Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Saint Pie V

29/04/2025

Saint Pie V

Pape (226e) de 1566 Ă  1572 (+ 1572)

 

Le 30 avril, l’Église cĂ©lĂšbre la mĂ©moire de saint Pie V, figure marquante de la RĂ©forme catholique et grand artisan du renouveau de l’Église au XVIᔉ siĂšcle.NĂ© Antonio Ghislieri en 1504, dans la campagne lombarde, il grandit humblement comme petit berger. La gĂ©nĂ©rositĂ© d’un voisin lui permit d’accĂ©der Ă  l’école dominicaine, oĂč, dĂšs l’ñge de 14 ans, il entra dans l’Ordre des PrĂȘcheurs sous le nom de frĂšre Michele. Toute sa vie, il resta profondĂ©ment attachĂ© Ă  ses vƓux religieux, vivant dans une pauvretĂ© volontaire, mĂȘme lorsqu’il accĂ©da aux plus hautes charges de l’Église.

 

En 1560, dans un contexte de vives tensions religieuses, Antonio Ghislieri fut nommĂ© Grand Inquisiteur, chargĂ© de dĂ©fendre la foi dans un diocĂšse exposĂ© aux influences protestantes. Six ans plus tard, soutenu par l’opiniĂątretĂ© de saint Charles BorromĂ©e, archevĂȘque de Milan, il fut Ă©lu pape et prit le nom de Pie V. À ce moment dĂ©cisif, l’Église, Ă©branlĂ©e par les contestations, avait besoin d’une main ferme et d’une foi ardente.

 

Le pontificat de Pie V (1566-1572) fut placĂ© sous le signe de la fidĂ©litĂ© aux dĂ©crets du Concile de Trente. Il travailla inlassablement Ă  la restauration de la discipline ecclĂ©siastique : les prĂȘtres devaient donner l’exemple par la puretĂ© de leur vie, les laĂŻcs Ă©taient appelĂ©s Ă  recevoir frĂ©quemment les sacrements et Ă  s’instruire dans la foi. Pour fortifier la piĂ©tĂ©, il fit refondre le Missel romain, et promut l’achĂšvement ainsi que la traduction du CatĂ©chisme du Concile de Trente.

 

Ardent dĂ©fenseur de la foi, Pie V ne recula pas devant les dĂ©cisions difficiles : il excommunia la reine Élisabeth IÊłá”‰ d’Angleterre pour son schisme, et crĂ©a la CongrĂ©gation de l’Index pour prĂ©server les fidĂšles de la diffusion des hĂ©rĂ©sies protestantes. Sa fermetĂ© s’étendit aussi au champ politique : conscient de la menace ottomane, il appela les princes chrĂ©tiens Ă  une croisade. Cette mobilisation aboutit Ă  la retentissante victoire de LĂ©pante, le 7 octobre 1571, oĂč la flotte chrĂ©tienne, sous la banniĂšre de la Sainte Ligue, Ă©crasa la marine ottomane.

 

Saint Pie V demeure ainsi l’un des grands rĂ©formateurs de l’Église : par sa vigueur apostolique, son zĂšle pour la vĂ©ritĂ© et son amour profond de la liturgie, il imprĂ©gna durablement la vie chrĂ©tienne des siĂšcles suivants. Le pape Jean-Paul II, dans un message pour le Ve centenaire de sa naissance, rappelait : « Que le zĂšle apostolique, la tension constante vers la saintetĂ©, l’amour pour la Vierge, qui caractĂ©risĂšrent l’existence de saint Pie V, soient pour tous un encouragement Ă  vivre avec un engagement accru leur vocation chrĂ©tienne. »

 

Saint Pie V s’endormit dans le Seigneur le 1á”‰Êł mai 1572. Ce pape, de force tranquille et d'Ăąme fervente sut porter haut l’étendard de la foi au cƓur d’une Ă©poque troublĂ©e.

 

Avec nominis

François, la pastorale et la foi

28/04/2025

François, la pastorale et la foi

Des ruptures symboliques


DĂšs son apparition Ă  la loggia de la basilique Saint Pierre le 13 mars 2013 le tout juste Ă©lu pape François avait stupĂ©fiĂ© le monde en demandant Ă  la foule, rĂ©unie devant lui, de le bĂ©nir avant que lui-mĂȘme ne la bĂ©nisse. Le nouveau style avait Ă©tĂ© immĂ©diatement affirmĂ© sous les yeux incrĂ©dules de celui qui avait Ă©tĂ© le cĂ©rĂ©moniaire de BenoĂźt XVI, Mgr Guido Marini : rupture avec les pratiques usuelles et « appel au peuple ». AprĂšs le temps de « l’Eglise conciliaire », selon l’expression du cardinal Benelli, Ă©tait venu celui de l’Eglise synodale, de “odos”, le chemin. Une Eglise en marche, en perpĂ©tuel mouvement.

Une Eglise dans laquelle le « peuple de Dieu » est promu au rang de lieu thĂ©ologique, les Ă©vĂȘques n’étant plus que des membres particuliers de ce troupeau en mouvement comme l’illustrera ultĂ©rieurement, Ă  satiĂ©tĂ©, la communication autour de la synodalitĂ© reprĂ©sentant un Ă©vĂȘque, en crosse et mitre, au milieu d’une masse de personnes en marche et non la guidant, en en prenant la tĂȘte.


Cette rupture avec les traditions et habitudes de l’Eglise s’est ensuite manifestĂ©e dans de multiples gestes : logement Ă  Sainte Marthe et non Ă  Saint Pierre, enterrement Ă  Sainte Marie Majeure et non Ă  Saint Pierre, mise en avant du titre d’évĂȘque de Rome au dĂ©triment de celui de vicaire du Christ, hostilitĂ© aux pratiques liturgiques traditionnelles, paradoxales chez un chantre des piĂ©tĂ©s populaires.

 

Le pape des périphéries


Le pape François, dĂšs son Ă©lection, a mis son pontificat sous le signe de l’accueil de ce qu’il appelait les pĂ©riphĂ©ries. PĂ©riphĂ©ries sociales : les migrants et religieuses ; les personnes en dĂ©licatesse avec l’enseignement traditionnel de l’Eglise : divorcĂ©s remariĂ©s, homosexuels et transsexuels. Son modĂšle Ă©tait celui du Bon pasteur abandonnant ses 99 brebis pour aller rechercher la brebis perdue (Luc, 15, 3-7). Cette rĂ©fĂ©rence Ă©vangĂ©lique suscite nĂ©anmoins deux rĂ©flexions. D’abord, ce qui peut ĂȘtre reprochĂ© au pape François ce n’est pas de se tourner vers la brebis Ă©garĂ©e et perdue mais de la maintenir dans son Ă©garement, en ne lui rappelant pas, charitablement mais fermement, qu’elle doit rĂ©intĂ©grer le troupeau et en respecter les rĂšgles.  Ensuite, que penserait-on d’un berger qui pendant des semaines dĂ©laisserait son troupeau, l’abandonnant aux loups et aux intempĂ©ries, pour ne s’occuper que de la brebis perdue ? On ne louerait pas la gĂ©nĂ©rositĂ© ni les bonnes intentions du berger mais on dĂ©plorerait son manque de discernement. Drame de ceux qui jugent des idĂ©es et des comportements sur leur gĂ©nĂ©rositĂ© apparente et non sur leur pertinence dans une situation concrĂšte donnĂ©e. Drame, par exemple, de Nicolas de Hannapes, dernier patriarche latin de JĂ©rusalem, refusant de lever l’ancre afin d’accueillir le plus grand nombre possible de rĂ©fugiĂ©s sur son navire lors de la chute de Saint Jean d’Acre, le 18 mai 1291. Le bateau sombra, Ă©quipage et passagers, patriarche inclus, pĂ©rirent noyĂ©s ! Bilan pitoyable d’une gĂ©nĂ©rositĂ© dĂ©voyĂ©e. On ne demande pas Ă  une idĂ©e d’ĂȘtre gĂ©nĂ©reuse mais d’ĂȘtre juste ! A cet Ă©gard il ne paraĂźt pas inutile de rappeler que la finalitĂ© de l’Eglise est d’abord surnaturelle : ce qui lui importe c’est le salut des Ăąmes par la prĂ©dication de la foi, l’exercice de la charitĂ© et l’usage des sacrements. Le reste est contingent : « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous » (Mc, 14,7). Cela ne signifie pas que l’Eglise se dĂ©sintĂ©resse de la justice sociale, des conditions qui permettent Ă  chacun de mener une vie conforme Ă  sa dignitĂ© d’enfant de Dieu, mais que la mission de l’Eglise n’est pas d’abord d’Ɠuvrer au progrĂšs matĂ©riel de l’humanitĂ© mĂȘme si les Ɠuvres de misĂ©ricorde temporelle accomplies par l’Eglise depuis 2 000 ans (hĂŽpitaux, dispensaires, Ă©coles, universitĂ©s) font qu’elle n’a, dans ce domaine, de leçons Ă  recevoir de personne.

