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L’attaque de Vance met à nu une Europe qui se trahit elle-même

16/02/2025

L’attaque de Vance met à nu une Europe qui se trahit elle-même

Les élites politiques européennes ont été scandalisées par son discours historique à la Conférence de Munich sur la sécurité, mais le vice-président américain a mis le doigt sur la plaie d’une Europe qui tend dangereusement vers l’autoritarisme. Ce vice-président, nouveau baptisé catholique en 2019 et qui a participé à la dernière marche pour la vie ne cesse pas de surprendre...

Les dernières semaines ont été un véritable cauchemar pour les classes dirigeantes de l’Union européenne. Depuis le discours d’investiture de Donald Trump, des tirs de barrage dévastateurs sont venus d’Amérique, l’un suivant l’autre, mettant en pièces toutes les conventions et les arguments rhétoriques sur lesquels leur pouvoir tentait de se légitimer aux yeux des citoyens de leurs nations et du monde.

 

D’abord la réfutation radicale du mondialisme idéologisé, avec la sortie des États-Unis du traité de Paris sur le climat et celle annoncée de l’OMS. Ensuite, la menace concrète de tarifs douaniers « réciproques », démasquant le protectionnisme bien enraciné pratiqué par le vieux continent à l’égard du nouveau, et forçant les dirigeants des pays de l’UE à mener des négociations bilatérales très inconfortables. Ensuite, les propositions déroutantes pour résoudre le conflit à Gaza, qui mettent à nu l’impraticabilité totale de la formule rhétorique « deux peuples, deux États » avec laquelle les classes politiques européennes ont longtemps gardé confortablement leur pied dans plusieurs chaussures sur les questions du Moyen-Orient, et certifient leur absence de discernement dans les jeux de pouvoir qui évoluent dans cette région. Enfin, l’annonce choc de l’ouverture de négociations de paix directes entre les États-Unis et la Russie sur le conflit russo-ukrainien, qui écarte sans ménagement l’UE et le gouvernement ukrainien de Zelensky qu’elle a soutenu « sans condition » depuis le début du conflit.

 

Mais les coups les plus féroces portés aux « mandarins » continentaux sont venus ces derniers jours d’un membre de la nouvelle administration américaine dont ils avaient peut-être sous-estimé l’importance : le vice-président J.D. Vance.

 

Ce dernier a fait une « descente » sur l’ Europe pour prononcer deux discours publics, manifestement mûrement réfléchis et préparés, dans lesquels il a adressé à la classe politique européenne des critiques sévères sur des questions particulièrement sensibles et douloureuses pour les élites du vieux continent, mais aussi de tout l’Occident, au cours des dernières décennies, et a de fait ouvert un authentique débat « sur les deux grands systèmes » [allusion au traité de Galilée Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo, écrit en 1624 à la demande du pape Urbain VIII] des fondements de la civilisation euro-occidentale.

 

D’abord, lors de «l’Action Summit» sur l’intelligence artificielle convoqué à Paris par Emmanuel Macron dans l’espoir de contrebalancer l’accélération de Washington sur le sujet, Vance a très clairement averti que les Etats-Unis n’accepteraient pas que le développement de la recherche sur l’IA soit étouffé par l’hyper-réglementation et les tendances à la censure et au contrôle, qui semblent au contraire toujours représenter les principales préoccupations des dirigeants de l’UE en la matière.

 

Puis, quelques jours plus tard (14 février), lors de la Conférence internationale de Munich sur la sécurité consacrée à l’Ukraine, le vice-président américain a attaqué de front les dirigeants des pays de l’UE dans un discours qui les mettait lourdement en cause au sujet des principes inspirateurs de l’Occident.

