Le blog du Temps de l'Immaculée.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 Avril 25 Mai 25 Juin25 Mars 25 Fev.25 Jan 25 Juil 25 Aout 25 Sept 25 Oct 25 Nov 25
La derniÚre bouée de sauvetage

17/11/2025

La derniÚre bouée de sauvetage

L'idolĂątrie de Salomon commença donc lorsqu'il chercha des Ă©pouses hors d'IsraĂ«l. À l'Ă©poque oĂč Achab rĂ©gnait sur IsraĂ«l avec la perfide JĂ©zabel, la loyautĂ© envers Dieu pouvait coĂ»ter la vie. Abdias, maĂźtre de la maison d'Achab, dut cacher cent cinquante prophĂštes du Seigneur dans une grotte pour les protĂ©ger de la haine meurtriĂšre de JĂ©zabel.

 

Comme si cela ne suffisait pas, Achaz, roi de Juda, se tournant vers les dieux d’Assyrie, « fit briser les ustensiles de la maison de Dieu, ferma les portes de la maison de l’Éternel et construisit des autels Ă  tous les coins de JĂ©rusalem » (2 Chroniques 28:24). Nul doute qu’Achaz se considĂ©rait comme un homme religieux.

 

Lorsque la situation est devenue si critique, pour retrouver la sérénité, il faut parfois arracher le mal à la racine. Le saint roi Josias ne s'est pas contenté d'encourager le culte du vrai Dieu tout en tolérant l'idolùtrie, si répandue et si puissante, en son sein. DÚs qu'il fut en ùge de gouverner, « il commença à purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, des bosquets sacrés, des idoles et des statues de métal fondu », brisant les autels de Baal, réduisant les idoles en poussiÚre et la répandant sur les tombes de ceux qui leur avaient offert des sacrifices. (2 Chroniques 34:3-4)

 

Alors le vĂ©ritable renouveau put commencer. Il fit rĂ©parer le Temple, et le grand prĂȘtre Hilkija, fouillant un ancien lieu abandonnĂ©, « trouva un livre de la loi de l’Éternel, donnĂ© par MoĂŻse » (34:14). Peut-ĂȘtre le prĂȘtre savait-il oĂč il se trouvait depuis toujours. Josias lut alors le livre devant tout le peuple de JĂ©rusalem, fit vƓu de respecter les commandements de l’Éternel et exigea du peuple qu’il en fasse autant.

 

La réforme de Josias eut un certain impact durable, se poursuivant tout au long de son rÚgne et conservant une certaine influence par la suite, malgré quelques rechutes. Seules la destruction de Jérusalem et la captivité à Babylone suffirent à ramener le peuple vers le Seigneur.

 

Pourtant, je suis certain qu'avant cela, les gens s'étaient habitués à l'idolùtrie. Pluralistes et tolérants, tous autant qu'ils sont ! Et si l'on sacrifiait des nourrissons à Moloch (image) ? Les bébés n'ont pas encore de vie.

 

Et si certains apprĂ©ciaient la prostitution rituelle et la sodomie dans le culte des Baals ? Hiel est peut-ĂȘtre allĂ© un peu trop loin en reconstruisant JĂ©richo sous le rĂšgne d’Achab, en posant ses fondations dans le corps de son fils aĂźnĂ© Abiram et en plantant les portes dans celui de son plus jeune fils Segub (1 Rois 16:34), mais qui pourrait s’en offusquer, sinon un personnage comme ce brigand Ă  moitiĂ© fou qu’est Élie ?

 

Nous sommes aujourd'hui en proie Ă  un flĂ©au grave et gĂ©nĂ©ralisĂ©. Aux États-Unis, entre 2 500 et 3 000 enfants meurent chaque jour dans le ventre de leur mĂšre. Nombreux sont ceux qui dĂ©noncent ces meurtres et qui tolĂšrent sans problĂšme une pratique liĂ©e Ă  l'avortement, tout aussi abominable, voire plus destructrice encore pour la civilisation humaine : la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e et la congĂ©lation d'embryons non dĂ©sirĂ©s.

 

Le mariage est en chute libre, tout comme le taux de natalité. De nombreux quartiers sont déserts la majeure partie, voire la totalité, de la journée, ce qui signifie qu'ils ne sont plus des quartiers, mais seulement des lieux.

 

La pornographie est omniprésente. Les bibliothÚques accueillent des drag queens qui lisent aux jeunes enfants des histoires qui imprÚgnent leurs esprits de perversion. Le contre nature est glorifié et, dans de nombreux lieux de travail, il est imposé si constamment qu'il est difficile de passer une journée sans au moins s'y soumettre.

 

Des enfants sont mutilĂ©s, et on applaudit ces mutilations, en prĂ©tendant qu'un garçon peut devenir une fille ou une fille un garçon. La confusion est si rĂ©pandue et contagieuse que la langue elle-mĂȘme se tord et se dĂ©forme pour s'y conformer. Imaginez devoir expliquer Ă  quelqu'un, il y a encore peu de temps, qu'on pouvait utiliser le « mauvais » pronom pour parler de quelqu'un, juste devant vous.

 

Dans cette situation effroyable, l'Église reprĂ©sente le dernier espoir. Ses enseignements condamnent cette folie multiforme. Elle promeut et confirme ce qui est sain et conforme Ă  la nature humaine.

 

Elle dĂ©fend la valeur inestimable de la vie humaine dans le sein maternel. Elle condamne la rupture du lien conjugal dĂšs la conception des enfants, que ce soit par contraception ou par procrĂ©ation. Elle autorise la sĂ©paration mais interdit le divorce. Ses doctrines – hĂ©las, pas toujours appliquĂ©es par ses ministres – protĂšgent l’innocence des enfants.

 

Elle est convaincue de la bonté de l'homme et de la femme, et elle ne tolÚre pas la stérilisation qui s'ensuit nécessairement lorsqu'on mutile des organes sexuels sains pour affirmer un fantasme.

 

Mais le signe le plus visible de sa santĂ© mentale est peut-ĂȘtre ce qui embarrasse aujourd'hui nombre de ses dirigeants et de ses disciples : le sacerdoce masculin.

 

J'accepte l'argument selon lequel une femme ne peut véritablement accomplir le sacrifice de la messe in persona Christi, puisque Jésus était un homme et non une femme. Mais nous ne pouvons nous en tenir là. S'il est bon pour nous qu'il y ait un sacerdoce exclusivement masculin, nous devons en connaßtre la raison.

 

Cette question ne concerne pas l'homme seul devant l'autel, mais le sens mĂȘme de la virilitĂ© et de la fraternitĂ© sacerdotale. Puisque la grĂące s'appuie sur la nature, nous ne devrions pas considĂ©rer une telle fraternitĂ© comme une exception.  Elle devrait ĂȘtre un modĂšle de sagesse.  Ce ne sont pas seulement les prĂȘtres qui devraient s'unir dans la fraternitĂ©.

 

Nous ne sommes pas en position de reprocher Ă  l'Église de ne pas s'adapter Ă  son Ă©poque. Notre Ă©poque est mauvaise. Pire encore : elle est folle. L'Église est notre bouĂ©e de sauvetage. Rendons grĂące Ă  Dieu et saisissons-la sans hĂ©siter.

 

Anthony Esolen, The Catholic Thing

 

Anthony Esolen est conférencier, traducteur et écrivain. Parmi ses ouvrages figurent *Out of the Ashes: Rebuilding American Culture* , * Nostalgia: Going Home in a Homeless World * et, plus récemment, *The Hundredfold: Songs for the Lord *. Il est professeur émérite au Thales College. N'hésitez pas à visiter son nouveau site web, *Word and Song* .

 

L'affirmation identitaire musulmane : quand le rigorisme défie la France

17/11/2025

L'affirmation identitaire musulmane : quand le rigorisme défie la France

Le rigorisme s'installe, marqué par la banalisation du port du voile, le rejet de la mixité et une conviction, non marginale, que la charia devrait prévaloir sur les lois de la République. La sympathie pour les mouvances islamistes vient compléter ce tableau préoccupant.

 

Cette situation, jugée inquiétante, est le résultat de décennies de laisser-faire, de lùcheté ou d'indifférence face à la nécessité de défendre fermement la laïcité et de valoriser l'héritage judéo-chrétien de la France, dont le recul coupable du catholicisme a laissé un vide. Quarante ans aprÚs les premiÚres affaires du voile, la société française continue de tergiverser sur les limites de la tolérance.

 

Mener la bataille culturelle et spirituelle qui s'impose est d'autant plus difficile que le rapport de force est déséquilibré. Toute critique se heurte immédiatement à l'accusation d'islamophobie, de réactionnarisme ou de racisme, amplifiée par les réseaux sociaux.

Le dĂ©fi est exacerbĂ© par le cynisme politique d'une partie de la gauche. Par pur clientĂ©lisme Ă©lectoral, cette frange, symbolisĂ©e par Jean-Luc MĂ©lenchon et La France insoumise, a choisi de se faire l'alliĂ©e de l'islam radical. Estimant que le jeune musulman victime de discrimination est le nouveau "prolĂ©taire", cet Ă©lectorat primo-votant est considĂ©rĂ© comme un carburant stratĂ©gique pour les Ă©chĂ©ances Ă©lectorales futures. L'appel Ă  l'« insoumission » et Ă  l'affichage de drapeaux palestiniens aprĂšs le 7 octobre 2023 illustre cette dĂ©rive, oĂč l'ancien « grand bouffeur de curĂ©s », aprĂšs avoir Ă©tĂ© enfant de chƓur, finit par flatter une mouvance religieuse rigoriste, trahissant les principes historiques de la gauche.

 

La France est Ă  un carrefour : confrontĂ©e Ă  un rigorisme religieux croissant et Ă  un opportunisme politique dĂ©complexĂ©, elle va enfin comprendre que le modĂšle de sociĂ©tĂ© issu de la RĂ©volution est ... rĂ©volu. Le vieux peuple gaulois qui a abandonnĂ© son Dieu ne sait plus oĂč il habite et se couchera quand les conquĂ©rants se lĂšveront. Il n'y aura pas de guerre civile. 


Le combat qui vient est hautement et seulement spirituel. Et sous le régime islamique, le califat qui vient, si Dieu le veut et suscite des ùmes, une grande conversion se produira comme en témoignent déjà les prémices, et notre "nation prédestinée" comme l'a qualifiée St Pie X se lavera de ses souillures.

Sursum Corda ! C'est le temps de l'Immaculée !
 

Un BaptĂȘme ne Fait pas le ChrĂ©tien: Repenser le CatĂ©chumĂ©nat des Adultes

16/11/2025

Un BaptĂȘme ne Fait pas le ChrĂ©tien:  Repenser le CatĂ©chumĂ©nat des Adultes

L'AbbĂ© Vallançon insiste sur le fait que le manque de persĂ©vĂ©rance n'est pas une fatalitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle, mais le rĂ©sultat d'une pĂ©dagogie de catĂ©chumĂ©nat Ă  revoir. L'erreur principale, selon lui, est de faire du baptĂȘme un "temps fort" Ă©motionnel et extraordinaire. Cette "pĂ©dagogie du temps fort" mĂšne inĂ©vitablement Ă  une dĂ©sillusion lorsque la vie chrĂ©tienne ordinaire s'installe, caractĂ©risĂ©e par des pĂ©riodes de "sĂ©cheresse spirituelle" (comme l'enseignent les maĂźtres du Carmel).


Pour contrecarrer cela, la nouvelle orientation pastorale devrait :
1. DĂ©placer la Focalisation : Le baptĂȘme n'est qu'un moyen vers le Salut. Toute la pastorale doit ĂȘtre orientĂ©e vers la prĂ©paration Ă  la vie chrĂ©tienne en vue de la Vie Ă©ternelle, ce qui implique de vivre selon la loi de Dieu et de rejeter le pĂ©chĂ© mortel.
2. Renforcer la Doctrine : Sans une formation doctrinale et morale solide, la foi se réduit à une expérience et des sentiments "volatils". Il est essentiel de nourrir l'intelligence des convertis par un enseignement doctrinal pour les ancrer profondément dans le Christ.
3. Insister sur la PĂ©nitence : Le repentir des fautes passĂ©es est trop souvent sous-estimĂ©. Il faut inviter les catĂ©chumĂšnes Ă  une relecture de vie et au regret de leurs pĂ©chĂ©s en prĂ©paration du baptĂȘme, qui est la mort au pĂ©chĂ© et la rĂ©surrection dans le Christ.
4. Affirmer les Exigences Morales : Les convertis doivent ĂȘtre avertis que la sociĂ©tĂ© (relativisme, hĂ©donisme) fait obstacle Ă  la foi. En particulier, les couples non mariĂ©s doivent cĂ©lĂ©brer leur mariage immĂ©diatement aprĂšs le baptĂȘme — ou diffĂ©rer le sacrement — pour vivre rĂ©ellement dans l'Ă©tat de grĂące et ne pas "brader les exigences du Christ."
5. Valoriser le Lien Personnel à Dieu : Pour les néophytes (déjà baptisés), il est crucial de construire d'abord une relation profonde avec le Christ. C'est ce lien personnel qui les poussera à s'intégrer dans la paroisse et à accepter les inévitables déceptions de la vie communautaire.

