Le blog du Temps de l'Immaculée.

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La querelle des Inventaires, point d’orgue de 1905

09/12/2025

La querelle des Inventaires, point d’orgue de 1905

DĂ©sireux d’en finir avec le Concordat de 1801, les gouvernements anticlĂ©ricaux de la IIIe RĂ©publique mettent progressivement en place toute une sĂ©rie de lois visant Ă  limiter l’influence de la religion catholique au sein de la sociĂ©tĂ© française.

 

Une de ces mesures anticlĂ©ricales est la loi de sĂ©paration des Églises et de l’État, votĂ©e le 5 dĂ©cembre 1905. L’article 3 de cette loi prĂ©voit que l’administration des Domaines doit procĂ©der Ă  un inventaire « descriptif et estimatif » des biens ecclĂ©siastiques immobiliers et mobiliers, avant leur dĂ©volution aux associations cultuelles prĂ©vues par la loi mais non encore créées. La complexitĂ© juridique et administrative des nombreuses questions soulevĂ©es par la loi de SĂ©paration provoque chez les catholiques une angoissante incertitude. DĂ©jĂ  en 1902, les biens des congrĂ©gations religieuses expulsĂ©es avaient Ă©tĂ© confisquĂ©s. D’autre part, beaucoup ont encore en mĂ©moire la confiscation de 1789 qui dĂ©pouilla l’Église et transforma tous les biens ecclĂ©siastiques en biens nationaux.

 

Ouverture des tabernacles

Les modalitĂ©s d’application des inventaires sont dĂ©finies par un dĂ©cret du 29 dĂ©cembre et une circulaire du 2 janvier. Cette derniĂšre demande aux agents des Domaines de faire ouvrir les tabernacles afin d’en inventorier l’intĂ©rieur. Cette directive choque profondĂ©ment les fidĂšles qui n’en comprennent pas l’intĂ©rĂȘt et qui voient en elle une volontĂ© de profanation, ou du moins un risque de sacrilĂšge. L’anticlĂ©ricalisme ambiant est si prĂ©gnant que les inventaires apparaissent pour beaucoup comme le prĂ©lude Ă  une spoliation qui induirait la fermeture des lieux de culte.

Les inventaires dĂ©butent le 23 janvier. S’ils se dĂ©roulent le plus souvent dans le calme, l’atmosphĂšre tendue et houleuse est cependant palpable. Les curĂ©s lisent des protestations et refusent la plupart du temps d’ouvrir d’eux-mĂȘmes les Ă©glises, ce qui oblige les reprĂ©sentants de l’État Ă  faire forcer les portes. Dans les rĂ©gions de grande chrĂ©tientĂ©, les paroissiens manifestent leur dĂ©saccord, de façon plus ou moins virulente, voire violente. Dans les PyrĂ©nĂ©es, des ours sont enchaĂźnĂ©s aux portes des Ă©glises afin de dissuader les autoritĂ©s d’y entrer. Dans un village de la Mayenne, une quarantaine d’hommes et de femmes passent la nuit dans l’église. Au matin, les esprits probablement quelque peu Ă©chauffĂ©s par la nuit blanche, ils vident leur pot de chambre sur les reprĂ©sentants de l’État.

 

Le plus souvent, on obstrue les ouvertures de l’église avec des chaises, fagots de bois, charrettes, et la population se masse devant la porte du bĂątiment afin d’entraver l’inventaire et d’intimider les fonctionnaires. Ces manifestations spontanĂ©es peuvent ĂȘtre bien plus violentes, et il n’est pas rare que les agents de l’État soient accueillis par une population armĂ©e de fourches et de fusils. Des bagarres rangĂ©es ont lieu dĂ©but fĂ©vrier devant plusieurs paroisses parisiennes. À Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, le prĂ©fet LĂ©pine fait arroser les manifestants avec une lance Ă  incendie et fait ouvrir une porte latĂ©rale de l’église Ă  coups de hache.

 

Quand des officiers se rebellent

Devant la violence de ces oppositions, les prĂ©fets font appel Ă  l’armĂ©e pour contenir les manifestants, protĂ©ger les fonctionnaires, et, au besoin, forcer les portes des Ă©glises. Les effectifs mobilisĂ©s sont parfois trĂšs importants : mille soldats sont ainsi rĂ©quisitionnĂ©s pour sĂ©curiser les abords des Ă©glises de Roubaix. Nombreux sont les militaires qui vivent mal cette implication forcĂ©e dans des opĂ©rations de police pour lesquelles ils ne sont pas formĂ©s et qui ne correspondent pas Ă  l’idĂ©al qui les a fait s’engager dans l’armĂ©e. La situation est encore plus dramatique pour les catholiques qui se trouvent confrontĂ©s Ă  un vrai cas de conscience. Comme l’écrit Raoul Girardet : « Que l’on imagine les doutes, les scrupules, les dĂ©chirements d’un officier sincĂšrement croyant, contraint de participer Ă  ce qu’il considĂšre comme un vĂ©ritable sacrilĂšge, Ă©cartelĂ© entre les exigences de sa fidĂ©litĂ© religieuse et les principes de l’obĂ©issance passive, oĂč se rĂ©sume pour lui l’essentiel de l’honneur militaire. »

 

Le point de bascule, pour les officiers, correspond au moment oĂč ils doivent ordonner Ă  leurs soldats de fracturer la porte de l’église. En effet, cet ordre profĂ©rĂ© est ce qu’on appelle une coopĂ©ration matĂ©rielle directe au mal. Certes, ces officiers agissent sous la contrainte, car ils sont tenus par leur devoir d’obĂ©issance. Cependant leur participation se fait en pleine connaissance de cause et, en donnant Ă  leurs soldats l’ordre de fracturer la porte de l’église, ils sont un maillon essentiel Ă  l’exĂ©cution d’un acte qu’ils considĂšrent comme mauvais. De plus, ils forcent peut-ĂȘtre la conscience de leurs soldats.

 

Environ vingt officiers confrontĂ©s Ă  cette situation particuliĂšre se rebellent. Certains, comme le lieutenant Multier Ă  Versailles, dĂ©missionnent aprĂšs avoir accompli leur tĂąche, refusant dĂ©sormais de servir un État qui a forcĂ© leur conscience. D’autres prĂ©viennent Ă  l’avance leur supĂ©rieur qu’ils refuseront d’assurer l’intĂ©gralitĂ© de la mission si celle-ci comporte des actes que leur conscience rĂ©prouve. En Lorraine, le lieutenant de Rose refuse de participer Ă  l’effraction, proclamant : « Je suis ici pour maintenir l’ordre, non pas pour forcer la porte de la maison de Dieu. Je ne suis soldat que pour me faire tuer pour mon pays. » Devant l’église Saint-Servan, prĂšs de Saint-Malo, trois officiers refusent, l’un aprĂšs l’autre, de prononcer l’ordre fatidique. Dans le nord de la France, le capitaine Magniez refuse mĂȘme de prĂȘter les outils de ses soldats.

 

Devant le Conseil de guerre

Comme le montre leur dossier militaire, ces officiers ne sont pas des tĂȘtes brĂ»lĂ©es, irresponsables et insoumis. Au contraire, ce sont d’excellents Ă©lĂ©ments, promis Ă  une belle carriĂšre. Cependant, ils passent tous en jugement devant un Conseil de guerre et sont, soit destituĂ©s, soit mis en non-activitĂ© temporaire. Lors de son procĂšs, Magniez rĂ©affirme que « nul n’a le droit de commander certains actes dont l’exĂ©cution viole la conscience de tous les catholiques ». Le devoir moral d’obĂ©issance ne peut tenir face Ă  un ordre qui entraĂźne une coopĂ©ration directe au mal.

 

Aujourd’hui encore, on peut se demander quelle Ă©tait la vĂ©ritable utilitĂ© des inventaires et quel sens donner Ă  la circulaire du 2 janvier. En effet, la plupart des listes Ă©tablies sont incomplĂštes, imprĂ©cises, voire inexactes, les agents des Domaines n’ayant que rarement des connaissances approfondies en matiĂšre d’art sacrĂ©. Maladresse irrĂ©flĂ©chie de l’administration, ou provocation et tentative d’intimidation des catholiques ? Les historiens sont toujours partagĂ©s. 

La grĂące de l’identitĂ© chrĂ©tienne

09/12/2025

La grĂące de l’identitĂ© chrĂ©tienne

Ce sol qui nous a vu naĂźtre et grandir nous concerne dans la mesure oĂč il reprĂ©sente un cadre, une atmosphĂšre, un climat mĂȘme, qui ne font pas seulement que nous entourer, mais qui, bien plus encore, nous façonnent et nous Ă©lĂšvent. Alors qu’il est commun d’évoquer les traces que laissent nos pas sur le sol oĂč nous marchons, en vĂ©ritĂ© c’est l’inverse qui se rĂ©alise.

 

La terre oĂč nous vivons nous impressionne. Notre identitĂ© est consubstantielle Ă  notre destinĂ©e. Ulysse rĂȘve de son Ithaque et de sa PĂ©nĂ©lope tandis que du Bellay prĂ©fĂšre son Loir gaulois au Tibre latin.

 

Les ordres créés par Dieu
Bien sĂ»r, Ă  l’école de l’apĂŽtre Paul, nous nous souvenons que devant Dieu, « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme » (Ga 3, 28) et que, de ce fait, l’humanitĂ© est appelĂ©e Ă  ne former qu’une seule personne dans le Christ JĂ©sus. Mais il serait tout Ă  fait spĂ©cieux de tirer de cette sentence ce qu’elle ne dit pas.

 

L’égalitĂ© des baptisĂ©s devant la grĂące de Dieu et le point commun de leur vocation au Ciel ne viennent pas nier les ordres créés par Dieu et voulus par lui : la famille qui nous a accueilli Ă  notre commencement, la province (quel mot charmant !) dans laquelle nous avons Ă©tĂ© Ă©levĂ©, la langue que nous avons apprise, l’autoritĂ© politique Ă  laquelle on se trouve assujetti.

 

Saint Thomas d’Aquin expliquera que l’ordre de la charitĂ© s’articule justement selon la chair et la patrie. La vertu de piĂ©tĂ© filiale, si oubliĂ©e aujourd’hui – quand elle n’est pas moquĂ©e ! –, en est une douce dĂ©clinaison. 

 

Cette identitĂ© originelle, qui participe grandement Ă  nous accomplir, possĂšde une telle importance qu’elle contribue, de façon le plus souvent dĂ©terminante, Ă  nous distinguer. Que savons-nous, dans l’épisode du portement de la Croix, du fameux Simon, sinon qu’il vient de CyrĂšne ?

Dans l’histoire de France, l’homme d’arme Pierre Terrail est davantage connu sous son nom de chevalier Bayard, qui n’est autre que le nom du lieu, prĂšs de Grenoble, dont il Ă©tait le noble seigneur.

 

Dans la littĂ©rature, Cyrano est gascon par sa verve et sa truculence, mais surtout parce que son nom nous indique qu’il est originaire de Bergerac.

 

Notre bergĂšre nationale est communĂ©ment appelĂ©e Jeanne la Lorraine, Jeanne de DomrĂ©my, Jeanne d’Arc, de par le nom de son pĂšre, ou pucelle d’OrlĂ©ans en lien avec la ville qui fit son Ă©popĂ©e.

 

Toujours un sol, une rĂ©gion, un bourg, une ascendance ou une histoire incarnĂ©e. Redisons-le sans nous lasser, l’identitĂ© n’est pas un gros mot, pas plus que l’amour de son origine ne serait le point de dĂ©part de toutes les guerres.

 

Une identité propre
Tout cela n’aurait cependant pas grand intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© si ce n’était pour rappeler l’importance protectrice de l’identitĂ© qui nous est propre. RepĂšre, ancrage, boussole : l’identitĂ© guide et protĂšge notre passage sur la Terre.

«Il n’y a pas pire aliĂ©nation que de faire l’expĂ©rience de ne pas avoir de racines », expliquait le pape François dans son encyclique Fratelli Tutti, et d’ajouter qu’il y aurait grave danger Ă  « ignorer l’importance dĂ©cisive que revĂȘt une culture marquĂ©e par la Foi, parce que cette culture Ă©vangĂ©lisĂ©e, au-delĂ  de ses limites, a beaucoup plus de ressources qu’un simple groupe de croyants devant les attaques du sĂ©cularisme ».

 

Dans l’une de ses pages, Sylvain Tesson se met sur le banc de l’universitĂ© des arbres :

« Les arbres nous enseignent une forme de pudeur et de savoir-vivre. Ils poussent vers la lumiĂšre en prenant soin de s’éviter, de ne pas se toucher, et leurs frondaisons se dĂ©coupent dans le ciel sans jamais pĂ©nĂ©trer dans la frondaison voisine. Les arbres, en somme, sont trĂšs bien Ă©levĂ©s, ils tiennent leurs distances.

Ils sont gĂ©nĂ©reux aussi. La forĂȘt est un organisme total, composĂ© de milliers d’individus. Chacun est appelĂ© Ă  naĂźtre, Ă  vivre, Ă  mourir, Ă  se dĂ©composer – Ă  assurer aux gĂ©nĂ©rations suivantes un terreau de croissance supĂ©rieur Ă  celui sur lequel il avait poussĂ©. Chaque arbre reçoit et transmet. Entre les deux, il se maintient. La forĂȘt ressemble Ă  ce que devrait ĂȘtre une culture. »

 

Prendre le temps de boire aux sources de l’identitĂ© chrĂ©tienne, c’est s’offrir un bain de rĂ©gĂ©nĂ©ration. MĂ©diter son arbre gĂ©nĂ©alogique ou contempler l’Arbre de vie ne sera jamais du temps perdu. On croit voir un arbre, mais c’est en rĂ©alitĂ© du bois que l’on touche. Et par lĂ , une chance que l’on donne Ă  sa vie.

Donald Trump et l’ImmaculĂ©e Conception

08/12/2025

Donald Trump et l’ImmaculĂ©e Conception

Depuis les origines du pays, la dĂ©votion Ă  l’ImmaculĂ©e Conception existe aux Etats-Unis, elle est la patronne du pays, comme en Espagne, et l’annĂ©e prochaine marquera le 250e anniversaire de l’indĂ©pendance.

