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Du rêve populiste au cauchemar financier : Les 4 prophéties chocs de Steve Bannon pour la France

23/12/2025

Du rêve populiste au cauchemar financier : Les 4 prophéties chocs de Steve Bannon pour la France

 Le virage apocalyptique du stratège de Trump
Steve Bannon s'est imposé au monde comme l'architecte de la victoire de Donald Trump en 2016, incarnant un optimisme populiste certain qu'une vague patriotique balayerait les élites par la seule force des urnes. Il se projetait alors en grand organisateur d'une révolution politique pacifique, un « Printemps des Peuples » à l'échelle occidentale.

Aujourd'hui, cet optimisme s'est évaporé, remplacé par le diagnostic glacial d'un effondrement qu'il juge non plus seulement possible, mais programmé. Dans un entretien au JDD de ce 21 décembre, l'ancien conseiller de la Maison-Blanche fonde son analyse sur un signal qu'il juge décisif : le fait que l'Europe soit « reléguée à la page 29 » du document de stratégie nationale américaine. Pour lui, le sort est jeté. Son analyse pour la France est devenue radicale, mêlant crise financière, rupture civilisationnelle et spectre de la violence. Voici les quatre piliers interconnectés de sa nouvelle vision.

 

  1. 1.La menace n'est plus l'urne, mais la guerre civile
    De la conquête électorale au conflit inévitable
    Le basculement sémantique le plus révélateur chez Steve Bannon concerne le terrain de l'affrontement. S'il croyait en 2016 à une « vague inévitable » par la voie démocratique, il considère désormais le bulletin de vote comme obsolète. Pour lui, l'enjeu s'est déplacé des élections vers la rue, car il ne croit pas à une islamisation politique de la France par les urnes, mais à un affrontement brutal. Il perçoit un conflit irréconciliable entre une « France rurale et patriote » et des « élites mondialisées » prêtes à une « déchéance contrôlée ».
    Son pronostic est sans appel :

    1. La France, comme la Grande-Bretagne, se dirige vers une situation de guerre civile. Cela ne fait aucun doute à mes yeux.
      Ce glissement est fondamental. Pour Bannon, le débat n'est plus politique mais civilisationnel. L'arène démocratique est devenue un théâtre d'ombres ; le véritable enjeu est la survie à un effondrement qu'il juge inéluctable.

  2. 2. L'économie est le vrai champ de bataille
    Quand le banquier de Goldman Sachs refait surface
    Alors que son combat de 2016 était avant tout culturel, la nouvelle obsession de Steve Bannon est la dette publique. L'ancien banquier de Goldman Sachs a repris le dessus, liant désormais la survie identitaire d'une nation à sa solvabilité financière. Selon lui, la Vᵉ République est à bout de souffle, incapable de résoudre la contradiction fatale « entre le maintien d'un État-providence généreux et une politique d'ouverture migratoire ». L'effondrement viendra de l'incapacité de l'État à payer ses factures.

  3. Il estime que les marchés financiers, bien plus que l'opinion, seront les juges de paix. Comparant la France au Royaume-Uni de Liz Truss, balayée par la panique des investisseurs, il assène :

    1. "Le marché obligataire a fait tomber plus de gouvernements que les obusiers. Aujourd’hui, le message envoyé est clair : il n’y a pas de plan, il n’y a pas d’adultes aux commandes."

  4. Bannon ne voit donc plus la fin du système comme un événement politique, mais comme la conséquence mécanique d'une crise de la dette. Cette primauté du financier sur le politique explique son revirement le plus spectaculaire : son abandon de la lutte pour l'Europe.

  5. 3. L'Union Européenne n'est plus à réformer, mais à fuir
    L'adieu à l'Europe et le salut par le Frexit
    On se souvient de son projet de 2018-2019 : installer son organisation, « The Movement », à Bruxelles pour fédérer un « super-groupe » des nations et transformer l'Union européenne de l'intérieur. Il croyait encore possible de mener une bataille politique coordonnée au sein des institutions.
    Cette ambition a totalement disparu. Elle est remplacée par un appel à un isolationnisme strict et une rupture totale. Pour le Bannon de 2024, l'heure n'est plus à la réforme, mais à la fuite.

    1. "À mes yeux, la France a besoin d’un Frexit. Une sortie de l’Union européenne retarderait même le risque de guerre civile.
      Ce revirement est total. L'UE n'est plus vue comme une arène où le combat peut être gagné, mais comme un poids mort financier et bureaucratique, un simple accélérateur de faillite qui entraîne la France dans sa chute."

  6. 4. Le temps des tribuns est révolu, place aux "durs à cuire"
    Le nouveau casting du leadership nationaliste
    En 2016, Steve Bannon cherchait des « tribuns » charismatiques capables d'incarner la colère du peuple, comme Marine Le Pen ou Matteo Salvini. Ses critères se sont considérablement durcis. Confronté à la perspective d'une crise financière et d'un conflit civil, il ne cherche plus de simples politiciens, mais des « hommes forts » ou des « durs à cuire » (tough guys) capables d'imposer des décisions brutales.
    Il cite Donald Trump ou le Polonais Karol Nawrocki comme modèles de ce nouveau leadership. Son soutien à Marine Le Pen, bien que réel, est plus distant, la jugeant parfois trop « à gauche » sur l'économie. Son archétype n'est plus le tribun qui séduit l'électorat, mais le liquidateur qui impose une « médecine de guerre » pour sauver ce qui peut encore l'être.

    Est-ce donc le diagnostic d'un prophète du chaos ?
    La pensée de Steve Bannon a connu une transformation spectaculaire. L'optimiste de la révolution patriotique par les urnes s'est mué en un théoricien apocalyptique de l'effondrement civilisationnel, où la finance et la force priment sur la politique. Il ne propose plus une alternative, mais un plan de survie pour un monde qu'il estime au bord du gouffre.
    Alors, faut-il voir dans ce discours alarmiste le délire d'un idéologue ou l'analyse lucide d'un stratège qui anticipe les crises à venir ? On penchera pour l'analyse lucide, bien qu'incomplète. En effet, Steve Bannon ne vit pas en France, et donc ne se rend pas compte que les Français sont lessivés par cinquante ans de désertification spirituelle programmée. Philippe de Villiers a rapporté à ce sujet que Boualem Sansal ne croit pas à une guerre civile. Pour lui, le peuple de France se couchera devant l'islam, comme ce fut d'ailleurs le cas, dans les mêmes circonstances, pour l'Espagne du VIIè siècle.

    Que ce regard qui se veut lucide ne se détourne pas de la crèche qui est toute notre Espérance !