 


En somme, l'urgence pour l'Église est de sortir d'un catĂ©chumĂ©nat qui prĂ©pare Ă  un Ă©vĂ©nement, pour entrer dans un processus qui prĂ©pare Ă  une vie de persĂ©vĂ©rance. La pĂ©dagogie de l'Évangile n'est pas celle de l'Ă©motion passagĂšre, mais celle de la fidĂ©litĂ© ordinaire, ancrĂ©e dans la doctrine, la priĂšre, les sacrements, et vĂ©cue dans la perspective des fins derniĂšres. L'enjeu n'est pas la communautĂ©, ni le sacrement lui-mĂȘme, mais bien le Salut.

 

Pour compléter cet article, je vous ajoute ci-aprÚs le commentaire de bon sens d'un participant du Forum Catholique sur cet article de France Catholique :


Je note les excellentes intuitions de l’abbĂ© Vallançon qui me paraissent en grande partie en phase avec ce que je peux observer Ă  mon niveau. Il y aurait bien sĂ»r beaucoup d’autres points Ă  Ă©voquer.


On a effectivement parfois tendance Ă  en faire trop sur l’intĂ©gration dans la vie communautaire. Tous les nĂ©ophytes ne sont pas forcĂ©ment demandeurs dans ce domaine, loin de lĂ . Simplement, ceux qui ont besoin de soutien de la communautĂ© doivent le trouver au moment oĂč ils en ont besoin. Les dĂ©ceptions dans ce domaine peuvent hĂ©las faire des dĂ©gĂąts.

 

Je pense aussi qu’il faut insister sur non seulement l’obligation, mais mĂȘme la nĂ©cessitĂ© absolue de la prĂ©sence Ă  la messe dominicale.

Chaque catĂ©chumĂšne fermement engagĂ© dans la voie du baptĂȘme doit savoir que dĂ©sormais, quelque soient les difficultĂ©s, doutes, questionnements qu’il traversera durant sa vie, il assistera Ă  la messe chaque dimanche, mĂȘme s’il se trouve dans un Ă©tat oĂč il ne peut communier. Ce qui peut arriver et arrivera dans la plupart des cas durant des pĂ©riodes plus ou moins longues, et c’est la marge de « respiration » dans la vie chrĂ©tienne qu’il faut permettre. En effet certains commandements peuvent nĂ©cessiter beaucoup du temps et de la maturitĂ© humaine pour pouvoir ĂȘtre observĂ©s avec rĂ©gularitĂ©, surtout dans la sociĂ©tĂ© actuelle. L’acquisition de certaines vertus s’effectue sur le temps long et chaque fidĂšle soit se sentir libre d’avancer Ă  son rythme. Cela signifie sortir de l’idĂ©ologie (rĂ©cente) de la « communion frĂ©quente » (comprendre: systĂ©matique) et insister dans ce domaine sur la qualitĂ© plus que sur la quantitĂ©/systĂ©maticitĂ©. Avant le XXe siĂšcle on ne communiait que rarement, en tout cas pas tous les dimanches, et ce n’était pas seulement un fruit d’une dĂ©rive jansĂ©niste (saint Louis IX par exemple ne communiait que cinq ou six fois dans l’annĂ©e!).

 

Mais en cas de « nuit des sens » ou de crise spirituelle prolongĂ©e, entendre la Parole de Dieu et assister au saint sacrifice au moins le dimanche est le dernier lien qui ne doit ĂȘtre rompu Ă  aucun prix, et qu’il faut conserver toute la vie, chaque jour, jusqu’à la mort.

 

Je note aussi avec tristesse que mĂȘme dans les milieux trĂšs pratiquants on n’apprend plus aux fidĂšles l’art de la priĂšre et qu’il n’y ait pas de rĂ©elle formation Ă  la vie spirituelle. La tradition de l’Eglise est pourtant extrĂȘmement riche sur ce point mais en dehors de quelques slogans sur la nĂ©cessitĂ© du chapelet quotidien, personne ne songe Ă  y puiser les principes fondamentaux de la vie intĂ©rieure.



Du nouveau Ă  propos de Traditionis Custodes ?

15/11/2025

Du nouveau Ă  propos de Traditionis Custodes ?

L’archevĂȘque Miguel Maury BuendĂ­a, nonce apostolique en Grande-Bretagne, a rĂ©cemment prononcĂ© un discours devant l’assemblĂ©e plĂ©niĂšre de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles, informant les Ă©vĂȘques que le Vatican se montrerait « gĂ©nĂ©reux » lorsqu’on lui demanderait de dĂ©roger aux restrictions imposĂ©es Ă  la liturgie traditionnelle, a dĂ©clarĂ© un haut dignitaire ecclĂ©siastique au journal The Pillar.

 

Selon une source prĂ©sente lors du discours, le nonce a expliquĂ© que mĂȘme si le pape LĂ©on « n’est pas disposĂ© Ă  changer [ Traditionis custodes ] , mais comme il existe de nombreux rites diffĂ©rents dans l’Église, il n’y a aucune raison d’exclure la messe traditionnelle en latin ».

 

« Les dĂ©tails Ă©taient un peu flous », a dĂ©clarĂ© une source. Mais le nonce a bien indiquĂ© que, mĂȘme si les curĂ©s des paroisses auraient toujours besoin de l’approbation de leurs Ă©vĂȘques pour cĂ©lĂ©brer le rite extraordinaire dans les Ă©glises paroissiales, et que les Ă©vĂȘques diocĂ©sains devraient toujours en faire la demande au DicastĂšre pour le Culte Divin, « LĂ©on demandera au cardinal Arthur [Roche, prĂ©fet du dicastĂšre] de faire preuve de clĂ©mence ».

 

Plus tĂŽt cette semaine, la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques d'Angleterre et du Pays de Galles a rencontrĂ© le nonce apostolique dans le cadre de son assemblĂ©e plĂ©niĂšre. À l'issue de cette rencontre, des informations ont commencĂ© Ă  circuler selon lesquelles le nonce aurait transmis au pape LĂ©on XIV l'intention d'autoriser plus largement la cĂ©lĂ©bration des offices liturgiques antĂ©rieurs au concile Vatican II.

 

Selon un ecclésiastique présent lors du discours du nonce, bien que le pape Léon n'ait pas été enclin à abroger le motu proprio de l'Úre François, « l'impression [que le nonce a donnée] était que le pape voulait que la porte reste ouverte et non pas qu'elle soit rétrécie ou fermée ».

 

« Ce n'était qu'un point parmi d'autres », a déclaré le nonce, a-t-on rapporté au journal The Pillar , et non le thÚme central de son discours.

Depuis l'élection du pape Léon XIV en début d'année, des spéculations circulent quant à la possibilité qu'il décide de revenir sur les exigences de Traditionis custodes , un motu proprio de 2021 émis par le pape François qui restreignait fortement la célébration de l'ancienne forme de la liturgie.

 

Parmi les nouvelles restrictions mises en place par le document, les Ă©vĂȘques peuvent dĂ©signer des lieux pour la poursuite de la cĂ©lĂ©bration de la liturgie prĂ©-Vatican II, mais pas dans les Ă©glises paroissiales ni par la crĂ©ation de nouvelles paroisses personnelles.

Toute exception Ă  cette rĂšgle requiert l'autorisation directe du DicastĂšre pour le Culte Divin. Les dĂ©rogations doivent ĂȘtre renouvelĂ©es tous les deux ans.

 

Ces restrictions ont provoqué un tollé, suscitant l'indignation tant des fidÚles assistant à la messe traditionnelle en latin que des critiques qui s'opposaient à l'ecclésiologie sous-jacente aux nouvelles rÚgles et à l' interprétation qu'en faisait le dicastÚre.

 

Les rĂ©actions des Ă©vĂȘques Ă  l' encyclique Traditionis custodes ont Ă©tĂ© trĂšs diverses, donnant lieu Ă  une mosaĂŻque de politiques. Dans certains diocĂšses, la messe traditionnelle en latin continue d'ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e presque comme avant la publication du motu proprio, tandis que dans d'autres, elle a Ă©tĂ© de facto interdite.

 

Certains diocÚses ont bénéficié d'une dispense initiale des normes de Traditionis custodes pour une période de transition de deux ans, mais sous le pape François, il était largement admis qu'aucune autre prolongation ne serait accordée.

 

Cependant, depuis l'accession au trĂŽne pontifical de LĂ©on XIII en mai, le DicastĂšre pour le Culte Divin a commencĂ© Ă  Ă©tendre ces dispenses et Ă  en examiner de nouvelles, ce qui a alimentĂ© les spĂ©culations selon lesquelles le nouveau pape pourrait ĂȘtre disposĂ© Ă  assouplir ou Ă  annuler les exigences créées par son prĂ©dĂ©cesseur.

 

Une source proche de la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques d'Angleterre et du Pays de Galles a dĂ©clarĂ© qu'il ressort des propos du nonce que le pape souhaite que la porte Ă  la cĂ©lĂ©bration de l'ancienne liturgie reste ouverte.

 

L'approche gĂ©nĂ©rale du pape semble ĂȘtre « Todos, todos, todos – y compris les fidĂšles de la messe tridentine », a dĂ©clarĂ© la source.

 

 

Source : The Pillar (USA)

Pourquoi trois papes affirment que « Le Maßtre de la Terre » a prédit notre époque

14/11/2025

Pourquoi trois papes affirment que « Le Maßtre de la Terre » a prédit notre époque

En 2015, lors d'un vol retour des Philippines vers le Vatican, le pape François dĂ©clara aux journalistes : « Il y a un livre
 il s'intitule Le MaĂźtre de la Terre. L'auteur est Benson
 Je vous suggĂšre de le lire. Sa lecture vous permettra de bien comprendre ce que j'entends par colonisation idĂ©ologique. » Il poursuivit en qualifiant le roman de prophĂ©tique, notamment au regard des Ă©volutions modernes telles que la laĂŻcitĂ©, le relativisme et la notion de « progrĂšs » dĂ©connectĂ©e de tout ancrage spirituel ou moral. 

 

Le livre en question, Le MaĂźtre de la Terre (1907), est un roman dystopique et apocalyptique Ă©crit par le pĂšre Robert Hugh Benson, un Anglais converti. Il imagine un monde du XXIe siĂšcle oĂč le christianisme a largement dĂ©clinĂ© tandis que l'humanisme sĂ©culier – ou « humanitarisme » – a pris le pouvoir, les Ă©lites politiques et culturelles s'unissant autour d'un leader charismatique mondial. L'Église – et la papautĂ© – survivent, de justesse, et c'est lĂ  le nƓud du conflit au cƓur de l'intrigue. 

 

C’était pour le moins un choix inhabituel de la part d’un pape. Mais le pape François a rĂ©itĂ©rĂ© sa suggestion lors d’un discours prononcĂ© Ă  Budapest en 2023, mettant en garde son auditoire issu du monde universitaire et culturel contre un avenir dominĂ© par la technologie – et la menace que cela reprĂ©sente pour la culture et, en fin de compte, pour ce que signifie ĂȘtre humain. 

 

Le prĂ©dĂ©cesseur du pape François, alors cardinal Joseph Ratzinger, avait Ă©galement citĂ© « Le MaĂźtre de la Terre » lors d'une confĂ©rence Ă  Milan en fĂ©vrier 1992, le qualifiant d'ouvrage qui « donne matiĂšre Ă  rĂ©flexion ». Son successeur, le pape LĂ©on XIV, s'exprimant en septembre 2023 en tant que cardinal Robert Prevost, a lui aussi recommandĂ© le roman de Benson, affirmant qu'il met en garde contre ce qui pourrait arriver Ă  un monde sans foi.  

 

Il n'est peut-ĂȘtre pas surprenant que ce roman ait suscitĂ© autant d'attention, puisque son intrigue est centrĂ©e sur un pontife assiĂ©gĂ© Ă  une Ă©poque oĂč la religion est attaquĂ©e par des Ă©lites laĂŻques technologiquement supĂ©rieures. 

 

Fils d'un ancien archevĂȘque anglican de Canterbury, Benson se convertit au catholicisme le 11 septembre 1903, Ă  l'Ăąge de 31 ans. Il avait publiĂ© plusieurs Ɠuvres de fiction avant Le Seigneur du monde , principalement des romans historiques. Son roman de 1907 marquait donc une rupture Ă  bien des Ă©gards et soulĂšve la question : d'oĂč lui venait cette inspiration ? 

