Le blog du Temps de l'Immaculée.
05/06/2025
la mémoire de Staline est de plus en plus magnifiée dans cette Russie d'aujourd'hui et l’idée se répand aujourd’hui que l’URSS n’est pas morte.
Je vous livre ici un article bien argumenté de notre amie Jeanne Smits qui considère que la Russie va ressusciter l'URSS communiste. On peut néanmoins objecter que les Russes, profondément patriotes, ont décidé d'assumer leurs erreurs et ne pas sombrer dans la repentance qui nous fait tant de mal à nous Français. Pour illustrer cette opinion, je vous livre après l'article un magnifique clip patriotique de l'hymne russe qui glorifie indiféremment son Histoire politique et religieuse dont les taches ont été lavées par le sang ... o combien versé ! De fait, la question est juste de savoir si la consécration de la Russie au Coeur Immaculé de Marie a bien été réalisée comme le demandait la sainte Vierge ... PO.
Voici le texte de Jeanne Smits :
Le correspondant de la BBC à Moscou, Steve Rosenberg, a publié il y a quelques jours un reportage vidéo tourné dans la capitale russe, où il a assisté au « Défilé de la Victoire ». L’occasion pour lui de montrer que la mémoire de Staline est de plus en plus magnifiée dans cette Russie guerrière où la population ne se demande pas seulement « ce que l’avenir lui réserve » : « Ils ne savent pas non plus ce que leur réserve le passé : ici, le passé est en constante évolution », écrit le journaliste. La vision de Staline en est un exemple, mais les choses vont en réalité plus loin : l’idée se répand aujourd’hui que l’URSS n’est pas morte. Légalement, du moins. Le communisme soviétique est en tout cas un élément de l’histoire que l’on peut valoriser sans prendre de risques. La swastika est proscrite, la faucille et le marteau ornent encore les monuments, les murs et les drapeaux. Et la figure du « petit père des peuples » est, un peu partout, de retour.
Le reportage de la BBC démarre à l’entrée du métro moscovite, station Taganskaïa, où un nouveau monument à la mémoire de Joseph Staline a été inauguré mi-mai dans un couloir de correspondance entre deux lignes : il s’agit d’un imposant bas-relief de couleur claire, réalisé dans le plus pur style fascisto-soviétique, qui montre des hommes, des femmes, des enfants, des bébés brandissant des bouquets en portant leurs regards énamourés vers le noble visage du tyran. Lui-même est représenté debout, surmonté d’une banderole à l’effigie de Lénine. Une insulte aux millions de victimes de soixante-dix ans de communisme à visage ouvert…
Staline et l’URSS glorifiés en Russie à travers le souvenir de la Seconde Guerre mondiale
Il fut un temps où il était de bon ton de décrier Staline, ses crimes, ses exécutions sommaires, sa paranoïa meurtrière, ses purges et son mépris du peuple russe, pour mieux « sauver » le communisme lui-même en détendant ses liens avec le Goulag et autres atrocités. Rosenberg rappelle que les statues de Staline avaient été renversées un peu partout après sa mort, pendant qu’on dénonçait ses crimes contre le peuple et que l’on « condamnait officiellement son culte de la personnalité ».
Sous Vladimir Poutine, c’est la figure de Staline qui est volontiers réhabilitée, saluée en tant que vainqueur de la bataille de Stalingrad et artisan de la victoire sur l’Allemagne nazie, qui a fait couler tant de sang russe – mais en marquant une distance à l’égard de Lénine et du communisme lui-même. La nouvelle œuvre qui lui rend hommage rompt avec cette dialectique en mettant également Lénine à l’honneur.
Staline, l’homme au millions de victimes est aujourd’hui donné en exemple et, comme le souligne Steve Rosenberg, des statues à son effigie ressurgissent un peu partout en Russie, en tant qu’« homme fort » à imiter.
Le journaliste a interviewé plusieurs Moscovites, tel ce jeune homme qui explique ce qu’il pense de Staline : « Eh bien, je pense que Joseph Staline est injustement détesté. Il a beaucoup fait pour notre nation, et nous en profitons encore aujourd’hui. » Il y a eu a terreur stalinienne et de nombreuses personnes ont souffert dans les goulags, répond le journaliste. « A ce sujet, nous ne pouvons pas blâmer uniquement Staline, car c’était un système », croit ce jeune.
Staline ? « Personne n’est parfait »
Une ménagère de moins de cinquante ans explique quant à elle que Staline fait partie de l’histoire de la Russie. Et les victimes du Goulag ? « Eh bien, ce sont des choses qui arrivent. Personne n’est parfait. Sûrement qu’en ce temps-là, il lui fallait le faire, et donc on a pris cette décision. C’était son choix. Nous, nous sommes d’accord. »
Puis une jeune femme reconnaît que Staline « était, bien sûr, un tyran. Néanmoins il a prouvé sa valeur en tant que chef. Une fois de plus, il y a du bon et du mauvais en chacun. Et quand vous rappelez la répression, les temps difficiles des années 1930, le culte de la personnalité de Staline, il s’agit évidemment d’un chapitre triste de l’histoire de notre pays… »
Essayez-donc de parler en des termes semblablement nuancés de Hitler, ou même de Franco !
Ce retour en grâce de Staline en cache peut-être un autre. Rosenberg l’affirme sans détours, en affirmant : « Mais il n’y a pas que Joseph Staline qui revient sur le devant de la scène. Seriez-vous prêt à croire que c’est l’URSS qui revient ? »
L’Union soviétique, qui a aujourd’hui son musée à Moscou, cette URSS qui s’est effondrée il y a plus de trente ans, ne serait pas pour autant détruite. « II y a quelques jours, l’un des conseillers du président Poutine a suggéré que l’URSS existait toujours légalement, car lors de sa dissolution, il y aurait eu des violations de procédure », rapporte Steve Rosenberg.
