Le blog du Temps de l'Immaculée.

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A quoi sert la politique ?

25/04/2025

 A quoi sert la politique ?

D’autant plus que Notre-Seigneur, compatissant et prĂ©dicateur de la sagesse Ă©ternelle, n’est pas dĂ©connectĂ© des rĂ©alitĂ©s terrestres. « J’ai pitiĂ© de cette foule. Depuis trois jours qu’ils me suivent, depuis trois jours qu’ils boivent mes paroles mais ils ont faim » affirme-t-il, magnanime, lors de la multiplication des pains (Mt 15, 32).  

 

Dans le sillage de PĂąques, qui mieux que JĂ©sus-Christ pour nous apprendre que servir, c’est rĂ©gner ? RĂ©side lĂ , d’ailleurs, la raison mĂȘme de son Incarnation : « Je ne suis pas venu pour ĂȘtre servi mais pour servir.» Dans la lignĂ©e de cette orientation de vie, la souveraine politique sera donc celle qui prend pitiĂ© des hommes.

 

Prendre plaisir Ă  vivre ensemble

 

Les hommes sont appelés à vivre en société mais le péché originel fait que, de façon récurrente, la dissociété les menace, pour reprendre le mot popularisé par Jacques Généreux. Pour autant, le propos de la politique ne devrait pas consister pas à défendre le vivre-ensemble mais à permettre aux hommes de prendre plaisir à vivre ensemble. Sortir de la dissociété nécessite de suivre la geste du Fils de Dieu qui de Seigneur se fait serviteur.

 

Ainsi, la politique impĂ©rĂ©e par la charitĂ© thĂ©ologale devient civilisatrice, seulement dans la mesure oĂč, s’appuyant sur les principes de l’Évangile, elle arrive Ă  dessiner les « espaces de paix et de sociabilité », selon l’expression charmante du professeur Pierre Chaunu. Ces espaces de paix et de sociabilitĂ© sont propres Ă  donner justement Ă  l’homme la possibilitĂ© d’atteindre sa fin, qui passe par le goĂ»t du bien et l’amour du vrai.

 

Les leçons de l’Histoire nous le prouvent, l’athĂ©isme revendiquĂ© des totalitarismes du XXe siĂšcle comme l’absence de transcendance consubstantielle Ă  l’insouciance de la pĂ©riode contemporaine : aucune politique digne de ce nom ne saurait favoriser pertinemment le Bien commun si elle n’est habitĂ©e, au moins de façon lointaine, par la recherche du royaume de Dieu. « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, le reste vous sera donnĂ© par surcroĂźt.»

 

Il est en outre une autre exigence Ă  laquelle doit rĂ©pondre la politique et qui Ă©chappe parfois Ă  ceux-lĂ  mĂȘmes qui devraient l’enseigner dans l’Église : la politique se doit d’aider les hommes Ă  atteindre leur fin. L’organisation idĂ©ale de la citĂ© sera celle qui, Ă  sa place, favorisera l’amour des vertus et le service de la vĂ©ritĂ©, dans le but du salut des Ăąmes.

Se demander Ă  quoi sert la politique et affirmer qu’elle est au service des hommes pour qu’ils atteignent leur fin appelle une autre question qui prolonge de façon dĂ©cisive la premiĂšre : comment la politique pourrait-elle servir sans se mettre Ă  l’école du serviteur par excellence ? À l’école du Christ offert. À l’école du Christ en croix.

 

L’individu, fin derniùre de l’ordre social ?

 

Gustave Thibon soulignait, avec l’à-propos qui le singularise, que dans les Ă©poques classiques du passĂ©, les institutions morales, politiques ou religieuses dĂ©passaient et portaient les individus qui les reprĂ©sentaient. Ainsi la monarchie Ă©tait plus que le roi, le sacerdoce plus que le prĂȘtre. Au point tel d’ailleurs qu’on pouvait se payer le luxe de s’interroger sur tel roi ou tel pape sans que le principe mĂȘme de la monarchie ou de l’autoritĂ© pontificale soit mis en question le moins du monde.

 

Aujourd’hui en revanche, comme dans tous les temps de dĂ©cadence, nous assistons au phĂ©nomĂšne inverse. Les institutions ne sont tolĂ©rĂ©es et aimĂ©es qu’à travers les personnes. En 1974, dans son essai De la prudence, la plus humaine des vertus, Marcel De Corte ciblait dĂ©jĂ  le problĂšme : « Sous l’influence d’un christianisme dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© et sĂ©cularisĂ©, l’individu s’est Ă©rigĂ©, lentement, puis torrentueusement, fin derniĂšre de l’ordre social.»

 

Montrer l’exemple et manifester sa soif de cohĂ©rence entre l’enseignement de l’Église et sa propre vie – traversĂ©e de misĂšres – peut relever d’un certain hĂ©roĂŻsme. AssurĂ©ment de tous les hĂ©roĂŻsmes, celui qui importe le plus et qui transcende tous les autres, qui les transcende d’aussi haut que la grĂące est en mesure de transcender notre nature, c’est l’hĂ©roĂŻsme de la saintetĂ©.

 

Or la saintetĂ© ne consiste pas Ă  se servir des grĂąces du Ciel pour son propre compte mais, bien au contraire, Ă  se mettre au service de ces derniĂšres au bĂ©nĂ©fice de tous. Devenir des miroirs de la RĂ©surrection au service de son prochain, le voilĂ  l’agir politique dans son sens le plus noble.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et la puissance de l’Ave Maria

24/04/2025

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort et la puissance de l’Ave Maria

« De grands saints... ont prĂȘchĂ© publiquement que le salut du monde ayant commencĂ© par l' Ave Maria, le salut de chacun en particulier Ă©tait attachĂ© Ă  cette priĂšre ; que c'est cette priĂšre qui a fait porter Ă  la terre sĂšche et stĂ©rile le fruit de vie, et que c'est cette mĂȘme priĂšre, bien dite, qui doit faire germer en nos Ăąmes la parole de Dieu et porter le fruit de vie, JĂ©sus-Christ ; que l' Ave Maria est une rosĂ©e cĂ©leste qui arrose la terre, c'est-Ă -dire l'Ăąme pour la faire porter son fruit en son temps ; et qu'une Ăąme qui n'est pas arrosĂ©e par cette priĂšre ou rosĂ©e cĂ©leste ne porte point de fruit et ne donne que des ronces et des Ă©pines, et est prĂȘte d'ĂȘtre maudite.

 

[...] L' Ave Maria est la plus belle de toutes les priĂšres aprĂšs le Pater (Notre PĂšre) ; c’est le plus parfait compliment que vous puissiez faire Ă  Marie, puisque c'est le compliment que le TrĂšs-Haut lui envoya faire par un archange pour gagner son cƓur ; et il fut si puissant sur son cƓur, par les charmes secrets dont il est plein, que Marie donna son consentement Ă  l'Incarnation du Verbe, malgrĂ© sa profonde humilitĂ©.

 

C'est par ce compliment aussi que vous gagnerez infailliblement son cƓur, si vous le dites comme il faut.

 

L' Ave Maria bien dit, c'est-à-dire avec attention, dévotion et modestie, est, selon les saints, l'ennemi du diable, qui le met en fuite, et le marteau qui l'écrase, la sanctification de l'ùme, la joie des anges, la mélodie des prédestinés, le cantique du Nouveau Testament, le plaisir de Marie et la gloire de la TrÚs Sainte Trinité.

 

L' Ave Maria est une rosée céleste qui rend l'ùme féconde ; c'est un baiser chaste et amoureux qu'on donne à Marie, c'est une rose vermeille qu'on lui présente, c'est une perle précieuse qu'on lui offre... »

Un phare dans la nuit de l'Eglise d'occident

24/04/2025

Un phare dans la nuit de l'Eglise d'occident

 Dans ce contexte fleurissent les discours eschatologiques. Mais qu'en dit rĂ©ellement l'Écriture ?Le livre de l'Apocalypse bien sĂ»r, les Évangiles, et aussi les livres prophĂ©tiques de l'Ancien Testament, le P. Charles Bonin les passe au peigne fin afin d'y dĂ©celer des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse. À cette lumiĂšre sĂ»re, il envisage le scĂ©nario de la fin de temps, la figure de l'Antichrist et la restauration universelle lors de la Parousie. En revenant Ă  la finalitĂ© mĂȘme de l'humanitĂ© telle que rĂ©vĂ©lĂ©e par la parole de Dieu, ce livre allume un phare dans la nuit que traverse l'Église d'Occident. Il soutient l'espĂ©rance et oriente rĂ©solument son action pastorale, afin que toute chair voie le salut de Dieu (cf. Lc 3,6).

