Le blog du Temps de l'Immaculée.
19/10/2024
Le Père Jerzy Popiełuszko, assassiné dans la nuit du 19 au 20 octobre 1984, reste une figure emblématique de la résistance au régime communiste en Pologne. Quarante ans après sa mort, les circonstances exactes de son assassinat restent troubles, malgré l'arrestation et la condamnation apparente de trois officiers.
Photo Andrzej Iwanski, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Ce prêtre, inspiré par Jean Paul II et le Cardinal Wyszynski, a joué un rôle important dans la résistance pacifique au communisme. Entre 1982 et 1984, il a célébré 26 "messes pour la patrie" dans la paroisse Saint Stanislas Kostka à Varsovie. Ces messes, qualifiées de "deux heures de liberté" par l'historienne Ewa Czaczkowska, offraient un espace de réconfort spirituel et de résistance morale face à l'oppression du régime.
Ces "messes pour la patrie" étaient un symbole puissant de résistance, prônant la vérité de l'Évangile sans jamais attaquer directement le régime. Elles ont contribué à briser la chaîne de la haine et de la peur, encourageant une résistance non-violente qui a finalement mené à la chute du communisme cinq ans plus tard.
Le Père Popiełuszko n'était pas la seule victime de la répression du régime communiste contre l'Église catholique. Entre 1976 et 1989, dix prêtres ont été assassinés en Pologne. L'historien Jakub Gołębiowski souligne que le régime communiste considérait l'Église comme un ennemi et surveillait constamment ses membres, notamment via le Département 4 du ministère de l'Intérieur.
Le politologue Andrzej Grajewski établit un parallèle entre la Pologne communiste des années 1980 et le roman dystopique "1984" de George Orwell. L'année de la mort du Père Popiełuszko coïncide avec l'année choisie par Orwell pour son roman qui décrit une société totalitaire sous surveillance constante. La Pologne de l'époque, après l'instauration de l'état de guerre par le général Jaruzelski, connaissait une surveillance accrue de la population par les services de sécurité et un réseau d'informateurs.
L'Église catholique offrait un espace de liberté que le régime ne pouvait contrôler, ce qui provoquait sa fureur. Les messes pour la patrie étaient qualifiées de "séances de haine" par le porte-parole du gouvernement, rappelant les "deux minutes de haine" décrites dans "1984" pour manipuler la population.
Le Père a subi des persécutions avant son assassinat. Arrêté en 1983 sur la base de fausses accusations, il a été la cible de harcèlement et de provocations, y compris une tentative d'accident de voiture.
Son assassinat visait à justifier une répression accrue et à servir des règlements de compte internes au régime. Cependant, ses obsèques se sont déroulées dans le calme et la dignité, suscitant une résistance massive et non-violente qui a contribué à l'effondrement du régime communiste.
Le Père Popiełuszko reste aujourd'hui un symbole de résistance face aux abus de pouvoir … d’où qu’ils viennent, à l’emprise des idéologies et de la distorsion des langages, donc des différentes formes de conditionnement “orwellien”.
Vivre sa foi comme un acte de recherche perpétuelle de la vérité et de la liberté demeurent des défis essentiels pour les chrétiens d’aujourd’hui.
SMR