Le blog du Temps de l'Immaculée.

Saint Avit de Vienne affirme la divinité de Jésus

04/02/2025

Saint Avit de Vienne affirme la divinité de Jésus

Issu d’une famille de la noblesse sénatoriale du pays viennois (au sud de Lyon), Avit reçoit une éducation soignée. Veuf, il entre probablement au monastère. Il est consacré évêque de Vienne le 17 juin 490. Par ses homélies et ses discours en vers, il prend part à la lutte des évêques de son temps contre l’arianisme. Ses lettres rendent compte de la vie politique de son époque, à laquelle il n’est pas étranger, pour le bien de l’Église, c’est-à-dire pour le bien du peuple qui lui est confié et pour l’honneur du Christ. Sa correspondance est aussi le témoin de ses actes liturgiques et pastoraux. Il meurt le 5 février 518. Son culte se répand aussitôt.

Les raisons d'y croire :


L’historien Grégoire de Tours, qui a assisté à l’établissement du royaume des Francs après Clovis et en relate les événements, mentionne saint Avit – dont il est le contemporain – dans son ouvrage intitulé Histoire des Francs. Il explique : « Les hérésies commençant à s’élever dans la ville de Constantinople, tant celle qu’enseignait Eutychès que celle de Sabellius, et qui soutenaient toutes deux qu’il n’y a rien de divin dans Notre-Seigneur, [saint Avit] écrivit, à la demande du roi Gondebaud, contre ces coupables erreurs. Il nous reste de lui des lettres admirables, qui édifient à présent l’Église de Dieu, comme autrefois elles confondirent l’hérésie. Il a composé un livre d’homélies sur l’origine du monde, six livres arrangés en vers sur divers autres sujets, et neuf livres de lettres qui contiennent celles dont nous venons de parler » (livre II, 34).

 

Le roi Gondebaud comprend que la position arienne – qui nie la divinité de Jésus-Christ – est une erreur théologique, mais il craint qu’une notable partie de son clergé et de sa noblesse, attachés à cette croyance, ne se retournent contre lui. Avit l’engage à se montrer vrai chef : « Tu crains le peuple, ô roi ! Tu ignores donc qu’il doit suivre ta foi, et que tu ne dois point te montrer favorable à ses faiblesses ; car tu es le chef du peuple, et le peuple n’est pas ton chef. Si tu vas à la guerre, tu es à la tête des guerriers, et ils te suivent où tu veux les mener. Il vaut mieux que, marchant à ta suite, ils connaissent la vérité, plutôt qu’après ta mort ils demeurent dans l’erreur, car on ne se joue pas de Dieu ; et il n’aime pas celui qui, pour un royaume terrestre, ne le confesse pas dans ce monde » (ibid.).

 

L’enjeu est de taille : en s’opposant à l’arianisme – qui nie la divinité de Jésus-Christ –, saint Avit défend la vérité de la foi catholique, mais aussi l’efficacité du salut apporté par le Christ. En effet, le Dieu chrétien n’est pas un concept philosophique mais un Être concret, réel, vivant et agissant. Il intervient dans l’histoire humaine jusqu’à y entrer en prenant un corps et une âme comme la nôtre et à racheter par sa mort les hommes de toutes les contrées et de tous les temps : Jésus-Christ est en effet homme, et c’est pourquoi il a pu mourir. Mais cet homme est aussi Dieu de toute éternité : c’est pourquoi son sacrifice est efficace pour soustraire les hommes au pouvoir de Satan et du péché.


Le culte de saint Avit est attesté très tôt. Le Martyrologe hiéronymien le cite le 5 février. Il s’agit du plus ancien martyrologe (recueil des martyrs et des saints dont il est fait mémoire par les croyants) de langue latine et il a servi de base à ceux qui sont venus après. Les manuscrits dont nous disposons remontent au VIIIe siècle (manuscrits de Berne, Echternach et Wissembourg) et sont eux-mêmes des copies d’une version unique qui a été établie à Auxerre sous l’épiscopat de saint Aunaire († 605). Cette version dérive à son tour d’un martyrologe italien que le pape saint Grégoire le Grand († 604) possédait dans sa bibliothèque et qu’il décrit dans une lettre au patriarche Euloge d’Alexandrie (Epist., VIII, 29) : cela nous amène juste après l’époque de l’évêque Avit. Ce martyrologe est donc un témoin contemporain du culte dont saint Avit a bénéficié très rapidement après sa mort. Comme ceux qui l’ont connu le tenaient pour saint, tout porte à croire que cela était justifié.


Ce que nous savons de la vie de saint Avit, en grande partie grâce à sa correspondance, qui témoigne abondamment de ses actes, est en conformité avec l’idéal concret qu’il chante dans un de ses poèmes, l’Histoire spirituelle et son message de justice, de pureté, de courage et de prudence. Cette œuvre connaît un grand succès du vivant même de son auteur.


L’Éloge consolatoire de la chasteté (De consolatoria castitatis laude) est écrit pour sa sœur, la moniale Fuscine. La vision de la femme qu’y développe Avit, à l’inverse de toute misogynie, est une glorification de la femme qui décide seule, en suivant le Christ seul, de son propre avenir. Il met en exergue le statut social de la uirgo(« vierge ») dans la société chrétienne de l’Antiquité tardive. Le propos de vivre dans la virginité perpétuelle constitue une forme d’émancipation, en opposition au droit romain dans lequel la femme n’est jamais – au moins théoriquement – autonome en droit (même si le Code théodosien de 438 mitige en pratique cette position). La uirgo est libre de toute obligation terrestre, et se consacre uniquement dans la prière à sa vocation d’épouse mystique de Jésus-Christ.

 

Synthèse de l'article sur 1000 raisons de croire