 

Un pape dans l’air du temps


En phase avec les courants dominants de la doxa contemporaine le pape François s’est beaucoup prĂ©occupĂ© de la planĂšte, des moyens de, prĂ©tendument, la sauver et des conditions de vie de ses habitants. Fustigeant, Ă  juste titre, la financiarisation de l’économie, mais se ralliant, sans nuances, Ă  la thĂšse de l’origine anthropique du rĂ©chauffement climatique. Surtout prĂȘchant, au nom de la dignitĂ© ontologique de la personne humaine, un droit de chacun Ă  s’installer oĂč il le souhaite afin de bĂ©nĂ©ficier de meilleures conditions de vie. Position profondĂ©ment nouvelle Ă©vacuant toute notion de bien commun et niant le droit des peuples Ă  assumer une continuitĂ© historique. De maniĂšre paradoxale le pape François a Ă©galement tenu Ă  la fois des propos trĂšs fermes sur la dĂ©fense de la vie humaine innocente et entretenu de bonnes relations avec des partisans affirmĂ©s de ce que Jean-Paul II qualifiait de culture de mort : Joe Biden ou Nancy Pelosi.

Les concerts de louange qui ont accompagnĂ© le rappel Ă  Dieu du pape dĂ©funt ne trompent pas sur la nature de ses aficionados, souvent d’ailleurs plus non catholiques que simples catholiques qui essayent, vaille que vaille, de vivre au quotidien les exigences de l’Evangile. Ceux-ci se sont sentis abandonnĂ©s, voire mĂȘme trahis, ce dont tĂ©moigne l’effondrement du denier de Saint Pierre (71,8 M € en 2013, 48,4 M € en 2023). Le phĂ©nomĂšne n’est pas nouveau. L’historien Alain Besançon le notait il y a dĂ©jĂ  plusieurs dĂ©cennies : « Il a pu paraĂźtre beau et mĂȘme sublime de se proclamer “EvĂȘque des autres”. “EvĂȘque des siens” pour ĂȘtre moins sublime et plus humble est un Ă©loge qui vaut la peine d’ĂȘtre recherchĂ© ».

 

Et la foi dans tout cela ?


Le pape François s’est toujours prĂ©sentĂ© plus comme un pasteur que comme un gardien de la foi. Ainsi il n’a cessĂ© de rappeler que la misĂ©ricorde de Dieu Ă©tait infinie, mais omettant de signaler que cette misĂ©ricorde n’était pas sans condition. Tout est pardonnĂ© Ă  Marie-Madeleine mais Ă  condition qu’elle renonce Ă  sa vie de dĂ©bauche ! La pastorale bergoglienne est toute autre, ce dont tĂ©moigne la demande faite aux confesseurs de toujours accorder l’absolution au pĂ©nitent sans mĂȘme s’ĂȘtre enquis de son ferme propos. Des quatre encycliques Ă©crites par le pape François, une a Ă©tĂ©, en fait, rĂ©digĂ©e par le pape BenoĂźt XVI Lumen fidei (29 juin 2013), deux portent sur des questions plutĂŽt dites de sociĂ©tĂ© : Fratelli tutti, sur la fraternitĂ© universelle, (3 octobre 2020) et Laudato si’ sur la sauvegarde de la planĂšte (24 mai 2015) et la derniĂšre Dilexit nos (24 octobre 2024) traite du SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus. AprĂšs le pontificat du pape enseignant que fut BenoĂźt XVI le pontificat du pape François fut un pontificat de gouvernement par la promulgation de 54 motu proprio – actes du pape rĂ©sultant de sa seule dĂ©cision – en 12 ans, alors que BenoĂźt XVI en avait promulguĂ© 13 en 7 ans, avec pour objectif de faire prendre Ă  l’Eglise un tournant irrĂ©versible. Au cƓur de ce changement se situe la lutte contre le « clĂ©ricalisme » et la promotion « du peuple de Dieu » alliĂ©e Ă  une grande mĂ©fiance vis-Ă -vis de ce que le pape appelle l’ « idĂ©ologie », qui est tout simplement la doctrine traditionnelle de l’Eglise. Ainsi, concrĂštement, les synodes dits des Ă©vĂȘques accueillent dĂ©sormais des prĂȘtres, des laĂŻcs et des femmes ; une religieuse, sƓur Simone Brambilla est devenue prĂ©fĂšte du dicastĂšre pour les Instituts de vie consacrĂ©e, etc. Quant aux questions doctrinales chacun a en mĂ©moire la dĂ©claration d’Abou Dhabi du 4 fĂ©vrier 2019, signĂ©e avec le recteur de la mosquĂ©e Al-Azhar et affirmant que « Le pluralisme et les diversitĂ©s de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage disposition de la volontĂ© divine ». DĂ©claration Ă©bouriffante qui revient Ă  mettre toutes les religions sur le mĂȘme plan et entretient un indiffĂ©rentisme certain. Si la foi de l’Eglise est portĂ©e par le « peuple de Dieu » il est cohĂ©rent que celle-ci Ă©volue dans le temps et soit diverse, les peuples Ă©tant divers. Traditionnellement la premiĂšre note de l’Eglise Ă©tait son unitĂ©, de foi et de doctrine. Cette unitĂ© n’existe plus sans que ce pluralisme n’ait Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© par une progression quantitative du nombre de catholiques, la situation de l’Eglise s’étant trĂšs sensiblement dĂ©gradĂ©e en Orient (quasi-disparition des chrĂ©tiens au Moyen-Orient), en AmĂ©rique latine (progression de l’évangĂ©lisme) et en Occident (sĂ©cularisation accentuĂ©e). Quant Ă  l’avenir il s’annonce, humainement bien sombre avec une diminution gĂ©nĂ©rale du nombre de prĂȘtres (- 3 % en 10 ans) et de sĂ©minaristes (- 11 %).

 

Heureusement le Saint-Esprit veille cependant, si l’on me permet ce mauvais pastiche : « Le Saint-Esprit c’est comme la Sainte-Vierge, si on ne le voit pas de temps en temps, le doute s’installe ».

 

                                                                Jean-Pierre Maugendre

L’autre hommage, celui des adversaires français de l’Eglise

27/04/2025

L’autre hommage, celui des adversaires français de l’Eglise

L'article cite notamment les hommages rendus par des figures politiques comme François Hollande, Jean-Luc Mélenchon, Marine Tondelier et Olivier Faure. Ces personnalités politiques ont reconnu l'engagement du pape sur des questions sociales, environnementales et de solidarité. Il met en évidence que ces louanges ont souvent été plus marquées de la part de la gauche que du reste de la classe politique :

 

« Le pape François avait voulu donner à son pontificat une dimension résolument sociale en portant son attention et en concentrant ses visites sur les pays les plus pauvres de la planÚte »
François Hollande

 

« Il est des personnages à qui on sait devoir quelque chose sans les avoir jamais approchés. Le pape François est de ceux-là »
JL Mélenchon

 

« Le pape François avait mieux compris l’écologie et la gĂ©nĂ©ration climat que beaucoup de politiques. Ce pape a menĂ© une bataille culturelle courageuse sur plusieurs sujets environnementaux et de solidaritĂ© »
Marine Tondelier

 

« Je salue la mĂ©moire de celui qui, Ă  Marseille, Ă©tait venu nous rappeler cette Ă©vidence : la MĂ©diterranĂ©e ne peut devenir un cimetiĂšre sans que l’Europe trahisse ses valeurs fondamentales. Il avait courageusement fait de la question migratoire un rĂ©vĂ©lateur politique, appelant Ă  la responsabilitĂ© face Ă  l’indiffĂ©rence »
Olivier Faure, premier secrétaire du PS

 

Bien sĂ»r, il est Ă©vident qu'il est plutĂŽt malvenu de critiquer le pape en ces jours-ci. Il Ă©tait notre pasteur et Ă  ce titre nous l'aimions, l'honorions, et maintenant prions pour le repos de son Ăąme. 
Il est aussi un homme qui peut faire de belles boulettes en toute bonne foi. C'est ceci qui est relevé dans cet article ; de telles déclarations de personnages en opposition virulente à l'Eglise, ajoutées à l'hommage dithyrambique du grand maßtre de la grande loge d'Italie (*) posent questions, ne trouvez-vous pas ?

François Charbonnier

 

 

(*) Voir article "l'hommage de la grande loge d'Italie au pape" publié hier.

 

L’hommage de la Grande Loge d’Italie au pape

26/04/2025

L’hommage de la Grande Loge d’Italie au pape

La Grande Loge d’Italie des Anciens Maçons Libres et AcceptĂ©s s’associe aux condolĂ©ances universelles pour la disparition du Pape François, un pasteur qui, par son magistĂšre et sa vie, a incarnĂ© les valeurs de fraternitĂ©, d’humilitĂ© et de recherche d’un humanisme planĂ©taire. Venu du « bout du monde », Jorge Mario Bergoglio a su changer l’Église, en ramenant l’enseignement rĂ©volutionnaire de saint François d’Assise Ă  l’actualitĂ© de l’histoire.