 

Une reconnaissance historique de la tradition catholique
Dans son message, Trump reconnaßt que « pendant prÚs de 250 ans, Marie a joué un rÎle distinctif dans notre grande histoire américaine ». Le communiqué présidentiel souligne la profonde dévotion des catholiques américains et des saints américains envers Marie, la mÚre de Jésus.

Trump souligne que la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception est considĂ©rĂ©e comme un « jour saint d’obligation » dans l’Eglise catholique, ce qui signifie que les fidĂšles catholiques doivent assister Ă  la messe.

 

Le rĂŽle de Marie dans l’histoire amĂ©ricaine
Le message prĂ©sidentiel retrace l’histoire de la dĂ©votion mariale aux Etats-Unis, Ă  commencer par l’évĂȘque John Carroll, premier Ă©vĂȘque catholique du pays et cousin du signataire de la DĂ©claration d’indĂ©pendance Charles Carroll, qui, en 1792, a consacrĂ© la jeune nation Ă  la mĂšre du Christ.

Trump mentionne Ă©galement comment les catholiques ont attribuĂ© la victoire du gĂ©nĂ©ral Andrew Jackson sur les Britanniques lors de la bataille de La Nouvelle-OrlĂ©ans Ă  l’intercession de Marie. « Chaque annĂ©e, les catholiques cĂ©lĂšbrent une messe d’action de grĂące Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans le 8 janvier en mĂ©moire de l’aide apportĂ©e par Marie pour sauver la ville », indique le communiquĂ©.

 

Personnalités marquantes et héritage marial
Le message met en avant des personnalités américaines marquantes telles Elizabeth Ann Seton, Frances Xavier Cabrini et Fulton Sheen, qui ont consacré leur vie à glorifier Dieu en servant les autres et ont conservé une profonde dévotion à Marie.

Le prĂ©sident mentionne la basilique du sanctuaire national de l’ImmaculĂ©e Conception, situĂ©e au cƓur de la capitale nationale, qui honore Marie en tant que plus grande Ă©glise d’AmĂ©rique du Nord. Il souligne Ă©galement que prĂšs de 50 universitĂ©s amĂ©ricaines portent le nom de Marie et que l’hymne « Ave Maria » reste cher Ă  d’innombrables citoyens.

 

Une priĂšre pour la paix mondiale
Dans son message, Trump fait rĂ©fĂ©rence Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale, lorsque le pape BenoĂźt XV a commandĂ© et consacrĂ© une statue de Marie, Reine de la Paix, portant l’enfant JĂ©sus avec un rameau d’olivier afin d’encourager les fidĂšles chrĂ©tiens Ă  suivre son exemple de paix en priant pour la fin de la guerre. « Quelques mois plus tard, la PremiĂšre Guerre mondiale prenait fin », conclut le prĂ©sident.

 

« Aujourd’hui, nous nous tournons une fois de plus vers Marie pour trouver l’inspiration et le rĂ©confort, tandis que nous prions pour la fin de la guerre et pour une nouvelle Ăšre durable de paix, de prospĂ©ritĂ© et d’harmonie en Europe et dans le monde entier », ajoute le communiquĂ©.

 

Le « Je vous salue Marie » inclus dans le message officiel
De maniĂšre inĂ©dite, Trump inclut dans son message prĂ©sidentiel la priĂšre complĂšte du « Je vous salue Marie ». Le message se termine en reconnaissant « avec une gratitude totale » le rĂŽle de Marie « dans la promotion de la paix, de l’espoir et de l’amour en AmĂ©rique et au-delĂ  de nos cĂŽtes », alors que les Etats-Unis approchent du 250e anniversaire de leur indĂ©pendance.

 

Message prĂ©sidentiel Ă  l’occasion de la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception


Aujourd’hui, je rends hommage Ă  tous les AmĂ©ricains qui cĂ©lĂšbrent le 8 dĂ©cembre comme un jour sacrĂ© en l’honneur de la foi, de l’humilitĂ© et de l’amour de Marie, mĂšre de JĂ©sus et l’une des figures les plus importantes de la Bible.

 

Lors de la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception, les catholiques cĂ©lĂšbrent ce qu’ils croient ĂȘtre la libertĂ© de Marie du pĂ©chĂ© originel en tant que mĂšre de Dieu. Elle est entrĂ©e pour la premiĂšre fois dans l’histoire en tant que jeune fille lorsque, selon les Ecritures, l’ange Gabriel l’a saluĂ©e dans le village de Nazareth avec la nouvelle d’un miracle : « Je te salue, pleine de grĂące ! Le Seigneur est avec toi », lui annonçant qu’elle « concevra dans son sein et enfantera un fils, et elle lui donnera le nom de JĂ©sus ».

 

Dans l’un des actes les plus profonds et les plus transcendants de l’histoire, Marie a hĂ©roĂŻquement acceptĂ© la volontĂ© de Dieu avec confiance et humilitĂ© : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole. » La dĂ©cision de Marie a changĂ© Ă  jamais le cours de l’humanitĂ©. Neuf mois plus tard, Dieu s’est fait homme lorsque Marie a donnĂ© naissance Ă  un fils, JĂ©sus, qui allait offrir sa vie sur la croix pour la rĂ©demption des pĂ©chĂ©s et le salut du monde.

 

Depuis prĂšs de 250 ans, Marie joue un rĂŽle de premier plan dans notre grande histoire amĂ©ricaine. En 1792, moins d’une dĂ©cennie aprĂšs la fin de la guerre d’indĂ©pendance, l’évĂȘque John Carroll, premier Ă©vĂȘque catholique des Etats-Unis et cousin du signataire de la DĂ©claration d’indĂ©pendance Charles Carroll, a consacrĂ© notre jeune nation Ă  la mĂšre du Christ. Moins d’un quart de siĂšcle plus tard, les catholiques ont attribuĂ© Ă  Marie la victoire impressionnante du gĂ©nĂ©ral Andrew Jackson sur les Britanniques lors de la bataille dĂ©cisive de La Nouvelle-OrlĂ©ans. Chaque annĂ©e, les catholiques cĂ©lĂšbrent une messe d’action de grĂące Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans le 8 janvier en mĂ©moire de l’aide apportĂ©e par Marie pour sauver la ville.

 

Au fil des siĂšcles, des lĂ©gendes amĂ©ricaines telles qu’Elizabeth Ann Seton, Frances Xavier Cabrini et Fulton Sheen, qui ont consacrĂ© leur vie Ă  glorifier Dieu au service des autres, ont professĂ© une profonde dĂ©votion Ă  Marie.

 

La basilique du sanctuaire national de l’ImmaculĂ©e Conception, situĂ©e au cƓur de la capitale de notre nation, honore Marie en tant que plus grande Ă©glise d’AmĂ©rique du Nord. L’hymne intemporel « Ave Maria » reste trĂšs cher Ă  d’innombrables citoyens. Elle a inspirĂ© la crĂ©ation d’innombrables Ă©glises, hĂŽpitaux et Ă©coles. PrĂšs de 50 collĂšges et universitĂ©s amĂ©ricains portent le nom de Marie.

 

Et dans quelques jours, le 12 dĂ©cembre, les catholiques des Etats-Unis et du Mexique cĂ©lĂ©breront la dĂ©votion inĂ©branlable Ă  Marie qui a pris naissance au cƓur du Mexique, oĂč se trouve aujourd’hui la magnifique basilique Notre-Dame de Guadalupe, en 1531. A l’approche du 250e anniversaire de la glorieuse indĂ©pendance amĂ©ricaine, nous reconnaissons et rendons grĂące, avec une profonde gratitude, au rĂŽle de Marie dans la promotion de la paix, de l’espoir et de l’amour aux Etats-Unis et au-delĂ  de nos cĂŽtes.

 

Il y a plus d’un siĂšcle, en pleine PremiĂšre Guerre mondiale, le pape BenoĂźt XV, chef de l’Eglise catholique romaine, a commandĂ© et consacrĂ© une majestueuse image de Marie, Reine de la Paix, avec l’enfant JĂ©sus dans ses bras et une branche d’olivier, afin d’encourager les fidĂšles chrĂ©tiens Ă  suivre son exemple de paix et Ă  prier pour la fin de l’horrible carnage. Quelques mois plus tard, la PremiĂšre Guerre mondiale prenait fin.

Aujourd’hui, nous nous tournons Ă  nouveau vers Marie pour trouver inspiration et rĂ©confort, tout en priant pour la fin de la guerre et pour une nouvelle Ăšre durable de paix, de prospĂ©ritĂ© et d’harmonie en Europe et dans le monde entier.

 

En son honneur, et en ce jour si spécial pour nos citoyens catholiques, nous nous souvenons des paroles sacrées qui ont apporté aide, réconfort et soutien à des générations de croyants américains dans les moments difficiles :

Je vous salue Marie, pleine de grĂące, le Seigneur est avec vous. Tu es bĂ©nie entre toutes les femmes et JĂ©sus, le fruit de tes entrailles, est bĂ©ni. Sainte Marie, MĂšre de Dieu, prie pour nous, pauvres pĂ©cheurs, maintenant et Ă  l’heure de notre mort. Amen.

 

(Source : InfoCatolica – FSSPX.ActualitĂ©s)

Toutes les religions seraient-elles des chemins équivalents vers Dieu ?

08/12/2025

Toutes les religions seraient-elles des chemins équivalents vers Dieu ?

Dans un discours prononcĂ© au Forum Rome Life le 4 dĂ©cembre 2025, et rapportĂ© par LifeSite, l'Ă©vĂȘque suisse Marian Eleganti a mis en garde contre le risque de dissocier la prĂ©tendue « fraternitĂ© universelle » de JĂ©sus-Christ, sous peine de tomber dans un relativisme religieux qui vide l'Évangile de son sens. S'opposant Ă  l'idĂ©e que toutes les religions seraient des chemins Ă©quivalents vers Dieu, le prĂ©lat a soulignĂ© que seul le Christ peut sauver et que la mission de l'Église ne saurait se rĂ©duire Ă  un simple dialogue interreligieux dĂ©nuĂ© de vĂ©ritĂ©.

 

D'Assise à « l' esprit d'Assise » : risque de syncrétisme

Monseigneur Eleganti a retracĂ© l'origine et le dĂ©veloppement des rencontres interreligieuses Ă  Assise, promues par saint Jean-Paul II Ă  partir de 1986, rappelant que dĂšs le dĂ©but, la Curie et les Ă©vĂȘques avaient exprimĂ© des rĂ©serves quant au danger d' « hĂ©rĂ©sie du syncrĂ©tisme » et de donner l'impression que toutes les religions Ă©taient sur un pied d'Ă©galitĂ©.

 

Selon le texte publiĂ© par LifeSite, l’évĂȘque cite Ă  la fois les clarifications de Jean-Paul II — qui voulait Ă©viter une « priĂšre universelle commune » — ainsi que les prĂ©occupations du cardinal Ratzinger de l’époque et les avertissements ultĂ©rieurs de BenoĂźt XVI, qui a tentĂ© de bloquer les interprĂ©tations relativistes en rappelant l’enseignement de la dĂ©claration Dominus Iesus.

 

Eleganti souligne le pouvoir des images vĂ©hiculĂ©es par les mĂ©dias : pour de nombreux croyants peu instruits, voir des reprĂ©sentants de diffĂ©rentes religions prier ensemble pour la paix peut nourrir l’idĂ©e qu’ « une religion vaut autant qu’une autre » et que JĂ©sus-Christ n’est qu’un mĂ©diateur parmi d’autres. En ce sens, il parle du prĂ©tendu « esprit d’Assise » comme d’une Ă©tiquette vague qui, dans les faits, a servi Ă  certains pour justifier des tendances relativistes au sein de l’Église.

 

Critique directe des propos de François à Singapour et de la Déclaration d'Abu Dhabi

L’évĂȘque va plus loin et critique ouvertement certaines dĂ©clarations du pape François. Il qualifie notamment ses propos tenus au Catholic Junior College de Singapour en septembre 2024 d’« objectivement scandaleux », lorsque le pape a dĂ©clarĂ© aux jeunes que « toutes les religions sont un chemin vers Dieu » et les a comparĂ©es Ă  « diffĂ©rentes langues » pour atteindre le mĂȘme Dieu, insistant sur le fait que « Dieu est Dieu pour tous » et que nous sommes tous « enfants de Dieu » par nature.

 

Pour Eleganti, cette conception contredit la foi catholique, car elle dilue le caractĂšre unique du Christ comme seul chemin vers le PĂšre et rĂ©duit la mission Ă  un simple accompagnement sans conversion. À ses yeux, il s'agit d'une forme de pluralisme religieux qui considĂšre comme offensant de parler d'une religion « vraie » par opposition aux autres et qui rejette l'idĂ©e que le christianisme doive proclamer la vĂ©ritĂ© du Christ Ă  tous les peuples.

 

Dans le mĂȘme esprit, il critique vivement la DĂ©claration d'Abou Dhabi, notamment le passage affirmant que le pluralisme religieux relĂšve de la « sage volontĂ© divine ». Eleganti soutient qu'il est impossible d'attribuer Ă  Dieu, en tant que volontĂ© positive, des religions qui nient la divinitĂ© du Christ ou de la TrinitĂ©, et il cite en particulier l'islam comme une religion structurellement opposĂ©e au christianisme, tant en thĂ©orie que dans sa pratique historique. Il qualifie de « fausse » l'affirmation selon laquelle « les religions n'incitent jamais Ă  la guerre ou Ă  la haine », soulignant que les textes fondateurs et l'histoire de certaines religions contredisent ouvertement cette formulation.