 

« À la fin du XIXe siĂšcle, la littĂ©rature apocalyptique connaissait une sorte de renaissance, Ă  l'image de l'essor de la science-fiction », explique l'auteure et critique Kristen Van Uden Theriault. Dans un entretien accordĂ© au Register, elle prĂ©cise que cette pĂ©riode a vu naĂźtre une littĂ©rature dystopique largement imprĂ©gnĂ©e d'une perspective laĂŻque positive, tout en distillant des avertissements prophĂ©tiques sur les dangers d'un progrĂšs technologique effrĂ©nĂ©, du collectivisme et du totalitarisme. Elle cite deux Ɠuvres marquantes qui intĂšgrent une dimension religieuse Ă  la littĂ©rature dystopique :  le Conte allĂ©gorique de l'AntĂ©christ de Vladimir Soloviev (1900) et Le MaĂźtre de la Terre de Benson  . 

 

Elle perçoit Ă©galement un lien fascinant entre ce genre et saint John Henry Newman. Newman, contemporain de Benson et lui aussi un converti de renom de l'anglicanisme, avait beaucoup Ă©crit sur l'AntĂ©christ, s'intĂ©ressant principalement Ă  la montĂ©e des idĂ©ologies erronĂ©es qui ont prĂ©parĂ© le monde Ă  son avĂšnement. 

 

« Benson et Newman reconnaissaient tous deux les dangers des idĂ©ologies modernes — Ă  savoir le communisme, le socialisme et le modernisme, mais aussi le libĂ©ralisme, que l’on peut caractĂ©riser comme la version tempĂ©rĂ©e et lente de ces homologues plus radicaux », a poursuivi ThĂ©riault. 

 

Au cƓur de la mise en garde de Newman, suggĂ©rait-elle, se trouve « la tyrannie du subjectivisme » : le dĂ©sir de rĂ©duire la religion Ă  une affaire de conscience personnelle plutĂŽt que de la percevoir comme une vĂ©ritĂ© objective. Elle affirme que le systĂšme fictif de l’humanitarisme de Benson — un substitut athĂ©e Ă  la religion — « incarne les forces sociales contre lesquelles Newman nous avait mis en garde. L’ordre social, qui ressemblait jadis Ă  la hiĂ©rarchie cĂ©leste, est dĂ©sormais façonnĂ© Ă  l’image de l’homme dĂ©chu. » 

 

Alors, Ă©tant donnĂ© que le roman se dĂ©roule au XXIe siĂšcle, dans quelle mesure le juge-t-elle prophĂ©tique aujourd'hui ? ThĂ©riault le considĂšre comme « prĂ©monitoire Ă  bien des Ă©gards ». Elle cite les prĂ©dictions de Benson concernant un organisme de gouvernance international – semblable Ă  la SociĂ©tĂ© des Nations, puis aux Nations Unies – et l'euthanasie institutionnalisĂ©e, notamment au regard de la loi canadienne sur l'aide mĂ©dicale Ă  mourir. 

 

« Plus profondĂ©ment, sa description d'une sociĂ©tĂ© sans Dieu, guidĂ©e par le plaisir, le scientisme et le rejet de Dieu, rĂ©sonne comme une description de notre siĂšcle. La vie ne vaut rien dans le paysage apocalyptique infernal de Benson, tout comme dans notre culture de mort contemporaine », ajoute-t-elle. 

 

À la fin du roman de Benson, l'Église n'est plus qu'un vestige et l'AntĂ©christ semble triompher. Pourtant, ThĂ©riault estime que le message du livre demeure « celui de tous les Ă©crits vĂ©ritablement catholiques sur l'AntĂ©christ : un message d'espoir. MalgrĂ© les machinations perfides de l'AntĂ©christ, nous savons qui l'emporte Ă  la fin. » 

 

En tant que roman suscitant un dĂ©bat thĂ©ologique, il fonctionne – mais en tant qu'Ɠuvre de fiction, comment rĂ©siste-t-il Ă  l'Ă©preuve du temps aujourd'hui ? 

 

« Au dĂ©but du XXe siĂšcle, les romans dystopiques et futuristes pullulaient : un amas sombre, dĂ©primant et mal Ă©crit », observait la romanciĂšre et universitaire Eleanor Bourg Nicholson . Pourtant, elle trouve le roman de Benson diffĂ©rent. 

 

« À la fois spĂ©culatif et mystique, [cet ouvrage] se distingue pour deux raisons : premiĂšrement, il prĂ©sente des personnages rĂ©els et vivants — des hommes et des femmes crĂ©dibles et auxquels on peut s’identifier — et non pas une simple allĂ©gorie prosĂ©lyte ; et deuxiĂšmement, parce qu’il aborde avec audace la rĂ©alitĂ© sombre et oppressante que le monde doit et va finir, et qu’il perçoit cette rĂ©alitĂ© Ă  travers le prisme de la foi. » 

 

L'un des grands atouts du genre spĂ©culatif, expliquait-elle, rĂ©side dans la possibilitĂ© qu'il offre aux lecteurs de se confronter Ă  des questions morales profondes. « Quelle est la relation de l'homme avec Dieu ? Quel est le but de la religion ? Quel est le sens mĂȘme de l'existence humaine ? La vie et la mort, le salut et la damnation – ces thĂšmes se retrouvent au cƓur de nombreuses Ɠuvres de ce genre, et ils sont assurĂ©ment au cƓur mĂȘme du MaĂźtre de la Terre. » C'est peut-ĂȘtre lĂ , Ă  elle seule, ce qui explique son attrait auprĂšs des papes et des prĂ©lats. 

Nicholson perçoit Ă©galement une dimension prophĂ©tique dans le livre, dont elle constate que nombre d'Ă©lĂ©ments se retrouvent dans la vie moderne. « Benson conçoit l'AntĂ©christ comme un homme politique affable et inoffensif, une figure charismatique promouvant la "paix" — quelqu'un que l'on peut facilement imaginer sĂ©duire le public de nos jours », a-t-elle observĂ©. 

 

S'adressant au Register, l'auteur et Ă©diteur Joseph Pearce considĂšre lui aussi Benson comme « un visionnaire », soulignant que son roman inattendu a ouvert la voie Ă  des Ɠuvres ultĂ©rieures telles que Le Meilleur des mondes d'Huxley et 1984 d'Orwell.  

 

« Benson Ă©tait en avance sur son temps, un pionnier, un avant-gardiste au sens le plus profond du terme », a dĂ©clarĂ© Pearce, ajoutant : « Ce livre a manifestement exercĂ© une influence considĂ©rable sur le XXe siĂšcle et semble rĂ©sonner de façon tout aussi inquiĂ©tante Ă  notre Ă©poque. La pĂ©rennitĂ© de la pertinence est l'une des marques d'un grand livre, et celui-ci en est assurĂ©ment un. » 

 

Benson a bien Ă©crit, sinon une suite Ă  proprement parler, du moins un livre avec un thĂšme similaire mais une perspective totalement diffĂ©rente, a notĂ© Pearce. 

 

Il semble qu'il ait Ă©crit son roman futuriste suivant, L'Aube de toutes choses, pour donner une tournure plus optimiste Ă  l'atmosphĂšre sombre du MaĂźtre de la Terre. Mais je ne pense pas que l'Apocalypse soit sombre d'un point de vue chrĂ©tien. Dans la mesure oĂč le roman se termine sur une note apocalyptique, il annonce le Second AvĂšnement promis par les Écritures. 

 

« Comment cela pourrait-il ĂȘtre autre chose que la plus heureuse des fins ? » 

 

KV Turley sur le NCR 

 

 

 

 

KV Turley est le correspondant du Register au Royaume-Uni. Il écrit depuis Londres.

 

 

ConsĂ©cration des Etats-Unis au SacrĂ© CƓur le 12 juin 2026

13/11/2025

ConsĂ©cration des Etats-Unis au SacrĂ© CƓur le 12 juin 2026

Le fait de choisir cette maniĂšre de commĂ©morer la naissance des USA tĂ©moigne d’une approche proprement surnaturelle, alors qu’aucune dĂ©marche de cette sorte n’a jamais Ă©tĂ© entreprise aux Etats-Unis. On peut dire qu’elle va Ă  l’essentiel, tel que l’exprime le psaume 127 « Si Yahweh ne bĂątit pas la maison, en vain travaillent ceux qui la bĂątissent ; si Yahweh ne garde pas la citĂ©, en vain la sentinelle veille Ă  ses portes. »

 

ConsĂ©cration au SacrĂ©-CƓur dans le contexte de Quas Primas
Mgr Rhoades a prĂ©sentĂ© la motion en prĂ©cisant que la consĂ©cration serait accompagnĂ©e de ressources publiĂ©es par la commission sur la libertĂ© religieuse dont il est le prĂ©sident : une catĂ©chĂšse visant Ă  rappeler le sens et la richesse de la doctrine du SacrĂ©-CƓur, des priĂšres et des activitĂ©s Ă  mettre en place dans les diocĂšses en prĂ©paration de l’acte solennel lui-mĂȘme. Il a notamment appelĂ© Ă  faire une neuvaine dont le texte sera Ă©tabli la ConfĂ©rence des Ă©vĂȘques, et Ă  des initiatives locales qui pourraient consister pour les fidĂšles Ă  rĂ©aliser « 250 actes de misĂ©ricorde » ou « 250 heures d’adoration eucharistique » qui pourraient elles-mĂȘmes ĂȘtre organisĂ©es par les paroisses.

 

S’agissant d’un acte qui aura pour cadre le « demi-cinq-centenaire des Etats-Unis », Mgr Rhoades a Ă©galement appelĂ© Ă  une rĂ©flexion sur l’amour du pays et sur le patriotisme qui s’inscrivent de maniĂšre « justement ordonnĂ©e » dans la vie du catholique.

 

Il a fait mention explicite de l’encyclique Quas Primas : « Il y a cent ans, en 1925, dans son encyclique instituant la fĂȘte du Christ-Roi, le pape Pie XI – s’inspirant de l’enseignement du pape LĂ©on XIII – faisait rĂ©fĂ©rence Ă  la pieuse coutume de se consacrer soi-mĂȘme, les familles et mĂȘme les nations au SacrĂ©-CƓur de JĂ©sus comme moyen de reconnaĂźtre la royautĂ© du Christ. »

 

Les Etats-Unis consacrĂ©s au SacrĂ© CƓur pour leur 250e anniversaire
Mgr Rhoades a repris cette demande au cours des questions posĂ©es par certains confrĂšres Ă©vĂȘques avant le vote, soulignant qu’on inviterait les individus et les familles Ă  se consacrer eux-mĂȘmes au SacrĂ©-CƓur, ainsi qu’on peut le voir sur l’enregistrement de la session de l’assemblĂ©e de l’USCCB Ă  partir de 3 h 58 min 20 sec.

 

Parmi les questions, celle de l’archevĂȘque de Miami n’a pas reçu de rĂ©ponse : Mgr Thomas Wenski, ayant fait observer que la consĂ©cration solennelle Ă©tait un Ă©vĂ©nement national qui implique chaque AmĂ©ricain, a notĂ© qu’il serait bon que les fidĂšles puissent y assister. Notant que la rĂ©union des Ă©vĂȘques en juin prochain aura lieu Ă  Orlando (Floride) il a suggĂ©rĂ© que la cĂ©rĂ©monie s’y dĂ©roule en l’église de Marie, Reine de l’Univers avec le concours des catholiques et en invitant les autoritĂ©s civiles – y compris le prĂ©sident des Etats-Unis et son vice-prĂ©sident. Mgr Rhoades, ayant consultĂ© ses voisins de gauche et de droite Ă  la tribune, a expliquĂ© qu’il avait « mal entendu » les propos de Mgr Wenski et qu’il y serait rĂ©pondu ultĂ©rieurement
 De la surditĂ© sĂ©lective ?

 

La motion a été adoptée par 215 voix pour, 8 contre et 7 abstentions.

Et vu la tournure de la chose, on ne peut que se réjouir de cette quasi-unanimité.

 

Jeanne Smits RITV

Un Ă©vĂȘque catholique : Mgr Coakley, nouveau prĂ©sident de l'Ă©piscopat amĂ©ricain

12/11/2025

Un Ă©vĂȘque catholique : Mgr Coakley, nouveau prĂ©sident de l'Ă©piscopat amĂ©ricain

Le Choix de la Continuité et la Réaction des FidÚles
Le mardi 11 novembre, Monseigneur Paul S. Coakley a Ă©tĂ© Ă©lu prĂ©sident de la ConfĂ©rence Ă©piscopale amĂ©ricaine (USCCB) aprĂšs un second tour, face Ă  Mgr Daniel Flores, dĂ©sormais vice-prĂ©sident. Ce choix n'est pas anodin : Mgr Coakley, prĂ©cĂ©demment secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©rence et archevĂȘque d’Oklahoma City depuis 2011, symbolise la continuitĂ© de la ligne conservatrice de l'Ă©piscopat.

 

À 70 ans, fort d'une licence en thĂ©ologie sacrĂ©e, Mgr Coakley s'est distinguĂ© par son engagement constant en faveur de la dignitĂ© humaine et de la promotion d'une "vĂ©ritable culture de la vie". Il a notamment rĂ©affirmĂ© que la dĂ©fense de la vie reste la "prioritĂ© prééminente" de l'action publique des catholiques, saluant en 2022 l'adoption de lois pro-vie dans son État. Il souligne d'ailleurs que « bĂątir une culture de la vie suppose de reconnaĂźtre la dignitĂ© inhĂ©rente Ă  toute personne humaine, de promouvoir des lois qui protĂšgent la vie et d’encourager une conversion profonde des cƓurs ».

