Le blog du Temps de l'Immaculée.

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Mgr Aillet : le combat des agriculteurs est légitime

15/12/2025

Mgr Aillet : le combat des agriculteurs est légitime

La mobilisation des Ă©leveurs qui s’insurgent contre l’abatage systĂ©matique des troupeaux en cas de dermatose nodulaire contagieuse, fait depuis plusieurs jours la une de l’actualitĂ© et attire de nouveau l’attention des mĂ©dias sur la situation souvent dramatique des agriculteurs dans notre pays.

 

Cette colĂšre des agriculteurs est on ne peut plus comprĂ©hensible, dans la mesure oĂč l’abatage de tout un troupeau rĂ©duit pour ainsi dire Ă  nĂ©ant le travail de toute une vie



C’est la raison pour laquelle plusieurs syndicats agricoles s’opposent Ă  la politique d’abattage total, qu’à tort ou Ă  raison ils jugent injuste et inefficace, prĂ©conisent l’abattage ciblĂ© des animaux effectivement infectĂ©s, et proposent une stratĂ©gie prĂ©ventive fondĂ©e sur la vaccination du cheptel dans les zones Ă  risque et si nĂ©cessaire, sur l’ensemble du territoire national.

 

Les inquiĂ©tudes du monde agricole sont d’autant plus vives que l’accord de libre-Ă©change entre l’Union europĂ©enne et le Mercosur, qui pourrait ĂȘtre adoptĂ© par le Conseil de l’Europe Ă  Bruxelles les 18 et 19 dĂ©cembre, prĂ©voit de facto l’importation de dizaines de milliers de tonnes supplĂ©mentaires de viande bovine et de volaille en provenance de plusieurs pays d’AmĂ©rique du Sud, qui ne sont nullement tenus de respecter les normes environnementales et sanitaires auxquelles nos agriculteurs et nos Ă©leveurs sont soumis.

 

Dans ces conditions, le combat lĂ©gitimement menĂ© par les agriculteurs et les Ă©leveurs qui luttent pour leur dignitĂ© et leur survie, et par consĂ©quent, pour la pĂ©rennitĂ© de l’agriculture française, ne peut laisser quiconque indiffĂ©rent.

 

A-t-on suffisamment conscience qu’en France, prĂšs de 20% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvretĂ© et que les statistiques officielles font Ă©tat de plus d’un suicide d’agriculteur tous les deux jours ?

 

Les agriculteurs sont aujourd’hui deux fois moins nombreux qu’il y a 15 ou 20 ans, et si l’on en croit M. François Guillaume (ancien prĂ©sident de la FNSEA et ancien Ministre de l’agriculture), la France « perd chaque annĂ©e des dizaines de milliers d’hectares de terres cultivables, plusieurs centaines de milliers de tĂȘtes de bĂ©tail et, bientĂŽt, la capacitĂ© de nourrir les Français ».

 

Mais peut-on vraiment imaginer une France sans paysans ? Ce serait bien évidemment une tragédie pour le monde rural dans son ensemble et pour nos territoires, mais aussi, la fin de la « souveraineté alimentaire » du pays.

 

Aux agriculteurs des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques ou d’ailleurs qui souffrent et qui luttent pour un modĂšle agricole plus juste et plus conforme aux exigences du Bien commun, j’exprime mon profond respect, ma proximitĂ© et mon soutien fraternel, tout en les assurant de ma priĂšre pour eux-mĂȘmes et leurs familles.

 

+Marc Aillet
Ă©vĂȘque de Bayonne, Lescar et Oloron

Fait à Bayonne, le 15 décembre 2025

Rod Dreher : Trump, l'allié inattendu pour le salut civilisationnel de l'Europe

14/12/2025

Rod Dreher : Trump, l'allié inattendu pour le salut civilisationnel de l'Europe

Distinguer l'Europe de sa bureaucratie
Rod Dreher commence par dissiper un malentendu fondamental : la critique américaine vise les institutions supranationales, non les nations. S'appuyant sur ses échanges avec Michael Anton, ancien conseiller de Trump et rédacteur de la stratégie incriminée, Dreher souligne une distinction cruciale. L'administration Trump ne rejette pas les peuples européens, leurs cultures ou leur histoire ; elle rejette la bureaucratie de l'Union européenne qui, selon elle, étouffe les spécificités nationales.

« Je ne suis pas un fan de l’Union europĂ©enne en tant que bureaucratie, mais j’aime les pays europĂ©ens, leurs peuples et leurs cultures. » — Michael Anton citĂ© par R. Dreher.

Pour Dreher, francophile revendiqué, aimer l'Europe, c'est aimer ce qui la rend spécifique : le génie français, les cathédrales, l'art de vivre. Or, c'est précisément cet héritage que les élites actuelles trahissent.

 

L'immigration et la « déculturation »
L'auteur aborde sans dĂ©tour la question migratoire, qu'il lie directement Ă  la prĂ©servation du patrimoine culturel. Il cite l'exemple de Vienne, oĂč 41 % des Ă©lĂšves sont dĂ©sormais musulmans, pour illustrer ce qu'il perçoit comme une substitution culturelle progressive.

Son argumentaire se veut toutefois nuancĂ© : reconnaĂźtre le danger de l'immigration de masse pour l'identitĂ© europĂ©enne n'est pas de la haine, mais du bon sens. De la mĂȘme maniĂšre que l'Égypte s'inquiĂ©terait d'une colonisation culturelle europĂ©enne, l'Europe a le droit — et le devoir — de prĂ©server sa singularitĂ©.

 

La trahison des clercs et l'anti-culture
Le point le plus philosophique de l'article réside dans la critique des élites occidentales (politiques, médiatiques, artistiques). Dreher convoque le sociologue Philip Rieff pour dénoncer une « anti-culture » : un mouvement qui cherche à détruire l'ordre sacré et les racines chrétiennes de l'Occident au nom du désir individuel.

Il prend pour exemple une exposition d'art contemporain Ă  Vienne tournant le christianisme en dĂ©rision (une grenouille crucifiĂ©e), cautionnĂ©e par l'Église elle-mĂȘme en la personne de l'archevĂȘque d'InnsbrĂŒck. Pour Dreher, ces « Ɠuvres de mort » (deathworks) prouvent que l'Occident tente de survivre en niant ses propres sources de vie.

 

Un électrochoc nécessaire
Rod Dreher conclut son plaidoyer en présentant le message de Donald Trump comme une forme d'« amour vache ». En heurtant la sensibilité des élites technocratiques, l'Amérique tenterait en réalité de réveiller les peuples européens.

Le message est clair : pour que l'AmĂ©rique soit grande, elle a besoin d'une Europe qui l'est tout autant. Et cette grandeur ne passera pas par le projet mondialiste de Bruxelles, mais par un sursaut mĂ©moriel et spirituel. Loin d'ĂȘtre un ennemi, le Trumpisme est ici dĂ©peint comme le miroir tendu Ă  une Europe qui a oubliĂ© qui elle Ă©tait, l'invitant Ă  puiser dans son passĂ© chrĂ©tien et national pour assurer son futur.

 

 

Rod Dreher est Ă©crivain amĂ©ricain, professeur associĂ© au Danube Institute Ă  Budapest. Son dernier essai : Comment retrouver le goĂ»t de Dieu dans un monde qui l’a chassĂ© (Éditions ArtĂšge, 2025)

Le premier sermon du pape LĂ©on pour la fĂȘte de N-D de Guadalupe nous livre le fond de son cƓur

13/12/2025

Le premier sermon du pape LĂ©on pour la fĂȘte de N-D de Guadalupe nous livre le fond de son cƓur

Vatican (kath.net/pl) « MĂšre du vrai Dieu, par qui nous vivons, venez en aide au Successeur de Pierre, afin qu’il fortifie tous ceux qui lui sont confiĂ©s sur l’unique chemin qui conduit au fruit bĂ©ni de vos entrailles. » Tels furent les mots du pape LĂ©on XVI dans sa premiĂšre homĂ©lie pour la solennitĂ© de Notre-Dame de Guadalupe, cĂ©lĂ©brĂ©e en la basilique Saint-Pierre. « Aidez-nous Ă  comprendre que nous sommes destinataires, mais non maĂźtres, de ce message, mais, Ă  l’exemple de saint Juan Diego, ses simples serviteurs. » Le pape, originaire des États-Unis et ayant exercĂ© son ministĂšre pendant de nombreuses annĂ©es en AmĂ©rique latine comme supĂ©rieur d’un ordre religieux et comme Ă©vĂȘque, connaĂźt profondĂ©ment la piĂ©tĂ© qui entoure les apparitions mariales de Guadalupe. 

 

NOTRE-DAME DE GUADALUPE

HOMÉLIE DU SAINT PÈRE LÉON XIV

Basilique Saint-Pierre, vendredi 12 décembre 2025

 

Chers frùres et sƓurs :

Dans le passage du Siracide, nous trouve une description poĂ©tique de la Sagesse, image qui trouve sa pleine expression dans le Christ, « la sagesse de Dieu » ( 1 Co  1, 24), qui, lorsque les temps furent accomplis, s’est fait chair, nĂ© d’une femme (cf.  Ga  4, 4). La tradition chrĂ©tienne a Ă©galement interprĂ©tĂ© ce passage Ă  la lumiĂšre de la figure mariale, car il Ă©voque la femme prĂ©parĂ©e par Dieu pour recevoir le Christ. En effet, qui d’autre que Marie peut dire : « En moi est toute la grĂące du chemin et de la vĂ©ritĂ©, toute espĂ©rance de la vie et de la vertu » ( Sir  24, 25) ? C’est pourquoi la tradition chrĂ©tienne n’hĂ©site pas Ă  la reconnaĂźtre comme « la mĂšre de l’amour » ( ibid.,  v. 24).

 

Dans l’Évangile, nous entendons comment Marie vit la transformation que procure la Parole de Dieu dans sa vie. Telle une flamme ardente et inextinguible, la Parole nous pousse Ă  partager la joie du don reçu (cf.  Jr  20, 9 ;  Lc  24, 32). RĂ©jouie par l’annonce de l’ange, elle comprend que la joie de Dieu s’accomplit dans la charitĂ© et se hĂąte donc chez Élisabeth.

 

En vĂ©ritĂ©, les paroles de la Pleine de GrĂące sont « plus douces que le miel » ( Siracide  24, 27). Son seul salut suffit Ă  faire tressaillir de joie l’enfant dans le sein d’Élisabeth, et celle-ci, remplie de l’Esprit Saint, se demande : « Qui suis-je pour que la mĂšre de mon Seigneur vienne Ă  moi ? » ( Luc  1, 43). Cette joie culmine dans le  Magnificat , oĂč Marie reconnaĂźt que son bonheur vient du Dieu fidĂšle, qui a tournĂ© son regard vers son peuple et l’a bĂ©ni (cf.  Psaume  66, 2) d’un hĂ©ritage plus doux que le miel en rayon (cf.  Siracide  24, 20) : la prĂ©sence mĂȘme de son Fils.

 

Tout au long de sa vie, Marie apporte cette joie lĂ  oĂč la joie humaine est insuffisante, lĂ  oĂč le vin a manquĂ© (cf.  Jn  2, 3). C’est ce qui se produit en Guadalupe. À Tepeyac, elle Ă©veille chez les habitants des AmĂ©riques la joie de se savoir aimĂ©s de Dieu. Lors des apparitions de 1531, s’adressant Ă  saint Juan Diego dans sa langue maternelle,  elle dĂ©clare « dĂ©sirer ardemment » qu’une « petite maison sacrĂ©e » y soit construite, d’oĂč elle exaltera Dieu et le fera se manifester (cf.  Nican Mopohua , 26-27). Au milieu des conflits, des injustices et des souffrances incessantes qui cherchent un soulagement, Notre-Dame de Guadalupe proclame le cƓur de son message : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis votre mĂšre ? » ( ibid. , 119). Elle est la voix qui fait rĂ©sonner la promesse de la fidĂ©litĂ© divine, la prĂ©sence qui soutient quand la vie devient insupportable.

 

La maternitĂ© qu’elle proclame nous fait nous redĂ©couvrir comme des enfants. Quiconque entend « Je suis votre mĂšre » se souvient que, depuis la croix, le « Voici votre mĂšre » correspond Ă  « Voici votre fils » (cf.  Jn  19, 26-27). Et comme des enfants, nous nous tournerons vers elle pour lui demander : « MĂšre, que devons-nous faire pour ĂȘtre les enfants que ton cƓur dĂ©sire ? » Elle, fidĂšle Ă  sa mission, nous rĂ©pondra tendrement : « Faites tout ce qu’il vous dira » ( Jn  2, 5). Oui, MĂšre, nous voulons ĂȘtre tes vrais enfants : dis-nous comment grandir dans la foi quand nos forces nous abandonnent et que les ombres s’étendent. Aide-nous Ă  comprendre qu’avec toi, mĂȘme l’hiver se pare de roses.