 

En ce temps de deuil, notre Communion entend rendre hommage Ă  la vision du Pape François, dont l’Ɠuvre est marquĂ©e par une profonde rĂ©sonance avec les principes de la Franc-maçonnerie : la centralitĂ© de la personne, le respect de la dignitĂ© de chaque individu, la construction d’une communautĂ© solidaire et la recherche du bien commun. Son encyclique Fratelli tutti est un manifeste. La libertĂ©, l’égalitĂ© et la fraternitĂ© constituent la triple valeur de la franc-maçonnerie. DĂ©passer les clivages, les idĂ©ologies, la pensĂ©e unique pour reconnaĂźtre la richesse des diffĂ©rences et construire une humanitĂ© unie dans la diversitĂ©, c’est ce que François a ardemment voulu, le mĂȘme dessein que poursuit la Grande Loge d’Italie.

 

Le Pape François a su conjuguer foi et raison, dimensions complĂ©mentaires de l’expĂ©rience humaine, en renouvelant le principe Anselmien du « credo ut intelligam ». Une foi capable de s’interroger, d’accueillir le doute et le dialogue, que l’on retrouve Ă©galement dans la mĂ©thode initiatique maçonnique, fondĂ©e sur un chemin libre de dogmes, Ă©tayĂ© par la recherche incessante de la vĂ©ritĂ©.

 

Le pontificat de François a placĂ© les derniers au centre, ainsi que la protection de la planĂšte et une Ă©thique du dĂ©veloppement fondĂ©e sur la dignitĂ© humaine. Cela aussi se retrouve dans la construction maçonnique du « Temple intĂ©rieur », basĂ©e sur la tolĂ©rance, la solidaritĂ© et la rĂ©sistance Ă  la haine et Ă  l’ignorance, et trouve une correspondance profonde dans le travail pastoral de Bergoglio, qui, avec sa « rĂ©volution douce », a montrĂ© que l’humilitĂ© et le dialogue sont les instruments d’une force authentique. Dans le sillage de l’« Ă©conomie François » et de la vision d’une « maison commune », la franc-maçonnerie soutient l’engagement en faveur d’un avenir durable, Ă©quitable et solidaire.

En cette pĂ©riode traversĂ©e par de graves questions critiques, la Grande Loge d’Italie se retrouve dans l’appel du Pape François Ă  une « conscience planĂ©taire », qui reconnaĂźt l’humanitĂ© comme une communautĂ© de destin. Nous honorons sa mĂ©moire en continuant Ă  Ɠuvrer pour une Ă©thique des limites, le respect de l’autre et la construction d’un Temple fondĂ© sur la solidaritĂ©, la libertĂ© de pensĂ©e et la fraternitĂ© universelle.

 

Luciano Romoli
Grand Maütre de la Grande Loge d’Italie de l’A.L.A.M.
Rome, 22 avril 2025

A quoi sert la politique ?

25/04/2025

 A quoi sert la politique ?

D’autant plus que Notre-Seigneur, compatissant et prĂ©dicateur de la sagesse Ă©ternelle, n’est pas dĂ©connectĂ© des rĂ©alitĂ©s terrestres. « J’ai pitiĂ© de cette foule. Depuis trois jours qu’ils me suivent, depuis trois jours qu’ils boivent mes paroles mais ils ont faim » affirme-t-il, magnanime, lors de la multiplication des pains (Mt 15, 32).  

 

Dans le sillage de PĂąques, qui mieux que JĂ©sus-Christ pour nous apprendre que servir, c’est rĂ©gner ? RĂ©side lĂ , d’ailleurs, la raison mĂȘme de son Incarnation : « Je ne suis pas venu pour ĂȘtre servi mais pour servir.» Dans la lignĂ©e de cette orientation de vie, la souveraine politique sera donc celle qui prend pitiĂ© des hommes.

 

Prendre plaisir Ă  vivre ensemble

 

Les hommes sont appelés à vivre en société mais le péché originel fait que, de façon récurrente, la dissociété les menace, pour reprendre le mot popularisé par Jacques Généreux. Pour autant, le propos de la politique ne devrait pas consister pas à défendre le vivre-ensemble mais à permettre aux hommes de prendre plaisir à vivre ensemble. Sortir de la dissociété nécessite de suivre la geste du Fils de Dieu qui de Seigneur se fait serviteur.

 

Ainsi, la politique impĂ©rĂ©e par la charitĂ© thĂ©ologale devient civilisatrice, seulement dans la mesure oĂč, s’appuyant sur les principes de l’Évangile, elle arrive Ă  dessiner les « espaces de paix et de sociabilité », selon l’expression charmante du professeur Pierre Chaunu. Ces espaces de paix et de sociabilitĂ© sont propres Ă  donner justement Ă  l’homme la possibilitĂ© d’atteindre sa fin, qui passe par le goĂ»t du bien et l’amour du vrai.

 

Les leçons de l’Histoire nous le prouvent, l’athĂ©isme revendiquĂ© des totalitarismes du XXe siĂšcle comme l’absence de transcendance consubstantielle Ă  l’insouciance de la pĂ©riode contemporaine : aucune politique digne de ce nom ne saurait favoriser pertinemment le Bien commun si elle n’est habitĂ©e, au moins de façon lointaine, par la recherche du royaume de Dieu. « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, le reste vous sera donnĂ© par surcroĂźt.»

 

Il est en outre une autre exigence Ă  laquelle doit rĂ©pondre la politique et qui Ă©chappe parfois Ă  ceux-lĂ  mĂȘmes qui devraient l’enseigner dans l’Église : la politique se doit d’aider les hommes Ă  atteindre leur fin. L’organisation idĂ©ale de la citĂ© sera celle qui, Ă  sa place, favorisera l’amour des vertus et le service de la vĂ©ritĂ©, dans le but du salut des Ăąmes.

Se demander Ă  quoi sert la politique et affirmer qu’elle est au service des hommes pour qu’ils atteignent leur fin appelle une autre question qui prolonge de façon dĂ©cisive la premiĂšre : comment la politique pourrait-elle servir sans se mettre Ă  l’école du serviteur par excellence ? À l’école du Christ offert. À l’école du Christ en croix.

 

L’individu, fin derniùre de l’ordre social ?

 

Gustave Thibon soulignait, avec l’à-propos qui le singularise, que dans les Ă©poques classiques du passĂ©, les institutions morales, politiques ou religieuses dĂ©passaient et portaient les individus qui les reprĂ©sentaient. Ainsi la monarchie Ă©tait plus que le roi, le sacerdoce plus que le prĂȘtre. Au point tel d’ailleurs qu’on pouvait se payer le luxe de s’interroger sur tel roi ou tel pape sans que le principe mĂȘme de la monarchie ou de l’autoritĂ© pontificale soit mis en question le moins du monde.

 

Aujourd’hui en revanche, comme dans tous les temps de dĂ©cadence, nous assistons au phĂ©nomĂšne inverse. Les institutions ne sont tolĂ©rĂ©es et aimĂ©es qu’à travers les personnes. En 1974, dans son essai De la prudence, la plus humaine des vertus, Marcel De Corte ciblait dĂ©jĂ  le problĂšme : « Sous l’influence d’un christianisme dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© et sĂ©cularisĂ©, l’individu s’est Ă©rigĂ©, lentement, puis torrentueusement, fin derniĂšre de l’ordre social.»

 

Montrer l’exemple et manifester sa soif de cohĂ©rence entre l’enseignement de l’Église et sa propre vie – traversĂ©e de misĂšres – peut relever d’un certain hĂ©roĂŻsme. AssurĂ©ment de tous les hĂ©roĂŻsmes, celui qui importe le plus et qui transcende tous les autres, qui les transcende d’aussi haut que la grĂące est en mesure de transcender notre nature, c’est l’hĂ©roĂŻsme de la saintetĂ©.

 

Or la saintetĂ© ne consiste pas Ă  se servir des grĂąces du Ciel pour son propre compte mais, bien au contraire, Ă  se mettre au service de ces derniĂšres au bĂ©nĂ©fice de tous. Devenir des miroirs de la RĂ©surrection au service de son prochain, le voilĂ  l’agir politique dans son sens le plus noble.