 

Mission, dialogue et vérité : contre le renoncement pratique au mandat missionnaire

Dans sa confĂ©rence, Eleganti dĂ©nonce le fait que, depuis des dĂ©cennies, dans de nombreux milieux, le concept de mission a Ă©tĂ© remplacĂ© par ceux de « dialogue », de « collaboration » ou d ’« apprentissage interculturel », au point que tenter de convaincre autrui de la vĂ©ritĂ© du Christ n’est plus considĂ©rĂ© comme acceptable. Selon le texte publiĂ© par LifeSite, l’évĂȘque perçoit cela comme une concession Ă  une culture qui abhorre toute affirmation de vĂ©ritĂ© et juge offensant d’affirmer que JĂ©sus-Christ est le seul Sauveur.

 

Le prĂ©lat nous rappelle que le commandement du Christ de « faire des disciples de toutes les nations » demeure d'actualitĂ© et ne saurait ĂȘtre abandonnĂ© sans renoncer Ă  la vĂ©ritable foi catholique. PrĂȘcher ne signifie plus – prĂ©vient-il – s'engager dans un militantisme sociopolitique pour des causes gĂ©nĂ©riques (climat, migrations, etc.), mais proclamer JĂ©sus-Christ, mort et ressuscitĂ©, seul Chemin, VĂ©ritĂ© et Vie.

 

Selon lui, le « dialogue », entendu comme relativisme oĂč aucune des parties ne peut prĂ©tendre Ă  une vĂ©ritĂ© supĂ©rieure Ă  l'autre, se rĂ©vĂšle finalement inutile car il renonce d'emblĂ©e Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©. Eleganti nous rappelle que pour l'Église, le dialogue est liĂ© au tĂ©moignage et Ă  la proclamation, et que la conversion est l'Ɠuvre de Dieu, non de la rhĂ©torique humaine.

 

Enfants de Dieu par la foi et le baptĂȘme, et non par la seule nature

Dans la derniĂšre partie de son discours, l’évĂȘque suisse souligne un point essentiel : tous les ĂȘtres humains ne sont pas « enfants de Dieu » au sens chrĂ©tien du simple fait d’exister, mais seulement ceux qui acceptent le Christ par la foi et le baptĂȘme. Il cite le prologue de l’Évangile selon Jean : Ă  ceux qui croient en lui, « il a donnĂ© le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nĂ©s, non de la chair et du sang, mais de Dieu ».

 

Il met donc en garde contre les projets de « fraternitĂ© universelle » qui ignorent le Christ et rĂ©duisent la foi Ă  une Ă©thique humanitaire ou Ă  une sorte de « royaume de Dieu sĂ©cularisĂ© » fondĂ© uniquement sur la tolĂ©rance et le consensus politique. Une telle fraternitĂ©, affirme-t-il, n’est pas chrĂ©tienne, car elle exige de dissimuler ou de minimiser la mĂ©diation unique de JĂ©sus-Christ pour ĂȘtre acceptĂ©e par tous.

 

Eleganti conclut que seule la fraternitĂ© authentique entre les hommes trouve son fondement en Christ, la vraie LumiĂšre qui vient au monde, et que tout modĂšle d'unitĂ© humaine qui remplace ou relativise cette vĂ©ritĂ© finit par n'ĂȘtre qu'une construction idĂ©ologique de plus, reposant sur des fragments amputĂ©s de l'Évangile.

 

En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

07/12/2025

En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

"La RĂ©vĂ©lation annonce une lumiĂšre qui brille dans les tĂ©nĂšbres et que les tĂ©nĂšbres ne pourront arrĂȘter, une lumiĂšre vĂ©ritable qui Ă©claire, rĂ©jouit et rĂ©chauffe les cƓurs. En ce jour de l’ImmaculĂ©e Conception, nous fĂȘtons la clartĂ© qui commence Ă  poindre comme une espĂ©rance invincible. À Lyon, la ville se pare de milliers de lumiĂšres en l’honneur de la Vierge ImmaculĂ©e qui est honorĂ©e en son sanctuaire de FourviĂšre. À Rome, le Pape se rendra comme chaque annĂ©e place d’Espagne devant la statue de l’ImmaculĂ©e Conception que le bienheureux Pie IX avait fait Ă©riger Ă  la suite de la proclamation du dogme en 1854. Comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, LĂ©on XIV accomplira ce pĂšlerinage pour confier Ă  Marie Rome et tous ses habitants. À Lourdes, nous faisons mĂ©moire de la parole que la belle dame prononça lors de la seiziĂšme apparition, le 25 mars 1858 : "Je suis l’ImmaculĂ©e Conception."

 

"Pleine de grĂące"
"Partout dans le monde, les fidĂšles du Christ se rassemblent pour cĂ©lĂ©brer joyeusement celle qui "est resplendissante de beautĂ©" (PrĂ©face de la messe du 8 dĂ©cembre). À Nazareth, l’ange Gabriel en fut le premier Ă©merveillĂ© : "Je te salue, ComblĂ©e-de-grĂąces, le Seigneur est avec toi" (Lc 1, 28). Cette salutation est devenue la priĂšre quotidienne des croyants. Dans le chapelet, ils rĂ©pĂštent inlassablement ces paroles avec confiance. L’admiration de l’ange Gabriel se communique ainsi aux fidĂšles. À chaque "Je vous salue Marie", le ciel et la terre se rejoignent pour saluer celle qui est remplie de grĂące.

 

"Que disons-nous lorsque nous appelons Marie "pleine de grĂące" ? Nous n’admirons pas une hĂ©roĂŻne qui aurait poussĂ© Ă  son maximum les capacitĂ©s humaines par ses exploits d’ascĂšse et de vertus. Nous ne chantons pas celle qui aurait atteint par ses efforts la plus grande perfection humaine. Avec l’ange du Seigneur, nous nous tournons vers la femme qui dĂšs le moment de sa conception a reçu la grĂące divine au point d’ĂȘtre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© et de toutes ses consĂ©quences. Marie est d’abord toute rĂ©ceptive Ă  l’action divine. Elle reçoit le don de Dieu en y opposant aucune rĂ©sistance, ni aucun doute. Bien plus, elle l’accueille avec foi et gratitude. Au jour de l’Annonciation, elle est toute bouleversĂ©e, elle ne comprend pas tout, mais elle offre Ă  Dieu une parfaite obĂ©issance. La jeune Marie manifeste cette docilitĂ© Ă  la grĂące lorsqu’elle rĂ©pond Ă  l’ange : "Que tout m’advienne selon ta parole."

 

"Le dĂ©sir de l’imiter"
"En l’appelant "pleine de grĂące", grandit en nous le dĂ©sir de l’imiter, de nous laisser modeler par l’Esprit-Saint et ainsi d’ĂȘtre "saints et immaculĂ©s dans l’amour" (Ep 1, 4). Nous choisissons de ne pas nous appuyer sur nos propres forces mais sur la grĂące de Dieu qui seule peut transformer les cƓurs les plus endurcis. Saluer Marie comme pleine de grĂące conduit enfin Ă  dĂ©sirer ardemment l’auteur de la grĂące. La beautĂ© de la Servante nous pousse Ă  adorer son CrĂ©ateur et Sauveur. Au cƓur de chaque "Je vous salue Marie", le nom de JĂ©sus est proclamĂ© : "Et JĂ©sus le fruit de vos entrailles est bĂ©ni." C’est une vĂ©ritable profession de foi !

"L’ImmaculĂ©e Conception de Marie est l’aurore qui annonce avec certitude la lumiĂšre du Christ qui Ă©claire tout homme. Lui-mĂȘme se tient Ă  la porte de nos cƓurs et frappe. Il nous donne sa grĂące. Il n’attend qu’une seule chose ! Que nous rĂ©pondions Ă  son appel comme Marie : "Que tout m’advienne selon ta parole" (Lc 1, 38) ! C’est ainsi que nous deviendrons toujours davantage des fils de la lumiĂšre capables de transmettre Ă  tous l’EspĂ©rance qui ne déçoit pas."

 

Source : Aleteia

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

06/12/2025

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

Pourtant, tous les sondages sĂ©rieux montrent l’inverse : non seulement la demande d’euthanasie n’est pas une attente du pays mais elle baisse.

 

C’est prĂ©cisĂ©ment pour briser ce rĂ©cit politico-mĂ©diatique, portĂ© par une Ă©lite et un audiovisuel public qui verrouillent le dĂ©bat, que nous lançons une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

 

Elle met en lumiĂšre ce que beaucoup sentent confusĂ©ment : une manipulation de l’opinion, une tentative d’imposer Ă  marche forcĂ©e une loi qui ferait basculer notre sociĂ©tĂ© dans une logique d’abandon des plus fragiles.

 

Notre objectif est simple : rendre la parole Ă  cette majoritĂ© silencieuse, souvent peu mobilisĂ©e (supprimer “sur ces sujets”) mais lucide face aux dĂ©rives de ce dĂ©bat confisquĂ©. Vous pouvez nous (supprimer “y”) aider.

 

Alors que les discussions reprennent au SĂ©nat dĂšs janvier (en commission la semaine du 12, en sĂ©ance Ă  partir du 20 et vote solennel le 28 janvier), chaque signature compte rĂ©ellement. Une pĂ©tition ne change pas seule le cours des choses, mais elle peut inflĂ©chir des votes, convaincre des indĂ©cis, soutenir des initiatives alternatives en cours et rappeler qu’une autre voie existe : celle du soin, de la solidaritĂ©, et du refus de faire de la mort une rĂ©ponse politique.

 

👉 Signez et faites signer autour de vous : https://stop-euthanasie.fr

 

 

En brisant le mythe idĂ©ologique du consensus, nous pouvons empĂȘcher que la France franchisse une ligne qui ne se franchit qu’une fois.

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

05/12/2025

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

Rome – « Je prĂ©fĂšre ne pas en dire plus. » « « Je vais en Afrique pour confirmer dans la foi et visiter les lieux saints d'Augustin. » « Je crois fermement au secret du conclave. » La premiĂšre confĂ©rence de presse de LĂ©on XIV dans l'avion est un manifeste pour la presse, habituĂ©e ces derniĂšres annĂ©es Ă  des dĂ©clarations telles que « T'es une tapette », « Ils aboient aux portes de la Russie », « Si tu offenses ma mĂšre, tu auras un coup de poing », « Ce qui s'est passĂ© au conclave, c'Ă©tait
 »  Le pape amĂ©ricain change de ton et redonne Ă  la papautĂ© ses lettres de noblesse, de spiritualitĂ© et de courtoisie. 


Le premier voyage apostolique international de LĂ©on XIV s'est rĂ©cemment achevĂ© au Liban , derniĂšre Ă©tape d'une visite marquĂ©e par des gestes publics de rĂ©confort et un message d'espĂ©rance adressĂ© aux fidĂšles libanais. Entre Beyrouth , Annaya et Harissa , le Pape a rencontrĂ© des communautĂ©s meurtries – priant Ă©galement devant le mĂ©morial de la terrible explosion d'aoĂ»t 2020 – et a conclu son voyage en cĂ©lĂ©brant la messe et en lançant au peuple une invitation Ă  une fraternitĂ© possible, par-delĂ  toutes les frontiĂšres nationales et religieuses. En Turquie, l'accueil des Églises a donnĂ© au voyage une dimension ƓcumĂ©nique concrĂšte, tandis qu'au Liban, notamment parmi les jeunes, l'enthousiasme Ă©tait palpable , unanime , irrĂ©sistible : des milliers de jeunes ont entourĂ© le Pontife comme on le fait avec celui qui rouvre l'avenir, non seulement par ses paroles, mais aussi par sa prĂ©sence. LĂ©on XIV a vĂ©cu ces journĂ©es visiblement Ă©mu, non par un triomphe personnel, mais par la preuve de son appartenance : un peuple qui ne rĂ©clame pas de symbole, mais se reconnaĂźt en un pĂšre.

 

Le comportement de la presse

La presse internationale a accueilli l'Ă©vĂ©nement avec une froideur surprenante, voire une attention distraite, bien loin de l'implication qui a gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ© les apparitions publiques du Pape ces treize derniĂšres annĂ©es. MĂȘme sa visite Ă  la mosquĂ©e a Ă©tĂ© marquĂ©e par un comportement mĂ©diatique typique de ces journalistes plus enclins Ă  la manipulation qu'Ă  l'information.

 

D'un cÎté, certains ont tenté de déformer les propos du Pontife pour leur donner un ton anti-islamique; de l'autre, d'autres ont préféré garder le silence, voire remettre en question la véracité des propos rapportés de l'imam. Mais SilÚre non possum confirme sans l'ombre d'un doute que la seule réponse du Pape à l'invitation de l'imam à se joindre à la priÚre fut un simple « Non, merci » : une réponse directe, dénuée de toute connotation polémique, suivie du choix explicite de poursuivre sa visite au lieu de culte musulman.

 

Ce refus calme et contextualisĂ© n'indique pas une rupture, mais une cohĂ©rence ecclĂ©siologique et un respect interreligieux . Dans la tradition islamique, en effet, la priĂšre d'un non-musulman dans une mosquĂ©e peut ĂȘtre perçue comme un geste dĂ©placĂ©, voire comme une parodie involontaire du sacrĂ© . LĂ©on XIV, en tant que chef de l'Église catholique, a donc choisi une posture non mimĂ©tique, Ă©vitant les gestes qui auraient pu paraĂźtre inauthentiques, tout en manifestant une prĂ©sence dialogique rĂ©elle, poursuivant la rencontre avec les fidĂšles musulmans comme un signe incontestable de considĂ©ration , et non de confusion religieuse.

 

Des moments de joie, parfois mĂȘme lĂ©gers et ironiques, ont marquĂ© plusieurs Ă©tapes du voyage, vĂ©cus par le Pape avec une simplicitĂ© authentique qui a confĂ©rĂ© aux rencontres un climat de sĂ©rĂ©nitĂ© manifeste, jamais construite autour d'une table. LĂ©on XIV est apparu Ă  plusieurs reprises visiblement Ă©mu par la profondeur des tĂ©moignages reçus et par la portĂ©e rĂ©elle de ses paroles, qui dĂ©passaient le cadre protocolaire pour atteindre le cƓur mĂȘme de ses discours : des paroles vraies, ancrĂ©es dans la vie. Capable de produire un impact perceptible sur les personnes qu'il rencontrait, le Pape proposait aux jeunes des idĂ©es concrĂštes pour la vie quotidienne de leur foi : non pas des slogans vagues, mais des suggestions pratiques, ancrĂ©es dans les questions existentielles qui marquent leur gĂ©nĂ©ration. Une approche qui actualise le langage de la proximitĂ© pastorale sans perdre la cohĂ©rence doctrinale, parlant de l' Évangile incarnĂ©, et non d'abstractions spirituelles.