 

Et en tant que ton enfant, je te le demande : MĂšre, enseigne aux nations qui aspirent Ă  ĂȘtre tes enfants Ă  ne pas diviser le monde en factions irrĂ©conciliables, Ă  ne pas laisser la haine marquer leur histoire, ni les mensonges Ă©crire leur mĂ©moire. Montre-leur que l'autoritĂ© doit s'exercer au service des autres, et non par domination. Instruis leurs dirigeants sur leur devoir de prĂ©server la dignitĂ© de chaque personne Ă  chaque Ă©tape de la vie. Fais de ces nations, tes enfants, des lieux oĂč chacun se sente le bienvenu.

 

MĂšre, accompagne les jeunes afin qu'ils reçoivent du Christ la force de choisir le bien et le courage de demeurer fermes dans la foi, mĂȘme lorsque le monde tente de les dĂ©tourner de leur chemin. Montre-leur que ton Fils marche Ă  leurs cĂŽtĂ©s. Que rien ne trouble leur cƓur afin qu'ils accueillent sans crainte les projets de Dieu. PrĂ©serve-les des menaces du crime, de la dĂ©pendance et des dangers d'une vie vaine.

 

MĂšre, allez Ă  la rencontre de ceux qui se sont Ă©garĂ©s loin de la sainte Église : que votre regard les atteigne lĂ  oĂč le nĂŽtre ne peut les atteindre, abattez les murs qui nous sĂ©parent et ramenez-les Ă  la maison par la puissance de votre amour. MĂšre, je vous supplie d’incliner le cƓur de ceux qui sĂšment la discorde vers le dĂ©sir de votre Fils que « tous soient un » ( Jn  17, 21) et ramenez-les Ă  la charitĂ© qui rend la communion possible, car au sein de l’Église, MĂšre, vos enfants ne peuvent ĂȘtre divisĂ©s.

 

Fortifie les familles : que les parents, Ă  ton exemple, Ă©lĂšvent leurs enfants avec tendresse et fermetĂ©, afin que chaque foyer soit une Ă©cole de foi. Inspire, MĂšre, ceux qui forment les esprits et les cƓurs, afin qu’ils transmettent la vĂ©ritĂ© avec la douceur, la prĂ©cision et la clartĂ© qui jaillissent de l’Évangile. Encourage ceux que ton Fils a appelĂ©s Ă  le suivre de plus prĂšs : soutiens le clergĂ© et les personnes consacrĂ©es dans leur fidĂ©litĂ© quotidienne et ravive leur premier amour. Garde leur vie intĂ©rieure par la priĂšre, protĂšge-les dans la tentation, encourage-les dans la fatigue et secourt les affligĂ©s.

 

Sainte Vierge, puisse-t-on, comme vous, garder l’Évangile dans nos cƓurs (cf.  Lc  2, 51). Aide-nous Ă  comprendre que, bien que nous en soyons les destinataires, ce message ne nous appartient pas, mais que, comme saint Juan Diego, nous en sommes les simples serviteurs. Puissions-nous vivre convaincus que partout oĂč la Bonne Nouvelle se rĂ©pand, tout devient beau, tout est restaurĂ©, tout est renouvelĂ©. « Ceux qui te suivent ne pĂ©cheront pas » (cf.  Sr  24, 22) ; assistez-nous afin que notre pĂ©chĂ© et notre misĂšre ne ternissent pas la saintetĂ© de l’Église qui, comme vous, est une mĂšre.

 

MĂšre du vrai Dieu par qui nous vivons, venez en aide au Successeur de Pierre, afin qu’il confirme tous ceux qui lui sont confiĂ©s sur l’unique chemin qui conduit au fruit bĂ©ni de vos entrailles. Rappelez-le Ă  votre Fils, Ă  qui le Christ a confiĂ©  les clĂ©s du Royaume des Cieux  pour le bien de tous, afin que ces clĂ©s servent Ă  lier et Ă  dĂ©lier,  et Ă  racheter toute misĂšre humaine ( Saint Jean-Paul II ,  HomĂ©lie Ă  Syracuse , 6 novembre 1994). Et faites que, confiants en votre protection, nous avancions toujours plus unis Ă  JĂ©sus et les uns aux autres vers la demeure Ă©ternelle qu’il nous a prĂ©parĂ©e et oĂč vous nous attendez. Amen.

 

 

À NicĂ©e, LĂ©on XIV appelle Ă  l’unitĂ© autour de la foi chrĂ©tienne

12/12/2025

À NicĂ©e, LĂ©on XIV appelle Ă  l’unitĂ© autour de la foi chrĂ©tienne

Lors de sa visite Ă  la MosquĂ©e Bleue d’Istanbul, LĂ©on XIV s’est arrĂȘtĂ© pour admirer en silence les dĂ©corations typiques de la coupole de la mosquĂ©e, mais lorsque le muezzin, Asgin Tunca, l’a invitĂ© Ă  prier, il a gentiment dĂ©clinĂ© l’invitation. La presse internationale a soulignĂ© l’épisode non tant pour le geste en lui-mĂȘme, mais parce qu’il a semblĂ© marquer une rupture par rapport Ă  l’attitude de BenoĂźt XVI et, surtout, du pape François, mettant Ă  mal l’image diffusĂ©e par les mĂ©dias progressistes, mais aussi par certains blogs conservateurs et traditionalistes, selon laquelle le pontificat du pape LĂ©on serait une réédition du prĂ©cĂ©dent, fĂ»t-ce dans une version plus « douce ». 

 

BenoĂźt XVI avait visitĂ© la mosquĂ©e d’Istanbul le 30 novembre 2006 et, aprĂšs avoir fermĂ© les yeux, s’était arrĂȘtĂ© pour prier. Pourtant, moins de deux mois auparavant, le 12 septembre, le pape BenoĂźt avait prononcĂ© Ă  l’universitĂ© de Ratisbonne un cĂ©lĂšbre discours dans lequel, citant les paroles de l’empereur byzantin Manuel II, il avait affirmĂ© que Mahomet avait introduit « des choses mauvaises et inhumaines » et qu’il n’est pas admissible d’imposer violemment une croyance religieuse. Une tempĂȘte de polĂ©miques avait suivi ces paroles, transformant BenoĂźt XVI en « ennemi » de l’Islam. 

 

Le pape François pria dans la MosquĂ©e Bleue le 29 novembre 2014, aux cĂŽtĂ©s du Grand Mufti, sans que ce geste ne suscitĂąt de scandale particulier ; mais si le jugement de BenoĂźt XVI sur l’islam avait Ă©tĂ© exprimĂ© dans le discours de Ratisbonne, la clĂ© de lecture du rapport entre François et la religion musulmane fut la dĂ©claration ƓcumĂ©nique controversĂ©e d’Abou Dhabi, signĂ©e par le Pape avec le Grand Imam de la mosquĂ©e Al-Azhar le 4 fĂ©vrier 2019. 

 

Le cƓur du voyage en Turquie de LĂ©on XIV n’a toutefois pas Ă©tĂ© l’arrĂȘt Ă  Istanbul, mais la cĂ©lĂ©bration du 1700ᔉ anniversaire du Concile de NicĂ©e, aujourd’hui Iznik, oĂč le Pontife a rencontrĂ© les chefs des Églises orthodoxes, avec trois grands absents : le patriarche de Moscou Kirill et ceux d’Antioche et de JĂ©rusalem, tous deux liĂ©s Ă  la Russie de Poutine. En Turquie, LĂ©on XIV a rĂ©affirmĂ© une vĂ©ritĂ© commune Ă  tous les chrĂ©tiens : JĂ©sus-Christ, seconde Personne de la TrĂšs Sainte TrinitĂ©, est le Fils de Dieu, vrai Dieu lui-mĂȘme. Le 28 novembre, le pape dĂ©clara :

 

« NicĂ©e affirme la divinitĂ© de JĂ©sus et son Ă©galitĂ© avec le PĂšre. En JĂ©sus, nous trouvons le vrai visage de Dieu et sa parole dĂ©finitive sur l’humanitĂ© et sur l’histoire. Cette vĂ©ritĂ© met constamment en crise nos reprĂ©sentations de Dieu lorsqu’elles ne correspondent pas Ă  ce que JĂ©sus nous a rĂ©vĂ©lĂ©, et elle nous invite Ă  un discernement critique continu sur les formes de notre foi, de notre priĂšre, de la vie pastorale et, en gĂ©nĂ©ral, de notre spiritualitĂ©. (
) Le Symbole de la foi, professĂ© de maniĂšre unanime et commune, devient ainsi critĂšre de discernement, boussole d’orientation, pivot autour duquel doivent tourner notre croire et notre agir. » 

 

Qu’il ait proclamĂ© cette vĂ©ritĂ© en terre d’Islam n’est pas sans signification. La religion catholique fondĂ©e par JĂ©sus-Christ a son cƓur dans deux mystĂšres : la TrĂšs Sainte TrinitĂ© et l’Incarnation. La divinitĂ© du Christ est niĂ©e par la religion musulmane, qui le considĂšre comme un simple prophĂšte, prĂ©curseur de Mahomet. Dans sa lettre de 1461 au sultan Mehmed le ConquĂ©rant, pour le convertir Ă  la foi catholique, le pape Pie II l’affirmait avec force :

 

« Il existe de nombreuses diffĂ©rences entre la conception de Dieu des ChrĂ©tiens et celle des Sarrasins ou des Turcs. Vous considĂ©rez Dieu comme corporel, nous le disons incorporel. Vous attribuez au hasard les Ă©vĂ©nements terrestres et pensez que Dieu ne s’en soucie pas ; nous n’avons aucun doute : celui qui a créé le Tout le gouverne. Vous niez la paternitĂ© divine, nous reconnaissons le PĂšre et le Fils. Vous niez la divinitĂ© de l’Esprit, nous l’affirmons et la vĂ©nĂ©rons. » 

 

Les consĂ©quences de ces diffĂ©rences thĂ©ologiques sont immenses. Ignorer JĂ©sus-Christ, seconde Personne de la TrĂšs Sainte TrinitĂ© et Verbe IncarnĂ©, signifie ignorer l’unique Sauveur et RĂ©dempteur du genre humain. Dans la Lettre apostolique In unitate fidei du 23 novembre, le Pape avait dĂ©clarĂ© :

 

« Le Credo de NicĂ©e ne formule pas une thĂ©orie philosophique. Il professe la foi dans le Dieu qui nous a rachetĂ©s Ă  travers JĂ©sus-Christ. Il s’agit du Dieu vivant : il veut que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance (cf. Jn 10, 10). C’est pourquoi le Credo poursuit avec les mots de la profession baptismale : le Fils de Dieu qui “pour nous les hommes et pour notre salut descendit et s’est incarnĂ© et s’est fait homme, mourut, et le troisiĂšme jour ressuscita, monta au ciel et viendra pour juger les vivants et les morts”. Cela montre clairement que les affirmations de foi christologiques du Concile s’inscrivent dans l’histoire du salut entre Dieu et ses crĂ©atures. » 

 

Léon XIV a donc dénoncé le « néo-arianisme » moderne, diffusé également au sein du monde catholique.

 

« Mais il y a aussi un autre dĂ©fi, que je dĂ©finirais comme un “arianisme de retour”, prĂ©sent dans la culture actuelle et parfois chez les croyants eux-mĂȘmes : lorsque l’on regarde JĂ©sus avec admiration humaine, peut-ĂȘtre mĂȘme avec un esprit religieux, mais sans le considĂ©rer rĂ©ellement comme le Dieu vivant et vrai prĂ©sent au milieu de nous. Sa divinitĂ©, son ĂȘtre Seigneur de l’histoire, se trouve en quelque sorte obscurci, et l’on se limite Ă  le considĂ©rer comme un grand personnage historique, un maĂźtre sage, un prophĂšte qui a luttĂ© pour la justice, mais rien de plus. NicĂ©e nous le rappelle : le Christ JĂ©sus n’est pas un personnage du passĂ©, il est le Fils de Dieu prĂ©sent parmi nous, qui guide l’histoire vers l’avenir que Dieu nous a promis. » 

 

Certains ont critiquĂ© LĂ©on XIV pour avoir omis le « Filioque » en rĂ©citant le Credo avec les patriarches orthodoxes lors de la cĂ©lĂ©bration interreligieuse du 1700ᔉ anniversaire du Concile de NicĂ©e. Le « Filioque », c’est-Ă -dire la confession selon laquelle l’Esprit « procĂšde du PĂšre et du Fils », est un dogme catholique dĂ©fini par le Concile de Florence en 1439. L’affirmation du Filioque manquait toutefois au Symbole de NicĂ©e, confessĂ© Ă  Constantinople en 381. L’usage de cette formule dans le Credo est entrĂ© progressivement dans la liturgie latine (entre les VIIIᔉ et XIᔉ siĂšcles).