Parmi les sujets d’actualitĂ©, le pĂšre Bonin aborde celui de l’euthanasie et le rĂŽle de l’Eglise :

"A contre-courant de la pensĂ©e athĂ©e, assoiffĂ©e de tout contrĂŽler, mais condamnĂ©e Ă  l’absurde parce que privĂ©e de perspective transcendante, l’Eglise porte un message d’espĂ©rance fondĂ© sur l’évĂšnement pascal. le dĂ©bat sur l’euthanasie se situe aussi dans ce cadre. S’agit-il de contrĂŽler la mort en se faisant maĂźtre de la vie, ou d’accompagner la vie avec humanitĂ© jusqu’à son terme naturel ? “Regarder la mort en face”, ce n’est pas la provoquer avec une prĂ©tention  de toute puissance drapĂ©e d’hypocrite bienveillance, c’est assumer avec responsabilitĂ© et humanitĂ© de prendre soin jusqu’au bout. La question de sociĂ©tĂ© qui se pose est une alternative entre exclure ou accompagner. Mais accompagner vers quoi  et pourquoi ? Quelle espĂ©rance si l’on n’a plus la conscience de Dieu et d’un au-delĂ , si l’on ne voit la mort que comme un terme, une dĂ©chĂ©ance de vie, et non plus comme un passage “une PĂąque) vers une plĂ©nitude , c’est Ă  ce niveau que les chrĂ©tiens ont un message Ă  donner au monde : celui d’un but ultime Ă  retrouver, sans lequel il n’y a plus de raison d’espĂ©rer, ni mĂȘme de dignitĂ© fondamentale humaine. DerriĂšre ces questions de sociĂ©tĂ©, il y a, au fond, une grand vide anthropologique et finalement une soif d’espĂ©rance oĂč l’Eglise est attendue."

 


Le pĂšre Charles Bonin est prĂȘtre du diocĂšse de Grenoble-Vienne et curĂ©-doyen de cinq paroisses. Juriste de formation, ancien commissaire de la Marine et enseignant Ă  l'Ă©cole navale, il est diplĂŽmĂ© en droit international public et en thĂ©ologie dogmatique.

 

Le PĂšre Ch. Bonin Ă  la procession des Rameaux 2025
Paroisse de Beaurepaire, collection privée

 

Les Habits Neufs du Terrorisme Intellectuel

23/04/2025

Les Habits Neufs du Terrorisme Intellectuel

 Ils dĂ©finissent ce phĂ©nomĂšne comme une tactique visant Ă  disqualifier les adversaires et Ă  Ă©touffer le dĂ©bat en utilisant des Ă©tiquettes pĂ©joratives, le qualifiant de mĂ©thode de contrĂŽle social. La conversation explore les origines historiques de cette pratique, la liant aux LumiĂšres et Ă  la RĂ©volution française, tout en soulignant son institutionnalisation aprĂšs la Seconde Guerre mondiale et son accĂ©lĂ©ration avec Mai 68. Les auteurs mettent en lumiĂšre le caractĂšre occidental de ce phĂ©nomĂšne et son lien avec une certaine mauvaise conscience, bien que ses manifestations varient selon les pays. Enfin, ils discutent des moyens de se protĂ©ger de cette emprise intellectuelle, suggĂ©rant une vigilance individuelle et, surtout, une action politique pour restaurer la libertĂ© d'expression et la souverainetĂ©.

 

La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

22/04/2025

La mort du pape François (2013-2025). La fin d'une époque ?

Du Docteur Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

 

À 7h35 du matin, le 21 avril 2025, lundi de PĂąques, l'Ăąme de Jorge Mario Bergoglio s'est sĂ©parĂ©e de son corps mortel pour se prĂ©senter au Jugement Divin. Ce n’est qu’au Jour du Jugement dernier que nous saurons quelle a Ă©tĂ© la sentence du Tribunal suprĂȘme devant lequel chacun de nous devra un jour comparaĂźtre pour le pape François. Aujourd'hui, nous prions pour le repos de son Ăąme, comme l'Église le fait publiquement dans ses novendiaux, et, prĂ©cisĂ©ment parce que l'Église est une sociĂ©tĂ© publique, nous unissons Ă  nos priĂšres une tentative de jugement historique sur son pontificat. 

 

Jorge Mario Bergoglio, le 266e pontife romain, le premier Ă  porter le nom de François, fut le Vicaire du Christ pendant douze ans, mĂȘme s'il prĂ©fĂ©ra celui d'Ă©vĂȘque de Rome Ă  ce nom. Mais l'Ă©vĂȘque de Rome devient tel au moment oĂč, aprĂšs l'Ă©lection, il accepte le munus pĂ©trinien. En acceptant le pontificat, le Pape assume Ă©galement les titres, rapportĂ©s dans l' Annuario Pontificio, d'ÉvĂȘque de Rome, Vicaire de JĂ©sus-Christ, Successeur du Prince des ApĂŽtres, Souverain Pontife de l'Église universelle, Primat d'Italie, ArchevĂȘque et MĂ©tropolite de la Province romaine, Souverain de l'État de la CitĂ© du Vatican, Serviteur des Serviteurs de Dieu, Patriarche d'Occident (ce dernier titre a Ă©tĂ© rĂ©tabli en 2024, aprĂšs avoir Ă©tĂ© supprimĂ© en 2006 par BenoĂźt XVI).

 

Ces titres mĂ©ritent des honneurs particuliers, notamment celui de Vicaire du Christ qui fait du Pape non pas le successeur, mais le reprĂ©sentant sur terre de JĂ©sus-Christ, Dieu-Homme, RĂ©dempteur de l'humanitĂ©. Le Pape reçoit des honneurs non pas pour sa personne, mais pour la dignitĂ© de la mission que le Christ a confiĂ©e Ă  Pierre. De mĂȘme que dans les sacrements chrĂ©tiens un geste exprime une grĂące invisible, de mĂȘme les honneurs (titres, vĂȘtements, cĂ©rĂ©monies) sont des signes sensibles de rĂ©alitĂ©s spirituelles, mĂȘme institutionnelles. L’autoritĂ© est une rĂ©alitĂ© spirituelle et invisible, mais pour ĂȘtre reconnue, elle doit se manifester visiblement, Ă  travers des gestes et des rituels. Sans cela, les institutions risquent de devenir invisibles et la sociĂ©tĂ© religieuse, comme la sociĂ©tĂ© politique, de sombrer dans le chaos. Le christianisme est fondĂ© sur ce principe : le Dieu invisible a pris un visage, un corps, un nom : « Le Verbe s'est fait chair » ( Jn 1, 14) ; « Personne n’a jamais vu Dieu ; « Le Fils unique, qui est dans le sein du PĂšre, c'est lui qui l'a fait connaĂźtre » ( Jn 1, 18). Parmi les auteurs du Nouveau Testament, saint Jean l'ÉvangĂ©liste est celui qui Ă©labore le plus intensĂ©ment une thĂ©ologie de la visibilitĂ© de l'invisible, dans son Évangile, mais surtout dans le Livre de l'Apocalypse , dans lequel le symbole devient une vision prophĂ©tique, pour montrer l'action cachĂ©e de Dieu dans l'histoire.

 

Le pape François n'a montrĂ© aucun respect pour le dĂ©corum de la papautĂ©, depuis son premier « Bonsoir, frĂšres et sƓurs » informel adressĂ© depuis la loggia de Saint-Pierre le jour de son Ă©lection, jusqu'Ă  son apparition publique le 9 avril dernier, lorsqu'il est apparu dans la basilique dans son fauteuil roulant, vĂȘtu d'une couverture rayĂ©e ressemblant Ă  un poncho, sans aucun signe de dignitĂ© papale. Le pape Bergoglio a remplacĂ© le symbolisme sacrĂ© par un symbolisme mĂ©diatique, fait d'images, de mots et de rencontres, qui sont souvent devenus des messages plus forts que les documents officiels : de « Qui suis-je pour juger ? » au lavement des pieds des femmes et des musulmans, jusqu'Ă  sa participation, en 2025, au festival de Sanremo, Ă  travers un message vidĂ©o. Certains disent que, ce faisant, le pape François a « humanisĂ© » la papautĂ©, mais en rĂ©alitĂ©, il l'a banalisĂ©e et mondanisĂ©e. C'est l'institution de la papautĂ©, et non la personne de Jorge Mario Bergoglio, qui a Ă©tĂ© dĂ©gradĂ©e par ces gestes et d'innombrables autres, qui ont sĂ©cularisĂ© le langage et les signes que l'Église a toujours utilisĂ©s pour exprimer le mystĂšre divin. 