 

Pourtant, la presse internationale a largement optĂ© pour une couverture mĂ©diatique minimale, nettement infĂ©rieure Ă  celle rĂ©servĂ©e aux dĂ©clarations du Pape François, avec lequel de nombreux correspondants avaient tissĂ© une relation lucrative et gratifiante. Le cortĂšge apostolique suivant le Pontife comprenait de nombreux journalistes accrĂ©ditĂ©s au Vatican, dont la prĂ©sence semble souvent dĂ©terminĂ©e non par la compĂ©tence professionnelle, mais par les liens Ă©troits – personnels ou Ă©ditoriaux – que leurs journaux respectifs entretiennent depuis des annĂ©es avec le Bureau de presse du Vatican. Un dĂ©tail significatif : un nombre croissant de journalistes choisissent de ne plus prendre l’avion, non seulement en raison d’un climat interne Ă©touffant, mais aussi Ă  cause d’un modĂšle opĂ©rationnel qui relĂšve davantage de la logistique préétablie que du journalisme. 

 

Les dĂ©placements lors des voyages apostoliques se font en groupe, dans des minibus affrĂ©tĂ©s par le Saint-SiĂšge, et les nuitĂ©es sont effectuĂ©es dans des hĂŽtels de luxe partenaires, choisis selon des critĂšres de confort et d’intĂ©gration systĂ©mique, plutĂŽt que d’autonomie professionnelle. Bien que les correspondants aient accĂšs aux Ă©vĂ©nements papaux depuis des points de vue privilĂ©giĂ©s, l’indĂ©pendance reste l’exception dans les articles publiĂ©s. La couverture se rĂ©duit souvent Ă  un simple copier - coller des informations diffusĂ©es par le Bureau de presse du Vatican, produisant un rĂ©cit dĂ©nuĂ© d’émotion et incapable de prĂ©senter une analyse authentique des faits. Le contraste avec le passĂ© est saisissant : autrefois, le moindre Ă©ternuement du pape François aurait suscitĂ© un tel intĂ©rĂȘt. Avec une couverture mĂ©diatique amplifiĂ©e, il n'y a mĂȘme plus de place pour un seul article. Ce modĂšle – pratique pour ceux qui le mettent en Ɠuvre, peu utile pour ceux qui le lisent – ​​produit un effet secondaire bien connu des rĂ©dactions : l'accoutumance au privilĂšge logistique engendre un discours dĂ©fensif et parfois un ressentiment narratif lorsque le protagoniste cesse d'alimenter ce besoin d'exclusivitĂ©. Le problĂšme n'est donc pas la critique du pontificat, lĂ©gitime et nĂ©cessaire si elle s'appuie sur les faits, mais le ton rĂ©actif qui Ă©merge lorsque l'histoire ne dĂ©coule plus d'une relation fonctionnelle, mais d'une perte de valeur symbolique. Le problĂšme de fond demeure : si l'histoire du Pape devient « ennuyeuse », ce n'est pas par manque de contenu, mais par appauvrissement du regard journalistique, qui privilĂ©gie la fonction au phĂ©nomĂšne, le positionnement Ă  la rencontre, la commoditĂ© du format Ă  la complexitĂ© du rĂ©el. Or, le journalisme, lorsqu'il cesse de tĂ©moigner et se contente de reproduire, ne gagne pas en rigueur : il devient simplement l'Ă©cho du pouvoir.

 

Vol pour Rome :  les derniers dĂ©tails

MĂȘme sur le  vol  retour vers Rome, comme nous l'avons mentionnĂ© en introduction, LĂ©on XIV a bouleversĂ© les normes Ă©tablies des experts du Vatican, habituĂ©s depuis des annĂ©es aux dĂ©clarations parfois indiscrĂštes du pape François : de ses confidences politiques improvisĂ©es Ă  l'acceptation de formules familiĂšres, du passage controversĂ© sur les homosexuels lors du voyage apostolique au fameux « si vous offensez ma mĂšre, je vous frappe ». InterrogĂ© par l'experte du Vatican Cindy Wooden – heureusement proche de la retraite, tandis que l'arrivĂ©e d'un jeune expert amĂ©ricain, et surtout catholique, est dĂ©jĂ  espĂ©rĂ©e – qui souhaitait des prĂ©cisions sur le conclave, LĂ©on a rĂ©pondu en ramenant la question Ă  un tout autre niveau : « Concernant le conclave, je crois absolument au secret du conclave, mĂȘme si je sais que certaines choses ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es lors d'interviews publiques. » Non pas l'accroche espĂ©rĂ©e, non pas l'indiscrĂ©tion, mais un rappel des limites, des frontiĂšres, du sens d'une institution qui ne peut ĂȘtre dissĂ©quĂ©e Ă  des fins de divertissement.

 

Bien plus qu'une simple rĂ©ponse : une perturbation dĂ©libĂ©rĂ©e du cadre de pensĂ©e de ceux qui, ces derniĂšres annĂ©es, ont spĂ©culĂ© sur chaque parole papale. LĂ©on XIV a renversĂ© la position du Pontificat face aux « prĂ©dateurs du micro », cette horde de journalistes Ă  sensation qui, prĂȘts Ă  Ă©craser les personnes et le bien de l'Église pour alimenter une simple impression, se sont retrouvĂ©s dĂ©trĂŽnĂ©s par un pape qui ne rĂ©cite pas leur texte. 

 

InterrogĂ© sur son prochain voyage apostolique, LĂ©on XIV ne se lance pas dans une hypothĂšse gĂ©opolitique ni ne laisse place Ă  la moindre thĂ©orie du complot : il dit Afrique. Mais surtout, il explique la raison, passĂ©e inaperçue des vaticanistes : « pour affermir la foi ». Non pas pour flatter les inepties des journalistes athĂ©es qui pullulent au Bureau de presse du Saint-SiĂšge, mais pour rĂ©affirmer le seul mandat d'un pape : ĂȘtre un gardien de la foi, et non un aliment pour les mĂ©dias sensationnalistes.  Et il ajoute, avec la prĂ©cision de quelqu'un qui possĂšde une vĂ©ritable spiritualitĂ© :  Â« J'aimerais aller en AlgĂ©rie pour visiter les lieux de saint Augustin. » PrĂ©vost reste profondĂ©ment attachĂ© Ă  Augustin, un homme qu'il suit depuis le dĂ©but de sa vocation. MĂȘme l'ironie se fait tranchante face Ă  un journalisme autorĂ©fĂ©rentiel. Le pape explique : « Je ne sais pas si j'ai dit "waouh" hier soir. Mon visage est trĂšs expressif, et j'aime souvent observer comment les journalistes l'interprĂštent. Parfois, vous m'inspirez de bonnes idĂ©es, car vous pensez pouvoir lire dans mes pensĂ©es ou sur mon visage. Mais vous n'avez pas toujours raison. Vous n'avez pas toujours raison. » Une pique claire Ă  l'encontre de ceux qui
 Les journalistes qui, ces derniers mois, depuis son Ă©lection, ont tentĂ© de le cataloguer selon sa façon de s'habiller, de parler et de s'exprimer, ont mis fin aux spĂ©culations. Prevost se rĂ©vĂšle ĂȘtre un homme d'une grande spiritualitĂ©, qui  refuse toute manipulation. Le Pape fait taire les rumeurs et rĂ©vĂšle ce qu'a toujours Ă©tĂ© le Successeur de Pierre – et ce que de nombreux journalistes ont eu intĂ©rĂȘt Ă  nous faire oublier – : un homme de priĂšre, de paternitĂ© spirituelle et de foi inĂ©branlable. Un Pape, et non un commentateur de second plan.

La Cop 30 : derriĂšre le climat, une bataille spirituelle

05/12/2025

La Cop 30 : derriĂšre le climat, une bataille spirituelle

Tiens, que se serait-il passĂ© si un État ayant encore quelque souvenance de ses racines chrĂ©tiennes avait offert une reprĂ©sentation, non d’« esprit » mais d’« ange » gardien ? Je vous laisse imaginer. Mais esprit et ange, c’est la mĂȘme chose – sauf qu’il y en a des bons et des mauvais.

 

L’esprit de la COP30
En l’occurrence, cet « esprit gardien » est censĂ© reprĂ©senter l’esprit de la COP, avec des Ă©lĂ©ments tirĂ©s des cultures chinoise et brĂ©silienne : le dragon, symbole oriental de la force, du pouvoir cosmique et de la protection, et le jaguar, symbole amazonien de la force, du territoire, de la nature et des ancĂȘtres. Un ĂȘtre hybride donc, une chimĂšre qui efface et contredit les frontiĂšres entre les espĂšces.

Il est accompagnĂ©, Ă  quelques mĂštres, d’une statue de « MĂšre BrĂ©sil », une jeune femme portant sur son genou droit un jeune enfant, et sur son genou gauche, un jaguar cornu. Tout au plus peut-on dire que cette statue est nettement plus avenante que la trĂšs moche « Pachamama » enceinte, promenĂ©e dans Rome et jusque dans les jardins du Vatican Ă  l’occasion du synode sur l’Amazonie. Mais elle n’est pas sans rappeler une affiche qui avait Ă©tĂ© installĂ©e Ă  l’église Santa Maria in Traspontina lors du synode d’Amazonie montrant une photo d’une indigĂšne tenant son enfant par le bras gauche tout en allaitant un cochonnet sauvage, avec la mention « tout est liĂ© » 

 

La COP30 sous le signe du dragon
Revenons au dragon. Dans la symbolique occidentale, celui-ci reprĂ©sente clairement le mal, un monstre Ă  combattre, et il est associĂ© au dĂ©mon – mĂȘme si aujourd’hui la littĂ©rature et la cinĂ©matographie enfantines tentent d’effacer aussi cette rĂ©fĂ©rence en faisant du dragon un animal sympathique et bienveillant. La statue offerte par le PC chinois accentue la perspective dĂ©moniaque puisqu’elle est coiffĂ©e de cornes de bouc : la bĂȘte aux crocs effrayants tient entre ses griffes un globe terrestre avec en son centre l’Amazonie.

Mais ce ne sont pas exactement des griffes : le dragon a un buste humain ponctuĂ© de plaques de dragon façon stĂ©gosaure, recouvert des taches de jaguar, et ce sont des mains d’homme qui enserrent le globe.

Pour Alex Newman, envoyĂ© spĂ©cial de The New American Ă  la COP30, cette statue montre bien que ce qui se joue actuellement est une « bataille spirituelle » : « Elle ressemble Ă  une bataille politique. Elle ressemble Ă  une bataille contre le changement climatique et pour l’environnement, mais c’est littĂ©ralement une bataille spirituelle. »

 

La Chine communiste offre une statue de dragon ; et une autre de femme.
Il ajoute, dans une vidĂ©o qui permet d’examiner la statue sous toutes les coutures : « Ce qui se passe tout au long de ce processus, c’est qu’ils utilisent ce prĂ©texte du changement climatique. Pour dĂ©manteler non seulement les infrastructures Ă©nergĂ©tiques aux États-Unis et dans le monde occidental en gĂ©nĂ©ral, mais aussi toute notre Ă©conomie ; ils l’utilisent pour fermer nos industries et les transfĂ©rer vers la Chine communiste, vers des endroits oĂč ils n’ont pas les traditions, les libertĂ©s, les protections constitutionnelles qui sont les nĂŽtres. Nous avons pensĂ© que c’était un symbole trĂšs appropriĂ©. » (1)

On peut relire Ă  cette occasion le 12e chapitre de l’Apocalypse, ce mystĂ©rieux rĂ©cit qui met lui aussi en scĂšne un dragon et une femme ayant donnĂ© le jour Ă  un enfant mĂąle, mais qui les oppose comme le mal s’oppose au bien et cherche Ă  l’anĂ©antir.

 

Jeanne Smits in RITV

 

 

(1) NDLR : sans oublier la destruction de notre paysannerie. 

ColĂšre paysanne : le point de non-retour ?

04/12/2025

ColĂšre paysanne : le point de non-retour ?

La rĂ©volte paysanne s'amplifie et se durcit. Premier signal fort : l’élection le 19 novembre de Bertrand Venta Ă  la prĂ©sidence de la Coordination Rurale. PortĂ© par une base militante du Sud-Ouest et une ligne "dure", ce rĂ©sultat (prĂšs de 30 % des voix aux Ă©lections des Chambres d'agriculture) tĂ©moigne d'une volontĂ© claire d'en dĂ©coudre avec l’immobilisme.


Le conflit se cristallise dĂ©sormais autour de la gestion calamiteuse des crises sanitaires, notamment la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). La politique de l'abattage total d'un troupeau pour un seul cas dĂ©tectĂ©, mĂȘme sur des bĂȘtes vaccinĂ©es, ne passe plus. Cette aberration a provoquĂ© une alliance de circonstance inĂ©dite entre la Coordination Rurale et la ConfĂ©dĂ©ration Paysanne. Ces deux syndicats deviennent ainsi majoritaires. L’exemple rĂ©cent de Pouilley-Français, dans le Doubs, est Ă©difiant : pour une vache malade, l’État n'a pas hĂ©sitĂ© Ă  dĂ©ployer 175 gendarmes, usant de gaz lacrymogĂšnes et de tirs de LBD contre 300 manifestants venus protĂ©ger le cheptel. Comme si la dĂ©tresse de l’éleveur qui voit tuer ses 81 bĂȘtes ne suffisait pas 



Face Ă  cette fronde, l’exĂ©cutif semble fĂ©brile. La presse rapporte un incident rĂ©vĂ©lateur : le limogeage du prĂ©fet du Pas-de-Calais, sanctionnĂ© pour avoir laissĂ© Emmanuel Macron marcher 500 mĂštres sous la pluie lors d'une manifestation anti-Mercosur. Mais au-delĂ  de cette anecdotique nervositĂ© prĂ©sidentielle, c'est bien la recommandation de la Cour des comptes du 22/05/23 qui est visĂ©e, Ă  savoir la rĂ©duction du cheptel bovin pour respecter les engagements climatiques, avec une baisse d'environ 2 millions de tĂȘtes d'ici 2035 et 3,5 millions d'ici 2050 (*).