 

Tant Jean-Paul II, dans les annĂ©es 1990, que BenoĂźt XVI, Ă  plusieurs reprises, notamment lors de voyages dans des pays orthodoxes, ont rĂ©citĂ© le Credo dans sa forme nicĂ©enne, sans que cela puisse ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une dĂ©fection de la foi catholique. L’omission de ces mots, accomplie non pour nier le dogme, mais pour favoriser dans une circonstance prĂ©cise le rapprochement avec les orthodoxes, ne doit pas scandaliser. Le vĂ©ritable point de divergence avec les orthodoxes est d’ailleurs un autre dogme : celui de la primautĂ© de Pierre, aujourd’hui malheureusement mis en discussion mĂȘme au sein du monde catholique. 

 

Pour comprendre le pontificat de LĂ©on XIV, aussi dans sa discontinuitĂ© avec le prĂ©cĂ©dent, il semble donc plus sage de dĂ©placer l’attention vers de petits gestes, mais significatifs, tels que, comme l’a notĂ© Robert Royal, la rĂ©sistance du pape LĂ©on Ă  la MosquĂ©e Bleue. 

 

Le soir du 9 dĂ©cembre, en rentrant au Vatican aprĂšs une journĂ©e passĂ©e Ă  Castel Gandolfo, le Pape s’est entretenu avec les journalistes devant la villa Barberini. Le vaticaniste de La Repubblica, Jacopo Scaramuzzi, lui a demandĂ© pourquoi il n’avait pas priĂ© dans la mosquĂ©e lors de son rĂ©cent voyage en Turquie. Le Pape, comme surpris de devoir expliquer pourquoi un Pontife ne prie pas dans une mosquĂ©e, a rĂ©pondu : « Je prĂ©fĂšre prier dans une Ă©glise catholique en prĂ©sence du Saint-Sacrement. » 

 

Ainsi doit parler un pape, et en se rappelant l’image de LĂ©on XIV tenant le Saint-Sacrement entre ses mains, le 22 juin dernier, de Saint-Jean-de-Latran Ă  Sainte-Marie-Majeure pour la procession de la FĂȘte-Dieu, on pourrait ajouter : « Ainsi doit agir un pape. »

 

Roberto de Mattei | Historien

Esclavage en MĂ©diterranĂ©e : L’histoire oubliĂ©e de la traite barbaresque

12/12/2025

Esclavage en MĂ©diterranĂ©e : L’histoire oubliĂ©e de la traite barbaresque

Un passé sous domination étrangÚre
L'article débute par un rappel historique essentiel : avant la colonisation française de 1830, la région qui deviendra l'Algérie a vécu sous une domination étrangÚre quasi continue pendant des siÚcles (romaine, arabe, puis ottomane). L'auteure souligne le paradoxe d'une mémoire sélective qui semble avoir effacé la participation active des régences barbaresques (Alger, Tunis, Tripoli) à un vaste systÚme esclavagiste.

 

L'ampleur de la traite arabo-musulmane
Marie-Claude Mosimann-Barbier remet en perspective la chronologie de l'esclavage. Bien avant la traite atlantique, la traite transsaharienne drainait des millions d'Africains vers le Maghreb et le Moyen-Orient dĂšs le VIIe siĂšcle.

Les chiffres : L'auteure cite les estimations des spécialistes (comme Olivier Grenouilleau) évaluant à prÚs de 18 millions le nombre de victimes africaines de la traite arabo-musulmane, contre 11 à 12 millions pour la traite atlantique.

 

Le sort des captifs : Les hommes étaient souvent castrés ou envoyés aux galÚres, les femmes destinées aux harems, avec une mortalité effrayante.

 

La « traite des Blancs » : razzias et piraterie
L'article met surtout l'accent sur un volet méconnu : l'esclavage des chrétiens européens. Sous la suzeraineté ottomane, Alger et les ports barbaresques deviennent les plaques tournantes d'une industrie de la capture.

 

Un phénomÚne massif : L'historien Robert C. Davis estime qu'entre le XVIe et le XVIIIe siÚcle, environ un million d'Européens de l'Ouest et prÚs de trois millions d'Européens de l'Est ont été réduits en esclavage.

 

Modes opératoires : Les pirates barbaresques ne se contentaient pas d'attaquer les navires (« la course ») ; ils menaient de véritables razzias sur les cÎtes d'Espagne, d'Italie, et de Provence, vidant parfois des villages entiers de leurs habitants.

 

La réponse de la Chrétienté : payer ou combattre
Face Ă  ces exactions et aux conditions de dĂ©tention terribles (tortures, empalements, travaux forcĂ©s), l'Europe s'organise. DĂšs le Moyen-Âge, des ordres religieux « rĂ©dempteurs » voient le jour, tels que les Trinitaires (fondĂ©s en 1198) et les MercĂ©daires (1218). Ces religieux collectaient des fonds pour payer les rançons ou s'offraient eux-mĂȘmes en otage pour libĂ©rer les captifs, parmi lesquels figurait le cĂ©lĂšbre CervantĂšs.

 

L'article rappelle enfin que ce sont les interventions militaires occidentales (bombardements de Louis XIV, guerres menĂ©es par les États-Unis au dĂ©but du XIXe siĂšcle) et finalement la prise d'Alger par la France en 1830 qui mirent un terme dĂ©finitif Ă  cette traite.

 

Cet article du Figaro Histoire offre un contrepoint saisissant aux discours unilatĂ©raux sur la colonisation. En documentant la rĂ©alitĂ© brutale de l'esclavage en Barbarie, Marie-Claude Mosimann-Barbier ne cherche pas Ă  excuser les fautes de la colonisation ultĂ©rieure, mais Ă  rappeler que l'histoire mĂ©diterranĂ©enne est faite de blessures partagĂ©es. Elle souligne que la mĂ©moire de l'esclavage ne doit pas ĂȘtre sĂ©lective : les souffrances des millions de captifs, qu'ils soient Africains subsahariens ou EuropĂ©ens, razziĂ©s et asservis au Maghreb, mĂ©ritent elles aussi de figurer dans nos livres d'histoire.

 

 

Marie-Claude Mosimann-Barbier est maĂźtre de confĂ©rences honoraire de l’École normale supĂ©rieure de Paris-Saclay, membre du GRER (groupe de recherche sur le racisme et l’eugĂ©nisme) de l’universitĂ© Paris-CitĂ©.

Léon XIV aime mieux prier devant le Saint Sacrement que dans une mosquée


11/12/2025

Léon XIV aime mieux prier devant le Saint Sacrement que dans une mosquée


Le pape sortait du Palais Barberini Ă  Castel Gandolfo mardi soir lorsque, assailli par des journalistes, il s’est prĂȘtĂ© de bonne grĂące Ă  un Ă©change de cinq minutes oĂč il se montrait, comme Ă  son habitude, amĂšne, souriant et prudent, s’exprimant en plusieurs langues et veillant Ă  ne pas tenir des propos trop pointus.

 

C’est un journaliste italien qui lui a rappelĂ© le fait : « A la mosquĂ©e Sultanahmet, vous n’avez pas priĂ©, du moins visiblement
 » AussitĂŽt, LĂ©on XIV l’interrompt : « Mais qui a dit que je n’avais pas priĂ© ? Ils ont dit que je n’avais pas priĂ©, mais j’ai dĂ©jĂ  rĂ©pondu dans l’avion, j’ai mentionnĂ© un livre [La pratique de la prĂ©sence de Dieu de FrĂšre Laurent], il se peut que je sois en train de prier en ce moment mĂȘme, vous comprenez ? »

 

LĂ©on XIV rappelle qu’on peut « prier sans cesse »
Le chrĂ©tien qui aime Dieu de tout son cƓur et de toute son Ăąme prie en effet « sans cesse » comme l’y exhorte saint Paul, et dans chaque circonstance de la vie, des plus banales aux plus sublimes. Telle est justement la leçon du carme français, frĂšre Laurent de la RĂ©surrection : « Le temps de l’action n’est point diffĂ©rent de celui de l’oraison ; je possĂšde Dieu aussi tranquillement dans le tracas de ma cuisine, oĂč quelquefois plusieurs personnes me demandent en mĂȘme temps des choses diffĂ©rentes, que si j’étais Ă  genoux devant le Saint-Sacrement
 »

L’exemple des saints est lĂ  : on prie lĂ  oĂč on est, dans l’arĂšne face aux bĂȘtes sauvages comme dans le monastĂšre, en vaquant Ă  ses occupations quotidiennes comme dans le camp de concentration, recueilli dans la ville ou en adoration devant le Saint-Sacrement. Dieu ne nous lĂąche jamais, ce n’est jamais lui qui rompt le contact.

 

Mais prier visiblement, quoiqu’en silence Ă  la mosquĂ©e – comme l’avaient fait avant lui Jean-Paul II, Ă  la mosquĂ©e des Omeyyades Ă  Damas en 2001, BenoĂźt XVI Ă  la MosquĂ©e Bleue en 2006, le pape François dans le mĂȘme lieu en 2014 puis Ă  la mosquĂ©e Istiqlal de Djakarta en 2024 – le pape rĂ©gnant ne l’a pas fait. Il a courtoisement, mais expressĂ©ment refusĂ© de le faire. Si son voyage Ă©tait bien prĂ©parĂ©, s’il a Ă©tĂ© averti des gestes posĂ©s par ses prĂ©dĂ©cesseurs immĂ©diats (et comment ne pas croire que ce fut le cas ?), son attitude est d’autant plus remarquable, et sans doute prĂ©parĂ©e d’avance. Elle marque une rupture – ou bien plutĂŽt, un retour Ă  une normalitĂ© : bien que l’on puisse s’adresser au vrai Dieu en priĂšre oĂč que l’on soit, le faire dans un temple d’une religion qui ne connaĂźt pas le vrai Dieu et le rejette expressĂ©ment comme le fait l’islam est en soi un dĂ©sordre, source de confusion.

 

La mosquĂ©e, « la maison d’Allah »
Le muezzin qui invita le pape LĂ©on Ă  prier Ă  l’intĂ©rieur de la mosquĂ©e lui avait d’abord dit : « Ce n’est pas ma maison, ni la vĂŽtre, c’est la maison d’Allah » – maniĂšre de dire que Dieu transcende la diversitĂ© des religions et d’inviter Ă  un syncrĂ©tisme explicite (encore que dans l’esprit du musulman, Allah soit parfaitement identifiĂ© comme le dieu de l’islam). Mais LĂ©on XIV a rĂ©pondu, gentiment mais fermement, « It’s okay ». « Ça va
 »

 

AprÚs quelques instants de réflexion, Léon XIV a explicité sa réponse au journaliste à Castel Gandolfo : « Je préfÚre prier dans une église catholique en présence du TrÚs Saint Sacrement. »

 

Oui, on peut prier partout, mais en la PrĂ©sence rĂ©elle de Notre Seigneur, devant le Saint-Sacrement – et quoi qu’il en soit de la possession de Dieu – cette PrĂ©sence dĂ©passe tout. C’est devant le tabernacle, dans un sanctuaire catholique, que LĂ©on XIV conçoit sa priĂšre au plus haut. Il l’a dit au dĂ©bottĂ©, l’expĂ©rience de sa vie dĂ©bordant de son cƓur. C’est la priĂšre d’adoration face Ă  face avec JĂ©sus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, celui qu’au demeurant l’islam rejette en mĂȘme temps qu’il proscrit la religion des « associateurs », les chrĂ©tiens


Il est remarquable que LĂ©on XIV n’ait pas poursuivi sa visite de la ville en se rendant Ă  la toute proche Sainte-Sophie, haut lieu du christianisme byzantin. Mais aprĂšs avoir Ă©tĂ© prise aux chrĂ©tiens et aussitĂŽt transformĂ©e en mosquĂ©e, puis rendue « Ă  l’humanitĂ© » comme musĂ©e sous AtatĂŒrk, elle a Ă©tĂ© retransformĂ©e en mosquĂ©e en 2020. Il est vrai que le pape François avait dit Ă  cette occasion : « Je pense Ă  Sainte-Sophie et je ressens une grande douleur. »

 

Prier devant le Saint-Sacrement, c’est aussi affirmer sa foi
La clarification de Léon XIV sur la priÚre aura été inattendue, sans ambiguïté, et montre le pape sous son meilleur jour : parlant du Christ dans son adorable vérité.

Léon XIV, pour finir, a dit : « Mais on a fait si grand cas de ce moment, cela me semble, disons, curieux. »

Mais non, Saint-PÚre, ce fut un trÚs grand moment et une joie profonde, augmentée par le fait de le voir désormais si tranquillement expliqué.

