Le blog du Temps de l'Immaculée.

Méditation sur l’obéissance à Dieu

02/11/2025

Méditation sur l’obéissance à Dieu

L’obéissance est une vertu, le Christ nous en ayant donné l’exemple le plus admirable. Notre union à Dieu est en lien indissoluble avec l’obéissance à la volonté divine.
Par un moine de Triors, dans La Nef.

«Mais dites-moi votre avis. Un homme avait deux enfants. S’adressant au premier, il dit : Mon enfant, va-t’en aujourd’hui travailler à la vigne. Je ne veux pas, répondit-il ; ensuite pris de remords, il y alla. S’adressant au second, il dit la même chose ; l’autre répondit : Entendu, Seigneur, et il n’y alla point. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » (Mt 21, 28-31).

 

Cette parabole du Sauveur peut servir d’exergue à ce modeste propos. Notre vie d’ici-bas doit se mouler sur celle de notre Seigneur et Sauveur. Or que nous dit-il ? Citons-le un peu, et d’abord en saint Jean : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn 4, 34). « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn 6, 38). De leur côté, les synoptiques ont conservé, entre autres, une maxime du Sauveur sur la nécessité d’adhérer à la volonté divine pour répondre à notre vocation d’enfants de Dieu, vocation si fortement marquée dans le Prologue de saint Jean : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mc 3, 35 ; cf. Mt 12, 49). Mais on pourrait multiplier les citations de ce genre. Saint Paul résumera toute la vie du divin Maître dans cette formule de son Épître aux Philippiens qui est devenue célèbre (citée ici dans la traduction de Crampon) : « Bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ; il s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Ph 2, 6-8). La perfection de notre union à notre Sauveur se mesurera à celle de notre imitation de sa vie suivant notre vocation ; ainsi accomplirons-nous le commandement que le Père nous a donné au travers du saint patriarche Abraham qui est, selon l’Écriture, le père spirituel de toutes les âmes de foi : « Marche devant ma face et sois parfait » (Gn 17, 1).

Ces considérations sont remplies de conséquences pour notre vie de chaque jour. L’important pour nous rendre Dieu proche n’est pas d’accomplir ici-bas des œuvres extraordinaires, et surtout pas celles qui nous vaudront des admirateurs (qui nous vaudront aussi, hélas, des jaloux !). L’amitié avec Dieu n’exige pas davantage la multiplication des exercices religieux ni les macérations en tout genre ; elle n’implique même pas que nous consacrions notre vie aux œuvres de miséricorde, même si celles-ci sont mises en avant par Notre Seigneur lui-même dans le tableau qu’il nous fait du jugement dernier. Tout cela est très bon, excellent même, mais tout cela ne fait pas forcément de nous des amis de Dieu et de Notre Seigneur ; bref, tout cela ne nous mène pas sûrement à cette perfection que le Tout-Puissant et son Verbe Incarné désirent de nous. On connaît le célèbre passage de saint Paul (1 Cor 13, 3) : « Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. » C’est l’amour surnaturel de charité qui fait de nous des amis de Dieu ; c’est son intensité en nous qui marque l’intensité de notre union avec le Sauveur et son Père.

 

Mais cette intensité d’union avec Dieu et avec Notre Seigneur est en lien indissoluble avec l’obéissance à la volonté divine qui nous a été manifestée. Dans cette obéissance, notre liberté elle-même se déploie et notre volonté se fortifie. Le Seigneur Jésus, en effet, n’a pas voulu être autre chose qu’une obéissance à son Père, comme le note l’Épître aux Hébreux (10, 5s), se faisant l’écho de l’Épître aux Philippiens citée plus haut : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : “Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté”. » Le Christ est tout pour nous, et nous ne plairons au Père que dans la mesure où il retrouvera son Fils divin en nous ; et il ne le retrouvera que s’il trouve en nous les dispositions de son Cœur sacré, et avant tout celle-ci qui est préjudicielle : notre souci d’accomplir constamment sa divine volonté.

 

« Dans le plan de Dieu, notait un spiritain, notre programme de vie est fixé, notre route est tracée ; notre tâche de manœuvre consiste à laisser Dieu agir, à écouter et comprendre, à nous laisser conduire pas à pas. La meilleure préoccupation, touchant notre avenir et notre salut, est de nous en rapporter entièrement à Dieu. Personne ne peut mieux que lui pourvoir à notre bien. Il est la Bonté même. Il est notre Père, nous sommes ses enfants. Notre plus grand ennemi est une trop grande bonne volonté. Conduits par le moi, nous nous égarons […]. Dire “Oui, Père !” au moment présent, voilà la sainteté. Et le dire aussi par rapport à l’avenir. Personne ne peut faire à Dieu de plus bel hommage que de remettre, les yeux fermés, tout son avenir entre ses mains. C’est un sacrifice d’agréable odeur qui monte vers le trône du Très-Haut. Quoi que l’avenir me réserve, joies ou peines, croix ou consolations, je dis résolument : “Oui, Père !” Je me fie à Vous. “Ita, Pater !” telle est la signature au bas de mon programme de vie. Et je sais que par là je ne signe pas un arrêt de mort, mais que je m’ouvre les perspectives du plus grand bonheur. Et pourtant je signe aussi un arrêt de mort car nous devons être ensevelis avec le Christ pour ressusciter avec lui » (1).

Demandons à la Vierge Marie cette grâce de suivre le Christ Jésus selon la voie qu’il a tracée pour nous. Avec elle, accompagnons-le dans l’obéissance du Calvaire, et réjouissons-nous pour toujours de sa victoire.

 

Par un moine de Triors

 

(1) Richard Graef, cssp : Oui, Père ! (Ita Pater), Éditions Le Laurier, rééd. 2004.

 

Source : LA NEF