Cette colĂšre est relayĂ©e sur ce site car elle dĂ©passe largement le cadre corporatiste ; c'est aussi notre combat pour l'Ăąme du cher pays que nous laisserons Ă  nos enfants. Alors que l'État rĂ©pond par la force policiĂšre Ă  la dĂ©tresse rurale, la question de la sortie des traitĂ©s europĂ©ens pour la reprise en main de notre souverainetĂ© alimentaire se pose aujourd’hui avec acuitĂ©.

 

Kyrie Eleison !

 

SMR


(*) Sources :  AA Picardie  Novethic

Retour sur la visite de Léon XIV à la Mosquée Bleue d'Istanbul

03/12/2025

Retour sur la visite de Léon XIV à la Mosquée Bleue d'Istanbul

Le nom de Léon indiquait également le type de papauté auquel nous pouvions nous attendre. Le dernier Léon, Léon XIII, qui a joui d'un pontificat plus long que prévu à la fin du XIXe siÚcle et au tout début du XXe siÚcle, était décrit comme ayant un tempérament intellectuel, diplomate et prudent. Il avait 67 ans lorsqu'il est monté sur le trÎne, tandis que Léon XIV avait 69 ans. Léon XIII est arrivé à la chaire de Saint-Pierre au début d'une période de profonds changements sociaux, marquée par l'industrie de masse, l'expansion urbaine, le commerce mondial et les mouvements ouvriers, une période souvent décrite comme la deuxiÚme révolution industrielle. Léon XIV est arrivé au pouvoir au début de ce que l'on pourrait appeler une deuxiÚme révolution numérique, une Úre d'accélération des progrÚs technologiques sous l'impulsion de l'intelligence artificielle.

 

Il est peu probable, voire indĂ©sirable, que ce pontificat soit le reflet exact d'un pontificat prĂ©cĂ©dent, mais le nom choisi par le pape Ă©tait en soi le symbole d'un retour Ă  une pĂ©riode associĂ©e Ă  un pontificat stable. LĂ©on XIV n'a pas encore rĂ©digĂ© sa propre Rerum Novarum, mĂȘme si nous pouvons nous attendre Ă  la voir paraĂźtre dans les annĂ©es Ă  venir, mais le nom qu'il a choisi pour son pontificat est trĂšs rĂ©vĂ©lateur du type de pontificat qu'il souhaite mener.

 

Mais le moment symbolique le plus marquant de la papautĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent est peut-ĂȘtre survenu lors de son premier voyage apostolique Ă  l'Ă©tranger. Le Saint-PĂšre est arrivĂ© en Turquie, berceau du christianisme qui, sous la domination islamique, a vu sa population chrĂ©tienne presque disparaĂźtre, pour commĂ©morer le 1700e anniversaire du concile de NicĂ©e. Le troisiĂšme jour de sa visite, le pape s'est rendu Ă  la MosquĂ©e bleue, une mosquĂ©e impĂ©riale emblĂ©matique situĂ©e au cƓur d'Istanbul et symbole de l'identitĂ© islamique du pays.

 

L'histoire des visites des papes dans les mosquĂ©es remonte Ă  ce siĂšcle. Le pape Saint Jean-Paul II a Ă©tĂ© le premier Ă  le faire en 2001, lorsqu'il a visitĂ© la mosquĂ©e des Omeyyades Ă  Damas, en Syrie, lors de son pĂšlerinage jubilaire en GrĂšce, en Syrie et Ă  Malte. MĂȘme lors de sa visite dans la nation chrĂ©tienne qu'est la GrĂšce, l'opposition avait Ă©tĂ© vive, de nombreux dirigeants orthodoxes grecs s'opposant Ă  ce voyage. La controverse s'est poursuivie Ă  son arrivĂ©e en Syrie, oĂč la dĂ©cision du pape de visiter la mosquĂ©e a rencontrĂ© une rĂ©sistance particuliĂšre. Un haut dignitaire religieux du Liban voisin, Cheikh al-Hout, a tentĂ© d'imposer ses conditions, dĂ©clarant Ă  la presse : « Dans un État musulman, les crucifix ne doivent pas ĂȘtre exposĂ©s en public, et encore moins Ă  l'intĂ©rieur d'un lieu saint islamique. Le pape doit respecter ces conditions comme tout le monde. » Heureusement, le prĂ©lat local, l'archevĂȘque Isidore Battikha, n'avait pas de tels scrupules et a informĂ© la presse que « la croix serait bien visible sur les vĂȘtements liturgiques du pape lorsqu'il entrerait dans la mosquĂ©e ». En fin de compte, le voyage a Ă©galement permis au souverain pontife de s'arrĂȘter pour prier Ă  l'intĂ©rieur de la mosquĂ©e.

 

Tout comme LĂ©on XIV, les papes BenoĂźt XVI et François ont Ă©galement visitĂ© la MosquĂ©e bleue. La visite de BenoĂźt XVI en 2006 a Ă©tĂ© Ă©clipsĂ©e par les retombĂ©es de la confĂ©rence de Ratisbonne, au cours de laquelle le pape avait citĂ© l'empereur byzantin et moine chrĂ©tien Manuel II PalĂ©ologue critiquant l'islam. En entrant dans la mosquĂ©e, BenoĂźt XVI s'est arrĂȘtĂ© pendant environ deux minutes en silence. Le quotidien turc Milliyet a rapportĂ© ce moment avec le titre « Comme un musulman ». Le porte-parole du Vatican, le pĂšre Federico Lombardi, a commentĂ© plus tard que « le pape s'Ă©tait arrĂȘtĂ© pour mĂ©diter et avait certainement tournĂ© ses pensĂ©es vers Dieu ».

 

Le pape François a semblĂ© aller plus loin lors de sa visite en 2014. Debout aux cĂŽtĂ©s du grand mufti d'Istanbul de l'Ă©poque, Rahmi Yaran, la tĂȘte baissĂ©e, les mains jointes, François a priĂ© en silence pendant plusieurs minutes. Le grand mufti a rĂ©pondu ensuite en disant : « Que Dieu l'accepte ».

 

Compte tenu de la tendance actuelle Ă  l'expression extĂ©rieure de la cordialitĂ© interconfessionnelle, on aurait pu raisonnablement s'attendre Ă  ce que le pape LĂ©on fasse de mĂȘme. En effet, le compte rendu de l'Ă©vĂ©nement par le Vatican lui-mĂȘme indiquait initialement que LĂ©on s'Ă©tait arrĂȘtĂ© pour prier.  

 

En entrant dans la Mosquée bleue, l'un de ses imams, Asgin Tunca, a invité le pape à prier en disant : « Ce n'est pas ma maison, ni votre maison, c'est la maison d'Allah. » Cependant, le pape Léon a répondu à l'invitation en déclinant poliment. Le Vatican a ensuite corrigé son affirmation antérieure selon laquelle le pape avait prié, en déclarant qu'il avait visité la mosquée « dans un esprit de réflexion et d'écoute attentive, avec un profond respect pour le lieu et pour la foi de ceux qui s'y rassemblent pour prier ».

 

Tout comme le port de la mozzetta ou le choix du nom papal LĂ©on, la dĂ©cision de ne pas prier dans la mosquĂ©e Ă©tait en soi symbolique. Il ne s'agissait pas, comme pourraient le prĂ©tendre ceux qui prĂ©sentent le christianisme comme opposĂ© Ă  l'islam, d'un rejet de la croyance musulmane. Il s'agit plutĂŽt de reconnaĂźtre que le rĂŽle du pontife romain n'est pas de renforcer la coopĂ©ration avec les religions autres que le christianisme. Les catholiques fidĂšles, avec une certaine justification, ont Ă©tĂ© scandalisĂ©s par le fait que les dirigeants de l'Église aient permis que le dialogue interreligieux dĂ©bouche sur une priĂšre commune, et il semble que LĂ©on ait pris acte de ces inquiĂ©tudes, choisissant de faire passer les obligations de sa fonction avant l'image qu'il renvoie afin de satisfaire une presse laĂŻque.

 

Les indices de ce changement d'orientation sont exposĂ©s dans le livre Leo XIV : Citizen of the World, Missionary of the 21st Century (LĂ©on XIV : citoyen du monde, missionnaire du XXIe siĂšcle) de la correspondante chevronnĂ©e au Vatican Elise Ann Allen. Dans cet ouvrage, qui s'appuie sur de longs entretiens, il dĂ©clare franchement Ă  Allen : « Je ne considĂšre pas que mon rĂŽle principal soit d'essayer de rĂ©soudre les problĂšmes du monde ». En d'autres termes, le pape s'intĂ©resse Ă  ce qui concerne l'Église, Ă  sa mission qui consiste Ă  amener les gens Ă  connaĂźtre JĂ©sus.

Si le dialogue interreligieux est en vogue, parce que la sociĂ©tĂ© laĂŻque est convaincue qu'il conduira Ă  une plus grande harmonie, les diktats laĂŻques font rarement bon christianisme. Il y a deux cents ans, la sociĂ©tĂ© laĂŻque affirmait que les gens pouvaient ĂȘtre rĂ©duits en esclavage. Il y a cinquante ans, elle affirmait que les enfants Ă  naĂźtre ne mĂ©ritaient pas la pleine dignitĂ© humaine. Aujourd'hui, elle dĂ©bat pour savoir si les personnes atteintes d'une maladie physique ou mentale ne seraient pas mieux mortes. Que l'on soit d'accord ou non sur tous les points, le christianisme offre un cadre moral plus long et plus cohĂ©rent que tout autre.

 

De mĂȘme, le respect d'une autre religion n'est pas une capitulation. De l'avis gĂ©nĂ©ral, les musulmans n'ont pas Ă©tĂ© offensĂ©s. Un hybride entre l'islam et le christianisme serait un affront aux fondements des deux religions.

 

Le livre d'Allen donne Ă©galement un aperçu de ce qui pourrait bien ĂȘtre une prioritĂ© centrale pour cette papautĂ© : rĂ©parer le scandale de la dĂ©sunion entre les chrĂ©tiens. Dans son ouvrage, il indique clairement qu'il espĂšre « jeter des ponts » avec le patriarche de Moscou et le patriarche de Constantinople, car « nous croyons tous en JĂ©sus-Christ, le Fils de Dieu et notre Sauveur ». Il n'a pas hĂ©sitĂ© Ă  prier Ă  la cathĂ©drale apostolique armĂ©nienne d'Istanbul, oĂč il s'est joint Ă  BartholomĂ©e Ier et Ă  plus de 400 membres du Saint-Synode du Patriarcat ƓcumĂ©nique pour la Divine Liturgie de la fĂȘte de Saint-AndrĂ©.

 

Si la dĂ©cision du pape LĂ©on de ne pas prier dans un lieu non destinĂ© au culte chrĂ©tien peut dĂ©stabiliser les impulsions laĂŻques qui cherchent Ă  brouiller les frontiĂšres entre les religions, elle indique clairement que ses prioritĂ©s ne sont pas de ce monde. Il se prĂ©occupe de l'Église, tant en communion qu'en sĂ©paration. Son voyage dans les anciennes terres chrĂ©tiennes de Turquie l'a clairement montrĂ©.

 

Thomas Edwards sur le Catholic Herald 

Le secret spirituel de Léon XIV : l'éloge de la simplicité

02/12/2025

Le secret spirituel de Léon XIV : l'éloge de la simplicité

Un article de Tribune ChrĂ©tienne met en lumiĂšre un paradoxe touchant : le chef de l’Église catholique se nourrit spirituellement de La Pratique de la prĂ©sence de Dieu de FrĂšre Laurent de la RĂ©surrection. Ce moine carme, qui passait ses journĂ©es Ă  la cuisine et Ă  la cordonnerie, a laissĂ© un hĂ©ritage fulgurant : la capacitĂ© de transformer les tĂąches les plus banales en priĂšre continue.

 

Pour LĂ©on XIV, cette spiritualitĂ© de l’instant prĂ©sent est une ancre. Il ne s’agit pas de multiplier les dĂ©votions complexes, mais d’entretenir une « conversation simple et constante » avec le Ciel, oĂč chaque action est offerte par amour. Cette approche fait Ă©cho Ă  la maxime de saint Augustin, dont le Pape souhaite visiter la terre natale en AlgĂ©rie : « Aime, et fais ce que tu veux. »

 

L’auteur de l’article souligne avec justesse que cette simplicitĂ© Ă©vangĂ©lique n’est pas une fuite du monde, mais le moteur de la diplomatie pontificale. Que ce soit au Liban ou lors de son passage marquant Ă  la MosquĂ©e Bleue en Turquie, l’attitude du Pape reflĂšte cette « prĂ©sence » : un dialogue ouvert, respectueux, qui cherche Ă  transformer la mĂ©fiance en rencontre sans jamais diluer sa propre identitĂ© chrĂ©tienne.

 

En bref le Saint PĂšre nous rappelle que la vĂ©ritable grandeur spirituelle rĂ©side dans l’ordinaire. En adoptant la voie de FrĂšre Laurent, LĂ©on XIV offre au monde une leçon d’humilitĂ© : la paix, intĂ©rieure comme gĂ©opolitique, commence par une fidĂ©litĂ© silencieuse dans les petites choses du quotidien.

Un retour de l'arianisme parmi les croyants eux-mĂȘmes

02/12/2025

Un retour de l'arianisme parmi les croyants eux-mĂȘmes

[
] c’est sur votre terre que furent cĂ©lĂ©brĂ©s les huit premiers Conciles ƒcumĂ©niques. Cette annĂ©e marque le 1700e anniversaire du premier Concile de NicĂ©e, « pierre angulaire du cheminement de l’Église et de l’humanitĂ© tout entiĂšre » (François, Discours Ă  la Commission thĂ©ologique internationale, 28 novembre 2024), un Ă©vĂ©nement toujours actuel qui nous lance certains dĂ©fis que je voudrais mentionner.