 

Jeanne Smits sur RITV

Inspections ou inquisitions ? Les dérives inquiétantes des contrÎles dans le privé

11/12/2025

Inspections ou inquisitions ? Les dérives inquiétantes des contrÎles dans le privé

Un constat accablant : des méthodes « disproportionnées » L'article de Cyriac Zeller relaie des témoignages qui font froid dans le dos. Loin de la simple vérification administrative, le rapport décrit de véritables « coups de force ». Des inspecteurs arrivant par escouades de dix à seize personnes, interrompant les cours sans préavis, ou circulant sans accompagnement dans les locaux.

 

Plus inquiĂ©tant encore, les mĂ©thodes d'investigation semblent franchir la ligne rouge de la lĂ©galitĂ© et du respect de la vie privĂ©e. Le rapport mentionne des fouilles de cartables et, fait stupĂ©fiant, la photographie de « carnets d’intĂ©rioritĂ© » appartenant aux Ă©lĂšves. Les enseignants ne sont pas Ă©pargnĂ©s : certains subissent des interrogatoires quasi policiers devant leurs propres Ă©lĂšves, fragilisant ainsi leur autoritĂ© et le climat de confiance nĂ©cessaire Ă  l'enseignement.

 

Le « caractÚre propre » dans le viseur Au-delà de la forme, c'est le fond des inspections qui inquiÚte. L'article souligne une attaque ciblée contre l'identité chrétienne des établissements. Les questions posées aux équipes éducatives relÚvent de l'intime et de la liberté de conscience : « Allez-vous aux offices religieux ? », « Vos élÚves ont-ils une vision genrée de la société ? ».

 

Des pressions sont exercées pour « lisser » les projets d'établissement, rendre l'enseignement de culture chrétienne facultatif ou exiger le retrait de signes religieux, en contradiction totale avec le statut de l'école catholique. Comme le note l'article, ces dérives touchent toutes les académies, de Versailles à Toulon.

 

Vers une crise de confiance ? Guillaume PrĂ©vost, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique, rappelle qu'il ne s'agit pas de refuser le contrĂŽle — jugĂ© indispensable — mais d'exiger « prudence et discernement ». Face Ă  cette situation qualifiĂ©e de « dĂ©lĂ©tĂšre », le ministre de l'Éducation nationale, Édouard Geffray, a promis des consignes fermes et une clarification rapide.

 

Pour conclure, Famille ChrĂ©tienne met en lumiĂšre une fracture grandissante entre l'administration et l'enseignement libre. Si l'État est dans son rĂŽle de contrĂŽleur, les dĂ©rives rapportĂ©es s'apparentent Ă  une tentative de normalisation idĂ©ologique. La rĂ©ponse du ministĂšre dans les jours Ă  venir sera dĂ©cisive pour savoir si le contrat de confiance peut ĂȘtre restaurĂ© ou si l'on s'achemine vers une guerre scolaire.

 

Quand la laïcité dérive vers l'hostilité religieuse

10/12/2025

Quand la laïcité dérive vers l'hostilité religieuse

L'Ă©ditorial de Philippe Marie se construit autour d'une distinction sĂ©mantique et historique cruciale : celle entre la laĂŻcitĂ© originelle et le laĂŻcisme contemporain. La loi de sĂ©paration des Églises et de l’État de 1905, rappelle l'auteur, visait la pacification et garantissait la « libertĂ© de conscience » et le « libre exercice des cultes », instaurant une neutralitĂ© de l'État, non de la sociĂ©tĂ©.

 

Or, selon Tribune ChrĂ©tienne, une interprĂ©tation « rigide et radicale » brouille aujourd’hui cette frontiĂšre, instaurant un laĂŻcisme qui se manifeste par une mĂ©fiance envers toute expression religieuse visible, en particulier chrĂ©tienne. L’article insiste sur l'« armature culturelle » chrĂ©tienne de la France, visible dans son paysage (cathĂ©drales, Ă©glises), son calendrier et ses coutumes. Faire semblant d’ignorer cet hĂ©ritage au nom d'une pseudo-laĂŻcitĂ© reviendrait, pour l'auteur, Ă  « trahir la mĂ©moire nationale et appauvrir ce que nous sommes collectivement ».

 

L’auteur met en lumiĂšre deux formes de cette dĂ©rive. La premiĂšre est la contestation des signes visibles (interdiction de crĂšches de NoĂ«l, retrait de croix). La seconde, plus « subtile, presque imperceptible », est la « sĂ©mantique du remplacement ». L’éditorial cite le glissement de « Joyeux NoĂ«l » Ă  « Joyeuses fĂȘtes » ou la transformation de la Chandeleur en simple « fĂȘte des crĂȘpes ». Ce « glissement linguistique » aurait pour effet de gommer, par le langage, l’identitĂ© spirituelle d’une civilisation.

 

La consĂ©quence la plus grave de ce laĂŻcisme, conclut Philippe Marie dans son dĂ©veloppement, est l’« amnĂ©sie » collective, un « oubli de soi » qui menace la transmission. Une civilisation qui perd sa mĂ©moire ne sait plus oĂč elle va.

 

En dĂ©finitive, l’éditorial ne pose pas un « combat identitaire », mais dĂ©fend la libertĂ© religieuse comme une libertĂ© fondamentale qui ne doit pas ĂȘtre traitĂ©e comme une menace. En rejoignant l'inquiĂ©tude exprimĂ©e par Monseigneur Aveline, Tribune ChrĂ©tienne appelle Ă  un retour Ă  l'Ă©quilibre de 1905. Loin d'ĂȘtre un recul, retrouver cet esprit – qui garantissait la libertĂ© sans la restreindre – permettrait de restaurer un climat de confiance et de respect mutuel, Ă©vitant d’ajouter la mĂ©fiance Ă  la crispation identitaire actuelle.

 

Nos chers PĂšres Ă©vĂȘques seraient-ils en train de se rĂ©veiller ? 

François Charbonnier

Europe : la perspective rĂ©elle d’un effacement civilisationnel

10/12/2025

Europe : la perspective rĂ©elle d’un effacement civilisationnel

Les responsables amĂ©ricains ont pris l’habitude d’envisager les problĂšmes europĂ©ens sous l’angle de l’insuffisance des dĂ©penses militaires et de la stagnation Ă©conomique. Cela est vrai, mais les vĂ©ritables problĂšmes de l’Europe sont encore plus profonds.

 

L’Europe continentale a perdu des parts du PIB mondial, passant de 25% en 1990 Ă  14% aujourd’hui, en partie Ă  cause des rĂ©glementations nationales et transnationales qui sapent la crĂ©ativitĂ© et l’esprit d’initiative.

 

Mais ce dĂ©clin Ă©conomique est Ă©clipsĂ© par la perspective rĂ©elle et plus sombre d’un effacement civilisationnel. Parmi les problĂšmes les plus importants auxquels l’Europe est confrontĂ©e, citons les activitĂ©s de l’Union europĂ©enne et d’autres organismes transnationaux qui sapent la libertĂ© politique et la souverainetĂ©, les politiques migratoires qui transforment le continent et crĂ©ent des conflits, la censure de la libertĂ© d’expression et la rĂ©pression de l’opposition politique, l’effondrement des taux de natalitĂ© et la perte des identitĂ©s nationales et de la confiance en soi.

 

Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera mĂ©connaissable d’ici 20 ans ou moins. Dans ces conditions, il est loin d’ĂȘtre Ă©vident que certains pays europĂ©ens disposeront d’une Ă©conomie et d’une armĂ©e suffisamment solides pour rester des alliĂ©s fiables. Bon nombre de ces nations redoublent actuellement d’efforts dans la voie qu’elles ont empruntĂ©e. Nous voulons que l’Europe reste europĂ©enne, qu’elle retrouve sa confiance en sa civilisation et qu’elle abandonne sa stratĂ©gie infructueuse de suffocation rĂ©glementaire.

 

Ce manque de confiance en soi est particuliĂšrement Ă©vident dans les relations entre l’Europe et la Russie. Les alliĂ©s europĂ©ens jouissent d’un avantage significatif en matiĂšre de puissance militaire sur la Russie dans presque tous les domaines, Ă  l’exception des armes nuclĂ©aires. À la suite de la guerre menĂ©e par la Russie en Ukraine, les relations entre l’Europe et la Russie sont dĂ©sormais profondĂ©ment affaiblies, et de nombreux EuropĂ©ens considĂšrent la Russie comme une menace existentielle. La gestion des relations entre l’Europe et la Russie nĂ©cessitera un engagement diplomatique important de la part des États-Unis, Ă  la fois pour rĂ©tablir les conditions d’une stabilitĂ© stratĂ©gique sur le continent eurasien et pour attĂ©nuer le risque de conflit entre la Russie et les États europĂ©ens.

 

Il est dans l’intĂ©rĂȘt fondamental des États-Unis de nĂ©gocier une cessation rapide des hostilitĂ©s en Ukraine, afin de stabiliser les Ă©conomies europĂ©ennes, d’empĂȘcher une escalade ou une extension involontaire de la guerre, de rĂ©tablir la stabilitĂ© stratĂ©gique avec la Russie et de permettre la reconstruction de l’Ukraine aprĂšs les hostilitĂ©s afin qu’elle puisse survivre en tant qu’État viable.

 

La guerre en Ukraine a eu pour effet pervers d’accroĂźtre la dĂ©pendance extĂ©rieure de l’Europe, en particulier de l’Allemagne. Aujourd’hui, les entreprises chimiques allemandes construisent certaines des plus grandes usines de transformation au monde en Chine, en utilisant du gaz russe qu’elles ne peuvent pas obtenir chez elles. L’administration Trump se trouve en dĂ©saccord avec les responsables europĂ©ens qui ont des attentes irrĂ©alistes concernant la guerre, juchĂ©s dans des gouvernements minoritaires instables, dont beaucoup bafouent les principes fondamentaux de la dĂ©mocratie pour rĂ©primer l’opposition. Une large majoritĂ© des EuropĂ©ens souhaite la paix, mais ce dĂ©sir ne se traduit pas en politique, en grande partie Ă  cause de la subversion des processus dĂ©mocratiques par ces gouvernements. Cela revĂȘt une importance stratĂ©gique pour les États-Unis, prĂ©cisĂ©ment parce que les États europĂ©ens ne peuvent se rĂ©former s’ils sont enlisĂ©s dans une crise politique.

Pourtant, l’Europe reste stratĂ©giquement et culturellement vitale pour les États-Unis. Le commerce transatlantique reste l’un des piliers de l’économie mondiale et de la prospĂ©ritĂ© amĂ©ricaine. Les secteurs europĂ©ens, de l’industrie manufacturiĂšre Ă  la technologie en passant par l’énergie, restent parmi les plus solides au monde. L’Europe abrite des institutions culturelles de premier plan et mĂšne des recherches scientifiques de pointe. Non seulement nous ne pouvons pas nous permettre de faire une croix sur l’Europe, mais cela irait Ă  l’encontre des objectifs de cette stratĂ©gie.

 

La diplomatie amĂ©ricaine doit continuer Ă  dĂ©fendre la dĂ©mocratie authentique, la libertĂ© d’expression et la cĂ©lĂ©bration sans complexe du caractĂšre et de l’histoire propres Ă  chaque nation europĂ©enne. Les États-Unis encouragent leurs alliĂ©s politiques en Europe Ă  promouvoir ce renouveau spirituel, et l’influence croissante des partis patriotiques europĂ©ens est en effet source d’un grand optimisme.

 

Notre objectif doit ĂȘtre d’aider l’Europe Ă  corriger sa trajectoire actuelle. Nous aurons besoin d’une Europe forte pour nous aider Ă  ĂȘtre compĂ©titifs et pour travailler de concert avec nous afin d’empĂȘcher tout adversaire de dominer l’Europe.

 

Les États-Unis sont, naturellement, attachĂ©s sentimentalement au continent europĂ©en et, bien sĂ»r, Ă  la Grande-Bretagne et Ă  l’Irlande. Le caractĂšre de ces pays est Ă©galement important sur le plan stratĂ©gique, car nous comptons sur des alliĂ©s crĂ©atifs, compĂ©tents, confiants et dĂ©mocratiques pour Ă©tablir des conditions de stabilitĂ© et de sĂ©curitĂ©. Nous voulons travailler avec des pays alignĂ©s qui souhaitent retrouver leur grandeur d’antan.

 

À long terme, il est plus que plausible que d’ici quelques dĂ©cennies au plus tard, certains membres de l’OTAN deviennent majoritairement non europĂ©ens. À ce titre, la question reste ouverte de savoir s’ils considĂ©reront leur place dans le monde, ou leur alliance avec les États-Unis, de la mĂȘme maniĂšre que ceux qui ont signĂ© la charte de l’OTAN.