 

Le premier Ă  dĂ©pouiller l'Église de sa majestĂ© ne fut pas François, mais Paul VI, Ă  qui l'on doit la renonciation Ă  la tiare, qu'il dĂ©posa le 13 novembre 1964 sur « l'autel du Concile », suivie de l'abolition de la sedia gestatoria, de la garde noble et de la cour papale, qui n'Ă©taient pas des fioritures, mais des signes de l'honneur dĂ» Ă  l'Église catholique romaine, en tant qu'institution humano-divine, fondĂ©e par JĂ©sus-Christ. De ce point de vue, le pontificat de François ne reprĂ©sente pas, comme certains le pensent, une « rupture » avec les prĂ©cĂ©dents, mais apparaĂźt plutĂŽt comme l'accomplissement d'une ligne pastorale introduite par le Concile Vatican II, dont BenoĂźt XVI n'a tentĂ© que partiellement d'inverser le cours. 

 

L’exhortation apostolique Amoris laetitia du 19 mars 2016 a certainement créé une situation de dĂ©sorientation, en raison de l’ouverture aux couples divorcĂ©s remariĂ©s et aux couples en situation « irrĂ©guliĂšre » ; le Document sur la fraternitĂ© humaine signĂ© avec le Grand Imam de la mosquĂ©e Al-Azhar le 4 fĂ©vrier 2019 a Ă©tĂ© une nouvelle Ă©tape sur la voie du faux ƓcumĂ©nisme ; l’encouragement Ă  l’immigration, la promotion de l’agenda anti-mondialiste, la proclamation du « synodalisme », la discrimination des traditionalistes, la possibilitĂ© de bĂ©nir les couples homosexuels et celle accordĂ©e aux laĂŻcs et aux femmes d’accĂ©der Ă  la direction d’un dicastĂšre, sont autant d’évĂ©nements qui ont provoquĂ© des rĂ©actions lĂ©gitimes dans le monde catholique. C'est aussi Ă  cause de cette rĂ©sistance que les objectifs que les Ă©vĂȘques progressistes avaient voulu atteindre, comme l'ordination des femmes diacres, le mariage des prĂȘtres, l'attribution de l'autoritĂ© doctrinale aux confĂ©rences Ă©piscopales, n'ont pas Ă©tĂ© atteints sous le pape François, dĂ©cevant ses plus ardents partisans. L’aspect le plus rĂ©volutionnaire de son pontificat demeure cependant la succession de paroles et d’actions qui ont transformĂ© la perception publique de la primautĂ© de Pierre, la rendant mondaine et l’affaiblissant.

 

Aujourd’hui, une Ă©poque se termine et nous nous demandons quelle nouvelle Ăšre s’ouvrira. Le prochain pape sera peut-ĂȘtre plus conservateur ou plus progressiste que François, mais il ne sera pas bergoglien, car le bergoglianisme n’était pas un projet idĂ©ologique, mais un style de gouvernement, pragmatique, autoritaire et souvent laissĂ© Ă  l’improvisation. En raison Ă©galement de ce manque d’hĂ©ritage, les fortes tensions et polarisations qui se sont dĂ©veloppĂ©es sous le gouvernement de François pourraient exploser dĂšs les jours du conclave. 

 

Il faut Ă©galement rappeler que François a dĂ©clarĂ© une AnnĂ©e Saint Joseph en 2021 ; a consacrĂ© la Russie et l'Ukraine au CƓur ImmaculĂ© de Marie le 25 mars 2022 ; il a consacrĂ© sa quatriĂšme encyclique,  Dilexit nos, du 24 octobre 2024, au culte du SacrĂ©-CƓur : autant de gestes en ligne avec la spiritualitĂ© traditionnelle de l'Église et trĂšs diffĂ©rents du culte paĂŻen de la Pachamama auquel, cependant, le Pape a rendu hommage au Vatican. Les contradictions caractĂ©risent donc l’ùre bergoglienne. François, par exemple, a niĂ© le titre de corĂ©demptrice Ă  Notre-Dame et l’a qualifiĂ©e de « mĂ©ticcia » du MystĂšre de l’Incarnation, mais dans son testament, il a Ă©crit qu’il avait toujours confiĂ© sa vie et son ministĂšre « Ă  la MĂšre de Notre Seigneur, la TrĂšs Sainte Vierge Marie ». Il a donc demandĂ© que sa dĂ©pouille mortelle « repose en attendant le jour de la rĂ©surrection dans la basilique papale de Sainte-Marie-Majeure ». « Je souhaite que mon dernier voyage terrestre se termine prĂ©cisĂ©ment dans cet antique sanctuaire marial oĂč j’allais prier au dĂ©but et Ă  la fin de chaque voyage apostolique pour confier avec confiance mes intentions Ă  la MĂšre ImmaculĂ©e et la remercier de ses soins dociles et maternels ».

 

La Bienheureuse Vierge Marie se voit dĂ©sormais confier son dernier voyage, alors que l’Église fait face Ă  un moment de son histoire d’une gravitĂ© et d’une complexitĂ© extraordinaires. Et c'est Ă  elle, MĂšre du Corps mystique du Christ, que nous confions aujourd'hui toutes nos espĂ©rances, dans la certitude qu'aux jours de souffrance de l'Église succĂšderont bientĂŽt ceux de sa RĂ©surrection et de sa gloire.

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

21/04/2025

Les Réformes du Pape François : Ruptures et Héritage

Rupture et RĂ©forme vs. RĂ©volution 
L'article souligne que si le monde mĂ©diatique a souvent qualifiĂ© le pontificat de François de "rĂ©volutionnaire", l'historien Christophe DickĂšs prĂ©fĂšre le terme de "rĂ©formes", s'inscrivant dans la longue histoire de l'Église. Le pape a manifestĂ© dĂšs son Ă©lection la volontĂ© de recentrer l'Église sur sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale, Ă  l'image de Saint François d'Assise.

« En prenant le nom de François le 13 mars 2013, le cardinal Jorge Bergoglio rĂ©vĂ©lait au monde sa volontĂ© de recentrer l’Église dans sa mission Ă©vangĂ©lique et sociale en marchant dans les pas du povorello d’Assise. Assez rapidement, le monde mĂ©diatique en fit un pape rĂ©volutionnaire quand, dans la longue histoire de l’Église, on prĂ©fĂšre utiliser le terme de rĂ©formes. »

 

RĂ©forme de la Curie Romaine 

Une des prioritĂ©s du pontificat a Ă©tĂ© la rĂ©forme de la Curie, minĂ©e par des scandales financiers et des luttes de pouvoir. François a poursuivi le travail initiĂ© par BenoĂźt XVI, en s'attaquant notamment Ă  la banque du Vatican. Une rupture significative a Ă©tĂ© la diminution du pouvoir du SecrĂ©taire d'État au profit direct du pouvoir pontifical, notamment en matiĂšre financiĂšre avec la crĂ©ation du SecrĂ©tariat pour l'Économie.

« Le pape opĂ©ra sur ce sujet une vĂ©ritable rupture en vidant de sa substance le pouvoir de son secrĂ©taire d’État - Ă©quivalent de notre premier ministre - au profit mĂȘme du pouvoir pontifical. Autrement dit, il retira Ă  son secrĂ©taire d’État le pouvoir financier en crĂ©ant un secrĂ©tariat pour l’Économie dĂ©pendant directement du pouvoir pontifical. »

 

Constitution Apostolique "Praedicate evangelium" et recentrage missionnaire 

La nouvelle constitution de 2022 a visĂ© Ă  donner une structure plus missionnaire Ă  la Curie, la mettant au service des Églises particuliĂšres et signalant une volontĂ© de dĂ©centralisation. Le dĂ©placement de la CongrĂ©gation pour la Doctrine de la Foi au second plan, au profit du DicastĂšre pour l'ÉvangĂ©lisation, symbolise ce changement d'accent de "l'autoritĂ©-pouvoir" vers une "autoritĂ©-service".