Neuvaine en vue du conclave

25/04/2025

Neuvaine en vue du conclave

Neuvaine pour le Sacré CollÚge des cardinaux rassemblés en vue du conclave pour élire le Pontife romain
 

26 avril – 5 mai, 2025

 


Me voici Ă  genoux Ă  vos pieds, ĂŽ Vierge MĂšre de Dieu, Notre-Dame de Guadalupe, mĂšre compatissante de tous ceux qui vous aiment, qui vous implorent, qui vous cherchent et qui ont mis leur confiance en vous. Je viens vous supplier pour l’Eglise au moment oĂč elle traverse une pĂ©riode de grandes Ă©preuves et de grands dangers. De mĂȘme que vous ĂȘtes venue au secours de l’Eglise Ă  TĂ©potzĂĄtlan en 1531, daignez intercĂ©der pour le SacrĂ© CollĂšge des cardinaux rĂ©uni Ă  Rome pour Ă©lire le successeur de saint Pierre, Vicaire du Christ et Pasteur de l’Eglise universelle.

 

En cette pĂ©riode de tumulte pour l’Eglise et pour le monde, plaidez auprĂšs de votre Divin Fils afin que les cardinaux de la Sainte Eglise romaine, son Corps mystique, obĂ©issent humblement aux inspirations du Saint-Esprit. Puissent-ils, par votre intercession, choisir l’homme le plus digne d’ĂȘtre le Vicaire du Christ sur terre. Avec vous, je mets toute ma confiance en Celui qui, seul, est notre secours et notre salut. Amen.

 

CƓur de JĂ©sus, salut de ceux qui placent leur confiance en vous, avez pitiĂ© de nous !

Notre Dame de Guadalupe, Vierge MĂšre de Dieu et MĂšre de la Divine GrĂące, priez pour nous !

 

Cardinal Raymond Leo BURKE

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et la puissance de l’Ave Maria

24/04/2025

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et la puissance de l’Ave Maria

« De grands saints... ont prĂȘchĂ© publiquement que le salut du monde ayant commencĂ© par l' Ave Maria, le salut de chacun en particulier Ă©tait attachĂ© Ă  cette priĂšre ; que c'est cette priĂšre qui a fait porter Ă  la terre sĂšche et stĂ©rile le fruit de vie, et que c'est cette mĂȘme priĂšre, bien dite, qui doit faire germer en nos Ăąmes la parole de Dieu et porter le fruit de vie, JĂ©sus-Christ ; que l' Ave Maria est une rosĂ©e cĂ©leste qui arrose la terre, c'est-Ă -dire l'Ăąme pour la faire porter son fruit en son temps ; et qu'une Ăąme qui n'est pas arrosĂ©e par cette priĂšre ou rosĂ©e cĂ©leste ne porte point de fruit et ne donne que des ronces et des Ă©pines, et est prĂȘte d'ĂȘtre maudite.

 

[...] L' Ave Maria est la plus belle de toutes les priĂšres aprĂšs le Pater (Notre PĂšre) ; c’est le plus parfait compliment que vous puissiez faire Ă  Marie, puisque c'est le compliment que le TrĂšs-Haut lui envoya faire par un archange pour gagner son cƓur ; et il fut si puissant sur son cƓur, par les charmes secrets dont il est plein, que Marie donna son consentement Ă  l'Incarnation du Verbe, malgrĂ© sa profonde humilitĂ©.

 

C'est par ce compliment aussi que vous gagnerez infailliblement son cƓur, si vous le dites comme il faut.

 

L' Ave Maria bien dit, c'est-à-dire avec attention, dévotion et modestie, est, selon les saints, l'ennemi du diable, qui le met en fuite, et le marteau qui l'écrase, la sanctification de l'ùme, la joie des anges, la mélodie des prédestinés, le cantique du Nouveau Testament, le plaisir de Marie et la gloire de la TrÚs Sainte Trinité.

 

L' Ave Maria est une rosée céleste qui rend l'ùme féconde ; c'est un baiser chaste et amoureux qu'on donne à Marie, c'est une rose vermeille qu'on lui présente, c'est une perle précieuse qu'on lui offre... »

Un phare dans la nuit de l'Eglise d'occident

24/04/2025

Un phare dans la nuit de l'Eglise d'occident

 Dans ce contexte fleurissent les discours eschatologiques. Mais qu'en dit rĂ©ellement l'Écriture ?Le livre de l'Apocalypse bien sĂ»r, les Évangiles, et aussi les livres prophĂ©tiques de l'Ancien Testament, le P. Charles Bonin les passe au peigne fin afin d'y dĂ©celer des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse. À cette lumiĂšre sĂ»re, il envisage le scĂ©nario de la fin de temps, la figure de l'Antichrist et la restauration universelle lors de la Parousie. En revenant Ă  la finalitĂ© mĂȘme de l'humanitĂ© telle que rĂ©vĂ©lĂ©e par la parole de Dieu, ce livre allume un phare dans la nuit que traverse l'Église d'Occident. Il soutient l'espĂ©rance et oriente rĂ©solument son action pastorale, afin que toute chair voie le salut de Dieu (cf. Lc 3,6).

Parmi les sujets d’actualitĂ©, le pĂšre Bonin aborde celui de l’euthanasie et le rĂŽle de l’Eglise :

"A contre-courant de la pensĂ©e athĂ©e, assoiffĂ©e de tout contrĂŽler, mais condamnĂ©e Ă  l’absurde parce que privĂ©e de perspective transcendante, l’Eglise porte un message d’espĂ©rance fondĂ© sur l’évĂšnement pascal. le dĂ©bat sur l’euthanasie se situe aussi dans ce cadre. S’agit-il de contrĂŽler la mort en se faisant maĂźtre de la vie, ou d’accompagner la vie avec humanitĂ© jusqu’à son terme naturel ? “Regarder la mort en face”, ce n’est pas la provoquer avec une prĂ©tention  de toute puissance drapĂ©e d’hypocrite bienveillance, c’est assumer avec responsabilitĂ© et humanitĂ© de prendre soin jusqu’au bout. La question de sociĂ©tĂ© qui se pose est une alternative entre exclure ou accompagner. Mais accompagner vers quoi  et pourquoi ? Quelle espĂ©rance si l’on n’a plus la conscience de Dieu et d’un au-delĂ , si l’on ne voit la mort que comme un terme, une dĂ©chĂ©ance de vie, et non plus comme un passage “une PĂąque) vers une plĂ©nitude , c’est Ă  ce niveau que les chrĂ©tiens ont un message Ă  donner au monde : celui d’un but ultime Ă  retrouver, sans lequel il n’y a plus de raison d’espĂ©rer, ni mĂȘme de dignitĂ© fondamentale humaine. DerriĂšre ces questions de sociĂ©tĂ©, il y a, au fond, une grand vide anthropologique et finalement une soif d’espĂ©rance oĂč l’Eglise est attendue."

 


Le pĂšre Charles Bonin est prĂȘtre du diocĂšse de Grenoble-Vienne et curĂ©-doyen de cinq paroisses. Juriste de formation, ancien commissaire de la Marine et enseignant Ă  l'Ă©cole navale, il est diplĂŽmĂ© en droit international public et en thĂ©ologie dogmatique.

 

Le PĂšre Ch. Bonin Ă  la procession des Rameaux 2025
Paroisse de Beaurepaire, collection privée

 

Les Habits Neufs du Terrorisme Intellectuel

23/04/2025

Les Habits Neufs du Terrorisme Intellectuel

 Ils dĂ©finissent ce phĂ©nomĂšne comme une tactique visant Ă  disqualifier les adversaires et Ă  Ă©touffer le dĂ©bat en utilisant des Ă©tiquettes pĂ©joratives, le qualifiant de mĂ©thode de contrĂŽle social. La conversation explore les origines historiques de cette pratique, la liant aux LumiĂšres et Ă  la RĂ©volution française, tout en soulignant son institutionnalisation aprĂšs la Seconde Guerre mondiale et son accĂ©lĂ©ration avec Mai 68. Les auteurs mettent en lumiĂšre le caractĂšre occidental de ce phĂ©nomĂšne et son lien avec une certaine mauvaise conscience, bien que ses manifestations varient selon les pays. Enfin, ils discutent des moyens de se protĂ©ger de cette emprise intellectuelle, suggĂ©rant une vigilance individuelle et, surtout, une action politique pour restaurer la libertĂ© d'expression et la souverainetĂ©.

 

La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

22/04/2025

La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

Du Docteur Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

 

À 7h35 du matin, le 21 avril 2025, lundi de PĂąques, l'Ăąme de Jorge Mario Bergoglio s'est sĂ©parĂ©e de son corps mortel pour se prĂ©senter au Jugement Divin. Ce n’est qu’au Jour du Jugement dernier que nous saurons quelle a Ă©tĂ© la sentence du Tribunal suprĂȘme devant lequel chacun de nous devra un jour comparaĂźtre pour le pape François. Aujourd'hui, nous prions pour le repos de son Ăąme, comme l'Église le fait publiquement dans ses novendiaux, et, prĂ©cisĂ©ment parce que l'Église est une sociĂ©tĂ© publique, nous unissons Ă  nos priĂšres une tentative de jugement historique sur son pontificat. 