 

Notre politique gĂ©nĂ©rale pour l’Europe doit donner la prioritĂ© aux Ă©lĂ©ments suivants :

Rétablir les conditions de stabilité en Europe et la stabilité stratégique avec la Russie ;
Permettre Ă  l’Europe de voler de ses propres ailes et de fonctionner comme un groupe de nations souveraines alignĂ©es, notamment en assumant la responsabilitĂ© principale de sa propre dĂ©fense, sans ĂȘtre dominĂ©e par une puissance adverse ;
Cultiver la rĂ©sistance Ă  la trajectoire actuelle de l’Europe au sein des nations europĂ©ennes ;
Ouvrir les marchés européens aux biens et services américains et garantir un traitement équitable aux travailleurs et aux entreprises américains ;
Renforcer les nations prospĂšres d’Europe centrale, orientale et mĂ©ridionale grĂące Ă  des liens commerciaux, Ă  la vente d’armes, Ă  la collaboration politique et aux Ă©changes culturels et Ă©ducatifs ;
Mettre fin Ă  la perception, et empĂȘcher la rĂ©alitĂ©, d’une OTAN comme une alliance en expansion perpĂ©tuelle ; et
Encourager l’Europe Ă  prendre des mesures pour lutter contre la surcapacitĂ© mercantiliste, le vol de technologies, le cyberespionnage et d’autres pratiques Ă©conomiques hostiles.

 

 

La grĂące de l’identitĂ© chrĂ©tienne

09/12/2025

La grĂące de l’identitĂ© chrĂ©tienne

Ce sol qui nous a vu naĂźtre et grandir nous concerne dans la mesure oĂč il reprĂ©sente un cadre, une atmosphĂšre, un climat mĂȘme, qui ne font pas seulement que nous entourer, mais qui, bien plus encore, nous façonnent et nous Ă©lĂšvent. Alors qu’il est commun d’évoquer les traces que laissent nos pas sur le sol oĂč nous marchons, en vĂ©ritĂ© c’est l’inverse qui se rĂ©alise.

 

La terre oĂč nous vivons nous impressionne. Notre identitĂ© est consubstantielle Ă  notre destinĂ©e. Ulysse rĂȘve de son Ithaque et de sa PĂ©nĂ©lope tandis que du Bellay prĂ©fĂšre son Loir gaulois au Tibre latin.

 

Les ordres créés par Dieu
Bien sĂ»r, Ă  l’école de l’apĂŽtre Paul, nous nous souvenons que devant Dieu, « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme » (Ga 3, 28) et que, de ce fait, l’humanitĂ© est appelĂ©e Ă  ne former qu’une seule personne dans le Christ JĂ©sus. Mais il serait tout Ă  fait spĂ©cieux de tirer de cette sentence ce qu’elle ne dit pas.

 

L’égalitĂ© des baptisĂ©s devant la grĂące de Dieu et le point commun de leur vocation au Ciel ne viennent pas nier les ordres créés par Dieu et voulus par lui : la famille qui nous a accueilli Ă  notre commencement, la province (quel mot charmant !) dans laquelle nous avons Ă©tĂ© Ă©levĂ©, la langue que nous avons apprise, l’autoritĂ© politique Ă  laquelle on se trouve assujetti.

 

Saint Thomas d’Aquin expliquera que l’ordre de la charitĂ© s’articule justement selon la chair et la patrie. La vertu de piĂ©tĂ© filiale, si oubliĂ©e aujourd’hui – quand elle n’est pas moquĂ©e ! –, en est une douce dĂ©clinaison. 

 

Cette identitĂ© originelle, qui participe grandement Ă  nous accomplir, possĂšde une telle importance qu’elle contribue, de façon le plus souvent dĂ©terminante, Ă  nous distinguer. Que savons-nous, dans l’épisode du portement de la Croix, du fameux Simon, sinon qu’il vient de CyrĂšne ?

Dans l’histoire de France, l’homme d’arme Pierre Terrail est davantage connu sous son nom de chevalier Bayard, qui n’est autre que le nom du lieu, prĂšs de Grenoble, dont il Ă©tait le noble seigneur.

 

Dans la littĂ©rature, Cyrano est gascon par sa verve et sa truculence, mais surtout parce que son nom nous indique qu’il est originaire de Bergerac.

 

Notre bergĂšre nationale est communĂ©ment appelĂ©e Jeanne la Lorraine, Jeanne de DomrĂ©my, Jeanne d’Arc, de par le nom de son pĂšre, ou pucelle d’OrlĂ©ans en lien avec la ville qui fit son Ă©popĂ©e.

 

Toujours un sol, une rĂ©gion, un bourg, une ascendance ou une histoire incarnĂ©e. Redisons-le sans nous lasser, l’identitĂ© n’est pas un gros mot, pas plus que l’amour de son origine ne serait le point de dĂ©part de toutes les guerres.

 

Une identité propre
Tout cela n’aurait cependant pas grand intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ© si ce n’était pour rappeler l’importance protectrice de l’identitĂ© qui nous est propre. RepĂšre, ancrage, boussole : l’identitĂ© guide et protĂšge notre passage sur la Terre.

«Il n’y a pas pire aliĂ©nation que de faire l’expĂ©rience de ne pas avoir de racines », expliquait le pape François dans son encyclique Fratelli Tutti, et d’ajouter qu’il y aurait grave danger Ă  « ignorer l’importance dĂ©cisive que revĂȘt une culture marquĂ©e par la Foi, parce que cette culture Ă©vangĂ©lisĂ©e, au-delĂ  de ses limites, a beaucoup plus de ressources qu’un simple groupe de croyants devant les attaques du sĂ©cularisme ».

 

Dans l’une de ses pages, Sylvain Tesson se met sur le banc de l’universitĂ© des arbres :

« Les arbres nous enseignent une forme de pudeur et de savoir-vivre. Ils poussent vers la lumiĂšre en prenant soin de s’éviter, de ne pas se toucher, et leurs frondaisons se dĂ©coupent dans le ciel sans jamais pĂ©nĂ©trer dans la frondaison voisine. Les arbres, en somme, sont trĂšs bien Ă©levĂ©s, ils tiennent leurs distances.

Ils sont gĂ©nĂ©reux aussi. La forĂȘt est un organisme total, composĂ© de milliers d’individus. Chacun est appelĂ© Ă  naĂźtre, Ă  vivre, Ă  mourir, Ă  se dĂ©composer – Ă  assurer aux gĂ©nĂ©rations suivantes un terreau de croissance supĂ©rieur Ă  celui sur lequel il avait poussĂ©. Chaque arbre reçoit et transmet. Entre les deux, il se maintient. La forĂȘt ressemble Ă  ce que devrait ĂȘtre une culture. »

 

Prendre le temps de boire aux sources de l’identitĂ© chrĂ©tienne, c’est s’offrir un bain de rĂ©gĂ©nĂ©ration. MĂ©diter son arbre gĂ©nĂ©alogique ou contempler l’Arbre de vie ne sera jamais du temps perdu. On croit voir un arbre, mais c’est en rĂ©alitĂ© du bois que l’on touche. Et par lĂ , une chance que l’on donne Ă  sa vie.

La querelle des Inventaires, point d’orgue de 1905

09/12/2025

La querelle des Inventaires, point d’orgue de 1905

DĂ©sireux d’en finir avec le Concordat de 1801, les gouvernements anticlĂ©ricaux de la IIIe RĂ©publique mettent progressivement en place toute une sĂ©rie de lois visant Ă  limiter l’influence de la religion catholique au sein de la sociĂ©tĂ© française.

 

Une de ces mesures anticlĂ©ricales est la loi de sĂ©paration des Églises et de l’État, votĂ©e le 5 dĂ©cembre 1905. L’article 3 de cette loi prĂ©voit que l’administration des Domaines doit procĂ©der Ă  un inventaire « descriptif et estimatif » des biens ecclĂ©siastiques immobiliers et mobiliers, avant leur dĂ©volution aux associations cultuelles prĂ©vues par la loi mais non encore créées. La complexitĂ© juridique et administrative des nombreuses questions soulevĂ©es par la loi de SĂ©paration provoque chez les catholiques une angoissante incertitude. DĂ©jĂ  en 1902, les biens des congrĂ©gations religieuses expulsĂ©es avaient Ă©tĂ© confisquĂ©s. D’autre part, beaucoup ont encore en mĂ©moire la confiscation de 1789 qui dĂ©pouilla l’Église et transforma tous les biens ecclĂ©siastiques en biens nationaux.

 

Ouverture des tabernacles

Les modalitĂ©s d’application des inventaires sont dĂ©finies par un dĂ©cret du 29 dĂ©cembre et une circulaire du 2 janvier. Cette derniĂšre demande aux agents des Domaines de faire ouvrir les tabernacles afin d’en inventorier l’intĂ©rieur. Cette directive choque profondĂ©ment les fidĂšles qui n’en comprennent pas l’intĂ©rĂȘt et qui voient en elle une volontĂ© de profanation, ou du moins un risque de sacrilĂšge. L’anticlĂ©ricalisme ambiant est si prĂ©gnant que les inventaires apparaissent pour beaucoup comme le prĂ©lude Ă  une spoliation qui induirait la fermeture des lieux de culte.

Les inventaires dĂ©butent le 23 janvier. S’ils se dĂ©roulent le plus souvent dans le calme, l’atmosphĂšre tendue et houleuse est cependant palpable. Les curĂ©s lisent des protestations et refusent la plupart du temps d’ouvrir d’eux-mĂȘmes les Ă©glises, ce qui oblige les reprĂ©sentants de l’État Ă  faire forcer les portes. Dans les rĂ©gions de grande chrĂ©tientĂ©, les paroissiens manifestent leur dĂ©saccord, de façon plus ou moins virulente, voire violente. Dans les PyrĂ©nĂ©es, des ours sont enchaĂźnĂ©s aux portes des Ă©glises afin de dissuader les autoritĂ©s d’y entrer. Dans un village de la Mayenne, une quarantaine d’hommes et de femmes passent la nuit dans l’église. Au matin, les esprits probablement quelque peu Ă©chauffĂ©s par la nuit blanche, ils vident leur pot de chambre sur les reprĂ©sentants de l’État.

 

Le plus souvent, on obstrue les ouvertures de l’église avec des chaises, fagots de bois, charrettes, et la population se masse devant la porte du bĂątiment afin d’entraver l’inventaire et d’intimider les fonctionnaires. Ces manifestations spontanĂ©es peuvent ĂȘtre bien plus violentes, et il n’est pas rare que les agents de l’État soient accueillis par une population armĂ©e de fourches et de fusils. Des bagarres rangĂ©es ont lieu dĂ©but fĂ©vrier devant plusieurs paroisses parisiennes. À Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, le prĂ©fet LĂ©pine fait arroser les manifestants avec une lance Ă  incendie et fait ouvrir une porte latĂ©rale de l’église Ă  coups de hache.

 

Quand des officiers se rebellent

Devant la violence de ces oppositions, les prĂ©fets font appel Ă  l’armĂ©e pour contenir les manifestants, protĂ©ger les fonctionnaires, et, au besoin, forcer les portes des Ă©glises. Les effectifs mobilisĂ©s sont parfois trĂšs importants : mille soldats sont ainsi rĂ©quisitionnĂ©s pour sĂ©curiser les abords des Ă©glises de Roubaix. Nombreux sont les militaires qui vivent mal cette implication forcĂ©e dans des opĂ©rations de police pour lesquelles ils ne sont pas formĂ©s et qui ne correspondent pas Ă  l’idĂ©al qui les a fait s’engager dans l’armĂ©e. La situation est encore plus dramatique pour les catholiques qui se trouvent confrontĂ©s Ă  un vrai cas de conscience. Comme l’écrit Raoul Girardet : « Que l’on imagine les doutes, les scrupules, les dĂ©chirements d’un officier sincĂšrement croyant, contraint de participer Ă  ce qu’il considĂšre comme un vĂ©ritable sacrilĂšge, Ă©cartelĂ© entre les exigences de sa fidĂ©litĂ© religieuse et les principes de l’obĂ©issance passive, oĂč se rĂ©sume pour lui l’essentiel de l’honneur militaire. »

 

Le point de bascule, pour les officiers, correspond au moment oĂč ils doivent ordonner Ă  leurs soldats de fracturer la porte de l’église. En effet, cet ordre profĂ©rĂ© est ce qu’on appelle une coopĂ©ration matĂ©rielle directe au mal. Certes, ces officiers agissent sous la contrainte, car ils sont tenus par leur devoir d’obĂ©issance. Cependant leur participation se fait en pleine connaissance de cause et, en donnant Ă  leurs soldats l’ordre de fracturer la porte de l’église, ils sont un maillon essentiel Ă  l’exĂ©cution d’un acte qu’ils considĂšrent comme mauvais. De plus, ils forcent peut-ĂȘtre la conscience de leurs soldats.