« Un des symboles forts de cette rĂ©forme fut la relĂ©gation au second plan de la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi, au profit du dicastĂšre pour l’ÉvangĂ©lisation. Ce qui fut, lĂ  aussi, une rupture : il s’agissait de mettre l’accent sur la mission de l’Église plutĂŽt que sur le contrĂŽle doctrinal, de passer d’une « autoritĂ©-pouvoir » Ă  une « autoritĂ©-service » d’inspiration jĂ©suite. »

 

Lutte contre le ClĂ©ricalisme et Promotion de la SynodalitĂ© 

Le pontificat a Ă©tĂ© marquĂ© par une volontĂ© de lutter contre le clĂ©ricalisme, concept aux contours parfois flous, et par la promotion de la synodalitĂ©. Cette dĂ©marche visait Ă  renverser le modĂšle hiĂ©rarchique pyramidal de l'Église, hĂ©ritĂ© de l'Ă©poque grĂ©gorienne. Paradoxalement, l'auteur souligne que François Ă©tait perçu comme un homme autoritaire.

« De fait, l’Ɠuvre rĂ©formatrice du pape François se distingue avant tout par cette volontĂ© de renverser le vieux schĂ©ma grĂ©gorien d’une Église pyramidale mĂȘme si, paradoxalement et de l’avis de l’ensemble des connaisseurs du Vatican, le pape François Ă©tait un homme autoritaire qui acceptait fort peu la contradiction. »

 

Tensions et Divisions 

La volonté de changement du pape François, perçue par certains comme un sentiment de culpabilité institutionnel, a créé des attentes à gauche et des craintes à droite, menant à une "insatisfaction latente". Les synodes sur la famille ont révélé l'influence d'un entourage progressiste. Des décisions comme la restriction de la messe en latin et la déclaration "Fiducia supplicans" sur la bénédiction des couples homosexuels ont provoqué des crises et révélé des oppositions au sein du Vatican et dans diverses régions du monde.

« Le problĂšme est que cette volontĂ© de changement alla de pair avec un sentiment de culpabilitĂ© entretenu au sein mĂȘme de l’institution et qu’un Ă©ditorialiste parisien traduisit par ce titre choc : « François, le pape anticlĂ©rical ». »
« Ce dernier texte crĂ©a une crise d’une ampleur inĂ©dite, posant la question de l’universalitĂ© du message Ă©vangĂ©lique. »

 

Divergences Géopolitiques
L'article met en lumiÚre un fossé entre les conceptions politiques du pape (notamment sur les migrations) et les résultats électoraux dans plusieurs pays. L'Europe est présentée comme un "angle mort" du pontificat, le pape privilégiant les périphéries du monde et manifestant une certaine distance vis-à-vis de l'Occident. Sa politique étrangÚre, orientée vers la Russie, la Chine et l'islam, a également suscité des incompréhensions.

 

HĂ©ritage et InterprĂ©tation de Vatican II 

La question de l'hĂ©ritage des rĂ©formes reste ouverte. L'avenir dira si la synodalitĂ© et la collĂ©gialitĂ© s'imposeront. Le pape François a cherchĂ© Ă  ranimer l'esprit rĂ©formateur de Vatican II, en l'interprĂ©tant comme un concile de rupture, contrairement Ă  BenoĂźt XVI qui l'inscrivait dans la continuitĂ© de la tradition. Cette approche a potentiellement rouvert des dĂ©bats sensibles au sein de l'Église.

 

En conclusion, l'analyse soulĂšve la question de l'impact Ă  long terme de sa vision d'une Église moins centralisĂ©e et plus tournĂ©e vers les pĂ©riphĂ©ries.

 

 

Auteur de nombreux ouvrages, Christophe DickĂšs a rĂ©cemment publiĂ© Pour l’Église. Ce que le monde lui doit (Perrin, 2024) et Notre-Dame de Paris. Pages d’histoire (Salvator, 2024).

 

 

 

 

 

 

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

21/04/2025

«Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres»

1. Violation du serment d'Hippocrate et confusion des rÎles médicaux :

De Villiers met en avant l'incompatibilitĂ© fondamentale entre le rĂŽle du soignant et celui de celui qui donne la mort. Il cite le professeur Philippe Juvin : « Demain, en entrant dans la chambre d’un patient, je ne veux pas ĂȘtre amenĂ© Ă  croiser un regard de doute sur ce que je suis venu faire. »
Il rappelle la formulation sans ambiguïté du serment d'Hippocrate : « Tu ne tueras pas. »
Il dĂ©nonce une « rupture anthropologique inouĂŻe » oĂč « ce n’est pas Ă  la mĂ©decine d’administrer la mort. La main qui soigne ne peut ĂȘtre la main qui tue. »


2. Risque de dérives et perte de contrÎle, analogie avec la loi Veil :

De Villiers exprime une forte mĂ©fiance quant Ă  la prĂ©tendue rigueur des conditions d'application de la future loi. Il Ă©tablit un parallĂšle avec la loi Veil sur l'avortement, initialement prĂ©sentĂ©e comme restrictive mais dont l'application s'est Ă©largie avec le temps : « La loi Veil sur l’avortement se voulait trĂšs restrictive. Et puis, trĂšs vite, la digue a lĂąchĂ©. »
Il affirme que dans les pays ayant lĂ©galisĂ© l'euthanasie, on pratique dĂ©sormais le « geste lĂ©tal » pour des motifs plus larges que ceux initialement prĂ©vus : « D’ailleurs, dans tous les pays qui ont lĂ©galisĂ© l’euthanasie, on pratique aujourd’hui le « geste lĂ©tal » pour ceux qui ont « un p’tit truc en plus ». »


3. Instauration d'une société de la défiance et de la suspicion :

De Villiers anticipe une dégradation des relations sociales et interpersonnelles :
Défiance envers les soignants : La relation de soin, basée sur la confiance, serait compromise par le doute quant à l'intention réelle du médecin : « La qualité de cette relation ne peut souffrir aucun doute. »
Soupçons au sein des familles : La pensĂ©e d'avoir potentiellement influencĂ© la dĂ©cision d'euthanasie d'un proche crĂ©erait des divisions et des remords : « comment vivre avec la pensĂ©e d’avoir tuĂ© son pĂšre ou sa mĂšre ? Le doigt pointĂ© accusatoire divisera les familles. »
Suspicion envers les institutions (Ehpad) : Les Ă©tablissements pourraient ĂȘtre perçus comme des lieux oĂč la mort est administrĂ©e pour des raisons Ă©conomiques : « L’ange de la mort rĂŽdera dans tous les Ehpad. Les directeurs seront accusĂ©s de « faire de la rĂ©gulation ». »


4. Motivation économique dissimulée derriÚre le projet de loi :

De Villiers rapporte les propos de l'ancien vice-prĂ©sident du Conseil d'État, Jean-Marc SauvĂ©, qui dĂ©nonce une arriĂšre-pensĂ©e financiĂšre de l'État : « La mort administrĂ©e va permettre des Ă©conomies sur les six milliards de l’Assurance maladie consacrĂ©e Ă  la fin de vie. »


5. Manipulation sémantique et euphémisation du terme "euthanasie" :

De Villiers critique l'utilisation de termes Ă©dulcorĂ©s comme « loi de fraternitĂ© » (employĂ© par Macron) pour dĂ©signer l'acte de tuer : « Macron a osĂ© un oxymore, en appelant « loi de fraternitĂ© » l’acte de tuer son prochain. Nous sommes entrĂ©s dans la sociĂ©tĂ© de l’esquive et de l’euphĂ©misation, oĂč tout le monde apprend Ă  mentir. »
Il révÚle que le gouvernement aurait cherché une nouvelle sémantique pour éviter le mot « euthanasie », jugé trop négativement connoté : « Ils ne voulaient pas du mot, il est trop chargé. »


6. Lien historique et idéologique avec l'eugénisme :

C'est un argument central et alarmiste de De Villiers. Il Ă©tablit un parallĂšle direct entre l'euthanasie et l'eugĂ©nisme, rappelant la loi allemande du 14 juillet 1933 : « historiquement, le mot « euthanasie » en appelle un autre, qui en est le prolongement naturel : l’eugĂ©nisme, c’est-Ă -dire l’élimination des ĂȘtres humains considĂ©rĂ©s comme surnumĂ©raires par la sociĂ©tĂ© du moment. La loi allemande de 1933 a ainsi prĂ©vu l’aide active Ă  mourir et la prĂ©vention de toute descendance atteinte de maladie hĂ©rĂ©ditaire. Cette Allemagne-lĂ  reste la rĂ©fĂ©rence d’une grande politique de l’eugĂ©nisme qui Ă©limine les vieux et les enfants handicapĂ©s. »
Il perçoit le projet de loi comme un retour en arriĂšre, vers une logique de sĂ©lection et d'Ă©limination des personnes jugĂ©es « imparfaites » ou « en trop » : « Ce qu’on nous prĂ©sente comme un progrĂšs l’était dĂ©jĂ  en 1933, de l’autre cĂŽtĂ© du Rhin. La sĂ©lection eugĂ©niste nous conduit sur le chemin de toutes les dĂ©rives, au nom du « vieillard parfait » et de « l’enfant parfait ». »