 

Jorge Mario Bergoglio, le 266e pontife romain, le premier Ă  porter le nom de François, fut le Vicaire du Christ pendant douze ans, mĂȘme s'il prĂ©fĂ©ra celui d'Ă©vĂȘque de Rome Ă  ce nom. Mais l'Ă©vĂȘque de Rome devient tel au moment oĂč, aprĂšs l'Ă©lection, il accepte le munus pĂ©trinien. En acceptant le pontificat, le Pape assume Ă©galement les titres, rapportĂ©s dans l' Annuario Pontificio, d'ÉvĂȘque de Rome, Vicaire de JĂ©sus-Christ, Successeur du Prince des ApĂŽtres, Souverain Pontife de l'Église universelle, Primat d'Italie, ArchevĂȘque et MĂ©tropolite de la Province romaine, Souverain de l'État de la CitĂ© du Vatican, Serviteur des Serviteurs de Dieu, Patriarche d'Occident (ce dernier titre a Ă©tĂ© rĂ©tabli en 2024, aprĂšs avoir Ă©tĂ© supprimĂ© en 2006 par BenoĂźt XVI).

 

Ces titres mĂ©ritent des honneurs particuliers, notamment celui de Vicaire du Christ qui fait du Pape non pas le successeur, mais le reprĂ©sentant sur terre de JĂ©sus-Christ, Dieu-Homme, RĂ©dempteur de l'humanitĂ©. Le Pape reçoit des honneurs non pas pour sa personne, mais pour la dignitĂ© de la mission que le Christ a confiĂ©e Ă  Pierre. De mĂȘme que dans les sacrements chrĂ©tiens un geste exprime une grĂące invisible, de mĂȘme les honneurs (titres, vĂȘtements, cĂ©rĂ©monies) sont des signes sensibles de rĂ©alitĂ©s spirituelles, mĂȘme institutionnelles. L’autoritĂ© est une rĂ©alitĂ© spirituelle et invisible, mais pour ĂȘtre reconnue, elle doit se manifester visiblement, Ă  travers des gestes et des rituels. Sans cela, les institutions risquent de devenir invisibles et la sociĂ©tĂ© religieuse, comme la sociĂ©tĂ© politique, de sombrer dans le chaos. Le christianisme est fondĂ© sur ce principe : le Dieu invisible a pris un visage, un corps, un nom : « Le Verbe s'est fait chair » ( Jn 1, 14) ; « Personne n’a jamais vu Dieu ; « Le Fils unique, qui est dans le sein du PĂšre, c'est lui qui l'a fait connaĂźtre » ( Jn 1, 18). Parmi les auteurs du Nouveau Testament, saint Jean l'ÉvangĂ©liste est celui qui Ă©labore le plus intensĂ©ment une thĂ©ologie de la visibilitĂ© de l'invisible, dans son Évangile, mais surtout dans le Livre de l'Apocalypse , dans lequel le symbole devient une vision prophĂ©tique, pour montrer l'action cachĂ©e de Dieu dans l'histoire.

 

Le pape François n'a montrĂ© aucun respect pour le dĂ©corum de la papautĂ©, depuis son premier « Bonsoir, frĂšres et sƓurs » informel adressĂ© depuis la loggia de Saint-Pierre le jour de son Ă©lection, jusqu'Ă  son apparition publique le 9 avril dernier, lorsqu'il est apparu dans la basilique dans son fauteuil roulant, vĂȘtu d'une couverture rayĂ©e ressemblant Ă  un poncho, sans aucun signe de dignitĂ© papale. Le pape Bergoglio a remplacĂ© le symbolisme sacrĂ© par un symbolisme mĂ©diatique, fait d'images, de mots et de rencontres, qui sont souvent devenus des messages plus forts que les documents officiels : de « Qui suis-je pour juger ? » au lavement des pieds des femmes et des musulmans, jusqu'Ă  sa participation, en 2025, au festival de Sanremo, Ă  travers un message vidĂ©o. Certains disent que, ce faisant, le pape François a « humanisĂ© » la papautĂ©, mais en rĂ©alitĂ©, il l'a banalisĂ©e et mondanisĂ©e. C'est l'institution de la papautĂ©, et non la personne de Jorge Mario Bergoglio, qui a Ă©tĂ© dĂ©gradĂ©e par ces gestes et d'innombrables autres, qui ont sĂ©cularisĂ© le langage et les signes que l'Église a toujours utilisĂ©s pour exprimer le mystĂšre divin. 

 

Le premier Ă  dĂ©pouiller l'Église de sa majestĂ© ne fut pas François, mais Paul VI, Ă  qui l'on doit la renonciation Ă  la tiare, qu'il dĂ©posa le 13 novembre 1964 sur « l'autel du Concile », suivie de l'abolition de la sedia gestatoria, de la garde noble et de la cour papale, qui n'Ă©taient pas des fioritures, mais des signes de l'honneur dĂ» Ă  l'Église catholique romaine, en tant qu'institution humano-divine, fondĂ©e par JĂ©sus-Christ. De ce point de vue, le pontificat de François ne reprĂ©sente pas, comme certains le pensent, une « rupture » avec les prĂ©cĂ©dents, mais apparaĂźt plutĂŽt comme l'accomplissement d'une ligne pastorale introduite par le Concile Vatican II, dont BenoĂźt XVI n'a tentĂ© que partiellement d'inverser le cours. 

 

L’exhortation apostolique Amoris laetitia du 19 mars 2016 a certainement créé une situation de dĂ©sorientation, en raison de l’ouverture aux couples divorcĂ©s remariĂ©s et aux couples en situation « irrĂ©guliĂšre » ; le Document sur la fraternitĂ© humaine signĂ© avec le Grand Imam de la mosquĂ©e Al-Azhar le 4 fĂ©vrier 2019 a Ă©tĂ© une nouvelle Ă©tape sur la voie du faux ƓcumĂ©nisme ; l’encouragement Ă  l’immigration, la promotion de l’agenda anti-mondialiste, la proclamation du « synodalisme », la discrimination des traditionalistes, la possibilitĂ© de bĂ©nir les couples homosexuels et celle accordĂ©e aux laĂŻcs et aux femmes d’accĂ©der Ă  la direction d’un dicastĂšre, sont autant d’évĂ©nements qui ont provoquĂ© des rĂ©actions lĂ©gitimes dans le monde catholique. C'est aussi Ă  cause de cette rĂ©sistance que les objectifs que les Ă©vĂȘques progressistes avaient voulu atteindre, comme l'ordination des femmes diacres, le mariage des prĂȘtres, l'attribution de l'autoritĂ© doctrinale aux confĂ©rences Ă©piscopales, n'ont pas Ă©tĂ© atteints sous le pape François, dĂ©cevant ses plus ardents partisans. L’aspect le plus rĂ©volutionnaire de son pontificat demeure cependant la succession de paroles et d’actions qui ont transformĂ© la perception publique de la primautĂ© de Pierre, la rendant mondaine et l’affaiblissant.

 

Aujourd’hui, une Ă©poque se termine et nous nous demandons quelle nouvelle Ăšre s’ouvrira. Le prochain pape sera peut-ĂȘtre plus conservateur ou plus progressiste que François, mais il ne sera pas bergoglien, car le bergoglianisme n’était pas un projet idĂ©ologique, mais un style de gouvernement, pragmatique, autoritaire et souvent laissĂ© Ă  l’improvisation. En raison Ă©galement de ce manque d’hĂ©ritage, les fortes tensions et polarisations qui se sont dĂ©veloppĂ©es sous le gouvernement de François pourraient exploser dĂšs les jours du conclave. 

 

Il faut Ă©galement rappeler que François a dĂ©clarĂ© une AnnĂ©e Saint Joseph en 2021 ; a consacrĂ© la Russie et l'Ukraine au CƓur ImmaculĂ© de Marie le 25 mars 2022 ; il a consacrĂ© sa quatriĂšme encyclique,  Dilexit nos, du 24 octobre 2024, au culte du SacrĂ©-CƓur : autant de gestes en ligne avec la spiritualitĂ© traditionnelle de l'Église et trĂšs diffĂ©rents du culte paĂŻen de la Pachamama auquel, cependant, le Pape a rendu hommage au Vatican. Les contradictions caractĂ©risent donc l’ùre bergoglienne. François, par exemple, a niĂ© le titre de corĂ©demptrice Ă  Notre-Dame et l’a qualifiĂ©e de « mĂ©ticcia » du MystĂšre de l’Incarnation, mais dans son testament, il a Ă©crit qu’il avait toujours confiĂ© sa vie et son ministĂšre « Ă  la MĂšre de Notre Seigneur, la TrĂšs Sainte Vierge Marie ». Il a donc demandĂ© que sa dĂ©pouille mortelle « repose en attendant le jour de la rĂ©surrection dans la basilique papale de Sainte-Marie-Majeure ». « Je souhaite que mon dernier voyage terrestre se termine prĂ©cisĂ©ment dans cet antique sanctuaire marial oĂč j’allais prier au dĂ©but et Ă  la fin de chaque voyage apostolique pour confier avec confiance mes intentions Ă  la MĂšre ImmaculĂ©e et la remercier de ses soins dociles et maternels ».

