂ©cutes-tu ? ». Et, sur sa rĂ©ponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix rĂ©pliquera : « Je suis JĂ©sus, que tu persĂ©cutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-mĂȘme » . Et elle, tremblante, Ă©tonnĂ©e, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ». Et Lui : « LĂšve-toi, lave-toi des souillures qui t’ont dĂ©figurĂ©e, rĂ©veille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille AĂźnĂ©e de l’Eglise, nation prĂ©destinĂ©e, vase d’élection, va porter, comme par le passĂ©, Mon Nom devant tous les peuples et devant les rois de la Terre ».

Allocution du 29 novembre 1911

 

La pĂ©riode que nous vivons ressemble Ă  plus d'un titre Ă  l'effondrement de l'empire romain et des invasions barbares.  L'historienne Anne Bernet nous dit Ă  ce sujet : "À vues humaines, l'Eglise, le catholicisme Ă©tait condamnĂ©. Or, ce fut le contraire qui arriva [...] les barbares se convertirent. Ce retournement improbable fut l'oeuvre d'une poignĂ©e d'Ă©vĂȘques gallo-romains [...] les prĂ©lats de Gaules, face au danger, comprenant que l'envahisseur ne partirait plus, dĂ©cidĂšrerent de l'amener Ă  la foi chrĂ©tienne et Ă  l'idĂ©e civilisatrice qui l'accompagnait"(3)

C'est clair, non ?
Nos chers Ă©vĂȘques ont la clĂ©. Eux seuls, quand ils en prendront conscience.

 

 

Kyrie Eleison !

 

 

 

 

 

 

(1) Résister au mensonge : Vivre en chrétiens dissidents Ed. ArtÚge

(2) Comment ĂȘtre chrĂ©tien dans un monde qui ne l'est plus : Le pari bĂ©nĂ©dictin Ed ArtĂšge

(3) Marie Reine de France p.11 & 12 - Anne Bernet - Via Romana  

 

Illustration : « Sverd i fjell » monument commĂ©morant la bataille de Hafrsfjord qui se dĂ©roula dans le fjord du mĂȘme nom en juillet 812 et opposa plusieurs chefs vikings. La victoire de Harald Ier conduisit Ă  l’unification de la NorvĂšge. Le monument symbolise la mĂ©moire des conflits passĂ©s, l’union et son importance pour prĂ©server la paix. Source : Pixabay, Konstantins Jaunzems.

Division au sein de l’anglicanisme

23/10/2025

Division au sein de l’anglicanisme

L’anglicanisme se divise : huit anglicans sur dix rompent leurs relations avec Canterbury aprĂšs l’élection de la premiĂšre femme Ă  la tĂȘte de l’Église.

 

 Dans la pratique, cela signifie que le GAFCON agira dĂ©sormais comme le centre mondial de facto de l’orthodoxie anglicane. Il prĂ©voit de former un nouveau Conseil des primats et d’élire un leader qui prĂ©sidera le groupe, lequel servira de primus inter pares (premier parmi ses pairs) au sein de cette communion reconstituĂ©e.  

 

Le monde anglican a pris conscience d’une rupture historique lorsque la ConfĂ©rence mondiale sur l’avenir anglican (GAFCON) a officiellement rompu ses liens avec Canterbury et l’Église d’Angleterre, dĂ©clarant qu’elle ne pouvait plus « rester en communion avec ceux qui ont abandonnĂ© la Parole infaillible de Dieu comme leur autoritĂ© ultime ».  

 

La dĂ©claration, publiĂ©e le 16 octobre et signĂ©e par l’archevĂȘque Laurent Mbanda du Rwanda, prĂ©sident du GAFCON et primat de l’Église anglicane du Rwanda, marque la fracture la plus dĂ©cisive de l’anglicanisme depuis sa naissance au XVIᔉ siĂšcle. Avec cette dĂ©claration, les Églises membres du GAFCON, qui reprĂ©sentent environ 80 % des anglicans dans le monde, ont redessinĂ© la carte de l’anglicanisme mondial.  