 

Environ vingt officiers confrontĂ©s Ă  cette situation particuliĂšre se rebellent. Certains, comme le lieutenant Multier Ă  Versailles, dĂ©missionnent aprĂšs avoir accompli leur tĂąche, refusant dĂ©sormais de servir un État qui a forcĂ© leur conscience. D’autres prĂ©viennent Ă  l’avance leur supĂ©rieur qu’ils refuseront d’assurer l’intĂ©gralitĂ© de la mission si celle-ci comporte des actes que leur conscience rĂ©prouve. En Lorraine, le lieutenant de Rose refuse de participer Ă  l’effraction, proclamant : « Je suis ici pour maintenir l’ordre, non pas pour forcer la porte de la maison de Dieu. Je ne suis soldat que pour me faire tuer pour mon pays. » Devant l’église Saint-Servan, prĂšs de Saint-Malo, trois officiers refusent, l’un aprĂšs l’autre, de prononcer l’ordre fatidique. Dans le nord de la France, le capitaine Magniez refuse mĂȘme de prĂȘter les outils de ses soldats.

 

Devant le Conseil de guerre

Comme le montre leur dossier militaire, ces officiers ne sont pas des tĂȘtes brĂ»lĂ©es, irresponsables et insoumis. Au contraire, ce sont d’excellents Ă©lĂ©ments, promis Ă  une belle carriĂšre. Cependant, ils passent tous en jugement devant un Conseil de guerre et sont, soit destituĂ©s, soit mis en non-activitĂ© temporaire. Lors de son procĂšs, Magniez rĂ©affirme que « nul n’a le droit de commander certains actes dont l’exĂ©cution viole la conscience de tous les catholiques ». Le devoir moral d’obĂ©issance ne peut tenir face Ă  un ordre qui entraĂźne une coopĂ©ration directe au mal.

 

Aujourd’hui encore, on peut se demander quelle Ă©tait la vĂ©ritable utilitĂ© des inventaires et quel sens donner Ă  la circulaire du 2 janvier. En effet, la plupart des listes Ă©tablies sont incomplĂštes, imprĂ©cises, voire inexactes, les agents des Domaines n’ayant que rarement des connaissances approfondies en matiĂšre d’art sacrĂ©. Maladresse irrĂ©flĂ©chie de l’administration, ou provocation et tentative d’intimidation des catholiques ? Les historiens sont toujours partagĂ©s. 

Toutes les religions seraient-elles des chemins équivalents vers Dieu ?

08/12/2025

Toutes les religions seraient-elles des chemins équivalents vers Dieu ?

Dans un discours prononcĂ© au Forum Rome Life le 4 dĂ©cembre 2025, et rapportĂ© par LifeSite, l'Ă©vĂȘque suisse Marian Eleganti a mis en garde contre le risque de dissocier la prĂ©tendue « fraternitĂ© universelle » de JĂ©sus-Christ, sous peine de tomber dans un relativisme religieux qui vide l'Évangile de son sens. S'opposant Ă  l'idĂ©e que toutes les religions seraient des chemins Ă©quivalents vers Dieu, le prĂ©lat a soulignĂ© que seul le Christ peut sauver et que la mission de l'Église ne saurait se rĂ©duire Ă  un simple dialogue interreligieux dĂ©nuĂ© de vĂ©ritĂ©.

 

D'Assise à « l' esprit d'Assise » : risque de syncrétisme

Monseigneur Eleganti a retracĂ© l'origine et le dĂ©veloppement des rencontres interreligieuses Ă  Assise, promues par saint Jean-Paul II Ă  partir de 1986, rappelant que dĂšs le dĂ©but, la Curie et les Ă©vĂȘques avaient exprimĂ© des rĂ©serves quant au danger d' « hĂ©rĂ©sie du syncrĂ©tisme » et de donner l'impression que toutes les religions Ă©taient sur un pied d'Ă©galitĂ©.

 

Selon le texte publiĂ© par LifeSite, l’évĂȘque cite Ă  la fois les clarifications de Jean-Paul II — qui voulait Ă©viter une « priĂšre universelle commune » — ainsi que les prĂ©occupations du cardinal Ratzinger de l’époque et les avertissements ultĂ©rieurs de BenoĂźt XVI, qui a tentĂ© de bloquer les interprĂ©tations relativistes en rappelant l’enseignement de la dĂ©claration Dominus Iesus.

 

Eleganti souligne le pouvoir des images vĂ©hiculĂ©es par les mĂ©dias : pour de nombreux croyants peu instruits, voir des reprĂ©sentants de diffĂ©rentes religions prier ensemble pour la paix peut nourrir l’idĂ©e qu’ « une religion vaut autant qu’une autre » et que JĂ©sus-Christ n’est qu’un mĂ©diateur parmi d’autres. En ce sens, il parle du prĂ©tendu « esprit d’Assise » comme d’une Ă©tiquette vague qui, dans les faits, a servi Ă  certains pour justifier des tendances relativistes au sein de l’Église.

 

Critique directe des propos de François à Singapour et de la Déclaration d'Abu Dhabi

L’évĂȘque va plus loin et critique ouvertement certaines dĂ©clarations du pape François. Il qualifie notamment ses propos tenus au Catholic Junior College de Singapour en septembre 2024 d’« objectivement scandaleux », lorsque le pape a dĂ©clarĂ© aux jeunes que « toutes les religions sont un chemin vers Dieu » et les a comparĂ©es Ă  « diffĂ©rentes langues » pour atteindre le mĂȘme Dieu, insistant sur le fait que « Dieu est Dieu pour tous » et que nous sommes tous « enfants de Dieu » par nature.

 

Pour Eleganti, cette conception contredit la foi catholique, car elle dilue le caractĂšre unique du Christ comme seul chemin vers le PĂšre et rĂ©duit la mission Ă  un simple accompagnement sans conversion. À ses yeux, il s'agit d'une forme de pluralisme religieux qui considĂšre comme offensant de parler d'une religion « vraie » par opposition aux autres et qui rejette l'idĂ©e que le christianisme doive proclamer la vĂ©ritĂ© du Christ Ă  tous les peuples.

 

Dans le mĂȘme esprit, il critique vivement la DĂ©claration d'Abou Dhabi, notamment le passage affirmant que le pluralisme religieux relĂšve de la « sage volontĂ© divine ». Eleganti soutient qu'il est impossible d'attribuer Ă  Dieu, en tant que volontĂ© positive, des religions qui nient la divinitĂ© du Christ ou de la TrinitĂ©, et il cite en particulier l'islam comme une religion structurellement opposĂ©e au christianisme, tant en thĂ©orie que dans sa pratique historique. Il qualifie de « fausse » l'affirmation selon laquelle « les religions n'incitent jamais Ă  la guerre ou Ă  la haine », soulignant que les textes fondateurs et l'histoire de certaines religions contredisent ouvertement cette formulation.

 

Mission, dialogue et vérité : contre le renoncement pratique au mandat missionnaire

Dans sa confĂ©rence, Eleganti dĂ©nonce le fait que, depuis des dĂ©cennies, dans de nombreux milieux, le concept de mission a Ă©tĂ© remplacĂ© par ceux de « dialogue », de « collaboration » ou d ’« apprentissage interculturel », au point que tenter de convaincre autrui de la vĂ©ritĂ© du Christ n’est plus considĂ©rĂ© comme acceptable. Selon le texte publiĂ© par LifeSite, l’évĂȘque perçoit cela comme une concession Ă  une culture qui abhorre toute affirmation de vĂ©ritĂ© et juge offensant d’affirmer que JĂ©sus-Christ est le seul Sauveur.

 

Le prĂ©lat nous rappelle que le commandement du Christ de « faire des disciples de toutes les nations » demeure d'actualitĂ© et ne saurait ĂȘtre abandonnĂ© sans renoncer Ă  la vĂ©ritable foi catholique. PrĂȘcher ne signifie plus – prĂ©vient-il – s'engager dans un militantisme sociopolitique pour des causes gĂ©nĂ©riques (climat, migrations, etc.), mais proclamer JĂ©sus-Christ, mort et ressuscitĂ©, seul Chemin, VĂ©ritĂ© et Vie.

 

Selon lui, le « dialogue », entendu comme relativisme oĂč aucune des parties ne peut prĂ©tendre Ă  une vĂ©ritĂ© supĂ©rieure Ă  l'autre, se rĂ©vĂšle finalement inutile car il renonce d'emblĂ©e Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ©. Eleganti nous rappelle que pour l'Église, le dialogue est liĂ© au tĂ©moignage et Ă  la proclamation, et que la conversion est l'Ɠuvre de Dieu, non de la rhĂ©torique humaine.

 

Enfants de Dieu par la foi et le baptĂȘme, et non par la seule nature

Dans la derniĂšre partie de son discours, l’évĂȘque suisse souligne un point essentiel : tous les ĂȘtres humains ne sont pas « enfants de Dieu » au sens chrĂ©tien du simple fait d’exister, mais seulement ceux qui acceptent le Christ par la foi et le baptĂȘme. Il cite le prologue de l’Évangile selon Jean : Ă  ceux qui croient en lui, « il a donnĂ© le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nĂ©s, non de la chair et du sang, mais de Dieu ».

 

Il met donc en garde contre les projets de « fraternitĂ© universelle » qui ignorent le Christ et rĂ©duisent la foi Ă  une Ă©thique humanitaire ou Ă  une sorte de « royaume de Dieu sĂ©cularisĂ© » fondĂ© uniquement sur la tolĂ©rance et le consensus politique. Une telle fraternitĂ©, affirme-t-il, n’est pas chrĂ©tienne, car elle exige de dissimuler ou de minimiser la mĂ©diation unique de JĂ©sus-Christ pour ĂȘtre acceptĂ©e par tous.

 

Eleganti conclut que seule la fraternitĂ© authentique entre les hommes trouve son fondement en Christ, la vraie LumiĂšre qui vient au monde, et que tout modĂšle d'unitĂ© humaine qui remplace ou relativise cette vĂ©ritĂ© finit par n'ĂȘtre qu'une construction idĂ©ologique de plus, reposant sur des fragments amputĂ©s de l'Évangile.

 

Donald Trump et l’ImmaculĂ©e Conception

08/12/2025

Donald Trump et l’ImmaculĂ©e Conception

Depuis les origines du pays, la dĂ©votion Ă  l’ImmaculĂ©e Conception existe aux Etats-Unis, elle est la patronne du pays, comme en Espagne, et l’annĂ©e prochaine marquera le 250e anniversaire de l’indĂ©pendance.

 

Une reconnaissance historique de la tradition catholique
Dans son message, Trump reconnaßt que « pendant prÚs de 250 ans, Marie a joué un rÎle distinctif dans notre grande histoire américaine ». Le communiqué présidentiel souligne la profonde dévotion des catholiques américains et des saints américains envers Marie, la mÚre de Jésus.

Trump souligne que la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception est considĂ©rĂ©e comme un « jour saint d’obligation » dans l’Eglise catholique, ce qui signifie que les fidĂšles catholiques doivent assister Ă  la messe.

 

Le rĂŽle de Marie dans l’histoire amĂ©ricaine
Le message prĂ©sidentiel retrace l’histoire de la dĂ©votion mariale aux Etats-Unis, Ă  commencer par l’évĂȘque John Carroll, premier Ă©vĂȘque catholique du pays et cousin du signataire de la DĂ©claration d’indĂ©pendance Charles Carroll, qui, en 1792, a consacrĂ© la jeune nation Ă  la mĂšre du Christ.

Trump mentionne Ă©galement comment les catholiques ont attribuĂ© la victoire du gĂ©nĂ©ral Andrew Jackson sur les Britanniques lors de la bataille de La Nouvelle-OrlĂ©ans Ă  l’intercession de Marie. « Chaque annĂ©e, les catholiques cĂ©lĂšbrent une messe d’action de grĂące Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans le 8 janvier en mĂ©moire de l’aide apportĂ©e par Marie pour sauver la ville », indique le communiquĂ©.

 

Personnalités marquantes et héritage marial
Le message met en avant des personnalités américaines marquantes telles Elizabeth Ann Seton, Frances Xavier Cabrini et Fulton Sheen, qui ont consacré leur vie à glorifier Dieu en servant les autres et ont conservé une profonde dévotion à Marie.

Le prĂ©sident mentionne la basilique du sanctuaire national de l’ImmaculĂ©e Conception, situĂ©e au cƓur de la capitale nationale, qui honore Marie en tant que plus grande Ă©glise d’AmĂ©rique du Nord. Il souligne Ă©galement que prĂšs de 50 universitĂ©s amĂ©ricaines portent le nom de Marie et que l’hymne « Ave Maria » reste cher Ă  d’innombrables citoyens.

 

Une priĂšre pour la paix mondiale
Dans son message, Trump fait rĂ©fĂ©rence Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale, lorsque le pape BenoĂźt XV a commandĂ© et consacrĂ© une statue de Marie, Reine de la Paix, portant l’enfant JĂ©sus avec un rameau d’olivier afin d’encourager les fidĂšles chrĂ©tiens Ă  suivre son exemple de paix en priant pour la fin de la guerre. « Quelques mois plus tard, la PremiĂšre Guerre mondiale prenait fin », conclut le prĂ©sident.