 

La Bienheureuse Vierge Marie se voit dĂ©sormais confier son dernier voyage, alors que l’Église fait face Ă  un moment de son histoire d’une gravitĂ© et d’une complexitĂ© extraordinaires. Et c'est Ă  elle, MĂšre du Corps mystique du Christ, que nous confions aujourd'hui toutes nos espĂ©rances, dans la certitude qu'aux jours de souffrance de l'Église succĂšderont bientĂŽt ceux de sa RĂ©surrection et de sa gloire.

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

21/04/2025

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

1. Violation du serment d'Hippocrate et confusion des rÎles médicaux :

De Villiers met en avant l'incompatibilitĂ© fondamentale entre le rĂŽle du soignant et celui de celui qui donne la mort. Il cite le professeur Philippe Juvin : « Demain, en entrant dans la chambre d’un patient, je ne veux pas ĂȘtre amenĂ© Ă  croiser un regard de doute sur ce que je suis venu faire. »
Il rappelle la formulation sans ambiguïté du serment d'Hippocrate : « Tu ne tueras pas. »
Il dĂ©nonce une « rupture anthropologique inouĂŻe » oĂč « ce n’est pas Ă  la mĂ©decine d’administrer la mort. La main qui soigne ne peut ĂȘtre la main qui tue. »


2. Risque de dérives et perte de contrÎle, analogie avec la loi Veil :

De Villiers exprime une forte mĂ©fiance quant Ă  la prĂ©tendue rigueur des conditions d'application de la future loi. Il Ă©tablit un parallĂšle avec la loi Veil sur l'avortement, initialement prĂ©sentĂ©e comme restrictive mais dont l'application s'est Ă©largie avec le temps : « La loi Veil sur l’avortement se voulait trĂšs restrictive. Et puis, trĂšs vite, la digue a lĂąchĂ©. »
Il affirme que dans les pays ayant lĂ©galisĂ© l'euthanasie, on pratique dĂ©sormais le « geste lĂ©tal » pour des motifs plus larges que ceux initialement prĂ©vus : « D’ailleurs, dans tous les pays qui ont lĂ©galisĂ© l’euthanasie, on pratique aujourd’hui le « geste lĂ©tal » pour ceux qui ont « un p’tit truc en plus ». »


3. Instauration d'une société de la défiance et de la suspicion :

De Villiers anticipe une dégradation des relations sociales et interpersonnelles :
Défiance envers les soignants : La relation de soin, basée sur la confiance, serait compromise par le doute quant à l'intention réelle du médecin : « La qualité de cette relation ne peut souffrir aucun doute. »
Soupçons au sein des familles : La pensĂ©e d'avoir potentiellement influencĂ© la dĂ©cision d'euthanasie d'un proche crĂ©erait des divisions et des remords : « comment vivre avec la pensĂ©e d’avoir tuĂ© son pĂšre ou sa mĂšre ? Le doigt pointĂ© accusatoire divisera les familles. »
Suspicion envers les institutions (Ehpad) : Les Ă©tablissements pourraient ĂȘtre perçus comme des lieux oĂč la mort est administrĂ©e pour des raisons Ă©conomiques : « L’ange de la mort rĂŽdera dans tous les Ehpad. Les directeurs seront accusĂ©s de « faire de la rĂ©gulation ». »


4. Motivation économique dissimulée derriÚre le projet de loi :

De Villiers rapporte les propos de l'ancien vice-prĂ©sident du Conseil d'État, Jean-Marc SauvĂ©, qui dĂ©nonce une arriĂšre-pensĂ©e financiĂšre de l'État : « La mort administrĂ©e va permettre des Ă©conomies sur les six milliards de l’Assurance maladie consacrĂ©e Ă  la fin de vie. »


5. Manipulation sémantique et euphémisation du terme "euthanasie" :

De Villiers critique l'utilisation de termes Ă©dulcorĂ©s comme « loi de fraternitĂ© » (employĂ© par Macron) pour dĂ©signer l'acte de tuer : « Macron a osĂ© un oxymore, en appelant « loi de fraternitĂ© » l’acte de tuer son prochain. Nous sommes entrĂ©s dans la sociĂ©tĂ© de l’esquive et de l’euphĂ©misation, oĂč tout le monde apprend Ă  mentir. »
Il révÚle que le gouvernement aurait cherché une nouvelle sémantique pour éviter le mot « euthanasie », jugé trop négativement connoté : « Ils ne voulaient pas du mot, il est trop chargé. »


6. Lien historique et idéologique avec l'eugénisme :

C'est un argument central et alarmiste de De Villiers. Il Ă©tablit un parallĂšle direct entre l'euthanasie et l'eugĂ©nisme, rappelant la loi allemande du 14 juillet 1933 : « historiquement, le mot « euthanasie » en appelle un autre, qui en est le prolongement naturel : l’eugĂ©nisme, c’est-Ă -dire l’élimination des ĂȘtres humains considĂ©rĂ©s comme surnumĂ©raires par la sociĂ©tĂ© du moment. La loi allemande de 1933 a ainsi prĂ©vu l’aide active Ă  mourir et la prĂ©vention de toute descendance atteinte de maladie hĂ©rĂ©ditaire. Cette Allemagne-lĂ  reste la rĂ©fĂ©rence d’une grande politique de l’eugĂ©nisme qui Ă©limine les vieux et les enfants handicapĂ©s. »
Il perçoit le projet de loi comme un retour en arriĂšre, vers une logique de sĂ©lection et d'Ă©limination des personnes jugĂ©es « imparfaites » ou « en trop » : « Ce qu’on nous prĂ©sente comme un progrĂšs l’était dĂ©jĂ  en 1933, de l’autre cĂŽtĂ© du Rhin. La sĂ©lection eugĂ©niste nous conduit sur le chemin de toutes les dĂ©rives, au nom du « vieillard parfait » et de « l’enfant parfait ». »


7. Inversion des valeurs morales et confusion entre soin et mort :

De Villiers dĂ©nonce une perversion du sens du Bien et du Mal : « Le sens du Bien et du Mal a Ă©tĂ© inversĂ© – j’oserais mĂȘme dire inverti. »
Il critique la prĂ©sentation par Bayrou de deux lois (une pour soigner, une pour tuer) comme moralement Ă©quivalentes : « C’est une contorsion politicienne : on tient d’une main la seringue qui soulage et de l’autre la seringue qui occit ; la premiĂšre main feint d’ignorer ce que fera la seconde. Comme si la mort administrĂ©e Ă©tait le prolongement du soin. »
Il imagine la confusion et l'angoisse que cela engendrerait : « La seringue qui s’avance vers mon lit est-elle celle du baume oblatif ou de la mort administrative ? »



 

 

Pour Philippe de Villiers, la lĂ©galisation de l'euthanasie reprĂ©sente un basculement vers une « sociĂ©tĂ© barbare », fondĂ©e sur la dĂ©fiance, la suspicion et une logique d'Ă©limination inspirĂ©e par l'eugĂ©nisme. Il rĂ©sume son opposition par une formule choc : « Car le principe mĂȘme des deux lois, qui prĂŽne la vie et son contraire, porte un nouveau commandement : « Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres. » » Son texte est un plaidoyer passionnĂ© pour le maintien d'une distinction claire et infranchissable entre le soin et la mort, et une mise en garde contre les dĂ©rives potentielles d'une telle lĂ©gislation.

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

21/04/2025

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

Rupture et RĂ©forme vs. RĂ©volution 
L'article souligne que si le monde mĂ©diatique a souvent qualifiĂ© le pontificat de François de "rĂ©volutionnaire", l'historien Christophe DickĂšs prĂ©fĂšre le terme de "rĂ©formes", s'inscrivant dans la longue histoire de l'Église. Le pape a manifestĂ© dĂšs son Ă©lection la volontĂ© de recentrer l'Église sur sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale, Ă  l'image de Saint François d'Assise.

« En prenant le nom de François le 13 mars 2013, le cardinal Jorge Bergoglio rĂ©vĂ©lait au monde sa volontĂ© de recentrer l’Église dans sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale en marchant dans les pas du povorello d’Assise. Assez rapidement, le monde mĂ©diatique en fit un pape rĂ©volutionnaire quand, dans la longue histoire de l’Église, on prĂ©fĂšre utiliser le terme de rĂ©formes. »

 

RĂ©forme de la Curie Romaine 

Une des prioritĂ©s du pontificat a Ă©tĂ© la rĂ©forme de la Curie, minĂ©e par des scandales financiers et des luttes de pouvoir. François a poursuivi le travail initiĂ© par BenoĂźt XVI, en s'attaquant notamment Ă  la banque du Vatican. Une rupture significative a Ă©tĂ© la diminution du pouvoir du SecrĂ©taire d'État au profit direct du pouvoir pontifical, notamment en matiĂšre financiĂšre avec la crĂ©ation du SecrĂ©tariat pour l'Économie.