 

Au cƓur du conflit se trouve la rĂ©cente Ă©lection de Sarah Mullally par l’Église d’Angleterre comme premiĂšre archevĂȘque de Canterbury. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© saluĂ©e Ă  Londres comme une avancĂ©e historique vers l’inclusion, mais condamnĂ©e par de nombreux anglicans en Afrique, en Asie et en AmĂ©rique latine comme une capitulation face aux pressions culturelles sĂ©culiĂšres. «Ce choix abandonne les anglicans du monde entier, a dĂ©clarĂ© Mbanda au dĂ©but du mois, en nommant une dirigeante qui divisera encore davantage une communion dĂ©jĂ  divisĂ©e. »  

 

Aujourd’hui, le GAFCON a mis sa menace Ă  exĂ©cution. Son communiquĂ© rejette non seulement l’archevĂȘque de Canterbury en tant qu’« instrument de communion », mais renonce Ă©galement Ă  participer Ă  toutes les structures anglicanes mondiales traditionnellement liĂ©es Ă  cette fonction: la ConfĂ©rence de Lambeth, le Conseil consultatif anglican et la RĂ©union des primats. «Ces organismes, affirme la dĂ©claration, ont cessĂ© de dĂ©fendre la doctrine et la discipline de notre foi. »  

 

À la place, le GAFCON annonce une rĂ©organisation audacieuse de l’identitĂ© anglicane : « Nous sommes dĂ©sormais la Communion anglicane mondiale. »  

 

FondĂ© en 2008 Ă  JĂ©rusalem comme mouvement d’« anglicans confessants », le GAFCON est nĂ© en rĂ©ponse Ă  ce que ses membres percevaient comme une dĂ©rive morale et thĂ©ologique de l’Église d’Angleterre et de l’Église Ă©piscopale des États-Unis, en particulier sur les questions de sexualitĂ©, de genre et d’autoritĂ© biblique. Depuis ses dĂ©buts, le slogan du mouvement Ă©tait le repentir : un appel aux dirigeants anglicans ayant embrassĂ© la thĂ©ologie rĂ©visionniste Ă  revenir Ă  l’autoritĂ© des Écritures. Cet appel, selon le GAFCON, est restĂ© ignorĂ© pendant prĂšs de deux dĂ©cennies.  

 

Le manifeste du groupe, intitulĂ© L’avenir est arrivĂ©, rĂ©affirme que le seul fondement authentique de la communion est « l’Écriture sainte : traduite, lue, prĂȘchĂ©e, enseignĂ©e et Ă  qui l’on obĂ©it dans son sens simple et canonique, fidĂšle Ă  la lecture historique et consensuelle de l’Église ». 

Division au sein de l’anglicanisme

 

ConcrĂštement, cela signifie que le GAFCON agira dĂ©sormais comme le centre mondial de facto de l’orthodoxie anglicane. Il prĂ©voit de former un nouveau Conseil des primats et d’élire un leader qui prĂ©sidera le groupe, lequel servira de primus inter pares au sein de cette communion reconstituĂ©e. La premiĂšre rĂ©union organisationnelle est prĂ©vue pour mars 2026 Ă  Abuja, au Nigeria.

 

 La portĂ©e mondiale du GAFCON est impressionnante. Ses provinces membres s’étendent Ă  travers toute l’Afrique, du Nigeria au Kenya et Ă  l’Ouganda, en passant par le Soudan, le Rwanda et la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, et comprennent des Églises en pleine expansion en Asie, en AmĂ©rique latine et dans le Pacifique. Ensemble, elles reprĂ©sentent prĂšs de 49 millions d’anglicans. En Occident, il a Ă©galement inspirĂ© une constellation de congrĂ©gations et de rĂ©seaux dissidents, notamment aux États-Unis, en Europe et en Australie, formĂ©s par des anglicans qui rejettent les politiques progressistes sur le mariage, la sexualitĂ© et l’ordination.  

 

La division n’est pas seulement thĂ©ologique, mais aussi ecclĂ©siologique. Le GAFCON insiste sur le fait qu’il n’abandonne pas l’anglicanisme, mais qu’il le rĂ©cupĂšre, en restaurant ce qu’il appelle la « structure originale » de la communion : une communautĂ© de provinces autonomes soumises non pas Ă  la bureaucratie institutionnelle, mais aux formulaires de la RĂ©forme — les Trente-neuf Articles, le Livre de priĂšre commune et l’Ordinal. Dans cette vision, Canterbury n’est plus le centre spirituel de l’unitĂ© anglicane, mais simplement une province parmi d’autres.  

 

Pour l’Église d’Angleterre, cette rupture est un coup dur tant sur le plan symbolique que pratique. L’archevĂȘque de Canterbury, historiquement reconnu comme primus inter pares parmi les primats anglicans, a toujours Ă©tĂ© une rĂ©fĂ©rence morale et spirituelle. Avec le retrait du GAFCON, ce centre moral se dĂ©place vers le Sud — Ă  Lagos, Kampala, Kigali et Nairobi — oĂč l’anglicanisme reste dynamique et en pleine croissance.  

