Le blog du Temps de l'Immaculée.
25/09/2025
Le Sens général des ornements sacrés
Les cérémonies de la messe débutent d’une certaine manière à la sacristie, avec l’habillement du prêtre. C’est souvent dans le costume civil de la Rome antique que l’on peut trouver l’origine des divers vêtements liturgiques. Au plan matériel, ils constituent « une forme stylisée de l’habit de fête de la fin de l’empire romain ». Toutefois, leur usage liturgique s’est progressivement éloigné de leur usage profane, en sorte que, malgré la disparition de leur utilité première – par exemple, le manipule ne sert plus à essuyer la sueur – ils ont acquis une valeur symbolique de première importance.
Par ailleurs, le fait même que ces vêtements soient sortis de l’usage profane nous invite à considérer la signification générale de l’habillement du prêtre :
Le fait que le prêtre revêt non seulement de beaux habits, mais des habits spéciaux, comme on n’en rencontre pas dans la vie ordinaire, et qui se distinguent, autant que faire se peut, par leur tissu précieux et par leur ornementation, signifie qu’il quitte le niveau de la terre pour passer dans un monde supérieur, dont un reflet transparaît dans son vêtement.
Le Lavement des mains
Pour souligner cette séparation d’avec le monde profane, le prêtre commence par se laver les mains.
Il est conforme à un instinct naturel de ne toucher à un objet précieux qu’avec des mains propres. Plus généralement, on n’aborde une action solennelle, et surtout une action sacrée, qu’après s’être purifié les des souillures des heures de travail profane, et revêtus des habits de fête. Aussi la liturgie ne fait-elle revêtir les ornements sacrés qu’après un lavement des mains.
L’amict
Le prêtre commence par le poser sur sa tête. [C’est un vestige de l’ancien usage, qui existe toujours lors de l’ordination du sous-diacre.] Le nom de l’amict dérive en effet du latin amicire, c’est-à-dire : « entourer, envelopper ». Il symbolise le « casque du salut » qui protège l’esprit des tentations du démon.
Puis le prêtre dispose l’amict autour de son cou. En lui remettant l’amict au jour de son ordination au sous-diaconat, l’évêque lui avait déclaré : « Recevez cet amict, par lequel est signifiée la discipline de la voix. ». En s’apprêtant à célébrer les Saints Mystères, le prêtre réserve sa voix pour les paroles sacrées qu’il aura à prononcer.
L’aube
La blancheur de l’aube – alba, en latin – symbolise la pureté. La prière que récite le prêtre fait référence à l’Apocalypse, [où l’on voit les élus blanchir leur vêtement dans le sang de l’Agneau].
Le sang divin de l’Agneau eucharistique purifiera et sanctifiera le prêtre et le conduira aux joies de la vision béatifique où triomphent dans la blancheur de leur éclat les messagers évangéliques de la résurrection et les martyrs qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau.
Le cordon
Le prêtre ajuste l’aube à l’aide d’un cordon, dont le symbolisme principal est celui de la chasteté, que le prêtre demande à cette occasion.
Comme selon les conceptions de l’ancien Testament, les désirs sensuels siègent surtout dans les reins, l’emploi du cordon qui les ceint provoqua tout naturellement une prière pour garder intacte la pureté symbolisée par l’aube.
On peut aussi se souvenir de cette injonction de Notre-Seigneur :
Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées. Soyez semblables, vous, à des gens qui attendent leur maître à son retour de noces, pour lui ouvrir dès qu’il viendra et frappera.
Le manipule
Le manipule, que le prêtre porte sur l’avant-bras gauche était vraisemblablement à l’origine un sudarium, un mouchoir qui servait à essuyer la sueur. Ainsi, « il évoque les peines et les difficultés de la vie, les durs labeurs à la sueur du front, les efforts ingrats rançon des bonnes œuvres. »
Mais le mot latin manipulum désigne également une gerbe de blé, en sorte que la joie de la récompense est également suggérée : on sème dans les peines, mais on moissonne dans la joie, en sorte que « la poignée d’épis baignée de larmes de nos peines terrestres doit devenir la gerbe d’une moisson triomphale ».
Le manipule nous rappelle que la liturgie est avant tout une action, une œuvre à accomplir pour rendre à Dieu le culte qui lui est dû.
L’étole
L’antique stola, de laquelle l’étole tire son nom et son origine, était un vêtement d’honneur, c’est pourquoi « le prêtre, en revêtant cet ornement prie le Seigneur de lui rendre le vêtement de splendeur de la grâce sanctifiante perdue par la chute de son premier père ».
La formule employée par l’évêque lorsqu’il remet l’étole au nouveau prêtre au cours de l’ordination sacerdotale suggère un symbolisme complémentaire : le joug du Seigneur, c’est-à-dire les « charges et des devoirs imposés au prêtre en vertu de son sacerdoce ».
La chasuble
La chasuble est le vêtement sacerdotal par excellence. Tandis que le sous-diacre porte également le manipule, et le diacre l’étole, la chasuble est réservée au prêtre et à l’évêque, et, à de rares exceptions près, elle est uniquement portée pendant la messe, par celui qui la célèbre.
On retrouve le symbolisme du joug du Seigneur dans la prière que le prêtre récite en revêtant enfin la chasuble. Mais la chasuble, qui recouvre tous les ornements, est avant tout le symbole de la charité « qui émine entre toutes les vertus et couvre la multitude de nos péchés », ainsi que l’indique la formule employée par l’évêque lorsqu’il remet la chasuble au nouveau prêtre au cours de l’ordination sacerdotale :
Recevez le vêtement sacerdotal, par lequel est signifiée la charité : Dieu est en effet puissant, pour augmenter en vous la charité, et rendre votre œuvre parfaite.
Cette œuvre que Dieu va rendre parfaite, c’est l’action liturgique que le prêtre va maintenant accomplir, le sacrifice qu’il s’apprête à offrir.