« Le pape opĂ©ra sur ce sujet une vĂ©ritable rupture en vidant de sa substance le pouvoir de son secrĂ©taire d’État - Ă©quivalent de notre premier ministre - au profit mĂȘme du pouvoir pontifical. Autrement dit, il retira Ă  son secrĂ©taire d’État le pouvoir financier en crĂ©ant un secrĂ©tariat pour l’Économie dĂ©pendant directement du pouvoir pontifical. »

 

Constitution Apostolique "Praedicate evangelium" et recentrage missionnaire 

La nouvelle constitution de 2022 a visĂ© Ă  donner une structure plus missionnaire Ă  la Curie, la mettant au service des Églises particuliĂšres et signalant une volontĂ© de dĂ©centralisation. Le dĂ©placement de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi au second plan, au profit du DicastĂšre pour l'ÉvangĂ©lisation, symbolise ce changement d'accent de "l'autoritĂ©-pouvoir" vers une "autoritĂ©-service".

« Un des symboles forts de cette rĂ©forme fut la relĂ©gation au second plan de la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi, au profit du dicastĂšre pour l’ÉvangĂ©lisation. Ce qui fut, lĂ  aussi, une rupture : il s’agissait de mettre l’accent sur la mission de l’Église plutĂŽt que sur le contrĂŽle doctrinal, de passer d’une « autoritĂ©-pouvoir » Ă  une « autoritĂ©-service » d’inspiration jĂ©suite. »

 

Lutte contre le ClĂ©ricalisme et Promotion de la SynodalitĂ© 

Le pontificat a Ă©tĂ© marquĂ© par une volontĂ© de lutter contre le clĂ©ricalisme, concept aux contours parfois flous, et par la promotion de la synodalitĂ©. Cette dĂ©marche visait Ă  renverser le modĂšle hiĂ©rarchique pyramidal de l'Église, hĂ©ritĂ© de l'Ă©poque grĂ©gorienne. Paradoxalement, l'auteur souligne que François Ă©tait perçu comme un homme autoritaire.

« De fait, l’Ɠuvre rĂ©formatrice du pape François se distingue avant tout par cette volontĂ© de renverser le vieux schĂ©ma grĂ©gorien d’une Église pyramidale mĂȘme si, paradoxalement et de l’avis de l’ensemble des connaisseurs du Vatican, le pape François Ă©tait un homme autoritaire qui acceptait fort peu la contradiction. »

 

Tensions et Divisions 

La volonté de changement du pape François, perçue par certains comme un sentiment de culpabilité institutionnel, a créé des attentes à gauche et des craintes à droite, menant à une "insatisfaction latente". Les synodes sur la famille ont révélé l'influence d'un entourage progressiste. Des décisions comme la restriction de la messe en latin et la déclaration "Fiducia supplicans" sur la bénédiction des couples homosexuels ont provoqué des crises et révélé des oppositions au sein du Vatican et dans diverses régions du monde.

« Le problĂšme est que cette volontĂ© de changement alla de pair avec un sentiment de culpabilitĂ© entretenu au sein mĂȘme de l’institution et qu’un Ă©ditorialiste parisien traduisit par ce titre choc : « François, le pape anticlĂ©rical ». »
« Ce dernier texte crĂ©a une crise d’une ampleur inĂ©dite, posant la question de l’universalitĂ© du message Ă©vangĂ©lique. »

 

Divergences Géopolitiques
L'article met en lumiÚre un fossé entre les conceptions politiques du pape (notamment sur les migrations) et les résultats électoraux dans plusieurs pays. L'Europe est présentée comme un "angle mort" du pontificat, le pape privilégiant les périphéries du monde et manifestant une certaine distance vis-à-vis de l'Occident. Sa politique étrangÚre, orientée vers la Russie, la Chine et l'islam, a également suscité des incompréhensions.

 

HĂ©ritage et InterprĂ©tation de Vatican II 

La question de l'hĂ©ritage des rĂ©formes reste ouverte. L'avenir dira si la synodalitĂ© et la collĂ©gialitĂ© s'imposeront. Le pape François a cherchĂ© Ă  ranimer l'esprit rĂ©formateur de Vatican II, en l'interprĂ©tant comme un concile de rupture, contrairement Ă  BenoĂźt XVI qui l'inscrivait dans la continuitĂ© de la tradition. Cette approche a potentiellement rouvert des dĂ©bats sensibles au sein de l'Église.

 

En conclusion, l'analyse soulĂšve la question de l'impact Ă  long terme de sa vision d'une Église moins centralisĂ©e et plus tournĂ©e vers les pĂ©riphĂ©ries.

 

 

Auteur de nombreux ouvrages, Christophe DickĂšs a rĂ©cemment publiĂ© Pour l’Église. Ce que le monde lui doit (Perrin, 2024) et Notre-Dame de Paris. Pages d’histoire (Salvator, 2024).

 

 

 

 

 

 

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

20/04/2025

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

L'Ă©mission les belles figures de l'Histoire de CNEWS prĂ©sente Carlo Acutis, un jeune Italien dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l'Ăąge de quinze ans et bientĂŽt canonisĂ©. L'Ă©mission explore sa foi profonde et prĂ©coce, son dĂ©vouement Ă  l'Eucharistie, et son initiative d'utiliser internet pour diffuser la connaissance des miracles eucharistiques. Des tĂ©moignages de sa mĂšre et d'un prĂȘtre mettent en lumiĂšre sa maturitĂ© spirituelle exceptionnelle, sa charitĂ© envers les pauvres, et la conversion de sa famille. La discussion aborde Ă©galement sa vision chrĂ©tienne de la mort et l'impact durable de sa vie, soulignant son exemple pour les jeunes d'aujourd'hui.

 

 

 

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

20/04/2025

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

 La PapautĂ© : Une Influence GĂ©opolitique Majeure

L'article souligne d'emblée le poids considérable du pape sur la scÚne mondiale en tant que chef spirituel de prÚs de 1,3 milliard de fidÚles. Cette position confÚre au Vatican une influence qui dépasse largement la sphÚre religieuse. Selon le géopolitologue Sébastien Boussois, cité dans l'article :

 

« Le souverain pontife rĂšgne sur un royaume de prĂšs de 1,3 milliard de fidĂšles, en faisant la premiĂšre communautĂ© religieuse au monde. C’est peu dire qu’il a donc, depuis le Vatican, un rĂŽle fondamental et majeur dans la vie de prĂšs d’un huitiĂšme de l’humanitĂ©. Le pape est clairement au cƓur des affaires du monde occidental. Chaque nouvelle Ă©lection papale revĂȘt donc un enjeu majeur du point de vue politique et gĂ©opolitique. »

 

L'article insiste sur le fait que chaque Ă©lection papale depuis Jean-Paul II a eu des "rĂ©percussions majeures sur l’équilibre gĂ©opolitique mondial". La papautĂ© est prĂ©sentĂ©e comme une "institution diplomatique et spirituelle influente" et un "acteur incontournable des relations internationales" grĂące Ă  son rĂ©seau diplomatique Ă©tendu (relations avec 183 États).

 

 Les Pontificats Marquants et Leur Impact GĂ©opolitique 

L'auteur analyse l'impact géopolitique des trois derniers pontificats, illustrant comment le choix des cardinaux reflÚte et influence les dynamiques politiques et sociales de leur époque.

 

Jean-Paul II (1978) : L'Artisan de la Chute du Rideau de Fer : Son Ă©lection, en tant que premier pape non italien depuis des siĂšcles et d'origine slave, est prĂ©sentĂ©e comme un "tournant gĂ©opolitique". Son engagement contre le communisme, notamment son soutien au syndicat polonais Solidarnoƛć, est considĂ©rĂ© comme ayant contribuĂ© Ă  l'effondrement du bloc soviĂ©tique. L'article souligne son "influence en Europe de l’Est" et son "alliance implicite avec des figures comme Ronald Reagan" dans une stratĂ©gie occidentale de confrontation avec l'URSS. L'Ă©lection de Jean-Paul II est dĂ©crite comme une rĂ©ponse Ă  un contexte oĂč "l’Église entendait se positionner comme un acteur de rĂ©sistance face aux rĂ©gimes athĂ©es et oppressifs".


BenoĂźt XVI (2005) : La DĂ©fense de l'IdentitĂ© ChrĂ©tienne en Occident : Son Ă©lection s'est dĂ©roulĂ©e dans un contexte post-11 septembre et de "crise identitaire en Europe". Son pontificat est caractĂ©risĂ© par une "volontĂ© de dĂ©fendre les racines chrĂ©tiennes de l’Europe" et de rĂ©pondre Ă  la montĂ©e du "relativisme culturel et du sĂ©cularisme". Ses efforts pour dialoguer avec l'islam, bien que parfois controversĂ©s (mention du discours de Ratisbonne), sont Ă©galement Ă©voquĂ©s. Son Ă©lection traduisait une volontĂ© de "recentrer l’Église sur ses fondements doctrinaux".