7. Inversion des valeurs morales et confusion entre soin et mort :

De Villiers dĂ©nonce une perversion du sens du Bien et du Mal : « Le sens du Bien et du Mal a Ă©tĂ© inversĂ© – j’oserais mĂȘme dire inverti. »
Il critique la prĂ©sentation par Bayrou de deux lois (une pour soigner, une pour tuer) comme moralement Ă©quivalentes : « C’est une contorsion politicienne : on tient d’une main la seringue qui soulage et de l’autre la seringue qui occit ; la premiĂšre main feint d’ignorer ce que fera la seconde. Comme si la mort administrĂ©e Ă©tait le prolongement du soin. »
Il imagine la confusion et l'angoisse que cela engendrerait : « La seringue qui s’avance vers mon lit est-elle celle du baume oblatif ou de la mort administrative ? »



 

 

Pour Philippe de Villiers, la lĂ©galisation de l'euthanasie reprĂ©sente un basculement vers une « sociĂ©tĂ© barbare », fondĂ©e sur la dĂ©fiance, la suspicion et une logique d'Ă©limination inspirĂ©e par l'eugĂ©nisme. Il rĂ©sume son opposition par une formule choc : « Car le principe mĂȘme des deux lois, qui prĂŽne la vie et son contraire, porte un nouveau commandement : « Aimez-vous et tuez-vous les uns les autres. » » Son texte est un plaidoyer passionnĂ© pour le maintien d'une distinction claire et infranchissable entre le soin et la mort, et une mise en garde contre les dĂ©rives potentielles d'une telle lĂ©gislation.

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

20/04/2025

L'Élection Papale : Un Enjeu GĂ©opolitique Mondial

 La PapautĂ© : Une Influence GĂ©opolitique Majeure

L'article souligne d'emblée le poids considérable du pape sur la scÚne mondiale en tant que chef spirituel de prÚs de 1,3 milliard de fidÚles. Cette position confÚre au Vatican une influence qui dépasse largement la sphÚre religieuse. Selon le géopolitologue Sébastien Boussois, cité dans l'article :

 

« Le souverain pontife rĂšgne sur un royaume de prĂšs de 1,3 milliard de fidĂšles, en faisant la premiĂšre communautĂ© religieuse au monde. C’est peu dire qu’il a donc, depuis le Vatican, un rĂŽle fondamental et majeur dans la vie de prĂšs d’un huitiĂšme de l’humanitĂ©. Le pape est clairement au cƓur des affaires du monde occidental. Chaque nouvelle Ă©lection papale revĂȘt donc un enjeu majeur du point de vue politique et gĂ©opolitique. »

 

L'article insiste sur le fait que chaque Ă©lection papale depuis Jean-Paul II a eu des "rĂ©percussions majeures sur l’équilibre gĂ©opolitique mondial". La papautĂ© est prĂ©sentĂ©e comme une "institution diplomatique et spirituelle influente" et un "acteur incontournable des relations internationales" grĂące Ă  son rĂ©seau diplomatique Ă©tendu (relations avec 183 États).

 

 Les Pontificats Marquants et Leur Impact GĂ©opolitique 

L'auteur analyse l'impact géopolitique des trois derniers pontificats, illustrant comment le choix des cardinaux reflÚte et influence les dynamiques politiques et sociales de leur époque.

 

Jean-Paul II (1978) : L'Artisan de la Chute du Rideau de Fer : Son Ă©lection, en tant que premier pape non italien depuis des siĂšcles et d'origine slave, est prĂ©sentĂ©e comme un "tournant gĂ©opolitique". Son engagement contre le communisme, notamment son soutien au syndicat polonais Solidarnoƛć, est considĂ©rĂ© comme ayant contribuĂ© Ă  l'effondrement du bloc soviĂ©tique. L'article souligne son "influence en Europe de l’Est" et son "alliance implicite avec des figures comme Ronald Reagan" dans une stratĂ©gie occidentale de confrontation avec l'URSS. L'Ă©lection de Jean-Paul II est dĂ©crite comme une rĂ©ponse Ă  un contexte oĂč "l’Église entendait se positionner comme un acteur de rĂ©sistance face aux rĂ©gimes athĂ©es et oppressifs".


BenoĂźt XVI (2005) : La DĂ©fense de l'IdentitĂ© ChrĂ©tienne en Occident : Son Ă©lection s'est dĂ©roulĂ©e dans un contexte post-11 septembre et de "crise identitaire en Europe". Son pontificat est caractĂ©risĂ© par une "volontĂ© de dĂ©fendre les racines chrĂ©tiennes de l’Europe" et de rĂ©pondre Ă  la montĂ©e du "relativisme culturel et du sĂ©cularisme". Ses efforts pour dialoguer avec l'islam, bien que parfois controversĂ©s (mention du discours de Ratisbonne), sont Ă©galement Ă©voquĂ©s. Son Ă©lection traduisait une volontĂ© de "recentrer l’Église sur ses fondements doctrinaux".


Le Pape François (2013) : Un Pape Politique dans un Monde FragmentĂ© : Son Ă©lection, en tant que premier pape latino-amĂ©ricain, marque un "virage vers une Église plus engagĂ©e sur les questions sociales et environnementales". Dans un monde "multipolaire, en proie aux populismes et aux crises migratoires", François a adoptĂ© une posture "plus ouverte et critique envers les politiques occidentales", dĂ©nonçant "le capitalisme sauvage, le nationalisme et la fermeture des frontiĂšres". Sa diplomatie est mise en avant, notamment son rĂŽle dans le rapprochement entre Cuba et les États-Unis et ses critiques de la politique europĂ©enne en matiĂšre de migrations. L'encyclique Laudato Si' est prĂ©sentĂ©e comme un "manifeste Ă©cologique influençant les politiques climatiques mondiales". L'article conclut que son Ă©lection "illustre une volontĂ© d’élargir l’influence de l’Église vers les Suds globaux, lĂ  oĂč se trouve aujourd’hui le cƓur dĂ©mographique du catholicisme."


 La Succession de François : Une PapautĂ© Toujours Plus GĂ©opolitique ?

L'article anticipe que le prochain conclave, suite au décÚs du pape François, confirmera probablement la tendance d'une papauté de plus en plus axée sur les enjeux géopolitiques. Avec un catholicisme en croissance en Afrique, en Amérique latine et en Asie, le choix du futur pape sera non seulement une question de foi, mais aussi un "message politique au monde". L'article conclut en soulignant le paradoxe du Vatican :

« Ainsi, le Vatican reste un micro-État Ă  macro-influence, oĂč le choix d’un homme peut influer sur des conflits, des idĂ©ologies et des politiques bien au-delĂ  des murs de la CitĂ© pontificale. »

 

Au final, l'article met en lumiĂšre de maniĂšre convaincante la dimension profondĂ©ment gĂ©opolitique de l'Ă©lection papale. En analysant les pontificats rĂ©cents, il dĂ©montre comment le choix du successeur de Pierre est un Ă©vĂ©nement lourd de consĂ©quences sur l'Ă©chiquier mondial, reflĂ©tant les dĂ©fis et les dynamiques de chaque Ă©poque et influençant les relations internationales, les idĂ©ologies et les politiques bien au-delĂ  de la sphĂšre religieuse. La succession du pape François s'inscrit dans cette perspective, avec la probabilitĂ© d'un accent continu sur les enjeux globaux et une influence croissante des rĂ©gions oĂč le catholicisme est en plein essor.

 

Source : le JDD

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

20/04/2025

Carlo ACUTIS : un saint pour le XXIe siĂšcle

L'Ă©mission les belles figures de l'Histoire de CNEWS prĂ©sente Carlo Acutis, un jeune Italien dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l'Ăąge de quinze ans et bientĂŽt canonisĂ©. L'Ă©mission explore sa foi profonde et prĂ©coce, son dĂ©vouement Ă  l'Eucharistie, et son initiative d'utiliser internet pour diffuser la connaissance des miracles eucharistiques. Des tĂ©moignages de sa mĂšre et d'un prĂȘtre mettent en lumiĂšre sa maturitĂ© spirituelle exceptionnelle, sa charitĂ© envers les pauvres, et la conversion de sa famille. La discussion aborde Ă©galement sa vision chrĂ©tienne de la mort et l'impact durable de sa vie, soulignant son exemple pour les jeunes d'aujourd'hui.