 

Les implications dĂ©passent les frontiĂšres anglicanes. Cette dĂ©cision souligne un rĂ©alignement plus large au sein du christianisme mondial, oĂč la croissance dĂ©mographique et l’autoritĂ© thĂ©ologique migrent vers le Sud. Pour de nombreux observateurs, elle reflĂšte des tensions visibles depuis longtemps dans d’autres traditions chrĂ©tiennes : la lutte pour trouver un Ă©quilibre entre l’adaptation culturelle et la fidĂ©litĂ© doctrinale.  

 

Pendant ce temps, le Vatican observera attentivement la situation. En 2009, le pape BenoĂźt XVI a créé les ordinariats personnels, des juridictions spĂ©ciales pour les anglicans souhaitant entrer en pleine communion avec l’Église catholique tout en conservant leur hĂ©ritage liturgique. Cependant, ces ordinariats sont restĂ©s modestes — Ă  peine 5 000 membres dans trois rĂ©gions. La dĂ©claration du GAFCON confirme que la majoritĂ© des anglicans conservateurs prĂ©fĂšrent rĂ©former l’anglicanisme de l’intĂ©rieur plutĂŽt que de traverser le Tibre.

 

Il n’est pas certain que l’affirmation du GAFCON selon laquelle il reprĂ©sente « la vĂ©ritable Communion anglicane » soit reconnue par d’autres. Mais ses dirigeants sont convaincus que l’histoire — et les Écritures — sont de leur cĂŽtĂ©.  

 

« La restauration de notre communion bien-aimĂ©e est dĂ©sormais entre nos mains », a dĂ©clarĂ© Mgr Mbanda. « Nous existons, nous rĂ©sistons et nous sommes prĂȘts Ă  diriger. »

 

Source : Agence ZENIT

 

LA MESSE TRÉSOR DE LA FOI, ÉPISODE 6 : L'ENCENSEMENT DE L'AUTEL ET L'INTROÏT

22/10/2025

LA MESSE TRÉSOR DE LA FOI, ÉPISODE 6 : L'ENCENSEMENT DE L'AUTEL ET L'INTROÏT

Comme pour chaque vidĂ©o, vous pouvez trouver sur notre site un article plus dĂ©taillĂ©, pour vous permettre d’approfondir les diffĂ©rents thĂšmes de notre Ă©pisode : https://claves.org/lencensement-de-la...

 

Dans cette vidĂ©o, aprĂšs les priĂšres au bas de l’autel, nous poursuivons le dĂ©roulĂ© de la messe en approfondissant l’origine et le sens des encensement de l’autel et de l’IntroĂŻt, l’antienne qui accompagne la montĂ©e Ă  l’autel du prĂȘtre. Nous parlerons de la doxologie (le Gloria Patri) qui termine ce chant en exprimant la gloire du Dieu un et trine, d’une importance dogmatique et historique majeure, notamment face aux hĂ©rĂ©sies concernant la Sainte TrinitĂ©. 

 

 

Nous remercions :
Alexandre Manzaroli et AurĂ©lien Fillola pour le conseil, le tournage et la rĂ©alisation de l’ensemble des vidĂ©os de la sĂ©rie. 
Le monastĂšre Notre-Dame de l’Annonciation (Le Barroux) pour la possibilitĂ© d’utiliser ses magnifiques mĂ©lodies grĂ©goriennes. 
La chorale de la Basilique Notre-Dame de Fribourg pour ses enregistrements de grande qualité.

 

Bon visionnage et Ă  trĂšs vite, pour une nouvelle vidĂ©o de “La Messe, trĂ©sor de la foi”.

 

L'ex-patron de la DGSE alerte : 5 vérités chocs sur l'avenir de la France

21/10/2025

L'ex-patron de la DGSE alerte : 5 vérités chocs sur l'avenir de la France

Loin de rassurer ou de confirmer les craintes habituelles, son analyse, froide et mĂ©thodique, propose un diagnostic encore plus complexe, et peut-ĂȘtre plus inquiĂ©tant. Cet article distille les cinq points les plus surprenants et percutants de son intervention, qui bousculent les idĂ©es reçues sur l'avenir du pays.