 

L'Ă©lection a immĂ©diatement polarisĂ© les rĂ©actions sur les rĂ©seaux sociaux. De nombreux fidĂšles ont exprimĂ© leur soutien et leurs priĂšres pour la nouvelle direction, appelant notamment Ă  "l’unitĂ© d’une Église divisĂ©e" et souhaitant que les pasteurs soient "la voix des sans-voix".

Toutefois, des voix discordantes se sont Ă©galement fait entendre. Certains internautes ont soulevĂ© des inquiĂ©tudes concernant les liens de Mgr Coakley avec le Napa Institute, un rĂ©seau influent de catholiques conservateurs souvent perçu comme Ă©loignĂ© de la vision pastorale du pape François. Le fait qu'il ait auparavant soutenu Monseigneur Carlo Maria ViganĂČ â€“ aujourd’hui excommuniĂ© pour schisme – a Ă©galement Ă©tĂ© mis en avant comme un motif de rĂ©serve. Ces rĂ©actions tĂ©moignent de la diversitĂ© des sensibilitĂ©s et des tensions idĂ©ologiques profondes au sein du catholicisme amĂ©ricain.

Concernant l'accĂšs Ă  la communion sacramentelle des politiciens catholiques : 

Opposition au soutien politique de l'avortement : Mgr Coakley a rĂ©guliĂšrement exprimĂ© son opinion selon laquelle un homme politique catholique qui soutient publiquement l'avortement met son Ăąme en danger et cause un scandale public au sein de l'Église.

 

Soutien au refus de la communion : Il a indiquĂ© qu'il comprenait et soutenait les Ă©vĂȘques qui choisissaient de refuser la communion Ă  ces personnalitĂ©s publiques. Dans une interview en 2014, il avait notamment dĂ©clarĂ© : « Je pense que de nombreux Ă©vĂȘques n'ont pas d'autre choix que de prendre cette dĂ©cision » de refuser la communion aux hommes politiques pro-avortement. Une Ă©vidence qui mĂ©rite d'ĂȘtre rappelĂ©e ....


Bref, Mgr Coakley est un Ă©vĂȘque catholique. 

 

Le Défi du Dialogue avec Rome
L'USCCB, sous la direction de Mgr Coakley, apparaĂźt donc comme un "bloc doctrinal solide", fermement attachĂ© Ă  la tradition et aux positions morales et familiales classiques de l'Église. Cette orientation place l'Ă©piscopat amĂ©ricain dans une position de vigilance doctrinale qui ne manquera pas d'influencer le dialogue entre les États-Unis et le Saint-SiĂšge.

 

Pour le pape LĂ©on XIV, cette Ă©lection constitue un nouveau dĂ©fi. DĂ©sireux d'accompagner toutes les sensibilitĂ©s de l'Église sous l'autoritĂ© du MagistĂšre, le Souverain Pontife devra faire preuve de prudence et de discernement dans ses Ă©changes avec cet Ă©piscopat fortement ancrĂ© dans la tradition. Le dĂ©fi papal sera de maintenir un dialogue fĂ©cond avec cette direction conservatrice.

 

 


L'Ă©lection de Monseigneur Paul S. Coakley confirme la prĂ©valence d'une ligne traditionaliste et "pro-vie" au sein de l'Ă©piscopat amĂ©ricain, une orientation qui rĂ©sonne avec une partie significative du clergĂ© et des fidĂšles aux États-Unis. Si la nouvelle prĂ©sidence promet une stabilitĂ© doctrinale sur les questions de morale et de dĂ©fense de la vie, elle souligne Ă©galement les tensions internes et les clivages idĂ©ologiques qui traversent l'Église amĂ©ricaine. Dans ce contexte, l'Ăšre Coakley reprĂ©sente un moment clĂ©. Elle met Ă  l'Ă©preuve la capacitĂ© du Pape LĂ©on XIV Ă  harmoniser les diffĂ©rentes voix de l'Église universelle, en maintenant l'unitĂ© et le dialogue avec un Ă©piscopat puissant et idĂ©ologiquement cohĂ©rent. La maniĂšre dont Rome et l'USCCB vont cohabiter et collaborer au cours des prochaines annĂ©es sera Ă©videmment dĂ©terminante pour l'avenir du catholicisme sur le continent.

Deo Gratias !

Le combat spirituel de l'Europe le massacre du Bataclan, dix ans aprĂšs

12/11/2025

Le combat spirituel de l'Europe  le massacre du Bataclan, dix ans aprĂšs

D'Iben Thranholm (1) sur European Conservative :

 

Dix ans se sont Ă©coulĂ©s depuis la nuit du 13 novembre 2015, nuit oĂč le cƓur de Paris a Ă©tĂ© transpercĂ© par une vague d'attentats terroristes coordonnĂ©s qui ont coĂ»tĂ© la vie Ă  130 personnes. Parmi les plus sanglants, on compte le massacre du Bataclan, oĂč 90 spectateurs ont Ă©tĂ© abattus de sang-froid. 

 

Une seule photo de cette nuit-lĂ  m'est restĂ©e en mĂ©moire. Prise quelques minutes avant l'attaque, elle capture la joie et l'abandon. La foule est en extase. Les bras sont levĂ©s. Les sourires fusent de toutes parts. L'atmosphĂšre est Ă©lectrique, empreinte de libertĂ©, de plaisir et d'impatience. Le groupe de rock amĂ©ricain Eagles of Death Metal est sur scĂšne, et le public, emportĂ© par leur performance, semble incarner tout ce que la vie nocturne occidentale moderne prĂ©tend ĂȘtre : libĂ©rĂ©e, exubĂ©rante, insouciante. 

Mais ce concert, en apparence ordinaire, allait bientĂŽt devenir le théùtre de l'un des attentats terroristes les plus horribles de l'histoire europĂ©enne moderne. Quelques instants aprĂšs la prise de cette photographie, trois hommes armĂ©s islamistes pĂ©nĂ©trĂšrent dans la salle et ouvrirent le feu. Ce qui avait commencĂ© comme une cĂ©lĂ©bration de la vie se termina en massacre. Cette photographie est bouleversante, non seulement parce que nous connaissons dĂ©sormais la suite des Ă©vĂ©nements, mais aussi parce que, rĂ©trospectivement, l'instant qu'elle immortalise semble chargĂ© de sens, voire prophĂ©tique. 

 

Danser sur le fil 

Ce soir-lĂ , Eagles of Death Metal venait de commencer Ă  jouer l'une de ses chansons les plus populaires : « Kiss the Devil ». DĂšs les premiers accords, une grande partie du public a rĂ©pondu par le cĂ©lĂšbre geste des « cornes du diable » — l'index et l'auriculaire levĂ©s, les autres doigts repliĂ©s — un symbole popularisĂ© dans la culture rock, autrefois provocateur, aujourd'hui largement vidĂ© de son sens pour la plupart de ceux qui l'utilisent. 

Les paroles qu'ils chantaient au moment des premiers coups de feu Ă©taient : 

 

Qui aimera le Diable ? 

Qui chantera sa chanson ? 

Qui aimera le Diable et sa chanson ? 

J'aimerai le diable 

Je chanterai sa chanson 

J'aimerai le Diable et sa chanson. 

 

Quelqu'un dans la foule croyait-il vraiment qu'ils invoquaient Satan au sens propre ? Certainement pas. Tout cela faisait partie du spectacle : ironique, théùtral, sans prĂ©tention. Et pourtant, quand le mal vĂ©ritable a fait irruption dans la salle sous les traits d'hommes armĂ©s, prĂȘts Ă  massacrer, le symbolisme est devenu difficile Ă  ignorer. 

 

Pour l'esprit moderne, qui perçoit le monde en termes strictement matĂ©rialistes, de tels moments sont considĂ©rĂ©s comme de simples coĂŻncidences. La chanson et le massacre ne sont qu'un sinistre alignement d'Ă©vĂ©nements sans lien apparent. Mais pour ceux qui croient encore au sens, aux signes et aux symboles, Ă  la dimension spirituelle de la vie, la scĂšne invite Ă  une rĂ©flexion plus profonde. La question demeure : lorsqu'une culture se vide du sacrĂ© et flirte avec l'obscuritĂ©, mĂȘme par plaisanterie, s'expose-t-elle Ă  plus qu'une simple vulnĂ©rabilitĂ© politique ? RĂ©vĂšle-t-elle un vide spirituel – une maison nettoyĂ©e de fond en comble, mais terriblement sans dĂ©fense ? 

 

La parabole de la maison vide 

L'image de la foule du Bataclan Ă©voque un passage de l'Évangile selon Luc. JĂ©sus parle d'une personne libĂ©rĂ©e d'un esprit impur. L'esprit s'en va et erre dans des lieux dĂ©serts, en quĂȘte de repos. N'en trouvant aucun, il retourne auprĂšs de cette personne – Ă  « la maison » – et la trouve « balayĂ©e et rangĂ©e », mais vide. Alors, il rassemble sept autres esprits plus mĂ©chants que lui, et tous reviennent y demeurer. « Et la derniĂšre condition de cette personne », dit JĂ©sus, « est pire que la premiĂšre. »

 

Cette parabole saisissante constitue une métaphore profonde de l'état actuel de la civilisation occidentale, et plus particuliÚrement de l'Europe. Jadis façonnée et animée par le christianisme, l'Europe s'est lancée, au cours du siÚcle dernier, dans une expérience civilisationnelle sans précédent : devenir laïque, neutre sur le plan axiologique et post-religieuse.

 

La religion a Ă©tĂ© relĂ©guĂ©e Ă  la marge – d’abord socialement, puis culturellement, et enfin spirituellement. Les Ă©glises sont toujours lĂ , mais pour beaucoup, elles ne sont guĂšre plus que des curiositĂ©s architecturales ou des musĂ©es d’un passĂ© oubliĂ©. Les fĂȘtes chrĂ©tiennes figurent toujours au calendrier, mais leur signification profonde a Ă©tĂ© oubliĂ©e depuis longtemps. Les valeurs qui puisaient autrefois leur fondement dans la foi chrĂ©tienne – dignitĂ©, justice, charitĂ© – sont dĂ©sormais promues de maniĂšre abstraite, dĂ©pouillĂ©es de leur essence. La maison europĂ©enne a certes Ă©tĂ© vidĂ©e de toute substance. Mais elle n’a pas Ă©tĂ© remplie.

 

La laĂŻcitĂ© promettait de crĂ©er un espace public neutre, un lieu affranchi des dogmes religieux, oĂč chacun pourrait croire (ou ne pas croire) Ă  sa guise. Mais cette idĂ©e, sĂ©duisante en thĂ©orie, ignore une vĂ©ritĂ© fondamentale de la nature humaine : nous ne sommes pas des ĂȘtres spirituellement neutres. Nous sommes des ĂȘtres intrinsĂšquement religieux, aspirant Ă  donner un sens Ă  notre existence, Ă  appartenir Ă  une communautĂ© et Ă  transcender la rĂ©alitĂ©. Comme l’écrivait Aristote dans sa Physique : « natura abhorret a vacuo » – la nature a horreur du vide. Bien que comprise au sens physique, cette phrase demeure une puissante mĂ©taphore. Un vide, une fois créé, ne reste pas vide. Il attire quelque chose en lui.

 

Il en a Ă©tĂ© de mĂȘme en Europe. Le recul du christianisme n'a pas laissĂ© de vide. D'autres systĂšmes de croyances – certains bienveillants, d'autres profondĂ©ment inquiĂ©tants – se sont engouffrĂ©s dans la brĂšche. Certains sont de nature politique, d'autres idĂ©ologiques. Et certains, comme l'islam radical, sont ouvertement religieux et farouchement hostiles aux libertĂ©s mĂȘmes chĂšres Ă  la laĂŻcitĂ© occidentale.

 

Le retour de la religion

Aujourd'hui, dans de nombreuses rĂ©gions d'Europe, l'islam connaĂźt une croissance dĂ©mographique et une prĂ©sence de plus en plus visible et affirmĂ©e. Pour de nombreuses communautĂ©s musulmanes, la foi n'est plus une affaire privĂ©e, mais une affirmation de leur identitĂ© publique. On construit des mosquĂ©es. Le port de vĂȘtements religieux est devenu courant. La priĂšre quotidienne est pratiquĂ©e ouvertement. Et pour beaucoup de jeunes musulmans, la religion n'est pas un fardeau, mais une source de force et de sens. Ce renouveau religieux contraste fortement avec le malaise spirituel de l'Europe post-chrĂ©tienne. L'ironie est frappante : alors que les sociĂ©tĂ©s occidentales s'enorgueillissent de leur tolĂ©rance, de leur ouverture et de leur pluralisme, elles ont largement perdu le systĂšme de croyances qui leur donnait jadis leur cohĂ©rence. La foi chrĂ©tienne, qui sous-tendait la culture, le droit, l'art et l'identitĂ© europĂ©ens, n'est plus qu'un souvenir culturel.