 

 

 

Le Jour de PĂąques.

19/04/2025

Le Jour de PĂąques.

Le PĂšre est Vierge, Marie est Vierge,le tombeau de J Ă© s u s est vierge.
O splendeur des naissances de J Ă© s u s ! O Dieu nĂ© de Dieu,lumiĂšre de lumiĂšre ! O Dieu fait homme, nĂ© de Marie! 
O Dieu fait homme, né du tombeau pour ne plus mourir !

 

_____________________


La premiĂšre naissance de J Ă© s u s est pour nous la source de la gloire ; la seconde naissance nous apporte la grĂące ; et celle que nous fĂȘtons aujourd’hui nous fraie le passage de la grĂące Ă  la gloire.
Suivons J Ă© s u s , suivons J Ă© s u s ! Avec lui, soyons enfants de Dieu, avec lui soyons enfants de Marie, avec Lui passons par la mort et par le tombeau ; avec lui nous entrerons dans l’immortalitĂ©.
Disons : J é s u s I Disons : Il est ressuscité ! Disons : Alléluia !

PÚre E. André

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

18/04/2025

Regain de Ferveur chez les Jeunes Catholiques

Le FrĂšre Paul-Adrien met en Ă©vidence une augmentation notable de l'intĂ©rĂȘt pour le carĂȘme, un phĂ©nomĂšne observĂ© d'abord en ligne puis se manifestant dans la frĂ©quentation des offices.
Il souligne que les recherches Google sur le mot « carĂȘme » ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par dix en dix ans, avec une explosion l'annĂ©e derniĂšre.
Ce regain d'intĂ©rĂȘt a pris une ampleur nouvelle, devenant une tendance sur les rĂ©seaux sociaux, amplifiĂ©e par les algorithmes.

" En dix ans, les requĂȘtes sur Google invoquant le mot « carĂȘme » ont Ă©tĂ© multipliĂ©es par dix." 

 

Plusieurs facteurs sont évoqués pour expliquer cette tendance, notamment les conversions d'adolescents, des raisons sociales, des crises existentielles et la crise du Covid-19.


Le FrĂšre Paul-Adrien note que certains adoptent le carĂȘme pour des raisons moins spirituelles, comme une forme de compĂ©tition avec le Ramadan musulman.


Cependant, il insiste sur un changement profond dans le rapport à la foi, avec un retour des pratiques traditionnelles comme les pÚlerinages, la dévotion aux reliques et le jeûne.


« Il y a beaucoup de facteurs, dont celui des conversions d’adolescents. On a vu, lĂ  aussi, il y a une quinzaine d’annĂ©es, des signes prĂ©curseurs dans les Ă©coles catholiques. La question est de savoir pourquoi ce mouvement s’accĂ©lĂšre. Il y a des raisons sociales, des crises existentielles, la crise du Covid. [...] Ce que je trouve plus intĂ©ressant, c’est d’observer que le rapport Ă  la foi est en train de changer. On le voit dans un autre genre, mais qui est liĂ©, avec le retour des pratiques de pĂšlerinage, des pratiques de dĂ©votion de reliques, le retour du jeĂ»ne. »

 

Le FrĂšre Paul-Adrien perçoit le carĂȘme comme un moyen pour les jeunes, souvent Ă©loignĂ©s de l'Église, de se reconnecter Ă  la foi Ă  travers des rites et pratiques simples.
Il parle d'un "systÚme de cases à cocher" rassurant pour ces jeunes, servant de point de départ à une éducation à la liberté et à une catéchÚse ecclésiale ultérieure.

 

L'expĂ©rience personnelle de FrĂšre Paul-Adrien sur YouTube illustre l'ampleur de l'intĂ©rĂȘt pour les rĂ©seaux sociaux, avec une moyenne de cinq demandes de baptĂȘme par jour pendant le carĂȘme et des centaines de milliers de vues quotidiennes pour ses directs.
Son équipe est débordée par le nombre de messages, soulignant la forte demande spirituelle.
Il met en lumiĂšre le rĂŽle croissant des rĂ©seaux sociaux comme accompagnement spirituel efficace pour ceux qui demandent le baptĂȘme.

 

Selon le FrÚre Paul-Adrien, au-delà des facteurs socio-économiques, la question fondamentale est religieuse : les jeunes cherchent un sens à leur vie et attendent Dieu.
Ils aspirent Ă  vivre une expĂ©rience religieuse, ressentent une grande solitude et souhaitent que l'Église les rende fiers de leur foi.
Il Ă©voque Ă©galement une quĂȘte d'hĂ©ritage, de tradition et de rĂ©ponses simples Ă  leurs questions, ainsi qu'un dĂ©sir de voir l'Église comme une seconde famille.

« On pourra dire tout ce que l’on voudra : situations de dĂ©classement, recherche d’identitĂ©, climat anxiogĂšne, mais la question fondamentale est religieuse ! Les gens ont besoin de savoir ce qu’ils font sur terre, ils cherchent un sens Ă  leur vie et, la premiĂšre chose qu’ils attendent, c’est Dieu ! À travers leur questionnement spirituel, ils veulent vivre une expĂ©rience religieuse. Vous savez, il y a aussi beaucoup de solitude
 Beaucoup plus que ce qu’on pourrait imaginer. Beaucoup sont malheureux en France. Les gens attendent aussi que l’Église les rende fiers de leur foi avec un sentiment de fiertĂ© de croire en quelque chose. »

 

Le FrĂšre Paul-Adrien observe sur les rĂ©seaux sociaux un dĂ©clin de l'athĂ©isme militant, avec un intĂ©rĂȘt croissant pour la religion, y compris le christianisme.
Il suggĂšre que le "grand corps social, athĂ©e, militant" est en perte de vitesse et que la figure de JĂ©sus est redevenue une rĂ©ponse possible aux quĂȘtes existentielles.


Par ailleurs, le FrĂšre Paul-Adrien se dit Ă©tonnĂ© et perturbĂ© de constater que les scandales d'abus sexuels dans l'Église ne semblent pas freiner cet Ă©lan de ferveur chez les jeunes.
Il avance l'hypothĂšse d'une forme de lassitude face Ă  la rĂ©pĂ©tition de ces sujets et d'une volontĂ© des jeunes de ne pas laisser leur histoire ĂȘtre dĂ©finie par les erreurs du passĂ©.
Il note que ces abus ont décrédibilisé l'institution, mais pas nécessairement la religion au sens populaire.

 

Le prĂȘtre souligne aussi la fragilitĂ© de cet Ă©lan, avec un taux potentiellement Ă©levĂ© d'abandon de l'Église par les nouveaux baptisĂ©s adultes aprĂšs quelques annĂ©es.
Il insiste sur l'urgence pastorale d'améliorer l'accueil des nouveaux catholiques, en particulier ceux issus des réseaux sociaux et sans tradition religieuse familiale.
Il appelle à développer des messes missionnaires et à considérer les influenceurs catholiques comme des collaborateurs précieux pour l'évangélisation.

Laissons lui la conclusion :

"JĂ©sus-Christ n’a pas pris une ride et reste attractif, voire encore plus attractif aujourd’hui qu’il y a quelques annĂ©es. Il existe, et son enseignement est magnifique. On a envie d’y croire. Je pense que c’est le grand atout de l’Église catholique. Mais, si on n’est pas capable d’accueillir ces jeunes, ils partiront ailleurs. Et ce sera sur un feu de paille. Ils partiront chez les protestants, ils partiront chez les musulmans. Il ne faut pas que la fenĂȘtre qui est en train de s’ouvrir passe comme un courant d’air et se referme. L’accueil des nouveaux est une urgence pastorale. C’est comme cela que ce qui apparaĂźt comme une « mode » pourra devenir un mouvement de fond. "

 

 

 

 

 

Le Samedi Saint

18/04/2025

Le Samedi Saint

Il est là, endormi du sommeil de la mort, embaumé par des mains amies, reposant pour trois jours, mais trois jours abrégés autant que possible.