 

1. Oubliez la "guerre civile", ce qui nous attend est une "confrontation interne"
Pour Pierre Brochand, le terme "guerre civile" est inadéquat pour décrire la situation. Il explique qu'une guerre civile, historiquement, oppose des factions "autochtones" pour le contrÎle du pouvoir. Or, selon lui, le conflit qui se dessine en France est fondamentalement "importé".

Il soutient que la violence politique et sociale entre les citoyens "de souche" n'est plus une rĂ©alitĂ©. Pour ces derniers, les grands conflits idĂ©ologiques sont terminĂ©s, au sens oĂč l'entendait le philosophe Francis Fukuyama : leurs diffĂ©rends se rĂšglent dĂ©sormais dans les urnes, sans basculer dans l'affrontement. Il prĂ©fĂšre ainsi parler de "confrontation interne", une situation hybride oĂč la gĂ©opolitique pĂšse autant que la politique, brouillant les lignes entre un conflit civil et une guerre Ă©trangĂšre, alimentĂ©e par la persistance des cultures d'origine Ă  travers les gĂ©nĂ©rations.

Nos immigrĂ©s sont entrĂ©s avec de lourds bagages culturels, religieux, historiques, qu’ils n’ont pas abandonnĂ©s Ă  la frontiĂšre.



2. Le vrai clivage : une France fracturée en quatre groupes distincts
L'analyse de Brochand met en lumiĂšre une sociĂ©tĂ© qui n'est plus unifiĂ©e, mais fragmentĂ©e en quatre blocs aux intĂ©rĂȘts et aux perceptions radicalement diffĂ©rents. Cette division explique en grande partie l'incapacitĂ© du pays Ă  formuler une rĂ©ponse cohĂ©rente Ă  la crise.


‱ "Ceux venus d’ailleurs" : Constituant 25 Ă  30% des rĂ©sidents, ce groupe se dĂ©compose en trois strates. Une petite minoritĂ© (5-10%) est "assimilĂ©e". Une part plus importante (30-40%) est "intĂ©grĂ©e", ce que Brochand qualifie de "CDD" : un respect de la loi en Ă©change de l'emploi, mais chacun conserve sa culture. Le reste, soit la moitiĂ©, "flotte de la non-adhĂ©sion Ă  la haine".


‱ "Ceux d'en haut" : Il s'agit d'une minoritĂ© vivant dans les mĂ©tropoles, largement protĂ©gĂ©e des chocs culturels. C'est elle qui promeut et diffuse l'idĂ©ologie du "laissez passer, laissez tomber", considĂ©rant l'ouverture sans limites comme l'aboutissement de la civilisation.


‱ "Ceux d'en bas" : Formant la majoritĂ© silencieuse du pays (65-70%), ce groupe est directement et quotidiennement confrontĂ© aux consĂ©quences de l'immigration de masse. Il exprime poliment son dĂ©saccord dans les urnes, mais son message n'est pas entendu par les Ă©lites.


‱ Les forces de l’ordre : QuatriĂšme acteur, ce groupe dĂ©tient le monopole de la violence lĂ©gitime mais se trouve de plus en plus contraint. D'une part par des restrictions budgĂ©taires qui le menacent de saturation, d'autre part et surtout par le cadre juridique de l'"État de droit", qui a supplantĂ© l'ancien "État rĂ©galien" et limite sa capacitĂ© d'action.


Cette fragmentation profonde rend tout diagnostic commun et toute action concertée quasiment impossibles.



3. La démographie est l'accélérateur décisif hors de contrÎle
Au cƓur du raisonnement de Pierre Brochand se trouve un facteur qu'il juge implacable : la dĂ©mographie. Il la qualifie d'"indicateur le plus fiable des temps futurs", car elle dessine une trajectoire lourde que les discours politiques ne peuvent masquer.

 

Le concept clé est celui du "chassé-croisé" démographique. Selon ses projections, ce mouvement, alimenté par une immigration de masse et des taux de natalité trÚs différents, mÚnera inéluctablement à une "inversion de majorité, ethnique et religieuse" en France bien avant la fin du siÚcle. Ce changement n'est pas qu'une question de chiffres ; il entraßne une transformation qualitative de la société.


Brochand introduit ici la notion de "masse critique". Il explique qu'au-delĂ  d'un certain seuil quantitatif, les mĂ©canismes d'intĂ©gration, qui fonctionnaient pour des flux plus faibles et culturellement plus proches, cessent d'opĂ©rer. Dans les quartiers oĂč ce seuil est dĂ©passĂ©, les caractĂ©ristiques des pays de dĂ©part (incivisme, intolĂ©rance, organisation clanique) se gĂ©nĂ©ralisent et remplacent la norme française. Pour lui, il est certain que ce "chamboulement annoncĂ© par l'arithmĂ©tique ne peut se dĂ©rouler sans convulsions".