 

Alors mĂȘme que nous nous Ă©tions persuadĂ©s que la laĂŻcitĂ© nous avait libĂ©rĂ©s de l'emprise de la religion, nous sommes aujourd'hui confrontĂ©s Ă  une ironie persistante : la religion ne disparaĂźt pas ; elle attend, elle revient et elle reconquiert les espaces que nous pensions neutres. Aucune sociĂ©tĂ© n'a jamais Ă©tĂ© vĂ©ritablement neutre sur le plan spirituel. Lorsqu'une vision du monde dominante est rejetĂ©e, une autre s'implante inĂ©vitablement. À la chute de l'Empire romain, le christianisme a comblĂ© le vide. À son arrivĂ©e en Scandinavie, il a supplantĂ© le paganisme nordique. Et aujourd'hui, une grande partie de ce qui fut jadis un bastion chrĂ©tien – de l'Asie Mineure Ă  l'Afrique du Nord – est dĂ©sormais sous influence islamique. La question n'est pas de savoir si la religion façonnera la sociĂ©tĂ©, mais quelle religion – et quel type de sociĂ©tĂ© elle engendrera.

 

AprĂšs les ravages des deux guerres mondiales, de nombreux EuropĂ©ens ont placĂ© leurs espoirs dans la modernitĂ© laĂŻque. La science, la dĂ©mocratie et les droits de l'homme devaient constituer le nouveau socle moral. Pendant un temps, cette vision sembla fonctionner. La croissance Ă©conomique s'est accĂ©lĂ©rĂ©e. L'Ă©ducation s'est dĂ©veloppĂ©e. La religion a dĂ©clinĂ© sans consĂ©quence immĂ©diate. Mais avec le temps, des failles sont apparues. Sans fondement spirituel commun, la sociĂ©tĂ© se fragmente. La solitude, l'anxiĂ©tĂ© et l'aliĂ©nation progressent. Les familles se dĂ©chirent. Le discours politique s'envenime. Dans ce vide de sens, de nouvelles formes de croyance – certaines se dissimulant sous le couvert de la politique, d'autres sous celui de mouvements identitaires – s'implantent progressivement. 

 

L'islam est l'exemple le plus frappant de ce qui comble le vide spirituel laissĂ© par le rejet du christianisme en Occident. Mais il n'est pas le seul. On peut citer Ă©galement les cultes de la personnalitĂ©, les rĂȘves transhumanistes de salut technologique, l'apocalypse climatique et les mouvements nihilistes qui glorifient la destruction pour elle-mĂȘme. Il ne s'agit pas de modes passagĂšres, mais de l'expression d'une soif plus profonde : une soif d'identitĂ© et de sens que la laĂŻcitĂ© ne peut apaiser. En l'absence de christianisme, ces forces s'empressent d'offrir un sentiment d'appartenance, un but et une vĂ©ritĂ©, aussi dĂ©formĂ©e ou incomplĂšte soit-elle.

 

Le Bataclan n'Ă©tait pas qu'un simple attentat terroriste. Ce fut un moment de rupture, un aperçu du dĂ©sarroi spirituel d'une civilisation qui avait oubliĂ© ses convictions. Le fait que la foule chantait des louanges au diable lorsque le mal s'est abattu sur elle est peut-ĂȘtre une coĂŻncidence. Ou peut-ĂȘtre est-ce plus profond. Sur le plan symbolique, celui du sens, c'Ă©tait une parabole de l'Évangile de Luc qui se dĂ©roulait sous nos yeux.

 

La bataille spirituelle

L'un des aspects les plus nĂ©gligĂ©s de la crise migratoire actuelle – et des troubles internes en Europe – est qu'en dessous se cache un combat spirituel, et non seulement politique. L'apĂŽtre Paul nous rappelle dans ÉphĂ©siens 6,12 : « Car nous n'avons pas Ă  lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautĂ©s, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des tĂ©nĂšbres de ce monde, contre les esprits du mal dans les lieux cĂ©lestes. » Or, cette dimension spirituelle a Ă©tĂ© presque entiĂšrement oubliĂ©e, mĂȘme par l'Église elle-mĂȘme. Dans l'Europe d'aujourd'hui, l'immigration, les tensions politiques et mĂȘme le terrorisme sont perçus exclusivement comme des enjeux politiques. Et si le contrĂŽle des frontiĂšres et la souverainetĂ© nationale sont lĂ©gitimes et nĂ©cessaires, ils ne suffisent pas. Les forces spirituelles ne connaissent pas de frontiĂšres. Le combat que nous menons ne porte pas seulement sur le territoire ; il porte sur le sens, l'identitĂ© et la vĂ©ritĂ©.

 

Ce Ă  quoi nous assistons aujourd'hui n'est pas sans prĂ©cĂ©dent. Il fait Ă©cho Ă  des schĂ©mas qui se sont rĂ©pĂ©tĂ©s tout au long de l'histoire biblique – des schĂ©mas que les prophĂštes de l'Ancien Testament ont reconnus et contre lesquels ils ont mis en garde avec une luciditĂ© implacable. JĂ©rĂ©mie, IsaĂŻe, OsĂ©e et les autres prophĂštes n'Ă©taient pas de simples observateurs du dĂ©clin politique ; ils Ă©taient des hommes Ă  qui Dieu avait rĂ©vĂ©lĂ© une vĂ©ritĂ© plus profonde : lorsqu'un peuple se dĂ©tourne de son alliance avec le Dieu vivant, l'effondrement national n'est pas une possibilitĂ©, il est une consĂ©quence inĂ©vitable.

 

Dans l'histoire de l'Israël antique, se détourner de Dieu n'a jamais été un simple manquement à la piété. C'était une crise publique, qui a finalement conduit à l'effondrement de la société, à la décadence morale et à la vulnérabilité face aux ennemis extérieurs. La chute de Jérusalem en 586 av. J.-C. et l'exil babylonien n'ont pas été perçus comme des accidents de l'histoire, mais comme la conséquence directe d'une rébellion spirituelle. Comme le criait Jérémie dans son angoisse : « Voilà ce que vous avez fait ! Voilà votre chùtiment ! Qu'il est amer ! » (Jérémie 4,18).

 

IsaĂŻe, lui aussi, parlait d'un peuple qui honorait Dieu des lĂšvres, mais dont le cƓur Ă©tait loin de lui (IsaĂŻe 29:13). Il avertissait que, sans repentance, la protection divine serait retirĂ©e et que les nations Ă©trangĂšres deviendraient des instruments de jugement. Les prophĂštes ont maintes fois dĂ©clarĂ© que la justice de Dieu n'est pas indiffĂ©rente au pĂ©chĂ© collectif, et que sa misĂ©ricorde n'est pas inconditionnelle lorsque la vĂ©ritĂ© et la justice sont rejetĂ©es. Le message des prophĂštes n'Ă©tait pas une stratĂ©gie militaire, ni une rĂ©forme nationale au sens pragmatique du terme. C'Ă©tait un appel moral et spirituel. Leur appel Ă©tait inĂ©branlable et unique : Repentez-vous. Revenez au Seigneur. RĂ©parez la rupture de l'alliance avant que la destruction ne devienne inĂ©vitable.

 

Aujourd'hui, il est bon de se souvenir que ces avertissements antiques ne s'adressaient pas seulement à Israël. Ils ont été consignés pour toutes les générations, comme un miroir, un avertissement et un modÚle. Lorsque nous rejetons Dieu, que nous dénaturons la vérité et que nous détruisons notre identité, nous ne devenons pas libres ; nous devenons fragiles. Et comme l'ancien Israël, nous risquons de nous effondrer, non pas à cause de la force de nos ennemis, mais à cause du vide qui nous habite.

 

L'Occident d'aujourd'hui doit entendre le mĂȘme appel Ă  la repentance. La vĂ©ritable bataille ne se gagne pas par des lois d'immigration plus strictes ni par un nationalisme renouvelĂ©. Elle commence par un examen de conscience : un retour au sacrĂ©, une redĂ©couverte du transcendant et un rĂ©veil de l'Ăąme. Si l'Occident veut se relever, il doit d'abord affronter le vide qui le ronge. Il doit se demander Ă  nouveau : en quoi croyons-nous ? Qu'est-ce que nous vĂ©nĂ©rons ? Si nous ne rĂ©pondons pas Ă  ces questions, d'autres le feront. Et la rĂ©ponse risque de nous dĂ©plaire. 

 

 

 

(1) Iben Thranholm est une théologienne, journaliste, auteure et commentatrice culturelle danoise dont les travaux explorent les liens entre foi, culture et société. Pendant plusieurs années, elle a été rédactrice et animatrice à la radio-télévision publique danoise DR. Elle a également collaboré avec Vatican Media à Rome. Lors de son séjour au Mathias Corvinus Collegium (MCC) à Budapest, ses recherches ont porté sur la crise de sens en Occident et le mouvement croissant de renouveau chrétien au sein de la civilisation occidentale.

La femme qui a le plus compté pour Antoine de Saint-Exupéry

11/11/2025

La femme qui a le plus compté pour Antoine de Saint-Exupéry

Ce sont les circonstances qui ont favorisĂ© la proximitĂ© entre mĂšre et fils, proximitĂ© Ă©mouvante et fĂ©conde, bien qu’excessivement fusionnelle parfois. AprĂšs la mort brutale de son pĂšre, en 1904 - il a 4 ans -, puis de son frĂšre cadet en 1917 - il en a alors 17 -, voilĂ  Antoine devenu le seul homme de la maison. Veuve et mĂšre Ă©prouvĂ©e, Marie s’appuie sur ce fils un brin capricieux mais si aimant, qu’elle avait implorĂ© saint Antoine de lui donner, aprĂšs la naissance de deux filles.

 

Une relation privilégiée
Empreinte d’une touchante dĂ©licatesse, leur correspondance, partiellement dĂ©voilĂ©e au grand public, ne laisse aucun doute : ces deux-lĂ  s’aimaient d’amour tendre et Antoine n’aurait pas rejoint la cohorte de nos grands Ă©crivains et poĂštes français experts en humanitĂ© s’il n’avait Ă©tĂ© profondĂ©ment influencĂ© par sa mĂšre.

 

Enfant, il lui assurait fiĂšrement : "Vous ĂȘtes fatiguĂ©e, maman, appuyez-vous sur moi, je suis votre chevalier !". Adolescent, il ne cesse de lui rĂ©pĂ©ter combien il lui est attachĂ©, combien il l’aime "du fond du cƓur". Homme mĂ»r, dĂ©sespĂ©rĂ© par l’affaissement moral et spirituel de la France occupĂ©e, il lui Ă©crit quatre ans avant sa mort : "J’ai infiniment besoin de votre tendresse, maman chĂ©rie, ma petite maman. Pourquoi faut-il que tout ce que j’aime sur terre soit menacĂ© ? (
) La seule fontaine rafraĂźchissante, je la trouve dans certains souvenirs d’enfance."

Quelle mĂšre ne rĂȘverait se d’entendre dire "Dites-vous bien que de toutes les tendresses la vĂŽtre est la plus prĂ©cieuse et que l'on revient dans vos bras aux minutes lourdes. Et que l'on a besoin de vous, comme un petit enfant, souvent. Et que vous ĂȘtes un grand rĂ©servoir de paix et que votre image rassure autant que lorsque vous donniez du lait Ă  vos tout-petits." ? (Lettre de 1930).

 

Une influence bienfaisante et protectrice
De fait, Marie a transmis Ă  son fils son amour du beau, son attachement aux valeurs morales (courage, obĂ©issance, sens du devoir), son goĂ»t pour le silence et l’intĂ©rioritĂ©, sa foi en la dignitĂ© de tout ĂȘtre, quel qu’il soit. Convaincue du talent d’Antoine, elle ne cessa de l’encourager Ă  Ă©crire et eut la primeur de presque tous ses manuscrits. La quintessence de l’Ɠuvre de Saint-ExupĂ©ry, son humanisme tourmentĂ©, ses appels dĂ©sespĂ©rĂ©s pour la sauvegarde de la civilisation, sa quĂȘte des cimes lui viennent de sa mĂšre, sa fĂ©e tutĂ©laire. Ne lui doit-il pas d’avoir eu souvent la vie sauve, lui qui bravait parfois le danger avec un zeste d’inconscience ou la fougue d’un conquĂ©rant ? 

Ceux pour qui la communion des saints est une rĂ©alitĂ© tangible n’en douteront pas : Marie prie sans cesse pour son fils, le recommande au Tout-Puissant au cours de messes en semaine, le confie Ă  ses deux enfants appelĂ©s auprĂšs du PĂšre, François et Marie-Madeleine ("que nos anges veillent sur toi" lui Ă©crit-elle en septembre 1939, au dĂ©but de la guerre). 