 

 

Dormez-donc, ĂŽ trĂšs doux J Ă© s u s ! mon Ăąme ira garder votre tombeau, ou plutĂŽt votre berceau. Elle vous gardera, elle vous chantera, elle vous adorera, elle vous embaumera de quelques baisers, qu’elle portera Ă  vos pieds, Ă  vos plaies, Ă  votre coeur, Ă  votre tĂȘte. 
Dormez donc, ĂŽ trĂšs doux J Ă© s u s ! l’heure du rĂ©veil approche, et alors vous entrerez dans une vie nouvelle, dans une gloire nouvelle; alors, alors, mon Dieu, ce sera grande fĂȘte.

En attendant, Seigneur J Ă© s u s , dormez en paix. In pace, in idipsum dormiam et requiescam.

La Sainte Tunique d'Argenteuil

18/04/2025

La Sainte Tunique d'Argenteuil

 

 

Toute l'histoire de la Sainte Tunique est racontĂ©e au conditionnel sur Wikipedia ; On n'en retiendra ici qu'en l'an 800,  l'impĂ©ratrice de Byzance, IrĂšne, "aurait" offert un coffret d'ivoire renfermant la relique comme cadeau diplomatique Ă  Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Ce dernier "l'aurait" donnĂ©e en garde, lors d'une translation de relique probablement en 803, au monastĂšre de l'HumilitĂ©-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille ThĂ©odrade Ă©tait prieure.

Jean-Christian Petitfils, dans son ouvrage La Sainte Tunique d'Argenteuil paru Chez Taillendier, milite comme nous allons le voir en faveur de l'authenticitĂ©, mĂȘme si l'Eglise reste Ă  juste titre trĂšs prudente.

En effet, Petitfils, dans diffĂ©rents entretiens de promotion de son livre, affirme avoir rassemblĂ© un "impressionnant faisceau d’indices concordants conduisant Ă  considĂ©rer que cette tunique a bien Ă©tĂ© celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix le 3 avril de l’an 33". Pour lui, "au vu du dossier, l’authenticitĂ© ne fait aucun doute."

 

L'analyse rĂ©vĂšle une "chemise en laine de mouton non mĂ©rinos, tissĂ©e d’une seule piĂšce de haut en bas", caractĂ©ristique de la tunique de JĂ©sus selon les Évangiles. La mĂ©thode de tissage est qualifiĂ©e d'"archaĂŻque et artisanale", et les fils "fortement torsadĂ©s en Z" suggĂšrent une "origine syrienne trĂšs ancienne".

 

La tunique contient de "nombreux pollens de plantes originaires de Méditerranée orientale", cohérent avec une origine géographique proche de Jérusalem.

La tunique est "maculĂ©e de sang", ce qui est logique compte tenu de la flagellation et de la crucifixion subies par JĂ©sus. Le Pr Lucotte a observĂ© des "hĂ©maties (globules rouges)" prĂ©sentant des signes d'"anĂ©mie grave, voire d’une ‘situation traumatique’", tels qu'une forme altĂ©rĂ©e, dĂ©chirĂ©e et une rarĂ©faction de sels minĂ©raux.

 

Petitfils souligne les similitudes avec le Suaire d'Oviedo et le Linceul de Turin : "mĂȘme groupe sanguin AB (5 % de la population mondiale), pollens proche-orientaux semblables, taches de sang se recoupant." Il cite notamment le Pr AndrĂ© Marion qui a Ă©tabli que "neuf taches de sang du dos de la tunique se retrouvent sur la face dorsale du Linceul." Pour Petitfils, ces reliques "semblent s’authentifier elles-mĂȘmes".

 

L'historien rappelle que l'Évangile de Jean mentionne que la tunique de JĂ©sus n'avait pas de couture et fut tirĂ©e au sort par les soldats romains, un dĂ©tail qui correspond Ă  la description de la tunique d'Argenteuil.

 

Points soulevés concernant les objections à l'authenticité :

Datation au carbone 14 : Petitfils reconnaßt que "la double datation au carbone 14 a pourtant remis en cause cette estimation" avec des résultats "incompatibles" et une différence de 350 ans. Cependant, il relativise la fiabilité de cette méthode pour les linges, citant l'exemple du Linceul de Turin.
Contamination historique : Il explique que la tunique a Ă©tĂ© "enfouie Ă  trois reprises", notamment durant la Terreur, oĂč son contact avec "des matiĂšres organiques en dĂ©composition" a pu fausser les rĂ©sultats du carbone 14. Il mentionne Ă©galement les thĂšses du Pr Lucotte et de Mme Van Oosterwyck-Gastuche concernant la prĂ©sence de carbonate de calcium et les traitements chimiques qui auraient pu rajeunir les fibres.

 

Concernant la position de l'Eglise, Petitfils explique que "l’Église n’a pas pour mission d’affirmer si un objet est oui ou non une relique authentique ou une simple copie, mais d’annoncer la rĂ©surrection de JĂ©sus, mort pour le salut de l’humanitĂ©." L'Église "cĂ©lĂšbre la relique, son parcours historique, mais elle n’en fait pas un objet de foi."

 

 

 

 

En conclusion, bien que les datations au carbone 14 prĂ©sentent des contradictions, Jean-Christian Petitfils, en tant qu'historien, considĂšre le "faisceau d'indices concordants" issus de l'analyse du tissu, des pollens, des traces de sang et des correspondances avec d'autres reliques majeures comme des arguments solides en faveur de l'authenticitĂ© de la sainte tunique d'Argenteuil comme Ă©tant celle portĂ©e par JĂ©sus sur le chemin de croix. Il souligne cependant que l'Église ne se prononce pas de maniĂšre dogmatique sur cette authenticitĂ©, privilĂ©giant l'annonce du message pascal. Les ostensions de la relique continuent d'attirer de nombreux fidĂšles, tĂ©moignant de son importance spirituelle.

 

Le Vendredi Saint

17/04/2025

Le Vendredi Saint

Regardons-le clouĂ© Ă  sa croix ; les clous qui l’attachent, ce sont nos pĂ©chĂ©s. Il les reçoit ces longs clous, il les plonge dans son sang, et dans ce sang mĂȘme il efface nos pĂ©chĂ©s.

J Ă© s u s crucifiĂ© ! C’est le livre des chrĂ©tiens. LĂ  ils lisent quel mal c’est l’offense de Dieu ; lĂ  ils lisent quel amour c’est l’amour de Dieu pour nous, l’amour de Dieu qui a livrĂ© son Fils pour nous Ă©pargner, nous pĂ©cheurs.

 

___________________


Lisons dans ce livre divin, mĂ©ditons la parole de saint Paul : Il m’a aimĂ©, et s’est livrĂ© pour moi.
Il m ’a aimĂ©, c’cst le seul mot qui explique la croix, c’est la grande leçon que nous enseigne J Ă© s u s crucifiĂ©. Embrassons la croix, et encore plus celui qui y est clouĂ© pour nous.

L'office des ténÚbres

17/04/2025

L'office des ténÚbres

Les cierges, le tonnerre et les ténÚbres
Pour cet office on plaçait dans le chƓur de l’église un grand chandelier triangulaire avec quinze grands cierges allumĂ©s, sept de chaque cĂŽtĂ© et un au sommet : avec les 6 cierges de l’autel, cela fait en tout 21 cierges allumĂ©s. AprĂšs le chant de chacun des psaumes de l’office (9 pour les matines et 5 pour les laudes), un servant Ă©teint un des quinze cierges (tous sauf celui du milieu) ; durant le chant du Benedictus (cantique de Zacharie) qui conclut laudes, le servant Ă©teint alternativement les six derniers cierges, de part et d’autre de la croix d’autel.

 

Ces cierges s’éteignant les uns aprĂšs les autres sont les images de l’abandon gĂ©nĂ©ral qui s’est fait pendant la Passion autour de JĂ©sus : tous ou presque ont quittĂ© ou trahi Notre Seigneur, Ă  commencer par saint Pierre qui l’a reniĂ©. C’est ce que figure l’extinction des cierges, Ă©tablissant peu Ă  peu dans l’église les tĂ©nĂšbres qui s’étendirent sur la terre de la sixiĂšme Ă  la neuviĂšme heure, alors que le Christ Ă©tait en croix.