Le Pape François (2013) : Un Pape Politique dans un Monde FragmentĂ© : Son Ă©lection, en tant que premier pape latino-amĂ©ricain, marque un "virage vers une Église plus engagĂ©e sur les questions sociales et environnementales". Dans un monde "multipolaire, en proie aux populismes et aux crises migratoires", François a adoptĂ© une posture "plus ouverte et critique envers les politiques occidentales", dĂ©nonçant "le capitalisme sauvage, le nationalisme et la fermeture des frontiĂšres". Sa diplomatie est mise en avant, notamment son rĂŽle dans le rapprochement entre Cuba et les États-Unis et ses critiques de la politique europĂ©enne en matiĂšre de migrations. L'encyclique Laudato Si' est prĂ©sentĂ©e comme un "manifeste Ă©cologique influençant les politiques climatiques mondiales". L'article conclut que son Ă©lection "illustre une volontĂ© d’élargir l’influence de l’Église vers les Suds globaux, lĂ  oĂč se trouve aujourd’hui le cƓur dĂ©mographique du catholicisme."


 La Succession de François : Une PapautĂ© Toujours Plus GĂ©opolitique ?

L'article anticipe que le prochain conclave, suite au décÚs du pape François, confirmera probablement la tendance d'une papauté de plus en plus axée sur les enjeux géopolitiques. Avec un catholicisme en croissance en Afrique, en Amérique latine et en Asie, le choix du futur pape sera non seulement une question de foi, mais aussi un "message politique au monde". L'article conclut en soulignant le paradoxe du Vatican :

« Ainsi, le Vatican reste un micro-État Ă  macro-influence, oĂč le choix d’un homme peut influer sur des conflits, des idĂ©ologies et des politiques bien au-delĂ  des murs de la CitĂ© pontificale. »

 

Au final, l'article met en lumiĂšre de maniĂšre convaincante la dimension profondĂ©ment gĂ©opolitique de l'Ă©lection papale. En analysant les pontificats rĂ©cents, il dĂ©montre comment le choix du successeur de Pierre est un Ă©vĂ©nement lourd de consĂ©quences sur l'Ă©chiquier mondial, reflĂ©tant les dĂ©fis et les dynamiques de chaque Ă©poque et influençant les relations internationales, les idĂ©ologies et les politiques bien au-delĂ  de la sphĂšre religieuse. La succession du pape François s'inscrit dans cette perspective, avec la probabilitĂ© d'un accent continu sur les enjeux globaux et une influence croissante des rĂ©gions oĂč le catholicisme est en plein essor.

 

Source : le JDD

Le Jour de PĂąques.

19/04/2025

Le Jour de PĂąques.

Le PĂšre est Vierge, Marie est Vierge,le tombeau de J Ă© s u s est vierge.
O splendeur des naissances de J Ă© s u s ! O Dieu nĂ© de Dieu,lumiĂšre de lumiĂšre ! O Dieu fait homme, nĂ© de Marie! 
O Dieu fait homme, né du tombeau pour ne plus mourir !

 

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La premiĂšre naissance de J Ă© s u s est pour nous la source de la gloire ; la seconde naissance nous apporte la grĂące ; et celle que nous fĂȘtons aujourd’hui nous fraie le passage de la grĂące Ă  la gloire.
Suivons J Ă© s u s , suivons J Ă© s u s ! Avec lui, soyons enfants de Dieu, avec lui soyons enfants de Marie, avec Lui passons par la mort et par le tombeau ; avec lui nous entrerons dans l’immortalitĂ©.
Disons : J é s u s I Disons : Il est ressuscité ! Disons : Alléluia !

PÚre E. André

La Sainte Tunique d'Argenteuil

18/04/2025

La Sainte Tunique d'Argenteuil

 

 

Toute l'histoire de la Sainte Tunique est racontĂ©e au conditionnel sur Wikipedia ; On n'en retiendra ici qu'en l'an 800,  l'impĂ©ratrice de Byzance, IrĂšne, "aurait" offert un coffret d'ivoire renfermant la relique comme cadeau diplomatique Ă  Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Ce dernier "l'aurait" donnĂ©e en garde, lors d'une translation de relique probablement en 803, au monastĂšre de l'HumilitĂ©-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille ThĂ©odrade Ă©tait prieure.

Jean-Christian Petitfils, dans son ouvrage La Sainte Tunique d'Argenteuil paru Chez Taillendier, milite comme nous allons le voir en faveur de l'authenticitĂ©, mĂȘme si l'Eglise reste Ă  juste titre trĂšs prudente.

En effet, Petitfils, dans diffĂ©rents entretiens de promotion de son livre, affirme avoir rassemblĂ© un "impressionnant faisceau d’indices concordants conduisant Ă  considĂ©rer que cette tunique a bien Ă©tĂ© celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix le 3 avril de l’an 33". Pour lui, "au vu du dossier, l’authenticitĂ© ne fait aucun doute."

 

L'analyse rĂ©vĂšle une "chemise en laine de mouton non mĂ©rinos, tissĂ©e d’une seule piĂšce de haut en bas", caractĂ©ristique de la tunique de JĂ©sus selon les Évangiles. La mĂ©thode de tissage est qualifiĂ©e d'"archaĂŻque et artisanale", et les fils "fortement torsadĂ©s en Z" suggĂšrent une "origine syrienne trĂšs ancienne".

 

La tunique contient de "nombreux pollens de plantes originaires de Méditerranée orientale", cohérent avec une origine géographique proche de Jérusalem.

La tunique est "maculĂ©e de sang", ce qui est logique compte tenu de la flagellation et de la crucifixion subies par JĂ©sus. Le Pr Lucotte a observĂ© des "hĂ©maties (globules rouges)" prĂ©sentant des signes d'"anĂ©mie grave, voire d’une ‘situation traumatique’", tels qu'une forme altĂ©rĂ©e, dĂ©chirĂ©e et une rarĂ©faction de sels minĂ©raux.

 

Petitfils souligne les similitudes avec le Suaire d'Oviedo et le Linceul de Turin : "mĂȘme groupe sanguin AB (5 % de la population mondiale), pollens proche-orientaux semblables, taches de sang se recoupant." Il cite notamment le Pr AndrĂ© Marion qui a Ă©tabli que "neuf taches de sang du dos de la tunique se retrouvent sur la face dorsale du Linceul." Pour Petitfils, ces reliques "semblent s’authentifier elles-mĂȘmes".

 

L'historien rappelle que l'Évangile de Jean mentionne que la tunique de JĂ©sus n'avait pas de couture et fut tirĂ©e au sort par les soldats romains, un dĂ©tail qui correspond Ă  la description de la tunique d'Argenteuil.

 

Points soulevés concernant les objections à l'authenticité :

Datation au carbone 14 : Petitfils reconnaßt que "la double datation au carbone 14 a pourtant remis en cause cette estimation" avec des résultats "incompatibles" et une différence de 350 ans. Cependant, il relativise la fiabilité de cette méthode pour les linges, citant l'exemple du Linceul de Turin.
Contamination historique : Il explique que la tunique a Ă©tĂ© "enfouie Ă  trois reprises", notamment durant la Terreur, oĂč son contact avec "des matiĂšres organiques en dĂ©composition" a pu fausser les rĂ©sultats du carbone 14. Il mentionne Ă©galement les thĂšses du Pr Lucotte et de Mme Van Oosterwyck-Gastuche concernant la prĂ©sence de carbonate de calcium et les traitements chimiques qui auraient pu rajeunir les fibres.

 

Concernant la position de l'Eglise, Petitfils explique que "l’Église n’a pas pour mission d’affirmer si un objet est oui ou non une relique authentique ou une simple copie, mais d’annoncer la rĂ©surrection de JĂ©sus, mort pour le salut de l’humanitĂ©." L'Église "cĂ©lĂšbre la relique, son parcours historique, mais elle n’en fait pas un objet de foi."

 

 

 

 

En conclusion, bien que les datations au carbone 14 prĂ©sentent des contradictions, Jean-Christian Petitfils, en tant qu'historien, considĂšre le "faisceau d'indices concordants" issus de l'analyse du tissu, des pollens, des traces de sang et des correspondances avec d'autres reliques majeures comme des arguments solides en faveur de l'authenticitĂ© de la sainte tunique d'Argenteuil comme Ă©tant celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix. Il souligne cependant que l'Église ne se prononce pas de maniĂšre dogmatique sur cette authenticitĂ©, privilĂ©giant l'annonce du message pascal. Les ostensions de la relique continuent d'attirer de nombreux fidĂšles, tĂ©moignant de son importance spirituelle.