4. Notre calme apparent n'est qu'une illusion entretenue par des "sédatifs"
Si la confrontation n'a pas encore éclaté de maniÚre généralisée, c'est parce que plusieurs "freins" maintiennent une paix sociale précaire. Brochand prévient cependant qu'il ne s'agit que d'"expédients temporaires visant à reculer pour mieux sauter".


‱ L'Ă©vitement : Le premier mĂ©canisme est la sĂ©grĂ©gation gĂ©ographique. Chacun "vote avec ses pieds" pour Ă©viter le contact : les "ceux d'en haut" se rĂ©fugient dans les centres-villes gentrifiĂ©s, les "ceux d'en bas" dans la France pĂ©riphĂ©rique, et les "ceux d'ailleurs" se concentrent dans les banlieues.


‱ Les arrangements : À tous les niveaux, de l'État aux mairies, des "concessions unilatĂ©rales" sont faites pour acheter la paix sociale. Ces compromissions visent Ă  calmer les tensions immĂ©diates sans jamais traiter la racine du problĂšme.


‱ La passivitĂ© des "natifs d'en bas" : Bien que majoritaires et mĂ©contents, leur opposition s'exprime dans l'isoloir mais jamais dans la rue. Brochand identifie plusieurs "sĂ©datifs" qui endorment leur capacitĂ© de rĂ©action : la sociĂ©tĂ© de consommation, la manipulation par la peur (climat, Ă©pidĂ©mies) et la culpabilitĂ© (passĂ© colonial), le divertissement de masse, et surtout le prix dĂ©mesurĂ© que l'individu accorde Ă  sa propre vie biologique, le rendant incapable d'envisager le moindre risque physique.



5. L'État est volontairement impuissant face au chaos
Le point le plus contre-intuitif et peut-ĂȘtre le plus glaçant de l'analyse de Brochand concerne le rĂŽle de l'État. Il soutient que l'État français n'est pas simplement dĂ©passĂ©, mais qu'il s'est volontairement rendu impuissant.


Le paradoxe central rĂ©side dans le passage d'un "État rĂ©galien", dont la mission Ă©tait de dĂ©fendre la nation et son peuple, Ă  un "État de droit" moderne. Ce dernier, en se concentrant sur la protection absolue des droits fondamentaux de chaque individu — y compris, prĂ©cise-t-il, les "Ă©trangers et malfaisants" — a complĂštement dĂ©sarmĂ© la puissance publique. L'État ne peut plus dĂ©fendre les droits collectifs du peuple français (sĂ©curitĂ©, pĂ©rennitĂ© culturelle) car ils entreraient en conflit avec les droits individuels de ceux qui les menacent.


Sous la forme de l’État de droit, l’État rĂ©galien n’est plus que l’ombre de lui-mĂȘme.


Cette situation mĂšne Ă  ce que Brochand nomme une "quadrature du cercle" : "une sociĂ©tĂ© qui se veut ouverte mais ne peut se perpĂ©tuer que fermĂ©e Ă  ceux qui ne partagent pas sa xĂ©nophilie". Autrement dit, pour survivre, notre modĂšle devrait se protĂ©ger de ceux qui, profitant de son ouverture, refusent ses rĂšgles fondamentales. Mais le systĂšme juridique qu'il a lui-mĂȘme mis en place le lui interdit.

Conclusion
Le tableau dressé par Pierre Brochand n'est pas celui d'une explosion soudaine, mais d'un processus quasi volcanique. Il décrit une dégradation lente et continue du tissu social, un magma de tensions souterraines qui s'accumulent et donnent lieu à des éruptions de violence de plus en plus fréquentes et intenses. Si rien ne change, la trajectoire semble inéluctable.


Sa mise en garde finale est sans appel. Si la France, par confort ou par aveuglement, persiste Ă  cĂ©der au "biais de normalitĂ©" en croyant que les choses finiront par s'arranger d'elles-mĂȘmes, alors "nous ne prĂ©parons pas Ă  nos descendants des lendemains qui chantent".

 

Face Ă  un diagnostic d'une telle sĂ©vĂ©ritĂ©, posĂ© par un homme qui fut au cƓur du pouvoir, une question demeure : comment continuer Ă  ignorer les secousses qui annoncent le sĂ©isme ?