 

Pour le dernier cierge qui reste Ă  la fin, celui au sommet du triangle, le servant ne l’éteint pas, mais Ă  la fin de l’office, il va le cacher derriĂšre l’autel pendant que tous les assistants tapent sur leurs siĂšges : c’est ce que l’on appelait le tonnerre. À ce moment, la derniĂšre lumiĂšre disparaĂźt : il faut se reprĂ©senter cela dans une ancienne Ă©glise la nuit, alors qu’il n’y avait aucune source de lumiĂšre artificielle, plus une seule lumiĂšre donc, et que tous les assistants faisaient un grand vacarme pour symboliser la terre qui a tremblĂ©, les pierres qui se sont fendues, les morts qui sont sortis de leurs tombeaux
 quand la lumiĂšre du monde, c’est-Ă -dire Notre Seigneur, s’est Ă©clipsĂ©e par la mort de la croix. Enfin aprĂšs quelques instants, le servant remettait le cierge allumĂ© sur le chandelier, image de la rĂ©surrection et le silence se faisait dans l’église. Et cette cĂ©rĂ©monie a lieu trois fois pendant la semaine sainte, une pour chaque jour du triduum sacrĂ©. 

 

Dans un dialogue (peut-ĂȘtre fictif) entre deux moines de Cluny que fait figurer le liturge français Claude de Vert (1645-1708) dans son Explication des cĂ©rĂ©monies de l’Église on trouve plusieurs commentaires concernant l’office des tĂ©nĂšbres. Selon une opinion, l’extinction progressive des cierges correspondait Ă  une Ă©poque oĂč les tĂ©nĂšbres – cĂ©lĂ©brĂ©es comme aujourd’hui le matin – voyaient le jour entrer progressivement dans l’église et Ă©clairer les assistants. Durant plusieurs siĂšcles cependant et jusqu’en 1955, les tĂ©nĂšbres ont Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©es le soir (mercredi, jeudi et vendredi), et l’extinction progressive des cierges faisait entrer l’église et les assistants dans l’obscuritĂ©. Le nombre de quinze cierges pourrait aussi ĂȘtre liĂ© aux mystĂšres de la vie du Christ (mĂ©ditĂ©s en priant le chapelet).

 

Lamentations et chant des psaumes
Puisque ces tĂ©nĂšbres correspondent Ă  la priĂšre des matines puis des laudes, l’office y est ponctuĂ© non seulement de psaumes alternĂ©s mais aussi de lectures chantĂ©es au chƓur, tirĂ©es des Lamentations du prophĂšte JĂ©rĂ©mie, des Commentaires sur les psaumes de saint Augustin et des Ă©pĂźtres de saint Paul. Dans les grandes lamentations lues au premier nocturne des trois jours saints, la voix de JĂ©rĂ©mie s’élĂšve, tonnante et suppliante, pleurant sur JĂ©rusalem dĂ©sertĂ©e, abandonnĂ©e, pillĂ©e. On y comprend que cette JĂ©rusalem – bien sĂ»r la ville qui sera pillĂ©e et dĂ©truite par Titus en 70 aprĂšs J-C, est aussi une image du Christ, et encore de notre Ăąme.

 

En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, l’office des trois jours saints diffĂšre en beaucoup de choses de celui des autres jours de l’annĂ©e : tout y est triste et sombre, comme Ă  des funĂ©railles, et l’on y omet toutes les manifestations de joie et d’espĂ©rance qui ponctuent ordinairement le chant de l’Église. On n’entend plus retentir ni le « Domine labia mea aperies
 »[1] ni le « Deus in adjutorium meum
 »[2] ni bien sĂ»r le Gloria Patri. Le grand liturgiste Dom GuĂ©ranger (1805-1875) y qualifie la psalmodie de « lugubre » et « lamentable ». Le chant de chacun des offices se terminait (jusqu’en 1955) par le grand psaume de pĂ©nitence Miserere, rĂ©pĂ©tĂ© aprĂšs la derniĂšre antienne Christus factus est (tirĂ©e de l’hymne christologique de l’épĂźtre aux Philippiens), chantĂ©e d’abord partiellement le jeudi puis plus complĂštement le vendredi, puis totalement le samedi[3], qui retentit alors que le cĂ©rĂ©moniaire escamote le dernier cierge derriĂšre l’autel.

 

Nous sommes dans les jours oĂč la gloire du Fils de Dieu est Ă©clipsĂ©e sous les ignominies de sa Passion. Il Ă©tait « la lumiĂšre du monde », puissant en Ɠuvres et en paroles, accueilli naguĂšre par les acclamations de tout un peuple ; maintenant le voilĂ  dĂ©chu de toutes ses grandeurs, « l’homme de douleurs, un lĂ©preux », dit IsaĂŻe; « un ver de terre, et non un homme », dit le Roi-ProphĂšte ; « un sujet de scandale pour ses disciples », dit-il lui-mĂȘme. Chacun s’éloigne de lui : Pierre mĂȘme nie l’avoir connu. Cet abandon, cette dĂ©fection presque gĂ©nĂ©rale sont figurĂ©s par l’extinction successive des cierges sur le chandelier triangulaire, mĂȘme jusque sur l’autel. Cependant la lumiĂšre mĂ©connue de notre Christ n’est pas Ă©teinte, quoiqu’elle ne lance plus ses feux, et que les ombres se soient Ă©paissies autour d’elle. On pose un moment le cierge mystĂ©rieux sur l’autel. Il est lĂ  comme le RĂ©dempteur sur le Calvaire, oĂč il souffre et meurt. Pour exprimer la sĂ©pulture de JĂ©sus, on cache le cierge derriĂšre l’autel ; sa lumiĂšre ne parait plus. Alors un bruit confus se fait entendre dans le sanctuaire, que l’absence de ce dernier flambeau a plongĂ© dans l’obscuritĂ©. Ce bruit, joint aux tĂ©nĂšbres, exprime les convulsions de la nature, au moment oĂč le Sauveur ayant expirĂ© sur la croix, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sĂ©pulcres furent ouverts. Mais tout Ă  coup le cierge reparaĂźt sans avoir rien perdu de sa lumiĂšre ; le bruit cesse, et chacun rend hommage au vainqueur de la mort[4].

 

Les ténÚbres : trésor de culture et de priÚre
L’office des tĂ©nĂšbres a profondĂ©ment marquĂ© la piĂ©tĂ© et la culture latine, notamment française, si bien que de nombreux compositeurs ont Ă©tĂ© inspirĂ©s par ses accents – en particulier les Lamentations de JĂ©rĂ©mie – pour composer de grandes Ɠuvres : Marc-Antoine Charpentier a Ă©crit plus de cinquante piĂšces pour les tĂ©nĂšbres (selon un brĂ©viaire en usage dans le diocĂšse de Paris Ă  la fin du XVIIe siĂšcle) ; Michel-Richard de Lalande ou encore François Couperin ont Ă©galement composĂ© de cĂ©lĂšbres et grandioses « Leçons de tĂ©nĂšbres », tandis que Francis Poulenc a mis en musique en 1961 sept rĂ©pons pour chƓur et orchestre.

 

Ne manquons pas de retrouver la source de spiritualitĂ© et de mĂ©ditation si profonde de l’office des tĂ©nĂšbres, un des trĂ©sors mĂ©connus de l’Église, dont la priĂšre nous accompagne et nous guide au pas du Christ durant les jours saints. Peut-ĂȘtre ferons-nous l’expĂ©rience d’une Simone Weil, retirĂ©e Ă  Solesmes pour la semaine sainte de 1938, qui s’était rendue Ă  l’office alors qu’elle Ă©tait prise de migraines atroces : « le Christ lui-mĂȘme est descendu et m’a prise » Ă©crira-t-elle au pĂšre Joseph-Marie Perrin.

 

Références
↑1    Â« Seigneur, ouvrez mes lĂšvres. Et ma bouche publiera votre louange. »
↑2    Â« Dieu, venez Ă  mon aide. Seigneur, hĂątez-vous Ă  mon secours. »
↑3    Le Christ s’est fait pour nous obĂ©issant jusqu’à la mort – jusqu’à la mort de la croix – c’est pourquoi Dieu l’a exaltĂ© et lui a donnĂ© le nom qui est au-dessus de tout nom. »
↑4    Dom Prosper GuĂ©ranger, L’annĂ©e liturgique.

 

Source : https://claves.org/loffice-de-tenebres/

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi (Palestrina)

16/04/2025

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi (Palestrina)

Nos autem gloriari oportet in cruce Domini nostri Jesu Christi: in quo est salus, vita et resurrectio nostra: per quem salvati et liberati sumus.

Deus misereatur nostri, et benedicat nobis:

illuminet vultum suum super nos, et misereatur nostri.

 

Pour nous il faut nous glorifier dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, en qui est notre salut, notre vie et notre résurrection, et par qui nous avons été sauvés et délivrés.

Que Dieu aie pitié de nous et nous bénisse:

que rayonne son visage sur nous, et qu'Il aie pitié de nous.