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L'École Catholique en France, moins Chère, plus attractive, moins neutre

29/09/2025

L'École Catholique en France, moins Chère, plus attractive, moins neutre

Le débat entre enseignement public et enseignement privé sous contrat en France est souvent passionné, parfois même caricatural. Cherchant à dépasser ce qu’il nomme « l’empilement de polémiques stériles », Guillaume Prévost, le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, a livré lors d’une récente conférence de presse une analyse qui bouscule plusieurs idées reçues. Cet article décortique trois des points les plus contre-intuitifs de son intervention. Ces trois axes ne sont pas de simples déclarations ; ils constituent une approche stratégique de recadrage du débat public sur l'enseignement privé.

Le paradoxe financier : 50% moins cher pour le contribuable, mais un risque d'élitisme
Le premier chiffre avancé par Guillaume Prévost est percutant : un élève du catholique coûte 50% moins cher à la collectivité. Loin d'en faire un simple argument budgétaire, il articule ensuite un paradoxe saisissant : moins l'État finance l'enseignement catholique, plus celui-ci est contraint d'augmenter ses frais de scolarité pour fonctionner. Cette situation, loin de favoriser la mixité sociale, réserve de fait l'accès aux établissements aux familles les plus aisées. Ce faisant, M. Prévost déplace habilement le débat : la question n'est plus celle du privilège de l'école privée, mais celle des conséquences d'une politique de financement public.


« Un élève de l’Enseignement catholique coûte 50 % moins cher au contribuable qu’un élève du public. Mais moins la puissance publique finance l’Enseignement catholique, plus celui-ci est de facto réservé aux riches. »


2. La laïcité clarifiée : des enseignants non-neutres, et c'est assumé
Sur le terrain sensible de la laïcité, Guillaume Prévost opère une clarification stratégique. Il rappelle que les enseignants du privé sous contrat, bien qu'agents publics de l'État, ne sont pas fonctionnaires et, à ce titre, ne sont pas soumis au même principe de neutralité. Ils peuvent donc témoigner de leur foi, à condition de ne pas faire de prosélytisme, et même, lance-t-il de manière provocatrice, « faire des maths chrétiennes en convoquant la métaphysique d’Aristote ! ».


Pour souligner l'incohérence qu'il y aurait à choisir un établissement pour son projet spécifique tout en lui demandant d'être neutre, il emploie une analogie volontairement triviale :
« Allez-vous dans un resto chinois pour commander des pizzas ? »


Cette clarification positionne l'école catholique non pas comme une entorse à la laïcité, mais comme une offre éducative distincte, où la dimension spirituelle fait partie intégrante du « contrat de confiance » passé avec les familles.


3. L'attractivité au collège : un "choix" massif, pas une "fuite"
Guillaume Prévost ancre le succès de son réseau sur un pilier central : la confiance des familles. « L’Enseignement catholique est un collectif qui va bien et même très bien et dont la singularité repose sur la confiance », affirme-t-il. La preuve la plus spectaculaire de ce dynamisme se manifeste au moment de l'entrée en 6ème, une étape délicate où les effectifs de l'enseignement catholique augmentent de 50%.


En requalifiant ce phénomène de « choix » plutôt que de « fuite », il s'oppose directement au narratif de la « sécession scolaire » souvent évoqué dans les médias. Il s'agit, selon lui, d'une adhésion délibérée à un projet éducatif spécifique.
« Les familles nous font confiance, particulièrement au moment délicat de l’entrée en 6e, où nos effectifs augmentent de 50 %. Ce n’est pas une fuite du public mais bel et bien un choix. Celui de la proximité, de structures à taille humaine qui valorisent la relation ainsi que l’alliance avec les familles. »


Au final, une question de liberté
Ces trois axes – le paradoxe du coût qui déplace le débat sur le financement, une vision assumée de la laïcité comme contrat de confiance et une attractivité interprétée comme un choix positif – offrent une perspective renouvelée sur l'enseignement catholique. Ils montrent que l'enjeu dépasse largement les statistiques et les polémiques. Il touche au cœur de la liberté éducative, de la liberté de conscience et de la richesse que représente la diversité des projets pédagogiques pour la société française.


Au-delà des polémiques, et si la véritable force du système éducatif français résidait justement dans cette diversité d'approches et la liberté de choix qu'elle permet ?
Pourquoi les laïcs sont-ils les seuls à se battre face aux adversaires de l'École catholique ?

 

 

Vidéo de la conférence de presse