Le blog du Temps de l'Immaculée.
05/09/2025
Rédigé sur son lit de mort, le poème « Ma joie » de Thérèse de Lisieux n'est pas un texte anodin. Il est le testament spirituel d'une jeune femme qui a su transformer sa propre épreuve en un témoignage lumineux sur la joie profonde. À travers ces vers, Thérèse nous invite à reconsidérer notre rapport à la douleur pour y découvrir, non pas un fardeau, mais une occasion d'aimer et de grandir.
Une joie qui se nourrit de la souffrance
Alors que la tuberculose la consume et que ses jours sont comptés, Thérèse de Lisieux choisit de ne pas s'enfermer dans l'amertume. Loin d'être un hymne à la douleur, son poème « Ma joie » est une offrande, un acte d'amour qui transforme l'épreuve en un chemin d'union avec Dieu.
Elle ose affirmer : « Vraiment je suis par trop heureuse, / Je fais toujours ma volonté…. / Pourrais-je n’être pas joyeuse / Et ne pas montrer ma gaîté ?… ».
Cette joie ne se nourrit pas d'une absence de souffrance, mais de l'acceptation de celle-ci, comme le révèlent ces vers saisissants : « Ma joie, c’est d’aimer la souffrance, / Je souris en versant des pleurs / J’accepte avec reconnaissance / Les épines mêlées aux fleurs. ».
Thérèse de Lisieux ne fuit pas l'épreuve, elle l'accueille comme une participation au mystère de la croix, une manière de s'unir à la Passion du Christ. C'est en se faisant toute petite qu'elle trouve une force inépuisable : « Ma joie, c’est de rester petite / Aussi quand je tombe en chemin / Je puis me relever bien vite / Et Jésus me prend par la main ».
Un message intemporel de résilience et d'amour
À notre époque, où la douleur est souvent perçue comme un obstacle à éliminer, le poème de Thérèse de Lisieux est une véritable provocation. Il nous invite à changer de perspective et à voir la souffrance non pas comme une fatalité, mais comme une opportunité de croissance et de liberté intérieure.
« Je veux bien souffrir sans le dire / Pour que Jésus soit consolé / Ma joie, c’est de le voir sourire / Lorsque mon cœur est exilé…. ».
Pour Thérèse, la joie n'est pas un simple sentiment éphémère, mais un état d'être profondément enraciné dans l'amour. Cet amour la pousse à affirmer que même dans l'adversité, sa seule joie est de pouvoir faire plaisir à Dieu : « Ma seule joie sur cette terre / C’est de pouvoir te réjouir. ».
En nous montrant comment transformer les épreuves en une offrande d'amour, Thérèse de Lisieux nous livre une clé précieuse pour affronter la dureté de la vie. Son poème est un rappel puissant que, même au cœur de l'ombre, une joie profonde et inaltérable peut naître et tout transfigurer.
« Ma joie » (PN 45, 21 janvier 1897)
« Il est des âmes sur la terre
Qui cherchent en vain le bonheur
Mais pour moi, c’est tout le contraire
La joie se trouve dans mon cœur
Cette joie n’est pas éphémère
Je la possède sans retour
Comme une rose printanière
Elle me sourit chaque jour.
Vraiment je suis par trop heureuse,
Je fais toujours ma volonté….
Pourrais-je n’être pas joyeuse
Et ne pas montrer ma gaîté ?…
Ma joie, c’est d’aimer la souffrance,
Je souris en versant des pleurs
J’accepte avec reconnaissance
Les épines mêlées aux fleurs.
Lorsque le Ciel bleu devient sombre
Et qu’il semble me délaisser,
Ma joie, c’est de rester dans l’ombre
De me cacher, de m’abaisser.
Ma joie, c’est la Volonté Sainte
De Jésus mon unique amour
Ainsi je vis sans nulle crainte
J’aime autant la nuit que le jour.
Ma joie, c’est de rester petite
Aussi quand je tombe en chemin
Je puis me relever bien vite
Et Jésus me prend par la main
Alors le comblant de caresses
Je Lui dis qu’Il est tout pour moi
Et je redouble de tendresses
Lorsqu’Il se dérobe à ma foi.
Si parfois je verse des larmes
Ma joie, c’est de les bien cacher
Oh ! que la souffrance a de charmes
Quand de fleurs on sait la voiler !
Je veux bien souffrir sans le dire
Pour que Jésus soit consolé
Ma joie, c’est de le voir sourire
Lorsque mon cœur est exilé….
Ma joie, c’est de lutter sans cesse
Afin d’enfanter des élus.
C’est le cœur brûlant de tendresse
De souvent redire à Jésus :
« Pour toi, mon Divin petit Frère
Je suis heureuse de souffrir
Ma seule joie sur cette terre
C’est de pouvoir te réjouir.»
« Longtemps encor je veux bien vivre
Seigneur, si c’est là ton désir
Dans le Ciel je voudrais te suivre
Si cela te faisait plaisir.
L’amour, ce feu de la Patrie
Ne cesse de me consumer
Que me font la mort ou la vie?
Jésus, ma joie, c’est de t’aimer! »
D'après Tribune Chrétienne