 

Vance a soutenu, comme c’est désormais sous les yeux de tous, que la pire menace pour la sécurité de l’Europe ne vient pas d’ennemis extérieurs, comme la Russie ou la Chine, mais de l’intérieur, et qu’il s’agit d’une menace d’ordre culturel, éthique et spirituel. Bref, le bras droit de Trump a dénoncé le fait que le modèle politique construit par l’Union européenne et par la plupart des gouvernements du continent apparaît aujourd’hui, vu de l’extérieur, comme résolument tourné vers l’autoritarisme, et comme une véritable trahison des valeurs de liberté et de démocratie que, même si c’est en paroles, ces gouvernements soutiennent avec tant d’insistance. Et il a donné des exemples très précis à cet égard, qui ont certainement sonné comme une véritable gifle pour de nombreux auditeurs présents : le contrôle étouffant des réseaux sociaux ; la censure et la répression de plus en plus sévères de la liberté d’opinion et d’expression (avec une atteinte particulière à la liberté religieuse et au droit de prier près des cliniques d’avortement) ; la tendance explicite à manipuler les résultats des élections lorsqu’ils ne sont pas conformes à certains diktats idéologiques (en particulier, le cas incroyable de la Roumanie) ; la tentative de ghettoïser et d’exclure du débat public des forces politiques, même bénéficiant d’un consensus significatif, en les désignant unilatéralement comme « infréquentables » ; la promotion d’une immigration de masse incontrôlée qui porte atteinte à la vie, à la sécurité et aux libertés de ses citoyens.

 

De plus, il l’a fait d’un point de vue politico-culturel qui a le même effet sur les élites euro-mondialistes que l’ail sur les vampires : celui d’un conservateur résolument pro-vie et anti-avortement.

 

Les réactions piquées (à commencer par celles des dirigeants allemand et français), outrées ou empreintes d’un mépris sarcastiques de plusieurs « mandarins » au discours de Vance, ou encore le silence dans lequel d’autres ont tenté de le faire tomber, sont la démonstration la plus claire de la façon dont cette attaque a frappé au cœur des certitudes résiduelles et des préjugés profondément enracinés d’une grande partie des élites européennes.

 

Ce n’est pas seulement le contenu des accusations qui a fait mal. C’est peut-être plus encore le ton plein d’autorité et d’assurance, sans la moindre concession au « politiquement correct », avec lequel Vance les a prononcées, ou plutôt martelées. Le ton d’un émissaire qui pose sur la table, avec tout son poids, le jugement très sévère de celui qui tient actuellement les rênes de l’Occident et entend n’accorder aucune concession, pas même à ses amis. « Un nouveau shérif est arrivé en ville », remarque en souriant le vice-président. Et le nouveau shérif – ce fut peut-être la claque la plus douloureuse – a non seulement pour boussole le principe d’«America First», de l’intérêt national, mais il a aussi une idée très précise de la direction que doivent prendre les démocraties alliées, et il n’hésite pas à la communiquer.

 

Cette direction, laisse entendre Vance, sera désormais un critère dirimant dans les relations entre les Etats-Unis et chacune d’entre elles : abandonner toute ambition d’État, ou super-État, éthique, qui prétendrait « éduquer » ses citoyens ; abandonner l’idéologie étouffante de l’environnementalisme anti-humain et anti-économique ; faire marche arrière sur l’endoctrinement woke ; revenir à un débat politique ouvert, à 360 degrés, dans lequel les forces populistes et souverainistes elles aussi sont pleinement admises, afin d’orienter le continent vers des politiques plus réalistes, orientées vers la croissance et le maintien d’un tissu communautaire solide.

 

Bref, Vance a laissé entendre sans équivoque que l’administration Trump 2 est loin d’être isolationniste ou de se désintéresser des relations avec l’Europe, comme beaucoup le pensaient. Au contraire, elle est extrêmement préoccupée par la dérive autodestructrice d’un continent enfermé dans une « bulle » idéologique, voué au déclin et à la décadence, de plus en plus fragile et exposé à l’influence de puissances étrangères à ses racines. Et elle adresse à ses classes dirigeantes un avertissement sévère : soit vous êtes avec nous, avec la ligne du conservatisme réaliste, dérégulateur et identitaire de Trump, soit tôt ou tard il n’y aura pas d’alliance réelle entre nous, avec toutes les conséquences négatives qui peuvent en résulter pour vous.

 

Eugenio Capozzi
lanuovabq.it

 

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