 

« Aujourd’hui, nous nous tournons une fois de plus vers Marie pour trouver l’inspiration et le rĂ©confort, tandis que nous prions pour la fin de la guerre et pour une nouvelle Ăšre durable de paix, de prospĂ©ritĂ© et d’harmonie en Europe et dans le monde entier », ajoute le communiquĂ©.

 

Le « Je vous salue Marie » inclus dans le message officiel
De maniĂšre inĂ©dite, Trump inclut dans son message prĂ©sidentiel la priĂšre complĂšte du « Je vous salue Marie ». Le message se termine en reconnaissant « avec une gratitude totale » le rĂŽle de Marie « dans la promotion de la paix, de l’espoir et de l’amour en AmĂ©rique et au-delĂ  de nos cĂŽtes », alors que les Etats-Unis approchent du 250e anniversaire de leur indĂ©pendance.

 

Message prĂ©sidentiel Ă  l’occasion de la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception


Aujourd’hui, je rends hommage Ă  tous les AmĂ©ricains qui cĂ©lĂšbrent le 8 dĂ©cembre comme un jour sacrĂ© en l’honneur de la foi, de l’humilitĂ© et de l’amour de Marie, mĂšre de JĂ©sus et l’une des figures les plus importantes de la Bible.

 

Lors de la fĂȘte de l’ImmaculĂ©e Conception, les catholiques cĂ©lĂšbrent ce qu’ils croient ĂȘtre la libertĂ© de Marie du pĂ©chĂ© originel en tant que mĂšre de Dieu. Elle est entrĂ©e pour la premiĂšre fois dans l’histoire en tant que jeune fille lorsque, selon les Ecritures, l’ange Gabriel l’a saluĂ©e dans le village de Nazareth avec la nouvelle d’un miracle : « Je te salue, pleine de grĂące ! Le Seigneur est avec toi », lui annonçant qu’elle « concevra dans son sein et enfantera un fils, et elle lui donnera le nom de JĂ©sus ».

 

Dans l’un des actes les plus profonds et les plus transcendants de l’histoire, Marie a hĂ©roĂŻquement acceptĂ© la volontĂ© de Dieu avec confiance et humilitĂ© : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole. » La dĂ©cision de Marie a changĂ© Ă  jamais le cours de l’humanitĂ©. Neuf mois plus tard, Dieu s’est fait homme lorsque Marie a donnĂ© naissance Ă  un fils, JĂ©sus, qui allait offrir sa vie sur la croix pour la rĂ©demption des pĂ©chĂ©s et le salut du monde.

 

Depuis prĂšs de 250 ans, Marie joue un rĂŽle de premier plan dans notre grande histoire amĂ©ricaine. En 1792, moins d’une dĂ©cennie aprĂšs la fin de la guerre d’indĂ©pendance, l’évĂȘque John Carroll, premier Ă©vĂȘque catholique des Etats-Unis et cousin du signataire de la DĂ©claration d’indĂ©pendance Charles Carroll, a consacrĂ© notre jeune nation Ă  la mĂšre du Christ. Moins d’un quart de siĂšcle plus tard, les catholiques ont attribuĂ© Ă  Marie la victoire impressionnante du gĂ©nĂ©ral Andrew Jackson sur les Britanniques lors de la bataille dĂ©cisive de La Nouvelle-OrlĂ©ans. Chaque annĂ©e, les catholiques cĂ©lĂšbrent une messe d’action de grĂące Ă  La Nouvelle-OrlĂ©ans le 8 janvier en mĂ©moire de l’aide apportĂ©e par Marie pour sauver la ville.

 

Au fil des siĂšcles, des lĂ©gendes amĂ©ricaines telles qu’Elizabeth Ann Seton, Frances Xavier Cabrini et Fulton Sheen, qui ont consacrĂ© leur vie Ă  glorifier Dieu au service des autres, ont professĂ© une profonde dĂ©votion Ă  Marie.

 

La basilique du sanctuaire national de l’ImmaculĂ©e Conception, situĂ©e au cƓur de la capitale de notre nation, honore Marie en tant que plus grande Ă©glise d’AmĂ©rique du Nord. L’hymne intemporel « Ave Maria » reste trĂšs cher Ă  d’innombrables citoyens. Elle a inspirĂ© la crĂ©ation d’innombrables Ă©glises, hĂŽpitaux et Ă©coles. PrĂšs de 50 collĂšges et universitĂ©s amĂ©ricains portent le nom de Marie.

 

Et dans quelques jours, le 12 dĂ©cembre, les catholiques des Etats-Unis et du Mexique cĂ©lĂ©breront la dĂ©votion inĂ©branlable Ă  Marie qui a pris naissance au cƓur du Mexique, oĂč se trouve aujourd’hui la magnifique basilique Notre-Dame de Guadalupe, en 1531. A l’approche du 250e anniversaire de la glorieuse indĂ©pendance amĂ©ricaine, nous reconnaissons et rendons grĂące, avec une profonde gratitude, au rĂŽle de Marie dans la promotion de la paix, de l’espoir et de l’amour aux Etats-Unis et au-delĂ  de nos cĂŽtes.

 

Il y a plus d’un siĂšcle, en pleine PremiĂšre Guerre mondiale, le pape BenoĂźt XV, chef de l’Eglise catholique romaine, a commandĂ© et consacrĂ© une majestueuse image de Marie, Reine de la Paix, avec l’enfant JĂ©sus dans ses bras et une branche d’olivier, afin d’encourager les fidĂšles chrĂ©tiens Ă  suivre son exemple de paix et Ă  prier pour la fin de l’horrible carnage. Quelques mois plus tard, la PremiĂšre Guerre mondiale prenait fin.

Aujourd’hui, nous nous tournons Ă  nouveau vers Marie pour trouver inspiration et rĂ©confort, tout en priant pour la fin de la guerre et pour une nouvelle Ăšre durable de paix, de prospĂ©ritĂ© et d’harmonie en Europe et dans le monde entier.

 

En son honneur, et en ce jour si spécial pour nos citoyens catholiques, nous nous souvenons des paroles sacrées qui ont apporté aide, réconfort et soutien à des générations de croyants américains dans les moments difficiles :

Je vous salue Marie, pleine de grĂące, le Seigneur est avec vous. Tu es bĂ©nie entre toutes les femmes et JĂ©sus, le fruit de tes entrailles, est bĂ©ni. Sainte Marie, MĂšre de Dieu, prie pour nous, pauvres pĂ©cheurs, maintenant et Ă  l’heure de notre mort. Amen.

 

(Source : InfoCatolica – FSSPX.ActualitĂ©s)

En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

07/12/2025

En saluant Marie “pleine de grĂące”, nous dĂ©sirons l’auteur de la grĂące

"La RĂ©vĂ©lation annonce une lumiĂšre qui brille dans les tĂ©nĂšbres et que les tĂ©nĂšbres ne pourront arrĂȘter, une lumiĂšre vĂ©ritable qui Ă©claire, rĂ©jouit et rĂ©chauffe les cƓurs. En ce jour de l’ImmaculĂ©e Conception, nous fĂȘtons la clartĂ© qui commence Ă  poindre comme une espĂ©rance invincible. À Lyon, la ville se pare de milliers de lumiĂšres en l’honneur de la Vierge ImmaculĂ©e qui est honorĂ©e en son sanctuaire de FourviĂšre. À Rome, le Pape se rendra comme chaque annĂ©e place d’Espagne devant la statue de l’ImmaculĂ©e Conception que le bienheureux Pie IX avait fait Ă©riger Ă  la suite de la proclamation du dogme en 1854. Comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, LĂ©on XIV accomplira ce pĂšlerinage pour confier Ă  Marie Rome et tous ses habitants. À Lourdes, nous faisons mĂ©moire de la parole que la belle dame prononça lors de la seiziĂšme apparition, le 25 mars 1858 : "Je suis l’ImmaculĂ©e Conception."

 

"Pleine de grĂące"
"Partout dans le monde, les fidĂšles du Christ se rassemblent pour cĂ©lĂ©brer joyeusement celle qui "est resplendissante de beautĂ©" (PrĂ©face de la messe du 8 dĂ©cembre). À Nazareth, l’ange Gabriel en fut le premier Ă©merveillĂ© : "Je te salue, ComblĂ©e-de-grĂąces, le Seigneur est avec toi" (Lc 1, 28). Cette salutation est devenue la priĂšre quotidienne des croyants. Dans le chapelet, ils rĂ©pĂštent inlassablement ces paroles avec confiance. L’admiration de l’ange Gabriel se communique ainsi aux fidĂšles. À chaque "Je vous salue Marie", le ciel et la terre se rejoignent pour saluer celle qui est remplie de grĂące.

 

"Que disons-nous lorsque nous appelons Marie "pleine de grĂące" ? Nous n’admirons pas une hĂ©roĂŻne qui aurait poussĂ© Ă  son maximum les capacitĂ©s humaines par ses exploits d’ascĂšse et de vertus. Nous ne chantons pas celle qui aurait atteint par ses efforts la plus grande perfection humaine. Avec l’ange du Seigneur, nous nous tournons vers la femme qui dĂšs le moment de sa conception a reçu la grĂące divine au point d’ĂȘtre prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ© et de toutes ses consĂ©quences. Marie est d’abord toute rĂ©ceptive Ă  l’action divine. Elle reçoit le don de Dieu en y opposant aucune rĂ©sistance, ni aucun doute. Bien plus, elle l’accueille avec foi et gratitude. Au jour de l’Annonciation, elle est toute bouleversĂ©e, elle ne comprend pas tout, mais elle offre Ă  Dieu une parfaite obĂ©issance. La jeune Marie manifeste cette docilitĂ© Ă  la grĂące lorsqu’elle rĂ©pond Ă  l’ange : "Que tout m’advienne selon ta parole."

 

"Le dĂ©sir de l’imiter"
"En l’appelant "pleine de grĂące", grandit en nous le dĂ©sir de l’imiter, de nous laisser modeler par l’Esprit-Saint et ainsi d’ĂȘtre "saints et immaculĂ©s dans l’amour" (Ep 1, 4). Nous choisissons de ne pas nous appuyer sur nos propres forces mais sur la grĂące de Dieu qui seule peut transformer les cƓurs les plus endurcis. Saluer Marie comme pleine de grĂące conduit enfin Ă  dĂ©sirer ardemment l’auteur de la grĂące. La beautĂ© de la Servante nous pousse Ă  adorer son CrĂ©ateur et Sauveur. Au cƓur de chaque "Je vous salue Marie", le nom de JĂ©sus est proclamĂ© : "Et JĂ©sus le fruit de vos entrailles est bĂ©ni." C’est une vĂ©ritable profession de foi !

"L’ImmaculĂ©e Conception de Marie est l’aurore qui annonce avec certitude la lumiĂšre du Christ qui Ă©claire tout homme. Lui-mĂȘme se tient Ă  la porte de nos cƓurs et frappe. Il nous donne sa grĂące. Il n’attend qu’une seule chose ! Que nous rĂ©pondions Ă  son appel comme Marie : "Que tout m’advienne selon ta parole" (Lc 1, 38) ! C’est ainsi que nous deviendrons toujours davantage des fils de la lumiĂšre capables de transmettre Ă  tous l’EspĂ©rance qui ne déçoit pas."

 

Source : Aleteia

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

06/12/2025

Lancement d’une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

Pourtant, tous les sondages sĂ©rieux montrent l’inverse : non seulement la demande d’euthanasie n’est pas une attente du pays mais elle baisse.

 

C’est prĂ©cisĂ©ment pour briser ce rĂ©cit politico-mĂ©diatique, portĂ© par une Ă©lite et un audiovisuel public qui verrouillent le dĂ©bat, que nous lançons une pĂ©tition : Euthanasie, ne nous laissons pas abattre !

 

Elle met en lumiĂšre ce que beaucoup sentent confusĂ©ment : une manipulation de l’opinion, une tentative d’imposer Ă  marche forcĂ©e une loi qui ferait basculer notre sociĂ©tĂ© dans une logique d’abandon des plus fragiles.

 

Notre objectif est simple : rendre la parole Ă  cette majoritĂ© silencieuse, souvent peu mobilisĂ©e (supprimer “sur ces sujets”) mais lucide face aux dĂ©rives de ce dĂ©bat confisquĂ©. Vous pouvez nous (supprimer “y”) aider.

 

Alors que les discussions reprennent au SĂ©nat dĂšs janvier (en commission la semaine du 12, en sĂ©ance Ă  partir du 20 et vote solennel le 28 janvier), chaque signature compte rĂ©ellement. Une pĂ©tition ne change pas seule le cours des choses, mais elle peut inflĂ©chir des votes, convaincre des indĂ©cis, soutenir des initiatives alternatives en cours et rappeler qu’une autre voie existe : celle du soin, de la solidaritĂ©, et du refus de faire de la mort une rĂ©ponse politique.

