Le blog du Temps de l'Immaculée.

Quand la laïcité dérive vers l'hostilité religieuse

11/12/2025

Quand la laïcité dérive vers l'hostilité religieuse

Dans un éditorial incisif, Philippe Marie de Tribune Chrétienne s'appuie sur la récente déclaration de Monseigneur Aveline – président des évêques de France – pour dénoncer une dérive qu’il nomme « laïcisme ». L’article pose une question fondamentale pour la société française : la laïcité, pilier de la liberté de conscience issue de la loi de 1905, est-elle en train de se transformer en un outil d'effacement de l'héritage chrétien ? Cet appel à la résistance d’une figure modérée de l’épiscopat souligne une inquiétude grandissante face à ce qui est perçu comme une confusion idéologique entre la neutralité de l'État et l'hostilité envers le fait religieux dans l'espace public.

L'éditorial de Philippe Marie se construit autour d'une distinction sémantique et historique cruciale : celle entre la laïcité originelle et le laïcisme contemporain. La loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, rappelle l'auteur, visait la pacification et garantissait la « liberté de conscience » et le « libre exercice des cultes », instaurant une neutralité de l'État, non de la société.

 

Or, selon Tribune Chrétienne, une interprétation « rigide et radicale » brouille aujourd’hui cette frontière, instaurant un laïcisme qui se manifeste par une méfiance envers toute expression religieuse visible, en particulier chrétienne. L’article insiste sur l'« armature culturelle » chrétienne de la France, visible dans son paysage (cathédrales, églises), son calendrier et ses coutumes. Faire semblant d’ignorer cet héritage au nom d'une pseudo-laïcité reviendrait, pour l'auteur, à « trahir la mémoire nationale et appauvrir ce que nous sommes collectivement ».

 

L’auteur met en lumière deux formes de cette dérive. La première est la contestation des signes visibles (interdiction de crèches de Noël, retrait de croix). La seconde, plus « subtile, presque imperceptible », est la « sémantique du remplacement ». L’éditorial cite le glissement de « Joyeux Noël » à « Joyeuses fêtes » ou la transformation de la Chandeleur en simple « fête des crêpes ». Ce « glissement linguistique » aurait pour effet de gommer, par le langage, l’identité spirituelle d’une civilisation.

 

La conséquence la plus grave de ce laïcisme, conclut Philippe Marie dans son développement, est l’« amnésie » collective, un « oubli de soi » qui menace la transmission. Une civilisation qui perd sa mémoire ne sait plus où elle va.

 

En définitive, l’éditorial ne pose pas un « combat identitaire », mais défend la liberté religieuse comme une liberté fondamentale qui ne doit pas être traitée comme une menace. En rejoignant l'inquiétude exprimée par Monseigneur Aveline, Tribune Chrétienne appelle à un retour à l'équilibre de 1905. Loin d'être un recul, retrouver cet esprit – qui garantissait la liberté sans la restreindre – permettrait de restaurer un climat de confiance et de respect mutuel, évitant d’ajouter la méfiance à la crispation identitaire actuelle.

 

Nos chers Pères évêques seraient-ils en train de se réveiller ? 

François Charbonnier