Quand Antoine, en 1935, s’écrase en avion dans le dĂ©sert libyen et manque d’y laisser sa peau, sa mĂšre exhorte ses proches convaincus de sa mort Ă  prier encore et Ă  croire au miracle. ExaucĂ©e, elle se rend Ă  Assise dans le couvent de Saint-Damien pour rendre grĂące Ă  Dieu et remercier le Poverello pour son intercession. Le pilote lui avoue d’ailleurs que c’est avant tout son image qui lui a permis de tenir pendant ces trois jours d’errance oĂč la chaleur et la soif faillirent avoir raison de lui. Ne l’a-t-il pas toujours considĂ©rĂ©e comme "son ange gardienne" ?

 

Médiatrice auprÚs du PÚre
Marie ne s’est pas contentĂ©e d’implorer le Seigneur pour la protection de son fils. Meurtrie que ce dernier ait perdu Sa trace aprĂšs la mort de son petit frĂšre, elle ne cessa jamais de prier pour qu’il retrouve la foi. En 1940, elle adresse Ă  Antoine ces mots bouleversants : "Je voudrais que tu sois en paix, je dis au bon Dieu que je prends tout sur moi, tout ce qui dans ta vie a pu ĂȘtre imparfait, je Lui dis aussi que tu as fait beaucoup de bien, que tes livres ont rĂ©veillĂ© beaucoup d'Ăąmes."

Telle sainte Monique, la mĂšre de saint Augustin, elle ne perdit jamais l’espoir d’ĂȘtre exaucĂ©e un jour
 et ce jour vint. Plus d’un an aprĂšs la disparition de son fils, en septembre 1945, elle eut une vision qu’elle transcrivit dans un poĂšme : Antoine dans la maison du PĂšre accueilli par tous ses proches morts avant lui


Ce que le livre posthume de l’écrivain poĂšte Citadelle lui faisait pressentir se rĂ©vĂ©lait donc vrai : Ă  la toute fin de sa traversĂ©e terrestre, l’auteur du Petit Prince avait retrouvĂ© le Dieu de son enfance ! Dans cet ultime manuscrit, Antoine n’écrivait-il pas, sans doute en mĂ©moire de sa foi en la vertu des priĂšres maternelles : "Je ne connais qu'un acte fertile qui est la priĂšre, mais je connais aussi que tout acte est priĂšre s'il est don de soi pour devenir." ? L’une des nombreuses apostrophes adressĂ©es au CrĂ©ateur par un vieux souverain du dĂ©sert, personnage-clĂ© de ce recueil : "Seigneur, je vais Ă  toi, selon ta grĂące, le long de la pente qui fait devenir" ne fait-elle pas Ă©cho Ă  une exhortation de sa mĂšre, aprĂšs la parution de Courrier Sud en 1929, soit 15 ans plus tĂŽt "Abandonne-toi au Seigneur, rĂ©pĂšte-Lui chaque jour : Seigneur je vais Ă  Toi selon Ta grĂące. Ta foi n'est pas Ă©teinte puisque tu n'as pas perdu l'essentiel : le goĂ»t de Dieu." ? Cette lecture avait convaincu Marie que son fils Ă©tait revenu Ă  Dieu. Sa vision acheva de l’en convaincre et lui rendit la paix, paix qu’elle avait implorĂ© le PĂšre de lui donner : "Mon Dieu, vous m'avez tout repris/ Donnez-moi la paix Ă  ce prix."

 

Raphaëlle Coquebert dans ALETEIA

 

Lettres à sa mÚre, Antoine de Saint-Exupéry, Gallimard, 1997, 8 euros.

 

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : au fond, une évidence

10/11/2025

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : au fond, une évidence

Elle est la Vierge ImmaculĂ©e, pleine de grĂące dĂšs sa conception, la plus belle de toutes les crĂ©atures. Par son oui, libre et amoureux, elle est « cause de salut pour elle-mĂȘme et pour tout le genre humain », comme l’affirmait avec force saint IrĂ©nĂ©e ; elle est la Fille obĂ©issante du PĂšre, la MĂšre du Fils de Dieu, l’Epouse de l’Esprit Saint qui la prit sous son ombre quand elle eut consenti Ă  l’Incarnation
 Comment, si tout cela est vrai (et c’est bien ce que l’Eglise nous demande de croire), Marie ne serait-elle pas co-rĂ©demptrice et mĂ©diatrice de toutes grĂąces ? Par elle, grĂące Ă  elle, JĂ©sus-Christ, notre unique Salut, est entrĂ© dans le monde pour y rĂ©aliser l’Ɠuvre de la RĂ©demption. Marie a consenti Ă  son sacrifice, elle s’y est associĂ©e librement et sans rĂ©serve, elle donne son Fils par tout son ĂȘtre, de toute son Ăąme et de tout son corps.

 

Et d’ailleurs s’il est demandĂ© Ă  chacun de nous-autres, pauvres pĂ©cheurs, d’achever dans sa chair ce qui manque Ă  la passion du Christ, c’est-Ă -dire de coopĂ©rer Ă  l’Ɠuvre de la RĂ©demption, combien plus peut-on dire que Marie la toute sainte y a coopĂ©rĂ© de maniĂšre unique et prééminente ? Si on ne peut dire qu’elle est co-rĂ©demptrice, notre propre coopĂ©ration au salut n’existe plus


 

Mater Populi Fidelis, la note du DicastĂšre pour la Doctrine de la foi qui refuse d’attribuer explicitement ces titres de co-rĂ©demptrice et de mĂ©diatrice de toutes les grĂąces Ă  la TrĂšs Sainte Vierge Marie, suggĂšre qu’ils ne sont pas erronĂ©s, mais qu’il ne faut pas les dire. Notamment parce qu’ils exigent quelques explications. Nul ne conteste ce dernier point, mais est-ce vraiment une raison acceptable pour refuser de proclamer une vĂ©ritĂ© ? Nous savons bien que le mystĂšre nous dĂ©passe et que son expression exige des explications claires. Le dogme se dĂ©finit


 

 

Marie Co-rédemptrice et médiatrice de toutes grùces : une évidence « inopportune » ?
La Note affirme donc que la proclamation de ces titres est « toujours inopportune ».

Comme si la chose n’était pas importante, comme s’il n’était pas urgent de dire et redire, sur tous les tons, avec amour et parce qu’il nous faut honorer pĂšre et mĂšre, le rĂŽle incomparable, quoiqu’évidemment subordonnĂ©, jouĂ© par la Vierge dans l’économie du salut
 S’il est une co-rĂ©demptrice et une mĂ©diatrice de toutes les grĂąces, c’est cela prĂ©cisĂ©ment qui nous dit que nous devons aller Ă  JĂ©sus par Marie. C’est le secret de Marie qu’enseigne encore et toujours saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Totus Tuus disait Ă  sa suite la devise de Jean-Paul II


 

Marie est MĂšre de Dieu. En faisant l’offrande de son Fils au temple, elle a consenti Ă  toute la volontĂ© de Dieu, de la Sainte TrinitĂ©, au sujet de son plan de salut. Au glaive qui transpercerait son Ăąme et aux clous et Ă  la lance qui transperceraient le corps de JĂ©sus.

 

Marie est MĂ©diatrice. Au jour des noces de Cana, alors que l’heure de la mort de notre Seigneur n’était pas encore venue, elle a prĂ©sentĂ© les besoins des Ă©poux Ă  son Fils, et elle a obtenu la grĂące du bon vin, figure du sang qui allait ĂȘtre versĂ© par le CrucifiĂ©.

 

Marie la toute innocente est Avocate au pied de la Croix. Elle a vu le plus innocent des hommes torturĂ© et souffrant avant de subir cette mort Ă  laquelle elle a consenti. Dans n’importe quel procĂšs humain, elle aurait Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme partie civile, en droit de dĂ©noncer l’iniquitĂ© de la crucifixion, et demander rĂ©paration. Mais non, elle plaide pour nous, pauvres pĂ©cheurs qui lui demandons, dans chaque Ave Maria, grĂące pour les malfaiteurs que nous sommes. Pour que nos fautes dont elle a si cruellement souffert soient effacĂ©es et rĂ©parĂ©es.

 

 

Marie Co-rĂ©demptrice et mĂ©diatrice parce qu’elle est MĂšre
Marie est MĂšre au pied de la Croix, elle a compati aux souffrances de son fils. Toute femme ayant donnĂ© la vie comprend qu’une mĂšre souffre presque autant que son enfant de la douleur et des souffrances qui le frappent. Marie a Ă©tĂ© vĂ©ritablement associĂ©e au sacrifice rĂ©dempteur. Elle y a participĂ© d’une maniĂšre inconcevable pour le commun des mortels, car il n’y a en elle, pleine de grĂące, qu’amour de Dieu.

 

Marie est MĂšre de tous les hommes depuis l’instant oĂč JĂ©sus a exprimĂ© cette derniĂšre volontĂ©. Quelle mĂšre serait-elle si elle ne donnait pas Ă  ses enfants qui l’implorent les grĂąces obtenues par son Fils du fait de son indispensable « oui » Ă  elle ?

 

Elle est MĂšre de l’Eglise qui nous distribue et communique son Fils lui-mĂȘme. Hors de l’Eglise, point de salut. Ne pourrait-on pas dire dĂšs lors : « Fors Marie, point de salut ? » On n’a pas l’une sans l’autre


 

Elle est Reine du Ciel et Reine de l’Univers – ce Cosmos dont je me plais Ă  penser qu’il fut sa dot, de telle sorte que le CrĂ©ateur le conçut merveilleusement beau


 

Elle est la Reine-MĂšre de Notre Seigneur qui est notre Roi
 N’est-il pas vrai que dans l’Ancien Testament, c’est la mĂšre du roi qui est assise Ă  sa droite et que mĂȘme le roi se lĂšve Ă  son entrĂ©e ? N’est-ce pas elle qui est chargĂ©e de prĂ©senter les demandes du peuple, et que le Roi les honore non par devoir, mais par amour filial ?

 

« Faites tout ce qu’Il vous dira », dit la Vierge MĂšre Ă  Cana, car elle sait qu’elle sera elle-mĂȘme entendue, Ă©coutĂ©e, exaucĂ©e.

Par amour filial Ă  notre tour, et parce qu’elle nous donne Dieu lui-mĂȘme, nous honorons en elle la Co-rĂ©demptrice et la MĂ©diatrice de toutes grĂąces.

 

Jeanne Smits RITV

La sainteté, une folie raisonnable

09/11/2025

La sainteté, une folie raisonnable

Célébrer les saints, honorer les morts
Avec la pĂ©dagogie qu’on lui connaĂźt, l’Église, en ce dĂ©but du mois de novembre, ne lie donc point par hasard la fĂȘte de la Toussaint avec celle de la commĂ©moraison des fidĂšles dĂ©funts.

 

CĂ©lĂ©brer les saints qui, ici-bas, ont vĂ©cu en amis de JĂ©sus et ont manifestĂ© de maniĂšre significative la puissance de la victoire du Christ dans leur Ăąme ; honorer les morts qui, entrĂ©s dans leur Ă©ternitĂ©, rĂ©clament nos priĂšres pour se laisser, Ă  leur tour et Ă  la suite des saints, possĂ©der par Dieu tout entier. Une mĂ©ditation s’impose : si la mort fait partie de la vie, il s’agit de ne pas oublier trop vite aussi que la saintetĂ© doit faire partie de la vie chrĂ©tienne. Ou, Ă  dĂ©faut qu’elle n’en tienne la meilleure place, ambitionner Ă  tout le moins de commencer Ă  l’avoir pour but.

 

« Que demandez-vous Ă  l’Église de Dieu ? » interroge le ministre au commencement du rituel du baptĂȘme, « La Foi ! » rĂ©pondent les parrain et marraine. « Que vous procure la foi ? », « La vie Ă©ternelle ! ». Ainsi, cet ĂȘtre de sang et de boue qu’est l’homme se trouve appelĂ©, dĂšs le frĂ©missement de la vie en lui, au plus glorieux des hĂ©ritages. Dieu veut que l’humanitĂ© dans son ensemble relĂšve la tĂȘte vers la lumiĂšre, cette « lumiĂšre vĂ©ritable » (Jn 1, 9) qui brille dans la personne de son fils, jaillit de son Évangile et Ă©clate dans l’enseignement constant de son Église.

 

« La foi, expliquait, espiĂšgle, Gustave Thibon, c’est la noblesse de l’homme qui, une fois dĂ©grisĂ©, tient ses promesses d’ivrogne. » Oui, il y a dans l’hygiĂšne de vie chrĂ©tienne – celle-lĂ  qui fait les saints – quelque chose de profondĂ©ment contre-intuitif et d’apparence dĂ©raisonnable. Cette foi, qui donne droit Ă  la vie Ă©ternelle, paraĂźt, Ă  vue humaine, insensĂ©e.