 

👉 Signez et faites signer autour de vous : https://stop-euthanasie.fr

 

 

En brisant le mythe idĂ©ologique du consensus, nous pouvons empĂȘcher que la France franchisse une ligne qui ne se franchit qu’une fois.

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

05/12/2025

Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse

Rome – « Je prĂ©fĂšre ne pas en dire plus. » « « Je vais en Afrique pour confirmer dans la foi et visiter les lieux saints d'Augustin. » « Je crois fermement au secret du conclave. » La premiĂšre confĂ©rence de presse de LĂ©on XIV dans l'avion est un manifeste pour la presse, habituĂ©e ces derniĂšres annĂ©es Ă  des dĂ©clarations telles que « T'es une tapette », « Ils aboient aux portes de la Russie », « Si tu offenses ma mĂšre, tu auras un coup de poing », « Ce qui s'est passĂ© au conclave, c'Ă©tait
 »  Le pape amĂ©ricain change de ton et redonne Ă  la papautĂ© ses lettres de noblesse, de spiritualitĂ© et de courtoisie. 


Le premier voyage apostolique international de LĂ©on XIV s'est rĂ©cemment achevĂ© au Liban , derniĂšre Ă©tape d'une visite marquĂ©e par des gestes publics de rĂ©confort et un message d'espĂ©rance adressĂ© aux fidĂšles libanais. Entre Beyrouth , Annaya et Harissa , le Pape a rencontrĂ© des communautĂ©s meurtries – priant Ă©galement devant le mĂ©morial de la terrible explosion d'aoĂ»t 2020 – et a conclu son voyage en cĂ©lĂ©brant la messe et en lançant au peuple une invitation Ă  une fraternitĂ© possible, par-delĂ  toutes les frontiĂšres nationales et religieuses. En Turquie, l'accueil des Églises a donnĂ© au voyage une dimension ƓcumĂ©nique concrĂšte, tandis qu'au Liban, notamment parmi les jeunes, l'enthousiasme Ă©tait palpable , unanime , irrĂ©sistible : des milliers de jeunes ont entourĂ© le Pontife comme on le fait avec celui qui rouvre l'avenir, non seulement par ses paroles, mais aussi par sa prĂ©sence. LĂ©on XIV a vĂ©cu ces journĂ©es visiblement Ă©mu, non par un triomphe personnel, mais par la preuve de son appartenance : un peuple qui ne rĂ©clame pas de symbole, mais se reconnaĂźt en un pĂšre.

 

Le comportement de la presse

La presse internationale a accueilli l'Ă©vĂ©nement avec une froideur surprenante, voire une attention distraite, bien loin de l'implication qui a gĂ©nĂ©ralement accompagnĂ© les apparitions publiques du Pape ces treize derniĂšres annĂ©es. MĂȘme sa visite Ă  la mosquĂ©e a Ă©tĂ© marquĂ©e par un comportement mĂ©diatique typique de ces journalistes plus enclins Ă  la manipulation qu'Ă  l'information.

 

D'un cÎté, certains ont tenté de déformer les propos du Pontife pour leur donner un ton anti-islamique; de l'autre, d'autres ont préféré garder le silence, voire remettre en question la véracité des propos rapportés de l'imam. Mais SilÚre non possum confirme sans l'ombre d'un doute que la seule réponse du Pape à l'invitation de l'imam à se joindre à la priÚre fut un simple « Non, merci » : une réponse directe, dénuée de toute connotation polémique, suivie du choix explicite de poursuivre sa visite au lieu de culte musulman.

 

Ce refus calme et contextualisĂ© n'indique pas une rupture, mais une cohĂ©rence ecclĂ©siologique et un respect interreligieux . Dans la tradition islamique, en effet, la priĂšre d'un non-musulman dans une mosquĂ©e peut ĂȘtre perçue comme un geste dĂ©placĂ©, voire comme une parodie involontaire du sacrĂ© . LĂ©on XIV, en tant que chef de l'Église catholique, a donc choisi une posture non mimĂ©tique, Ă©vitant les gestes qui auraient pu paraĂźtre inauthentiques, tout en manifestant une prĂ©sence dialogique rĂ©elle, poursuivant la rencontre avec les fidĂšles musulmans comme un signe incontestable de considĂ©ration , et non de confusion religieuse.

 

Des moments de joie, parfois mĂȘme lĂ©gers et ironiques, ont marquĂ© plusieurs Ă©tapes du voyage, vĂ©cus par le Pape avec une simplicitĂ© authentique qui a confĂ©rĂ© aux rencontres un climat de sĂ©rĂ©nitĂ© manifeste, jamais construite autour d'une table. LĂ©on XIV est apparu Ă  plusieurs reprises visiblement Ă©mu par la profondeur des tĂ©moignages reçus et par la portĂ©e rĂ©elle de ses paroles, qui dĂ©passaient le cadre protocolaire pour atteindre le cƓur mĂȘme de ses discours : des paroles vraies, ancrĂ©es dans la vie. Capable de produire un impact perceptible sur les personnes qu'il rencontrait, le Pape proposait aux jeunes des idĂ©es concrĂštes pour la vie quotidienne de leur foi : non pas des slogans vagues, mais des suggestions pratiques, ancrĂ©es dans les questions existentielles qui marquent leur gĂ©nĂ©ration. Une approche qui actualise le langage de la proximitĂ© pastorale sans perdre la cohĂ©rence doctrinale, parlant de l' Évangile incarnĂ©, et non d'abstractions spirituelles.

 

Pourtant, la presse internationale a largement optĂ© pour une couverture mĂ©diatique minimale, nettement infĂ©rieure Ă  celle rĂ©servĂ©e aux dĂ©clarations du Pape François, avec lequel de nombreux correspondants avaient tissĂ© une relation lucrative et gratifiante. Le cortĂšge apostolique suivant le Pontife comprenait de nombreux journalistes accrĂ©ditĂ©s au Vatican, dont la prĂ©sence semble souvent dĂ©terminĂ©e non par la compĂ©tence professionnelle, mais par les liens Ă©troits – personnels ou Ă©ditoriaux – que leurs journaux respectifs entretiennent depuis des annĂ©es avec le Bureau de presse du Vatican. Un dĂ©tail significatif : un nombre croissant de journalistes choisissent de ne plus prendre l’avion, non seulement en raison d’un climat interne Ă©touffant, mais aussi Ă  cause d’un modĂšle opĂ©rationnel qui relĂšve davantage de la logistique préétablie que du journalisme. 

 

Les dĂ©placements lors des voyages apostoliques se font en groupe, dans des minibus affrĂ©tĂ©s par le Saint-SiĂšge, et les nuitĂ©es sont effectuĂ©es dans des hĂŽtels de luxe partenaires, choisis selon des critĂšres de confort et d’intĂ©gration systĂ©mique, plutĂŽt que d’autonomie professionnelle. Bien que les correspondants aient accĂšs aux Ă©vĂ©nements papaux depuis des points de vue privilĂ©giĂ©s, l’indĂ©pendance reste l’exception dans les articles publiĂ©s. La couverture se rĂ©duit souvent Ă  un simple copier - coller des informations diffusĂ©es par le Bureau de presse du Vatican, produisant un rĂ©cit dĂ©nuĂ© d’émotion et incapable de prĂ©senter une analyse authentique des faits. Le contraste avec le passĂ© est saisissant : autrefois, le moindre Ă©ternuement du pape François aurait suscitĂ© un tel intĂ©rĂȘt. Avec une couverture mĂ©diatique amplifiĂ©e, il n'y a mĂȘme plus de place pour un seul article. Ce modĂšle – pratique pour ceux qui le mettent en Ɠuvre, peu utile pour ceux qui le lisent – ​​produit un effet secondaire bien connu des rĂ©dactions : l'accoutumance au privilĂšge logistique engendre un discours dĂ©fensif et parfois un ressentiment narratif lorsque le protagoniste cesse d'alimenter ce besoin d'exclusivitĂ©. Le problĂšme n'est donc pas la critique du pontificat, lĂ©gitime et nĂ©cessaire si elle s'appuie sur les faits, mais le ton rĂ©actif qui Ă©merge lorsque l'histoire ne dĂ©coule plus d'une relation fonctionnelle, mais d'une perte de valeur symbolique. Le problĂšme de fond demeure : si l'histoire du Pape devient « ennuyeuse », ce n'est pas par manque de contenu, mais par appauvrissement du regard journalistique, qui privilĂ©gie la fonction au phĂ©nomĂšne, le positionnement Ă  la rencontre, la commoditĂ© du format Ă  la complexitĂ© du rĂ©el. Or, le journalisme, lorsqu'il cesse de tĂ©moigner et se contente de reproduire, ne gagne pas en rigueur : il devient simplement l'Ă©cho du pouvoir.

 

Vol pour Rome :  les derniers dĂ©tails

MĂȘme sur le  vol  retour vers Rome, comme nous l'avons mentionnĂ© en introduction, LĂ©on XIV a bouleversĂ© les normes Ă©tablies des experts du Vatican, habituĂ©s depuis des annĂ©es aux dĂ©clarations parfois indiscrĂštes du pape François : de ses confidences politiques improvisĂ©es Ă  l'acceptation de formules familiĂšres, du passage controversĂ© sur les homosexuels lors du voyage apostolique au fameux « si vous offensez ma mĂšre, je vous frappe ». InterrogĂ© par l'experte du Vatican Cindy Wooden – heureusement proche de la retraite, tandis que l'arrivĂ©e d'un jeune expert amĂ©ricain, et surtout catholique, est dĂ©jĂ  espĂ©rĂ©e – qui souhaitait des prĂ©cisions sur le conclave, LĂ©on a rĂ©pondu en ramenant la question Ă  un tout autre niveau : « Concernant le conclave, je crois absolument au secret du conclave, mĂȘme si je sais que certaines choses ont Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es lors d'interviews publiques. » Non pas l'accroche espĂ©rĂ©e, non pas l'indiscrĂ©tion, mais un rappel des limites, des frontiĂšres, du sens d'une institution qui ne peut ĂȘtre dissĂ©quĂ©e Ă  des fins de divertissement.

 

Bien plus qu'une simple rĂ©ponse : une perturbation dĂ©libĂ©rĂ©e du cadre de pensĂ©e de ceux qui, ces derniĂšres annĂ©es, ont spĂ©culĂ© sur chaque parole papale. LĂ©on XIV a renversĂ© la position du Pontificat face aux « prĂ©dateurs du micro », cette horde de journalistes Ă  sensation qui, prĂȘts Ă  Ă©craser les personnes et le bien de l'Église pour alimenter une simple impression, se sont retrouvĂ©s dĂ©trĂŽnĂ©s par un pape qui ne rĂ©cite pas leur texte. 

 

InterrogĂ© sur son prochain voyage apostolique, LĂ©on XIV ne se lance pas dans une hypothĂšse gĂ©opolitique ni ne laisse place Ă  la moindre thĂ©orie du complot : il dit Afrique. Mais surtout, il explique la raison, passĂ©e inaperçue des vaticanistes : « pour affermir la foi ». Non pas pour flatter les inepties des journalistes athĂ©es qui pullulent au Bureau de presse du Saint-SiĂšge, mais pour rĂ©affirmer le seul mandat d'un pape : ĂȘtre un gardien de la foi, et non un aliment pour les mĂ©dias sensationnalistes.  Et il ajoute, avec la prĂ©cision de quelqu'un qui possĂšde une vĂ©ritable spiritualitĂ© :  Â« J'aimerais aller en AlgĂ©rie pour visiter les lieux de saint Augustin. » PrĂ©vost reste profondĂ©ment attachĂ© Ă  Augustin, un homme qu'il suit depuis le dĂ©but de sa vocation. MĂȘme l'ironie se fait tranchante face Ă  un journalisme autorĂ©fĂ©rentiel. Le pape explique : « Je ne sais pas si j'ai dit "waouh" hier soir. Mon visage est trĂšs expressif, et j'aime souvent observer comment les journalistes l'interprĂštent. Parfois, vous m'inspirez de bonnes idĂ©es, car vous pensez pouvoir lire dans mes pensĂ©es ou sur mon visage. Mais vous n'avez pas toujours raison. Vous n'avez pas toujours raison. » Une pique claire Ă  l'encontre de ceux qui
 Les journalistes qui, ces derniers mois, depuis son Ă©lection, ont tentĂ© de le cataloguer selon sa façon de s'habiller, de parler et de s'exprimer, ont mis fin aux spĂ©culations. Prevost se rĂ©vĂšle ĂȘtre un homme d'une grande spiritualitĂ©, qui  refuse toute manipulation. Le Pape fait taire les rumeurs et rĂ©vĂšle ce qu'a toujours Ă©tĂ© le Successeur de Pierre – et ce que de nombreux journalistes ont eu intĂ©rĂȘt Ă  nous faire oublier – : un homme de priĂšre, de paternitĂ© spirituelle et de foi inĂ©branlable. Un Pape, et non un commentateur de second plan.