Le blog du Temps de l'Immaculée.
17/09/2025
Le numérique est partout, y compris dans le champ de la foi. De plus en plus de prêtres et de communautés religieuses investissent les réseaux sociaux pour diffuser leur message, toucher de nouveaux publics, et maintenir le lien avec les fidèles. Mais cette présence en ligne, souvent louée pour son potentiel d’évangélisation, n’est pas sans poser de questions. Dans son article "Entre l’écran et le Saint-Sacrement, il y a un monde : l’Église a-t-elle raison de courir après le numérique ?", Philippe Marie, de Tribune Chrétienne, invite à une réflexion critique sur les dangers et les limites de l’évangélisation digitale.
L’influence numérique, un leurre ?
L’auteur prend pour point de départ deux figures catholiques bien connues sur les réseaux sociaux : le père Matthieu Jasseron et le frère Paul-Adrien. Le premier a quitté le sacerdoce pour se reconvertir en consultant, un parcours qui, pour l’auteur, met en lumière une confusion entre « exposition médiatique et appel sacerdotal ». Le second, malgré un fondement doctrinal solide, s’égare parfois dans des effets de langage pour se faire entendre des jeunes, risquant de passer du statut de figure d’autorité religieuse à celui d’« influenceur idéologique ».
Philippe Marie souligne ainsi une tension fondamentale : la quête d’audience peut compromettre le message. Il va plus loin en affirmant que l'audience ne garantit pas la conversion. L’article critique l’idée que les « milliers de vues, de likes et d’abonnés » se traduisent par une réelle transformation spirituelle. Le numérique peut susciter un frisson, une émotion passagère, mais il peine à engendrer l’engagement durable, celui qui mène un fidèle à « franchir ensuite la porte d’une église ». Le risque est de voir l’Évangile réduit à un simple « produit spirituel de plus dans un supermarché de divertissements ».
L’auteur met également en garde contre la logique même des plateformes, qui nivellent tout. Sur un smartphone, « une homélie d’un cardinal, la réflexion d’un théologien, le témoignage d’un simple fidèle ou l’opinion d’un laïc apparaissent identiques ». Cette uniformisation du contenu risque d’écraser la substance du message et de le soumettre aux lois de l’algorithme, de la popularité et du zapping.
De la passivité du clic à l’incarnation du sacrement
Pour Philippe Marie, l’acte de foi est une démarche active et personnelle, une réponse volontaire qui contraste avec la réception passive du contenu numérique. Il oppose cette logique du clic et du zapping à la « logique sacramentelle [qui est] à l’opposé, lente, incarnée, exigeante ». La messe, la confession, l’adoration eucharistique demandent une présence physique, un effort, une humilité qui échappent aux lois de l’écran.
L’auteur est catégorique : « une homélie sur Instagram, aussi brillante soit-elle, ne remplace pas la participation au Sacrifice eucharistique ». Le numérique ne peut être qu’un tremplin, un outil pour éveiller et interpeller. Sa seule utilité est d’être un « doigt qui montre le Tabernacle ». S’il devient une fin en soi, il se réduit alors à une agitation virtuelle, un feu de paille qui s’éteint sitôt l’écran verrouillé.
Retour à l’essentiel
Dans un monde saturé d’écrans, l’Église est appelée à être autre chose qu’un simple acteur de plus dans le grand spectacle numérique. L’auteur conclut avec force qu'au-delà des vidéos, les fidèles ont besoin de pasteurs, de sacrements, d’une vie paroissiale incarnée. L’Église doit être une porte ouverte vers le silence et la rencontre vivante avec le Christ réellement présent dans l’Eucharistie. Car, comme le résume l’article, « si l’écran captive un instant, seul le Saint-Sacrement sauve pour l’éternité ».