Le blog du Temps de l'Immaculée.
17/08/2025
Croyons-nous encore que le Christ puisse transformer un criminel en apôtre, ou avons-nous réduit la foi à une morale sociale et sécuritaire ?
En ces temps où les institutions sont scrutées à la loupe, le cas du père Dominique Spina, un prêtre condamné pour abus sexuels, a soulevé une vague de colère et d'incompréhension dans l'Église de France. La récente nomination de ce dernier à un poste de chancelier a été perçue par beaucoup comme une provocation. Mais l'archevêque de Toulouse, Mgr Guy de Kerimel, désavoué publiquement par la Conférence des evêques de France, prend la parole pour rappeler une vérité qui, bien que mal reçue par le public, est au cœur de l'Évangile : la miséricorde n'est pas l'ennemie de la justice. L'article de Tribune Chrétienne de Philippe Marie nous invite à réfléchir sur un choix difficile : succomber à la logique de la société moderne qui veut que ce qui choque soit banni, ou rester fidèle à une foi qui, depuis ses origines, prêche la transformation de l'homme, même des plus grands pécheurs.
Une Justice qui ne nie pas la Miséricorde
L'article s'appuie sur la position de Mgr de Kerimel pour distinguer la justice humaine de la justice divine. Il ne s'agit pas de nier la légitimité de la colère des victimes ni la gravité des actes commis. La souffrance est réelle et doit être reconnue. Cependant, l'Église, selon l'archevêque, ne peut se laisser guider par la seule émotion collective. Le cœur du message chrétien repose sur le pardon, un pardon offert à tous, y compris aux auteurs des crimes les plus graves. Le texte cite Mgr de Kerimel qui précise que la justice ne cherche pas à rendre le mal pour le mal (« œil pour œil »), mais à poser une limite à l'exclusion, sauf dans les cas de danger avéré. L'article souligne que refuser toute possibilité de rédemption reviendrait à trahir l'Évangile.
Le rappel des figures bibliques, comme Pierre le renégat, Matthieu le collecteur d’impôts, ou Marie-Madeleine la pécheresse, sert à illustrer le fait que la grâce de Dieu est plus forte que n'importe quel passé. L'Église se doit d'être un lieu de conversion, où le cœur de l'homme peut être changé. L'article pose alors une question cruciale : croyons-nous encore à la capacité du Christ de transformer un criminel en apôtre ? Ou avons-nous réduit la foi à une simple morale sociale et sécuritaire ? L'Église n'a pas pour mission de se conformer aux attentes de la société, mais de proclamer la vérité de l'Évangile, même si elle dérange.
L'Église du Christ ou une Institution Morale ?
La conclusion de l'article de Tribune Chrétienne est un appel à la lucidité. À l'ère où l'émotion est érigée en critère de vérité, l'Église ne peut se soumettre à une telle logique sans perdre son âme. Le Christ lui-même n'a pas craint le scandale en pardonnant aux pécheurs notoires. L'article nous invite à considérer si l'Église veut être une institution morale de plus, se pliant aux humeurs du moment, ou si elle veut rester l'Église du Christ, celle qui ose proclamer la vérité de la grâce, même lorsque celle-ci est impopulaire. En fin de compte, l'affaire Spina met l'Église au pied du mur, l'obligeant à choisir entre la sécurité d'une morale sociale et le risque d'une miséricorde sans mesure. Le chemin de l'Évangile est le second.
Reste qu'on aura compris que Mgr de Kérimel a choisi de garder ce prêtre au chaud à l'évêché pour éviter les tentations ; le choix d'un poste un peu moins voyant eut peut-être été plus habile ...