 

Elle fait rire les mondains et suscite l’ironie des puissants, comme on a pu le voir derniĂšrement Ă  l’occasion du succĂšs du film SacrĂ© CƓur, contre tous les pronostics et les coups bas de l’entre-soi « mĂ©diatiquement correct ». À ce monde du spectacle, saint Paul pourrait Ă  nouveau lancer ses percutantes envolĂ©es sur la folie raisonnable du message divin. Sa premiĂšre lettre aux Corinthiens en est truffĂ©e :

 

« Dieu a choisi ce qui est folie pour le monde afin de confondre les sages. » (1 Co 1, 27)

« Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous se croit sage selon ce monde, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. » (1 Co 3, 18-19)

« Nous sommes fous à cause du Christ. » (1 Co 4, 10)

« Car ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes. » (1 Co 1, 25)

 

Tel est l’enjeu de notre propre conversion : devenir raisonnablement fou. S’interdire d’apprĂ©hender la saintetĂ© comme une affaire de dĂ©veloppement personnel, s’empĂȘcher de croire que l’amitiĂ© avec Dieu est question de recette. On ne s’initie pas Ă  la saintetĂ© selon la mĂȘme logique cognitive de l’apprentissage d’une langue Ă©trangĂšre. Pas d’application DuoSancto comme Duolingo.

 

 

De mĂȘme, pas de croissance dans la grĂące Ă  la maniĂšre d’une prise de masse musculaire. Pratiquer les commandements rĂ©clame tout autre chose qu’une docilitĂ© scrupuleuse Ă  des exercices quotidiens, tels qu’ils peuvent ĂȘtre prĂ©conisĂ©s par le youtubeur Tibo InShape. 

 

Aimer Dieu follement avec toute sa raison
Qu’est-ce que la saintetĂ©, sinon d’aimer Dieu follement avec toute sa raison ? L’aimer et lui plaire certes, mais avec une prĂ©cision de taille : « en tĂąchant d’anĂ©antir son amour-propre pour faire vivre et rĂ©gner l’amour de Dieu » (saint François de Sales).

 

ReconnaĂźtre l’incohĂ©rence de ses certitudes pour vivre de l’amour de Dieu, c’est cet « anĂ©antissement de l’amour-propre » dont Bruno Guillot a fait l’expĂ©rience saisissante, jusqu’à modifier le cours de sa vie : Belge converti au salafisme, imam repenti redevenu catholique, vous pourrez lire son formidable tĂ©moignage dans ce numĂ©ro.

 

« Faire vivre et rĂ©gner l’amour de Dieu », c’est encore tout le projet du CongrĂšs Mission qui se tient actuellement Ă  Paris-Bercy et qui s’attache Ă  rassembler, sans exclusive, tous ceux qui aspirent Ă  diffuser le message d’amour et de vĂ©ritĂ© de l’Église. Comme quoi, la saintetĂ© n’a pas dit son dernier mot. Et vous ?

 

PĂšre Danziec dans l'Homme Nouveau

LĂ©on XIV convoque un consistoire extraordinaire: un nouveau souffle d'unitĂ© pour l'Église

08/11/2025

LĂ©on XIV convoque un consistoire extraordinaire: un nouveau souffle d'unitĂ© pour l'Église

C’est prĂ©cisĂ©ment ce dernier type de consistoire qui caractĂ©rise la convocation que le pape LĂ©on XIV entend tenir au dĂ©but de l’annĂ©e prochaine. Dans une communication confidentielle adressĂ©e le 6 novembre par le SecrĂ©tariat d’État aux membres du SacrĂ© CollĂšge , il est indiquĂ© que « le Saint-PĂšre LĂ©on XIV entend convoquer un consistoire extraordinaire les 7 et 8 janvier 2026 ». La note, signĂ©e avec la formule de respect habituelle, prĂ©cise simplement que le doyen du CollĂšge des cardinaux communiquera en temps voulu les dĂ©tails officiels. Rien n'a encore Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© quant au thĂšme de la rĂ©union, mais cette annonce suffit Ă  susciter attente et interrogations .

 

AprĂšs des annĂ©es oĂč la gouvernance de l'Église s'est exercĂ©e par des cercles restreints  et des instances parallĂšles – comme le Conseil des Neuf Cardinaux instituĂ© par le pape François et surnommĂ© au Vatican « le Conseil du Roi » –, LĂ©on XIV semble dĂ©sormais dĂ©terminĂ© Ă  redonner au CollĂšge des Cardinaux son rĂŽle originel : conseiller le pape de maniĂšre collĂ©giale et universelle . Le 21 avril 2025 , le Conseil a Ă©tĂ© dissous et les thĂ©ologiennes invitĂ©es Ă  s'exprimer sur l' ordination des femmes et autres sujets mineurs sont rentrĂ©es chez elles.

 

Avant François, BenoĂźt XVI prĂ©fĂ©rait remplacer ces instances par des rĂ©unions informelles Ă  la veille de la crĂ©ation de nouveaux cardinaux, tandis que saint Jean-Paul II convoqua six consistoires extraordinaires : trois concernant la rĂ©forme de la Curie et les finances du Vatican , et trois consacrĂ©s Ă  la doctrine et des thĂšmes pastoraux de grande portĂ©e — de la dĂ©fense de la vie Ă  la prĂ©paration du JubilĂ© de l’an 2000 , et enfin la rĂ©flexion sur la mission de l’Église au XXIe siĂšcle Ă  la lumiĂšre de l’ encyclique Novo Millennio Ineunte (2001). Le premier consistoire extraordinaire du pape François remonte aux 20 et 21 fĂ©vrier 2014 , lorsque les cardinaux se sont rĂ©unis pour discuter de la famille , en prĂ©paration des deux synodes de 2014 et 2015. Les 29 et 30 aoĂ»t 2022 , malgrĂ© la mention d’une « rĂ©union de cardinaux » par le Bureau de presse du Saint-SiĂšge, il s’agissait en rĂ©alitĂ© d’un consistoire extraordinaire convoquĂ© pour « informer les cardinaux » de la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium concernant la rĂ©forme de la Curie romaine . À cette occasion, plusieurs cardinaux ont dĂ©plorĂ© d’avoir Ă©tĂ© convoquĂ©s seulement aprĂšs la publication du document, un texte qui restructurait l’ensemble de la Curie .         

                

Un signe de mĂ©thode , avant mĂȘme toute question de contenu. 
Ce geste de LĂ©on XIV revĂȘt une signification qui dĂ©passe le sujet qui sera abordĂ©. La forme mĂȘme du consistoire symbolise un retour Ă  la collĂ©gialitĂ© ecclĂ©siale , aprĂšs une longue pĂ©riode durant laquelle de nombreux cardinaux ont dĂ©plorĂ© leur exclusion des processus dĂ©cisionnels . Ce n'est pas un hasard si, lors des congrĂ©gations gĂ©nĂ©rales prĂ©cĂ©dant le conclave , plusieurs cardinaux avaient exprimĂ© le dĂ©sir d'un pape capable d'Ă©couter et d' associer l'ensemble du cardinalat .

 

LĂ©on XIV semble dĂ©terminĂ© Ă  rĂ©pondre Ă  cette attente, en choisissant de convoquer tous les cardinaux , et non seulement un petit groupe de conseillers de confiance ou de « thĂ©ologiens ». Dans l'attente du thĂšme, on a le sentiment que ce consistoire extraordinaire pourrait marquer un tournant , non pas tant par ce qui sera dit , mais par ce qu'il reprĂ©sente . Une Église qui retrouve le droit de dĂ©libĂ©rer ensemble , en prĂ©sence de son Pasteur , est dĂ©jĂ  une Église qui respire Ă  nouveau pleinement .        

 

Source : Silere non Possum (Italie)

 

Un constat glaçant sur la liberté religieuse mondiale

07/11/2025

Un constat glaçant sur la liberté religieuse mondiale

Un droit fondamental bafoué : Le Rapport 2025 de l'AED
Le Rapport 2025 sur la libertĂ© religieuse dans le monde, rĂ©alisĂ© par la fondation pontificale Aide Ă  l'Église en DĂ©tresse (AED), dresse un Ă©tat des lieux dramatique de la situation entre janvier 2023 et dĂ©cembre 2024.

 

Deux tiers de l'humanité menacés
PortĂ©e et Aggravation : Sur 196 pays Ă©tudiĂ©s, plus de 5,4 milliards de personnes (soit prĂšs des deux tiers de l'humanitĂ©) vivent dans un État oĂč la libertĂ© religieuse est gravement menacĂ©e.

Pays de PersĂ©cution : 24 pays sont classĂ©s dans la catĂ©gorie la plus grave, celle de la persĂ©cution, oĂč les violations sont "graves et systĂ©miques". Cela concerne plus de 1,4 milliard de personnes dans des pays comme la Chine, la CorĂ©e du Nord, l'Inde, le Nigeria et le Nicaragua.

Pays de Discrimination : 38 pays sont classĂ©s dans la catĂ©gorie des discriminations, oĂč les groupes religieux (soit 1,3 milliard de personnes) font face Ă  des restrictions de culte et d'expression, notamment l'Égypte, l'Éthiopie et la Turquie.

Situation en DĂ©clin : L'Ă©tat global de la libertĂ© religieuse ne s'est pas amĂ©liorĂ© depuis le prĂ©cĂ©dent rapport, avec une aggravation de la situation dans 75% des pays de persĂ©cution. Seuls le Sri Lanka et le Kazakhstan ont montrĂ© une lĂ©gĂšre amĂ©lioration, tout en restant des pays oĂč les droits sont encore profondĂ©ment bafouĂ©s.

 

Le bilan particuliÚrement lourd pour les Chrétiens
Le christianisme reste la confession la plus touchée par la violence et la répression :

 

Chiffres alarmants : Un chrĂ©tien sur six dans le monde vit dans un pays oĂč les persĂ©cutions antichrĂ©tiennes reprĂ©sentent une menace forte.

Exemples de Violences :

Au NigĂ©ria, plus de 1 600 victimes chrĂ©tiennes ont Ă©tĂ© recensĂ©es depuis 2023, la majoritĂ© Ă©tant victimes des violences menĂ©es par Boko Haram et l'État islamique.

En Chine, le rapport fait état de morts sous la torture, de la surveillance électronique des églises et de l'interdiction formelle faite aux mineurs d'assister à la messe.

En Irak, des centaines de chrĂ©tiens auraient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, avec des interdictions similaires de pratique religieuse pour les mineurs.

 

L'Europe n'est pas épargnée par les actes antichrétiens
Bien que l'Occident ne soit pas classé dans les catégories de violations graves, le rapport note une augmentation significative des attaques contre les sites et les fidÚles chrétiens :

 

La France en tĂȘte : Avec environ 1 000 actes anti-chrĂ©tiens enregistrĂ©s en 2023, la France est identifiĂ©e par AmĂ©lie Berthelin de l'AED comme le pays d'Europe le plus touchĂ© par ce type d'actes.

Autres pays concernĂ©s : La GrĂšce (plus de 600 cas de vandalisme d'Ă©glises), l'Italie, l'Espagne, les États-Unis et la Croatie sont Ă©galement citĂ©s pour des profanations de lieux de culte, des agressions de membres du clergĂ© et des perturbations d'offices religieux.

 

Un appel Ă  la conscience et Ă  l'action
Face Ă  cette "souffrance cachĂ©e", l'AED passe Ă  l'action en lançant, pour la premiĂšre fois de son histoire, une pĂ©tition mondiale pour la protection du droit Ă  la libertĂ© religieuse. L'objectif est double : susciter une rĂ©elle prise de conscience auprĂšs des signataires et, surtout, interpeller les responsables politiques afin qu'ils "prennent Ă  leur tour la mesure de l’enjeu". L'urgence de la situation globale ne fait que souligner la nĂ©cessitĂ© de cet engagement.

À Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline dĂ©nonce un climat politique et social inquiĂ©tant

06/11/2025

À Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline dĂ©nonce un climat politique et social inquiĂ©tant

Le 4 novembre 2025, lors de l’ouverture de l’AssemblĂ©e plĂ©niĂšre d’automne des Ă©vĂȘques de France Ă  Lourdes, le cardinal Jean-Marc Aveline a pris la parole devant l’ensemble de l’épiscopat. S’inscrivant dans la continuitĂ© du magistĂšre de ses prĂ©dĂ©cesseurs, le cardinal Aveline a alertĂ© sur la fragilitĂ© du climat social et politique en France, affirmant que « la dĂ©mocratie elle-mĂȘme semble ĂȘtre en danger, comme le rĂ©vĂšlent la recrudescence de l’antisĂ©mitisme et l’attrait exercĂ© par des populismes devenus menaçants ». Ces mots, prononcĂ©s avec gravitĂ©, traduisent une inquiĂ©tude face Ă  la montĂ©e des divisions et Ă  la perte du sens spirituel dans la vie publique. Pour lui, la dĂ©rive du dĂ©bat dĂ©mocratique et la banalisation des discours de haine tĂ©moignent d’une crise plus profonde. Citant le patriarche BartholomĂ©e, il a rappelĂ© : « Lorsque Dieu disparaĂźt du regard humain, la terre devient un bien Ă  exploiter, l’autre un rival Ă  craindre et la vie elle-mĂȘme une marchandise. »

 

Le cardinal a Ă©galement appelĂ© Ă  une attention particuliĂšre envers les jeunes gĂ©nĂ©rations, dont il a voulu comprendre les aspirations : « Ce dĂ©sir d’identitĂ© taraude le cƓur de nombreux jeunes et nous devons le considĂ©rer positivement, le comprendre et le nourrir, afin qu’il ne soit pas rĂ©cupĂ©rĂ© pour servir d’alibi Ă  de dangereuses crispations identitaires. » Selon lui, ce besoin d’enracinement ne doit pas ĂȘtre jugĂ© mais accompagnĂ©, pour qu’il devienne un chemin d’ouverture et non de fermeture.

