Le blog du Temps de l'Immaculée.
04/06/2025
L'image d'une France strictement laïque, où la spiritualité serait reléguée au second plan, est mise à mal par une récente étude révélée par JM Guénois dans le Figaro du 3 juin, révélant une aspiration spirituelle diffuse et profonde au sein de la population.
Coïncidant avec le lancement de l'Observatoire Français du Catholicisme (OFC), cette enquête dresse un portrait nuancé d'une société en quête de sens, tout en soulignant les défis auxquels l'Église catholique est confrontée.
Une Spiritualité Bien Vivante en France
Contrairement aux idées reçues, l'univers spirituel et religieux semble habiter davantage l'intimité des citoyens français qu'on ne le pensait. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 37% des Français déclarent être en « quête spirituelle », et plus de la moitié (52%) s'adonnent à la prière ou à la méditation, « souvent ou parfois ». Cette aspiration ne se limite pas aux générations plus âgées ; les jeunes sont également concernés, avec deux tiers des 18-24 ans qui aspirent à plus de « silence », de « contemplation » et de « méditation ». Un quart de la population exprime le désir de « temps de retraite en silence », un autre quart souhaite « être guidé », et un pourcentage similaire voudrait un accès plus facile à des lieux de recueillement comme les églises ou chapelles.
Cependant, cette quête spirituelle est loin d'être uniforme dans ses objets. Si 46% s'adressent à « Dieu », une part significative s'oriente vers des figures plus spécifiques comme la « Vierge Marie » (19%) ou « Jésus-Christ » (18%). Fait notable, 18% ne s'adressent à « personne en particulier », tandis que d'autres se tournent vers le « cosmos » (8%) ou « des saints » (5%). Cette diversité souligne une spiritualité qui déborde largement le cadre des institutions religieuses traditionnelles.
L'OFC : Un Nouvel Outil pour Comprendre les Mutations
C'est dans ce contexte de profonds changements que l'Observatoire Français du Catholicisme (OFC) voit le jour. Cet institut, qui se déclare « une organisation indépendante et autonome » financée par une « pluralité de mécènes privés » (dont le Fonds du Bien Commun), a pour mission d'« éclairer des réalités et tendances de fond qui traversent l'Église catholique en France et la société française ». L'objectif est clair : fournir des « données fiables » et des « analyses et des prospectives » pour aider le catholicisme à naviguer cette « période de profondes mutations » et repérer les « points d’interactions » entre la société et l'Église.
Ghislain Lafont, président de l'OFC, insiste sur l'indépendance de l'observatoire. De son côté, Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et de Narbonne, souligne l'importance cruciale de cette initiative : « L’enjeu me paraît très important, car le paysage religieux français est en pleine mutation. Il est essentiel de l’observer et de le comprendre ». Les travaux de l'OFC, qui seront disponibles en « open source », s'adresseront à un large public, des « décideurs ecclésiaux comme civils » aux « acteurs engagés sur le terrain et aux chercheurs et universitaires ».
L'Église Catholique Face à Ses Défis
Si la spiritualité en France semble en pleine ébullition, l'Église catholique doit faire face à des défis majeurs, révélés par le même sondage. L'image des prêtres catholiques a subi une dégradation significative : seulement 52% des Français les jugent « dignes de confiance », contre 68% il y a huit ans. Cette érosion de la confiance est directement liée aux scandales d'abus sexuels, qui sont mentionnés dans la moitié des reproches adressés à l'Église.
Sur le plan démographique, le catholicisme en France est en mutation. Bien que 46% des Français se déclarent toujours catholiques, cette proportion cache une forte disparité générationnelle. 62% des plus de 65 ans se reconnaissent dans cette confession, mais ce chiffre chute drastiquement à seulement 23% chez les 18-24 ans. À titre de comparaison, 18% des jeunes de cette même tranche d'âge se disent musulmans. Quant à la pratique religieuse, elle reste marginale : seuls 2% des baptisés catholiques assistent à la messe chaque dimanche. Pour Arnaud Bouthéon, laïc catholique reconnu, ces chiffres ne disent pas tout : « Le catholicisme nous dépasse, il est multiple, divers. On ne peut le réduire à des chiffres et des données. Tant de choses se passent et se décantent dans les cœurs. »
L'étude et le lancement de l'OFC nous offrent un tableau complexe et fascinant de la spiritualité en France. Loin d'une sécularisation monolithique, le pays révèle une aspiration profonde au sens, qui s'exprime sous des formes variées. L'Église catholique, bien que confrontée à des défis majeurs liés à son image et à sa démographie, est appelée à comprendre et à s'adapter à ces mutations pour mieux interagir avec une société en quête spirituelle. L'OFC, avec sa démarche d'analyse et de mise à disposition des données, pourrait bien être un outil essentiel pour éclairer les chemins de la foi et de la spiritualité dans la France de demain.
Comment l'Église catholique saura-t-elle répondre à cette quête spirituelle diffuse mais forte, au-delà des défis actuels ?
Saura-t-elle enfin cesser de se contenter d’être une ONG des bons sentiments, de relancer elle-même des conflits sur la liturgie, de sortir de la pastorale de l’enfouissement ?
En gros, de nous montrer le Chemin, de proclamer la Vérité et de nous donner la Vie ?
François Charbonnier
Sources : Le Figaro, La Vie