 

Le premier est l’importance de saisir l’essence de la foi et le fait d’ĂȘtre chrĂ©tiens. Autour du Symbole de la foi, l’Église Ă  NicĂ©e a retrouvĂ© l’unitĂ© (cf. Spes non confundit. Bulle d’indiction du JubilĂ© ordinaire de l’annĂ©e 2025, n. 17). Il ne s’agit donc pas seulement d’une formule doctrinale, mais d’une invitation Ă  rechercher toujours, au sein mĂȘme des diffĂ©rentes sensibilitĂ©s, spiritualitĂ©s et cultures, l’unitĂ© et l’essentialitĂ© de la foi chrĂ©tienne centrĂ©es sur le Christ et sur la Tradition de l’Église. NicĂ©e nous invite encore aujourd’hui Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  cette question : qui est JĂ©sus pour nous ? Que signifie, dans son essence mĂȘme, ĂȘtre chrĂ©tien ? Le Symbole de la foi, professĂ© de maniĂšre unanime et commune, devient ainsi un critĂšre pour le discernement, une boussole, un pivot autour duquel doivent s’articuler notre croyance et notre action. Et Ă  propos du lien entre la foi et les Ɠuvres, je voudrais remercier les organisations internationales, notamment Caritas Internationalis et Kirche in Not, pour leur soutien aux activitĂ©s caritatives de l’Église et surtout pour l’aide apportĂ©e aux victimes du tremblement de terre en 2023.

 

Le second dĂ©fi concerne l’urgence de redĂ©couvrir dans le Christ le visage de Dieu le PĂšre. NicĂ©e affirme la divinitĂ© de JĂ©sus et son Ă©galitĂ© avec le PĂšre. En JĂ©sus, nous trouvons le vrai visage de Dieu et sa parole dĂ©finitive sur l’humanitĂ© et sur l’histoire. Cette vĂ©ritĂ© remet constamment en question nos reprĂ©sentations de Dieu, lorsqu’elles ne correspondent pas Ă  ce que JĂ©sus nous a rĂ©vĂ©lĂ©, et nous invite Ă  un constant discernement critique sur les formes de notre foi, de notre priĂšre, de notre vie pastorale et de notre spiritualitĂ© en gĂ©nĂ©ral. Mais il existe encore un autre dĂ©fi, que je qualifierais de “retour de l’arianisme”, prĂ©sent dans la culture actuelle et parfois parmi les croyants eux-mĂȘmes : lorsque l’on regarde JĂ©sus avec une admiration humaine, peut-ĂȘtre mĂȘme avec un esprit religieux, mais sans le considĂ©rer vraiment comme le Dieu vivant et vrai prĂ©sent parmi nous. Son identitĂ© de Dieu, Seigneur de l’histoire, est en quelque sorte occultĂ©e et on se limite Ă  le considĂ©rer comme un grand personnage historique, un maĂźtre sage, un prophĂšte qui a luttĂ© pour la justice, mais rien de plus. NicĂ©e nous le rappelle : JĂ©sus-Christ n’est pas une figure du passĂ©, il est le Fils de Dieu prĂ©sent parmi nous, qui guide l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis.

 

Enfin, un troisiĂšme dĂ©fi : la mĂ©diation de la foi et le dĂ©veloppement de la doctrine. Dans un contexte culturel complexe, le Symbole de NicĂ©e a rĂ©ussi Ă  transmettre l’essence de la foi Ă  travers les catĂ©gories culturelles et philosophiques de son Ă©poque. Cependant, quelques dĂ©cennies plus tard, lors du premier Concile de Constantinople, nous voyons que celui-ci est approfondi et Ă©toffĂ© et, c’est prĂ©cisĂ©ment grĂące Ă  l’approfondissement de la doctrine, qu’une nouvelle formulation est Ă©laborĂ©e : le Symbole de NicĂ©e-Constantinople, celui qui est couramment professĂ© dans nos cĂ©lĂ©brations dominicales. LĂ  encore, nous en retirons une grande leçon : il est toujours nĂ©cessaire de transmettre la foi chrĂ©tienne Ă  travers des langages et des catĂ©gories du contexte dans lequel nous vivons, comme l’ont fait les PĂšres Ă  NicĂ©e et lors des autres Conciles. En mĂȘme temps, nous devons distinguer le cƓur de la foi des formules et des formes historiques qui l’expriment, lesquelles restent toujours partielles et provisoires et peuvent changer au fur et Ă  mesure que nous approfondissons la doctrine. Rappelons que le nouveau docteur de l’Église, saint John Henry Newman, insiste sur le dĂ©veloppement de la doctrine chrĂ©tienne, car celle-ci n’est pas une idĂ©e abstraite et statique, mais elle reflĂšte le mystĂšre mĂȘme du Christ : il s’agit donc du dĂ©veloppement interne d’un organisme vivant, qui met en lumiĂšre et explicite mieux le noyau fondamental de la foi. [
]

 

 

“SI EUX SE TAISENT, LES PIERRES CRIERONT”

01/12/2025

“SI EUX SE TAISENT, LES PIERRES CRIERONT”

Au terme de sa vie publique, les disciples de JĂ©sus reprennent les paroles mĂȘmes des anges apparaissant aux bergers au moment de sa naissance. LĂ  comme Ă  la NativitĂ©, la proclamation de la royautĂ© de JĂ©sus est une louange et non pas une revendication. Tous les baptisĂ©s sont appelĂ©s, Ă  la suite des anges et des disciples, Ă  louer le Christ comme Ă©tant le roi. Le roi et pas simplement leur roi. Il est effectivement roi de l’univers. Dans les jours oĂč nous faisons mĂ©moire de la publication, le 11 dĂ©cembre 1925, de l’encyclique Quas primas dans laquelle Pie XI instaure la fĂȘte du Christ-Roi, il est bon de mĂ©diter sur l’actualitĂ© d’une telle doctrine. Beaucoup d’élĂ©ments de celle-ci ayant dĂ©jĂ  Ă©tĂ© enseignĂ©s cette annĂ©e, je me contenterai de relever ce que devient une sociĂ©tĂ© qui refuse explicitement de reconnaĂźtre la royautĂ© du Christ sur elle. En effet, la rĂ©ponse du Christ aux pharisiens peut se comprendre comme le dĂ©ploiement de la justice immanente. Autrement dit, si le Christ n’est pas reconnu positivement comme roi, sa royautĂ© se manifestera en creux, nĂ©gativement
 mode paradoxal de son affirmation. Les « pierres » sont donc les Ă©vĂ©nements.

 

Lorsqu’une sociĂ©tĂ©, comme la France, apostasie sa foi chrĂ©tienne, elle renonce Ă  recevoir la mesure ultime de sa vie de Dieu. JĂ©sus est le Verbe fait chair et, Ă  ce titre, il a tout en commun avec le PĂšre et « par suite la souverainetĂ© suprĂȘme et absolue sur toutes les crĂ©atures » (Quas primas, n° 5) La royautĂ© universelle du Christ repose donc sur l’union du Verbe Ă  la nature humaine.

 

Or « Dieu a tout créé par le Verbe Ă©ternel, son Fils bien-aimĂ©. C’est en Lui ‘’qu’ont Ă©tĂ© créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre’’ » (CEC, n° 291) La nature dans son ensemble et la nature humaine reçoivent leur consistance et leur bontĂ© de la Sagesse crĂ©atrice qui en est la source. Toute la dynamique de l’agir humain, individuel et collectif, est donc fondĂ© sur les grandes inclinations vers des biens fondamentaux, inclinations immanentes Ă  la nature de l’homme. Telle est ce que l’on nomme la loi morale naturelle. Nous comprenons ainsi qu’une des modalitĂ©s essentielles du rĂšgne du Christ sur la sociĂ©tĂ© est le respect de la loi naturelle par le gouvernement, le lĂ©gislateur et le peuple. Que devient une sociĂ©tĂ© qui refuse explicitement de rendre un culte public Ă  Dieu, et par lĂ  de Le reconnaĂźtre comme le fondement ultime de toute autoritĂ© sociale et politique ? Cette sociĂ©tĂ© se coupe de sa source et plonge inĂ©luctablement dans l’injustice systĂ©mique et le dĂ©sordre.

 

Notre rĂ©gime politique est fondĂ© sur un tel refus, Ă  savoir le laĂŻcisme. Dire cela ne veut pas dire que le rĂ©gime antĂ©rieur Ă©tait parfait, loin s’en faut ! En effet, il ne suffit pas de reconnaĂźtre officiellement la royautĂ© du Christ pour que la sociĂ©tĂ© soit indemne de toute injustice. La royautĂ© sociale du Christ n’est pas encore l’avĂšnement plĂ©nier du Royaume de Dieu qui se rĂ©vĂ©lera Ă  la fin des temps.

 

Le laĂŻcitĂ© maçonnique est synonyme de libre-pensĂ©e, c’est-Ă -dire qu’elle repose sur l’affirmation de la souverainetĂ© absolue de la raison et de la libertĂ© humaines. Les lois permissives qui dĂ©ferlent depuis prĂšs de soixante ans ne sont que la consĂ©quence directe du refus de reconnaĂźtre la loi morale naturelle comme mesure du juste et du bien. Et ce refus a pour racine la volontĂ© politique de construire une sociĂ©tĂ© sans Dieu. La foi chrĂ©tienne, au mĂȘme titre que toutes les autres croyances ou options spirituelles, est cantonnĂ©e dans la sphĂšre privĂ©e ou associative. Tout ce qui relĂšve des institutions publiques doit ĂȘtre neutre religieusement et donc aussi Ă  terme neutre anthropologiquement et moralement. Cette neutralitĂ© Ă©thique de l’Etat, rĂ©sultat logique de la laĂŻcitĂ© maçonnique, ne peut engendrer que le nihilisme libertaire. Il est urgent que les catholiques se libĂšrent de cette cage mentale pour honorer et promouvoir Ă  temps et Ă  contretemps le bien et le juste. Nietzsche, qui n’est certes pas un pĂšre de l’Eglise, l’avait dit. Si « Dieu est mort », le monde humain est comme la Terre sortie de son orbite. Si au commencement n’est pas le Logos, alors tout est condamnĂ© Ă  retourner au Chaos.        

 

L’État doit prùs d’un milliard à l’Enseignement catholique !

01/12/2025

L’État doit prùs d’un milliard à l’Enseignement catholique !

L’Enseignement catholique a dĂ©cidĂ© de hausser le ton et dĂ©nonce ouvertement un manque de prĂšs d’un milliard d’euros dans les financements publics qui lui sont dus. Une Ă©tude de la FĂ©dĂ©ration nationale des organismes de gestion de l’enseignement catholique (Fnogec) rĂ©vĂšle en effet un dĂ©ficit massif : 900 millions d’euros par an, soit 450 euros manquants par Ă©lĂšve sous contrat.

En cause : le non-respect du forfait d’externat, pourtant prĂ©vu par la loi DebrĂ© de 1959, qui impose un financement Ă  paritĂ© entre Ă©lĂšves du public et du privĂ© sous contrat. 

 

Depuis plusieurs annĂ©es, de nombreuses collectivitĂ©s locales considĂšrent ces versements comme une simple subvention, donc facultative. Or il s’agit d’une obligation lĂ©gale, rappelĂ©e avec force par Pierre-Vincent GuĂ©ret, prĂ©sident de la Fnogec, qui insiste : « Ce n’est pas une aide discrĂ©tionnaire mais une contrepartie Ă  une mission de service public. »

 

Les communes, dĂ©partements et rĂ©gions doivent financer les dĂ©penses de fonctionnement et les personnels non enseignants. Pourtant, l’étude pointe des Ă©carts spectaculaires du simple au triple pour dĂ©partements et rĂ©gions. En Corse, un lycĂ©en du privĂ© reçoit 459 €, contre 1 123 € en Bourgogne-Franche-ComtĂ©. Ces disparitĂ©s crĂ©ent une vĂ©ritable « loterie du code postal ». 

 

Ce sous-financement chronique fragilise particuliĂšrement les petites Ă©coles rurales, dont le modĂšle Ă©conomique Ă©tait dĂ©jĂ  tendu. Guillaume PrĂ©vost, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique, s’alarme : « Le risque est qu’on cherche Ă  fermer nos Ă©coles pour maintenir l’école publique dans un contexte de baisse dĂ©mographique. » Faute de moyens, certaines communes renoncent aussi Ă  desservir les Ă©tablissements catholiques dans leurs plans de transports scolaires, pĂ©nalisant les familles et renforçant les inĂ©galitĂ©s territoriales. 

 

Les consĂ©quences sociales sont tout aussi prĂ©occupantes. Alors que l’Enseignement catholique est souvent critiquĂ© sur la question de la mixitĂ©, il souligne qu’un financement conforme Ă  la loi permettrait prĂ©cisĂ©ment de la renforcer. Avec 450 euros supplĂ©mentaires par Ă©lĂšve, les Ă©tablissements pourraient diminuer les contributions demandĂ©es aux familles, aujourd’hui alourdies pour compenser le dĂ©sengagement public. 

Face Ă  cette situation, Guillaume PrĂ©vost adopte une nouvelle stratĂ©gie : interpeller les parlementaires, exiger la transparence des modes de calcul et se prĂ©parer Ă  un recours juridique, y compris devant le Conseil d’État ou via une question prioritaire de constitutionnalitĂ©.  

Dans leur message rĂ©cent, les Ă©vĂȘques de France appelaient Ă  « conjuguer enracinement chrĂ©tien et ouverture Ă  tous », soulignant la mission Ă©ducative unique de ces Ă©tablissements et leur service des plus fragiles.  

 

Ce dĂ©bat dĂ©passe le seul cadre du privĂ© car les Ă©carts rĂ©vĂ©lĂ©s interrogent aussi l’égalitĂ© de traitement entre Ă©lĂšves du public selon leur territoire. « Les chiffres montrent que les enfants du public eux-mĂȘmes ont du souci Ă  se faire », rappelle la Fnogec.