Celui-ci analyse, et montre, campé au milieu de la Place Rouge, en quoi l’affaire n’est pas le délire de quelque individu : « Il a déclaré cela pour tenter de faire passer la guerre de la Russie en Ukraine comme une affaire interne à Moscou. Puis un ancien Premier ministre russe est intervenu pour le soutenir, juste là, près de la Place Rouge. Certains ultra-nationalistes sont d’accord avec lui et souhaitent le retour de l’Union soviétique. »
Le retour de l’URSS arrangerait bien la Russie
Rosenberg dit ne pas croire que « nous allons nous réveiller un matin et découvrir que l’URSS est de retour, mais il est intéressant de voir que cette idée est semée et il est également intéressant de voir comment le passé est réinterprété et remodelé ici sous l’influence des événements actuels, de la guerre en Ukraine, de la confrontation avec l’Occident et de la promotion du patriotisme ».
Le proche de Poutine cité par le journaliste est Anton Kobyakov qui a revendiqué la survie juridique de l’URSS lors du 13e Forum juridique international de Saint-Pétersbourg le 21 mai dernier, c’est-à-dire dans le contexte d’une rencontre officielle, puisque le Forum a été créé à l’initiative du ministère russe de la Justice en 2011 avec le soutien du président de la Fédération russe – Vladimir Poutine lui a d’ailleurs adressé un message de félicitations et d’encouragements cette année.
On ne sache pas que les affirmations de Kobyakov, conseiller de Poutine, aient été contredites, démenties ou discréditées dans cette Russie où il n’est certes pas possible de dire ce qui vous passe par la tête à ce niveau. Au contraire, elles ont été répercutées par l’agence d’informations officielle TASS. Selon ses mots, « la procédure de dissolution de l’URSS n’a pas été respectée » – mieux, « les spécialistes du droit constitutionnel, y compris ceux des pays occidentaux tels que les Etats-Unis et la France » l’auraient reconnu.
L’URSS pas morte ? Des proches de Poutine veulent le faire croire
Sur TF1-Info, Astrig Agopian consacre un article à cette revendication que l’on peut tenir pour absurde… ou lourde de conséquences. Elle écrit : « Ce proche du Kremlin prétend que l’accord de Minsk, signé en 1991, et considéré comme le document qui entérine la dislocation de l’Union soviétique est “contestable” et que “la procédure légale n’a pas été correctement suivie”. Kobyakov conclut même à propos de la guerre en Ukraine que “si l’Union soviétique n’a pas été légalement dissoute, alors la crise ukrainienne, par exemple, pourrait être considérée comme une affaire intérieure plutôt qu’un conflit international”. »
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, en somme ? Sans compter qu’une URSS revenue non comme un fantôme, mais revivifiée comme une belle au bois dormant ne cadrerait pas si mal avec la réhabilitation actuelle de l’histoire soviétique elle-même, avec le maintien de sympathies communistes de toujours (pensez aux liens de la Russie avec la Chine, la Corée du Nord et bien d’autres alliés et anciens « pays non-alignés », comme au temps de la Guerre froide) et l’organisation d’événements où les jeunesses communistes du monde entier sont à l’honneur…
D’ailleurs, Kobyakov n’est pas seul à penser que l’URSS existe toujours pleinement en tant qu’entité juridique. L’ancien Premier ministre russe Sergueï Stepachine (il occupa la fonction en 1999) est du même avis, et il l’a exprimé quelques jours plus tard lors d’un entretien avec Ria Novosti.
L’article d’Astrig Agopian donne ensuite la parole à des constitutionnalistes et à des historiens français ou russes, qui ne croient pas en la justesse du raisonnement tenu par Kobyakov et Stepachine. Elle souligne que ce courant de pensée a été historiquement celui des opposants, citant l’historien Ilya Platov : « Ces paroles résonnent étrangement avec le discours tenu par un mouvement plutôt marginal et considéré comme extrémiste du retour en URSS, qui disait justement que l’Union avait été dissoute illégalement, que la Fédération de Russie est une entreprise privée, et qui appelait ses membres à ne plus payer leurs impôts, qui remettait en cause la légitimité de Vladimir Poutine en tant que président de la Fédération de Russie. Les dirigeants de ce mouvement ont été emprisonnés. C’est donc assez curieux qu’un conseiller de Vladimir Poutine dise la même chose. »
Le retour de la Russie prédit par un transfuge du KGB
Mais ne s’agit-il que d’une argumentation stratégique et d’un raisonnement de circonstance alors que la Russie cherche à justifier juridiquement ses actions contre l’Ukraine ? Ou d’une manière, comme le dit Platov, « d’éveiller la nostalgie soviétique, de rassurer sur sa puissance » ?
Un autre objectif se cache peut-être derrière l’argutie juridique. Ceux qui croient, ayant lu Des mensonges pas si nouveaux du transfuge du KGB Anatoliy Golitsyn, que l’Union soviétique n’est jamais morte, y verront plutôt le signe que l’idée de la ranimer existe bel et bien chez certains – et ce, quoi qu’il en soit de l’exactitude juridique du propos.
Golitsyn annonçait dès le début des années 1980, parmi d’autres prédictions qui se sont réalisées, la chute de l’URSS, l’apparente libéralisation de la Russie et son rapprochement avec l’Occident en attendant la nouvelle « Révolution d’octobre » communiste qui s’accomplirait à travers un Nouvel Ordre Mondial.
Avec une URSS prête au réemploi, bien des étapes pourraient être brûlées.
Jeanne Smits