 

Pour Ă©clairer la mission de l’Église dans ce contexte, le cardinal Aveline s’est rĂ©fĂ©rĂ© Ă  Jean-Paul II, citant l’encyclique Dominum et vivificantem (1986) : « Il est beau et salutaire de penser que, partout oĂč l’on prie dans le monde, l’Esprit Saint, souffle vital de la priĂšre, est prĂ©sent. » Il a ajoutĂ© : « Je dois au pape Jean-Paul II d’avoir mieux compris, pour tout ce qui concerne la mission, l’urgence d’une solide thĂ©ologie trinitaire et notamment d’une pneumatologie (c’est-Ă -dire la partie de la thĂ©ologie qui Ă©tudie la personne et l’action du Saint-Esprit). » Le prĂ©lat a ensuite rĂ©sumĂ© cette vision en une formule marquante : « L’Église s’essouffle vite si elle prĂ©tend souffler Ă  la place de l’Esprit. » Cette image, simple et percutante, illustre la conviction que la fĂ©conditĂ© pastorale naĂźt de la docilitĂ© Ă  l’Esprit Saint et non d’une activitĂ© purement humaine.

 

Évoquant enfin la pensĂ©e de BenoĂźt XVI, le cardinal Aveline a rappelĂ© le dialogue que le cardinal Ratzinger avait menĂ© avec le philosophe JĂŒrgen Habermas en 2004 : « Peut-ĂȘtre nous faudra-t-il [
] avoir le courage de dĂ©noncer, grĂące Ă  la raison, les pathologies de la religion, lorsque celle-ci prĂ©fĂšre la contrainte Ă  la libertĂ©, et, dans le mĂȘme temps, dĂ©noncer, grĂące Ă  la religion, les pathologies de la raison, lorsque celle-ci choisit d’ignorer la dimension spirituelle de l’humain. » Cette rĂ©fĂ©rence, a-t-il expliquĂ©, souligne la nĂ©cessitĂ© d’un Ă©quilibre entre foi et raison pour prĂ©server la libertĂ© et la dignitĂ© de l’homme.Par ces rĂ©fĂ©rences Ă  Jean-Paul II et Ă  BenoĂźt XVI, le cardinal Aveline a voulu replacer la rĂ©flexion de l’Église de France dans la continuitĂ© d’une tradition spirituelle et intellectuelle solide. À Lourdes, son intervention a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’un engagement lucide face aux tensions sociales et d’une fidĂ©litĂ© renouvelĂ©e Ă  l’Esprit Saint, source du vĂ©ritable discernement chrĂ©tien.

 

Source : Philippe Marie dans Tribune Chrétienne

La carriĂšre internationale du film SacrĂ©-CƓur a dĂ©jĂ  commencĂ©

06/11/2025

La carriĂšre internationale du film SacrĂ©-CƓur a dĂ©jĂ  commencĂ©

Il fallait sans doute cela pour rĂ©veiller les consciences. Il fallait un film capable de dĂ©placer les foules, croyantes ou non, un film qui parle d’amour, du seul vĂ©ritable amour, celui qui se donne sans retour : l’amour du Christ. SacrĂ©-CƓur, produit et co-rĂ©alisĂ© par Steven et Sabrina Gunnell,distribuĂ© par SAJE Distribution, a su toucher le cƓur du public comme peu d’Ɠuvres contemporaines.

 

En plein triomphe en France oĂč le film s’apprĂȘte Ă  franchir le cap des 400 000 entrĂ©es, Hubert de Torcy, patron de SAJE films, a confiĂ© Ă  Tribune ChrĂ©tienne que le film  reçoit Ă©galement un accueil triomphal en Afrique et dans l’ocĂ©an Indien, avec des sorties programmĂ©es jusqu’en AmĂ©rique et en Asie : c’est une vĂ©ritable aventure missionnaire du grand Ă©cran qui ne fait que commencer et de se poursuivre. « En Belgique et en Suisse, les salles sont combles comme en France. À Monaco, le film est mĂȘme prolongĂ© devant la demande du public ».Le film, vĂ©ritable phĂ©nomĂšne, a entamĂ© sa diffusion en Afrique et dans l’ocĂ©an Indien la semaine derniĂšre. Les premiers rĂ©sultats confirment un accueil exceptionnel. « À l’üle Maurice, nous avons dĂ©passĂ© les 7 000 entrĂ©es en deux semaines. En CĂŽte d’Ivoire, c’est un vĂ©ritable carton avec plus de 2 300 entrĂ©es en un seul week-end ! » explique le distributeur français.

 

« Voici ce CƓur qui a tant aimĂ© les hommes qu’il n’a rien Ă©pargnĂ© jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur tĂ©moigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrĂ©vĂ©rences et leurs sacrilĂšges, et par les froideurs et les mĂ©pris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour. »

Sainte Marguerite-Marie-Alacoque (1647-1690)

 

Et la vĂ©ritable success story de SacrĂ©-CƓur s’étend dĂ©sormais au SĂ©nĂ©gal, au Burkina Faso, au Togo, au Cameroun et en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Pour le responsable de SAJE Distribution, cette expansion tĂ©moigne d’une vĂ©ritable soif spirituelle. « Tout cela est trĂšs rĂ©jouissant. On sent que le public, partout, a besoin d’histoires vraies, lumineuses, porteuses d’espĂ©rance », souligne-t-il.Il nous confie Ă©galement que «  le film poursuivra sa route au Liban courant dĂ©cembre, avant d’arriver au Canada Ă  la mĂȘme pĂ©riode. »

 

Et l’aventure ne s’arrĂȘte pas lĂ  : « Nous prĂ©parons une version pour les États-Unis, dont la sortie est prĂ©vue Ă  l’occasion des fĂȘtes du SacrĂ©-CƓur, en juin 2026 », prĂ©cise le distributeur. Des accords sont Ă©galement en discussion avec des partenaires en Allemagne et en Espagne, tandis que l’AmĂ©rique latine se prĂ©pare Ă  accueillir le film : « Des contacts sont dĂ©jĂ  Ă©tablis au Mexique, en Colombie et au Chili ».Et la demande s’élargit encore : « De nombreuses sollicitations nous parviennent des Philippines, mais aussi de CorĂ©e du Sud », confie-t-il, avant d’ajouter avec un sourire : « Ce n’est que le dĂ©but de l’aventure internationale de SacrĂ©-CƓur. »

 

Partout oĂč il est projetĂ©, SacrĂ©-CƓur rassemble et touche les Ăąmes. De Bruxelles Ă  Abidjan, de GenĂšve Ă  Port-Louis, les spectateurs sortent bouleversĂ©s par ce film qui remet le Christ au centre des vies et des histoires humaines. Il y avait longtemps qu’un film n’avait pas su dire l’amour vrai avec autant de simplicitĂ© et de force. Dans les regards des spectateurs Ă©mus, dans les applaudissements qui montent Ă  la fin des sĂ©ances, on devine qu’il se passe quelque chose de plus grand qu’un simple succĂšs de cinĂ©ma : un rĂ©veil des cƓurs. Rappelons que les Visitandines de Nantes peinent Ă  rĂ©pondre Ă  l’avalanche de commandes de leur « Sauvegarde du SacrĂ© CƓur » ( photo).

 

Le film ne se contente pas d’émouvoir, il appelle Ă  aimer, Ă  croire, Ă  espĂ©rer. Et de mĂȘme qu’il y eut, dans les annĂ©es 90 , une « gĂ©nĂ©ration Grand Bleu », marquĂ©e par le rĂȘve et la mer, il semble qu’émerge aujourd’hui une gĂ©nĂ©ration SacrĂ©-CƓur, toute tournĂ©e vers le CƓur du CƓur de l’amour, une gĂ©nĂ©ration qui cherche, dans l’obscuritĂ© du monde, la lumiĂšre du monde.

 

Philippe Marie dans Tribune Chrétienne

Enseignement catholique le coup de menton du ministre

05/11/2025

Enseignement catholique  le coup de menton du ministre

Le temps d'enseignement est sacré : pas de priÚre sur les heures de cours.

Devant la commission des affaires culturelles de l’AssemblĂ©e nationale, le 4 novembre dernier, la position d'Édouard Geffray a Ă©tĂ© limpide : le temps d'enseignement, financĂ© par l'État, doit ĂȘtre exclusivement consacrĂ© Ă  l'enseignement. Chaque minute payĂ©e par le contribuable a pour unique vocation la transmission des savoirs inscrits aux programmes, sans exception.

Cette mise au point est une rĂ©ponse directe Ă  Guillaume PrĂ©vost, le nouveau secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique. Ce dernier avait rĂ©cemment suscitĂ© la polĂ©mique en dĂ©fendant la possibilitĂ© pour les enseignants de prier avec leurs Ă©lĂšves, invoquant la « libertĂ© pĂ©dagogique et la libertĂ© de conscience ». 

Pour asseoir son propos, le ministre a utilisĂ© une formule simple et directe, se plaçant sur le terrain du contrat qui lie l'État aux Ă©tablissements privĂ©s :
« Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payĂ©e par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas Ă  autre chose. Et donc je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une priĂšre ».

L'argument du ministre est particuliĂšrement puissant car il dĂ©place le dĂ©bat. En ramenant la question Ă  une logique de service rendu contre financement public (« une minute payĂ©e
 c’est une minute d’enseignement »), il contourne un dĂ©bat philosophique ou thĂ©ologique potentiellement sans fin sur la laĂŻcitĂ©. Il transforme l'enjeu en une question quasi managĂ©riale de respect du contrat d'association avec l'État. Pour une institution "sous contrat", un tel argument fondĂ© sur le bon sens et les obligations contractuelles devient difficile Ă  contester.

L'éducation à la sexualité : un menu unique, obligatoire pour tous

La fermeté du ministre ne s'est pas limitée à la question de la priÚre. Concernant le nouveau programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), la ligne est tout aussi stricte. Son application est qualifiée d'obligatoire « partout », sans aucune possibilité d'adaptation ou de sélection.

LĂ  encore, Édouard Geffray rĂ©pond aux propositions de Guillaume PrĂ©vost. Bien qu'il se soit engagĂ© Ă  appliquer le programme, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Enseignement catholique avait Ă©voquĂ© la mise en place d'un « projet de rĂ©seau » spĂ©cifique Ă  ses Ă©tablissements sur ce sujet, suggĂ©rant une marge de manƓuvre.

La rĂ©plique du ministre, qu'il a lui-mĂȘme qualifiĂ©e de rĂ©ponse « en loi et en bon sens », ne laisse aucune place Ă  l'interprĂ©tation et rĂ©affirme l'autoritĂ© du programme national :
« Un programme, c’est un programme, c’est obligatoire partout. Ce n’est ni discutable, ni nĂ©gociable, ni amendable. On ne fait pas son marchĂ© dans un programme, on ne commence pas Ă  dire je le fais, je ne le fais pas, etc. ». 

Cette dĂ©claration rĂ©affirme sans dĂ©tour l'autoritĂ© de l'État sur les contenus pĂ©dagogiques fondamentaux. En refusant un « projet de rĂ©seau » spĂ©cifique, Édouard Geffray ne dĂ©fend pas seulement le programme EVARS ; il protĂšge le principe mĂȘme d'un curriculum national unifiĂ©. Accepter une exception crĂ©erait un dangereux prĂ©cĂ©dent, ouvrant la porte Ă  d'autres rĂ©seaux ou Ă©tablissements qui pourraient rĂ©clamer un traitement « Ă  la carte » sur d'autres sujets. C'est un rappel que le contrat avec l'État n'est pas un buffet oĂč l'on choisit ce qui convient. L'insistance martelĂ©e du ministre est le coup de grĂące Ă  toute ambiguĂŻtĂ© : « Je veux m’assurer que ce soit partout. Et j’ai bien dit partout. » 

Partout ? On lui souhaite bon courage ! Les enseignants musulmans feront à raison ce qu'ils veulent et le ministre – nous le savons tous – regardera ailleurs.
À la rentrĂ©e 2023, l'Enseignement catholique scolarisait 2 060 000 Ă©lĂšves. Forte de ce nombre, la hiĂ©rarchie catholique aurait tort de ne pas Ă©lever le ton pour dĂ©fendre son nouveau secrĂ©taire de l'Enseignement catholique. l'Ă©phĂ©mĂšre et faible gouvernement en place a d'autres chats Ă  fouetter !

Vive le Christ Roi !

 

 

Sources : Le Figaro, le Salon Beige et La Croix