 

 

Marie Etcheverry dans l'Homme Nouveau

Rorate Céli, chant pour les dimanches de l’Avent.

30/11/2025

Rorate Céli, chant pour les dimanches de l’Avent.

Le texte de ce poĂšme reprend celui du beau chant d’entrĂ©e du quatriĂšme dimanche de l’Avent qu’il utilise comme refrain : Rorate CĂŠli desuper et nubes pluant Justum (Cieux rĂ©pandez votre rosĂ©e, que des nuĂ©es descende le Juste, (c’est-Ă -dire leSauveur).

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire de cet introĂŻt et de cette prose, c’est le prophĂšte IsaĂŻe, qui est tout spĂ©cialement mis Ă  l’honneur pendanttout le temps de l’Avent. IsaĂŻe est par excellence le prophĂšte de l’Emmanuel, le prophĂšte du Dieu qui vient Ă  notre rencontre, leprophĂšte de la consolation promise par Dieu Ă  IsraĂ«l.

 

Le chant du Rorate CĂŠli est donc composĂ© d’un refrain et de quatre longs versets qui s’inspirent largement mais librement deplusieurs textes d’IsaĂŻe. Le poĂšte, en effet, s’est comme Ă©vadĂ©, libĂ©rĂ© de la littĂ©ralitĂ© du texte sacrĂ©, tout en s’en inspirant profondĂ©ment, mais en laissant Ă©galement passage Ă  l’Esprit Saint, ce qui donne au final une Ɠuvre originale de toute beautĂ©,relevĂ©e encore par la pure merveille de sa mĂ©lodie.

 

Ce chant nous parle au cƓur puisqu’il parle du salut, puisqu’il parle de Dieu qui nous sauve, puisqu’il nous parle aussi dumystĂšre du pĂ©chĂ© et de la souffrance qui nous touche tous, puisqu’il nous parle de l’exil d’ici bas et de la nostalgie d’unbonheur sans fin qui nous est promis, puisqu’il nous parle d’amour, cet amour passionnĂ© que Dieu ressent envers nous, nous qui sommes reprĂ©sentĂ©s dans le texte par Sion, la ville bien- aimĂ©e, comparĂ©e Ă  une Ă©pouse, l’épouse de Dieu lui-mĂȘme.

 

Il peut ĂȘtre bon et nourrissant pour nos Ăąmes, en cette pĂ©riode de l’Avent, de relire quelques passages du prophĂšte IsaĂŻe quinous parlent de cet amour conjugal du Seigneur Ă  notre Ă©gard, amour qui va se concrĂ©tiser dans la venue du Fils de Dieu dans lachair, par le ministĂšre virginal et maternel de Marie.

 

VoilĂ  ce que dit IsaĂŻe au chapitre 62, versets 3 Ă  5 : « Tu seras une couronne brillante dans la main du Sei- gneur, un diadĂšmeroyal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : DĂ©laissĂ©e ! À ton pays, nul ne dira : DĂ©solation ! Toi, tu seras appelĂ©e Ma PrĂ©fĂ©rence, cette terre se nommera L’ÉpousĂ©e. Car le Seigneur t’a prĂ©fĂ©rĂ©e, et cette terre deviendra L’ÉpousĂ©e. Comme un jeune homme Ă©pouse une vierge, ton BĂątisseur t’épousera. Comme la jeune mariĂ©e fait la joie de son mari, tu seras la joie deton Dieu. »

 

L’auteur du Rorate CĂŠli est donc tout pĂ©nĂ©trĂ© de cette beautĂ© lumineuse des textes d’IsaĂŻe, qu’il ne se borne pas Ă  citer mot Ă  mot, mais qu’il vit littĂ©ralement, dans l’ardeur de sa vie spirituelle, de sa propre expĂ©rience mystique. Et il nous invite Ă  vivre Ă notre tour cette expĂ©rience du salut qui vient toucher notre existence dans l’acte mĂȘme de notre chant s’élevant vers Dieu.

 

On peut maintenant proposer une traduction de ce texte magnifique :

 

Refrain
Et d’abord le refrain : « Cieux rĂ©pandez votre rosĂ©e, que des nuĂ©es descende le Juste » (IsaĂŻe 45, 8).

 

Il est Ă  noter que ce qui semble de prime abord ĂȘtre une priĂšre ardente du Peuple de Dieu est en fait un ordre du Seigneur lui-mĂȘme dans le texte du prophĂšte : « Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : je façonne la lumiĂšre et je crĂ©e les tĂ©nĂšbres, je fais la paix et je crĂ©e le malheur. C’est moi, le Seigneur, qui fais tout cela. Cieux, distillez d’en haut votre rosĂ©e, que, des nuages, pleuve la justice, que la terre s’ouvre, produise le salut, et qu’alors germe aussi la justice. Moi, le Seigneur, je crĂ©e tout cela. »

 

Et cet ordre de Dieu s’adressant Ă  sa crĂ©ation, devient pour nous une promesse, une promesse que l’Église, dans sa liturgie, etdonc dans nos Ăąmes, a su transposer dans le domaine du salut. La rosĂ©e qui vient des cieux, c’est alors le Messie lui-mĂȘme,ou si l’on prĂ©fĂšre la Vierge Marie devenue mĂšre ; et la justice (le texte latin porte le juste, et le juste dans l’ancien Testament, c’est le saint) c’est sĂ»rement le Christ, le fils de Marie qui est aussi le Fils bien-aimĂ© du PĂšre, le Sauveur.

 

Au fond, on peut penser que ce refrain, c’est en rĂ©alitĂ© la rĂ©ponse divine Ă  chacune des demandes exprimĂ©es dans les trois premiĂšres strophes(on verra que la qua- triĂšme strophe fait aussi parler le Seigneur.)

 

Il est vrai que la mĂ©lodie de rorĂĄte monte vers le ciel comme une priĂšre. Les deux interprĂ©tations se complĂštent admirablement : notre priĂšre rejoint l’intention divine de commander la descente du Verbe dans notre chair pour nous sauver du pĂ©chĂ©. Et de fait la mĂ©lodie redescend alors du sommet (le RĂ© aigu) comme pour par- courir la distance infinie qui sĂ©pare lemonde de Dieu de notre pauvre terre, jusqu’au RĂ© grave sur justum qui dĂ©signe le Verbe IncarnĂ©, JĂ©sus, fils de l’humbleMarie.

 

PremiĂšre strophe
Voyons maintenant la premiĂšre strophe :

 

 

 

Traduction : « Ne t’irrite pas Seigneur, ne garde pas le souvenir de nos pĂ©chĂ©s. Voici que la citĂ© du Saint (c’est-Ă -dire Dieu qui rĂ©side dans le sanctuaire) est devenue dĂ©serte, Sion est devenue dĂ©serte, JĂ©rusalem une dĂ©solation, elle qui Ă©tait ta maison, le sĂ©jour de ta saintetĂ© et de ta gloire, oĂč nos pĂšres ont chantĂ© tes louanges. »

 

La rĂ©fĂ©rence, ici, de ce texte douloureux qui ressemble Ă  une lamentation, c’est IsaĂŻe 64, versets 8 Ă  10, et le texte du prophĂštes’achĂšve ainsi : « Peux-tu rester insensible Ă  cela, Seigneur, te taire et nous humilier Ă  l’excĂšs ? »

 

Sion, dans l’inteprĂ©tation qu’en fait la liturgie, c’est tantĂŽt l’Église, tantĂŽt la Vierge Marie, tantĂŽt notre Ăąme elle-mĂȘme. En cettepĂ©riode trouble que nous traversons Ă  bien des points de vue, dans la sociĂ©tĂ© comme dans l’Église, et dans les difficultĂ©s denotre vie spirituelle, nous pouvons nous appliquer ces versets poignants, demander pardon pour les pĂ©chĂ©s, les fautes quenous voyons en nous ou autour de nous.

Au plan mĂ©lodique, les quatre strophes sont bĂąties sur le mĂȘme modĂšle : il s’agit d’un simple rĂ©citatif qui monte du Fa initialpour aller s’accrocher d’abord sur le La, non sans faire entendre rĂ©guliĂšrement le Sib, donc un demi-ton plein de tendresse etde supplication. Puis la mĂ©lodie monte jusqu’au Do Ă  partir du La, et le rĂ©citatif devient alors plus intense et se charge d’unebelle Ă©motion : c’est le sommet de chaque strophe qui va toucher le RĂ© aigu, prĂ©cisĂ©ment ce RĂ© d’oĂč descend la mĂ©lodie de cĂŠlidans le refrain : notre priĂšre ardente touche le ciel qui rĂ©pond par la descente du Verbe.

 

Un apaisement se produit alors, et lastrophe, sans cesser d’ĂȘtre une priĂšre douloureuse, revient au La et finit par se poser dans la paix et la confiance, sur le RĂ©grave qui correspond Ă  celui de la finale du refrain : notre priĂšre est exaucĂ©e dans la venue du Juste, JĂ©sus, fils de Marie. Ces strophes si expressives dans leur simplicitĂ© quasi syllabique, sont donc pleines de sens jusque dans leur agencement mĂ©lodique.

 

DeuxiĂšme strophe
Voyons maintenant la deuxiĂšme strophe :

 

 

Traduction : « Nous avons pĂ©chĂ© et nous sommes devenus comme l’immondice, et tous nous sommes tombĂ©s comme des feuilles mortes. Et nos fautes, comme un ouragan, nous ont emportĂ©s. Tu nous as cachĂ© ton vi- sage, et tu nous as brisĂ©s par la mainmĂȘme de nos iniquitĂ©s. »

 

C’est la strophe la plus consternante, celle qui dĂ©crit notre situation morale de pĂ©cheurs en des termes vi- goureux. Prendreconscience de son pĂ©chĂ©, mais sans jamais dĂ©sespĂ©rer, c’est une grĂące, c’est mĂȘme la grĂące de l’aurore du salut.

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire de cette strophe, c’est encore IsaĂŻe, bien sĂ»r, et c’est encore le chapitre 64, mais le compositeur estremontĂ© plus haut dans le texte sacrĂ© qu’il cite toujours librement, pour y puiser ces mots douloureux, empruntĂ©s aux versets4 Ă  6 :

« Tu Ă©tais irritĂ©, mais nous avons encore pĂ©chĂ©, et nous nous sommes Ă©garĂ©s. Tous, nous Ă©tions comme des gens impurs, ettous nos actes justes n’étaient que linges souillĂ©s. Tous, nous Ă©tions dessĂ©chĂ©s comme des feuilles, et nos fautes, comme levent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se rĂ©veille pour prendre appui sur toi. Car tu nous ascachĂ© ton visage, tu nous as livrĂ©s au pouvoir de nos fautes.

 

La plus grande souffrance, et c’est bien celle de notre Ă©poque, c’est d’ĂȘtre privĂ©e de la vue du visage de Dieu, c’est-Ă -dire, de se heurter au silence du Seigneur qui s’est retirĂ© devant notre impĂ©nitence. Perdre de vue le visage d’amour de Dieu dans notre vie, c’est synonyme de pĂ©chĂ©, et c’est s’égarer et ĂȘtre livrĂ© au triste pouvoir de ses fautes. Notre monde qui ne veut plus de Dieu vit cette pĂ©nible expĂ©rience. Avec la fin de cette strophe, on peut dire que nous sommes au plusprofond de la misĂšre humaine.

 

TroisiĂšme strophe
Vient alors la troisiĂšme strophe qui est celle de la priĂšre de supplication :

 

 

Traduction : « Vois Seigneur l’abattement de ton peuple et envoie celui qui doit ĂȘtre envoyĂ©. Envoie l’Agneau, souverain de l’univers, qu’il vienne du rocher du dĂ©sert vers la montagne de la fille de Sion, afin qu’il ĂŽte le joug de notre captivitĂ©. »

 

Le cƓur de cette strophe, c’est la demande de l’envoi de l’Agneau, et lĂ  encore le texte de rĂ©fĂ©rence est celui d’IsaĂŻe, au chapitre 16, verset 1 :

« Envoyez au maßtre du pays un agneau, depuis La Roche au désert, vers la montagne de la fille de Sion. »

 

Le compositeur a introduit au dĂ©but de sa strophe la parole du Seigneur s’adressant Ă  MoĂŻse au dĂ©but du livre de l’Exode(chapitre 3, versets 7 et 8) qu’il transcrit sous forme de priĂšre en la faisant devenir notre propre cri de dĂ©tresse :

« Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misĂšre de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups dessurveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le dĂ©livrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cepays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. »

 

L’envoyĂ© de Dieu sera MoĂŻse, mais MoĂŻse n’est que l’annonciateur du vĂ©ritable envoyĂ©, le Fils qui viendra nous sauver,l’Agneau de Dieu qui sera immolĂ© pour nos pĂ©chĂ©s et qui viendra ĂŽter de nos Ă©paules le joug de la captivitĂ©. L’image du joug est trĂšs prĂ©sente dans l’Ancien Testament, et elle dĂ©signe toujours une forme d’esclavage. JĂ©sus la reprendra pour montrercombien son joug Ă  lui, Ă  l’inverse de celui du pĂ©chĂ©, est doux Ă  porter et libĂ©rateur pour celui qui le porte (Matthieu, 11, 29) :

« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cƓur, et vous trouverez le repos pour votre Ăąme. »

 

 

QuatriĂšme strophe :

 


 

Traduction : « Console-toi, console-toi, mon peuple, bientĂŽt viendra ton salut. Pourquoi te laisses-tu consumer par la tristesse, parce que la douleur se renouvelle en toi ? Oh mais je te sauverai, ne crains pas. Je suis le Seigneur, ton Dieu, le Saint d’IsraĂ«l, ton sauveur. »

 

C’est la rĂ©ponse du Seigneur Ă  la demande ardente de son peuple, contenue dans les trois premiĂšres strophes, et cette rĂ©ponsen’est pas moins ardente que la demande. Il y a dans ce texte, Ă  lui seul, une intensitĂ© poignante, une tendresse bouleversante. Et c’est ici aussi que la mĂ©lodie vient Ă©pouser au mieux ce texte pour lui donner un surcroĂźt merveilleuxd’intensitĂ©, de proximitĂ© amoureuse, de confiance absolue, au sein de la plus entiĂšre dĂ©solation intime.

