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Les prodigieux sermons de Bernardin de Sienne

19/05/2025

Les prodigieux sermons de Bernardin de Sienne

20 mai : St Bernardin de Sienne
Né en 1380, frère franciscain et prédicateur de renom, Bernardin de Sienne propage dans les cités du centre et du nord de l’Italie la dévotion au saint nom de Jésus.

Ses prêches emportent l’adhésion de ceux qui l’écoutent, souvent des foules très nombreuses. Il parvient ainsi à ramener sincèrement à Dieu ses contemporains. En 1450, le pape Nicolas V le présente en modèle de sainteté à tous. Il est fêté le 20 mai.

 

 

Les raisons d'y croire


Quand une épidémie de peste frappe la ville de Sienne, dans les dernières années du XIVe siècle, Bernardin se consacre au service des malades, assumant la charge complète de l’hôpital siennois Santa Maria della Scala. Il n’a alors pas vingt ans et, bien que cet engagement héroïque affecte durablement sa santé, il se montre à la hauteur de la tâche. Cela fait alors plusieurs années que Bernardin est engagé dans la Confraternité de Notre-Dame, rattachée à l’hôpital.


Il entre chez les Franciscains, religieux mendiants, et prononce sa profession religieuse en 1403, par laquelle il s’engage à se donner à Dieu tout entier et pour toute sa vie, en suivant les conseils évangéliques de chasteté parfaite, de pauvreté et d’obéissance aux supérieurs légitimes.


Bernardin, issu d’une illustre famille siennoise, les Albizeschi, a auparavant distribué son patrimoine à tous ceux qui lui semblaient manquer du nécessaire. Le renoncement de Bernardin – son dépouillement personnel – est au bénéfice du prochain, qu’il comble par charité de ses propres biens.


Après son ordination sacerdotale, à vingt-cinq ans, Bernardin commence les prédications apostoliques, par lesquelles il accomplira tant de bien autour de lui et qui le rendront célèbre. Il prêche d’abord près du couvent. Puis, soutenu par ses frères en religion, qui ont perçu son talent et comprennent que ce dernier est appelé à être mis au service de Dieu, Bernardin prêche dans de nombreuses villes italiennes. C’est le début d’un périple apostolique dédié à la prédication populaire – art dans lequel Bernardin excelle par son parler simple, par l’emploi courant des images qui frappent les esprits et par son sens de l’humour.


Les premières années du XVe siècle sont celles de la première Renaissance, qui initia une déchéance de la piété et de la morale chrétiennes. La tentation de l’hédonisme a remplacé la méditation des grandes vérités de l’Évangile et les inspirations surnaturelles qui en sont le fruit. Aussi, la parole de Bernardin, qui prêche le plus souvent sur les places de marchés, où son audience atteint parfois les trente mille auditeurs, est-elle un apostolat de purification. Peu à peu, sous son influence, les mœurs turbulentes et luxurieuses des villes italiennes se rangent : ce sont les riformazioni di frate Bernardino. En vingt à trente ans, la société des cités italiennes se trouve heureusement régénérée.


Dans chaque ville, Bernardin est d’une telle efficacité que des bûchers de « vanités » accompagnent fréquemment la prédication du religieux : les auditeurs finissent par y jeter miroirs, parfums, perruques, jeux, bijoux, dés, qui étaient devenus des symboles d’une vie frivole et vaine.


Les succès de Bernardin comme prédicateur sont obtenus grâce aux dons de la nature, que tous constatent avec plaisir en l’écoutant, mais ce sont surtout des succès voulus par la grâce divine, c’est-à-dire avec l’aide puissante de Dieu, qui surélève les capacités naturelles de Bernardin afin d’y parvenir. Ces succès sont d’ailleurs confirmés publiquement par le pouvoir séculier lorsque, le 16 mai 1421, le duc de Milan Philippe Marie Visconti lui remet la chapelle ducale de Saint-Jacques de Pavie, puis l’église Sant’Angelo de Milan, qu’il donne toutes deux à la congrégation de l’Observance.


Prédicateur itinérant et mendiant, Bernardin semble prendre la relève de saint Vincent Ferrier, mort deux ans plus tôt, en 1419. De fait, il marche sur ses traces, sans toutefois s’éloigner de l’Italie centrale et du nord.


En 1411, quand Bernardin contracte la peste à Sienne, tous témoignent que c’est avec une fermeté sereine et avec une conscience claire de la pureté de sa vie qu’il affronte la situation et se prépare à la mort : c’est en s’appuyant sur la foi chrétienne, profonde et solide, qu’il a su rester fort et confiant. Les trois années de maladie sont pour lui l’occasion de faire silence en son âme, pour mieux chercher Dieu.


La paix est aussi un mot d’ordre pour saint Bernardin. Il suit en cela le modèle du Christ : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19 et 21). Guelfes et gibelins (c’est-à-dire partisans du pape et partisans de l’empereur du Saint-Empire romain germanique) s’opposent et les cités italiennes se déchirent : Bernardin engage les deux partis à décrocher les armoiries des factions des murs des églises et des palais, et à inscrire à la place les lettres IHS, qui forment le début imparfaitement décalqué, en grec, du nom Iesus. Ces lettres sont aussi l’acronyme de l’expression Iesus hominum Salvator (« Jésus Sauveur des hommes »). Bernardin porte lui-même ce monogramme quand il prêche pour inviter le peuple à vénérer le nom de l’homme-Dieu venu sauver les hommes.

 

Quand Bernardin meurt à L’Aquila, en 1444, les notables de la ville refusent que la dépouille soit ramenée à Sienne. Ils organisent des funérailles splendides, puis l’ensevelissent dans l’église des conventuels. Tous prient alors le saint et les miracles se multiplient. Dans sa Vita sancti Bernardini, saint Jean de Capistran, son premier biographe et contemporain, parle d’une « forêt de miracles » : entre ceux réalisés de son vivant et ceux à titre posthume, l’auteur lui attribue plus de deux mille cinq cents guérisons miraculeuses de 1424 à 1455.


Auteur : Docteur en philosophie, Vincent-Marie Thomas est prêtre.

 

Sce : 1000 raisons de croire, lire la synthèse ici