Le blog du Temps de l'Immaculée.
30/05/2025
Le mercredi 30 mai, de grand matin, un religieux Dominicain vint annoncer à la prisonnière le supplice qui l’attendait.
La pauvre enfant s’écria :
— J’en appelle à Dieu !
Ensuite elle demanda le saint Viatique et communia avec une touchante piété, une foi vive, un grand amour et d’abondantes larmes. On la fît monter dans une charrette et on la conduisit sur la place du Vieux-Marché, où l’on avait élevé un bûcher à une grande hauteur. Arrivée au lieu du supplice, tout d’abord elle s’agenouille et prie à haute voix la Sainte Trinité, ia Bienheureuse Vierge Marie, les Saints et Saintes du paradis, en particulier ceux que sa piété a toujours spécialement invoqués. Elle proteste de sa foi de fervente chrétienne et demande humblement à Dieu d’oublier les fautes qu’elle a pu commettre au cours de sa vie.
La jeune vierge songe à prémunir son âme contre toute défaillance. Jésus, son divin Roi, a expiré sur une croix : elle réclame, elle aussi, une croix pour mourir. Un soldat en fit une de deux morceaux de bois. Jeanne la baisa dévotement et la plaça sur son cœur. Mais cela ne lui suffisait pas : elle désira avoir un Crucifix afin de pouvoir contempler l’image du Rédempteur. De l’église Saint-Sauveur on lui rapporta la croix des processions ; elle la saisit avec un ineffable bonheur, adressant à son Dieu immolé une fervente prière.
Deux sergents s’emparèrent alors de la condamnée et la poussèrent vers le bûcher. Elle en gravit les degrés, escortée des Dominicains Martin Ladvenu et Isambard de La Pierre.
On lui enlève des mains le Crucifix. On l’attache brutalement au poteau, et l’on couvre son front d’une mitre d’ignominie portant ces mots : « Hérétique, relapse, apostate, idolâtre. »
— Non, non, je ne suis pas hérétique ni schismatique, proteste énergiquement la Pucelle, je suis bonne chrétienne… Non, non, mes voix ne m’ont pas trompée, elles venaient vraiment du ciel.
Bientôt les étincelles jaillissent, une fumée intense enveloppe la victime, l’air se raréfie, les choses de la terre s’effacent.
— De l’eau bénite ! implore Jeanne.
Puis, ne songeant plus désormais qu’au Christ-Roi, dont elle est venue rappeler à la France l’autorité souveraine, la victime, d’une voix haute et ferme qui stupéfie la multitude, clame un suprême appel à son divin Bien-Aimé :
— Jésus ! Jésus ! Jésus !
Puis, inclinant doucement la tête, elle rend son âme à Dieu.
Quand le bûcher eut achevé son œuvre, le bourreau retrouva intact au milieu des cendres le cœur de Jeanne. Il ralluma vivement le feu ; ce cœur précieux et saint ne put être consumé et fut jeté dans la Seine avec les cendres de la Libératrice.
Jeanne en avait appelé au Souverain Pontife, ce ne fut pas en vain. En 1456, Calixte III cassa la sentence de Cauchon et réhabilita Jeanne. Proclamée vénérable par Léon XIII le 27 janvier 1894, béatifiée par Pie X le 18 avril 1909, elle fut canonisée le 16 mai 1920 par Benoît XV. Enfin, Pie XI la donnée pour patronne à la France le 2 mars 1922. C’est donc sainte Jeanne d’Arc que doivent prier tous ceux qui veulent obtenir que le Christ-Roi règne sur la France.
Mgr Henri Debout.
Sources consultées. — Mgr H. Debout, Grande vie illustrée de sainte Jeanne d’Arc (Paris, 1922) ; Histoire admirable de sainte Jeanne d’Arc (Paris, 1922) ; Lectures spirituelles sur sainte Jeanne d’Arc (Paris, 1922). — L. Petit de Julleville, Jeanne d’Arc (Collection Les Saints, 1909). — (V. S. B. P., nos 743, 1523 et 1524.)
Source de l’article : Un Saint pour chaque jour du mois, Mai, La Bonne Presse, 1932 via La Porte Latine