 

À travers ce chant, le Seigneur se penche sur toute souffrance humaine, il lui donne un sens, une issue, dans l’amour brĂ»lant qu’il Ă©prouve pour ses crĂ©atures. C’est par excellence le chant de la consolation.

 

La rĂ©fĂ©rence scripturaire est prĂ©cisĂ©ment le dĂ©but du chapitre 40 du prophĂšte IsaĂŻe que l’on appelle justement le livre dela Consolation, parce qu’il commence par ces mots qu’a repris le compositeur :

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cƓur de JĂ©rusalem. »

Le reste de cette strophe est une compilation de différents mots tous empruntés toujours au prophÚte Isaïe, mais épars dans sonlivre. Par exemple, Isaïe, 41, 14 :

« Ne crains pas (noli timere), Jacob, pauvre vermisseau, IsraĂ«l, pauvre mortel. Je viens Ă  ton aide (salvabo te), oracle duSeigneur ; ton rĂ©dempteur, c’est le Saint d’IsraĂ«l. »

Ou encore IsaĂŻe, 51, 14-15 :

« BientÎt il viendra (cito véniet), le prostré sera libéré, il ne mourra pas dans un cachot, et le pain ne lui manquera pas ! Moi, je suis le Seigneur, ton Dieu. »

Ce chant de l’Avent est un chant de dĂ©sir, un chant qui est tout chargĂ© de l’attente de l’humanitĂ©, cette attente qui s’exprime Ă  travers les nombreux « Viens », « Viens Seigneur JĂ©sus », de la liturgie de l’Avent. « Viens », nous sommes tous des mendiants de joie et de bonheur, des pauvres qui ont besoin d’aimer et d’ĂȘtre aimĂ©s, des ĂȘtres assoiffĂ©s d’éternitĂ© et d’infini.

 

Dieu vient combler cet abĂźme et le dĂ©border de toutes parts, par son amour, sa folie d’amour pour nous, qui le pousse hors de lui-mĂȘme, le force Ă  quitter l’éclat de sa lumiĂšre dans sa vie divine et Ă  descendre jusque dans la rĂ©gion des tĂ©nĂšbres oĂč nousvivons, pour nous Ă©clairer, nous rĂ©chauffer, nous transformer au contact de ce feu d’amour qui nous touche.

 

Il y a tout cela dans le petit enfant de la crĂšche, petit ĂȘtre abandonnĂ© et sans dĂ©fense dans la jungle de l’humanitĂ©, mais fort d’un amour qui ira combattre nos rĂ©sistances et nos haines jusque sur la croix. Cette rosĂ©e si dĂ©licate qui est venue rafraĂźchir notre humanitĂ© dessĂ©chĂ©e, c’est la Vierge Marie qui l’a demandĂ©e et obtenue pour nous.

 

Ce chant est profondĂ©ment marial. Il nous parle aussi dupĂ©chĂ©, cette notion que l’on nĂ©glige tant dans nos vies aujourd’hui. Se reconnaĂźtre pĂ©cheur, c’est accĂ©der au sens renouvelĂ© de Dieu et de son amour, c’est appeler sur soi la misĂ©ricorde, c’est obliger Dieu Ă  ĂȘtre ce qu’il est, un Dieu de bontĂ©, un Dieu quise penche, un Dieu qui se donne et qui donne tout avec lui, le salut, le bonheur, l’amour.

 

Un moine de Triors (via l'Homme Nouveau)

 

 

 

Une belle interprétation de Harpa Dei, un peu sirupeuse et qui en fera hurler certains, mais j'assume !

 

Les racines bibliques du jubilé

28/11/2025

Les racines bibliques du jubilé

Une année de confiance et de priÚre
À l’instar du prĂ©cepte sabbatique, la prescription de l’annĂ©e jubilaire invite le peuple Ă©lu Ă  la confiance et Ă  la priĂšre. Sans commander d’Ɠuvres religieuses spĂ©cifiques, mais en demandant l’abstention de toute activitĂ© agricole (ensemencement, moisson, vendange) le Seigneur appelle IsraĂ«l Ă  se reposer sur la bĂ©nĂ©diction promise pour la sixiĂšme annĂ©e (Lv 25, 21). L’annĂ©e commençait et se terminait dĂ©but automne (au moment de la fĂȘte des expiations : Yom Kippour), juste aprĂšs la fin des rĂ©coltes, avant les semailles, qui Ă©taient donc reportĂ©es Ă  l’annĂ©e suivante.

 

Une année de grùce
Mais surtout, l’annĂ©e jubilaire Ă©tait une annĂ©e de « grĂące », c’est Ă  dire d’amnistie et de libĂ©ration : tous les cinquante ans, toutes les dettes, hypothĂšques et autres aliĂ©nations Ă©taient annulĂ©es, les servages affranchis. Chaque famille d’IsraĂ«l rentrait dans la possession du bien qui lui avait Ă©tĂ© historiquement Ă©chu lors de la grande rĂ©partition de JosuĂ©. Puisque chaque portion de sol agricole revenait Ă  la famille qui la dĂ©tenait originellement, la propriĂ©tĂ© Ă©tait finalement inaliĂ©nable, puisqu’elle avait Ă©tĂ© confiĂ©e en quelque sorte par Dieu. Le LĂ©vitique prĂ©voyait ainsi que les prix des transactions fonciĂšres soient fixĂ©s selon le nombre d’annĂ©es restant avant le jubilĂ©. Flavius JosĂšphe ajoute qu’au moment de la rĂ©trocession des biens, vendeurs et acheteurs pouvaient convenir d’une indemnisation sur la base des dĂ©penses et des fruits de la propriĂ©tĂ©. En revanche, il semble que le jubilĂ© n’avait pas d’effet dans les villes entourĂ©es de murs, oĂč les maisons pouvaient ĂȘtre dĂ©finitivement acquises, sauf celles des LĂ©vites.

 

La pratique du jubilĂ© dans le monde de l’Ancien Testament
De nombreux passages de la Bible montrent l’importance de la pratique du jubilĂ© Ă  l’époque de la monarchie d’IsraĂ«l :

– « L’hĂ©ritage des enfants d’IsraĂ«l ne passera pas d’une tribu Ă  une autre tribu, et les enfants d’IsraĂ«l s’attacheront chacun Ă  l’hĂ©ritage de la tribu de ses pĂšres » (Nb 36, 4)

– « Si c’est dĂšs l’annĂ©e du jubilĂ© qu’il consacre son champ, on s’en tiendra Ă  ton estimation ; mais si c’est aprĂšs le jubilĂ© qu’il consacre son champ, le prĂȘtre en Ă©valuera le prix Ă  raison du nombre d’annĂ©es qui restent jusqu’au jubilĂ©, et il sera fait une rĂ©duction sur ton estimation. » (Lv 27, 16)

– « Si le prince fait un don Ă  quelqu’un de ses fils, ce don sera l’hĂ©ritage de ses fils ; ils le possĂ©deront comme un hĂ©ritage. Mais s’il fait Ă  l’un de ses serviteurs un don pris sur son hĂ©ritage, ce don appartiendra au serviteur jusqu’à l’annĂ©e de la libĂ©ration ; puis il retournera au prince ; c’est Ă  ses fils seulement que restera son hĂ©ritage. Le prince ne prendra l’hĂ©ritage de personne en l’expulsant violemment de sa propriĂ©té ; c’est de sa propriĂ©tĂ© qu’il donnera un hĂ©ritage Ă  ses fils, afin que mon peuple ne soit pas chassĂ©, chacun de sa possession. » (Ez 46, 16)

Mais la loi n’est pas toujours respectĂ©e, puisque JĂ©rĂ©mie raconte comment les princes du temps de SĂ©dĂ©cias firent mine de l’appliquer, puis se dĂ©dirent : « La parole qui fut adressĂ©e Ă  JĂ©rĂ©mie[343] de la part de Yahweh, aprĂšs que le roi SĂ©dĂ©cias eut fait un accord avec tout le peuple de JĂ©rusalem pour publier Ă  leur adresse un affranchissement, afin que chacun renvoyĂąt libre son esclave et chacun sa servante, hĂ©breu ou hĂ©breuse, et qu’il n’y eĂ»t personne qui retĂźnt en servitude un JudĂ©en son frĂšre. Tous les chefs et tout le peuple, qui Ă©taient entrĂ©s dans cet accord, consentirent Ă  renvoyer libres chacun son esclave et chacun sa servante, pour ne plus les retenir en servitude ; ils y consentirent et les renvoyĂšrent. Mais ensuite ils changĂšrent d’avis et firent revenir les esclaves, hommes et femmes, qu’ils avaient renvoyĂ©s libres, et les obligĂšrent Ă  redevenir esclaves et servantes. » (Jr 34, 8-11)

Dans le Second livre des Rois, c’est l’impie Achab, Ă©poux de JĂ©zabel, roi d’IsraĂ«l, qui prend la vigne de Naboth, un bien inaliĂ©nable, et va jusqu’à le tuer pour en obtenir la possession perpĂ©tuelle. Les prophĂštes avertissent ainsi contre ceux qui, au mĂ©pris de la loi du jubilĂ©, ajoutent maison Ă  maison et champ Ă  champ, dans une logique d’accroissement perpĂ©tuel.

Il semble cependant que la pratique du jubilĂ© ne survĂ©cut pas aux temps de l’exil (du Royaume du Nord, en 722, puis du Sud, en 586) : il n’en est pas fait mention dans le livre de NĂ©hĂ©mie au moment oĂč ce dernier parle de l’annĂ©e sabbatique (Ne 10, 31). La notion dernier jubilĂ© demeura cependant profondĂ©ment inscrite dans les esprits, puisqu’elle est mentionnĂ©e Ă  plusieurs reprises par l’historien Flavius JosĂšphe Ă  la fin du Ier siĂšcle de notre Ăšre[2]

 

Que veut dire « jubilé » ?
Au dĂ©but de l’automne, lors de la cinquantiĂšme annĂ©e, l’ouverture du jubilĂ© Ă©tait annoncĂ©e par le son d’une corne appelĂ©e yobel. Ce cor avait retenti en deux circonstances historiques exceptionnelles : au pied du SinaĂŻ, pour appeler le peuple Ă  s’approcher de la montagne de Dieu ; autour de JĂ©richo, lorsque les prĂȘtres terminĂšrent le dernier tour autour de la ville.

Le mot qui signifiait sans doute initialement « bĂ©lier », l’animal dont la corne Ă©tait employĂ©e comme instrument, en vint par une suite de mĂ©tonymies Ă  dĂ©signer la solennitĂ© que ce dernier annonçait, et mĂȘme l’esprit qui y Ă©tait associĂ©, puisque Flavius JosĂšphe conclut que le mot signifie au Ier siĂšcle « libertĂ© ».

 

De l’Ancien au Nouveau Testament : prophĂ©tie et accomplissement
Le prophĂšte Daniel annonçait dans un oracle cĂ©lĂšbre[3] l’affranchissement final d’IsraĂ«l au terme de soixante-dix semaines, soit dix pĂ©riodes jubilaires. Cette prophĂ©tie devait s’accomplir 490 ans aprĂšs la reconstruction du Temple, lorsque le Seigneur y serait de retour.

Aux premiers temps de son ministĂšre public, de passage dans la synagogue de Nazareth, JĂ©sus fait la lecture du passage d’IsaĂŻe 61 qui annonce la venue du messie en utilisant les termes qui se rapportent Ă  l’annĂ©e jubilaire : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacrĂ© par son onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, et il m’a envoyĂ© guĂ©rir ceux qui ont le cƓur brisĂ©, annoncer aux captifs la dĂ©livrance, aux aveugles le retour Ă  la vue, pour rendre libres les opprimĂ©s, publier l’annĂ©e favorable du Seigneur » (Lc 4, 18-19). Refermant le livre, JĂ©sus ajoute : « Aujourd’hui vos oreilles ont entendu l’accomplissement de cet oracle » (Lc 4, 20). Il prĂ©sente ainsi sa mission comme un accomplissement de la prophĂ©tie jubilaire : une annĂ©e de grĂące et de libertĂ©, un affranchissement des liens du pĂ©chĂ©.

 

Conclusion
De la corne de bĂ©lier aux savants calculs d’hypothĂšque Ă  la mode hĂ©braĂŻque, le concept de jubilĂ© nous plonge dans les racines de notre foi et jusqu’au cƓur des pratiques de l’Ancien Testament. Lorsque l’Église reprit l’institution jubilaire, elle n’entendit certes pas ressusciter toutes les modalitĂ©s pratiques de la loi ancienne : elle en conserva l’esprit, tel que le Christ lui-mĂȘme avait voulu le sanctifier en en faisant l’annonce prophĂ©tique de sa mission. En rĂ©alitĂ©, dans le monde du Nouveau Testament et pour le chrĂ©tien, chaque annĂ©e et chaque jour sont une « annĂ©e de grĂące pour le Seigneur », un temps de libĂ©ration et d’affranchissement : nous vivons dĂ©sormais dans le temps de l’Esprit et de la PentecĂŽte[4].

 

Références
↑1    Les auteurs dĂ©battent sur le fait de savoir si l’annĂ©e jubilaire Ă©tait la cinquantiĂšme annĂ©e, suivant donc immĂ©diatement l’annĂ©e sabbatique qui concluait la septiĂšme semaine, ou si les deux Ă©taient identifiĂ©es.
↑2    Flavius JosĂšphe, AntiquitĂ©s JudaĂŻques, III, 12, 3.
↑3    Dn 9, 24.
↑4    La fĂȘte juive de la PentecĂŽte, placĂ©e, justement le cinquantiĂšme jour aprĂšs la PĂąque, le dĂ©part de la servitude, avait une vĂ©ritable tonalitĂ© jubilaire.

 

 

Abbé Paul Roy, FSSP

Source : Claves