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Le cri du cardinal Zen contre la dérive synodale

15/05/2025

Le cri du cardinal Zen contre la dérive synodale

Le blog vaticaniste italien Silere non Possum a fait un compte-rendu de l'intervention du cardinal Zen aux congrégations de pré-conclave. C'était passé un peu sous mon radar ! Ce document n'en est pas obsolète pour autant.  le coeur de l’intervention du vieux guerrier était de dénoncer le péril mortel pour l’Eglise que constitue le synode: c’est, dit-il, une question de vie ou de mort.

 

Avec des mots clairs et directs, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, SDB [ndt: Salésiens de Don Bosco – Société de Saint François de Sales] a pris la parole lors des congrégations générales préparatoires au Conclave, dans la nouvelle salle du synode, pour dresser une analyse sévère mais lucide de la direction prise par le processus synodal sous le pontificat du pape François. 

 

Dans un discours qui a frappé par sa franchise et sa profondeur, le cardinal a rappelé la nécessité de regarder le passé pour s’orienter dans l’avenir, sans céder à la tentation de se conformer à « l’esprit du monde ».

 

« Sans s’arrêter aux cas (incompréhensiblement tolérés) du cardinal McCarrick, du prêtre Rupnik et de certains ecclésiastiques reconnus coupables par la justice séculière, on ne peut que constater une tentative malavisée de se conformer à l’esprit du monde au lieu de le combattre vigoureusement. C’est une accusation très grave, mais la réalité semble s’imposer en examinant le sort récent des Synodes d’évêques, notamment dans l’histoire pas encore conclue du Synode sur la synodalité. »

 

Zen a commencé son discours en rappelant la valeur authentique et traditionnelle des Synodes – ou des Conciles, comme il l’a précisé – instruments avec lesquels l’Esprit Saint a toujours garanti la continuité de la Tradition sacrée dans l’Église.

 

Se référant au motu proprio « Apostolica sollecitudo » de saint Paul VI, le cardinal a reconnu l’intention originelle de maintenir une certaine continuité avec le Concile Vatican II, en exerçant la collégialité épiscopale comme un soutien autorisé au Pontife romain. Il a également rappelé les fruits de cette époque : Evangelii nuntiandi, Catechesi Tradendae, Sacramentum caritatis, Verbum Domini.

 

Cependant, a-t-il poursuivi, l’approche a radicalement changé avec le pape François. Avec la constitution apostolique Episcopalis communio, « quatre fois plus longue » que le document de Paul VI, le pontife a abrogé la législation précédente, transformant de manière significative la composition, les objectifs et les procédures du Synode. « Mais le dernier Synode est allé au-delà d’Episcopalis communio elle-même », a souligné le cardinal.

 

Le cardinal Zen s’est concentré en particulier sur les nouveaux objectifs du Synode, soulignant que l’accent était passé de la sauvegarde de la foi et de la discipline ecclésiastique à la simple « évangélisation du monde d’aujourd’hui », comme le stipule la nouvelle constitution.

 

Il a cité le canon 342 du code de droit canonique, qui définit le synode comme un lieu de conseil et de soutien au pape, dans la fidélité à la doctrine et aux coutumes de l’Église. Mais aujourd’hui, a-t-il dénoncé, il y a seulement une insistance sur le « changement ».

 

« Dans les synodes dirigés par le pape François, la volonté a été de changer, changer, changer. On l’a vu avec celui sur la famille (communion aux divorcés remariés), avec celui sur les jeunes (où la confusion a été encouragée), avec le synode amazonien (viri probati et attaque contre le célibat des prêtres). Et maintenant avec celui sur la synodalité : morale sexuelle, LGBTQ, structure du pouvoir, diaconat des femmes, autonomie doctrinale des conférences épiscopales, Eglise synodale… ».

 

Le cardinal a également critiqué les procédures adoptées, en particulier la « conversation dans l’Esprit », la décrivant comme une méthode jésuitique canadienne plus utile pour calmer les esprits que pour favoriser un véritable discernement.

 

« Attendre les surprises de l’Esprit ? L’Esprit va-t-il venir vous dire qu’il s’est trompé pendant vingt siècles et vous dire maintenant la vérité ? »

 

Puis, évoquant l’état actuel du Synode sur la synodalité, il note que, bien qu’il ait commencé en 2021 et semble s’être achevé, il se poursuit en réalité, sans que l’on sache clairement qui a rédigé le document final et comment les changements proposés ont été évalués.

 

« Cependant, il a été accepté par le Pape et présenté comme faisant partie de son magistère. L’ordre est de l’étudier et de commencer à le mettre en pratique sous une forme expérimentale. Les résultats seront évalués par le Pape lors des visites ad limina. Cette procédure risque de nous rapprocher de la pratique anglicane. Sera-t-il possible de revenir en arrière après des années d’expérimentation ? Comment l’unité de l’Eglise catholique sera-t-elle sauvegardée ? »

 

Enfin, un avertissement direct aux cardinaux électeurs du prochain conclave :

 

« Les électeurs du futur pape doivent être conscients qu’il aura la responsabilité soit de permettre la poursuite du processus synodal, soit de l’interrompre de manière décisive. Il en va de la vie ou de la mort de l’Église fondée par Jésus ».

 

Le cardinal Zen, évêque émérite de Hong Kong, a ainsi exprimé une préoccupation profonde partagée par de nombreux membres du Collège des cardinaux : la synodalité, si elle est détachée de la Tradition et de la fidélité au dépôt de la foi, pourrait devenir un instrument de désintégration au lieu de communion. Ses paroles, pleines d’amour pour l’Église et de sens des responsabilités, resteront certainement un point fixe dans le débat qui précédera le prochain conclave.

 

silerenonpossum.com/it/versoilconclave-cardinalezenintervento/

Traduit par Benoit et Moi