Augmentation considérable des pathologies psychiatriques chez les jeunes en France
14/05/2025
Depuis la fin des années 2010, et de façon marquée depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19, la santé mentale des jeunes en France connaît une dégradation préoccupante. Cette tendance est confirmée par de nombreux indicateurs épidémiologiques, hospitaliers et d’enquêtes de terrain.
Chiffres clés et tendances récentes
- Près d’1 jeune sur 3 (32 %) âgé de 18 à 24 ans présente aujourd’hui un trouble de santé mentale, soit 11 points de plus que dans la population générale.
- Les troubles anxieux et dépressifs sont en forte hausse : 40 % des moins de 25 ans rapportent un trouble anxieux généralisé, et 21 % des moins de 25 ans présentent des symptômes dépressifs modérément sévères ou sévères.
- Chez les 17 ans, la proportion de jeunes concernés par des symptômes anxio-dépressifs sévères a plus que doublé entre 2017 (4,5 %) et 2022 (9,5 %).
- Les passages aux urgences pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté à partir de 2021, atteignant des niveaux historiquement élevés et se maintenant depuis.
- Les hospitalisations pour lésions auto-infligées chez les jeunes femmes de moins de 24 ans ont augmenté de 71 % en médecine et chirurgie, et de 130 % en psychiatrie entre 2019 et 2022, avec un phénomène qui touche désormais aussi les enfants de moins de 10 ans.
- Un quart des lycéens (24 %) a déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, les filles étant nettement plus concernées (31 % contre 17 % chez les garçons).
Facteurs aggravants et conséquences
- La pandémie de Covid-19 a amplifié la détresse psychique des jeunes, avec l’isolement, la précarité, le manque d’interactions sociales et les incertitudes sur l’avenir comme principaux facteurs de risque.
- Les recours aux psychotropes ont explosé en 2023 chez les 12-25 ans : +60 % de jeunes sous antidépresseurs, +38 % sous antipsychotiques et +8 % sous anxiolytiques par rapport à 2022.
- L’accès aux soins psychiatriques est de plus en plus difficile, avec une baisse du nombre de pédopsychiatres (-34 % entre 2010 et 2022) et des prises en charge souvent inadaptées.
Groupes les plus touchés
- Les jeunes femmes et les adolescentes sont particulièrement concernées par l’augmentation des troubles anxieux, dépressifs et des comportements suicidaires.
- Les 22-24 ans, souvent plus isolés et sortis du foyer familial, présentent des niveaux d’anxiété et de dépression plus élevés que les 18-21 ans.
Pour conclure, la santé mentale des jeunes en France s’est nettement dégradée depuis la fin des années 2010, avec une accélération depuis la crise du Covid-19. Cette augmentation touche particulièrement les troubles anxieux, dépressifs et suicidaires, notamment chez les adolescentes et les jeunes adultes. L’accès aux soins reste un défi majeur, alors que la demande ne cesse de croître.
François Charbonnier
Sources : Ameli, Santé Publique France, Fondation FondaMental