Le blog du Temps de l'Immaculée.
06/11/2025
Dans le dialogue souvent feutré entre l'État et l'enseignement privé, les mises au point directes sont rares. Celles d'Édouard Geffray, le directeur général de l'Enseignement scolaire (Dgesco) devenu ministre en CDD, résonnent donc avec une force particulière. Devant la représentation nationale, il a rappelé avec une fermeté sans équivoque les règles du jeu sur deux sujets particulièrement sensibles : la place de la prière durant le temps scolaire et le caractère non négociable du nouveau programme d'éducation à la sexualité. Des positions claires qui dessinent une ligne rouge à ne pas franchir.
Le temps d'enseignement est sacré : pas de prière sur les heures de cours.
Devant la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le 4 novembre dernier, la position d'Édouard Geffray a été limpide : le temps d'enseignement, financé par l'État, doit être exclusivement consacré à l'enseignement. Chaque minute payée par le contribuable a pour unique vocation la transmission des savoirs inscrits aux programmes, sans exception.
Cette mise au point est une réponse directe à Guillaume Prévost, le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique. Ce dernier avait récemment suscité la polémique en défendant la possibilité pour les enseignants de prier avec leurs élèves, invoquant la « liberté pédagogique et la liberté de conscience ».
Pour asseoir son propos, le ministre a utilisé une formule simple et directe, se plaçant sur le terrain du contrat qui lie l'État aux établissements privés :
« Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. Et donc je ne vois pas comment, sur un temps d’enseignement, on pourrait faire une prière ».
L'argument du ministre est particulièrement puissant car il déplace le débat. En ramenant la question à une logique de service rendu contre financement public (« une minute payée… c’est une minute d’enseignement »), il contourne un débat philosophique ou théologique potentiellement sans fin sur la laïcité. Il transforme l'enjeu en une question quasi managériale de respect du contrat d'association avec l'État. Pour une institution "sous contrat", un tel argument fondé sur le bon sens et les obligations contractuelles devient difficile à contester.
L'éducation à la sexualité : un menu unique, obligatoire pour tous
La fermeté du ministre ne s'est pas limitée à la question de la prière. Concernant le nouveau programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), la ligne est tout aussi stricte. Son application est qualifiée d'obligatoire « partout », sans aucune possibilité d'adaptation ou de sélection.
Là encore, Édouard Geffray répond aux propositions de Guillaume Prévost. Bien qu'il se soit engagé à appliquer le programme, le secrétaire général de l’Enseignement catholique avait évoqué la mise en place d'un « projet de réseau » spécifique à ses établissements sur ce sujet, suggérant une marge de manœuvre.
La réplique du ministre, qu'il a lui-même qualifiée de réponse « en loi et en bon sens », ne laisse aucune place à l'interprétation et réaffirme l'autorité du programme national :
« Un programme, c’est un programme, c’est obligatoire partout. Ce n’est ni discutable, ni négociable, ni amendable. On ne fait pas son marché dans un programme, on ne commence pas à dire je le fais, je ne le fais pas, etc. ».
Cette déclaration réaffirme sans détour l'autorité de l'État sur les contenus pédagogiques fondamentaux. En refusant un « projet de réseau » spécifique, Édouard Geffray ne défend pas seulement le programme EVARS ; il protège le principe même d'un curriculum national unifié. Accepter une exception créerait un dangereux précédent, ouvrant la porte à d'autres réseaux ou établissements qui pourraient réclamer un traitement « à la carte » sur d'autres sujets. C'est un rappel que le contrat avec l'État n'est pas un buffet où l'on choisit ce qui convient. L'insistance martelée du ministre est le coup de grâce à toute ambiguïté : « Je veux m’assurer que ce soit partout. Et j’ai bien dit partout. »
Partout ? On lui souhaite bon courage ! Les enseignants musulmans feront à raison ce qu'ils veulent et le ministre – nous le savons tous – regardera ailleurs.
À la rentrée 2023, l'Enseignement catholique scolarisait 2 060 000 élèves. Forte de ce nombre, la hiérarchie catholique aurait tort de ne pas élever le ton pour défendre son nouveau secrétaire de l'Enseignement catholique. l'éphémère et faible gouvernement en place a d'autres chats à fouetter !
Vive le Christ Roi !
Sources : Le Figaro, le Salon Beige et La Croix